Chapitre Sept : ange déchu.
Au cas où l'idée vous traverse pendant le chapitre : non, vous ne pouvez pas me tuer x) (mais faites-moi confiance touuut va bien dans ce chapitre 🙄)
Une lumière. Une simple lumière. C'est la seule chose que j'arrive à voir, car le reste est entouré de vide. Cette lumière est éblouissante. Elle se rapproche, de plus en plus vite. Je plisse mes yeux, en mettant ma main devant mon visage pour essayer de me protéger de cette lumière aveuglante. Mais, rien n'y fait, elle parvient même à passer à travers ma main et à être trop puissante, trop brillante, destructrice.
Je constate avec étonnement que ma peau commence à brûler. Ma main commence à brûler à cause de cette trop grande lumière, qui fait fondre ma chaire sur mes os. Je hurle, en regardant ma main, la tenant de l'autre, avant de remarquer qu'il en est de même pour le reste de mon corps. Et ce n'est pas tout. Le sombre autour de moi commence à s'introduire dans mon corps aussi. Contrairement à la lumière, il va dans mes cellules pour les détruire et les remplacer par le noir, le rien, ce qui n'est pas. Je me mets à me tortiller et à hurler plus encore de douleur. C'est horrible.
Ma guérison de Serpentaire fait que je me remets systématiquement des blessures qui me sont occasionnées par ses choses autours de moi. Je sens toujours plus la chaire brûlée sur la chaire qui se répare à vif, et ce sombre qui s'introduit en moi pour détruire et griffer tout ce qu'il trouve. Je souffre. J'ai mal. J'ai tellement mal que les larmes qui dévalent mes joues me brûlent aussi. Elles me brûlent parce qu'elles se posent sur ma chaire à vif. A l'aide.
J'ai tellement mal que je ne suis même plus capable de parler. J'ai rapidement conscience que tout ce que je vis est un rêve, ou plutôt un cauchemar, mais je ne suis pas capable de m'en sortir. J'ai trop mal, je suis trop à la merci de ses choses autour de moi, je ne sais pas comment m'en défaire. Je ne peux pas demander à Lux de m'aider. La lumière le tuerait, c'est un Vile ! Et je ne peux pas demander de l'aide aux chevaliers. Le noir autour de moi doit être le sombre, s'ils viennent, c'en est terminé d'eux, ils se retrouveront dans le même état que moi !
Je ne sais pas quoi faire. Je suis bloquée. Bloquée dans cet étrange cauchemar qui ne semble pas vouloir en finir. Alors, je me souviens que j'ai du vide autour de moi. Que je suis dans l'espace. Que je n'ai qu'à exercer une simple pression de mes doigts pour mettre fin à ce cauchemar, peut-être. Je sers mes dents, blessées à cause du sang brûlé coagulant sur elle. Je ferme mes yeux, qui ne cessent de se reconstruire dans leur orbite. Et brusquement, je sers les poings avec pour unique but de détruire ce qui me fait du mal.
Ça marche. Une seconde à peine après, je tombe sur le sol, à genoux, épuisée et éreintée, mais sans plus rien autour de moi. Je suis haletante. Je regarde aux alentours. Plus rien. Pas de sombre, pas de lumière. Juste du vide. Il n'est même pas noir, mais d'une couleur que je n'arrive pas à définir. Un mélange entre le blanc et le noir, mais pas qui soit gris. En reprenant avec difficulté ma respiration, je tente de me relever, mais mon énergie est comme partie en fumée. Ma tête est lourde. J'ai des vertiges. Je laisse un gémissement de douleur m'échapper, avant de m'écrouler complètement sur le sol, mais qui n'est même pas un sol. Qui est du vide. Je tombe dans le vide. Encore. Encore. Encore. Puis, quelque chose me frappe brutalement contre le matelas.
-Aurore !
J'ouvre brusquement mes yeux, en prenant les poignets de Lux, posés sur mes épaules. Aussitôt, je tombe dans son regard marron parsemé de fils dorés. Il est inquiet. Trop inquiet. Par réflexe, je regarde autour de nous si quelque chose ne s'est pas produit, qui expliquerait son malaise. Ce que je vois me déroute complètement.
Les meubles, les vêtements, tout ce qui se trouvait dans la chambre, lévite littéralement dans l'air. Et lorsque je pose mon regard dessus, tout s'écroule sur le sol dans un horrible bruit, qui nous fait peur à tous les deux. Lux me prend dans ses bras en me protégeant, et je remarque à ce moment là que le lit est la seule chose qui soit resté sur le sol. Une fois que tout le vacarme est stoppé, Lux risque un œil dans la pièce. Et grimace.
-Rah, je vais devoir me repayer un ordinateur gamer...
Je ne suis pas certaine que ça soit à ça qu'il faille penser quand on vient littéralement de voir tous les meubles d'une pièce voler, et encore moins quand la personne de ce massacre se tient dans ses bras. Je regarde les yeux ronds ce que je viens accidentellement de provoquer, avisant les écrans cassés, les armoires sur le sol, les commodes complètement étalées par terre, même le lit de Lux est scindé en deux. Seul le mien a été épargné. Sa guitare est également cassée, et cette constatation lui arrache une moue déçue.
-Je suis... désolée... articulé-je.
-Ne t'en fait pas, je voulais tester la guitare électrique, de toute façon. J'aurais juste aimé apprendre par cœur le dernier morceau qui me restait dans la tête... tant pis !
