Sιℓєηт Ɯσя∂ѕ
Les mots s'emmêlent.
Ils sortent du bout de mon stylo et s'échappent dans les airs, ne laissant derrière eux que ces brèves tâches d'encre qui mélangent plutôt bien leur couleur sombre aux traces transparentes que laissent mes larmes lorsqu'elles s'échouent lamentablement sur le papier.
Et ma feuille est ravagée, comme toutes les autres.
Des mots virevoltent dans les airs, ils dansent ensemble et se déhanchent au rythme entraînant de ma tristesse noire, s'entrechoquant encore et encore, me faisant espérer encore jusqu'au bout de la nuit que j'arriverai un jour à les assembler et à les coucher sur papier.
Et je ne peux que les observer, eux et leurs balais endiablés sous les étoiles de ce beau ciel d'été. Je ne peux que les regarder s'entrechoquer jusqu'à en éclater, ne laissant derrière eux que la poussière de ce que je pus percevoir comme l'ombre d'un faible espoir.
Je n'ai plus qu'à regarder au travers des larmes cette feuille blanche griffonnée par mon désespoir. Et je ne peux que la chiffonner comme toutes les précédentes et hurler à la Lune que je te déteste de t'enfuir à chaque fois avec toutes ces choses qui m'ont tant fait souffrir.
J'crève d'envie de t'écrire cette lettre gonflée de la tristesse que tu m'as procuré pendant toutes ces années, je meurs d'envie de te la balancer à la gueule avant d'la brûler sous le regard bienveillant des étoiles, mais comment je pourrais faire ça si les mots viennent pas ?
J'voudrais te les rendre tous ces mots désobligeants, ces mots d'une violence sans nom, ces lettre assemblées pour former les pires abominations de la terre. J'voudrais les coucher sur papier et te les envoyer un soir d'été lorsque le doux souffle d'un vent nouveau sera venu délicatement dans mon être se loger.
Mais il me reste plus rien de ces mots, pas même une seule voyelle, ni une seule consonne, ni même l'intonation qu'ils avaient quand ils se sont échappés de tes lippes pincées. Il me reste plus rien d'eux, seulement le regard doux que t'as porté sur moi quand se sont mis à pleuvoir les regrets, seulement ce sourire désolé qui tentait tant bien que mal de camoufler toutes les plaies qu'il venait de créer.
Plus rien à par la tristesse qu'ils ont procuré.
Plus rien à part la confiance qu'ils ont brisé.
Plus rien à part les espoirs enfantins qu'ils ont enterré.
Plus rien à part les lueurs de vie qu'ils m'ont enlevé.
Alors pourquoi ils sont si douloureux ces putains de mots qui semblent presque n'avoir jamais été prononcés ?
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