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Chapitre Douze : noirceur ténébreuse.

En média, un dessin fait par mes soins (encore, je sais x3) ! Il est très sombre, mais c'est fait exprès 🙄

N'oubliez pas ! Un vote d'un lecteur = un chaton de bonne humeur ! Aidez-moi à continuer cette histoire si elle vous plaît aussi 😢

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Zircon ne fait pas le moindre geste en face de moi. Je continue de le fixer aussi, ne sachant pas si je dois lui parler, ou me taire, ou prendre la fuite tant qu'il en est encore temps. Mais je suis attachée, et pas lui. Il a toujours les yeux aussi dilatés, et brillants dans l'obscurité de la pièce. Je sens mon instinct enfin se réveiller et me hurler de m'enfuir. J'aimerais bien. Mais les chaînes me retiennent toujours sur le sol, je ne suis pas en capacité de bouger. Je sens également toujours l'odeur du sang dans la pièce, tout comme le liquide couler sur ma peau et tâcher mon haut. Cette perte de sang empeste l'air et m'affaiblit grandement. Zircon tremble légèrement en face de moi, les yeux braqués sur le plasma qui commence à former une tache carmin sur le tissu de mon vêtement. Je le vois déglutir. Merde, merde, merde.

Je n'ai pas le temps de le questionner face à sa condition de Vile, pas plus que je n'ai le temps d'y réfléchir. Le sombre autour de nous commence à sérieusement m'empoisonner les poumons. J'ai envie de tousser, pour le recracher, tout en sachant que ça ne servirait à rien. Ouvrir la bouche permettrait à cette substance pernicieuse de me contaminer plus encore. J'ai l'impression d'étouffer. J'essaye de ne pas respirer, mais je n'en ai pas besoin pour que ce brouillard informe se fraye un chemin dans mon corps. Je sens sa morsure me brûler la peau. Et je ne suis pas en capacité et réagir, car l'aura d'Axel, ce foutu Vile, continue d'engourdir ma langue. Son poison dans mon corps continue d'affaiblir mes muscles par le biais de mon sang. Quel enfoiré, celui-là ! Il a parfaitement prévu son coup !

Je reporte mon attention sur Zircon lorsqu'il fait un pas vers moi. Un seul. Ça suffit pour que je plonge à nouveau mon regard dans le sien, et pour qu'il s'arrête. Son visage est déformé par la souffrance. Ses yeux topaze sont torturés. Il tremble, respire avec force, son torse se soulève et s'abaisse de façon irrégulière, ses poings se serrent et se desserrent contre ses hanches. Je prends sur moi pour garder contact avec ses yeux, mettant de côté le fait qu'il soit un Vile et que, logiquement, ce n'est pas possible qu'il soit chevalier. Je prends sur moi également pour essayer de contrôler la peur glaçante qui parcourt mon dos. Ça n'a rien de facile. Je force ma langue à bouger pour qu'elle se dépêche de pouvoir former des phrases. Je sens que je vais avoir besoin de mes cordes vocales si je ne veux pas que Zircon me suce le sang, ou pour me dépêtrer de ce brouillard noir.

-Zircon... commencé-je.

-Tais-toi, souffle-t-il à voix basse. Surtout, pas un mot. C'est... c'est encore pire.

Il sert fortement ses poings le long de son corps, sans me lâcher du regard. Me taire ? Pourquoi faire ! Je vois bien qu'il veut me bouffer et qu'il n'attend qu'une occasion pour me sauter dessus ! J'essaye de capter son aura, de percevoir ses sentiments à travers elle. Mais je n'arrive pas à étendre mes capacités bien loin, parce que le sombre autour de nous m'empêche d'y voir clair, que ça soit avec mes yeux ou avec mes dons de chevalier. Il m'entoure complètement pour me fermer au monde. Mauvaise nouvelle. Je ne suis pas du genre à arrêter de me battre, mais que faire ? Zircon ne peut pas bouger, il risquerait sinon de me faire du mal, pour ne pas dire tuer. Le sombre recommence à dessiner des veines noires sur son passage, sous ma peau. Et il me donne un mal de tête horrible.

