Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre Vingt-Deux : acharnement atroce.

Je relève la tête pour pouvoir la contempler. La planète du Quartier Général, le Royaume Oublié. La familiarité de ce lieu, que j'ai habité plusieurs mois, me serre soudainement le cœur. La mort récente de Gotham et le combat contre les armées lumineuses m'ont tellement fatigués que je ne peux que regarder, avec un semblant de fascination vide, ce qui était autrefois vendu comme la demeure la plus sécurisée de l'univers. Je soupire et reprends la marche sur la petite lune sur laquelle nous nous sommes téléportés. Plus nous avançons vers elle, plus mon instinct s'éveille. Un sentiment d'alerte me prend. Je ralentis et regarde partout autour de moi, essayant de comprendre d'où me vient cet étrange sentiment. Les autres chevaliers continuent leur avancée vers un petit édicule, qui est dans l'axe parfait de la planète. Krell me lance un regard en remarquant mon arrêt. Nos yeux se croisent pendant un instant suffisant pour qu'il comprenne que quelque chose ne va pas. Attentif, le Bélier sort discrètement son arbalète et observe les alentours minutieusement. Je ne le sens pas. Il doit y avoir une centaine de kilomètres avant de pouvoir rejoindre le Royaume Oublié. Une centaine de kilomètres à traverser, à même l'espace, sans rien pour se protéger ou se cacher. Fort heureusement, nous sommes plus rapides que la moyenne humaine. La distance ne devrait pas être trop difficile à couvrir.

Les cheveux volants dans les airs, Noa s'arrête en avant de notre groupe pour ouvrir le petit pot et laisser les cendres de Gotham s'éparpiller dans les airs. Les cendres brillent dans l'air et s'enfoncent dans la voie lactée. Il me semblerait presque qu'elles forment de nouvelles étoiles, mais ce n'est sans doute que mon imagination. Une fois ça fait, le chevalier soupire et nous jette un regard. La couche de nacre qui le recouvre le rend encore plus irréel que d'habitude. Ses ailes faites d'énergie disparaissent progressivement dans son dos. La pression retombe. Et il serait tentant de se laisser aller à la tristesse.

J'ouvre la bouche pour lui demander comment il se sent, lorsqu'une explosion retentit dans l'espace. Un instant après, rien qu'un, et la planète naine située au cœur de l'univers se brise, explosant dans un brouillard de feu et de terre. Wana pousse un hurlement horrifié. C'est la seule qui a le temps de réagir. Elle porte une main à sa bouche en montrant un vaisseau qui vient d'apparaître dans les hauteurs.

-Ils font exploser la planète !

Mon instinct réagit, mon corps tremble et je relève le regard. Mes poings tremblants se serrent. Ils sont là. Les vaisseaux des armées lumineuses dardent sur notre Quartier Général leurs rayons désintégrateurs. Un violent pincement au cœur me prend. J'ai envie de vomir. Ils détruisent tout. Je suis incapable d'écarter mes yeux de ce spectacle horrible. Je ne sais pas comment les chevaliers réagissent autour de moi. Tout ce que je vois, tout ce que j'entends, ce sont les explosions et les débris qui volent dans tous les sens, je ne sens que l'onde des explosions qui frappent et foudroient mon corps et qui rendent la scène trop réelle. La planète vient d'être réduite à feu et à cendre. Le souffle des explosions rempli mes tympans. Le craquement de la terre déchire le silence de l'espace. Puis, un silence horrible. La planète est devenue un amas de poussière compacte. Ils ont tout détruit.

Nous n'aurons pas l'occasion de pouvoir faire un dernier adieu à Gotham. Ou plutôt, nous l'avons déjà fait. C'est simplement que nous ne le savions pas. Ils ont tout détruit. L'évidence me résonne dans la tête en même temps que le désastre se forme sous mes yeux. Des bruits de pas m'indiquent que les soldats viennent d'atterrir sur la lune où nous sommes. Je les sens, d'un concert automatique et inhumain, pointer leurs lances dans notre direction.

-Vous allez nous suivre, dit l'un d'entre eux.

Mirza, les yeux brillants, fait un pas en avant, les yeux brillants. La rage a rempli son aura. Il est tellement en colère que l'air se réchauffe autour de lui. La chaleur du soleil devient volcanique et il s'apprête à tirer son épée lourde de son fourreau. Wana s'interpose en mettant sa main sur son torse, le retenant juste à temps pour qu'il se ressaisisse.

-Mirza, arrête, murmure-t-elle.

Le Lion respire lourdement, les poings serrés le long de son corps. Il y a vécu huit ans. Il a vécu huit ans dans ce Quartier Général. Il s'y lève, y dort, s'y entraîne et vit à l'intérieur depuis huit longues années. Il y a vécu le plus longtemps, mais pour tous les autres chevaliers, je n'ose imaginer la perte idéologique et le choc que ça doit leur faire. Pire encore, c'est toute la mémoire, tout l'historique des chevaliers que ces armées lumineuses viennent de détruire. C'est le cristal de la Grande Ours qu'elles viennent d'explorer, la salle des souvenirs, la bibliothèque, la salle d'entraînement, les chambres, la salle d'astrologie... tout. Tout. Tout a disparu dans une explosion rougeoyante, aussi rougeoyante que le sang. Les Chevaliers pourront être nominés après la destruction de cette étoile ? Allons-nous garder nos pouvoirs ou vont-ils disparaître en même temps que la Grande Ours ? Quelles vont être les répercussions sur nos capacités et notre habileté à combattre l'univers entier ? Mes questions sans réponses sont illustrés par les restes de la planète qui volettent sans but sous mes yeux. Mon cœur me fait mal dans ma poitrine.

Nous n'avons pas le choix. Le soldat qui s'est avancé vers nous à l'air d'être un général, du moins, c'est l'impression qu'il me donne. Il a une armure plus imposante, un casque plus haut et une épée au lieu d'une lance. Un vaisseau est juste derrière nous, et on nous demande expressément d'y entrer. Personne n'est en capacité de réagir. Mirah seule trouve la force de laisser libre court à sa colère.

-Espèce de putain d'enfoirés de merde ! vocifère-t-elle en prenant son arme de ses deux mains. Je vais tous vous arracher les entrailles pour vous les faire bouffer, putain de bordel ! Vous êtes encore pire que les Vile, sales connards de vos races !

Elle hurle une nouvelle fois, mais de douleur, lorsqu'une lance se pose dans son dos et électrifie son corps. Zircon réagit le premier en attrapant l'arme pour qu'elle cesse de la toucher, mais il se prend lui aussi une décharge qui paralyse tout son corps. Mirza sert les dents et gronde devant le spectacle, les poings tremblants. Il va exploser. C'est une très mauvaise idée d'oser faire du mal à sa sœur. La décharge dure quelques longues seconde, puis la Vierge s'écrase contre le sol terreux de la lune. Elle respire difficilement. Elle se redresse sur ses bras, haletante, puis jette toute sa haine par un regard noir en direction du soldat.

