𝟎𝟐:𝟐𝟕 - Theory Of A Deadman, 𝑊𝑜𝑟𝑙𝑑 𝐾𝑒𝑒𝑝𝑠 𝑆𝑝𝑖𝑛𝑛𝑖𝑛𝑔
[19/08/2022]
Bonsoir bonsoir !
Bordel, ça fait plus de 3h que je suis sur la correction de ce chapitre, mais 0 motivation. Mon ordi a même eu le temps de crash mdr
Bref.
J'vais pas encore vous raconter mes galères de boulot, ça n'intéresse personne, mais ne venez pas bosser dans ma boîte MDR
J'ai une anecdote amusante sur ce chapitre, ne continuez pas ce paragraphe si vous avez peur d'être spoilé.e : il y a un truc qui y est abordé, que j'aborde justement dans le chapitre en cours d'écriture. Lequel ? C'est une bonne question HAHAHA
Bref xD
J'espère que ce chapitre vous plaira.
Bonne Léocture ! ♥
~~+~~
Jimin resta muet une seconde, ne s'attendant pas à cette intervention.
« Quoi ? s'étonna-t-il.
– Tu viens jouer avec moi ?
– Euh... Si tu veux, mais je dois d'abord boire mon café. D'accord ?
– Fais vite alors !
– Je vais faire vite.
– Oui, ça risque de refroidir rapidement, répondit ma mère. Tiens. Tu veux du sucre ?
– Non merci, sourit-il.
– Tiens, Hayden.
– Merci maman », répondis-je.
Elle continua de distribuer les tasses et je plongeai mes yeux dans la mienne. Je fulminais. Ce connard en avait fait exprès. Il avait utilisé Jimin pour m'attaquer sur le point le plus sensible à aborder avec mes parents. J'avais envie de l'étriper.
Mon ami reposa sa tasse en remerciant ma mère, puis il quitta la table en s'inclinant légèrement avant de rejoindre ma sœur dans l'herbe. Je me retins de le regarder partir parce que je sentais parfaitement les yeux rieurs de mon frère sur moi, et je n'allais sûrement pas lui donner cette satisfaction.
Je terminai donc rapidement mon café, puis je me levai à mon tour en disant à mes parents que j'allais rejoindre Jimin et Ally. Mon frère ricana mais je l'ignorai, et je débarrassai ma tasse ainsi que celle de mon ami avant d'aller à mon tour me poser dans l'herbe.
« Ah, t'es là ! s'exclama ma petite sœur. Tiens !
– Merci, répondis-je en saisissant la poupée. Que veux-tu que je fasse avec ?
– On était en train de jouer ! Barbara c'est la meilleure amie de Sally et de Cathy, me dit-elle en me montrant sa poupée et celle qu'elle avait donnée à Jimin. Elles sont en pique-nique !
– Je vois... »
Jimin pouffa et je le foudroyai immédiatement du regard.
« Je te ferai remarquer que toi aussi tu joues à la poupée, actuellement.
– Oui, mais ça colle bien à mon image !
– Image mon cul.
– Oppa ! Pas de gros mots maman elle a dit ! »
Je levai les yeux au ciel alors que Jimin pinça ses lèvres pour ne pas rire une fois de plus. Je dus subir son jeu de bébé pendant une bonne demi-heure avant qu'elle se lasse enfin. Elle finit par nous proposer de jouer avec elle à la coiffeuse, et Jimin accepta avec un grand sourire. Je finis par capituler, et Ally s'empara de brosses et de peignes qu'elle s'amusa à passer dans nos cheveux à tour de rôle.
Des fois on grimaçait parce que ça tirait un peu ; des fois on se moquait de l'autre lorsqu'elle lui faisait une raie au milieu ou lui glissait des barrettes avec des paillettes ; et lorsque le chanteur proposa à ma sœur d'échanger les rôles, elle sautilla de joie et vint s'asseoir entre ses jambes en lui donnant tous ses accessoires.
Je soupirai de soulagement, retirai tout ce qu'elle avait mis dans mes cheveux, puis m'allongeai dans l'herbe en fermant les yeux. Jimin et ma sœur rigolaient à côté de moi, et leurs rires se mélangeaient au chant des oiseaux et au parfum du printemps. C'était un mélange incroyablement agréable et reposant.
Je dus m'assoupir un petit moment parce que je finis par sentir une main se poser sur ma cuisse et la secouer dans tous les sens.
« Quoi ? grognai-je.
