Si tu savais comme j'ai peur.

Pas du noir, ni des monstres qui se cachent sous mon lit. Pas de tous ceux qui m'ont fait du mal ni de ceux qui n'ont vu en moi que cet être écrit à devenir n'importe quoi, pas même de la Mort ni de ses ombres.

Si tu savais comme j'ai peur.

J'te dirais bien que j'ai peur de la Vie, mais faut pas s'voiler la face, c'est pas elle qui noircit mon monde. C'est moi. Et uniquement moi. J'me demande même parfois si elle n'essaye pas de redresser la barre à ma place.

Tu penses. Qu'est-ce qu'elle pourrait faire contre ça ?

Si tu savais comme j'ai peur.

Pas du futur, ni du passé. Pas de ce monde un peu trop vaste pour moi ni de cette ville dans laquelle je me noye. Pas de ce futur incertain ni d'ce que me réserve demain.

Si tu savais comme j'ai peur.

Pas de me retrouver dans un endroit qui me correspond pas, ni même de me confronter à des gens que je ne comprends pas. Pas de cette population qu'je regarde même pas ni de ses secrets hypocrites.

Si tu savais comme j'ai peur.

De moi.

Y'a plus ne serait-ce qu'une ombre de la personne que tu étais. J'ai rien gardé de toi, de cette fille un peu trop rêveuse qui voulait déplacer des montagnes. J'ai rien gardé de cette gamine qui croyait au grand Amour et en la Vie, j'ai rien gardé de cette personne qui aidait les autres et tentait de donner tous les jours un peu plus de soi. J'ai rien gardé de cette enfant qui gambadait inlassablement vers l'infini.

T'es partie.

Et maintenant y'a plus que moi.

Et si tu savais à quel point j'le déteste.

Pas juste un peu, pas juste à certains moments ou pour certaines caractéristiques qu'il a, ce moi.

J'le hais, du plus profond de mon cœur.

J'le hais de se condamner ainsi à n'être plus Rien; Même pas l'ombre d'un être humain. J'le hais de ne plus oser adresser la parole à quiconque et de de terrer dans le fond de son existence. J'le hais à pleurer tout seul dans un coin et à ne plus oser demander de l'aide en chemin.

J'le hais de pas trouver de sens à sa Vie.

J'le hais parce qu'il est lui, j'le hais parce qu'il est Moi.

J'le hais parce que j'en ai peur. Parce qu'il reste plus de lui que les mauvais côtés et que d'un jour à l'autre, tout peut céder.

Désolée gamine, j'crois qu'on s'est perdu en chemin. J'trouve plus la voie, est-ce qui aura encore un lendemain?