Tila et Zircon l'aident à se relever, puis sous la menace, on nous pousse dans le vaisseau des lumineux. Je ne sais pas ce qui nous attend, mais nous faire du mal ne semble déranger personne. Mirza n'arrive pas à se calmer. Les autres chevaliers sont complètement sonnés par ce qu'il vient de se passer. On nous emmène à la vitesse de l'éclair quelque part sans nous en informer. Qu'est-ce qu'il va se passer ? Personne ne le sait, et personne ne réfléchit à ça. On nous force à nous asseoir dans une pièce noire du vaisseau, puis on nous enferme. Aucune échappatoire. Nagini se réfugie entre mes bras, sifflant son interrogation. Je ne réagis pas. Alors, elle pose sa tête contre mon cou, et siffle. Je sens brusquement toute ma tétanie se faire aspirer hors de mon corps et sursaute.

Le serpent s'échappe de mes mains pour répéter la même opération avec les autres chevaliers. Quand je croise son regard jade, et qu'elle me siffle à nouveau dessus, je comprends ce qu'elle veut dire. Pas le temps. On ne peut pas se permettre d'avoir le moindre instant de répit. Alors, elle délivre les chevaliers de leur choc, un par un, en prenant soin de terminer par Mirza. Le Lion est tellement en colère que ses yeux n'ont pas cessés de briller. Ses poings sont toujours aussi serrés sur ses genoux. Je n'ai jamais senti son aura aussi lourde et menaçante qu'aujourd'hui.

Mon serpent grimpe le long de son bras, lentement, puis siffle dans son cou. Il ne réagit pas. Elle prend le risque de se frotter contre sa peau. Mirza pousse un profond soupir et ferme les yeux, laissant ses poings se détendre. Prenant cette réaction comme un assentiment, Nagini se permet d'aspirer ce qui le ronge. Il ne rouvre pas les yeux avant qu'elle ne revienne sur mes genoux.

-Qu'est-ce qu'on fait ? murmure Tila.

Nous sommes tous toujours assis, les mains sur les genoux, sans savoir comment réagir. Noa balaye rapidement la cabine du regard, puis grimace.

-On ne doit pas bouger. La pièce est blindée de capteurs de mouvements.

Mirza reste silencieux, les yeux plantés droit devant lui. Mirah, elle, frotte ses bras meurtris de brûlure en grimaçant.

-Ils sont putain de casse couille, grogne-t-elle.

-Pourquoi avoir explosé le Quartier Général ? demandé-je. Comment il vont expliquer une chose pareille ? Ils viennent de détruire tout ce qui fait l'identité de la dimension !

-Sans Quartier Général, plus de chevaliers, murmure Zircon de l'autre côté de la cabine. Et sans chevaliers, plus de problème pour le Conseil Galactique. Ils pourront manipuler leur monde avec leur armée plus facilement.

-Ils vont nous remettre l'explosion du Q.G sur le dos, soupire Wana en baissant la tête. C'est la suite logique de leur plan. Sans doute pour réclamer la suprématie du pouvoir politique et pouvoir asseoir leur domination sans devoir s'encombrer d'un parti adverse. On vient de leur faciliter la tâche à venir dans les parages, c'était une excuse servie sur une galaxie d'or...

-Qu'ils aillent tous se faire foutre ! siffle Mirah. S'ils croient que je vais me laisser faire, ils se foutent des épines dans les mains ! On ne sait même pas où on va !

Mirza tourne à peine ses yeux vers Noa. Le dragon inspire, reste perdu dans le vide quelques instants, manifestement à l'écoute.

-Qu'est-ce que tu fais ? demande Wana.

-Chut, murmure Noa. Ils parlent.

Je fronce mes sourcils et tends l'oreille. J'entends en effet des voix étouffées, de l'autre côté de la cabine. Noa semble pouvoir les comprendre. Nous arrêtons tous de respirer, le laissant se concentrer et essayant nous-mêmes de savoir ce qu'il se trame, lorsqu'une grimace tord le visage du dragon. Krell perd patience.

-Qu'est-ce qu'ils disent ?

-La ferme, râle à voix basse Zircon.

Il se prend un regard noir de la part du brun. Ses yeux rubis se mettent à briller, mais il a la sage attitude de ne rien répliquer et se contente de pincer ses lèvres. Quelques secondes plus tard, Noa redresse la tête.

-Mauvaise nouvelle, nous apprend-il.

-On n'aurait pas deviné ! râle Mirah.

Noa darde un regard désolé sur Mirza. Ce dernier se tend à nouveau et pince ses lèvres. Il détourne le regard et lance des éclairs du regard au mur de la cabine. La Vierge regarde son frère. En voyant qu'il ne dira rien, elle reporte son attention vers Noa.

-Eh bah quoi ?

-On se rend sur Grandirzma, murmure le dragon.

Mirza resserre les poings. J'entends ses os craquer. Nagini, toujours entre mes bras, siffle de mécontentement vers lui, mais il n'en prend pas garde. Nerveusement, je touche à nouveau ma bague, me doutant que ça ne va pas être la joie.

-Qu'est-ce que c'est ? demandé-je timidement.

Ce n'est peut-être pas le moment de me faire un cours sur les planètes des uns et des autres, mais j'ai besoin de savoir où on va. Krell et Zircon ont détournés le regard, Tila regarde dans le vide, Yahim est à nouveau statufié et Lazuli tripote ses cheveux en regardant dans tous les coins. Azolt passe la main sur sa nuque et trouve l'inspiration pour me répondre.

-La galaxie de Mirza, murmure-t-il. Des habitants dorés, riches, et...

-Et qui soutiennent le Conseil Galactique, puisque leur président d'honneur est le roi de cette immense galaxie, rajoute Wana en tapant des doigts sur son genoux. La plus puissante et la plus riche de tout notre univers.

Et donc, en conséquence, celle sur laquelle on ne doit surtout pas aller. L'aura de Mirza, déjà volcanique, se charge d'une colère sombre. Il inspire longuement. Il est perdu dans ses pensées. Je vois bien qu'il n'a pas envie de prononcer un mot, alors je n'insiste pas. Mais son attitude est étrange. Trop tendue, trop nerveuse. Je sais qu'il ne s'entend pas avec son père, et j'ai soudainement peur que ça soit plus qu'une petite dispute de famille. Habituellement, c'est lui qui arrive à tempérer toutes nos rencontres avec les autres planètes. Là, cette fois, on va sur sa planète, et il ne prend pas le temps de nous rassurer ou de mettre au point un plan diplomatique. J'ai l'impression que la tension est montée d'un cran. Je ne le sens pas du tout. Il y a à peine une heure, je pouvais le taquiner et on jouait à nouveau ensemble à notre jeu stupide du « j'ai toujours raison ». Maintenant, j'ai l'impression que même si je lui parle, il ne me répondra pas.