Ça serait beaucoup plus facile de fermer les yeux et d'attendre que les choses passent. Cependant, ça serait oublier que je ne suis pas le genre à abandonner, encore moins dans ce genre de situation. Me faire avoir par un mec, puis quoi encore ! Je ne suis pas une faible ! Je ne suis pas non plus une princesse qu'il faudrait sauver ! Je me trouve toutes les excuses du monde possibles pour me foutre en rogne et me maintenir éveillée. J'essaye de faire appel à ma capacité à manipuler le vide, mais il faut que je me rende à l'évidence : le sombre est déjà beaucoup trop lourd autour de moi pour que je sois capable de faire un tel exploit. Le sang qui continue de filtrer à travers mon hémorragie au niveau du cou me fait mal, en plus de me rapprocher inexorablement de l'inconscience. La morphine dans mon corps m'empêche de me libérer de mes chaînes. Le seul espoir qu'il me reste, c'est le Scorpion, et ce dernier n'a pas l'air de vouloir bouger le moins du monde.

Je ferme mes yeux, essayant de chercher une autre solution. Il y a forcément quelque chose que je n'ai pas encore exploré ! Il faut simplement que je réfléchisse. Le brouillard autour de nous ne tarde pas à recouvrir entièrement mes jambes, me faisant pousser un jappement de douleur. J'essaye de bouger pour le faire disparaître, mais rien à faire : il continue de venir, je me vide de mes dernières forces pour rien. Je sers les dents et pince fortement mes lèvres, fusillant du regard cette masse noire. Hors de question que ces intentions fourbes ne réussissent à me toucher. Ma peau me brûle de plus en plus. Mes souvenirs deviennent difficilement accessibles. Je ne vais pas y arriver.

Lorsque je pense cette phrase décourageante, je jette un nouveau coup d'œil au noiraud. Il s'est encore avancé, mais a désormais les yeux fermés, et passe une main dans ses cheveux. Je ne l'ai même pas entendu marcher. Comment est-ce possible ? Je dois être de plus en plus amorphe à cause du sombre dans l'air et du sang qui coule de ma plaie. Ils m'empêchent de raisonner correctement, et en plus, de pouvoir me servir de mes sens ? Je suis dans une sacré merde. Je vocifère dans ma tête tout un tas d'insultes très peu agréables à l'encontre de ce foutu brouillard et de son propriétaire, jusqu'à sentir quelque chose sur mon doigt.

Quelque chose de particulièrement froid. Ma bague ! C'est grâce à cette bague que je peux me reconnaître en tant que Serpentaire ! C'est elle qui me permet de me reconnaître en tant que chevalier ! C'est elle qui fait la liaison entre mon ancienne vie, celle sur Terre, et celle que j'ai commencé ici en tant que Chevalier du Zodiaque. Mais ce n'est pas tout. C'est elle aussi qui a la capacité d'interagir avec le reste de l'équipe !

Je déchante immédiatement. Noa m'a dit que notre bijou a un lien avec la Grande Ours, mais pas forcément avec le reste de l'équipe. Nous ne sommes plus au Quartier Général, si je décide de me servir de ce lien, rien ne me dit que ça sera utile. Et puis merde. Si cette bague peut me permettre d'avertir la Grande Ours, elle pourra sans doute avertir quelqu'un qui pourrait nous aider ! Comme... je n'en sais rien, Ophiuchus !

Est-ce que je suis vraiment en train de mettre mes chances de survie sur une étoile et un chevalier radié ? Je n'ai pas le temps de me poser la question. Mon cerveau est tellement ralenti que je suis prête à toutes les folies. Je n'ai aucune idée de comment envoyer le signal à cette étoile, mais je devrais y arriver. Je cherche à bouger mes mains, fixant toujours ce... Vile devant moi, pour qu'il ne puisse pas faire un pas de plus. Il a calmé sa respiration. Plus exactement, il respire le sombre autour de lui. Il se ressource ? J'ai envie de l'insulter sans trop savoir pourquoi la seconde d'après. Mais ce n'est pas le moment de me laisser aller, pas du tout. Je triture la bague du serpent que j'ai autour de mon doigt, coinçant ma peau entre ses deux mâchoires ouvertes, jusqu'à sentir la morsure de ses crocs sur mon doigt.

« Venez m'aider ! »

Un sifflement strident brouille soudainement mes oreilles et mon cerveau. Je soupire, baisse la tête, avant de grimacer, prise de vertiges. C'est comme si Mirah venait de me donner un coup de marteau sur le crâne. Je suis à peine capable de garder les yeux ouverts. Je ne sais pas ce que j'ai fait, mais je m'en fou complètement du moment que c'est efficace.

