CHAPITRE 7 - Les inséparables
Encore un clic.
Cette fois, il l'a entendu. Il y a eu un clic. Daehyun ferme ses paupières de toutes ses forces et quelques larmes lui échappent. Il n'ose pas rouvrir les yeux. Il n'ose pas affronter la suite. La perspective de prendre une balle dans le genou ne l'enchantait pas. Pas du tout ! Mais...
Le clic l'informe qu'il ne souffrira pas, pas physiquement, pas pour l'instant. Le clic signifie également que le jeu pervers se poursuit. Daehyun a déjà dû affronter les menaces à l'encontre des hyungs, de lui-même. C'était dur. La suite logique, c'est de devoir affronter la souffrance des Dongsaengs. L'un des plus jeunes prendra à sa place, lui qui vient d'être épargné.
Soudainement, le cuir chevelu de Daehyun le tire de ses réflexions désagréables et le force à rouvrir les yeux. Ses cheveux sont saisis et obligent sa tête à basculer vers l'arrière. De surprise, il laisse échapper un grognement. Aussitôt, il voit le visage de Sunhee. Elle est si proche qu'il a l'impression de la voir à travers une grosse loupe. Il peut sentir sa respiration sur son nez. Les yeux de biches scrutent l'humidité qui suinte sur ses prunelles et ses cils.
- Pourquoi tu pleures, Daehyun ? Est-ce que c'est à cause du soulagement ? C'est la peur ? J'ai été un peu longue, peut-être ? T'as les nerfs en pelote ?
La poigne de Sunhee s'accentue sur sa chevelure. Certains cheveux cèdent. Le garçon grogne une deuxième fois.
- Merde ! Fous-lui la paix ! proteste Yongguk dans le dos de Sunhee.
Elle ne relâche pas son emprise bien au contraire. Son attention est focalisée sur les mirettes qui lui font face. Elle peut y lire la haine, la colère, la provocation, mais bien cachée derrière ses sentiments hostiles, il devine toute la détresse du monde.
- T'es prêt pour la suite ?
L'emprise sur ses cheveux se desserre. Le visage de Sunhee est déjà moins proche. Il ne sent plus son souffle sur sa peau. Elle s'éloigne. Pas déjà ! Daehyun souhaite qu'elle continue à porter toute son attention sur lui. Lui et lui seul. La suite, comme elle le dit, il n'est pas prêt à l'affronter.
Sans le prévenir d'aucune façon, elle arrache le scotch qui le muselait. Une sensation chaude et piquante reste plaquée sur le bas de son visage. Il voudrait s'essuyer, enlever la colle qui rend sa peau poisseuse. Daehyun ouvre et ferme sa mâchoire deux fois. Sa bouche est libérée. Il peut crier. Il peut parler. Il peut mordre. Il peut aussi...
... un molard atterrit en plein sur le nez de Sunhee. Elle sursaute en arrière et essuie fébrilement son visage. Etonnamment, elle ne l'avait pas vu venir. La réponse ne se fait pas attendre. La femme lui retourne une gifle spontanée et bruyante. Daehyun encaisse.
- Connard de petite merde ! Comment oses-tu ? chuchote-t-elle entre ses dents serrées. Excuse-toi !
Elle essuie encore son visage avec dégoût. Loin de s'excuser, Daehyun profite à fond de sa liberté de parole retrouvée.
- Et toi ! T'es qu'une sale pute ! Une sale pute !
- Daehyun, arrête !
Yongguk essaye de raisonner son ami. Il craint que Sunhee ne dérape davantage si on la provoque. Jusqu'à présent, elle n'a tué, ou menacé de tuer, personne. Les choix qu'elle fait en visant les genoux, ou les parties génitales, montre qu'elle tient à les garder en vie. Mais c'est sans compter sur les provocations de Daehyun.
- Il a raison ! Fais-moi des excuses, petite merde ! Maintenant !
- Jamais ! Tu mérites toutes les insultes ! Tu vas faire quoi ? Me gifler ? Encore ? J'ai rien senti...