Mirah est tout aussi stoïque et renfermée que son frère. Elle tient son marteau dans sa main - qu'étrangement les soldats lui ont laissés, preuve qu'ils ne sont pas si compétents que ça - et regarde droit devant elle sans faire attention aux autres. Du coin de l'œil, je vois Zircon toucher sa boucle d'oreille.

-Tu n'as plus de sombre pur ? murmuré-je.

Les regards d'Azolt et Tila se tournent aussi vers lui. Le Scorpion secoue sa tête.

-Non, ça va de ce côté-là.

-Tu vas pouvoir tenir ? insiste Tila.

Le noiraud grimace.

-C'est là où j'ai des doutes.

-Pourquoi ? demandé-je.

-Grandirzma est bombardée de lumière pure, m'indique Tila. C'est la raison pour laquelle les enfants et la plupart des adultes ont la peau dorée.

Aïe. Cette dose de source lumineuse pourrait faire très mal à notre Scorpion. Noa fronce ses sourcils.

-Tu en as encore pour combien de temps ?

-Trois injections, soit environ quatre jours, murmure Zircon.

-Ça devrait aller, non ? s'enquiert Wana.

Elle pose la question à Noa. Ce dernier réfléchit à toute vitesse, toutes ses capacités retrouvées et manifestement sa fatigue annihilée à la suite de l'intervention de Nagini. Elle est toujours enroulée dans mes bras, et fixe depuis tout à l'heure le Lion comme pour lui demander de la regarder. Mais depuis tout à l'heure, Mirza n'a pas d'autre réaction que de faire briller ses yeux.

-Tu as une armure draconique, marmonne Noa pour le noiraud, ton métabolisme doit s'être un peu habitué à la lumière, tu as la résistance des chevaliers du Zodiaque, puis tu n'es pas toxique, alors...

-Ça va le faire, résume Wana en regardant à nouveau droit devant elle.

Encore quelques minutes passent dans le silence, pendant lequel pas un seul chevalier ne pousse un soupir. Une secousse fait trembler le vaisseau. Nagini redresse la tête et siffle vers la porte, qui ne tarde pas à coulisser sur le côté pour laisser apparaître les soldats de tout à l'heure. Ils se prennent des regards noirs de la part des chevaliers, mais ne semblent pas s'en formaliser plus que ça. L'un d'eux aperçoit Nagini, et se dirige vers moi d'un pas sec. Je sers mon serpent contre moi en le mettant au défi d'approcher.

-C'est l'animal du Zodiaque ? se renseigne-t-il.

-Non, c'est ma peluche pour dormir, rétorqué-je.

J'affiche une expression de joueuse de poker professionnel, évitant à tout prix le sarcasme dans ma voix ou dans mon regard. Je ne sais pas ce qu'ils veulent, mais hors de question qu'ils touchent à mon serpent.

Le soldat lance un regard à son coéquipier, puis lui fait signe. Sans que je n'aie le temps de réagir, il prend Nagini de mes bras et la balance dans une cage.

-Hé ! m'insurgé-je.

Je me relève, prête à récupérer mon serpent par la force s'il le faut. Elle crache et siffle vers les soldats, qui tendent leurs armes vers elle avant de brusquement l'électrifier. Je sens une décharge électrique me parcourir violemment le corps et hurle en me pliant en deux, mains contre mon cœur. Les chevaliers autour de moi se relèvent, même Mirza.

-Arrêtez ça ! hurle Wana. Arrêtez ça tout de suite !

-Si vous ne voulez pas que cette immondice meure d'électrocution, je vous suggère de nous suivre sans faire de problème. Sinon...

Une deuxième charge électrique parcourt mon corps, en même temps que celui de Nagini, et recommence à me faire hurler. Mirah grince des dents et menace de son marteau les soldats, mais la charge s'intensifie, augmentant ma douleur et la force de mon cri. Je n'ai jamais rien sentit d'aussi douloureux. Et pourquoi ce que sent Nagini, je le ressens ?! La réponse vient toute seule à moi. Nagini est l'animal du Zodiaque. Je suis le chevalier du Zodiaque. Et elle m'apparaît parce qu'elle n'a jamais fusionné physiquement avec quelqu'un d'autre qu'Ophiuchus... ce qui ne veut pas dire que nous n'avons pas fusionnés d'une autre façon. Nous avons un lien. Sinon, je ne serais pas Serpentaire.

Lorsque la charge cesse de m'assaillir, je tombe au sol, les os encore tremblants. Azolt et Wana m'aident à me redresser, mais je n'arrive pas à tenir sur mes jambes. Elles frissonnentt trop. Noa les examine pendant deux minutes avant de me rassurer.

-Ce n'est que temporaire. Tu auras récupéré d'ici cinq minutes.

Un ricanement moqueur nous parvient de la part des deux soldats. Ils se prennent des regards noirs de mes camarades, et une autre décharge d'à peine une seconde me traverse à nouveau le cœur. Je pousse un cri aussi surpris que de douleur.

-Sans faire de problème, j'ai dit.

Espèce d'enfoiré. J'adorerais pouvoir lui dire ce que je pense, mais sans me prendre une douloureuse punition derrière. Mirza me prend dans ses bras et me porte comme un bébé en se décidant à suivre les soldats, sans un regard pour les autres. Nous n'avons de toute façon pas le choix. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, mais ce n'est pas à cause de notre proximité. C'est à cause de la douleur. J'ai l'impression de m'être reçu l'électricité en plein cœur, pas au travers de ma peau ou de mes os. Mon corps entier en souffre.

Les minutes s'écoulant, je récupère petit à petit grâce à ma guérison de Serpentaire. Nagini est transportée par les soldats, devant moi, dans sa cage. Elle siffle et essaye de se libérer, mais les barreaux sont trop minces pour son corps doré. Ils n'essayent même pas de la tenir en vie, laissant la cage se cogner contre leur jambe et mon serpent contre les barreaux sans que ça ne leur pose le moindre problème. Elle leur crache dessus en montrant ses crocs, mais ils n'en ont rien à faire. Je commence à sentir les bleus sur tout mon corps. C'est à cause des coups qu'elle se prend. Je n'ai pas la force ou même l'envie de lui demander d'arrêter.

Je me redresse pour marcher, désormais presque guérie, avec l'intention ferme d'aller récupérer mon serpent. Mirza me sert plus fort dans ses bras sans me laisser ce loisir. En lui jetant un regard, je constate qu'il regarde droit devant lui, les lèvres pincées, sans prononcer un mot. Il a deviné mes intentions sans même poser ses yeux sur moi. En d'autres termes, je vais devoir rester dans ses bras comme une princesse pendant encore quelques minutes. Noa me fait remarquer d'un regard lourd de sens que personne n'est dupe dans le groupe. Soit, que je ne suis pas près de marcher.

En soupirant, je m'affale dans les bras du blond cuivré et regarde la décoration autour de nous. De l'or, de l'or, et de l'or, je ne vois que ça sous des tapis de velours rouge. Des fresques immenses décorent les murs, de couleurs tout aussi riches que le reste du couloir. Nous sommes en intérieur, et dans ce qui semble être un palais d'inspiration plutôt égyptienne et antique. Des colonnes immenses soutiennent un plafond marbré de dorures, des statues aussi grandes que les colonnes de héros ou dieux que je ne reconnais pas encadrent les immenses ouvertures.