Je cligne mes yeux en me demandant si le monde tourne vraiment rond. Lux réagit vraiment comme si ce qui venait de se produire était quelque chose de normal. Ça n'a rien de normal. Je ne sais même pas comment se fait-il que je sois arrivé à faire un truc pareil. Je me mets à trembler. Tila a raison, je ferais bien de réussir à maîtriser mes pouvoirs le plus rapidement possible, au rythme où ça va, je ne serais jamais capable de garantir la sécurité des autres en ma présence. Je regarde mes mains, que je voyais brûler quelques minutes auparavant. Elles sont intactes.
J'entends Lux soupirer et se redresser pour commencer à remettre les meubles, ou du moins ce qu'il en reste, en place. Je saute du lit pour venir l'aider, consciente que j'ai bien plus de force et que je serais par conséquent plus utile. Il me laisse l'aider, et nous réussissions à ramener l'armoire contre son mur, sans les portes, la commode vidée de ses tiroirs à sa place également, et le bureau de mon meilleur ami en place. Concernant ses écrans et ses ordinateurs... il y jette un coup d'œil, alors que je reste penaude derrière lui. Puis, avec satisfaction, il tape sur la tour d'un air amusé.
-Au moins, la garantie ne m'aura pas mentit ! Ils sont vraiment super résistants, ces tours. Je devrais juste ramener des écrans, mais ça, ce n'est pas bien compliqué.
Je tilte à ce moment-là, avant de froncer mes sourcils. Ramener ?
-Tu peux aller dans la dimension terrienne ? m'enquis-je.
Il hausse les épaules.
-C'est comme créer un trou noir. Il faut juste que je change d'espace-temps, ce qui grâce à mes pouvoirs n'est pas très compliqué. Bon, sauf pour créer une connexion wifi, pour ça il faut que je fasse un trou temporel et...
Je ne retiens pas la suite de ses explications sur le « comment ramener le wifi d'une dimension à une autre ». Je ne retiens que trois petits mots. Pas très compliqué. Évidemment. Bien sûr. Rien n'est trop compliqué pour Lux quand Lux veut quelque chose. Je le regarde attentivement, ce qu'il finit par remarquer.
-Quoi ? Tu ne vas quand même pas me reprocher de ramener des souvenirs de la Terre ! Puis tu me dois une guitare, je te signale.
Toujours à sauter sur la première occasion pour demander des services aux autres. Ça lui ressemble assez.
-Tu peux retourner sur Terre, répété-je.
Lux me fixe un moment droit dans les yeux. Il doit se demander quelle est la valeur de cette information pour moi. De ma bouche, ça sonne simplement comme une constatation. Je n'ai aucune envie de retourner sur cette planète, étrangement. Il y a quelques mois, j'aurais tout donné pour qu'on me rende mon train-train normal, mais aujourd'hui... et, constatant à quel point mon pouvoir peut être dangereux, je n'ai aucune envie d'y retourner. Je regarde une nouvelle fois les écrans cassés, avant dans un reniflement dédaigneux me diriger vers la salle de bain.
-Tu me dois mes résultats de partiels.
-Mais tu ne les as pas passé !
-Je m'en fiche, c'est ta faute si je n'ai pas pu les faire.
-C'est Mirza qui est en faute, pas moi ! râle Lux.
Je claque la porte de la salle de bain pour toute réponse. Fort heureusement, rien n'a changé, par ici. Je peux donc prendre ma douche tranquillement et réfléchir attentivement à ce que je viens de faire, l'esprit tranquille grâce à l'eau qui coule sur moi. Une vingtaine de minutes plus tard, l'esprit tout aussi détendu que possible, je ressors de la pièce habillée et prête à attaquer une nouvelle journée.
Je découvre, surprise, Gotham dans mon lit, le regard perdu dans le vague devant lui, assit en tailleur dans mes draps, et un air trop sérieux au visage. Pourtant, lorsqu'il m'entend arriver et me voit, son expression change du tout au tout pour revêtir ce masque de joie et ce sourire d'enfant qu'il aborde tous les jours.
-Ora ! Justement, je venais te réveiller. Tu as vu, je suis venu simplement une demi-heure en avance, cette fois-ci ! Pas la peine de me frapper, rigole-t-il.
Je le fixe très attentivement, examinant son comportement. Rien, dans sa façon de s'exprimer, dans ses gestes, dans ses paroles, dans son attitude, ne prouve ce que je viens de voir. Soit, que quelque chose ne va pas. Rien du tout. C'est comme s'il était habitué à faire semblant, depuis longtemps, trop longtemps. Gotham perd l'air joyeux qu'il avait sur le visage, pour se masquer de cet air innocent et curieux dont il fait souvent preuve. Il ne comprend pas pourquoi je le juge de cette façon.
-Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit-il. J'ai quelque chose sur mon visage ? Ou est-il de plus en plus beau chaque jour à tel point que tu en es jalouse ?
Je suis tentée de prendre la plaisanterie et de rire, mais je me demande soudainement si ce n'est pas une façon d'esquiver le sujet qui se cache plus en profondeur. Gotham va mal. Il va très mal, si j'en crois ce que j'ai sous les yeux. Je m'approche de lui, m'assoie sur le lit, avant de le regarder. Il est toujours silencieux. Il est même beaucoup trop silencieux. Tellement que je me demande s'il n'a pas compris ce que je voulais faire.
-Pourquoi tu fais semblant ? lui demandé-je sans filtre.
Le masque qu'il se met chaque jour flanche un instant. Son visage se décompose, ses yeux s'écarquillent, et il retient sa respiration. Avant, tout aussi rapidement qu'il le peut, de prendre un sourire dans sa panoplie de faux et de pencher sa tête d'un air enfantin.