Le sombre est désormais au niveau de ma taille. Il ne m'asphyxie plus seulement la peau, mais également les poumons. Il ne me permet pas de me nourrir d'air, ou plus précisément, de lumière, de vide, je n'en sais rien. Je vais finir par ne plus pouvoir respirer, et pas parce qu'on aura mis sa main devant ma bouche, non : parce qu'un foutu brouillard de merde rampe sur mon corps !

Calme-toi, Aurore. Je ne suis pas une humaine normale. Je ne suis pas une lumineuse normale ! Mon corps peut supporter d'être dans le vide, par conséquent, il n'a pas besoin de respirer. Même si c'est particulièrement inconfortable, je me rends rapidement compte que ça ne me manque pas. Je l'avais oublié, je crois. Je ne vais pas mourir d'asphyxie, non, mais de brûlure. Et... ce n'est pas très rassurant.

Je suis sortie de mes pensées par un nouveau geste de la part de Zircon devant moi. Il s'est accroupi juste en face de moi. Il lutte, je le vois, mais Axel a été très clair : il est impossible pour lui de résister à l'appel du sang. Et malgré tous ses efforts, je vois bien que son regard se tourne toujours finalement vers ma gorge, avec une envie dévorante dans les yeux. Quel jeu de mot fantastique. Je suis absolument rassurée de voir que je ne perds pas le sens de l'humour, même pas dans les situations les plus critiques. Je devrais demander un oscar en cette occasion, tient !

-Ne bouges pas, me demande la voix rauque le chevalier devant moi.

D'accord, je n'ai rien dit pour l'humour : je panique. Je panique même beaucoup trop. Je sens l'horreur me faire frissonner, tout comme je sens mes yeux s'écarquiller. Y a-t-il encore une chance que je ne me fasse pas vider de mon sang par ce mec que j'ai côtoyé pendant des mois ?

-Zircon, ne fais pas ça...

-La ferme, siffle-t-il.

Il m'empoigne les cheveux pour faire pencher ma tête sur le côté, alors que je sers les dents. OK, alors là, sauf crier, je n'ai pas vraiment d'autre choix. Zircon a toujours les yeux aussi indécis. Il fixe un instant ma plaie, avant en soupirant se passer la main sur le visage.

-Putain, je n'arrive pas à croire que je vais faire ça...

Tu n'es pas obligé ! Tu n'es pas du tout obligé de le faire ! J'aimerais le lui hurler en face, mais ce n'est pas possible. Le sombre est monté jusqu'à ma gorge et m'empêche littéralement de parler. L'essence suave de Zircon se rajoute au mélange pour me faire définitivement taire. Je tente de lui demander par les yeux de se reculer, ou de me délivrer, je ne sais pas, mais je crois qu'il n'en a rien à faire. Il penche sa tête dans mon cou, sans lâcher sa poigne dans mes cheveux. Battue, je ferme fortement les yeux et pince mes lèvres.

Je sens sa langue lécher l'hémorragie, ce qui me fait grimacer. Je m'attends à sentir mon sang sortir de la marque qu'Axel m'a fait. J'attends même plusieurs secondes pour sentir ce liquide vital me quitter. Mais la seule chose que je sens, c'est ma peau qui se referme. Stupéfaite, j'ouvre les yeux et tente un regard en direction du Scorpion.

Il tourne sa tête sur le côté et crache mon sang par terre, libérant mes cheveux. Il s'essuie la bouche avec sa main, dégoûté, avant de regarder mon tee-shirt.

-Ça en revanche ça va être chiant, grogne-t-il en fusillant la tache rouge du regard.

J'ouvre la bouche pour lui demander des explications, mais il me demande d'un œil sévère de me taire. Ses mèches noires retombent sur son front. Il s'avance pour passer ses mains derrière moi, et d'un coup sec casser les chaînes qui me liaient les poignets. Il a... résisté ? Comment a-t-il fait ?

-Tu...

-Rah, ferme-là, râle-t-il en roulant ses yeux. Tu penses que c'est la première fois que je sens ton sang ? Tu t'es fait dévorer par un parasite devant moi, il y en avait plus que ça ! Relève-toi.

