Chapitre 22
— Lily ! s'étrangle une voix. Tu n'as rien ?!
Le visage d'une jeune blonde apparaît dans mon champ de vision et ses iris bleus croisent les miens ; les yeux écarquillés, je peine à comprendre la situation. Ma folle respiration me presse la poitrine, tandis que les battements accélérés de mon cœur résonnent furieusement à mes tympans.
Mon regard saute sur les traits du visage de la jeune fille jusqu'à, qu'enfin, mon esprit s'éveille :
— Iris... ! je bafouille, la voix brisée.
Elle étouffe un sanglot et étire un sourire soulagé. Derrière elle se dessine alors une autre silhouette : Lee. Il s'agenouille aux côtés d'Iris et plante son regard dans le mien :
— On arrive pile à l'heure.
Il m'accorde un sourire peu convaincant avant de tendre la main vers moi ; je baisse les yeux, tremblante, pour voir posé sur sa paume l'arme que je n'ai su utiliser seulement quelques secondes plus tôt.
— Garde la, je lui lance d'une voix rauque, les larmes aux yeux. Je n'ai pas le courage qu'il faut.
— Ne dis pas de conneries, gronde-t-il, agacé, tout en me l'enfonçant de force entre les doigts. Théo m'a dit que t'avais déjà tué des zombies avec.
Je déglutis et baisse les yeux sur le pistolet ; une pâle lumière se reflète doucement sur le métal grisâtre, rendant l'objet plus encore sinistre qu'il ne l'est déjà. La peur ne m'est plus d'aucune utilité, désormais. Je dois redresser le menton et assumer le fait d'être encore vivante. D'être une survivante.
— Tu as trouvé ta famille, alors ? me demande Iris en balayant les alentours d'un regard nerveux.
Prenant appui au mur et sur son épaule, je me relève dans une grimace de douleur -les plaies sur mon flanc semblent s'être remises à saigner- tout en secouant négativement le menton :
— Non. Et je ne sais pas s'ils ont quitté la maison transformés en monstres ou bien vivants.
Une pensée me traverse soudain l'esprit, et mes yeux s'embuent à nouveau de larmes :
— Si ça se trouve, ils sont partis sans moi.
Tandis que Lee observe les alentours, les mains sur les hanches, Iris m'attrape rudement le bras et plonge un regard sévère dans le mien :
— Arrête de dire des choses aussi horribles ! Evidemment qu'ils ne sont pas partis sans toi ! Jamais ils ne t'abandonneraient !
Je déglutis ; à présent que la vue délabrée et vide de ma maison m'est enfin révélée, j'ai dû mal à conserver autant d'espoir que mon amie. Puis, je me souviens que sa propre famille s'est changée en monstres sanguinolents et la culpabilité serre mon estomac :
— Je suis désolée, Iris, je murmure. Je suis désolée pour ta famille. Je suis désolée de ne pas être... de ne pas réaliser de la chance que j'ai de pouvoir encore espérer.
Son regard dérive vers le bas, et les larmes perlent au coin de ses yeux. Je lui serre doucement l'épaule, compatissante, quand soudain un grand fracas nous parvient ; je sursaute, les yeux écarquillés, et échange un bref regard avec mes amis.
Lee s'est immobilisé, les mains serrées sur sa planche. Iris et moi n'osons même plus respirer ; la poitrine comprimée, je tends l'oreille pour capter le moindre bruit suspect.
Brusquement, des cris déchirent l'atmosphère lugubre et, d'un même mouvement, nous bondissons à l'extérieur. Je dérape sur les marches de mon perron et me précipite vers la rue. Nous enjambons vivement mon portail brisé et Iris réprime un hurlement de terreur ; de tous les côtés, des dizaines de monstres déboulent.
Au centre de cette agitation, le 4x4 est secoué par les corps qui se jettent contre les vitres. Horrifiée, j'aperçois Théodore qui se débat à l'arrière, les yeux écarquillés de terreur.
Alors que je m'apprête à bondir dans sa direction, une main ferme me stoppe dans mon élan. Effarée et la respiration coupée, je fais volte-face vers Lee, qui me tire vers l'arrière :
— Je dois aller l'aider ! gémis-je, la voix brisée.
— C'est du suicide ! conteste-t-il, les dents serrées.
— Revenir ici l'était aussi ! je m'emporte en me dégageant violemment de son étreinte.
Mais alors que je pivote à nouveau vers l'épouvantable scène digne d'un film d'horreur, un long cri déchire l'air et résonne à travers la ruelle. D'un même geste, les zombies se figent, avant de déferler vers la source du bruit. Les yeux écarquillés, je les suis du regard et aperçois, en amont sur la route, une silhouette tambouriner les carcasses des voitures à l'aide d'un grand bout de bois. Lorsque les monstres ne sont qu'à quelques mètres de lui, il opère un demi-tour sec et détale dans la direction inverse.
A nouveau, je veux m'élancer dans sa direction, mais mes amis m'en empêchent.
— Arkan ! je m'étrangle, terrorisée, tandis que les derniers monstres disparaissent au croisement.
A cet instant, le silence s'écroule dans mon quartier et abat sur chacun de nous un puissant poids de désespoir.
Arkan est parti, entraînant à sa trousse des dizaines de monstres.
Ce qui ne signifie qu'une seule chose.
Arkan est comme déjà mort.
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