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Chapitre 18

Le clapotis, qui joue de sa mélodie hachée à travers la pièce, sonne comme celui de la pluie en jour de mousson. De nuit comme de jour, il ne s'arrête pas ; il ruisselle sur les murs, humidifie les jointures et colore les parquets de tâches brunes. Ou bien ont-elles toujours été présentes, ces tâches. Qui s'en soucie réellement ? On les piétine à toute heure sans leur prêter la moindre attention.

Or, aujourd'hui, voilà qu'elles attirent un regard. Le regard brun ténébreux de Marcus Wane, dont les épaules taillées s'appuient sans ménagement contre le mur. Ses iris dessinent le contour des tâches, songent à ses reliefs si minuscules. Que l'œil ne peut décerner seul. Tout autour, l'agitation paraît être un essaim d'abeille dont la fleur déjà butinée de Marcus n'intéresserait plus. Il discerne uniquement à l'arrière plan de ses pensées le clapotis de la pluie industrielle. Lui qui ne porte pourtant pas de parapluie, ses élégants cheveux bruns demeurent soyeux et ondulés sur son visage dénudé d'émotions. Ce simple attrait aux taches du parquet le vêt d'un intriguant air cynique.

— Wane, tonne une voix à quelque mètres.

L'intéressé ne prend pas la peine de relever le menton.

— Wane, répète la voix, plus proche. Ta sœur est là.

La veine de Marcus s'agite sur sa mâchoire ciselée, palpite de cette nouvelle agaçante. Il allait devoir faire face aux pleurs et aux questions auxquelles il ne pourrait pas répondre.

— Dis lui que je suis occupé pour le moment, gronde-t-il en prenant finalement la peine de redresser le menton.

Il avait deviné au ton de la voix qu'il s'agissait de son supérieur, un homme de la soixantaine maquillé d'une balafre à l'œil droit.

— Elle s'inquiète, insiste-t-il.

Marcus étire une grimace mécontente ainsi que ses muscles endoloris :

— Tout le monde s'inquiète, Olaf.

Il s'engage dans l'allée et roule des épaules pour se frayer un passage parmi la foule de personne qui s'y pressent.

— Ne commence pas à jouer les durs avec moi, croasse son supérieur. Tu es au service de l'armée depuis trop longtemps pour me faire croire que Linda s'inquiète uniquement pour ce qu'il se passe en ce moment.

— Ah, vraiment ? maugrée Marcus. Puisque tu la connais si bien, tu devrais l'inviter.

- Tu m'agaces, soupire Olaf en lorgnant son ami d'un regard frustré. Si elle crève, t'auras ça sur la conscience. T'es au courant de ça ?

Marcus stoppe son pas au milieu du couloir, réajuste les bas de son manteau et réprime un soupir :

— Je sais, OK ? Mais on a d'autres choses à régler avant. Tiens, par exemple : le président ne devait pas passer aujourd'hui ?

Olaf l'incite à poursuivre son chemin d'un léger coup de menton. Ils s'engagent dans la cage de l'ascenseur et Marcus poursuit, comme las, tout en appuyant sur l'interrupteur du troisième.

— Karen m'a demandé de tenir le communiqué de presse auquel il devait assister. Je devais, tu sais, rabâcher mes trucs de scientifique...

— Wane, grogne Olaf, visiblement agacé. On l'a dit ce matin. Le président court dans les rues avec ton beau-frère, idiot.

Marcus est pris par l'envie d'envoyer son poing frapper le nez de son supérieur. Conserver son calme n'avait jamais été son point fort. Encore moins lorsqu'on lui rappelait de délicats sujets qu'il prenait pourtant soin d'enfouir profondément dans sa mémoire. Mais tout cela est trop frais pour déjà s'évaporer. Et Olaf le sait bien.

— Je ne savais pas, gronde Marcus, les jointures des poings colorées de blanc. Mais même si le président butine des corps dans la rue, ça n'empêche pas le communiqué d'avoir lieu. On en profitera pour annoncer à une salle vide que leur président a raté son vol pour les enfers.

***

Les deux hommes s'engagent dans les dédales de l'immeuble, trouvent derrière une double porte de verre une salle garnie d'un présentoir, perché sur une scène aux côtés de son fidèle drapeau tricolore. Ils s'engouffrent dans la pièce, le souffle court. Malgré le fait qu'ils soient en retard, l'endroit est vide de vie.

— Tu vois ? soupire Olaf, visiblement exaspéré. Je te l'avais dit. Aucun journaliste ne se casserait le cul pour venir ici. Ils sont tous avec leur famille. Ou bien dans la rue. De toute façon bientôt on sera...

— Ta gueule, Olaf, ta gueule ! s'emporte son collègue, à bout de nerf.

Sous l'œil perplexe du vieil homme, Marcus se masse les tempes. Les rouages de son cerveau peinent à s'actionner.

— Le monde part totalement en couilles, lui souffle Olaf. Il faut t'habituer à ce que rien ne soit comme avant.

Marcus ne trouve rien à répondre à cela. Son collègue a un mental bien trop endurcis pour lui. Ou bien n'a-t-il personne à pleurer, personne sur qui veiller ; cela facilite probablement les choses.

— Excusez moi, les hèle soudain une voix.

Les deux hommes redressent le menton, stupéfaits, et découvrent au fond de l'endroit une silhouette féminine qui se précipite dans leur direction.

— Je suis venue pour la conférence de presse, indique-t-elle, comme pressée.

Ses cheveux ainsi que son poitrail agité le soulignent également. Marcus plisse les yeux, interdit, et fixe le regard vert de la nouvelle venue.

— Fichez le camp d'ici, gronde Olaf, exaspéré. Le président galope dans les rues, à l'heure qu'il est. Je vous conseille d'aller rejoindre votre famille, vos enfants, votre mari...

— Mon petit ami et mon père galopent dans les rues aux côtés du président, général, siffle-t-elle, un sourcil arqué de méprise. Ma grand-mère attend derrière cette porte que je fasse mon job. Il faut bien que quelqu'un le fasse. Les gens ont le droit de savoir ce qu'il se passe.

Marcus coule son regard vers son ami. Ce dernier, visiblement intéressé par la réplique de la journaliste, croise les bras sur son large torse. Quelques secondes se tassent. Puis il décroise ses bras, abdiquant finalement.
La femme retrouve son sourire. Elle lève sa caméra, concentrée, et la braque sur Marcus. Lui se racle la gorge, quelque peu nerveux. À dire vrai, il ne sait absolument pas ce qu'il va dire. Le contexte actuel est si complexe, si dépourvu de toute explication rationnelle qu'il craint de paraître pour un homme totalement dépassé par les évènements. Et dans un sens, c'est ce qu'il est.

Le voyant rouge de la caméra s'allume.

— Ici Angèle Thomas, en direct de l'Élisée. Je suis en présence du commandant des armées françaises, Olaf Géolande, ainsi que son adjoint et spécialiste des sciences pathogènes, Marcus Wane. Monsieur Wane, pourriez vous nous résumer la situation actuelle, s'il vous plaît...

Marcus déglutit et souffle un bon coup. Pour la première fois de sa vie, son instinct de militaire ne lui laisse entrevoir aucun espoir. Aussi est il incapable d'annoncer que le gouvernement a les choses bien en mains.
Puisque même le président court les rues, désormais.

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