Words of an old soul
Tu t'rappelles quand on était jeunes artistes, dit?
Tu t'rappelles de ces moments où on se sentait grands voyageurs quand on gribouillait quelques phrases au dos d'un vieux carnet?
Tu t'rappelles à quel point on se sentait libres quand on arrivait à faire vivre nos proses, nos métaphores et nos rimes dans le creux de nos mains moites de Vie?
Dit, tu t'rappelles quand on arrivait à dessiner des chemins bordés de fleurs blanches à l'aide de nos poèmes dans les esprits de quelques inconnus égarés?
Poésie, poésie, je pense qu'on était plutôt prose. Enfin moi, toi t'étais plutot poésie hein? Les métaphores, les oxymores, les litotes tout ça? Pfiou, moi ça me donnait mal au crâne.
Quand j'y pense on en a fait des kilomètres, toi et moi, dans ces bateaux en papier sur lesquels on avait gribouillé quelques mots d'amour. On en a parcouru des sentiers battus grâce à nos chaussures d'encre pas très bien dessinées. T'aurais préféré qu'elles soient rouges tes chaussures, hein? Mais on trouvait pas beaucoup d´encre rouge en ce temps, alors on se contentait de l´ébène.
Et d´ébène t´écrivais tes poèmes et d'ébène j´écrivais mes proses, et d´ébène on pensait voyager à l´autre bout du monde. C´est marrant quand même, à quel point nos nuits d´encres étaient réellement d´encres. Ah, si on avait pu se badigeonner le corps de cette encre noire, je crois qu'on y serait encore. Mais on aurait plus été écrivains là, on aurait été peintres, n´est-ce pas? Enfin, n´était-ce pas un peu ce qu'on était, quand on dessinait ces mots vides de sens sur des feuilles blanches? Des peintres de l'âme ?
Quand j´y pense c´est assez ironique tout ça. On a pensé réussir nos vies mais parfois je me dis qu'on a un peu gâché nos cartouches pas vrai? On s´est acharnés sur ces cartouches d´encre noire qui se vidaient encore et encore en l´apogée des nuits les plus sombres. Mais est-ce qu'on a pas un peu délaissé nos cartouches? T´sais celles qui se percent dans nos poitrines quand elles se fracassent contre nos rêves et tatouent nos cœurs?
Parce que maintenant, tu vois, je suis assis dans ce fauteuil devant ce même paysage qui ne change pas, et je regrette un peu, de pas avoir plus usé ma cartouche quand c´était encore possible.
Je me rends compte que j´ai passé ma jeunesse assis sur une chaise à contempler le monde qui grandissait dans mes paumes sèches, que j'ai passé les années les plus prospères pour mon corps à contempler ce qui était immobile.
Et maintenant que j'en suis devenu un -un être immobile- voilà que je me rends compte que j'aurais aimé parcourir un plus la Vie qui galope.
Ah,celle qui marchait dans mon crâne j´en ai fait le tour, c´est vrai.
Mais nous, écrivains des mondes intérieurs, est-ce qu´on a assez parcouru le monde de dehors? Est-ce qu'on a assez affronté celui qui ébranle l´âme et la rend plus désirable encore?
Morceau d´idée pour un prochain OS (pour un certain projet 😏). Mais vous pouvez aussi le voir comme un message du moi de plus tard au moi d´aujourd'hui. Parce que parfois, à trop m´enfermer dans ce monde magnifique que je tiens entre les mains, j´ai peur d´oublier un peu d´explorer celui qui galope autour de moi ♡
Et c'est aussi une petite sérénade à l´écriture. Parce que j´ai enfin retrouvé ce rêve d´enfant que j´avais enfermé dans un coin brisé de mon cœur; ce rêve qui voulait que je devienne écrivaine. Et parce que je ne me suis jamais sentie aussi bien que depuis que j´ai repris ce stylo, et que rien au monde ne me passionne plus que cette petite bille tachée d´encre qui roule sur le papier blanc et créer des mondes plus beaux les uns que les autres. ♡
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