Quelque peu surprise, je remarque entre autre sur les statues représentants des déités les prénoms de deux de nos chevaliers. Le premier, « Mirza, dieu de la guerre », et le second, « Mirah, déesse de l'amour ». Une voix purement moqueuse en moi m'indique qu'ils portent très mal leur prénom. Ils auraient même dû les inverser.

En guise de portes, des tissus de velours encore plus lourds que le marteau de Mirah tombent paresseusement sur le sol. Ils sont retenus sur les côtés par des cordages tout aussi doré que le reste de la décoration. Et, sur le sol, nous marchons sur un tapis... en velours rouge.

Je reporte mon attention sur le Lion. Il est toujours aussi maussade. Comme j'en suis réduite à observer autour de moi, pour nous trouver une éventuelle porte de sortie - ce qui jusqu'à présent est un échec, je m'approche de son oreille pour me permettre un petit commentaire.

-Je vais finir par prendre un coup de soleil, à force de voir autant de brillant. Question matériaux, on ne peut pas dire qu'il y ait une grande originalité.

J'ai le mérite de le dérider un peu, ce qui me rempli de satisfaction. Derrière, Zircon roule ses yeux face à ma remarque, et Wana se passe la main sur sa figure. Certains autres comme Azolt ou Krell se contentent de secouer la tête. Pour une fois, j'ai peut-être dit une bêtise qui sert l'ensemble du groupe. Ils sont tellement tendus qu'ils pourraient rire à n'importe quoi. À ceci près que l'humour ne nous étreint pas après la scène macabre de l'explosion du refuge éternel de notre Ordre.

Les rideaux de la dernière ouverture sont fermés. Les deux soldats se postent devant et nous font face, toujours l'un ayant ma Nagini dans sa cage, qui lui crache toujours dessus. Mirza me pose par terre, sans les quitter des yeux. Ils menacent de briller.

-Le roi va vous recevoir. Sentez-vous honorés.

-Va te faire foutre, grommelle Mirah derrière moi.

Je prie pour que le soldat ne l'ait pas entendue, mais l'instant d'après, une décharge en plein cœur m'informe qu'il n'a pas apprécié la remarque. Je pousse un léger cri en portant automatiquement une main à ma poitrine, pinçant mes lèvres pour ne rien dire de plus. Mirza pousse un soupir, serrant les dents. Je peux sentir l'inquiétude prendre le groupe comme le froid prend l'hiver. Je les rassure en levant la main.

-Ça va, murmuré-je. Je vais bien.

J'ai le temps de me redresser, soufflant lentement pour essayer de calmer mon cœur, puis je vois les deux rideaux bloquant l'entrée de la prochaine salle s'ouvrir juste devant nous. Les soldats nous font signe d'entrer, menaçant mon serpent. Sans nous faire prier, nous pénétrons dans la salle d'un pas vif et très agacé.

La salle est en demi-cercle, immense, mais plongée dans l'ombre. Les fenêtres sont recouvertes par des rideaux de velours rouges, ce qui donne une ambiance inquiétante au lieu. Deux torches immenses font brûler un feu orange et rouge, qui éclairent des fresques onéreuses qui courent tout le long du plafond et des murs. Elles représentent des scènes de batailles dans un registre épique et glorieux, mais je suppose que, comme toujours, la véritable histoire est différente. Au centre de la pièce, sur un podium, un trône doré et tapissé de coussins de velours rouge domine toute la salle. Et, dessus, se trouve un homme. Le roi, je suppose.

Une fois face à lui, nous nous arrêtons, le regardant tous très attentivement. Le président du Conseil Galactique. Il n'a d'yeux que pour Mirza. Sa peau est presque aussi dorée que son trône, et ses cheveux sont d'un cuivre qui me fait mal aux yeux. Il a une barbe taillée sur sa mâchoire carrée, et une carrure massive. Il porte un vêtement fait d'or et de blanc, parsemé de taches noires. Elles me rappellent l'hermine de ma dimension. Le roi fait un léger sourire au Lion.

-Bonjour, mon fils.

Hein ? Mes yeux ronds se tournent vers Mirza. Quoi ? Fils ? Est-ce que j'ai bien entendu ? Mirza est le fil du président du Conseil Galactique ? Qui est le roi de Grandirzma ? Et qui retient Nagini dans une cage ? Enfin, pas directement, mais je suppose qu'il en a donné l'ordre.

-Bonjour, père, siffle Mirza d'une voix sombre.

À son ton, personne n'a de problème à deviner que Mirza ne porte pas cet homme dans son cœur. Rien qu'à sa façon de le regarder, avec distance, froideur et colère, ça saute aux yeux. Et ça ne lui ressemble tellement pas que ça ne peut qu'aspirer la méfiance. Le roi relève ses yeux sur Mirah, juste derrière son frère. Elle fixe avec hargne sanguinaire l'homme en haut de son trône. Si cet homme est le père de Mirza... ça signifie qu'il est aussi celui de Mirah. Le mec qui a abandonné sa mère et qui l'a conduit à une mort certaine. Le sale type qui a fait d'elle une orpheline, jusqu'à-ce qu'elle rejoigne les rangs des Chevaliers du Zodiaque. Rien d'étonnant à ce qu'elle ait pris du temps à accepter Mirza. Au moins, ce dernier semble détester son père autant qu'elle.

-Je suis ravi de voir que tu as retrouvé notre princesse.

-Je ne suis certainement pas votre fille, crache Mirah.

Elle sert plus fort le marteau qu'elle tient dans sa main. En le voyant, le roi hausse un sourcil.

-Tu as gardé le marteau de ta mère ? Je croyais l'avoir perdu à jamais.

-Tu aurais pris tes couilles pour la garder en vie, tu l'aurais vu, rétorque Mirah.

Aïe. Si elle commence à tutoyer le roi alors que même son fils - Mirza - ne se le permet pas, c'est qu'elle va au-devant de grands ennuis. Quand je dis ennuis, je dis charge électrique que je me prends dans la poitrine. Et, au cas où on me poserait la question, non, ça ne me tente pas plus que ça. Le roi repose ses yeux sur elle, sans rien montrer de particulier.

-Tu n'étais pas censé survivre, commente-t-il. Ta mère non plus, mais de ce que je vois, elle n'est heureusement plus de ce monde. J'aurais aimé que tu la suives dans la tombe, mais il faut croire que tu es plus tenace qu'elle... quelque part, je t'en félicite. Ce qui ne veut pas dire que je suis ravi de ta présence parmi les vivants, rassure-toi. J'aurais préféré que tu n'existes pas, pour être tout à fait honnête.