-Moi ? Semblant ? De quoi ?
-Arrête, Gotham, demandé-je sérieusement. J'ai déjà remarqué plusieurs fois que tu n'étais pas aussi bien que tu veuilles le faire croire. Qu'est-ce qui ne va pas ?
Il déglutit, puis me fixe de son regard bleu profond pendant quelques minutes. De longue minutes, durant lequel je ne le lâche pas du regard. Cette fois-ci, son masque n'a plus lieu d'être. Je le regarde attentivement, mais sans le presser. Je ne tiens pas à ce qu'il me fuie ensuite parce que je l'ai obligé à me dire pourquoi il décide de taire ses maux. Gotham cherche un instant dans mon regard l'aide qu'il semble attendre. Il hésite. Puis, son masque se craquelle complètement. Il se brise en mille morceaux. Ses yeux se remplissent d'eau, son corps se met à trembler, et des larmes de crocodile commencent à dévaler sur ses joues. Il se jette dans mes bras en pleurant, me serrant fortement contre lui, nichant sa tête dans mon cou, le corps secoué de spasmes. Surprise, je ne peux que l'étreindre en retour, choqué par le brusque changement d'humeur qui vient de se produire en lui. Il est...
-Oraa, chouine-t-il.
... profondément triste.
Cette image me fend le cœur. Elle le brise exactement de la même façon que son masque. En mille morceaux. J'ai l'impression d'avoir un enfant dans mes bras, un enfant que je me dois de consoler, parce qu'il est tourmenté par ce qu'il a vu ou ce qu'il voit. Je caresse ses cheveux et le laisse pleurer contre mon épaule, le serrant contre moi pour l'assurer qu'il ne tombera pas. Il est tellement secoué par ses sanglots qu'il n'arrive même pas à parler. Je suis choquée de ne pas avoir remarqué qu'il était aussi mal avant. Je suis même choquée que Gotham, ce garçon si joyeux et toujours présent pour me faire tout oublier, puisse être d'une humeur aussi tragique que celle-là.
Puis, je me souviens de son comportement quand on était face à cette planète remplie de skraus. Je me souviens à quel point il était paniqué quand je lui ai demandé pourquoi il avait peur. Je me souviens de toutes ces fois, où le matin, quand il n'y avait personne et qu'il était seul à s'entraîner, son regard était perdu dans le vide et était sévère. Tous ces sourires faux qu'il m'a servis et que je n'ai pas été capable de voir, aujourd'hui, il les a balancés avec force en dehors de son visage. Il attendait que quelqu'un remarque qu'il n'allait pas bien. Je me sens tellement coupable de ne pas l'avoir remarqué plus tôt.
-Je suis là, Got, l'assuré-je en continuant de masser la peau de sa nuque. Je ne vais pas te lâcher.
Je commence aussi à frotter son dos, mais il se tend et me prends brusquement le bras.
-Pas le dos, proteste-t-il.
Son ton est sec, dur, mais encore teinté des larmes qui mouillent mon tee-shirt. Je me demande pourquoi il refuse, avant de me concentrer sur ce qu'il y a de plus important : lui.
-D'accord, accepté-je en déviant ma main sur ses épaules. Pas le dos.
-Tu veux sans doute savoir pourquoi.
C'est une affirmation, pas une question, et j'ai l'impression qu'il la pose plus pour lui que pour moi. Mais lorsque son regard se relève dans ma direction et que je plonge mes yeux dans les siens d'un bleu si particulier, comme un ciel du soir sans étoile, je constate que c'était une sorte de question déguisée. Je déglutis, puis hausse mes épaules.
-Je n'ai pas envie que tu en parles si tu es triste.
Il patiente quelques instants, toujours en me regardant. Comme s'il parvenait à sonder mon esprit juste en me fixant dans les yeux. Il finit par soupirer et reprendre sa place initiale. Je sens qu'il réfléchit. Puis, je le vois se remettre droit devant moi, me regarder à nouveau dans les yeux, de cette façon si déconcertante et pourtant enfantine qui lui est propre.
-Tu te souviens de la question que tu m'as déjà posée deux fois ? demande-t-il.
Je fronce mes sourcils, avant de réfléchir. Une question que je lui ai posée deux fois... mes yeux s'illuminent quand je m'en rappelle.
-Quel âge tu as, affirmé-je en le regardant.
Il hoche la tête, puis déglutit et passe sa main dans ses cheveux. Il semble gêné. Pas de la même façon qu'il l'était avec Noa, non, c'est quelque chose qui touche le plan personnel... quelque chose de plus profond. Je m'apprête à lui dire qu'il n'est pas obligé de me répondre, quand il me coupe la parole.
-J'ai seize ans.
Mes yeux s'écarquillent de stupeur.
-Seize... ?! Mais tu es plus jeune que moi, alors !
-T'es vexée ? tente-t-il avec un sourire.
-Je... bien sûr que non ! Mais... je croyais que vous aviez tous plus de vingt ans !
-Beh... pas moi.
Je réfléchis. Seize ans. Seize... mais depuis combien de temps est-il dans l'ordre du Zodiaque ?
-Depuis combien de temps tu es là ? demandé-je en craignant un peu la réponse.
Il patiente quelques secondes, avant de pincer ses lèvres et regarder à nouveau sur le côté. Puis, il se trémousse sur mon lit, manifestement mal-à-l'aise, et me jette un petit regard presque désolé.
-Euh... depuis mes quatorze ans... ?
-QUOI ?!
J'ai crié tellement fort que j'ai sauté sur mon lit, me mettant vers lui, les yeux ronds. Gotham recule légèrement, surpris, les orbites tout aussi écarquillées que les miennes, avant d'avaler sa salive et se justifier.
-Beh... oui... en même temps, quand tu es choisi chevalier, ta croissance se décuple plus rapidement et tu arrives tout de suite à l'âge adulte, même si tu n'es pas censé avoir besoin de cette dose de croissance... mais... enfin...
-Gotham, tu es plongé en pleine guerre, en tant qu'acteur principal, depuis tes quatorze ans ? répété-je.
Il met un petit temps à trouver quoi répondre à ça. Puis, finalement, il soupire et lâche ses épaules, baissant la tête.
-Oui...
-Mais... mais...
Je suis à peu près certaine que ce genre de monde n'est pas pour les enfants de quatorze ans. Savoir que Gotham est dans cet ordre du Zodiaque depuis qu'il n'est presque qu'un gosse, ça me rend malade. Une autre question vient subitement dans mon esprit.
-Mirza le savait ?
Gotham grimace et secoue négativement sa tête, faisant voler ses cheveux noirs.
-Et les autres ?
-Personne, je leur ai fait croire que j'avais au moins dix-sept ans, avoue-t-il en gardant la tête baissée.
-Imbécile ! Tu te rends compte de ce que c'est ? Gotham, tu étais encore très jeune quand tu as débarqué avec eux ! Pourquoi tu n'as pas dit la vérité ?
Il pince ses lèvres, et triture ses doigts gris. J'ai vraiment le sentiment de gronder un enfant en face de moi, du coup. Il n'a que... seize ans ! Mais même moi, à dix-sept ans, j'ai du mal à pouvoir saisir parfaitement ce qu'il se trame et encore plus de réussir à survivre à tout ce qu'il se passe ! Qu'est-ce que ça a dû être pour lui !
-Sur ma planète, tu es majeur quand tu as atteint tes quatorze ans, chuchote Gotham.
-Pardon ?
Je cligne mes yeux, avant de serrer les poings. Des jeunes de quatorze piges, être assez mature pour réussir dans leur vie ? Mais même aux temps médiévaux, sur ma planète, ces gamins étaient placés sous la responsabilité d'un plus vieux pour qu'il puisse leur apprendre à se défendre et les protéger ! Sont-ils tous aussi irresponsable que ça ?!
-Tu viens de quelle planète ? m'enquis-je.
Je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais une chose est sûre : si je vais un jour sur cette planète, je risque fortement d'engueuler le responsable du gouvernement ou de l'institution mise en place, parce que ça, c'est n'importe quoi !
-Je viens de la planète de l'Ordre du Lion, qui s'appelle Cinder, m'apprend-il. Elle est très particulière, nous n'avons pas beaucoup de chance de survie. Elle est parsemée de volcans, de cendre et... enfin, tu n'as qu'à voir la couleur de ma peau. Il y a beaucoup de dricons, aussi, dont forcément pas mal de furie. Et... et...
Il détourne à nouveau son regard en se mordillant la lèvre. Personnellement, je dois déjà absorber ce qu'il vient de m'apprendre, alors je n'arrive pas à le pousser à dire ce qu'il hésite de sortir. Finalement, en soupirant, Gotham pose à nouveau ses yeux sur ses mains.
-Nous sommes des anges.
Je cligne des yeux. Plusieurs fois. Je ne prends même pas la peine de reprendre ma respiration. De toute façon, je n'en ai pas besoin. Privée ainsi des odeurs qui règnent autour de moi, j'arrive à mieux me concentrer sur ce qu'il dit. Je m'apprête à lui poser la question de s'il plaisante ou non, mais je ne pense pas qu'il ferait une blague pareille avec un comportement comme le sien. Des... anges. D'accord... je regarde son dos.
-Pour ma part, les anges ont des ailes.
Je me rends rapidement compte que, si dans cette dimension les anges n'ont pas d'ailes, il risque de le prendre mal et de se renfermer. Au lieu de quoi, le Poisson se tourne simplement dos à moi et retire lentement son haut noir. Ce que je vois me coupe une seconde fois la respiration. Deux grandes cicatrices parsèment son dos, parallèle l'une à l'autre, commençant à ses omoplates et descendant en légère oblique jusqu'en bas de son dos. Elles ont la texture de la chaire brûlée. Elles sont noires. J'avance ma main vers elle, avant de remarquer qu'elles sont à vifs. Je m'apprête à demander pourquoi, mais Gotham le fait à ma place.
-J'ai perdu mes ailes. Elles m'ont données la raison de ma nomination en tant que chevalier. Celle que, même si tu perds un précieux avantage, tu peux rester fort.
Il ne se tourne pas face à moi et soupire, baissant la tête, soudainement lasse.
-C'est difficile, tu sais ? De vivre dans un monde où tout le monde peut voler, et où tu es le seul qui n'a plus cette chance. C'est une privation un peu injuste.
Les larmes m'en montent aux yeux. Si je dois résumer, je suis face à un enfant qui depuis ses quatorze ans vit dans le combat et la mort, qui est un ange, et qui a perdu ses ailes, qui fait toujours semblant tout le temps pour faire rire les autres, mais que jamais personne ne fait rire. C'est un enfant qui est enfermé avec ses propres démons. Quelqu'un qui se sent mal. Un ange déchu. L'ironie de la vie est vraiment sadique.
-Je... je peux te demander... comment ? hésité-je.
Il tourne son visage vide vers moi. Ses yeux se remplissent à nouveau de larmes. Je m'apprête à retirer ma demande, mais il remet son tee-shirt, avant de se jeter à nouveau dans mes bras, me serrant avec force contre lui et inspirant fortement pour rejeter les tremblements qui le reprennent. Je replace automatiquement mes mains dans le bas de son dos et sur sa nuque pour le maintenir contre moi. Je ne sais pas quoi faire. Mais Gotham cache tout depuis tellement longtemps et a tellement besoin de tout déballer, que je n'ai pas besoin de demander grand-chose.
-J'avais un frère jumeau, avant, commence-t-il la voix tremblante. Il s'appelait Galorze. On avait tous les deux de grandes ailes, cendrées, avec des plumes, mais tellement magnifiques ! Tu en serais fascinée, assure-t-il. On avait pour habitude d'aller voler au-dessus des volcans, les courants d'air chaud qui s'en échappait permettait de planer pendant longtemps, de faire des courses de vitesse, c'était génial...
Un sourire presque béat prend place sur son visage quand il y pense, les yeux fermés. Puis, son regard se crispe, ses traits se tordent, et de la douleur s'installe sur son visage.
-Mais... un jour, un volcan est entré en éruption. On était allés trop loin pour retourner rapidement sur la terre ferme, et éviter ainsi l'explosion. Galorze était en plein milieu du volcan, j'étais à une dizaine de mètres d'être sauvé. Mais je n'avais pas envie de le laisser là, tout seul, au milieu de la fumée et du danger. J'ai essayé de le ramener avec moi, et il m'a suivi, dans un premier temps.
Il grimace de nouveau, avant de cacher sa tête dans mon cou, crispant ses mains dans mon dos. Je le laisse continuer, massant sa nuque en me disant que ça l'aide peut-être. Du réconfort peut toujours aider les gens qui vivent ce genre de... traumatisme.
-Mais il a été touché, m'explique Gotham la voix rauque. Par une boule de magma qui sortait du volcan. Tout a changé d'un coup. Mon frère est tombé dans la lave, sans pouvoir se servir de ses ailes. J'ai hurlé, j'ai appelé à l'aide, mais personne n'est jamais venu. On était coincé dans les fumées du volcan. Seuls. Il a tendu la main vers moi, et j'ai fait pareil, plongeant vers lui. Un courant d'air chaud, brûlant, m'a envoyé loin ailleurs. Je me suis protégé par réflexe de mes ailes. Mes plumes ont brûlé. Mes ailes se sont déchiquetées os par os alors que j'étais propulsé miraculeusement de cet enfer. Lui n'a pas eu... cette... chance...
C'est trop pour lui. Le Poisson se met à nouveau à sangloter contre mon épaule, et je ne peux que le serrer dans mes bras pour l'aider à ne pas perdre pied. Je peux sans aucune difficulté voir ce qu'il a dû vivre. Le déchirement que ça a dû provoquer en lui. J'en reste choquée. Je vais longtemps rester choquée si ça continue, mais comment réagir autrement ? Je regarde son dos, et essaye de l'imaginer avec deux grandes ailes de couleur cendre. Cette vision magnifique me fend encore plus le cœur. Mais pourquoi un ange pareil a dû vivre quelque chose d'aussi horrible... ?
Je reste un long moment à le consoler de la sorte contre moi. Ses épaules sont tellement tendues que je devine qu'il retient toutes ces émotions depuis des lustres. Probablement depuis qu'il est devenu chevalier. Rajoutons à cela le fait qu'il combatte contre des monstres depuis deux ans, alors qu'il est encore un adolescent. L'impact psychologique qu'il a dû avoir aurait pu le détruire complètement. Mais il est encore là, contre moi, et il me sert comme si sa vie en dépendait. Je crois bien que jamais personne ne m'a serré comme ça, comme si j'étais la seule chose qui le raccrochait encore à la vie. Je n'ai jamais entendu son cœur battre aussi fort, aussi follement. Je ne l'ai jamais vu trembler à ce point. Je n'ai jamais vu autant de larmes sortir des yeux d'une seule personne. Et je n'ai jamais vu une pareille expression sur son visage. Il est crispé, miné, comme si on venait de lui arracher la chose la plus précieuse à ses yeux. Et c'est ce qu'il s'est passé. On lui a arraché son frère jumeau. Il a été brûlé sous ses yeux. Tout comme ses ailes. Je n'arrive même pas à me représenter ce qu'il a dû perdre ce jour-là.
Mais je n'ai pas besoin de l'imaginer, puisque l'essence de Gotham le fait pour moi. Elle sent encore plus la cendre que d'habitude. Je comprends maintenant pourquoi elle sent la cendre. Elle me replonge sensoriellement dans l'enfer de ce volcan en éruption. Je peux sentir la brûlure de sa douleur comme si c'était la mienne. L'air en devient étouffant, crispé, torturé. Je devine qu'en fait, c'est Gotham qui est torturé. Je suis en train de sentir la douleur qui s'échappe de lui à travers son essence, et son essence est en train de me plonger dans ce qui a fait de lui ce qu'il est.
Je m'efforce de le consoler du mieux que je le peux, le laissant se calmer petit à petit. Toutes ses années à refouler les traumatismes qu'il a subi sont en train de se libérer maintenant, même si c'est juste un peu, c'est important qu'il sache qu'il n'est pas tout seul. C'est important aussi qu'il parvienne à partager ce qu'il a vécu. Même si je ne suis pas forcément la mieux placée pour servir de mouchoir, je ne suis pas antipathique au point de le laisser tout seul là-dedans. Le fait qu'il ait réussis à tenir durant deux ans avec cette douleur au fond de lui me fait prendre conscience que Gotham n'est pas qu'un sadique entraîneur, gamin insolent et innocent enfant. C'est aussi quelqu'un de profondément courageux.
Au bout d'un moment, sa respiration haletante s'apaise, les battements de son cœur redeviennent plus ou moins normaux, son corps arrête de trembler. Après toutes ses émotions, Gotham est complètement vidé. Il garde sa tête posée contre moi, les yeux fermés, s'efforçant de respirer normalement, toujours les mains agrippant avec force mon dos. Je regarde autour de moi et prends un mouchoir sur le côté, pour le passer sur ses joues mouillées et sous ses yeux. Il me laisse faire, sans les ouvrir, totalement amorphe. Je crois bien qu'il est fatigué. C'est la première fois que je vois cet enfant, habituellement pile électrique inarrêtable, blottit contre moi de la sorte à vouloir dormir. Cette vision serait attendrissante si toute la douleur qui le comprimait ne venait pas de se libérer d'un coup. Son aura s'allège, en même temps que le sommeil commence à le gagner. Même dans ses rêves, il ne veut pas me lâcher. Il a trop peur de rester à nouveau seul. Je caresse lentement ses cheveux noirs, espérant que ça puisse le détendre, avant de sentir une autre essence de l'autre côté de ma porte.
En fronçant mes sourcils, je me concentre pour essayer de deviner qui se tient de l'autre côté. Une odeur d'encens. Une odeur de roche, froide, mais avec une douceur particulière. Comme si c'était... de la magie. Une douceur nuancée par une émotion... de la surprise. Du choc. De l'horreur. C'est de là que vient le froid. Je me concentre encore pour essayer de deviner qui est-ce, avant de farfouiller dans ma mémoire. Et je finis par trouver.
-Entre, Noa.
Le dragon a besoin d'une minute pour comprendre que je l'ai reconnu, grâce essentiellement à l'odeur de magie caractéristique qui s'échappe de lui. Il enfonce la poignée, et ouvre lentement la porte. Sa peau brune et sa silhouette se dessine à contre-jour dans le couloir, mais ses pupilles saphir brillent assez pour que je puisse remarquer où son regard se dirige. Ses yeux écarquillés tombent rapidement sur Gotham. Ces deux-là sont comme deux aimants qui s'attirent l'un et l'autre, quand l'un va quelque part, l'autre va forcément le rejoindre. Il reste un moment silencieux, la respiration haletante, le cœur battant, avant de se décider à lâcher la poignée de la porte, très doucement. Il déglutit, ferme ses yeux, avant de prendre la parole d'une voix qui se veut calme et posée.
-Lux nous a avertit que tu avais dévasté votre chambre cette nuit, à cause de ton pouvoir, m'explique-t-il lentement. Je suis venu constater les dégâts pour... pour essayer de comprendre. Daemon t'attends en bas depuis pas mal de temps pour reprendre l'entraînement, je... je venais te demander ce qui te... te retenait.
Son regard se pose sur l'ange dans mes bras pour ne plus s'en détacher. Je vois ses yeux se remplir à nouveau de choc, de compassion, et en même temps d'un sentiment brûlant qui prend rapidement le pas sur le reste. Je regarde à mon tour le Poisson dans mes bras. Il s'est profondément endormi. Je caresse encore une fois ses cheveux, avant de relever le regard vers Noa.
-Tu as tout entendu ?
Il me fait un « oui » de la tête, lent, sans quitter du regard le jeune homme cendré.
-Et... tu savais ?
Il secoue sa tête. Un air coupable prend place sur son visage.
-Mais j'aurais dû m'en douter, me confie-t-il. Je me disais bien qu'il faisait toujours trop d'efforts à la salle d'entraînement, comme s'il avait besoin de prouver quelque chose aux autres. Je me disais bien aussi que sa bonne humeur constante ne pouvait pas toujours être vraie, et qu'elle cachait quelque chose. Je... je suis désolé.
Il baisse la tête comme s'il venait de faire quelque chose de mal. Je fronce mes sourcils, avant de regarder à nouveau l'enfant dans mes bras et soupirer en me relevant, le portant. Je le trouve anormalement léger.
-Tu n'y es pour rien, il a tout fait pour que tout le monde ne se rende compte de rien. Puis il me semble que tu te soucie bien de lui, non ?
Noa me regarde faire, puis repose son regard sur Gotham. Il passe une main dans ses cheveux noirs, les yeux saphir rempli de culpabilité.
-Tu t'en es bien rendu compte, toi, et il t'a fallut seulement quelques semaines d'observation. Je ne suis pas le mieux placé pour ce genre de chose.
-Eh bien tu peux faire en sorte de t'occuper de lui maintenant, riposté-je en haussant un sourcil. Si Daemon m'attend, je ne vais pas pouvoir rester avec lui, et je ne pense pas que le laisser tout seul soit une bonne chose.
Noa relève à nouveau ses yeux sur moi. Je suis en train de lui proposer implicitement de s'occuper de Gotham pendant qu'il fait ses recherches. D'accord, ce n'est pas la meilleure des solutions pour le laisser se concentrer, mais très franchement, entre mes pouvoirs et la santé de notre coéquipier, je préfère largement laisser la priorité à Gotham. Noa le comprend rapidement et je ne doute pas qu'il soit de mon avis, vu comment il tient à lui. Il me prend le Poisson des bras en le collant contre lui, faisant échapper un gémissement à l'endormis. Gotham se blottit contre Noa, comme il l'a fait contre moi quelques minutes auparavant. Même s'il n'a pas l'air très à l'aise, je n'ai aucun doute sur le fait que le dragon ne lâcherait pour rien au monde l'ange.
-Tu peux aller voir Daemon, me dit le Capricorne. Il est entre de bonnes mains.
Je ne peux pas m'empêcher de sourire.
-Oh ça, je n'en ai aucun doute, rigolé-je presque.
Le brun détourne la tête pour cacher sa gêne, avant de passer rapidement son regard dans la chambre, pour voir jusqu'où j'ai craqué sans doute. Puis, il se dirige vers sa chambre de l'autre côté du couloir. Pour ma part, et remarquant que mon haut est mouillé par les larmes de Gotham, je prends la décision de changer de tee-shirt avant de descendre. Une fois en bas, dans la salle à manger, je ne prends pas beaucoup de temps avant de voir Daemon, les bras croisés, les yeux rouges me fixant avec réprobation.
-Tu n'es pas très ponctuelle, ce matin, me fait-il remarquer.
-Désolé, papa, râlé-je en roulant mes yeux. J'ai eu mieux à faire que de suivre les conseils d'un tortionnaire.
Daemon pince ses lèvres, avant de montrer la terrasse du menton. Il se dirige vers cette dernière sans me laisser le temps d'avaler quoi que ce soit, et je le suis sans prendre la peine de manger. De toute façon, l'histoire de Gotham m'a coupé l'appétit. Les chevaliers sont attablés pour le petit-déjeuner, et me regardent passer avec de la curiosité dans les yeux. Je ne fais pas mine de m'installer avec eux. Azolt me lance un regard d'avertissement, mais je préfère l'ignorer et suivre Daemon dehors.
-Ora, m'interpelle Wana, ce que tu fais là est une mauvaise initiative.
-Tu ne peux pas t'entraîner sans rien dans le ventre, renchérit Tila. Tu vas t'évanouir.
-Je n'ai vraiment pas faim, ce matin, riposté-je en leur lançant un regard. Et j'ai bien plus envie de lui taper sur les nerfs.
-Tu feras moins la maligne quand t'auras des vertiges à te casser la gueule par terre, ricane Zircon. J'ai bien hâte de voir ça, ça va être drôle.
-La ferme toi, siffle Mirah dans la direction du Scorpion. Si un seul rire traverse ta bouche quand elle s'évanouit, je me ferais le plaisir de t'écraser comme la sale bestiole que tu es !
-C'est une promesse ou un souhait ? ronronne Zircon alors que je ferme la porte de la baie vitrée.
A en croire les cris de la Vierge et les tentatives vaines pour la calmer les chevaliers, je pense qu'ils sont bien repartis pour un tour. Je roule mes yeux en soupirant. Incorrigible. Il suffit d'une petite parole narquoise de la part du Scorpion pour qu'une scène de ménage se profile et mette tous les chevaliers dans le débat.
Daemon m'attend déjà sur la terrasse, accoudé à la barrière de fer, les yeux sanglants rivés sur moi. Ses cheveux blancs et son manteau volent dans la brise continuelle qui se trouve dehors, son hiératisme me mettrait presque mal-à-l'aise. Je finis par lui lancer un regard de travers.
-Quoi ? râlé-je.
-Lux m'a dit que ton pouvoir s'était déclenché ce matin.
-Ça m'étonnerait que Lux te dise quoi que ce soit à propos de moi, protesté-je en le fusillant du regard.
Daemon soupire, ferme lentement ses yeux, puis rectifie ses paroles.
-J'ai entendu ses pensées, corrige-t-il.
-Voilà qui est différent.
-J'ai du mal à faire la différence entre ce qu'on dit et ce qu'on cache dans sa tête, avoue Daemon en rouvrant ses pupilles sanglantes. Encore plus quand il s'agit de personne que je côtoie depuis longtemps. Il était tellement inquiet ce matin que ses pensées m'ont données mal au crâne.
Je fronce mes sourcils. Lux ne semblait pas si inquiet que ça quand il a quitté la chambre ce matin. Où alors, il a fait semblant devant moi pour que je ne m'angoisse pas... ce qui serait bien son genre. Daemon secoue la tête, me faisant sortir de mes pensées.
-Il ne s'inquiète pas vraiment pour ton pouvoir, mais plutôt du fait de te laisser seule avec moi. Il est protecteur envers toi, trésor, je pense que tu l'as remarqué.
-Tu n'as toujours pas mon autorisation pour m'appeler comme ça, râlé-je.
Un sourire en coin prend place sur les lèvres de Daemon.
-Excuse-moi. Je l'entends constamment dans la tête de Lux. J'ai fini par être contaminé, c'est un réflexe.
Je lui lance un regard de travers. Il reprend avant que la conversation n'aille trop loin.
-Ton pouvoir se déclenche uniquement lorsque tu es sous l'emprise de sensations fortes, ou de dangers, récapitule Daemon en reprenant son sérieux. Jusqu'à présent, je t'ai fais travailler sur tes réflexes en produisant des émotions fortes chez toi. Vu à quel point tu m'en veux, je suppose que l'exercice est une réussite, sourit-il.
Je t'en ferais bouffer ton manoir pierre par pierre. Je sers les poings mais ne me permets pas de le dire à voix haute, de toute façon, pourquoi faire ? Il sait parfaitement ce que je pense, je n'ai pas besoin de le répéter.
-Je pense qu'on devrait s'attaquer à manifester ton pouvoir quand tu es dans un état émotionnel plus calme, maintenant, reprend Daemon sans s'émouvoir de ma pensée meurtrière. Et également essayer de canaliser ce pouvoir, pour qu'il n'échappe pas à ton contrôle.
-Dis comme ça, ça à l'air tellement facile, raillé-je.
Un nouveau sourire agaçant prend place sur ses lèvres.
-Tu as bien raison de te méfier, ça ne l'est pas du tout. Ça prend même plusieurs mois, généralement, avant de réussir à maîtriser un pouvoir.
-Tu cherches à me démotiver ou à me faire comprendre que je vais devoir te supporter encore pendant des plombes ? grommelé-je en croisant mes bras.
Daemon roule ses yeux et s'avance vers moi, me mettant aussitôt en garde. Il se positionne devant moi, avant de faire venir d'un geste de la main trois pierres que je n'avais pas éclatées hier. Même Mirah les a laissés tranquille. Étonnant.
-Je suis en train de te dire que tu vas devoir faire preuve de détermination.
Il lance son poing dans la direction des pierres, qui vont s'abattre à grande vitesse et dans un énorme bruit contre le mur de pierre sur lequel était allongé Zircon hier. Les pierres brunes s'éclatent contre la muraille, qui ne flanche pas. Une fois sa petite démonstration purement masculine terminée, Daemon se tourne vers moi.
-Fais la même chose, m'enjoigne-t-il.
Je le regarde avec de grands yeux.
-La même chose ? Comment tu veux que je fasse la même chose alors que je ne contrôle même pas mon pouvoir !
Un sourire purement taquin et narquois se dessine à nouveau sur le coin de ses lèvres.
-Tu voulais me faire manger mon manoir pierre par pierre, non ? Eh bien, je t'en donne l'occasion. Vas-y. Détruit la muraille, puis essaye de m'attaquer ensuite. Jusqu'à-ce que tu y arrives, je pense que j'aurais le temps d'apprendre à me défendre.
Je t'emmerde. Je le fusille du regard tout en pensant très fort cette phrase, avant de chercher dans mon répertoire de comptines une chanson qui pourrait bien lui rester dans la tête toute la journée. Lorsque cette idée me traverse l'esprit, Daemon roule ses yeux une nouvelle fois, puis retourne à l'intérieur. Désormais seule, je regarde vers les pierres qui se sont miraculeusement amassées d'un côté de la muraille. Il veut que je les soulève et les dirige ensuite vers cette foutue bande de roche grise ? Parfait. Au moins quelque chose qui me permettra de me défouler.
Je m'avance vers le tas de pierre, avant de me rendre compte qu'il y a un problème. Je ne suis pas certaine de savoir comment soulever des pierres. Puis, elles m'ont l'air assez grosses. Je pince mes lèvres, pas certaines que de commencer par le plus dur soit une bonne idée. La partie raisonnable et rationnelle de mon être, enfin ce qu'il en reste, revient au grand galop et me fais chercher autre chose des yeux. Une nouvelle idée en tête, je ramasse un petit galet par terre, plat, gris, avant de le faire tourner entre mes doigts.
Faire léviter un petit galet me semble plus faisable que des pierres d'une tonne.
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Bizur les Écuy-astres ! Holala ça fait tellement longtemps que je n'ai rien publié XD (presque deux mois !) Mais en même temps je me disais que comme c'était les vacances, vous n'aviez peut-être pas le temps pour la lecture ^^ enfin ! J'espère que vos vacances / rentrée se sont bien passées :3 ! Et que vous vous êtes... régaler, absolument, avec ce petit chapitre de 6872 mots ! 😂
On ne va pas se mentir, ce chapitre est horrible 😐 mais on en apprend plus sur mon petit Gothy et je suis très contente de ça 😍 passons aux questions sans attendre :33
-Le passé de Gotham est au coeur du chapitre et même inclut dans le titre (pour vous dire à quel point il lui est réservé 😂) est-ce qu'on valide ? (Bon, je me doute que vous n'allez pas valider l'avalanche de mauvais karma qui s'est déferlé sur lui mais bon 😂). Vous aimez en apprendre plus sur lui ? Et vous l'avez trouvé comment dans ce chapitre ce pauvre petit ange 😢 ?
(Quoi j'y suis absolument pour rien, c'était nécessaire 😂😂 (je sais que vous raffolez de cette excuse 😏))
-Les pouvoirs d'Aurore, on en parle ? La télékinésie c'est tout aussi bien que c'est dangereux 😭 vous pensez qu'elle arrivera à contrôler cette partie d'elle avant de faire un mort ? (Quoi elle est légitime cette question je pense comme Tila moi 🙄)
(C'est faux 😂)
-Lux qui peut retourner dans la dimension terrienne, ça vous surprend ? Vous voudriez y retourner vous ? 🤔
-On finit avec Daemon, et ses entraînements si agréables 😂 ! Vous validez sa méthode ?
Voilà, c'est tout pour les questions ! Je sais que je n'ai pas posté depuis un moment et je ne sais pas si je vais redevenir régulière XD (dans mon planning tout pars un peu en vrille la 😂) ça faisait un moment que je voulais vous le mettre alors le voilà ! Et j'espère que vous serez la pour la suite ^^
(Au passage, je vois tous vos votes, je surveilles les vues, et je suis vraiment contente que Zodiaque continue de prendre de l'ampleur, que ça vous plaise. Ça me motive à chaque fois pour vous mettre le chapitre :33
N'oubliez pas mon slogan ! Un vote d'un lecteur = un chaton de bonne humeur ! (Quoi il est bien ce slogan 😂))
Auvouar ! 💙
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