Il pleut.
C'est plutôt marrant la façon dont le ciel arbore toutes ces teintes de gris, on dirait un portrait XXL de mon âme. Gris par-ci, gris par-là, à croire que tout est un peu gris. Nait gris, vit gris, meurt gris. Mais qu'importe, j'aime le gris, il me chuchote des choses bien plus attrayantes que n'importe quelle autre couleur.

Il pleut.
Les oiseaux continuent de chanter, les chiens continuent de me tenir compagnie malgré ce temps qu'ils n'apprécient que trop peu, les roses qui grimpent sur ce mur ravagé par le temps ne m'ont jamais paru si belles. Il faut se rendre à l'evidence ; le monde continue de tourner. Mais pas moi. Parce que quand le ciel déverse toute sa tristesse sur moi, j'ai l'impression que tout s'arrête, que je suis mise sur le carreau d'une vie à laquelle je n'ai jamais participé. Plutôt ironique non?

Il pleut.
Mais pas assez fort.
C'est à peine si ces gouttes suffisent à brouiller ma vue. Alors j'attends que s'abatte l'averse, que le ciel me crache tous ses debrits à la gueule, qu'il inonde ma vie et mon monde bien trop terne..

Il pleut.
Le ciel pleure du haut de sa tour, il relâche toute la misère du monde. Et quand ses larmes s'abattent sur mes joues, elles accompagnent drôlement bien les miennes. Balais endiablé de notes monotones.

Il pleut.
Et je souri pour la première fois depuis longtemps.

Alors s'il te plait ciel, continue d'envoyer tes torrents de larmes limpides et emporte les miennes au passage. Emmène les toutes dans les Abymes du monde, là où se réunissent toutes les prières inentendues, tous les rêves inachevés et toutes les vies non vécues. Emmène les là où vivent les morts et là où meurent les vivants.

Emmène-les et reviens-moi quand tu auras fini. Parce que tu en certainement d'autres encore à emporter, la prochaine fois.