Mirah s'avance d'un pas, un grondement sourd montant dans sa gorge. Elle est fort heureusement rattrapée par Zircon. Le Scorpion lui sert le bras en la maintenant sur place, l'empêchant de faire une grosse connerie. A côté de moi, les yeux de Mirza se mettent à briller plus fort. J'entends ses jointures craquer à cause de ses poings serrés et sa mâchoire se crisper. Ce roi voulait la mort de sa femme et de sa fille ? Mais il est malade ? Quel genre de monstre peut vouloir une chose pareille ?

-Je ne suis pas surpris pour autant que tu fasses partie de l'Ordre, se permet-il à nouveau de commenter. Notre famille a toujours été dans ces rangs. En revanche, la couleur de ta peau... je suis heureux que tu ne sois pas née dans notre galaxie et que tu n'étales pas tes origines devant le monde. Une tâche ne peut pas venir ternir notre lignée.

Mirah gronde plus fort et Mirza contracte plus fortement encore sa mâchoire, les yeux dangereusement luisants. Comment ce type peut-il oser proférer de telles paroles ? Axel avait donc raison. Les plus hauts dirigeants du Conseil Galactique s'arrangent toujours pour manipuler l'horoscope et faire en sorte que leur progéniture se retrouve dans les rangs des chevaliers. Ne pense pas à ça. Ce n'est pas le moment. Et les enfants ne ressemblent pas forcément à leur parent. Aucun de Mirza ou de Mirah n'agirait comme cet homme en ce moment-même.

-Pourquoi avoir fait exploser le Royaume Oublié ? demandé-je.

Le roi ne prend même pas la peine de tourner son regard vers moi. C'est comme si je n'avais rien demandé. Mirza à côté de moi inspire longuement, conservant son calme. Je l'admire.

-Répondez à la question.

-Quelle question ? fait mine de s'étonner le roi.

-Ne faites pas l'innocent. Pourquoi avoir fait exploser notre planète ? s'agace Mirza.

-Ce n'est pas ta planète, Mirza, tu le sais très bien.

-Il me semble pouvoir décider de ça sans votre aide. Répondez à la question.

Le roi soupire et passe ses doigts sur son menton, comme le fait si souvent Mirza lorsqu'il se questionne. Mais le Lion est beaucoup plus attendrissant quand il fait ce geste que lui.

-Décision du Conseil.

-Vous prenez des décisions complètement connes ! éclate Mirah.

Le roi durcit ses traits, sans jamais m'accorder un seul regard. Il semble de moins en moins calme, et comme son fils, ne le montre que part une voix plus froide et un visage plus distant. Il faut que j'arrête de les comparer. Mirza n'a rien à voir avec cet homme. Il est courageux, altruiste, et il connaît la notion de sacrifice de soi. Ce qui ne semble pas être le cas de ce roi.

-Je suis surpris que vous ayez toi et ton ignoble... sœur pris part à l'infamie de cette... chose.

Il me pointe du menton avec un regard hautain. Personnellement, je sens mon regard se durcir et se noircir vers lui, en même temps que mes poings se serrent. Je ne suis certainement pas réputée pour mon calme et s'attaquer à mon égo est la meilleure façon de me faire réagir. Mais je ne peux pas. Je ne peux rien répliquer sans craindre de mourir, alors je préfère me taire, pour une fois, malgré l'envie de rétorquer qui me démange la langue.

-Pourquoi une telle hérésie se trouve au-devant de votre groupe ? demande plus fort le roi. Cette proscrite n'a rien à faire dans vos rangs.

-Je ne crois pas vous avoir demandé votre avis, rétorque Mirza d'une voix sèche.

-Tu aurais dû, s'insurge le roi. Mais je vais régler ce problème.

Il fait signe à ses deux soldats d'approcher, avec Nagini dans sa cage. J'arrête de respirer, le sang se retire de mon visage. Que fait-il ? Pourquoi semble-t-il si sûr de lui ? Les deux soldats masqués mettent mon serpent sans aucune douceur sur un socle, puis pointent leurs lances dans sa direction. Nagini se tapit dans sa cage et leur crache dessus.

-Ne faites pas ça ! s'écrie subitement Wana. Vous allez la tuer !

-C'est le but escompté, réplique le roi.

-Vous n'avez pas le droit de réduire à néant tout un ordre ! s'insurge la Balance.

Il hausse un sourcil, avant de faire signe à ses soldats. En voyant leur lance s'électriser, je panique. Et je crois que j'ai le droit.

-Non ! m'écrié-je. Atten...

Une double décharge provoquée par les lances des soldats me fait subitement hurler. Je porte mes mains à ma poitrine, à l'emplacement de mon cœur et m'écrase contre le sol. Lazuli et Noa se précipitent vers moi pour m'aider, de même que Mirza, mais d'autres soldats arrivent et les empêche de me rejoindre, les retenant pour qu'ils ne puissent pas me porter secours. Je me tortille sur le tapis de velours. Mon cœur se comprime, tressaute, se tord et le sang explose dans mes artères. Puis, soudainement, la décharge s'arrête. Je halète, en sueur, le corps encore tremblant de douleur, le cerveau complètement retourné par ce qu'il vient de se passer. Je ne vais pas arriver à subir ça longtemps.

-C'est pathétique, commente le roi.

-Arrêtez ça tout de suite, ordonne Mirza.

Sa voix est si dure, sourde, que je ne la reconnais pas.

-Au nom de quoi ? s'enquiert le roi en haussant un sourcil. Tu seras roi un jour, mon fils, il va falloir que tu apprennes à respecter nos lois. Les Serpentaires sont des traîtres, ils doivent mourir et c'est tout.

-Je vous interdis de la juger sur des faits qui ne peuvent pas lui être reprochés ! hurle le Lion.

Sa voix tonne violemment dans la salle. Il est à bout de nerf. Mirah est difficilement contenue par les soldats, mais ses yeux brillent, luisants comme deux points agates dans l'air. Ma vision se brouille, mes oreilles se remplissent d'un acouphène. Ça ne suffit pourtant pas pour que la voix du Lion perde en clarté sur mes tympans.

-Vous allez tuer et détruire tout un ordre, toute une galaxie, simplement par pur égoïsme de vos préjugés !

-Si l'autre dimension disparaît en même temps que cette vermine d'animal, je ne vois pas le problème, réplique tranquillement le roi. Ne me dis pas que tu t'es attaché à cette Sang-Serpia ? Que vous vous êtes tous attaché ? Cette saloperie devrait être lapidée en place publique, je lui offre déjà un traitement de faveur en confinant sa fin dans un cadre aussi privé. Tu aurais préféré que je retire chaque pan de sa peau devant tous comme il est coutume de le faire ? Ça peut encore s'arranger.

-Personne de censé ne voudrait la mort de toute une galaxie, réplique avec véhémence Wana au loin.

-Relève-toi.

Je voudrais bien me relever, mais j'ai trop mal pour bouger le petit doigt. J'essaye de me redresser, mais mes muscles tressautent encore de l'attaque que je viens de me prendre dans la figure. Face à cette tentative, une autre décharge me vient en plein cœur, et me fait pousser un cri de douleur.