– Faut pas dormir là, tu vas attraper froid !
– Mais non, répondis-je à ma sœur en soupirant. Ça va, tes cheveux ?
– Oui ! Jiminie-oppa me fait une tresse maintenant !
– Tu sais faire les tresses ? ricanai-je.
– Évidemment. Qui ne sait pas ? me répondit-il.
– J'ai mis du temps à savoir les faire, avouai-je. En même temps, j'avais pas beaucoup de filles dans mon entourage quand j'étais gamin. Et à l'école, on s'amusait pas à faire des tresses aux filles pendant les récréations. »
Je finis par ouvrir un œil et j'observai Jimin terminer de tresser les cheveux de ma petite sœur. Il lui demanda un élastique et elle en retira un de son poignet pour lui donner. Je me redressai et le regardai attacher les pointes, puis releva la natte sur le haut de son crâne avant de l'attacher avec plusieurs barrettes qu'Ally lui donnait à chaque fois qu'il en demandait une. Ensuite, il laissa ses doigts plonger dans l'herbe à la recherche de petites pâquerettes qu'il cueillit, avant de les glisser entre les mèches de cheveux de ma sœur. C'était mignon.
« Voilà, j'ai fini.
– Je vais regarder !
– Ne secoue pas trop la tête sinon ça va peut-être se décrocher.
– D'accord, je vais faire attention ! se leva-t-elle pourtant brusquement. Maman ! Regarde ce que Jiminie-oppa a fait ! »
Elle courut vers l'intérieur de la maison, et Jimin rigola doucement avant de se laisser tomber dans l'herbe. Je l'observai pendant quelques secondes, puis je finis par me rallonger.
« Pas trop fatigué ? demandai-je.
– Non, j'ai bien dormi cette nuit, même si j'avais un peu mal au crâne en me réveillant. Et toi ? Ça allait vraiment, ce matin ?
– J'avais envie de gerber en me réveillant, pour être totalement honnête. J'ai été me mettre la tête sous l'eau froide et c'est passé. Mais je disais surtout ça pour Ally.
– Pour Ally ? Non, pourquoi je serais fatigué ?
– Elle est épuisante.
– Je la trouve adorable. Ça me fait plaisir de jouer avec elle. Ça me rappelle mon enfance avec mon petit frère. Bon, on ne jouait pas à la poupée ou à la coiffeuse, mais ça me rend nostalgique.
– Moi, elle m'épuise.
– Alors sois heureux que j'apprécie de m'en occuper, dans ce cas, rigola-t-il doucement.
– Je le suis. Je savais qu'elle t'adopterait immédiatement, mais je ne pensais pas que ça serait à ce point.
– Sache que j'ai une aura qui attire, rigola-t-il plus fortement.
– J'avais remarqué. Tu aimes les enfants ?
– Oui. Leur innocence me touche.
– Tu en veux ?
– J'aimerais. Mais bon, comme tu le sais, c'est compliqué pour beaucoup de raisons.
– Oui... J'espère que tu pourras en avoir un jour si tu le veux vraiment.
– On verra. Et toi ?
– Moi ? J'y ai jamais vraiment réfléchi. Vu ma différence d'âge avec Ally, ça pourrait presque être ma fille. Je me suis toujours occupé d'elle ; je sais ce que c'est d'élever un bébé. Ça prend du temps, de l'argent, et de l'énergie. Mais bon, qui sait. Par contre, je me retrouverai face au même problème que toi : trouver une femme avec qui les faire, et ça ne sera pas facile.
– Tu pourras toujours adopter.
– Tout seul, c'est hors de question. J'aurai pas la patience, souris-je.
– Je comprends. Et c'est un job à plein temps d'élever un enfant.
– C'est ça.
– Enfin. On a le temps.
– Clairement.
– Mais tu ferais un bon père.
– Toi aussi. À voir comme tu t'occupes d'Ally alors que tu la connais depuis seulement quatre jours, ça ne fait aucun doute.
– Merci. Si jamais un jour je trouve la femme de ma vie mais qu'elle refuse qu'on ait un enfant parce qu'elle pense que je ne saurai pas m'en occuper, je te passerai un coup de fil pour que tu témoignes du contraire.
– Ça marche, mon pote. Tu peux compter sur moi. »
Nous rigolâmes doucement avant de soupirer. On était bien, là.
[...]
Au final, nous restâmes toute la journée à la maison. Ça n'eut pas l'air de le déranger plus que ça, et heureusement parce que me concernant, j'aurais eu la flemme de sortir et j'aurais dû mettre les pieds dehors à reculons, même si c'était pour lui faire plaisir.
Le repas du soir se passa dans une ambiance assez lourde. Mon père parla avec ma mère, de temps en temps avec Jimin ou Troy, mais pas un instant il ne m'adressa la parole, ni même un regard. Mon frère quant à lui, me jeta de nombreux coups d'œil et des sourires mauvais. Il observa souvent Jimin aussi, et ça me fit serrer les dents. Je savais qu'il n'en avait pas terminé avec lui ; c'était un connard, doublé d'un lâche. Qu'il s'attaque à moi si ça l'amusait, mais qu'il le laisse en dehors de ça.
J'aurais dû me douter qu'inviter mon ami ici aurait pu avoir des conséquences négatives, mais je n'y avais pas pensé sur le moment. J'avais juste voulu pouvoir passer un maximum de temps avec lui tant que c'était possible ; le temps était une chose rare, chez lui.
Le repas terminé, Jimin et moi allâmes coucher Ally, et lorsque nous redescendîmes, mes parents se retirèrent à leur tour car ils travaillaient tous les deux tôt le lendemain matin. Quant à mon frère, il avait disparu depuis un moment et ce n'était pas plus mal. Du coup, arrivés dans la cuisine, je posai mes deux mains sur le plan de travail central, les bras tendus et la tête penchée en avant, puis j'expirai profondément.
« Bon. Il ne fait pas encore nuit, et il n'est que vingt-et-une heures. Qu'est-ce que tu veux faire ? demandai-je en relevant le visage sur Jimin.
– Comme tu veux, ça m'est égal.
– Personnellement, j'ai la flemme de sortir. Mais L.A. de nuit, c'est à voir.
– On peut sortir demain soir ? Et rester tranquillement ici ce soir ?
– Si tu veux. Tu veux faire quoi ?
– Je viens de te dire que ça m'était égal, rigola-t-il avec un sourire.
– Le problème c'est qu'ici, à part traîner sur YouTube, tourner une vidéo, regarder un film ou boire, j'ai pas grand-chose à te proposer.
– On peut discuter, tout simplement.
– Ah, ouais. On peut discuter. Tu veux discuter ?
– Tu as des choses à me révéler. Je suis plutôt partant du coup, oui. »
Et merde.
« T'aimes les cocktails ?
– Pardon ? s'étonna-t-il en arquant les sourcils.
– Je te demande si tu aimes les cocktails.
– Oui, j'aime ça, mais quel est le rapport ?
– J'ai bien envie d'un petit verre. Et puis, si je dois t'avouer certaines choses, un verre ne sera pas de refus.
– Chacun a son jardin secret ; je ne t'obligerai pas à me répondre sur quoi que ce soit, pari ou non.
– J'ai une parole, alors je te dirai ce que tu veux savoir. Du coup, un verre ?
– Si tu veux...
– T'es plus rhum ? Vodka ? Tequila ?
– Champagne ? »
Je pouffai bruyamment en lui jetant un regard amusé, puis je sortis de la cuisine.
« J'aime les trois, me répondit-il en me suivant.
– Je préfère le rhum personnellement. Plus sucré ? Acidulé ? Acide ? Piquant ?
– Piquant ?
– Ouais, je peux t'en faire qui contienne du piment.
– C'est... original.
– Pas mauvais. Après, je peux te faire un Ti-punch classique, mais ça cogne. T'as pas énormément mangé par rapport à moi alors je ne sais pas si tu tiendras le coup.
– Demain on doit sortir, non ?
– Oui, on voulait se balader.
– Alors on va garder ça pour un autre soir, rigola-t-il doucement. Je ne veux pas tenter le diable, même si je tiens bien l'alcool.
– Du coup ?
– Aucune idée. T'as qu'à faire la même chose que pour toi, je ne suis pas difficile.
– Mmh... y a un cocktail que j'ai envie de tester depuis un moment, mais je n'ai jamais trouvé l'occasion de le faire, soit par manque d'ingrédients, soit par flemme chez mes potes.
– On n'a qu'à tester ça ?
– Je ne sais pas si j'ai tout ce qu'il faut, murmurai-je en m'accroupissant devant les portes ouvertes du bar. Rhum blanc et ambré c'est bon ; citron vert, on en a dans le frigo ; je crois avoir vu traîner des pamplemousses...
– Oui, il y en a à la cuisine.
– Merci, répondis-je sans quitter l'intérieur du bar des yeux. Sirop de sucre de canne. Manque plus que des jus de fruit. »
Je m'emparai des trois bouteilles et me relevai avant de partir vers la cuisine. Jimin me suivit en silence et me regarda disposer les objets sur le plan de travail central avant d'aller chercher les fruits.
« Je peux t'aider ? me demanda-t-il.
– Tu peux me sortir deux grands verres. Là-haut, dis-je en pointant un placard du doigt.
– Ok. »
Je posai le citron et le pamplemousse avec les bouteilles, puis allai dans le cellier pour chercher le jus d'ananas et la grenadine. Cependant, le dernier ingrédient était introuvable.
« Et merde. »
Je retournai dans la cuisine et posai le jus de fruit avec le reste.
« Je vais acheter de la grenadine à la supérette, j'en ai pour-
– Oh, non, il y en a dans le frigo ! me coupa-t-il en se retournant. On a ouvert le sirop avec ta sœur tout à l'heure !
– Oh, alors c'est parfait, on a tout !
– Super ! me répondit-il avec un grand sourire.
– Allez, c'est parti. Tu peux prendre de la glace dans le congélateur s'il te plaît ? La porte en dessous, premier tiroir. Y a une petite boîte avec des glaçons déjà prêts.
– Oui, attends. »
Il se dirigea vers le réfrigérateur pour ouvrir la porte du petit freezer en dessous. Pendant ce temps, je me lavai les mains, puis m'emparai du presse-agrumes. La porte du congélateur se referma et Jimin fit glisser une boîte vers moi.
« Tiens.
– Super, répondis-je en posant le pressoir sur le plan de travail. J'en prends quelques-uns et tu peux la ranger direct.
– Ça marche. »
J'ouvris donc la boîte, m'emparai de plusieurs glaçons qui étaient tous collés entre eux, et remplis le shaker. J'en mis deux dans chacun des verres, puis je refermai la boîte et la fis glisser vers lui. Il la reprit et repartit avec tandis que je commençai à couper les fruits en deux. Jimin vint ensuite s'asseoir silencieusement en face de moi et me regarda faire en suivant le moindre de mes mouvements, presque hypnotisé.
« Tu sais, tu peux parler, souris-je en continuant d'écraser le pamplemousse.
– Je ne veux pas te déconcentrer.
– Je suis indéconcentrable quand il s'agit d'alcool. T'en fais pas.
– Je suis curieux.
– Sur quoi donc ?
– Sur toi et sur tout ce que tu me caches. Alors je me tais pour que tu termines ça rapidement. Comme ça, je pourrai ensuite avoir les réponses à mes questions.
– Je vois.
– S'il y a des sujets tabous, dis-le-moi.
– Tout ce qui touche à mon passé est assez tabou. Mais si tu veux savoir quelque chose, je te le dirai.
– Je ne veux pas te blesser si ça a pour seul but de satisfaire ma curiosité.
– T'en fais pas. Je peux encaisser. Si je reste fermé comme une huître, il est probable que tu finisses par fouiner sur Internet, où tu trouveras les réponses à tes questions, je pense. Peut-être pas tout, mais une bonne partie. Alors à choisir, je préfère que tu aies ma version de l'histoire plutôt que celles de personnes qui ne me connaissent pas. »
Il hocha la tête en silence et je continuai.
« Et puis comme diraient mes potes, faut que j'avance. Tout garder pour moi me fait stagner depuis des années. Donc je te dirai tout ce que tu veux savoir.
– D'accord. »
Je continuai ma préparation sous son regard qui ne me lâchait pas, et passait de ce que je faisais à mes bras, puis à mon visage de temps en temps. Mais alors que je m'apprêtais à rincer une fois de plus mon doseur, je réalisai quelque chose.
« Mais au fait, tu aimes tout ça ? Parce que je prépare, tu dis rien, mais si t'aimes pas...
– Oui c'est bon, aucun problème, me sourit-il.
– Super. Plus qu'à mélanger. »
Je versai la quantité nécessaire de sirop de sucre, puis le trait de grenadine, et je refermai le shaker.
« Ça va faire du bruit », souris-je.
Il répondit à mon sourire, puis je commençai à secouer le récipient. Je le vis pouffer, puis pincer ses lèvres et cacher le bas de son visage afin que je ne voie pas qu'il se foutait de moi. Lorsque je reposai le shaker sur le plan de travail, je croisai mes bras sur le marbre et me penchai en avant.
« Qu'il y a-t-il, Park Jimin ?
– Je t'ai imaginé derrière un comptoir de bar pendant une seconde... Sache que ça ne te va pas du tout.
– Je sais. Ma place n'est pas derrière le comptoir mais devant, de toute manière, ricanai-je. Mais j'ai hâte de voir si tu peux faire mieux.
– Je ne relève pas le défi, je serais capable de lâcher le shaker et de l'envoyer valser dans la porte-fenêtre.
– Je vois. Dans ce cas, tu n'as pas le droit de rire. »
Il pouffa tout de même et je me redressai avant d'ouvrir le shaker et de placer une minuscule passoire afin de filtrer le contenu et également garder les glaçons à l'intérieur. Je répartis la boisson dans les deux verres de manière équitable, puis je balançai ce qui restait dans le shaker dans l'évier avant de le poser, puis d'aller chercher des touillettes et des pailles. Je finis par revenir au plan de travail et je glissai un objet de chaque dans chaque verre avant d'en pousser un vers lui. Je tirai ensuite sur le tabouret présent de mon côté, et je pris place.
« Fini. Ça fait du bien de s'asseoir.
– Pauvre petite nature, souffla-t-il en saisissant son verre.
– On verra d'ici un an ce que tu diras. »
Il laissa apparaître ses dents et je souris bien malgré moi.
« Alors, ça s'appelle comment ? me demanda-t-il en reniflant.
– Cocktail Zombie. C'est originaire de Polynésie si je ne raconte pas de conneries.
– Je ne connais pas du tout. Mais ça sent bon.
– Je trouve aussi. Niveau goût, je ne sais pas, par contre. On va tester ça.
– Oui. À la tienne ! me sourit-il en levant son verre en l'air.
– À la tienne », répondis-je en faisant de même.
Je glissai ma paille entre mes lèvres pour aspirer une première gorgée. C'était plus sucré que je ne l'avais imaginé. On sentait bien le rhum, mais ça passait tout seul. Ce n'était pas mauvais du tout. Je relevai les yeux sur Jimin qui fixait son verre en silence.
« T'aimes pas ?
– Mmh ? fit-il en relevant la tête avant d'avaler. Si, pardon. J'essayais de reconnaître les différents ingrédients. C'est très bon !
– Tant mieux alors, souris-je.
– Tu te fais souvent des verres comme ça, tout seul et dans le noir ?
– Non. Pourquoi ?
– Pour savoir. »
Je ne répondis pas, puis plongeai de nouveau mon nez dans mon verre.
« En général, je privilégie la quantité à la qualité. Mais je dois avouer qu'une petite soirée posée à base de cocktails, c'est appréciable. On boit moins, mais c'est meilleur. Par contre, tu perds un temps fou à préparer et c'est ça qui me rend dingue. Du coup je vais plus souvent au bar, tu vois le tableau.
– Je vois. Mais c'est inquiétant...
– Inquiétant ? demandai-je en fronçant les sourcils. Pourquoi ça ?
– Tu m'as l'air de boire pas mal...
– Je ne suis pas alcoolique, si ça peut te rassurer, souris-je. Je fais des grosses soirées où je me bourre la gueule rarement. Je vois souvent des potes au bar autour d'une bière, mais une bière, c'est rien. Je ne bois pas tous les jours non plus. Et sûrement pas tout seul. Ça serait déprimant.
– D'accord. Ça me rassure un peu en effet. »
Je répondis à son sourire, puis glissai de nouveau ma paille dans ma bouche. Il fit de même et inspira sa boisson sans me quitter des yeux. Le silence s'étendit entre nous et sembla durer une éternité, jusqu'à ce que je cède.
« Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je avec un sourire en coin.
– Je réfléchis à tout ce que j'ai à te demander.
– Pas besoin de préparer un questionnaire en amont, tu sais.
– Je sais. Mais je n'ai pas envie d'oublier des choses.
– Tu as toute la vie devant toi pour me questionner, te prends pas la tête, souris-je en portant de nouveau ma paille à mes lèvres.
– Toute la vie ? Tu es optimiste.
– Pourquoi ne le serais-je pas ?
– Tout peut arriver. Et puis même sans ça, on va peut-être se perdre de vue un jour, et du coup ma curiosité restera insatisfaite.
– Si on se perd de vue, tu m'oublieras, alors ta curiosité disparaîtra, ricanai-je après avoir avalé ma gorgée.
