Notice
Il n'y a guère que les porteurs de perruques pour craindre de trop tirer par les cheveux. Agrippez-vous au crâne, tirez, tirez, rembobinez des kilomètres de fil jusqu'à vider la tête. Secouez les caboches, faut bien ça pour délier les sacs de nœuds, et c'est pour sonner qu'il faut créer çonneuse.
Le réalisme dans les choux, autant l'écharper en marmelade. Le vrai qui vaut tient dans la relation – relationner les personnages suffit à les rendre réels. Mettez alors cinq personnages et réseautez les relations : la toile tient tout net. Reste à guetter le moucheron.
Baptiste Mousier, l'homme-insecte, le collecteur de fientes, bousier en un mot, s'est oublié. Ce n'est qu'au contact de La Fontaine qu'il renoue avec ses symptômes animals. Il s'y plonge et s'y baptise. Pignol le maintient dans la siccité, le confort aride et stérile d'une vie où son nom n'a plus de sens. Il roule son sac de routard avec fierté, car il sait que les emmerdes lui seront profitables. Il les amasse pour carapaçonner son cœur de colosse. Il les moule en boule, et respecte le cycle des choses : pousser, tomber, et puis pousser. Il abat ce sac contre les impies adeptes de la pointe et des dents.
Mathilde Borue, la femme-poisson, la chieuse frétillante, a bien trouvé son homme. Vaillante et pugnace, elle ne rêve qu'à boire et s'empoissonner. Elle faute ses mots, gauche sur ses pattes titubantes. Ses piques caustiques consolident sa bulle, que l'assassinat de Mousier fait éclater sans crier gare : elle s'étouffe, perd pied, boit la tasse. Elle ne bronche pas tandis que sortent ses branchies, craquent ses nageoires. La mue la laisse revêche, écailleuse. Hameçonnée par l'amour, elle se laisse entraîner dans les abysses.
Tous deux trouvent un sens à leur existence en échangeant leurs initiales : dans la moiteur de la rencontre, le glissement s'est opéré. Mousier meurt écrasé en vermine, indigné par l'ignorance des conspuateurs. Borue sombre dans le bassin d'où elle a été arrachée, elle y rapporte des rêves changés en vents.
Laigre, l'homme-oiseau, cherche un nid où planter ses racines. Il vogue dans les nuages, vole de fantasme en fantasme, et la crasse des bouseux l'aigrit. Maigre, laid, il surplombe la catastrophe à contrecœur, fatigué d'avoir à déployer ses ailes grêles, mais trop couard pour s'écrabouiller violemment. Il voudrait tomber doucement, traverser la barrière du sol par voie liquide. Il se shoote au vertige en rêvant des immensités basses, des hauteurs caverneuses. Il envisage la clé du voyage dans la patience des plantes, sans compter que la terre sait reconnaître les fraudeurs clandestins, les filous dans les fourrés. Il s'y cogne sans atteindre d'autre horizon que les mysticités plates de sa langue creuse. Léger, il file entre les gouttes.
Arthur Binard, l'homme-couteau, poignarde à gogo. Il ampute ses mots, retranche l'art à son nom pour ne garder que le turbin. Binaire, c'est un demi-homme mutilé d'une conscience, d'une identité. En échange d'un peu de soupe, il a offert ses yeux, et pour la tranquillité d'un emploi, il nie la possibilité de constater les dégâts. Tout en lui perce, taille et tronçonne : il parle mais n'écoute pas, il tue sans sauver personne. Au lieu de laisser son bois à la forêt, il l'a castrée, empêché sa repousse en volant les feuilles, et travestissant leur valeur pour acheter sa çonneuse, et vouer le parc à la perte.
Lionel Outre, l'homme-boîte, se remplit sans cesse d'air vicié, sans jamais l'exprimer. Sa bouche ne peut pas contenir l'horreur qui l'habite, alors il porte cette machine souffleuse qui hurle à sa place, et qui a été financée en extrayant l'espoir de plusieurs générations. En échange d'un peu de pain, il a abandonné le droit d'appeler à l'aide. Il y voit clair, mais on le musèle hermétiquement. Passivement coupable, Mousier le confond d'abord avec une Loutre, mais il se trompe : Outre n'est pas régi par un paradigme animalier mais fonctionnel. Lui aussi a renoncé à la moitié de son être pour avoir à faire sans se poser de questions.
Tous deux ne valent que comme objets, ils fonctionnent, un point c'est tout. L'un inspire sans expirer, et l'autre expire sans inspirer. L'un finit éclaté, l'autre asphyxié. Ils n'ont pas su trouver l'équilibre du souffle.
Dans ce parc, l'air empeste, il incommode : que l'on respire à moitié, que l'on aspire à la photosynthèse ou à l'aquapnée, personne n'accepte de rester là. Le seul bousier prêt à s'accommoder de la puanteur ambiante, à porter son faix pour fertiliser les terres futures, est dénigré, écrasé, anéanti.
Quant à ce qu'on en retiendra, je vous laisse choisir entre la laideur des justes, et la quiétude des monstres.
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