-Ora, relève-toi.

Je ne peux pas !

-Si, tu peux.

Je grogne et essaye de l'ordre dans mes pensées, de savoir ce qui se dit dans la salle. De comprendre pourquoi d'un coup, tout le monde cris, même le roi. J'aimerais savoir pourquoi les soldats ont de plus en plus de mal à retenir les chevaliers, pourquoi les lances forment des boules lumineuses au bout de leurs piques, pourquoi...

-Ora, lève-toi !

Une autre décharge traverse brusquement mon cœur, mais cette fois, elle rempli mon corps d'une énergie nouvelle et me force à me relever, pour me jeter sur la cage où est enfermée Nagini et la basculer sur le sol, avec moi. L'instant d'après, les deux boules d'énergie des lances des soldats partent s'écraser contre le socle, le réduisant en mille morceaux. Haletante, je regarde le résultat les yeux exorbités, le cœur battant comme un fou dans ma poitrine. Mon serpent siffle dans sa cage.

-Attrapez-là !

-Touchez-là et je vous bute !

Mirah se démène encore plus violemment entre les bras des soldats, et finit par les envoyer valser au loin avec un coup de marteau. Il n'en faut pas plus pour que tous fassent pareil. Je donne un violent coup dans la cage, cassant les barreaux, et laisse mon serpent monter sur mon bras. L'instant d'après, je me rue sur le côté, à nouveau mue par cet instinct qui ne m'appartient pas. Une boule de lumière se jette sur le sol, juste à l'endroit où je me trouvais. Mes sourcils se froncent de colère. Ça m'énerve. Pourquoi on veut toujours me tuer !

Le roi se lève de son trône, le visage défiguré par la colère face au désordre provoqué par sa tentative ratée de meurtre à mon encontre. Il prend une épée à son côté et descend du podium, se dirigeant vers moi. Je me relève, me mettant en position de combat face à lui, mais ça ne l'intimide pas du tout. Je prends deux de mes dagues dans mes mains, prête à riposter, même si j'admets que les décharges que je viens de me prendre me dissuadent rapidement de tirer de trop sur mes muscles. Je chancelle, ce que le roi le manque de remarquer.

-Tu n'as aucune chance face à moi, plastronne-t-il.

-Vous avez une décoration trop tape-à-l'œil, ça m'abîme les yeux autant que de voir votre visage, rétorqué-je.

Mon insolence ne m'a pas quitté, et cette fois j'en suis bien contente. Nagini siffle sur mon épaule, dédaignant l'homme face à moi. Le roi lève son épée, puis l'abat brusquement droit vers ma tête.

Une autre épée croise le fer avec la sienne sans que je n'aie besoin de faire le moindre geste. Je retiens mon souffle, surprise, observant Mirza se mesurer face à son père, les yeux aussi brillants que des étoiles.

-Je vous interdis de la toucher.

-Écarte-toi de mon chemin, réplique le roi.

-Je peux me défendre toute seule ! rajouté-je.

Aucun des deux hommes ne m'accorde la moindre attention. Heureusement, parce que c'est mon égo qui vient de parler. Mes muscles ne supporteront pas longtemps un exercice physique trop intense, je le sens bien, mais par fierté je décide quand même de râler lorsque le Lion prend ma défense. Même si c'est le plus sexy de tout l'univers, il n'y a - presque - pas de raison pour ne pas me laisser me débrouiller toute seule !

-Tu es insupportable...

Je fusille le vide devant moi, visant la voix qui me parle depuis tout à l'heure. Je suis certaine qu'il s'agit d'Ophiuchus. Si c'est bel et bien lui qui vient de dire cette phrase, alors ça nous fait un point commun ! Mirza contre à nouveau l'un des coups de son père, se mettant devant moi. Et merde. Maintenant, le fils se bat contre le père pour me défendre, et moi, je ne suis pas foutue de pouvoir l'aider. Ou alors... je regarde autour de moi en essayant de trouver un moyen d'arrêter toute cette folie. Un groupe de soldats court dans ma direction. J'étouffe un juron.

-Mais vous ne pouvez pas me laisser tranquille, moi pauvre terrienne innocente ! râlé-je.

Je cours vers les épais rideaux cachant les fenêtres, ayant une petite idée, mais je ne suis pas capable de courir trop vite. Heureusement, Zircon surgit de nulle par et cogne l'un des soldats de son épaule, provoquant un parfait domino que je suis tentée d'applaudir. Il reprend sa foutue manie de remettre ses cheveux correctement sur sa tête, puis me lance un regard.

-Qu'est-ce que tu fiches ? s'agace-t-il.

-Aide-moi à les amener par-là ! lui crié-je.

-Et pourquoi je ferais un truc pareil ?

-Parce que je te le demande, abruti !

Le Scorpion marmonne un « abrutie toi-même » avant de repartir dans la bataille qui fait rage. Je me dirige jusqu'aux rideaux de velours rouges accrochés aux fenêtres, puis commence à grimper sur l'épais cordage, remerciant Gotham de m'avoir forcé pendant toute une après-midi à m'accrocher à ceux de la salle d'entraînement. Puis, je m'agrippe à une moulure au plafond, me servant de ses décorations en or pour me stabiliser, et regarde la scène de mon point de vu en hauteur.

Bon, c'est pas mal. Jusque-là, je m'en sors bien. Étape numéro deux : réussir à attirer l'attention des abrutis en armure. Ceux que Zircon a fait tomber sont en train de se redresser, et me cherche du regard. Je leur fais signe en agitant mes mains.

-Hé ! Je suis là !

Rien de tel que crier pour attirer l'attention de toute la salle. Wana me fait les gros yeux et Lazuli se frappe la main contre le front, mais je m'en fiche. Les soldats commencent à me viser avec leur lance, mais je réagis avant en tirant avec brusquerie sur le rideau de velours rouge pour le faire tomber sur eux, emportant la tringle au passage. Ce qui... n'était pas prévu. Je regarde l'épais morceau d'or tomber, droit vers moi, et déglutis. Fais chier.

La lumière dorée de la planète inonde brusquement l'intérieur de la salle, brûlant la rétine des soldats comme je l'avais prévu. Déstabilisés, ils se protègent le visage en poussant des cris de douleur et de surprise. Je leur lance un regard noir. S'ils ont mal seulement avec ça ! Zircon étouffe une plainte en se réfugiant à nouveau dans l'ombre, me lançant un regard aussi ténébreux qu'agacé. Ah, oups. J'avais oublié qu'il supportait très mal la lumière de cette planète. Le bruit de la tringle d'or se cognant contre une colonne me ramène au danger imminent de ma situation. Je décide de sauter vers le sol, en espérant atteindre un endroit assez loin pour ne pas me faire écraser, et atterris à terre presque à quatre-pattes.

Une main m'agrippe le bras et me tire sur le côté, me faisant faire un quasi-vol plané vers d'autres rideaux qui cachent d'autres salles. On me pousse en avant derrière les épais velours et je me débats pour me défaire de la poigne qui me tient.