-... T'es complètement inconscient, s'amuse Sunhee.
- Daehyun !?
La voix de Yongguk s'indigne, et en même temps, il commence à comprendre la démarche du garçon. Daehyun détourne l'attention du maitre du jeu. Il tente de gagner du temps, tout simplement. Il retarde le moment fatidique où elle prononcerait le mot « suivant ». C'est un pari dans lequel Daehyun ne risque pas que sa propre personne. Yongguk prie déjà intérieurement pour que le garçon n'ait pas à le regretter.
- Je te jure que je vais te défoncer ! se lâche Daehyun.
Sa colère n'est pas simulée et les insultes sont libératrices. A chaque fois qu'il agresse Sunhee, il se sent mieux.
- Me défoncer, répète Sunhee, soudain plus aguicheuse que menaçante, dans quel sens du terme, mon joli-cœur ?
Daehyun prend une mine écœurée.
- Pas de cette façon. Obsédée ! Je te toucherais même pas avec un bâton !
- Ça je me doute, rit-elle ... petit pédé !
Daehyun fronce les sourcils.
- N'importe-quoi !
- C'est toi qui le dit. On verra bien comment tu vas réagir quand je vais torturer ta petite pute.
Joignant le geste à la parole, elle s'approche dangereusement de Youngjae.
- C'est du délire ! se plaint Daehyun.
Sa voix pue la panique. Elle ne contient plus la même rage. Daehyun se perd davantage à chaque pas qu'elle fait vers lui. Sa colère se noie, alors que la peur lui garrote la gorge. Il voulait mener la conversation. C'est raté. Elle amène le sujet « Youngjae » sur la table. Le dernier que Daehyun se serait permis d'aborder.
- C'est pas « ma pute » ! ...
Elle saisit les cheveux de Youngjae comme elle s'y était prise avec lui un instant plus tôt. La réaction de Daehyun est immédiate et violente. Il hurle.
- Lâche-le !
- C'est quoi alors pour toi si c'est pas ta pute ?
Mon point faible.
C'est là où il faut appuyer pour lui faire du mal. Sunhee vient de le comprendre. Daehyun sait qu'elle réalise pleinement l'étendue de cette découverte et lui, il vient de bien la chauffer. L'imbécile !
Yongguk l'a vu venir. Il a tenté de raisonner le provocateur, mais il a échoué. Maintenant, le piège va se refermer sur lui à coup sûr. Sunhee va s'engouffrer dans la faille pour soumettre Daehyun, le soumettre ou tout simplement le faire souffrir, parce que c'est la nature même de sa maladie : le sadisme. Yongguk comprend qu'il va devoir assister à l'attaque sournoise du lien si particulier qui unit ses deux amis.
Au sein du groupe, les liens sont devenus très fort. Yongguk s'est attaché à chacun de ces garçons. A force de vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec quelqu'un on crée forcément des liens. Ce n'est un secret pour personne. Ils l'ont souvent répété en interview : ils sont comme des frères. Mais c'est une façon de parler qu'il ne faut pas sur-interpréter. Quand le groupe BAP annoncera sa dissolution, Yongguk sait qu'il les perdra de vue, petit à petit. Il ira construire sa vie ailleurs, sans eux. Bien sûr, ça le rendra parfois nostalgique. Mais il fera avec. Il survivra.
Le cas Daehyun - Youngjae est différent. Une complicité unique s'est créée très vite entre eux. Les deux garçons ne supportent pas de rester séparés très longtemps. Lorsque le groupe cesse ses activités, comme lors de la pause de 2015, les membres s'étaient beaucoup moins vus. Mais pas eux, ils avaient continué de se rendre visite régulièrement, parce qu'il ne pouvait pas en être autrement. Quand le groupe se dispersera, ces deux-là resteront unis.
