CHAPITRE 5 - Une chance sur six.
On lui a mis un putain de sac sur la tête. Pire que cette sensation irritante de matière synthétique sur sa peau délicate, c'est l'obscurité qui le dérange. Himchan déteste l'obscurité. Elle le terrifie. On dit de lui que c'est un garçon peureux. En l'occurrence, il se trouve suffisamment courageux pour arrêter de pleurer, même si la peur lui laisse un sale goût dans la bouche. Dans cette situation, on ne lui en tiendra pas rigueur. Qui n'aurait pas peur ?
On les déplace, on les bouscule. Himchan n'arrête pas de penser à sa mère. Sa mère qui va voir cette vidéo de lui en larmes. Il a beau se répéter que c'est très improbable que cette vidéo tombe entre les mains de sa mère, il imagine la scène en boucle sous son sac.
Aïe ! Son pied vient de heurter une marche. On les fait monter un escalier à présent. Encore un râle de Jongup. Il n'est donc pas loin, dans son dos, toujours avec eux. Ils sont toujours ensemble. Il a beau avoir un sac sur la tête qui lui interdit le sens premier de la vue, il sait que Youngjae est devant lui. Il n'en est pas totalement sûr, mais il le ressent à travers certains indices : la taille, la démarche et les reniflements réguliers du garçon.
Plus personne ne parle. On entend d'autant plus une porte s'ouvrir. Ils entrent dans une pièce. Himchan sent que les volumes autour de lui sont moins grands que dans un garage par exemple. C'est une pièce à dimension familiale. Il y règne une odeur agréable, comme de la lessive. Quelque-chose est trainé derrière lui et on l'invite à s'assoir. Il ne peut pas s'appuyer sur le dossier à cause de ses bras maintenus dans son dos. Cette nouvelle position l'angoisse davantage sans qu'il puisse l'expliquer logiquement.
- On manque de chaise.
Les ravisseurs s'agitent, le bruit de chaises trainées au sol se fait entendre à sa gauche. Ils viennent de faire asseoir l'un de ses camarades à côté de lui. Par reflex, il tourne la tête vers lui. Il n'arrive pas à identifier cette présence statique et silencieuse. Ses instincts lui font défaut.
- Mettez-le là ! Et lui ici, pas sur la chaise.
Un bruit léger, étouffé, comme un souffle, bas par rapport au sol, se fait entendre, immédiatement suivit d'un grognement de Jongup.
- Allons ! Tout le monde a une place. On enlève les sacs. Vous allez aimer, c'est mignon tout plein.
C'est la voix de la folle-dingue d'ex de Yongguk, toujours enjouée. Plus cette femme est heureuse, plus ils ont du souci à se faire. Quand il pense que sa première impression a été de la trouver à son goût !
Enfin, on lui retire ce sac de la tête et il découvre une pièce qui n'est autre qu'une chambre assez vaste.
Le mauvais goût de cette chambre est innommable. Les murs sont d'un blanc éclatant. La lumière est artificielle, libérée par un plafonnier au lustre imposant de coton duveteux. Il y a des poufs en forme de fleur, des miroirs encadrés de dorures et des franges sur les rideaux des fenêtres, fenêtres aux volets fermés bien entendu. Sous ses pieds le sol est recouvert d'une moquette couleur rose pâle. Aux quatre coins de la pièce, il y a des lampadaires à abat-jour encerclés de fourrure blanche. Le lit, pièce maitresse, est presque rond, mais pas tout à fait, il est cordiforme. Il est très bas et couvert de draps de la même couleur gamine que la moquette. Le matelas est recouvert d'une montagne d'oreillers et possède une tête de lit rappelant des ailes d'anges.
C'est une chambre de love hôtel.
Sauf que les occupants de cette chambre sont bien étranges. Sous les ailes de l'ange, Jongup se perds dans les oreillers. Les autres membres sont assis sur des chaises dépareillées, plus ou moins disposées en cercle. Ils se dévisagent avec inquiétude. Ils sont bien tous là. Ils sont tous attachés. Au centre du cercle qu'ils forment, Sunhee se déplace librement. Elle observe la réaction de ses invités avec intérêt.
- A. est parti chercher le médecin. Il va mettre un quart d'heure environ.
L'information fait son chemin dans la tête de Yongguk, comme dans celle des autres. Un quart d'heure, c'est long et Jongup est mal en point. Pourtant, il s'agit de la première bonne nouvelle depuis longtemps. C'est sans compter la suite de l'explication de Sunhee.
- Mais puisque A. n'est pas là, c'est moi qui décide. J'ai envoyé D. faire un petit tour, parce qu'il m'énerve. Et puis, il y a C.
Elle pose une main sur l'épaule de C., le preneur d'otage qui a menacé Youngjae, qui a tiré sur Jongup, semble s'être parfaitement remis de son passage à tabac.
- C. fait ce que je lui dis. Ainsi, je suis débarrassée des rabat-joies. C'est court un quart d'heure mais je compte bien en profiter.
Tout en prononçant ses paroles Sunhee et C. attrapent un rouleau de scotch et tirent chacun une bande couleur caramel dans un bruit caractéristique de déchirement.
Zelo tressaille à cause de ce son. Il se sent encore plus mal lorsque Sunhee se retourne vers lui et le cible avec ses yeux noirs et fous. Elle détache le morceau de scotch du rouleau à l'aide de ses dents. Elle s'approche et plus c'est le cas, plus le maknae se tend. Il partirait bien en courant plutôt que de la laisser le rejoindre. Il en est empêché par le rappel que constitue l'arme de Sunhee, toujours visible dans son holster. Zelo ne commettra pas la même erreur que Jongup. Il a beau être terrorisé, il ne tentera pas de s'enfuir. La brune se penche sur lui et applique la bande collante sur sa bouche. Elle le musèle. Pourquoi ? Il ne crie même pas ?
Ce n'est pas une mesure punitive, c'est une mesure préventive, en prévision des cris à venir.
Elle sent que le geste qu'elle vient d'accomplir produit un effet intense sur le garçon. Elle ne peut pas résister à l'envie d'en profiter un peu. Il y a quelque-chose qui l'attire dans la vision de ce visage si jeune, si parfait, et qui déjà lève des yeux plein d'émotion dans sa direction. Comme pour le rassurer, elle lui caresse la joue. Evidemment, ça ne le rassure pas. Elle se baisse soudainement. Zelo retient un cri de surprise. Qu'est-ce qu'elle fait à se mettre à ses pieds ? La réponse ne tarde pas. Elle use de son rouleau de scotch pour fixer ses chevilles aux pieds de la chaise. Zelo regarde autour de lui, cherchant l'aide, au moins morale, de ses hyungs. C'est alors qu'il se rend compte qu'il n'est pas le seul à être bâillonné.
Sunhee a pris son temps. Pendant qu'elle s'occupait de lui C., plus expéditif, a muselé et ligoté Youngjae, Himchan et Daehyun. Zelo croise le regard de Daehyun. C'est le seul qui ne soit pas prostré. Pourtant, son ainé n'a pas l'air plus rassuré que lui. Il est en alerte et ne peux s'empêcher de s'agiter. Jongup est dispensé de scotch. Il est trop dans les vapes pour attirer l'attention. Lorsque le preneur d'otage se rapproche de Yongguk, Sunhee se redresse, obligée de se désintéresser de son jeune ami. Elle lève une main en guise d'avertissement.
- Non, pas lui ! Pas les lèvres. Les jambes seulement.
Ainsi, Yongguk a toujours droit à la parole. Pourquoi un tel privilège ? Il fronce les sourcils d'incompréhension. Dès qu'elle a saisi ce rouleau de bande adhésive, dès qu'elle s'est approchée de Zelo, ses jambes sont devenues du coton et son cœur tambourine. C. est en train d'immobiliser ses chevilles. Yongguk comprend que la situation est en train de déraper. Il ne sait pas à quel point, mais il craint déjà le pire. Il ne quitte pas Sunhee des yeux. Il la fixe avec rage, mais cette rage ne dissimule pas son épouvante.
Dès que la dernière cheville de Yongguk est immobilisée, Sunhee lève l'un de ses doigts griffus pour indiquer à C. de s'approcher. Il s'exécute avec une obéissance qui tient de soit de l'admiration soit de la crainte, à moins que ce ne soit des deux. Elle pose son doigt sur sa poitrine et langoureusement demande.
- J'ai besoin que tu ailles me trouver le six-coups. J'aimerais que tu fasses vite.
- Pour quoi faire ?
- Tu verras bien.
C. a pourtant une idée de ce à quoi pourrait servir un six-coups entre les mains de Sunhee. Il hausse les épaules. Il verra bien, en effet. Il a juré depuis longtemps déjà de n'obéir qu'à elle. Il s'exécute rapidement, ce qui fait que la femme se retrouve seule avec les otages, dans la chambre d'un love hôtel.
Yongguk a le cerveau en ébullition. Il a peur d'avoir bien entendu la demande de Sunhee, peur qu'elle ne soit en train de s'engager sur une pente dangereuse et irréversible. Tout le laisse croire. Il doit lutter.
- Qu'est-ce que tu cherches à la fin ?
Il doit savoir. Si elle a l'intention de tous les abattre, il doit essayer de la raisonner. N'étaient-ils pas intéressés par l'argent ?
- Chuuut. Tais-toi.
Elle arrête de sourire, de jouer. Elle s'assied dans le coin du lit cordiforme, aux pieds du blessé. Elle croise les jambes et devient presque pensive. Elle observe l'objet de son obsession et seulement lui. Yongguk s'est tu. Elle ne le lui a pas demandé sur un ton hystérique ou mauvais. Le ton était celui d'une femme que l'on pourrait croire saine d'esprit. Pourtant, il n'ose toujours pas la regarder directement. Il lui jette des regards en coin, craintif, prudent.
La femme ouvre la petite poche qui se trouve contre son cœur. Elle en sort un cube rouge : un dé à jouer. Elle le fait rouler entre ses doigts. Yongguk fixe l'objet. Son expression n'a pas changé, pleine d'interrogations, de rage et de crainte.
- Mon père avait toujours un dé sur lui, conte-t-elle. Il aimait cet objet. Il avait un problème avec le jeu. Il passait trop de temps dans les casinos. Il m'avait appris les règles du yams. Il aimait, il aime toujours les statistiques, les probabilités. J'ai hérité de lui ce goût particulier pour les jeux de hasard. Ce n'était pas rare qu'il sorte son dé pour prendre une décision, aussi importante soit-elle. Oui, on peut dire que mon père laissait le hasard guider sa vie. Il l'a laissé guider la mienne aussi.
Elle marqua une pose courte dans son récit, s'assurant d'être bien écoutée, alors que son ton devenait de plus en plus sérieux.
- Quand j'ai eu huit ans, il est venu me border, comme il le faisait tous les soirs. Il a sorti son dé, c'était un dé rouge comme celui-ci. Il m'a dit qu'il avait une bonne et une mauvaise nouvelle. Il a commencé par la mauvaise. Ce soir-là, j'ai appris que celui que j'appelais père n'avait aucun lien de sang avec moi. Il avait épousé ma mère alors qu'elle était enceinte de moi de plus de deux mois. Il l'a fait pour sauver sa réputation. Il n'était pas mon père biologique, ne l'avait jamais été. La bonne nouvelle suivit rapidement, en lien avec le dé. Il m'a dit qu'il tirerait ce dé tous les soirs et que le jour où il ferait six, il me ferait une surprise. J'étais intriguée, et amusée. Il a lancé le dé, et il n'a pas fait six, pas ce soir-là. Le suivant non plus. Le hasard a fait que soir après soir le six n'arrivait pas. J'étais frustrée, mais mon beau-père l'était plus encore...
Elle laisse un nouveau blanc dans son récit. Yongguk intervient.
- Pourquoi tu me racontes tout ça ?
- Tais-toi, s'il-te-plais ! Laisse-moi finir. J'y viens. J'ai attendu ma surprise trois semaines. Du point de vue des statistiques, c'est une attente extrêmement longue. Mais il a bien fallu qu'un soir, le dé se décide à nous accorder ce que nous attendions tous les deux : un six. Un beau six. Il était temps de recevoir ma surprise. Tu sais ce que c'était ?
Yongguk n'en a pas la moindre idée. Les autres oreilles attentives n'en savent guère plus.
- Ce n'était pas un cadeau. Mon beau-père ne m'a rien donné. Il m'a pris quelque-chose. Je devrais dire qu'il m'a prise ... moi. J'ai perdu ma virginité à huit ans. Pas à dix-huit. Pas avec toi.
Elle laisse un nouveau blanc. Cette fois, il est lourd. Le regard de Yongguk s'assombrit. Le ton de Sunhee est neutre. Il n'y a aucune émotion dans ses paroles : ni tristesse, ni amusement. Elle balance ces horreurs comme si elle lui faisait la lecture du programme télé. Elle observe le visage de son ancien amant. Il est interdit. En réalité, il n'est pas sûr de pouvoir croire les paroles de cette femme. Peut-elle inventer cette histoire ? Dans quel but ? Et si c'était vrai ? Certes Sunhee n'était pas vierge lorsqu'il l'a connu, mais cela ne prouve pas l'exactitude de ses propos. Ce doute n'empêche pas Yongguk d'être extrêmement mal à l'aise. Sunhee continue de faire rouler son dé. Elle le fait passer d'une main à l'autre. Elle poursuit.
- Mon beau-père est revenu les soirs suivants. Il tirait toujours son dé devant moi. Evidemment, j'ai appris à craindre le chiffre six. Lorsqu'il tombait, mon beau-père venait se coucher sur moi. Il n'acceptait aucune excuse, aucune plainte. Lui-même semblait obéir à la volonté de ce dé et non à ses propres pulsions. J'en veux à mon beau-père, aujourd'hui. Aujourd'hui seulement. A l'époque, c'est ce dé qui cristallisait toute ma haine. Il était responsable : de ma joie régulièrement, de ma douleur trop souvent. J'avais une chance sur six qu'il s'occupe de moi, tous les soirs où mon beau père était à la maison, jusqu'à l'âge de quinze ans. C'est beaucoup trop élevé : une chance sur six, Yongguk, beaucoup trop.
Elle referme sa main sur le dé, le cachant à sa vue.
- Aujourd'hui, ce dé qui représentait ce qui me terrifiait, il représente ma force. Il représente ce à quoi j'ai survécu. Il représente ce que le hasard et l'incertitude peuvent faire, la puissance des jeux de hasard, leur attraction. Je te l'ai dit : même si nous n'avions aucun lien de sang, mon beau-père m'a légué le goût de cette incertitude grisante. C'est une arme, mon chéri. Elle est impitoyable.
Elle rouvre ses doigts et découvre à nouveau le dé. Elle embrasse l'objet brièvement entre ses lèvres charnues et le range dans la poche près de son cœur. Elle referme le bouton. Yongguk doit avaler plusieurs fois sa salive pour s'exprimer.
- Pourquoi tu me racontes ça maintenant ?
Un rictus joyeux se forme à nouveau sur les lèvres de Sunhee, comme s'il ne les avait jamais quittées, comme si elle ne venait pas de leur conter un souvenir traumatisant.
- Ah ça ! Le dé avec lequel je vais jouer tout de suite ne devrait plus trop tarder, j'espère ? Il nous reste pas plus de dix minutes tous ensemble.
Comme pour répondre à son impatience son acolyte pénètre à nouveau dans la chambre. Sunhee se redresse sur ses longues jambes et sautille jusqu'à lui. Elle attrape ce qu'il vient de lui amener. Elle se met au centre de la chambre.
- Voici le dé, annonce-t-elle fièrement.
Elle tourne sur elle-même théâtralement, pour que tous puissent le voir. Il s'agissait d'une arme à feu à l'ancienne, la même que celle que l'on voit dans les westerns : un six-coups. Sunhee ouvre le barillet et extrait une balle. Elle la brandit ensuite entre ses doigts griffus. Elle la laisse ensuite tomber au sol. Cela ne fait aucun bruit en tombant sur la moquette rose. Le cœur de Yongguk bat dans ses tempes.
- Cinq chances sur six.
Elle sort une nouvelle balle. Elle la lève bien haut pour qu'on l'observe chuter.
- Quatre chances sur six.
Elle poursuit la même mise en scène jusqu'à annoncer.
- Et une chance sur six.
L'ultime balle reste dans le barillet. Il n'y a pas de doute possible. Elle s'y trouve bien, lorsque Sunhee referme le barillet, cela fait un clic qui sonne comme une condamnation à mort.
- Non ! Ne fait pas ça !
La voix de Yongguk a perdu son aplomb. Comment pourrait-il en être autrement ?
- Quoi ? Qu'est-ce que tu penses que je vais faire ?
-...
- Tu as perdu ta langue ? Tu sais très bien comment s'appelle ce jeu.
- Ce n'est pas un jeu, c'est de la folie.
- Tu penses que je suis folle ?
- ...
- Non, oublie ! Je sais très bien ce qu'il en est. Ça ne me dérange pas. Ça ne me dérange plus. Revenons sur ce jeu que l'on nomme roulette russe. Une chance sur six que ça fasse mal, comme lorsque j'avais huit ans. Et, je te l'avais bien dit, le hasard fait bien les choses : un dé a six faces, un barillet contient six balles, et vous ? Vous êtes six.
Yongguk ne peut s'empêcher de regarder les différentes chaises et leurs occupants. Les regards qu'il croise lui font oublier toute notion de fierté.
- Qu'attends-tu de moi ?
- Tu veux négocier ?
- Si tu ne m'as pas bâillonné, c'est qu'il y a une raison. Tu attends que je te dise quelque-chose. Dis-moi ! Dis-moi ce que tu attends !
Sunhee se mord la lèvre inférieure de contentement. Yongguk ressent un peu d'espoir. Il y a peut-être encore une chance qu'elle lâche ce flingue. Tant pis s'il doit mentir ou pire.
- J'ai en effet besoin que tu t'exprimes, explique Sunhee. Mais ce n'est pas pour négocier. Il n'y a rien à négocier. C'est le hasard qui décidera de tout ... ou presque. Mais je te laisse le privilège de choisir l'ordre de passage. Je commence par qui Yongguk ?
L'intéressé s'effondre intérieurement. Elle ne renoncera pas. Et ce qu'elle présente comme un privilège n'est qu'une illusion de pouvoir, un outil inexploitable qu'elle agite pour le torturer davantage.
- Alors ? Un nom ?
Elle observe sa réaction. Yongguk ne répond pas. Bien évidemment, la possibilité d'un tel choix le dégoûte. Sunhee se demande jusqu'à quel point il refusera de se servir du droit qu'elle est en train de lui donner. Elle attend de longues secondes. Elle s'amuse à se déplacer dans le cercle. Elle fixe chacun des membres un par un. Elle laisse le temps à Yongguk de bien faire le choix de ne rien dire.
- Non ? Tu me laisses la liberté du choix ?
- Ne fais pas ça !
- Si ! Un nom ?
- J'ignore ce que tu attends de moi exactement.
- Je te l'ai dis : un nom !
- Non, non, je ne te donnerais pas de nom.
- Alors, nous allons le faire selon les mœurs et les traditions, honneur aux ainés.
Yongguk frissonne. Elle s'approche de lui. Il ne serait dire si le fait de se savoir le premier est un soulagement ou la pire des nouvelles qui soit. En tout cas, lorsqu'elle vient à lui, il tremble de tout son corps. La plantureuse jeune femme lève lentement le six coups. Le prisonnier ne peut pas quitter cette arme des yeux. Son cœur n'a jamais battu aussi vite. C'est cela qu'elle recherche : faire battre son cœur par tous les moyens. Il serre les dents alors que le canon de l'arme se pose sur son genou. Instinctivement, il écarte son genou de côté, bien sûr l'arme suit le mouvement sans difficulté. Là, les chevilles ligotées prennent toute leur importance. Assis de cette manière, il ne peut pas s'extraire de cette menace.
- Le genou mon chéri. C'est le choix que je fais.
- Ne fais pas ça !
- Si tu ne veux pas, tu n'as qu'à dire le nom d'un de tes cadets. Il prendra le risque à ta place. On n'est pas forcé de commencer par toi.
Yongguk se tait. Il ne peut pas donner le nom d'un autre. Il ne peut tout simplement pas faire ça.
- Tu ne peux pas me faire ça. Si tu le fais ton patron te le reprochera. Tu auras des problèmes.
Sunhee rit.
- Je m'en fous. Je m'en fous complètement.
Le canon fait toujours pression sur sa rotule. Yongguk ne peux rien dire de plus pour se défendre que ce qu'il a déjà dit.
- Le genou ça fait mal, précise Sunhee avec malice.
- Arrête !
- Jongup ici présent pourrait te raconter à quel point ça fait mal de se prendre une balle. Et encore, lui, il ne l'a pas prise dans le genou. La cuisse, c'est pas grand-chose en comparaison. Tu vas déguster, mon chéri.
- Arrête ! Si tu m'aimes autant que tu le dis, arrête !
Les yeux de Yongguk se ferment, résolument, comme si fermer les yeux pouvaient faire disparaitre son environnement. Malheureusement, son sens du toucher le trahit, il est obligé de sentir la menace sur son corps. Il ne peut pas non plus fermer ses oreilles et doit entendre le venin verbal de cette vipère.
- Est-ce que le jeune Jongup a eu le temps de penser aux conséquences de sa blessure ? Je pense qu'il a tellement peur de crever qu'il n'a même pas réalisé que, pour lui, la danse c'est terminé. Hein, Jongup ? T'y a pensé ? Ou est-ce que la douleur et la peur de crever t'ont fait occulter cet élément désagréable ?
Elle ne s'adresse au blessé que du coin de l'œil. Elle poursuit son monologue sans laisser le temps à Jongup de répondre à sa fausse question. Mais elle sait qu'il l'a entendu.
- Par contre, toi Yongguk, je suis sûre que tu y penses déjà. Toi qui ne jure toujours que par ta carrière. Toujours ta belle carrière. Ça passe avant la famille, avant les filles. T'as vendu ton âme pour cette carrière. La danse, les tournées, les connasses de groupies qui crient ton nom, l'adrénaline quand tu montes sur scène, ça sera terminé pour toi mon chou.
Elle touche juste. Yongguk lève ses yeux suppliants vers elle. Elle a tué, au moins momentanément, son irrévérence.
- Ne fait pas ça ! Je t'en prie !
- Dis un nom !
L'otage baisse de nouveau les yeux et c'est avec rage qu'il crie.
- Non !
- Alors c'est décidé. J'y vais à trois.
Durant le compte à rebours l'assistance est paniquée et écœurée. Il y a quelques protestations qui se font entendre à travers les scotchs. Certains yeux se détournent tel que ceux de Himchan, de Youngjae. Tandis que d'autres, inconscients, observent sans détour, ceux de Daehyun, de Zelo. Sur son lit Jongup pleure pour Yongguk, plus encore sur ses rêves et son futur dérobé. Comme les autres, il attend la fin du compte à rebours. Ils attendent d'entendre le verdict du dé à six coups : un clic ou un bang.
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