𝑊𝐴𝑇𝐸𝑅𝑀𝐸𝐿𝑂𝑁 ⚜
Sur les traces d' A g a t h e
Ma douce amie avait toujours le visage lumineux, la mine pleine de fougue, et arborait continuellement un sourire ravageur.
Ses longs cheveux blonds aux boucles fines et désordonnées flottaient dans l'air bleu d'un azur enivrant. Cependant cette douce créature, à l'aura si solaire, avait un côté vicieux qu'accompagnaient de désagréables manières. Et cette part d'elle laissait entrevoir un sombre esprit. Mais cela était vite absorbé par son corps de déesse aux courbes enchanteresses. Ses lignes parfaites qui se balançaient au rythme lent d'un vent d'hiver, suffisait à me faire oublier.
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Ah, elle était si belle ma tendre Amélie que j'en perdais patience. Et plus les jours passaient plus cela me pesait.
Elle était belle, trop belle. Et elle le savait. La beauté peut blesser aussi. Elle peut tuer, parfois. Car la beauté inspire l'admiration, l'admiration fait éclore les sentiments, et les sentiments, la vulnérabilité. Des cœurs brisés, piétinés, Amélie en avait produit par paquets de quinze.
Je t'aime, je ne t'aime plus, aime-moi, oublie-moi... elle changeait de discours tous les trois jours. Si elle avait eu un deuxième prénom, ça aurait sans doute été
I n c o n s t a n c e
Elle était cette lune mielleuse déguisée en soleil qui, éternelle insatisfaite, changeait d'aspect toutes les nuits. Elle trompait l'aube et le coucher, faisait perdre la raison aux oiseaux et déréglait sans remords le cycle des marées.
Amélie n'avait à priori jamais tué personne, mais ses victimes semblaient être des morts-vivants vidés d'émotion. Aucun n'était plus capable d'aimer après qu'elle soit passée dans leur vie, même en simple coup de vent.
Une fois qu'on avait croisé sa route, on accordait forcément bourreau des cœurs au féminin. Attachante mais jamais attachée, elle était l'écume adorée du sable insouciant, modelant la plage comme bon lui semblait.
Et on se demandait parfois ce qui clochait avec le rivage.
Mais ce qui clochait en vérité n'était pas le rivage. C'était plutôt ces vagues qui ramenaient des bas-fonds les débris mensongers qu'elle avait balancé dans l'océan. Ils jonchaient la surface d'une étrange manière, dérangeante, alourdie de malaise.
Car son troisième prénom, s'il avait existé, aurait été T r o m p e r i e . Le mensonge acidulé sortait de sa bouche vermeille comme un bonbon au citron. Elle était comme un distributeur déjanté de sucreries acides, crachant dans tous les sens des trahisons déguisées en mots.
C'est pour toutes ces futiles mais dérangeantes raisons qu'après sa mort, personne ne la regretta... pas même moi, son amie d'enfance.
Même si parfois, il m'arrivait de repenser à nos quelques moments de complicité, je ne ressentais maintenant qu'une profonde indifférence. Mes sentiments avaient évolués et au prix de grandioses efforts, je me suis résignée.
Elle n'était plus, elle était éreintée, elle s'était éteinte.
Mes quelques regards doux, mes sourires instables, mes pensées ardentes. Elle n'en avait que faire. J'avais assisté à la lente chute d'un tableau éphémère. Un château de cartes croulant sous un poids insurmontable, s'écroulant à la limite du supportable.
Elle avait d'inéluctables pensées abyssales. Elle était insondable et qui sait, peut-être même instable. Mais je me suis perdue dans ses beaux yeux à la curiosité inégalable. Son regard dardait sur moi comme une piqûre d'insecte.
Un moustique. Un être avide de sang puisant indifféremment dans mon corps. Avec un égoïsme profond et une insatiabilité terrifiante.
Elle n'avait peur de rien et ne se souciait de rien. J'avais l'air d'être invisible à ses côtés. Elle était tellement cotée. J'étais cette chose affable et elle était cette fille aux folles mèches blondes et aux allures de princesse. Ses formes chaleureuses et sa douce voix langoureuse la mettaient sur un piédestal.
Elle prenait toute la place, dans le regard des autres comme dans mon cœur. Elle était une fleur empoisonnée. Une belle rose au charme presque irréel mais aux épines mortelles. La pluie glissait sur elle comme le soleil. Un torrent de larmes irrémédiablement pointé du doigt.
Elle avait tout pour plaire, pour me plaire, mais elle a tout gâché... sa mort, je m'y étais préparée, et je n'ai pas regretté.
Oui, car il n'y avait aucunement place aux regrets quand régnait par delà toutes les misères une foi insouciante et sans équivalence...
Hélas, les questionnements ne cessaient de dévaler la pente insidieuse de mon esprit. Depuis son malencontreux décès, je me suis quelque peu transformée en taciturne, et je restais dès-lors des heures prostrée dans un silence muet à songer à tout ce qu'elle m'avait un jour apporté de joie de vivre et d'espoir.
Des débris de souvenir en sa présence suffisaient amplement à raviver mes sincères sentiments à son égard, et des flots de pensées jaillissaient alors et inhibaient ceux de naguère dans une certaine transe passagère qui rendait l'oubli inévitable.
J'avais conscience que ce n'était que partiellement sa faute, mais au tréfonds de moi-même, je n'osais pas l'avouer, car elle avait gâché le plus important, et ça, je ne réussissais pas à le cacher. Que pourrait devenir une vie sans espoirs fondés sur des jugements ? Certainement une misère.
Car malgré les inconvénients, ma douce amie était un soleil radieux qui dissipait tous les tourments. Et elle me plaisait ainsi, ou autrement dit, aurait pu me plaire ainsi, car sa mort avait creusé un vide en moi, qui s'est manifesté par mes besoins de rester souvent seule et réservée.
Mais le temps est passé, et je suis restée une simple spectatrice face à la férocité sereine de ce dernier qui me plongeait souvent dans des méandres inconnues. Je ne le regrettais plus, oui, car j'avais compris la leçon que m'avait faite la vie dans le but de m'évaluer.
Je ne fuirai plus...
⚜
fin
⚜ un texte écrit par ⚜
eleonorahrk
Lookandreadme
MechanteLimonade
sous forme de cadavre exquis
à partir d'un texte de SaY_U_SaY_ME
dans le cadre du
Concours fruité 2020
⚜
Merci d'avoir lu, on espère que vous avez apprécié notre travail <3
TeAm PaStEqUe FoReVeR
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