Quelle douleur
Ils sont là
Ils me narguent
Ils narguent ma patience
À travers leurs couleurs
Je comprends que ma vie
Serait calme sans eux
Mais n'aurait pas de sens

Non, ils ne devraient pas
Ne serait-ce qu'exister
C'est ce qu'on apprend très tôt
À l'école de la vie
J'ai jeté tes photos
La perfection, la vraie
N'existe pas sur terre
Pourtant j'ai pu la voir
Et mal
Ça me fait mal
Alors
Je t'en supplie
Ferme donc les paupières
Je ne veux revivre notre histoire
Qu'à travers ma mémoire
Et mes souvenirs pâles
Recouverts de poussière

Je ne dois pas fixer
Tes iris plus longtemps
Je ne peux accepter qu'ils existent
S'ils ne peuvent être miens
Car je suis envoûtée
Esclave de ce regard
aigue-marine
Ferme les yeux et je pourrais
Enfin
Avoir la paix
Et m'assurer que
plus tard
Personne d'autre ne soit victime
Du même sortilège que celui
Qui m'a fait succomber

Tu sais
Ils sont changeants,
Instables, fuyants,
Un peu comme toi
Parfois gris, d'un gris cendré
De la cendre qui fume
Au gré du clair de lune
Là dans le cendrier
Et parfois bleus, comme les vagues
Les vagues blanchies d'écume,
l'écume de la peine
qui revient me hanter
En ce mois de décembre
J'ai peur
Et seule la lune ici
N'attrapera ni de rhume
Ni de peine de cœur

J'ai jeté tes photos
Car je ne supportais pas
De te voir,
sans que tu ne me voies
J'ai vu l'oubli comme un cadeau
Comme un présent
Dont je ne pouvais
Malgré tous mes efforts
Arracher l'emballage

Ça me manque, mais quoi ?
Tes yeux.
Oh oui, c'est ça
Tes yeux manquent aux miens
Et parfois le matin
Je pense aux pointes de vert
qui ornaient parfois
Comme la neige innocente
Ornerait les sapins
Ton cristallin si froid

sheymae