Il se redresse, avant de croiser ses bras et attendre, sans me quitter des yeux. Je ne sais pas quoi dire. Je sens mes forces revenir grâce à ma guérison de Serpentaire, permise grâce à la fermeture de ma blessure. Je fais ce qu'il me demande, mais le sombre a sacrément endommagé mes jambes. Elles sont rouges, sur certains endroits à vif... et je ne tiens pas cinq secondes avant de devoir m'adosser au mur, retenant un soupir de douleur. Zircon remarque bien vite aussi l'état de ma peau, et son visage vire à nouveau à la surprise et à la peur.

-Merde...

Je lui lance un regard appuyé. Oui, ça, on peut le dire. Si mon sang commence à être mis sous son nez alors qu'il n'est clairement pas en état de se contrôler, je vais avoir un gros problème. Zircon croise mon regard, avant de grogner en serrant les poings.

-Ne me dit pas que je vais devoir te porter ?

Il ne semble pas du tout heureux à cette idée, et je n'en suis pas contente non plus. J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais le sombre en profite pour venir sur mes joues et tenter de m'étouffer de l'intérieur. Je mets ma main devant ma bouche et mon nez, tout en fusillant cette matière démoniaque du regard. Zircon roule ses yeux et se dirige vers la torche, puis réussit dans un geste sec grâce à un cailloux à rallumer la flamme qui s'était éteinte. Il n'en faut pas plus pour que la nappe de brouillard recule. Le Scorpion plisse les yeux et met son bras devant sa bouche, accrochant rapidement la torche au mur à peine à un mètre de moi. Il se recule rapidement dans les nappes noires et ténébreuses qui nous entoure.

Encore plus surprise, je le regarde les yeux ronds, toujours une main adossée au mur et l'autre devant ma bouche. Je suis trop embrouillée pour parvenir à réfléchir correctement. Comment... comment il a fait ?

-Mais qu'est-ce que tu es... ? murmuré-je.

-Je ne comprends rien quand tu parles avec quelque chose devant la bouche, râle-t-il en roulant ses yeux. Ce n'est pourtant pas compliqué de le deviner. Axel crée des brouillards de sombre. La lumière repousse les ténèbres, même chez toi on n'est pas capable d'arriver à cette conclusion évidente ?

Je reste le regard braqué sur lui, toujours la même question en tête. Je ne sais pas comment faire pour la formuler, mais j'ai besoin de la poser. J'ai besoin de savoir.

-Comment t-tu peux être... un... un c-chevalier ?

Les bégaiements de ma voix informent Zircon que je reste terrifiée de la situation. Il ne tente pas de s'approcher. Il soupire, regarde le sombre autour de lui, et ne me répond pas. Ça me rend folle.

-T-tu es un...

-Un Vile, oui, je crois que je suis au courant, s'agace-t-il.

Je me tais, restant tremblante proche du mur, sans pouvoir détacher mon regard de sa silhouette. Elle se fond à la perfection dans le sombre, elle pourrait être menaçante, et elle l'est. Mon instinct me souffle encore et encore de l'éviter et de m'en aller, mais je ne suis pas capable de faire un geste. La morphine d'Axel continue de courir dans mon sang. Ma guérison de Serpentaire l'atténue peu à peu, je le sens, mais je ne suis toujours pas capable de courir.

-Je ne sais pas comment c'est possible, finit par avouer Zircon en passant sa main dans ses cheveux. Je ne sais pas pourquoi j'ai été choisis comme chevalier. En lisant leur foutu manuel sur les Chevaliers du Zodiaque, j'ai bien vu qu'il y avait marqué « cœur lumineux » et pas lumineux. La blague ! ricane-t-il. Il n'y a pas plus foutage de gueule que ça.

Je me souviens également de ce paragraphe, il fait partie des premiers du livre. Mais je ne sais pas ce que ça inclue. Les Vile peuvent tout à fait être élus comme chevaliers, alors ? Je croyais que la Grande Ours était une étoile lumineuse, et pas sombre. Je croyais que ce combat était celui des lumineux contre les Vile. Je croyais connaître la réalité dingue autour de moi. Et pourtant, on ne cesse de jouer sur les mots d'une façon insupportable.

Une autre question tout aussi vitale finit par me brûler les lèvres.

