Un gargouillis directement en provenance de son estomac décide Daehyun à se lever.

- Le mec a dit qu'il y avait de la bouffe dans le minibar !? fait-il remarquer.

Il se dirige vers l'appareil électroménager, tout proche, dans la chambre rose où les membres sont toujours enfermés. Youngjae le suit des yeux mais reste assis en tailleur, à même le sol. Ils se sont rassemblés dans un coin de la pièce. Ils ont choisi de ne pas se rasseoir sur les chaises où ils avaient été attachés. Ils sont soit debout, soit assis par terre, sauf Himchan qui a récupéré un fauteuil et s'y est installé.

Zelo est debout, adossé au mur. Depuis de longues minutes, il fixe ses chaussures. Il n'est pas le seul à se tenir immobile. C'est le cas de tout le monde. La remarque de Daehyun est la première parole prononcée depuis très très longtemps. Elle réveille Zelo qui lève les yeux pour observer son hyung qui se dirige vers le minibar. Il émet un reproche :

- Tu vas vraiment manger ?

- Pourquoi pas ? se défend le brun, une main déjà sur le minibar. Allez quoi ! Personne veut manger un morceau avec moi ?

Des yeux l'observent mais personne ne lui réponds. Il constate avec dépit que derrière la porte qu'il ouvre il n'y a pas grand-chose en-dehors de quelques gâteaux secs et de quelques canettes de sodas. Pas de quoi tenir un siège.

- Vous pensez que ça va être long ... pour la rançon ? demande Daehyun en remuant l'intérieur du minibar.

- Et si personne ne paie ? s'inquiète Youngjae

- Ne dis pas de bêtise, le réprimande Himchan.

- Personne veut un peu de soda ? C'est plein de sucres. Personnellement, j'ai l'impression d'être en hypoglycémie.

Daehyun sort deux canettes du minibar et un paquet de chips. Il est réellement persuader qu'un peu de réconfort ne ferait pas de mal à ses amis. Il insiste :

- Du soda ?

- Sincèrement, tu me dégoutes, lâche Zelo sur un ton agressif les bras croisés sur sa poitrine.

Daehyun se redresse et fixe celui qui ose lui parler sur ce ton. Il ne s'y attendait pas.

- Quoi ? Je fais rien de mal.

Il a répondu sur le même ton, devenu agressif lui aussi.

- Vous allez pas vous engueuler pour ça ? intervient Himchan.

- Comment il peut penser à manger dans un moment pareil ? râle Zelo.

Daehyun claque la porte du minibar avec le genou, puis il regarde Zelo. Le plus jeune ne cache pas son mépris. La moutarde monte au nez du mangeur. Qu'est-ce qui lui valait se mépris ?

- Je vois pas le problème ? dit-il. Tu sous-entends quoi exactement ?

En réalité, il sait très bien ce que son ami sous-entend, et il n'apprécie pas du tout. Oser dire qu'il manque de respect à Jongup parce qu'il décide de manger, c'est déplacé et très vexant.

- Que ... ça donne l'impression...

- L'impression que quoi ?

Daehyun peut compléter la phrase lui-même : cela donne l'impression que la mort de Jongup le laisse indifférent ... Comment Zelo peut lui dire une telle chose. Le blond doit savoir que c'est bien loin de la réalité. Daehyun sent que ces accusations le blessent. Il n'arrive pas à laisser couler. Il s'est rapproché de Zelo et ce dernier s'est détaché du mur, mais ses bras sont toujours croisés.

- Que...

Zelo ne parvient pas à finir sa phrase mais on devine très bien ce qu'il y a derrière. Bien Daehyun complètera lui-même.

- ... Que j'en ai rien à foutre ? complète Daehyun.

Le froissement désagréable du paquet de chips indique à tous qu'il resserre son poing. Daehyun est visiblement en colère et le pire c'est que Zelo ne semble pas avoir l'intention de contredire ce qui vient d'être dit. Il fixe toujours son interlocuteur avec une mine dégoutée.

- Arrêtez-ça tout de suite, intervient la voix tranchante de Yongguk. S'il veut manger laisse-le tranquille.