Les raisons de cette connexion restent un mystère pour Yongguk qui aurait bien du mal à l'expliquer. Il peut simplement constater. Si Daehyun est fatigué, Youngjae est fatigué. Si Youngjae a faim, Daehyun a faim. Si Daehyun est triste, Youngjae est triste. Si Youngjae a mal, Daehyun a mal. Le courant passe entre eux. Ils n'ont pas besoin de mots pour se comprendre. Souvent un simple regard échangé peut les faire rire pendant des heures sans que personne d'autre ne comprenne ce qui les amuse tant. Et bien sûr, ils veillent l'un sur l'autre.
Le lien d'amitié Daehyun - Youngjae pour Sunhee c'est du petit lait. C'est délicieux ! Elle tire sur les cheveux pour forcer le garçon au doux visage à geindre.
- LACHE-LE !
Daehyun explose. Sunhee a peut-être pris un crachat en pleine figure après avoir retiré le bâillon, mais elle ne regrette pas son choix. Les protestations de Daehyun valent mille fois mieux que celles de Yongguk. L'implication est nettement un cran au-dessus.
- Lâche-le ! Salope ! Je vais te crever si tu le touches ! Je vais te crever !
Elle lâche les cheveux de Youngjae et ce dernier jette un regard implorant à son ami. Il tente de lui faire comprendre qu'il doit se taire, se calmer et attendre que ça passe. Ses cris ne feront qu'aggraver les choses. Si elle lui a retiré son scotch, c'est justement pour mieux se nourrir des cris du grand garçon. Ainsi Daehyun lui donne exactement ce qu'elle veut. Youngjae ne veut tout simplement pas entendre Daehyun supplier pour lui. S'il doit prendre une balle dans le genou, tant pis ! Mais que ça se passe vite et que Daehyun arrête de s'inquiéter pour lui. Youngjae saura être fort.
Comme par télépathie, Daehyun arrête de hurler. Il respire. Sa rage est toujours là, sa peur aussi.
- Youngjae : « le cerveau », dit Sunhee. Tu sais déjà ce que ça fait d'être menacé de mort ?!
Elle pose son canon sur le front du jeune homme. Le froid du métal et la peur de tout perdre obligent le garçon à détourner les yeux. Il ne veut pas perdre la face sous les yeux de Daehyun. Mais c'est plus fort que lui : il perd pied. Il ne parvient pas à affronter cette épreuve dignement. S'il regarde Daehyun, il va le supplier. Si Daehyun voit ça, il va hurler, encore, pour rien. Alors Youngjae baisse la tête et clos ses yeux.
Daehyun se tétanise. Yongguk aussi. Ils attendent qu'elle décide d'abaisser son arme quelque-part. Elle ne s'arrêtera pas sur le cerveau. Elle a fait le coup à Daehyun et à Himchan. Elle aime bien caresser la tête de ses prisonniers dans un premier temps, mais elle n'arrête jamais son choix sur un organe vital. C'est impossible. Elle les garde vivants, pour son patron.
Sunhee se tourne vers Yongguk. Leurs regards se croisent, se combattent. Il a l'air de penser qu'elle bluff. Il a toutes les raisons de le croire en effet.
- Je m'ennuie, déclare-t-elle. Ce jeu commence à devenir répétitif, tu ne trouves pas ?
- Alors arrête.
- Non, je vais juste le corser un peu. J'augmente les enjeux.
- NON !
C'est Daehyun qui craque. Elle n'a toujours pas abaissé son arme. Il regarde son ami. Il ne peut pas voir ses yeux. Ils sont dissimulés par sa longue frange de cheveux raides lorsqu'il se penche.
- Si ! Je vais tirer dans la tête, pour de bon.
- NON !
- C'est du bluff, hurle Yongguk autant à l'intention de Sunhee qu'à celle de Daehyun pour le tempérer. Elle ne fera pas ça ! Ce n'est pas dans ses intérêts.
