Quatrième jour de détention (Seconde partie)
J'entendis clairement mes orteils hurler de joie quand j'enlevai mes chaussettes trempées de sueur, qui sentaient encore plus fort qu'un camembert qu'on aurait laissé au soleil.
Une fois en boxer et armé de mon couteau, je me précipitai à la flotte avec un soupir de bonheur, mais elle était tellement glacée que je sentis mes bourses se rétracter dans mon calbute comme si elles avaient décidé de m'abandonner en route.
Pour l'effet " regarde la bosse de mon boxer comme je suis bien appareillé", c'était complètement foutu.
Je ne pus m'empêcher de loucher sur celui de Jungkook qui, lui, soulignait des formes plus que prometteuses.
Concentration, bordel !!
Après avoir couiné comme une jeune vierge effarouchée, j'avais enfin réussi à m'immerger jusqu'aux épaules pendant que l'éphèbe s'amusait à plonger. Je profitai de l'aubaine pour faire une toilette approfondie et salvatrice pour mon ego.
Au bout de cinq minutes, lui-même rafraîchi, il me rejoignit et nous partîmes chercher les gourdes pour les remplir et y plonger les pastilles de filtration avant de retourner sur la berge, là où les cailloux étaient les plus présents, pour commencer notre quête de nourriture.
Je dois dire que le Taehyung équipé d'un couteau en temps normal est un danger pour lui-même et pour les autres, j'usai donc de toute ma concentration, à savoir un bout de langue coincée entre les dents, pour observer Jungkook qui sortait de dessous des rochers de gros crabes comme s'il avait plongé les mains dans le rayon poissonnerie d'un supermarché.
Je réussis à en attraper un malheureux de la taille de ma paume qui semblait encore plus tétanisé que moi par l'exercice. Je le jetai dans un des sacs à dos, qui avait été réquisitionné pour la cause, et allai me jeter à corps perdu dans la pêche d'un second spécimen quand je sentis quelque chose se mettre à bouger dans mon boxer.
Je baissai la tête et poussai un hurlement en voyant une forme indistincte se déplacer sous le tissu.
Jungkook accourut aussitôt et attrapa mes épaules en me secouant comme un prunier pour capter mon regard.
- Arrête de hurler et dis-moi ce qu'il t'arrive !!
- Là ! dis-je en désignant mon boxer.
- Et ?
J'ouvris de grands yeux affolés.
- Mais là, tu ne vois pas la bosse ?
L'éphèbe changea complètement d'expression et un sourire coquin apparut sur ses lèvres.
- Taehyung, si je te plais, tu n'as qu'à me le dire simplement, pas besoin d'exposer ton érection.
- Mais qu'il est con Seigneur ! Je suis en train de te dire qu'il y a une bestiole qui se balade dans mon boxer !!
- Ah...
- Oui, ah, comme tu dis, répondis-je.
Nos deux regards fixés sur le tissu qui bougeait comme si nous étions en visite au Louvre devant la Joconde, un ange passa jusqu'à ce qu'il relève la tête et plante ses yeux dans les miens.
- Tu me fais confiance ?
J'ai déjà entendu ça quelque part et je n'aime pas cette phrase, mais pas du tout...
Mais avant que j'aie pu répondre, il plongea sa main sous le tissu de mon boxer et commença à fouiller dedans comme un chien truffier à la recherche du champignon magique. Je manquai de m'évanouir de gêne quand je sentis que je commençais à remuer de la queue.
Dieu merci, la délicieuse torture prit fin quand il sortit sa main dans laquelle était enfermé le coupable, un orvet de bonne taille qui ne semblait pas d'une humeur radieuse d'avoir été délogé de son nouveau spot.
Je restai bouche bée en voyant Jungkook l'envoyer dans les airs pour le vol plané de sa vie.
- Voilà, problème réglé.
Perso, le problème qui commençait maintenant chez moi se situait plus au sud, pensai-je en me mordillant les lèvres, captant aussitôt son regard.
Comme dans un film, je vis son visage se pencher vers moi et sa bouche s'arrêter si près de la mienne que je sentis son souffle me caresser le visage.
Je crus lire une brève hésitation dans son regard, certainement la même que celle qui brillait dans mes yeux et pourtant il s'approcha un peu plus jusqu'à ce que nos lèvres se touchent.
Je n'avais pas prévu ça, je ne l'avais pas voulu, enfin, je n'avais pas voulu vivre d'aventure pendant ces pseudo-vacances qui n'avaient absolument rien de reposantes. Et pourtant, je levai les bras pour les passer autour de son cou et approfondis notre baiser alors qu'il me rapprochait de lui.
L'instant était magnifique, le dîner était péché et l'orvet avait filé vers d'autres cieux. Le soleil commençait à baisser dans le ciel, teintant celui-ci d'une douce couleur rosée typique des soirées d'Afrique. L'eau caressait mes chevilles, rafraîchissant le feu qui prenait place dans mon corps alors que ma langue rencontrait celle de Jungkook comme deux amantes qui se retrouvaient enfin après une longue séparation.
Oublié l'exhibitionnisme, l'histoire du PQ et toutes les autres bourdes qui m'avaient rendu ridicule à ses yeux, je me sentis désiré, j'en veux pour preuve la bosse énorme qui se logeait dans son boxer.
Tout était absolument parfait, le premier baiser idéal jusqu'à ce que cet instant magique vole en éclats.
- Ben, ne vous gênez pas ! Vous n'avez qu'à vous envoyer en l'air sous nos yeux tranquillou bidou, s'écria Jimin depuis la berge.
C'est bon ce coup-ci, je le bute !
Je reculai à regret et plongeai mes yeux dans ceux de mon meilleur ami, même si là, de suite, j'avais plus envie de lui planter mon couteau dans le ventre qu'autre chose.
- Je te demande moi si tu t'es fait sauter contre un palmier.
Yoongi s'avança derrière Jimin et lui posa doucement une main dans le creux des reins.
- Il n'a pas complètement tort sur ce coup-là, bébé, puis il se tourna vers nous. Faites un petit plongeon pour calmer vos ardeurs, dit-il en désignant les bosses qui déformaient nos boxers et allumez le feu, on a ramené du bois et des feuilles de cocotiers. On va en profiter pour prendre un bain, nous aussi. Vous avez attrapé de quoi bouffer ?
Jungkook, nullement gêné, lui désigna le sac à dos plein de crabes qui d'ailleurs essayaient de se faire la malle.
- Parfait !! s'écria le Général, douche, bouffe et tout le monde au lit, conclut-il en assénant une fessée sur les fesses de Jimin qui ne broncha pas. L'éruption solaire avait visiblement quitté les lieux et son postérieur avait l'air au mieux de sa forme.
Après quelques brasses en eaux peu profondes, chacun s'était affairé à donner un semblant de confort à ce petit bout de nature sauvage.
Le feu avait été allumé grâce au briquet savamment planqué par Yoongi, les crabes avaient été jetés dans le brasier et nous nous étions régalés de leur chair savoureuse, assis sur les feuilles de cocotiers que nous avions disposées de chaque côté de l'âtre improvisé dans les rochers.
Jimin s'était blotti contre Yoongi, qui avait refermé ses bras sur lui. Je continuai d'avoir peur que mon meilleur ami ne souffre, mais en voyant son visage radieux et la douceur dont faisait preuve le Général en s'occupant de lui, je me rassurai en me disant que peut-être, il avait enfin trouvé celui qui lui était destiné.
Les amours de vacances n'étaient pas toujours faites pour durer, mais s'ils en avaient envie comme je le présentais, ils arriveraient à continuer cette aventure qui avait commencé entre eux.
Pour ma part, je restais plus frileux, quelque chose était né entre moi et Jungkook et je me demandais où cela me mènerait. Je n'avais pas envie de souffrir, je n'en avais plus envie, pourtant quand il me fit signe d'approcher, je ne pus m'empêcher de le rejoindre et de poser ma tête sur son épaule.
Nous discutâmes jusqu'à tard dans la nuit, les flammes du feu de camp traçant des dessins fantasmagoriques sur la forêt ténébreuse qui nous entourait. Les grenouilles se mirent à croasser, accompagnant nos discussions de leurs cris stridents, me faisant à chaque fois violemment sursauter.
Cela déclenchait inévitablement le rire de Jungkook qui s'élevait dans les airs dans une mélodie troublante.
- Je ne sais vraiment pas ce que je vais faire de toi, me glissa-t-il à l'oreille avant d'y déposer un baiser.
Nous avions accompagné notre festin de crabes par l'eau fruitée des noix de coco qui, après avoir baigné dans la rivière, étaient étonnamment fraîches.
Certes, j'avais manqué d'assommer Yoongi quand mon couteau avait malencontreusement ripé sur la coque dure du fruit, le catapultant tel un missile dans sa direction.
Cela ne l'avait pas fait rire du tout, il m'avait lancé un regard torve en me demandant comment j'avais pu atteindre l'âge de trente ans sans avoir déclenché de cataclysme majeur ou sans que quelqu'un n'ait essayé de me buter.
- C'est une question d'habitude, avait répondu Jimin. Taehyung est une catastrophe ambulante, généralement là où il passe, l'herbe ne repousse plus. Je n'ai jamais vu un type avec une scoumoune pareille.
- Et je vous présente mon meilleur ami, dis-je en faisant un geste théâtral du bras, toujours prompt à me mettre en valeur.
- Oh ça va, il faut appeler un chat, un chat au bout d'un moment ! Tu ne nieras pas que niveau connerie, tu as remporté l'examen haut la main dès ta naissance.
- Mais je t'emmerde, sale con ! Tu veux que je déballe tous tes dossiers, moi aussi ?
- Et c'est reparti, murmura Yoongi en tirant vers lui Jimin.
Jungkook fit la même chose de son côté et m'enferma à nouveau dans ses bras.
- Moi, j'aime bien ton côté calamité terrestre et puis qui sait, quelqu'un corrigera peut-être tes boulettes très bientôt.
Je dois dire que je ne savais absolument pas comment prendre cette phrase, mais mon petit cœur, lui, avait frétillé de joie.
Nous avions passé le reste de la soirée à parler de nos vies. Jungkook nous avait raconté qu'il avait commencé ses études sur le tard faute de moyens financiers, mais qu'il finissait sa dernière année et que dans quelques mois, il serait professeur de sport. Jimin et moi avions parlé du stress de devoir gérer une grosse entreprise et des solutions que nous devrions trouver à notre retour pour alléger notre charge de travail et profiter un peu plus de la vie.
Quant à Yoongi, il avait peu parlé, écoutant surtout, mais sur la demande insistante de Jimin, nous avions eu le droit à un petit concert privé qui me permit enfin de mettre un visage sur une voix que j'appréciais tant.
C'est au gré des paroles de chacun que je m'étais laissé glisser dans le sommeil.
La nuit fut délicieuse enfin jusqu'à ce que je sente quelque chose marcher sur ma jambe.
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