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Chapitre 26

Deux.

Quatre.

Plus qu'une dizaine.

Une dizaine et les talons de son frère disparaissent à nouveau dans un carrefour. Une dizaine et elle perd sa trace, son pas s'envole pour ne laisser dans le couloir que le cadavre d'un espoir illusoire et momentané. Secouée contre la poitrine de sa mère, Rozelle n'a de cesse de sangloter et de gémir, de demander à qui voudrait l'entendre pourquoi son frère se fait-il absent. Mais Linda, qui grimpe sans relâche, talonnée de près par la journaliste, ne se gêne pas pour ignorer les cris de sa fille. Elle doit monter et atteindre le sommet, elle ne doit pas se laisser distancer. Autrement ce putain d'hélico décollerait sans elle, signant par la même occasion son arrêt de mort.

Lorsqu'elle perçoit le froissement des hélices dans l'air, ce lourd battement assourdissant, elle accélère le pas et avale les dernières marches du bâtiment quatre à quatre. La journaliste a rangé ses caméras, désormais elle percute la porte de plein fouet avant d'être violemment giflée par le vent. L'air glacial des environs frappe les jeunes femmes, secoue leurs cheveux et les amène à reculer à l'intérieur. Lui aussi semble être contre leur volonté terrible de grimper dans l'hélico. Cet engin imposant posé sur ses peintures blanches déchirées, ventre ouvert à l'agonie de hurlements sourds. Linda aperçoit son frère y sauter, suivit de près par Olaf et un homme, accompagné par ce qu'il paraît être sa femme. Les Hash, songe la veuve, les yeux plissés. Les Hash n'ont même pas d'enfants et ils sont prioritaires sur nous.

Voilà qui est à son sens d'une injustice sans nom. Linda veut une place dans cet hélico, pour elle comme pour sa fille, et il n'est pas question que l'on la lui refuse pour un scientifique et sa pauvre femme. Elle serre les dents, les poings et les poumons par la même occasion, ramène le visage de Rozelle dans son cou et se précipite sur la place, la journaliste sur ses talons. Elle se penche, agit comme une habituée des lieux ; elle n'a qu'à suivre les instructions hurlées par les conducteurs, dans un sens. Et en quelques pas, elle saute dans l'estomac de l'engin. Aussitôt assise, les visages se tournent et la dévisagent. Rozelle a cessé de pleurer, pour sa plus grande joie.

— Linda, putain, qu'est-ce que tu fous là ?! grogne Marcus, qui s'est passé une paume sur le visage.

Mais c'est la journaliste qui se penche sur lui :

— On vient, que ça vous plaise ou non.

— Vous savez même pas où on va ! tempête Olaf, les yeux écarquillés à ses côtés.

Le silence déposé par le vieil homme leur a coupé la langue. La question est pourtant évidente ; en sécurité, non ? Se rendaient-ils bien dans un camp de quarantaine surprotégé par les militaires ? C'est pourtant l'image que Linda s'est fait de la chose. 

— On va au Japon, soupire Marcus, qui jette une œillade mauvaise à sa sœur. Pour retrouver la trace du patient zéro. On va pas se cacher dans un bunker, espèce d'idiote.

— Elles doivent descendre là au plus vite, s'impatiente Olaf. Pas la place pour une gamine à bord. Pas la place pour une gamine au Japon, au milieu d'opérations militaires D'ORDRE DE L'HUMANITE TOUTE ENTIERE BORDEL !

Linda se recroqueville sur elle-même, grimaçante. Voilà qu'elle les a à dos désormais ; mais il y a une chose qu'elle voyait, et qu'ils n'osaient même pas supposer. Si le monde se déchire, s'enfonce dans les ténèbres et la mort, alors sa place et celle de Rozelle étaient ici, avec les personnes qui sauraient au mieux les protéger.

— Il y a un camp en Corrèze, indique Hash, qui révèle son visage à la lumière pour dévisager Linda. Un camp pour les enfants et les gens comme vous.

— Les gens comme nous ? raille la journaliste, indignée.

Linda se dit qu'elle ne devait pas bien cerner l'importance de cette information.

— Vous pouvez nous y déposer ? implore-t-elle, les mains jointes sous le nez de Marcus.

Peut-être la pitié saurait-elle le résonner. Mais il secoue négativement le menton :

— C'est trop tard. On doit partir maintenant. Et on aura jamais assez d'essence pour vous y déposer. 

Il lui jette un regard mauvais :

— Fallait m'écouter.

— Fallait pas jouer à la conne, surtout ! s'agace Olaf, dont les sourcils broussailleux ne se sont pas redressés. Maintenant, on va devoir se trimballer une gamine...

Le silence se tasse à nouveau dans l'hélico, brouille presque le rugissement des ailes au dessus de leur têtes. Rozelle pleure à nouveau, masque les larmes qui menacent d'envahir sa mère. Seule la journaliste garde son calme, le regard perdu dans le vague, et bientôt Marcus lui lance :

— Et votre grand-mère ?

La jeune femme coule un regard désobligeant dans sa direction :

— Vous et moi savons pertinemment que c'était un mensonge. Ma grand-mère est en maison de retraite.

— Etait, serait un mot plus correct, grogne Olaf sans se départir de sa colère. Les maisons de vieux ont été les premières touchées.

Mais la journaliste ne semble pas le moins du monde affectée par sa réplique. Elle hausse les épaules et soupire :

— Je sais.

Et soudain, tandis que les portes se referment et que le mugissement des ailerons s'ébruite, Olaf et Marcus relèvent brusquement le menton sur le visage de la journaliste :

— Angèle, vous y étiez ?! s'étrangle le chef des armées françaises. Vous avez réussi à vous échapper ?!

La jeune femme opine doucement, une grimace tirée aux traits :

— Yep. J'peux vous dire que c'était pas beau à voir.

— On se demande surtout comment vous êtes sortie vivante, murmure Marcus, dont le regard pour Angèle ne porte plus aucune trace de colère.

Ils se dévisagent, s'observent un instant, et Linda s'en réjouit ; peut-être ainsi ont-il oublié sa présence. De toute façon, l'hélico a décollé, et voilà que les terres désolées d'un Paris ravagé s'élancent sous leurs pieds. La veuve se penche sur la vitre, songe à son mari qui court ces rues enflammées et se demande pourquoi lui aussi a-t-il choisit d'abandonner leur fils. Lee était tout pour lui. Cela n'a aucun sens.

Linda étouffe un long soupir, laisse son regard dériver sur la fumée qui perle dans les rues, les toits déchirés, les voitures renversées et les maisons éventrées. Un spectacle d'horreur, dans lequel elle s'était traînée quelques heures plus tôt aux côtés de Yang et d'une petite fille encore si innocente. Qu'adviendrait-il d'elle, de cette pauvre et fragile Rozelle ? Elle grandirait dans un monde ravagé, peuplé de créatures sorties tout droit des enfers. Ca n'était pas une vie pour une enfant. En vérité, ça ne l'était pour personne.


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