Yongguk se tourne vers C., parfaitement imperturbable depuis le début du jeu. Le complice semble inquiet. Pourquoi tout d'un coup oserait-elle réellement menacer la vie de l'un d'entre eux ? Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt ? Pourquoi Youngjae ? Le leader réalise qu'il ne sait pas si c'est du bluff ou pas. Il veut que ça en soit. Mais une peur glaçante lui coupe les jambes. Elle est folle. C'est la seule chose dont il totalement sûr.
- Tu n'es pas sérieuse ? demande-t-il.
- Si Yongguk, très !
- NON !
Daehyun n'est plus le seul à hurler. Himchan et Zelo geignent aussi, même si leurs cris sont étouffés. L'esprit de Youngjae s'enferme dans une chrysalide où plus rien ne peut l'atteindre mais qui ne lui apporte aucun réconfort.
- Je vais tenter la probabilité affolante de une chance sur trois directement sur sa tête, les garçons. L'enjeu, c'est sa vie. Sauf si toi, mon chéri, tu décides de m'indiquer un autre nom.
Le meilleur ami de l'enjeu fixe aussitôt Yongguk. Il y a dans ses yeux un espoir cruel et égoïste.
- Un autre nom à menacer ? demande Sunhee.
- Tu crois vraiment que je vais remplacer la tête de Youngjae par celle de Jongup ou Zelo ? Ça ne m'intéresse pas !
- Pourquoi pas !?
Daehyun se dégoute lui-même, mais c'est bien les mots qu'il vient de prononcer et sa voix n'a pas tremblée.
- Tu vois ? Lui, il ferait un choix. Lui, il n'est pas lâche.
- Yongguk ! Je ferai le choix pour toi. J'en prends la responsabilité. Laisse-moi donner un autre nom ! Tu n'auras qu'à répéter.
- Il est hors de question que je fasse ça.
- Pourquoi ?
- Non !
- Attendez, attendez ! Les interrompt Sunhee. Vous n'écoutez pas assez bien ce que je vous dis. Je n'ai jamais dit que le nom en question devait forcément être celui de quelqu'un qui n'a pas déjà eu son tour.
Daehyun lève des yeux exorbités vers Yongguk.
- Tu peux me désigner !?
- En effet, il peut, mais est-ce qu'il le fera ? ricane Sunhee.
Même depuis sa chrysalide Youngjae comprend que le débat s'agite. Il comprend qu'on cherche à se sacrifier pour lui. Ce « on » sera peut-être Daehyun. Cette solution ne lui plait pas. Il voudrait le formuler, impossible à travers cette bande adhésive.
- Donne mon nom, supplie Daehyun. Donne mon nom !
Mais Yongguk reste sourd à ses réclamations. A la droite de Daehyun, le jeune homme menacé dodeline de la tête. L'information que vient de donner Sunhee implique des choix plus tangibles. On n'est plus dans le domaine de l'absurde. Yongguk peut choisir, choisir vraiment ! Décider qui va vivre et qui va mourir. Les doutes reviennent dans son esprit. Il calcule : une chance sur trois. Est-ce une menace lourde ou un mensonge ? La voix de Yongguk, grave, finit par formuler le fond de sa pensée.
- Ça signifie également que je peux me désigner moi-même, n'est-ce pas ?
Sunhee sourit. Elle va bientôt connaître la véritable force de son obsession. Sa force mentale, mais surtout la force de son amour.
- Oui, ça veut dire ça, mon Yongguk. Ta tête contre celle de Youngjae, c'est le deal.
Daehyun ne prononce plus un mot. Le coin des lèvres de Yongguk s'est légèrement redressée. C'est avec ironie qu'il répond à la jeune femme qui braque toujours le front de son ami.
- Ma tête ? Vraiment ma tête ? Si je te donne mon nom, ce n'est pas ma vie que tu menaceras. Tu ne veux pas me tuer. Est-ce que dans tes règles, tu es obligé de garder la même partie du corps lorsque je te demanderai de changer de cible ?
- Joker, Yongguk ! Joker !
Il sent qu'il a raison. Les syllabes de son propre nom sont sur le bout de sa langue. En pensée, il s'entend prendre cette décision. Mais le passage à l'acte ne vient pas.