-Non mais hé !

Je me tourne vers la personne responsable de cette attaque et constate qu'il s'agit d'un soldat lumineux. Je retiens mon souffle et tire l'une de mes dagues, prête à en découdre, lorsqu'il retire son casque et secoue sa tête en faisant voler ses cheveux noirs. La mâchoire m'en tombe.

-Meaglin ?!

-Tais-toi ! me rabroue-t-il en me lançant un regard noir.

Il regarde derrière les rideaux rouges la bataille qui gronde dans la salle du trône, puis soupire en pinçant ses lèvres.

-Midas est allé trop loin, cette fois.

-Midas ?!

-La ferme !

Il me lance des éclairs du regard, cependant que je me remets du choc de sa présence. Qu'est-ce qu'il fiche-là, sérieusement ? Je croyais qu'on ne devait pas se revoir ! Et Midas, qui est-ce ? Le père de Mirza ? S'il s'appelle comme ça, il porte plutôt bien son nom. Mais j'espère que je ne vais pas me changer en or dès que sa main touchera mon épaule. Faire partie de la décoration vomitive de ce palais ne m'enchante pas. Un rapide coup d'œil autour de moi m'indique que nous sommes seuls. Je m'apprête à repartir dans la bataille, mais je suis retenue pas l'ancien Scorpion.

-Qu'est-ce que tu crois faire ?

-Je retourne les aider !

-Tu ne seras d'aucune aide, ton cœur a encore besoin de temps pour se remettre des décharges électriques que tu as reçue. Et c'est trop risquer de t'envoyer là-bas avec ton familier !

Pour une fois, il n'a pas tout à fait tort. Je grommelle quand même en croisant les bras, observant avec angoisse la bataille continuer de se déchaîner sous nos yeux. La lumière éclatante que j'ai mise dans la pièce a assez déstabilisée l'ennemi pour permettre aux chevaliers de prendre l'avantage. Zircon a enfin eu une bonne idée et a pris le cordage qui retenait les rideaux contre le mur pour ligoter les soldats lumineux au centre de la salle, aidé par Yahim et Azolt. Mirza et son père semblent enfin avoir arrêté leur duel, probablement parce que Mirah a rejoint son frère. Le frère et la sœur font face à leur père sans fléchir, le dos droit et le regard planté dans le sien. Le roi a exactement la même attitude. Meaglin soupire et pince ses lèvres.

-Ça ne va pas être facile de vous faire sortir de là.

-Comment vous avez réussis à vous infiltrer ici ? demandé-je.

L'ancien Scorpion se dirige vers un couloir sur la gauche et appuie sur un mur doré. Une tablette dorée se détache du mur et il commence à pianoter dessus. Génial, un château magique. Il ne manquait plus que ça pour finir ma journée.

-Je suis un ancien Chevalier du Zodiaque, pas un politique qui n'a jamais bougé son cul de sa vie, réplique-t-il, acerbe. Je sais comment me débrouiller pour passer inaperçu. Ce qui ne semble pas être le point fort de votre génération.

Il me lance un regard lourd de sens et je devine sans peine que la remarque est pour moi. Je grimace, embarrassée, et passe ma main sur ma nuque. Nagini siffle de mécontentement vers Meaglin, qui termine de pianoter sur sa tablette magique.

-Et là, vous faites quoi ? Vous commandez un smoothie ?

-Un quoi ?

Le vétéran fronce ses sourcils. Je pince mes lèvres pour m'empêcher de rire. Ah, oui. Différence de dimension. Il ne peut pas savoir ce que c'est.

-Laissez tomber.

-Je vous réquisitionne un vaisseau. Il faut que vous partiez le plus vite possible.

Ça, je m'en doutais un peu. Cette planète ne m'a décidément pas fait une bonne impression du tout - le fait qu'on ait voulu me tuer y est pour quelque chose. Meaglin fouille dans l'une de ses poches et me montre un paquet de bille, qui m'est bien familier. Je me rembrunis et le fixe comme une idiote. C'est celui de Merolt.

-Je vais me servir de ça pour faire diversion, m'apprend-il. Tu feras signe à tes camarades de rappliquer ici. Vous prendrez ce couloir-là, me dit-il en me montrant le couloir de gauche. Au bout, tu y trouveras un vaisseau. Partez sans attendre.

-Et vous ?

Il se dirige vivement vers la salle principale, écartant à peine le rideau. Un soupir traverse son corps et il roule ses yeux en remettant son casque.

-Arrête de t'en faire pour tout le monde, gamine. Tu fais ce qu'il faut pour sauver la peau de ton groupe, et c'est tout.

Puis il disparaît comme ça de ma vue. Je reste un instant sans savoir quoi dire. Mon cerveau a besoin d'un moment pour emmagasiner tout ce qui vient de se passer. C'est Nagini qui réagit la première. Elle siffle d'un air dédaigneux vers le rideau de velours, puis se frotte contre ma joue. Je lui caresse la tête, puis me reprend en inspirant fortement.

-Les Scorpions sont de toute façon toujours mal-lunés, décidé-je en m'avançant vers le rideau.

Nagini approuve d'un sifflement et d'un hochement de tête. Je passe la tête par le rideau, puis fais signe comme me l'a demandé l'ancien Scorpion aux chevaliers. Je réussis à capter l'attention de Wana et Yahim, qui froncent leurs sourcils, puis une explosion de fumée grise envahie d'un coup la pièce. J'insiste de la main, manquant de taper du pied par terre. Enfin, les deux chevaliers font passer le mot aux autres pendant que la fumée se développe dans la salle. Une fois toute la troupe rassemblée, je cours sans perdre une seconde dans le couloir doré situé à gauche.

-Qu'est-ce que tu as encore fait ! me demande Tila en courant à côté de moi.

-Ce n'est pas moi, c'est Meaglin ! rétorqué-je.

-Il est ici ? s'étonne Zircon en regardant derrière lui.

-Il s'est infiltré parmi les soldats lumineux ! Il a récupéré les billes de Merolt pour pouvoir créer une diversion et nous permettre de partir !

-Ce trou-du-cul sert enfin à quelque chose ! ricane Mirah derrière.

Elle suit de très près son frère, qui ne prononce toujours pas un mot. Il a repris sa figure impassible. Ça n'est pas bon signe. Comme promis, au bout du couloir, un vaisseau doré nous attend, prêt à décoller, la rampe ouverte. Je m'y enfonce sans hésiter, rejointe quelques instants plus tard par les autres.

-On n'a pas beaucoup de temps, deviné-je en remarquant les soldats plus loin.

Notre bolide se trouve dans un hangar rempli de moyens de transport, il n'est pas étonnant qu'il soit surveillé et encore moins que des gardes réagissent lorsqu'ils nous voient. Ces derniers se précipitent vers nous, mais d'un coup, le plafond lâche un épais mur doré qui les bloque. Stupéfaite, je reste bloquée dessus sans comprendre jusqu'à-ce qu'un rire résonne un peu plus loin. Ma tête se tourne alors vers la responsable. C'est une très belle femme d'environ quarante ans, avec d'épais cheveux noirs bouclés jusqu'à ses hanches, une robe bordeaux moulant ses formes généreuses. Mirza se redresse. Il fait un pas vers elle. La femme lui fait un sourire de ses lèvres rouges et un clin d'œil.