– Pas faux. »
Il touilla son verre pendant encore quelques secondes, puis se mit à sourire. Je l'observai en silence, puis fronçai les sourcils.
« Pourquoi tu souris comme ça ?
– Pour rien », me répondit-il en secouant doucement la tête de droite à gauche.
Il fit glisser son bras gauche sur la pierre du plan de travail jusqu'à le ramener contre son torse, puis il plongea ses yeux dans les miens. Je continuai de le regarder avec suspicion, puis il releva légèrement sa paille pour la glisser entre ses lèvres. Il continua de boire doucement son cocktail sans me quitter du regard, puis je vis ses joues se creuser.
« Bois moins vite, tu vas t'étouffer », pouffai-je.
Seulement il ne cessa pas, ses pupilles toujours dans les miennes, et quand je le vis tirer doucement sa paille hors de sa bouche, je fronçai les sourcils à m'en faire mal.
« Qu'est-ce que tu fous ? » demandai-je sèchement.
Il passa sa langue sur ses lèvres, et ses yeux descendirent ensuite le long de mes bras avant de remonter mon torse jusqu'à mon visage.
« Tu es vraiment beau. »
Ma bouche s'entrouvrit mais aucun son n'en sortit. Quoi ? Il me faisait quoi, là ? Il porta ses mains à son visage et pouffa bruyamment avant de se retourner. Quoi ? Il commença à rire tout en me tournant le dos, et une vague désagréable envahit mon corps. Je détestais qu'on se moque de moi de cette manière.
« C'est quoi ton problème ? » aboyai-je.
Après quelques secondes, il se retourna vers moi tout en essuyant ses yeux.
« Tu pleures ? demandai-je en fronçant les sourcils.
– Tu aurais vu ta tête ! Bordel, c'était tellement drôle !
– Drôle ? Ça n'a fait rire que toi, je te ferai remarquer !
– Justement ! Je t'ai cloué le bec une fois de plus. Je peux dire qu'on est à égalité. »
Des tas de choses se mélangèrent alors dans ma tête, jusqu'à ce que je comprenne. J'expirai bruyamment, puis passai ma main droite sur mon visage.
« T'es encore là-dessus ? soupirai-je.
– Oui. Je refuse de perdre. Plus qu'un point à marquer et je gagne.
– Tu gagnes quoi ? Il suffit que je te mette dans l'embarras une fois de plus et je repasse devant. Et sans vouloir te vexer, tu as l'air bien plus facile à mettre mal à l'aise ou à rendre timide que moi.
– Que tu penses. Je n'ai pas encore sorti l'artillerie lourde, ricana-t-il.
– Quoi que ce soit, ça ne me fait pas peur. Bref, finissons ça.
– Ok. »
Il retira la paille de son verre, passa sa langue dessus entièrement, puis porta le récipient à son visage. Je le regardai vider son cocktail quasiment cul-sec avec les yeux écarquillés.
« Mais t'es pas bien ?
– Si. Et c'était super bon. Je ne serais pas contre un deuxième verre, me répondit-il en descendant de son tabouret.
– Non, ça ira pour ce soir, souris-je en plissant les yeux. Tu ne m'en voudras pas, mais je vais descendre le mien plus lentement, hein.
– Pourquoi ? Tu as peur de ne plus marcher droit ?
– Ne me fais pas rire. Un cocktail, ça se déguste.
– Alors déguste bien. Je vais pisser et je t'attends dans ta chambre. Si t'es trop long, j'aurai même le temps de me laver.
– N'exagère pas non plus.
– On verra, murmura-t-il en faisant le tour du plan de travail tout en laissant sa main traîner dessus. On verra.
– On verra rien du tout. Je suis là-haut dans deux minutes. »
Il se colla soudain contre mon dos et sa bouche s'approcha de mon oreille.
« On verra. »
Un étrange frisson remonta ma colonne et je serrai les dents. Son rire retentit doucement, puis il perdit quelques centimètres en retombant sur ses talons.
« Je te laisse débarrasser, ranger et laver mon verre ; ça me laisse cinq minutes de plus.
– Bah voyons. »
Je le suivis du regard lorsqu'il parcourut le mètre jusqu'à la sortie de la cuisine, puis j'expirai bruyamment. S'il persistait à vouloir gagner ce petit jeu, et que tout ce qu'il trouvait à faire était de flirter avec moi, ça allait mal se finir.
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