- Alors vas-tu donner ton nom ? insiste Sunhee.
- Donne le mien ! N'hésite pas et donne le mien, implore Daehyun.
- Non ! dit Yongguk éteint.
- Non, vraiment ? répète Sunhee presque surprise.
- Non ! s'effondre Daehyun. Yongguk non !
- Tu dis non à quoi ? Tu ne vas pas donner ton nom ? Ou bien tu ne vas pas donner le sien ?
- Je ne te donnerais aucun nom. Je n'entrerai pas dans ton jeu.
Yongguk essuie le mépris de Daehyun. Par contre, les yeux de Youngjae lui sont reconnaissants. Depuis le début de cette proposition, ils s'expriment suffisamment clairement même si Daehyun refuse de le voir.
Il est hors de question que Yongguk accepte de porter la responsabilité de choisir lequel de ses dongsaengs méritent de vivre ou non. Bien sûr, se désigner lui-même ne pose pas le même problème éthique, mais il n'en a pas le courage.
Pour Daehyun le gong vient de sonner.
- Non, non, répète-t-il.
- Alors on se prépare à dire adieu à Youngjae. Une chance sur trois ... c'est énorme.
- Non, par pitié. Non, ne tire pas. Youngjae !
Je ne veux pas le perdre.
- Un...
- NON !!!
- Deux ...
Elle déplace rapidement l'arme sur l'épaule de Youngjae.
- Et trois
Elle appuie sur le chien et un clic retentit.
Le clic de la délivrance. Daehyun n'en revient pas. Elle a bien tiré sur Youngjae, mais pas dans la tête. Et il ne s'est rien passé. La rage brûle toujours en lui, mais l'espoir est de retour. Elle n'a jamais eu l'intention de tuer Youngjae. Yongguk avait raison. C'était du bluff. Et lui il a cru mourir de peur.
- AAAaaaaah !
C'est un hurlement ambigu qui s'échappe de la gorge de Daehyun. C'est un cri de libération mais le ressentiment est bien présent. L'envie d'insulter Sunhee le reprend. Les larmes ont coulées sur son visage et, rien que pour ça, il lui en veut.
Le rescapé du dé à six coups redresse la tête. Un hoquet secoue sa poitrine. Il a l'air secoué, ce qui n'est pas étonnant. Les inséparables s'autorisent des retrouvailles touchantes et silencieuses qui n'échappent pas à l'œil pervers de Sunhee.
- Ce ne sera donc pas pour Youngjae non plus.
- Tu n'as pas visé la tête, fait remarquer Yongguk sur un ton neutre. Tu as bluffé.
La ravisseuse se baisse pour déposer un baiser sur la pommette du rescapé. Il a un goût salé.
- C'est parce que je me suis attaché à lui moi aussi.
Elle parle plus bas pour que seul Youngjae puisse entendre.
- J'ai d'autres projets pour toi gueule d'ange. Ton physique pourrait bien plaire à l'un de mes amis.
L'ange en question tressaille.
- Qu'est-ce que tu lui as dis ? Eh sale pute ! Qu'est-ce que tu lui as dis ? demande Daehyun.
- Ça ne te concerne pas et en plus j'en ai marre d'entendre ta grande gueule.
Elle se redresse et récupère le rouleau de scotch et s'approche de lui.
- Juste pour info, s'enquit-elle, avant que je te coupe le sifflet, indique à Yongguk s'il peut donner ton nom pour les deux suivants.
Le jeune homme observe d'abord la forme étendue sur le lit cordiforme puis Zelo. Le plus jeune le regarde avec une expression indéchiffrable et Daehyun détourne immédiatement le regard, mal à l'aise. Il interroge Yongguk d'un coup d'œil. Ce dernier fait un léger non de la tête. A quoi bon répondre si Yongguk refuse de toute manière la moindre négociation.
- Tu es sûr ? demande-t-il. Jongup ? ...
Yongguk comprend qu'il fait allusion à la fragilité évidente du blessé. Là, il sera vraiment question de vie ou de mort. Peu importe la partie du corps que Sunhee choisira de viser, il n'y survivrait pas.
- Tais-toi ! Oublie ! De toute manière, elle fera comme elle en a envie, quoi que je dise.
- Oh, non, dit-elle faussement vexée. C'est faux ! Je serais honnête sur ce point et je respecterai tes choix, mon chéri. Alors Daehyun, ton dernier mot ?
- Je vais te crever...
- Ok.
Elle hausse les épaules et un scotch se colle de nouveau sur son visage. Daehyun ne peut s'empêcher de ressentir un certain soulagement. Plus de choix à présent.
- Je suis déçue, Yongguk. Je pensais que tu aurais plus de courage et que tu aurais donné ton nom pour les autres. Tu n'étais même pas sûr que je bluffais. J'aurais pu le butter. T'aurais accepté de vivre avec la mort de Youngjae sur la conscience ?
- Ce n'est pas moi qui tiens l'arme.
- Arrête ! C'est ton égoïsme qui va les condamner. La cote monte, monte. Ça devient énorme chéri. Et ils sont de plus en plus jeunes.
- La ferme !
- Une chance sur deux, pile ou face...
- Ta gueule !
Elle s'assied sur le lit, juste à côté du blessé. Malgré le garrot les draps sont salis de son sang. Les épisodes d'inconscience alternent avec de courts moments d'éveil. Présentement, Jongup est conscient. Il est surpris en découvrant la silhouette penchée sur lui. Il a perdu le fil du jeu.
- Jongup, tu m'entends ? demande-t-elle.
Il l'entend. L'adrénaline le réveille suffisamment pour qu'il lui réponde d'une voix faible :
- Laissez-moi. Je ne vous ai rien fait. On vous à rien fait. Laissez-nous.
Son menton tremble. Il est si jeune et tellement mal en point.hhhn
- Tu es plus blanc que les draps, Jongup.
Sa voix est désolée et chaleureuse. Elle ne ment pas. Elle est bien placée pour observer le visage du mourant en plongée. La force qu'il met pour articuler ces quelques mots de supplication est pitoyable.
- Je ne veux pas mourir.
Ces mots-ci lacèrent le cœur de Yongguk. Il se rappelle qu'il lui avait plusieurs fois retourné : « Tu ne vas pas mourir ». Il n'est plus en mesure de lui faire cette promesse.
- Tu te sens comment ? poursuit Sunhee.
Jongup ne gaspille pas ses dernières forces pour répondre à cette fausse question.
- T'es blanc, j'ai jamais vu ça. Je pense pas que tu survivras si j'agrandis le trou, petit.
- Ça suffit !
Ignorant les plaintes du leader, elle pose son arme sur la cuisse du garçon, non loin de la zone où la balle est entrée. Elle appuie ensuite sans pitié. Un cri de douleur se fait entendre, déchirant. Yongguk crie aussi. Zelo voudrait disparaître pour ne pas avoir à entendre ça. Sunhee s'en prend au blessé sans défense. Finalement, les cris cessent. Elle vient de lui accorder un bref répit.
- Ça faisait trop longtemps qu'on n'avait pas entendu un vrai cri de douleur physique, justifie-t-elle. Ça fait du bien.
Elle pousse un soupir.
- J'ai bien aimé le cri de désespoir de Daehyun à l'instant mais si je devais choisir ? ... En fait j'hésite encore. Il faut que je réentende.
- Non ! demande Yongguk.
Elle presse de nouveau sur la plaie. Jongup beugle mais brièvement. Sa tête bascule sur le côté. Il perd connaissance. Sunhee surprise et déçue, secoue son arme sur le membre du garçon. Il n'a aucune réaction. Mais cela va bien au-delà d'une absence de réaction. Le jeune adulte est inerte, lourd.
- Tiens ! On dirait qu'il est mort !
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