-En souvenir du bon vieux temps.

Elle retourne dans le couloir comme si de rien n'était. Mirza reste muet, la suivant du regard jusqu'à-ce qu'elle disparaisse et que la rampe remonte devant nos yeux, nous empêchant de la suivre. Mon regard se tourne vers le Lion, mais ses yeux ambre sont fixés dans le vide. Quel bon vieux temps ?

Le vaisseau décolle soudainement, manquant de me faire tomber par terre. Krell est aux commandes, et dirige d'une manière un peu pressé notre ticket de sortie vers la liberté. Il fonce vers une ouverture dans le fond de la salle, et je réussis l'exploit de tomber par terre. Mirah secoue sa tête en soupirant.

-Que tu n'es pas douée, s'attriste-t-elle.

J'ouvre la bouche pour lui répondre, et le Bélier choisit ce moment pour accélérer sans doute bien plus au-dessus de la vitesse autorisée pour filer dans les étoiles, traversant le ciel de cette station dorée plus vite que l'éclair. Je manque de me casser à nouveau la gueule, ce qui fait légèrement sourire la Vierge. Elle est assise tranquillement dans un fauteuil confortable et rouge, croisant ses bras sans lâcher son marteau. Je pousse un grognement contrarié et me redresse, prudemment cette fois, pour me diriger vers les fenêtres. Autant être certaine que personne ne nous suit.

-Tu as désactivé la localisation intra-lumineuse ? demande Mirah.

-Tu penses qu'il y en a une ? s'étonne Krell.

-La question serait plutôt « pourquoi il n'y en aurait pas », sourit ironiquement Mirah.

Une minute de silence. Noa appuie sur un bouton qui semble désactiver la localisation de notre vaisseau. Nous traversons hâtivement une galaxie entièrement doré. Le spectacle est tellement brillant et éclatant qu'il m'en ferait mal aux yeux si j'avais toujours ceux d'une terrienne normale. La station sur laquelle nous étions est au centre d'un système de plusieurs planètes, qui entourent la centrale et qui semblent s'alimenter d'elle. Étonnamment, je ne vois aucun soleil dans les parages. Je pose la question naturellement à Noa, comme c'est le scientifique de la bande, mais c'est Mirza qui me répond.

-Les planètes ne sont pas naturellement aussi brillantes. Le gouvernement puise dans l'énergie des étoiles alentours pour pouvoir se vanter d'être aussi riche.

-Ouais, bah c'est moche, commente la Vierge.

Elle dédaigne la galaxie et se retourne dans son fauteuil, sans plus prêter attention au paysage. Ce qu'ils font n'est pas juste. C'est injuste de déjouer la lumière des étoiles pour son seul profit. Et... je me demande comment c'est possible. Enfin, je ne me le demande pas longtemps, parce que je comprends bien que ça serait une grave erreur. Ma phobie de l'irrationnel recommence à pointer le bout de son nez. Ça faisait longtemps qu'elle ne s'était pas manifestée. Je me dirige tremblante vers un siège, et laisse le soin à Krell de nous ramener en lieu sûr, dans la planque de Daemon, en priant très fort pour que plus rien de nous tombe dessus.

Je me roule en boule dans l'un des fauteuils onéreux et rouge de la salle, puis ferme fortement les yeux en priant le sommeil de venir me chercher. Nagini siffle dans mon oreille et se love contre mon cou, posant sa tête sur ma joue. Peu importe ce qu'elle fait, mon corps s'engourdit, mes brûlures due aux chocs électriques s'apaisent, mon cœur ralentit sa cadence effrénée, et je me plonge avec joie dans l'inconscience.

_________________________________________

Bizur les Ecuy-Astres ! ^^ (Oui je suis pas morte juste j'ai beaucoup de taff !) On se retrouve avec beeaauu chapitre [8597 mots] tout joyeux, tout mignon, tout content et tout innocent ! Pas vrai ? *fuis* Nonn, mais je promeets, la suite ça ne se passe mieux... peut-être XD

Bon, honnêtement, il est difficile, ce chapitre 😭. Très difficile. Et faut savoir que ça fait plus d'un an et demie que je l'ai écrit (peut-être même deux) et ça ne le rend pas moins plus facile à digérer quand même. Sans blague. Pourquoi j'ai fait ça 😭 (en fait j'ai de très bonnes raisons évidemmennnnt mais jpeux pas vous les dire 🙄).

Je rappelle que toute, TOUTE la trame de Zodiaque est déjà écrite depuis 2018 ! Je ne copie aucun texte, aucun roman, et toutes les ressemblances qu'il pourrait y avoir avec d'autres romans ne sont PAS FAITES EXPRES ! (Je grince des dents à chaque fois que je vois qu'un auteur a eu la même idée que moi x)) Je vous mets ça là car certains ont tendance à l'oublier. ZODIAQUE = MON ROMAN. Pas celui d'un.e autre. Donc même si vous avez de sacrées ressemblances avec d'autres livre du même genre (grrrrr ça m'éneeeerve et en même temps je comprends qu'on ait les mêmes idées T0T) ce n'est PAS UN PLAGIAT.

Cette parenthèse faite (oui j'avais besoin de la faire, vraiment, pour vous faire comprendre que non, ce n'est pas du copier coller, et que tout ce que vous lisez ici a été écrit depuis deux ans. Et que j'ai eu ces idées depuis 2018. Juste au cas où !), vous en pensez quoi de ce chapitre ? Niveau émotionnel, tout ça tout ça, ça se passe bien 🤔 ?

- La destruction du Q.G. Honnêtement (je sais, vous allez me dire que c'est cliché). Vous vous y attendiez ou pas ?

- Le. Père. De. Mirza. Sans déconner, qui avait deviné que Monsieur était d'une lignée royale aussi puissante 😭 ? (Heureusement, il ne semble pas avoir pris exemple sur son père... haha... allez savoir 🙄) Vous pensez quoi de son personnage ?

- Meaglin, je ne sais pas pourquoi, je sens que vous allez être plutôt content de le revoir xD ! Je vous avait dit que son personnage vous surprendrait ! On applaudit notre vétéran pour cette fois ?

- Le lien avec Nagini 😏. Vous pensiez quand même pas que ça allait être aussi simple que du "oh en fait j'ai un familier, ha ha trop bieeenn !" XD ? Vous me connaissez mal si c'est le cas ! Comment trouvez-vous ce lien ? Vous pensez que c'est plutôt bon ou plutôt mauvais 😇 ?

C'eeest déjà tout pour aujourd'hui, je vais pas faire des NDA de trois kilomètres (nan juste six), ça serait un peu trop après un chapitre comme celui-là x')

Auvouar ! 💙

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro