『Chapitre Un』
Le jeune garçon courrait à vive allure dans la forêt, un large sourire sur les lèvres. Un rire fluet s'échappait de celles-ci, montrant à tous ceux qui voulaient le voir sa joie de vivre. Ses pieds nus se posaient avec tant de légèreté sur le sol herbeux qu'on avait l'impression qu'il glissait, ou même, qu'il flottait.
Ses foulées se faisaient longues et souples et ses cheveux noirs fraîchement coupés ondulaient grâce au vent, lui chatouillant ses longues oreilles.
Puis, il s'arrêta soudain, arrivé à l'endroit vers lequel il se dirigeait : chez-lui. Un joli village construit dans les arbres, d'une jolie architecture raffinée, où ils vivaient tous dans la bonne entente et la douceur qui faisaient d'eux la race d'elfe la plus appréciée.
Passant non loin d'un marchand de fruits, il lui sourit gentiment et lui donna trois petites pierres ovales d'un bleu électrique magnifique, une partie de la récolte de sa balade. Il lui prit donc une pomme bien rouge, lui faisant un clin d'œil avant de commencer à marcher gaiement dans son joli village, croquant joyeusement dans son fruit.
Que la vie lui semblait belle, parfaite. Lui, sa sœur et ses parents vivaient en harmonie avec la Nature, comme tous les autres elfes de leur village ; ils faisaient attention à la Nature et ne prenaient que ce qu'elle leur donnait. En aucun cas ils ne lui volaient ce qu'elle ne leur donnait pas : prendre la vie des animaux était en effet un acte considéré comme barbare et odieux.
Et il se sentait bien ici, la vie était simple, rudimentaire et loin des villes agglomérées qu'étaient les cités elfiques. Il n'aimait pas les citadins, ils se prenaient pour des êtres supérieurs et croyaient qu'ils avaient la science infuse, alors que finalement les seuls qui l'avaient vraiment étaient ceux qui côtoyaient la Nature au quotidien.
Une fois arrivé chez lui, il grimpa facilement l'arbre qui abritait leur maison, entrant tranquillement par la porte. Puis, apercevant sa mère, il lui sourit joyeusement ; elle était actuellement en train de coudre un manteau pour l'hiver qui approchait.
En effet, l'extérieur avait commencé à se rafraîchir ; ainsi son père avait déjà commencé à tapir les murs et le toit de chaume afin de rendre leur habitat plus résistant à la saison froide, qui était souvent si glaciale qu'un manteau de neige de plusieurs centimètres recouvraient toute la forêt, leur village avec.
Venant frotter le dos de sa main contre celui de sa mère dans le but de lui dire bonjour, rite de salut de leur tribu, il croqua à nouveau dans sa pomme, s'asseyant à ses côtés.
- Mère, est-ce là, mon futur manteau que tu es en train de faire ?
Un rire franchissant ses lèvres, sa mère hocha la tête.
- effectivement, fils, je l'ai même bientôt fini, je pense qu'il sera prêt ce soir. Tu as encore grandi alors l'ancien servira à ta sœur. D'ailleurs, je vois que tu es encore pieds nus. Combien de fois dois-je te le répéter ? Nous approchons de l'hiver, peu importe combien tu détestes les chaussures, il faut que tu en portes.
Il fit la moue, avant de finalement acquiescer.
- ne t'inquiète pas, mère, je porterai mes chaussures avant les premières neiges. Mais il ne fait pas encore assez frais pour que je les porte ! Bien, je vais voir Sa'kali mère !
Elle lui sourit tendrement avant de recommencer à coudre les pans en laine du manteau, lui demandant tout de même avant qu'il ne disparaisse dans l'escalier :
- dis bonjour à ta sœur de ma part, elle n'a pas quitté son perchoir depuis qu'elle s'est levée, je n'ai pas eu l'occasion de la voir.
Il ricana à ses mots, répondant bien sûr à l'affirmative : c'était sa sœur tout craché, et franchement il trouvait ça adorable, mais il ne lui avouera jamais. Grimpant donc à la dernière branche stable de leur arbre, il sourit tendrement en voyant sa sœur en train de peindre le paysage. Croquant dans sa pomme pour l'avertir de sa venue, il avança, aussi silencieux qu'une plume se posant sur le sol. Amusé de voir une des longues et fines oreilles de sa sœur bouger au son qu'il produisit avec sa pomme, il se permit alors de prendre la parole, sachant qu'il ne la surprendra, en conséquence, pas.
