White line?
Si j'étais née dans un roman, je ferai certainement tout pour te contredire. Pour te prouver que tu as tord. Je deviendrai quelqu'un pour te prouver ma valeur, pour te prouver qu'il y a une part de moi qui vaut de l'or, pour te montrer qu'le monde me fait pas peur et que comme chaque homme, j'ai le pouvoir, bien malgré toi, de marquer l'humanité. De lui donner un sens nouveau afin qu'il devienne un lieu de sécurité.
Si j'étais cœur brisé dans un roman, j'attraperai ma cape de super-héro, j'étudierai 8 années, je travaillerai comme une dingue pour monter jusqu'en haut, je composerai jusqu'à c'que mes mélodies passent dans l'métro, j'trouverai quelqu'un et fonderai une belle famille, loin de toi, dans un endroit où je me sentirais enfin chez moi. En bref, j'attraperai un stylo, et je dessinerai doucement une ligne noire sur cette grande page blanche de l'humanité.
Si j'étais étoile perdue dans un roman, je pointerai du doigt le ciel, et le défierai de me regarder le rejoindre doucement. Je danserai jusqu'aux petites heures, rendant ma vie plus légère, j'me laisserai aller aux bras des plus grands étrangers, étrangers qui répareraient délicatement mes failles à l'aide de fil de nylon, jusqu'à c'que je devienne cette fille comblée qui danse sous un ciel bourré de couleurs.
Ouais, si j'étais moi dans un roman, tout serait bien différent. J'arrêterai pas cette fichue bagnole grise pour pleurer sur un parking désert, j'te laisserai pas me démonter comme tu le fais et partir avec mes morceaux solitaires, j'te regarderai pas m'achever à coups d'matraques aux heures charnières. J'me laisserai pas aller, je chercherai à m'en aller, à partir, pour enfin quelqu'un devenir, j'prendrai pas un putain de stylo blanc pour marquer mon passage sur Terre, j'en prendrai un violet, un rose, un bleu peut-être, qu'je laisserai s'amuser sur cette feuille blanche couvertes de milliards de traits noirs.
Mais j'suis sur Terre. Et t'as trop bien fait ton boulot. Puisque qu'il n'y a plus sur mon bureau qu'un vulgaire stylo blanc à la mine minuscule. Puisqu'y a plus dans ma tête qu'de stupides espoirs réduits en miettes. Puisqu'y a plus dans ma vie que quelques gestes dépourvus d'envie. T'as trop bien fait ton boulot, il est nickel, aucune rature, aucune échappatoire dans s'fichu trou noir, j'devrais t'applaudir. Ou p't'être te maudire.
Mais vois-tu, c'qui est drôle, c'est qu'j'ai jamais compris pourquoi les femmes ou les hommes abusés restaient aux côtés d'la personne qui les maltraitait. J'ai jamais compris qu'on puisse rester aux côtés d'une personne qui nous rende si malheureux, qui nous traite comme un chien, et pire encore, puisqu'on a même pas le droit à une caresse quand l'travail est bien fait. J'l'ai jamais compris. J'me disais que ça m'arriverai jamais. Qu'c'est pas le genre de chose dans lequel j'me laisserai entraîner, parce que j'étais trop maligne pour me retrouver dans c'genre d'embuscade.
Ma douce, c'que t'as été conne.
T'es faite comme un rat. Attachée à ce stupide piège ou dégouline ton sang impur et dégueulasse. T'es rien, une vulgaire merde, sans valeur, et t'es destinée à le rester. À rester ce chien qui couine et tente chaque soir de ronger sa laisse.
C'est malheureux, t'es si jeune. T'aurais pu prendre un peu de courage et à l'aide de ta force rendre ce fichu stylo blanc un peu plus coloré. Ou t'aurais pu apprendre qu'au milieu de lignes noires, une ligne blanche peut devenir Art. Mais après ça, t'auras plus confiance, jamais. Regarde-toi, tu ne fais déjà plus confiance à personne. Tapie dans ton trou, les mains devant les yeux pour te protéger du monde, yeux qui pleurent dès qu'on t'adresse la parole gentiment et qu'l'attention se tourne vers toi dans un cour de musique. Meuf, t'es ridicule. Tu vaux rien. Admet-le.
Admet qu'elle a bien fait son boulot. Elle a tout ce qu'elle veut. Toi, dépourvue d'âme, obéissante, tenue en laisse, faux-sourire attaché aux lèvres. Meuf, t'as été tellement simple à modifier. L'a suffit de quelques coups bien placés. Allez arrête. Relève la tête. Regarde devant toi. Use cette ligne blanche pour joliment entrecouper les noires des autres. Tu peux pas rester comme ça. Ainsi, le monde ne voudra jamais de toi.
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