Un nouveau jour se lève !

Les rayons du soleil m'ont réveillés tôt ce matin. La veille, j'ai omis de fermer mes volets, il faut dire que j'ai été beaucoup trop occupé durant cette soirée rebondissante en événements.

La nuit est passée en un éclair, mais j'ai relativement bien dormis. Mon cerveau s'est agité dans tous les sens, et j'ai eu une idée pour aujourd'hui, afin d'officialiser ma relation avec Lucie.

On va aller se balader en rase campagne pour rendre visite à ma mère, histoire de nous décrocher un peu de la vie urbaine et très agitée. J'ai hâte de pouvoir trainer mes pieds dans la boue, la main dans celle de ma bien aimée. Elle est mon deuxième souffle, ma moitié, je ne pouvais pas rêver mieux.

Sortant de ma folie intérieure, je contrôle ma fougue, pour ainsi faire la surprise à Lucie de notre programme de la journée. Elle va être ébloui ! J'en suis certain.

Après avoir pris mon petit déjeuné, je retourne dans la chambre et à ma plus grande déception, ma partenaire dors toujours à poing fermé. Décidément, elle a tellement l'air fatigué, c'est déroutant. Pourtant,  elle est d'ordinaire très enjouée et pleine de vie.

Je décide donc de la secouer un peu, je la lève de force et l'habille avec ses vêtements de la veille. Lucie n'a pas encore eu le temps de s'installer chez moi, mais je suis sûr que c'est pour bientôt, je n'ai plus qu'à lui libérer une bonne place dans mon armoire et le tour sera joué.

Enfin installé dans ma voiture, je conduis jusqu'à la ville la plus proche, là où habite désormais mes parents. Lucie commence à gigoter et à grogner, je crois qu'elle est aussi impatiente que moi d'arriver à destination. 

Les places ne sont pas très nombreuses dans le parking où je souhaite me garer, mais je dégote finalement un petit bout de terrain qui fera très bien l'affaire. Après tout, on est à la campagne ici, et les gens ne sortent pas beaucoup de chez eux. 

Excité par cette petite réunion de famille, j'aide ma compagne à sortir de la voiture. Je ne sais pas ce qu'elle a depuis hier soir, mais elle semble vraiment malade au point qu'elle tient à peine sur ses jambes. Alors, je la porte jusqu'à devant chez mes parents, pour enfin lui présenter et officialiser notre relation. Seulement, je n'avais pas prévue qu'il pleuve aujourd'hui, et une rafale de vent et de pluie s'abat sur nous. Je n'y comprends absolument rien, tous les éléments se déchaînent et le tintement des cloches accrochées à chacune des tombes autour de nous, ne s'arrête plus. 

On dirait que la nuit vient de tomber, et je cherche Lucie dans tous les sens, mais je ne la retrouve pas. Cet endroit me fiche la chair de poule, quelque chose de sombre rôde autour de moi.

 – Lucie ! Où es-tu Lucie ?

Derrière moi, des pas approchent et accélèrent au fur et à mesure. Quelqu'un court dans mon dos, mais quand je me retourne, il n'y a personne. Pas un chat à l'horizon. Je me sens seul et je suis terrifié par ce qui se passe, qu'est-ce que je suis censé faire maintenant ? 

 – Kehphren, murmure une voix lointaine.

 – Lucie ? C'est toi ?

 – Aide-moi, je t'en supplie, aide-moi.

 – Dis moi ou tu es ?

J'entends des murmures aux alentours venant d'outre tombe, et des rires d'enfants, ça me glace le sang. Que se passe-t-il ? Il fait un froid de canard soudain. Je devrais prendre les jambes à mon coup, malheureusement je ne peux pas laisser ma copine seule dans ce lieu étrange. 

 – Kehphren, murmure une fois de plus une voix. Je suis là.

Je tourne sur moi-même, apeuré comme jamais je ne l'ai été de ma vie. Quand d'un coup, je sens un bout de métal froid transpercer mon abdomen. Le visage de la femme qui me fait face est dénué d'humanité. Blafarde, les yeux cernés de noir, son sourire diabolique hantera, j'en suis convaincu, le restant de mes jours. 

Tombant au sol, la douleur m'envahit et je sens tous mes muscles se paralyser petit à petit. une tête se penche vers mon corps inerte, et le sourire de ma compagne en dis long. 

 – À mon tour de jouer à présent. 

Elle s'empare de mes cheveux et me traîne au sol, une horde de personne la suit alors que moi, je crie de douleur.

 – Tu as péché, mon amour. Il faut te repentir à présent.

Sur ces mots, elle lâche ma tignasse. Une musique se met à claironner, je me rend compte alors que ce n'est autre que la fameuse Danse Macabre de Saint-Saëns que j'ai cru entendre la veille. Une Nuée de corbeaux passent dans le ciel, ils croassent comme un chien hurle à la mort. Est-ce la fin pour moi ? 

 – Ne pleure pas, susurre Lucie, à mon oreille, alors que je me sens défaillir. 

Dans ses mains, je ne vois rien d'autre qu'une masse rouge, dégoulinante d'une substance de la même couleur. Je ne sens plus mon cœur battre, car celui-ci ne m'appartient plus désormais. Lucie, rigolant à plein poumons sous mes yeux, montre mon organe aux personnes fantomatiques qui nous entourent. 

J'ai tué Lucie, rendue aveugle à cause de mon amour propre et de ma vésanie, et elle me le fait payer. 

 – On est uni pour le meilleur et pour le pire mon chéri, jusqu'à ce que la Mort en décide autrement. Ce n'est pas ce que tu voulais ?