Zelo baisse aussitôt le yeux et Daehyun se détends rapidement. Il se sent aussi un peu honteux d'avoir répondu si vivement. Bien sûr, il n'a rien à se reprocher et les accusations étaient injustifiés, mais il aurait été plus intelligent de sa part de ne pas répondre. Après tout, Zelo est agressif parce qu'il est à bout, et lui-même susceptible pour les mêmes raisons. Alors il se force à se détendre et à reprendre une attitude plus cool :

- En plus le soda c'est plein de sucre rapide, je pense qu'après tout ce temps, ça nous ferait pas de mal. Ça fait longtemps qu'on a pas mangé.

Il s'assoit à côté de Youngjae, l'autre canette est pour lui. Il la lui tend. Youngjae la saisit et la pose à côté de lui, sans l'ouvrir. Il accepte par contre d'avaler quelques chips, plus pour rassurer Daehyun que parce qu'il en a réellement envie.

Himchan insiste pour nettoyer les plaies des poignets de Yongguk qu'il juge préoccupantes. Il l'emmène dans la salle d'eau, moins pimpante que le reste de la chambre rose. Yongguk constate qu'Himchan est réellement préoccupé lorsqu'il fait face au grand miroir sans jamais s'y contempler. Il se concentre simplement sur ses poignets. Il les rince à l'eau claire mais, puisqu'il n'y avait pas de trousse à pharmacie, il ne peut pas faire grand-chose de plus. Yongguk laisse Himchan s'inquiéter à sa place. Ses blessures le laissent indifférent. Si insignifiantes en comparaison avec ce qu'a traversé Jongup.

- Sérieusement, Yongguk, il va falloir que tu me racontes tout ce que tu m'as jamais raconté sur cette Sunhee.

Himchan est plutôt sérieux dans sa demande. Il attrape une serviette et la tend à Yongguk pour qu'il s'essuie. Le sang ne coule déjà plus, des égratignures...

- J'ai pas envie, dit-il.

- Je comprends, dit Himchan qui ne voulait pas incommodé Yongguk.

Puis il ajoute avec une intonation étrange, où se mêle honte et sarcasmes.

- Mais je pense qu'après qu'elle ait mis une arme sur mes couilles, j'ai le droit à des explications.

Himchan rit doucement, un rire sans joie, mais il ne décroche même pas un sourire à Yongguk. Ce dernier utilise la serviette encore humide pour y enfouir son visage et le frotter énergiquement. Puis, il laisse le carré de feutre chuter sur le carrelage et il sort rejoindre les autres.

- En fait, ça fait combien de temps qu'on est là ? demande Himchan une fois sorti de la salle d'eau.

- J'ai perdu toute notion du temps, confirme Yongguk.

Combien de temps s'est écoulé depuis leur enlèvement ? La richesse des événements, vécus comme un long ralenti ont donné à Youngjae l'impression d'être enfermé dans cette pièce depuis plusieurs jours. En réalité, ils ne s'y trouvent que depuis trois heures et cela ne fait que deux heures et demie qu'ils sont sans nouvelle de l'extérieur.

Tous les bavardages cessent brusquement lorsque la porte s'ouvre avec fracas. Personne n'a frappé, personne ne s'est annoncé. C'est une surprise totale. Les otages bondissent sur leurs jambes et se regroupent dans le coin de la chambre le plus proche d'eux, en face de l'entrée de la chambre.

Himchan se plaque dos contre le mur. Zelo se précipite et se colle à son tour aussi bien au mur qu'à Himchan lui-même. Juste devant eux, Youngjae attrape la main de Daehyun. Yongguk fait deux pas pour se placer devant le groupe. Ces mouvements durent moins de temps qu'il ne faut pour le dire et chacun observe l'entrée de la pièce avec crainte.

Himchan pousse un cri. La couleur rouge vif du sang vient d'attirer son regard. Des gouttes écarlates s'écrasent au sol, une à une. Elles dégoulinent depuis le cou tranché d'une tête décapitée. La coupure n'est pas nette. La peau du visage est pâle comme la mort. Elle est suspendue à trente centimètre du sol, une main agrippée à ses cheveux la porte. Le visage est déformé par un rictus de douleur qui rend ses traits difficilement reconnaissables. Cette image, trop morbide, dégoûte si profondément Himchan qu'il détourne aussitôt les yeux sans reconnaître ni l'homme qui a perdu sa tête, ni celui qui la lui a prise.

De toute manière, le jeune homme n'aurait pas pu reconnaître le porteur de tête. Pour cause : il ne l'avait jamais vu auparavant, ni lui, ni aucun des autres otages. Par contre, la victime ...

Daehyun est comme retenu par cette vision affreuse. Il voudrait détourner le regard, mais cela lui est impossible. Il ne peut détacher ses yeux de la contemplation de cette tête. L'objet est si inattendu et inanimé qu'il pense à un accessoire de farce et attrape. Daehyun grimace. Bien que la figure soit déformée par ce qui ressemble bien à un ultime cri et que du sang recouvre sa bouche et ses narines, Daehyun est pratiquement certain de pouvoir identifier A.

Youngjae plaque sa main gauche, celle qui ne se resserre pas sur les phalanges de Daehyun, sur ses lèvres. Il retient lui-même son propre cri. Il remarque que la personne qui tient la tête a les mains sales. D'ailleurs, un détail particulier le terrifie : la main droite de cette personne tient un couteau, un couteau qui a servi. C'est un couteau, pas plus de quinze centimètres de long. Si c'est bien elle qui a été utilisée pour couper A. en deux, cela a dû prendre beaucoup de temps. Youngjae n'a avalé que quelques chips mais il se sent capable de les rendre. Sa main sur ses lèvres l'aide à se contenir.

Yongguk analyse avec défiance la personne qui est entrée dans la pièce avec ce trophée abject. Il ne peut l'identifier. Son visage, inexpressif ne lui évoque rien. En tout cas, il ne porte pas de cagoule, seulement un pantalon beige et un t-shirt gris, tous deux salis par le meurtre qu'il vient de commettre. Yongguk a reconnu le visage de A. , ou du moins ce qu'il en reste. Il se crispe. Cet inconnu a tué l'homme qui les retenait en otage. Se pouvait-il qu'il soit un allié ? Est-ce que les ennemis de vos ennemis sont toujours vos amis ? L'air de cet inconnu, d'abord inexpressif vient de se transformer, de devenir mauvais. Yongguk n'a pas le temps de comprendre la raison de ce changement brutal, car derrière lui, l'apparition de Sunhee retient son attention. La démente vient poser sa main sur le bras de l'inconnu. Aussitôt, les derniers espoirs du leader s'envolent. L'homme qui se tient devant lui n'est pas un allié. Les amis de vos ennemis sont toujours vos ennemis.

A. est mort. Sunhee est toujours bien en vie. Ils étaient dans la merde !

Zelo s'est réfugié instinctivement derrière ses hyungs. Il observe lui aussi l'entrée spectaculaire. Mais il ne s'attarde pas sur la tête décapitée. Il vient de croiser le regard de Luca. Il ne sait pas qui est cet homme mais cet homme, lui, le reconnaît. Luca est d'abord si surpris qu'il semble avoir peur. Puis, l'homme aux mains couvertes de sang se métamorphose. Un souffle mortel s'échappe de chaque pore de sa peau. A commencer par ses yeux qui le mitraillent. Zelo ne soutient pas ce regard. Ses pupilles font des allers-retours entre Luca et le sol. Il se détourne quelques secondes. Puis, par vigilance, il y retourne et constate que Luca ne l'a pas lâché, qu'il ne le lâche jamais. Zelo est de plus en plus mal à l'aise. Il se glace même, lorsque l'homme a soudain l'œil qui rit sous ses sourcils arqués. Sa lèvre se retrousse en dévoilant légèrement ses dents, dans un sourire, presqu'imperceptible. C'est de l'envie qui se dessine sur ce visage. Cette fois, Zelo ne peux plus se détourner. Une peur nouvelle prend place, prend toute la place. Il remarque à peine Sunhee. Ce mec le dévore, lui et lui seul. Luca ne s'est même pas intéressé une seule fois aux autres membres du groupe. Par contre, il s'intéresse aux yeux de Zelo, à ses lèvres, à son cou. Puis il s'intéresse à sa ligne d'épaules, à son ventre et à ses jambes. Le cadet du groupe voudrait qu'il cesse cette inspection minutieuse de sa personne mais il ne cesse pas : il l'envisage ; il le dévisage ; il le déshabille.