- Sa'kali ! Tu as un bonjour de notre mère, elle semblait plutôt triste de ne pas te voir aujourd'hui ! Que fais-tu ?
Elle se retourna finalement, plantant ses yeux verts dans les siens, ceux de leur père. Lui avait récupéré ceux noisettes de mère, mais cela ne le dérangeait pas de ne pas avoir des yeux aussi uniques que ceux de son père ou de sa sœur. Ça lui donnait un air rassurant et chaleureux, d'après leur mère. Ils avaient aussi tous deux les mèches noir de jais de leur arrière-grand-père, et cela faisait leur fierté.
S'asseyant à côté de sa sœur, celle-ci lui sourit gentiment avant de lui dire calmement.
- Ji'sun, bonjour. Je suis navrée pour mère, j'aurai dû lui souhaiter la bonne journée, mais j'ai oublié. Je suis en train de peindre le Soleil et la Nature, je ne l'avais encore jamais fait d'ici. Et toi mon frère, que fais-tu ?
Un sourire sur les lèvres, il admira les traits délicats dessinés sur la toile. Sa sœur avait vraiment un talent incroyable.
- c'est extrêmement beau, tu as un don Sa'kali... Pour ma part, je reviens d'une balade et j'en ai profité pour prendre une pomme et venir vous voir mère et toi. Elle m'a dit que tu récupèreras mon ancien manteau pour l'hiver, ton ancien manteau ne te va plus non plus ?
Elle secoua sa tête, soupirant légèrement.
- non, effectivement il ne me va plus. Elle a dit qu'elle réutilisera la laine pour nous faire des chaussures, mais elle sait à quel point je hais les chaussures de laine, ça gratte, c'est désagréable. Celles de coton sont bien plus agréables à porter...
Écoutant sa sœur avec attention, un sourire indulgent sur les lèvres, il hochait la tête doucement à ses mots. Sa'kali partait souvent dans ses pensées lors de discussions, et Ji'sun faisait toujours attention à la laisser parler, ne voulant pas qu'elle se sente mal à l'aise ou incomprise.
Il vint finalement embrasser sa joue, geste qu'il ne réservait qu'à elle, la personne qui lui était la plus proche. Puis, le jeune elfe se releva.
- je vais te laisser finir ta peinture, sœurette, je transmettrai ton salut à mère. Passe une bonne après midi !
Sa sœur lui répondant d'un petit hochement de tête accompagné d'un sourire, elle lui souhaita la même chose avant de recommencer à peindre.
Descendant assez rapidement jusqu'à la salle commune, terminant sa pomme, il sourit à sa mère et vint vers elle pour l'étreindre.
- Sa'kali s'excuse de ne pas être venue, je te transmets son bonjour, mère !
Hochant la tête à ses mots, Elle sourit ensuite à Ji'sun avant de remettre les cheveux de celui-ci en place, lui murmurant alors de faire attention pendant sa sortie. Elle connaissait son fils comme sa poche et devinait bien évidemment qu'il allait repartir se balader dans la forêt. Cependant, elle s'inquiétait : on ne savait jamais, un elfe noir pouvait poser des pièges dans les environs et son pauvre fils de 20 printemps, qui commençait à peine à apprendre la magie, qui ne s'était d'ailleurs pas totalement manifestée chez lui, avec son père, aurait bien du mal à les défaire si jamais il se prenait les pieds dedans.
- dis bonjour à père de ma part ! Il rentrera sûrement avant moi ! Bonne journée mère, je t'aime !
Lui faisant un dernier sourire épanoui dont lui seul avait le secret, il s'en alla finalement de son habitation et se dirigea vers le compost du village, jetant le trognon de sa pomme dedans avant de partir assez rapidement, l'odeur n'étant pas la plus ragoûtante qu'il ait pu sentir dans sa vie.
Repartant bien vite dans sa forêt, il recommença à courir, utilisant naturellement sa magie pour accélérer ses mouvements, s'arrêtant parfois pour discuter avec "ses amis les écureuils".
Il aimait sa vie, Ô combien il aimait sa vie et il ne la changerait pour rien au monde. Il se sentait protégé, en sécurité, bien dans sa peau, dans le monde qui lui fallait. Il se laissait avancer au gré d'où ses pieds le portaient, un sourire heureux sur les lèvres.
Mais la vie ne peut être sans aucune vague...
Et avant qu'il n'ait le temps de dire ouf, il tomba dans un trou de plusieurs mètres de profondeur.
"Les elfes noirs", eût-il le temps de penser alors qu'il tombait, se reprochant sa naïveté et le fait qu'il n'avait pas regardé le sol que ses pieds foulaient.
Il finit par fermer les yeux, priant pour ne pas mourir ; après tout, ça n'était certainement pas une chute d'où il sortirait indemne vu la profondeur.
Mais finalement, la réception fut bien moins violente qu'il ne le pensait : tout commença juste avant qu'il n'atterrisse ; il se sentait bizarre, comme si quelque chose traversait son corps et que son centre de gravité était mouvementé. Il ne put réprimer un frisson assez violent quand la température refroidi d'un coup, se recroquevillant sur lui-même alors qu'il atterrissait finalement tout doucement sur le sol. Ses fesses se posèrent sur un sol humide et poudreux, mais avant tout glacé et froid. Très, très froid. Ses pieds nus le lui faisaient bien remarquer. Se levant directement en poussant un petit cri, il rouvrit les yeux tandis qu'il commençait à grelotter, ses lèvres laissant échapper une fumée chaude alors qu'il commençait à regarder tout autour de lui en paniquant. Il ne reconnaissait rien.
- ça doit être la panique... La panique... C'est la chute qui me fait voir n'importe quoi...
Autour de lui, ce panorama qu'il n'avait jusqu'alors jamais vu s'étendait : la neige était partout, mais il n'y avait presque pas d'arbres ni d'herbe à l'horizon, juste de grands bâtiments de pierre, un sol noir comme le charbon et des choses étranges de toutes les couleurs qui bougeaient. Ça ressemblait un peu aux carrosses, mais aucun animal ne tirait les choses, alors il avait du mal à comprendre comment ça semblait pouvoir rouler.
Continuant d'observer ce qui l'entourait, il paniquait de plus en plus pendant que les larmes commençaient à lui monter aux yeux. Il ressemblait à un petit animal perdu et ses longues oreilles devenues rouges à cause du froid tremblotaient sous toutes les informations auditives provenant de cet endroit étrange. Des bruits bien trop forts et trop hideux, qu'il n'avait jamais entendu, et surtout, aucune Nature. La Nature ne parlait plus. La Nature était morte...
Éclatant en sanglots, Ji'sun ne faisait plus attention au froid qui rongeait ses pieds nus et ses oreilles, ni de son corps qui grelotait si fort que l'on aurait pu se demander comment il faisait pour tenir debout.
Il se laissa alors retomber sur le sol glacé, entourant ses jambes de ses bras, regardant toujours autour de lui sans jamais cesser de pleurer. Il avait tout perdu, sa belle vie, sa famille... Sa sœur. Il n'avait même pas pu dire au revoir à son père. Et il était perdu, là, sans savoir comment revenir.
Il ne pouvait pas compter le temps qu'il avait passé dans cet endroit où personne ne passait à part ces grosses choses effrayantes qui faisaient un bouquant d'enfer, assis près d'un gros poteau au bout duquel, quand le ciel commença à s'assombrir, une lumière se mit à briller.
Ses larmes se sont taries quand le froid fût tel qu'il ne pouvait plus vraiment bouger, la neige ayant recommencé à tomber du ciel, le faisant peu à peu devenir similaire à un glaçon.
Et finalement, alors qu'il regardait ses pieds devenir de plus en plus violets à cause du froid et qu'il sentait sa conscience partir de plus en plus, une voix rauque se fit entendre lorsque soudainement les flocons n'achevaient plus leur parcours sur sa peau glacée.
- excusez-moi... Est-ce que tout va bien... ?
À suivre_
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro