CHAPITRE 30 - Perte, partie 5/8.
Crédit : Ce chapitre est très largement inspiré des "Nuits fauves" de Cyril Collard.
Harcèlement
Janvier 2010, troisième semaine de relation,
Yongguk ralluma son téléphone avec une bonne dose d'exaspération. Auparavant, il n'avait pas besoin de l'éteindre dans la journée. Seulement, même en silencieux l'objet devenait encombrant, il vibrait en permanence et à chacune de ses vibrations, Yongguk sentait monter en lui un sentiment d'oppression. Parce qu'à chaque fois que son vibreur bourdonnait dans la poche de son jean, il savait qu'elle tentait, encore, de le joindre.
Le trainee craignait le pire, assit sur le lit de son dortoir. L'écran s'allumait. Douze messages vocaux, douze... Il ne put s'empêcher de se frotter le front. Les écouter lui ferait perdre un temps fou, et il savait que ce serait pénible. Pourtant il s'exécuta :
« ... /signal de fin/. »
« Je sais que tu m'as dit que tu pouvais pas me voir cette semaine. A cause du boulot. Mais t'as pas dit que tu pouvais pas me parler non plus. T'as pas rappelé hier ! Et aujourd'hui, tu réponds pas non plus. Mais j'ai besoin de te voir et de t'entendre. C'est une obligation, sinon ça va gâcher notre belle histoire. Si tu me refuses comme ça, si t'arrives pas à te rendre plus disponible, je vais pas le supporter. Faut que tu fasses plus d'efforts. Sinon ... quel gâchis ... Si tu fais pas d'effort, je vais te tromper. Je sais faire ça : rencontrer des mecs à droite à gauche. Ils vont me baiser à ta place. J'attendrai rien d'eux. J'attendrai rien de personne. Je devrais rien attendre des mecs franchement. Je déteste les mecs. Je sais pas pourquoi j'ai cru que tu serais différent. J'ai cru que tu pouvais me donner plein de choses... J'ai l'impression que tu me repousses... Je me dis que c'est parce que je suis nulle, tu vois ? Je me dis que je suis chiante, une merde... Je me sens tellement mal à cause de toi. Tu devrais avoir honte de me mettre dans des états pareils. /signal de fin/. »
« Je suis vraiment désolée d'appeler si souvent, mais comme je peux pas t'avoir toi, je parle à ton répondeur, il est plus fidèle que toi. Tu te rends pas compte de la chance que t'as d'avoir une petite copine comme moi, qui t'attends, qui veut te parler, qui pense tout le temps à toi. Tu t'en fous ?! J'aurais pu me trouver un autre mec, moins chiant, un qui répondrait de temps en temps à mes messages. Je pourrais avoir un autre mec facilement, tu sais ? Tu le sais très bien. /signal de fin/. »
« Pourquoi tu fais ça ? Tu te souviens quand tu m'as raconté que t'appelais Yongnam tous les soirs, au début, les premiers mois où t'étais à l'internat loin de lui. Si tu l'as fait pour lui, tu peux le faire pour moi, hein ? J'ai tellement envie de t'entendre que je vais souvent t'appeler. C'est con... Voilà, tu me rends conne et méchante. C'est ça, c'est à cause de ton indifférence que j'arrive pas à me maîtriser... t'as pas envie de t'intéresser plus à moi ? De faire des choses avec moi ? La seule chose que t'as envie de faire avec moi c'est de me baiser... T'as tiré ton coup quelques fois et, maintenant, c'est fini les petites attentions, les plans de sorties et tout. T'as pas le droit de me baiser puis de pas t'investir proprement après, t'as pas le droit. T'es mon petit ami maintenant. ... Tu peux pas me voir cette semaine ? Franchement, t'as qu'à trouver un moyen ! Moi, je trouverais si j'étais toi ! Parce que moi, je ferais tout pour toi. Tout. /signal de fin/. »
« Bon tu me réponds oui ou merde ? Parce que ma méchanceté monte, et ça me fait peur. J'aime pas être méchante, encore moins avec toi. Tu me fais pitié. Il y a rien de plus affreux que de la pitié, t'es faibles et je peux en profiter. Tu peux rien affronter, à part ton boulot évidemment, et ça c'est nul... moins tu réponds plus t'es faible ! /signal de fin/. »
« J'ai pris une décision ... alors ça peut plus continuer comme ça, tu vas arrêter tes conneries. Tes parents auraient jamais dû te laisser faire, franchement ! C'est pas un métier ça. En plus, t'as pas le temps pour moi. Et puis, c'est trop dangereux. Imagine ça marche pas ! C'est totalement possible. Qui tu serais pour réussir ? Franchement, tu crois que t'es meilleur que les autres ? Et puis, même si ça marche. T'auras encore moins de temps pour moi. J'ai pas envie que tu deviennes idole. On va faire quoi si tu deviens une petite star de merde, hein ? On pourra pas avoir de foyer. Je vais devoir attendre combien de temps avant qu'on se marie. Et puis, j'ai aucune envie de te partager avec des sales connes de groupies. /signal de fin/ »
« J'ai un peu bu. Okey ! J'ai beaucoup bu en fait. Je bois pour oublier que tu m'abandonnes. J'ai plus goût à rien franchement. J'appelle, j'appelle. J'ai plus que ça à faire, t'appeler. C'est presque par habitude en fait. Je vais pas bien, et c'est ta faute... /signal de fin/ »
« Je me sens tellement seule parfois. Ça me fait peur, mon chéri. Quand je me sens seule, je pense à toi. Tu peux pas savoir... J'ai jamais ressenti ça. Je suis fondamentalement une fille seule et la seule personne avec laquelle je me sente bien c'est toi. J'ai besoin de quelqu'un qui veille sur moi. J'ai confiance en personne. Surtout pas en moi-même. Je suis perdue. J'ai toujours du mal à trouver l'équilibre pour vivre normalement. J'ai envie de vivre trop fort. Je sais pas si tu comprends ? Est-ce que tu peux d'ailleurs ? Est-ce que t'essayes au moins ?... Alors que tu fais même pas l'effort de répondre... /signal de fin/. »
« C'est mon dernier message. Je vais pas t'emmerder plus longtemps, puisque de toute évidence je t'emmerde, hein ? J'espère que tu vas passer une bonne soirée avec tes potes, et que tu vas bien t'amuser et que tu penseras jamais à moi. /signal de fin/. »
« Sois gentil, c'est vraiment mon dernier message, c'est juste pour te demander de m'appeler. Pas longtemps. J'ai compris. J'ai compris que t'étais occupé. Alors sois gentil, réponds-moi. Chéri. J'ai pas envie de m'endormir en pleurant... si je pleure t'auras gagné. J'ai mal à la gorge, c'est dur... je veux pas m'endormir en pleurant. Il faut que tu me répondes, chéri... /Signal de fin/. »
« Ecoute ! Réponds pas en fait ! Ça me fait rien du tout.../Signal de fin/. »
La sonnerie, le répondeur, mais d'abord ce ne sont pas des mots, mais des sanglots, atroces, du fond de la douleur :
« ... Bravo t'as gagné... oui, t'as gagné parce que je pleure... pourquoi tu respectes pas quelqu'un qu'a envie de t'aimer ? De te donner tout, sa vie si tu demandes, putain ! Tu peux pas t'imaginer ce que je peux supporter. Je suis comme une bête au téléphone...Parle-moi une dernière fois... Je t'en supplie... /signal de fin/. »
C'était le dernier message. Yongguk restait médusé sur son lit, dans ses pensées. Il savait qu'il devait la rappeler. Il allait le faire parce qu'il ne pouvait pas la laisser dans cet état. Elle lui faisait de la peine et elle l'inquiétait. Mais il y avait un problème plus profond. Yongguk venait de réaliser que c'était terminé. Avant, il l'aimait bien, mais sortir avec elle était ingérable et, à présent, il en était sûr, ça n'allait pas marcher entre eux. Il n'avait plus d'autres sentiments pour sa petite amie qu'un mélange d'agacement et de pitié. Il ne voulait plus continuer avec elle. Il se demandait bien comment il allait faire pour le lui annoncer. Ça allait être un cataclysme. Mais pas ce soir, pas au téléphone.
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