Himchan, qui est juste à côté de Zelo, est le seul à capter cet instant de trouble. Yongguk s'est fixé sur Sunhee, et les deux autres sont détournés par l'horreur tenue par Luca. De plus, si le temps parait long du point de vue de Zelo, l'échange de regards entre lui et Luca n'a duré que quelques dizaines de secondes. Si bien que même Himchan doute de ce qu'il a vu lorsque l'aparté visuel s'interrompt.

En effet, Luca se reprend. Il cligne des yeux. Il lâche la tête décapitée qui vient rouler vers les otages. Puis, il sort de la pièce. Sunhee recule en marche arrière, pour ne jamais leur tourner le dos et s'approche également de la sortie. Elle leur fait à tous son plus beau sourire.

Yongguk réalise ce qu'il est en train de se passer. Il faut qu'ils se barrent et vite ! Il n'est plus question de rançon, maintenant. C'est sauve qui peut.

- Barrez-vous ! dit-il en se précipitant lui-même vers la porte et vers Sunhee.

La jeune femme lui parait toute proche, pourtant il n'a pas le temps de l'atteindre. Elle a fait tomber quelque-chose au sol et la porte a claquée. Yongguk secoue la poignée, en vain. C'est déjà verrouillé. Il jure. Derrière-lui, Himchan et Daehyun se sont aussi rapprochés, trop tard. Ils baissent tous les yeux sur l'objet que la preneuse d'otage à volontairement laissé à leur intention. Cela à l'apparence d'une bombe aérosol en inox. L'objet siffle et un gaz épais en sort.

- Qu'est-ce que c'est ? s'interroge Daehyun en reculant.

Le brouillard blanchâtre et opaque grandit à vu d'œil. Il a déjà atteint la hauteur des genoux de Yongguk qui jure à nouveau et s'acharne encore plus sur la porte. Non, il ne sait pas ce que c'est. Il sait juste que c'est mauvais signe. Le gaz n'a pas d'odeur, pas de consistance non plus lorsqu'on l'inspire. Il ne pique pas, ne gratte pas. Il s'insinue discrètement à l'intérieur de l'organisme et l'effet est surprenant, soudain, extrêmement efficace.

Le leader est le premier à sentir sa tête lui tourner. Il tente de lutter mais c'est peine perdu. Ses jambes ne le soutiennent plus. Il s'effondre, bientôt rejoint par Himchan. Le gaz soporifique s'étend à Daehyun, Youngjae et Zelo qui s'étaient pourtant tous les trois éloignés de la source du danger. Le brouillard ne les a pas encore rejoint qu'ils sentent leurs membres devenir lourds et leur esprit s'embrumer. Zelo glisse le long du mur et ses fesses touchent terre. Il glisse ensuite sur le côté. Lors de ses derniers instants de conscience, il constate que tous les autres sont à terre. La sensation de partir n'est pas physiquement désagréable. L'angoisse l'emmène à s'interroger : se réveillera-t-il au moins ? Et si oui, où ?

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Derrière la porte, Luca pose une main sur son palpitant. Il se soutient contre le mur et sa main tremblante cherche quelque chose dans la poche de sa veste désespérément vide.

- Où sont-ils ? Où sont mes médicaments ?

- Je te les donnerai, si c'est ce que tu souhaites ... vraiment, dit Sunhee.

- Tu me les as volé ? Quand ? Rends-les...

- ... attends je veux que tu réfléchisses quelques secondes. Ecoute ce qui se passe en toi ! Dis-moi ce que tu ressens, là ? Raconte ?

Luca se tourne. Il s'adosse au mur. Tout son corps est tendu. Il lutte contre une force invisible.

- C'était un piège. Tu veux me faire craquer.

La tête de Luca se tourne vers le plafond. Ses paupières sont résolument closes. Son crâne est à deux doigts de heurter le mur derrière lui. Un rictus entre plaisir et souffrance se dessine sur son visage.

- Alors, je suppose que tu devines lequel sera ton cadeau ?

- Zelo ? Rien que ça Sunhee : Zé – lo . Choi Jun – Hong. Est-ce que tu as idée à quel point ... j'ai pu fantasmer sur ce gosse il y a cinq ans ?

- Oui, je sais.

Luca ouvre à nouveau les yeux pour dévisager Sunhee. Il est intrigué mais son état est toujours second.

- Il avait quinze ans à l'époque. Il était magnifique.

- Etait ?

Elle relève le passé avec une once d'ironie, l'état dans lequel se trouve son vieil ami montre pourtant que le présent serait de mise.

- Il est trop vieux, dit Luca.

- Tu cherches des excuses.

- Il est trop vieux. Il est majeur, je n'ai jamais ... Jamais avec un majeur.

- Et alors ? Tu essais de te battre avec un raisonnement logique contre une attirance qui n'a aucune logique. S'il y avait une logique dans ce monde, toi à moi, on serait comme tout le monde et tu n'aurais pas besoin de viagra pour baiser ta femme.

- Il est trop vieux.

- Mais c'est Zelo. C'est un combat perdu d'avance. Tu vas céder à la tentation. Tu le sais déjà. Tu l'as vu. Je t'ai vu le voir. Alors ? Il était magnifique ?

- Il est magnifique, rectifie Luca.

En prononçant cet aveu des chatouilles lui prennent le ventre, se transforment en flammes qui le consument entièrement. Ces flammes ne demandent qu'à sortir pour bruler l'être aimé à son tour. C'est une envie irrépressible.

- Zelo, répète-t-il pour lui-même, plus doucement, comme s'il s'agissait du plus beau mot du monde.

- Tu veux vraiment ton médicament ? Où tu préfère ceci ...

L'intrigante sort de sa poche des échantillons de produits de toilette. Il s'agit de trois petits sachets verts de shampoing-douche au parfum d'amande douce. Elle les brandit en les tenant tous les trois entre son index et son majeur griffus. Elle arbore un sourire pervers. Luca sourit à son tour, un sourire flippant, sauf pour Sunhee. Il saisit les sachets et les glisse dans sa poche. Il capitule.

- Parfait ! triomphe la manipulatrice.

- Comment tu as su ? Comment ? Tu viens de réduire à néant... je te hais Sunhee.

- Tu m'adores

- Je te hais. Comment ?

- C'était facile. Il y a quatre ans justement, une de tes pauvres victimes avait une ressemblance évidente avec lui. Ça m'avait frappé.

- Seungwhan, chuchote-t-il. Oui, je me souviens. Il habitait Mapo. Il était beau. J'ai adoré ce garçon.

- Mais c'était un substitut. Je t'offre l'original. Dis-le, j'avais raison !

- Tu me manipules, je déteste ça.

- Allons, dis-le qu'il y a des cadeaux qui ne se refusent pas ! Mon cadeau, il ne te plait pas ?

- Il me plait...

- Et mon Moby Dick, tu devines ?

Luca se tait. Il réfléchit sérieusement à la question de Sunhee. Il avait toujours brulé de savoir qui elle poursuivait depuis toutes ses années. Il n'a vu que Zelo dans cette pièce. Toutes les autres personnes présentes ont été éclipsées. Mais il a conscience qu'il y avait d'autres garçons. Il élimine Zelo sans hésitation. Sunhee détesterait partager. Il devine que les autres garçons dans la pièce sont sûrement les autres membres du groupe BAP. Luca n'est pas mélomane, encore moins un amateur de culture K-pop, mais l'obsession qu'il a nourrie pour Zelo l'a poussé à visionner un certain nombre de vidéo-clips et d'émissions en tout genre. Il connait donc les noms de tout l'entourage de Zelo. Rapidement, la lumière fait jour dans son esprit. C'est une évidence :

- ... Bang Yongguk, parie-t-il.

- Dans le mille ! jubile la manipulatrice. Bravo ! Comment t'as su ?

- De la même façon que toi. T'as eu quelques victimes qui m'y font pousser... Si ce n'est toutes ...

- Tu m'avais manqué Luca.

L'homme hésite, puis répond.

- Toi aussi.

Luca a repris une consistance et une froideur. Il demande :

- Alors ? C'est quoi ton programme pour la suite ? Je le déballe quand mon cadeau ?