-Co... comment tu as... résisté ?

Zircon reste planté devant moi, sans bouger, me regardant avec un air beaucoup plus neutre que tout à l'heure. Il est complètement calmé. Et... et, si j'en crois ce que je sens, ou plutôt ne sens plus sur ma peau, il a également réussi à totalement refermer ma plaie. Je n'ai pas envie de réfléchir à ce qu'il vient de me dire. Je n'ai pas envie de laisser mon côté rationnel me faire paniquer. Son frère a le pouvoir de créer des nappes de sombres, OK. Pour l'instant, je vais devoir laisser cette information de côté, et ne pas paniquer parce que je l'ai entendue, et parce que j'ai vu qu'il... que Scorpion était capable à la... la faire reculer. Grâce à de la lumière. Calme-toi, Ora. La dernière partie est logique concernant ce que je sais déjà.

Je dois rassembler mes esprits et voir ce qu'il y a de plus urgent. Je dois donc savoir si je suis capable ou pas de faire confiance à un type comme Zircon. A un Vile. A un menteur. Pourquoi nous avoir mentit tout ce temps ? Et... comment a-t-il fait pour ne pas me tuer ?

-Tu as déjà eu ton premier sang, c'est ça ? murmuré-je.

Le changeur déglutit face à moi, désormais beaucoup moins confiant. Il cherche mon regard. Manifestement, il n'a pas l'air de vouloir jouer les méchants. J'ai tapé en plein dans le mille alors que j'ai pris seulement à demi-conscience de ce qui est sortie de ma bouche. Je continue sur ma lancée, oubliant totalement l'urgence de la situation.

-Avec qui ? demandé-je.

Il pince ses lèvres. Il n'a pas envie de me le dire. Et moi, je ne comprends pas comment il peut encore être avec nous. Axel a dit que sa volonté fonderait, et qu'il irait dans les rangs du Seigneur Noir. Comment est-ce possible qu'il soit encore parmi les chevaliers ? Et qui serait assez proche de lui et assez fou pour faire un truc pareil ? Merolt ? Non, ce dernier était peut-être au courant, mais je vois mal Zircon faire ça avec son meilleur ami. Alors... qui est assez sauvage et mordu pour accepter de se faire sucer le sang... ?

Je garde le silence un moment, attendant qu'il veuille bien me le dire. Mais il s'obstine à garder le silence. Il n'a de toute façon pas besoin de le dire. Je finis par deviner.

-C'est Mirah, pas vrai ?

Zircon tressaille, avant de fermer ses yeux pour se passer la main dans les cheveux. Il soupire. J'ai vu juste, ce qui explique en partie leur rapprochement. Je ne pensais pas que Mirah puisse... accepter le fait qu'il soit un Vile. Elle semble tellement les haïr ! Le noiraud semble avoir lu dans mes pensées.

-Elle ne sait pas ce que je suis, murmure-t-il.

-Mais... enfin... comment...

Je n'arrive plus à aligner deux mots. Le chevalier passe sa main sur son visage, soupire encore une fois, puis finit par me regarder d'un air désolé.

-Elle ne sait rien pour moi. J'ai passé mon premier sang sur elle, et c'est tout.

-Mais pourquoi tu n'es pas...

-Nous ne sommes que deux à être des changeurs dans tout l'univers, siffle Zircon en serrant les poings. Tu crois vraiment qu'Axel sait tout à propos d'une espèce unique en son genre ? J'ai juré allégeance à quelqu'un d'autre qu'un tortionnaire tyrannique et cruel, il est où le problème ?!

Il m'agresse pour que je ne puisse pas m'énerver contre lui. Je le regarde les yeux ronds, ahurie qu'il ose faire une chose pareille. En réalisant qu'il s'est mit à hurler, Zircon desserre les poings et relâche ses épaules. Comme s'il n'avait pas fait exprès de se mettre en colère. Le sombre aurait des effets néfastes sur lui ? Je ne comprends rien.

-Je sais que tu ne veux plus me faire confiance, soupire-t-il en regardant sur le côté. Mais il faut que tu me croies quand je te dis que je ne suis pas du côté des Vile. Et également que je ne suis pas un... changeur complet. Je ne sais pas pourquoi. Sans doute parce que je n'ai pas... pas tué...

Il soupire à nouveau et grommelle des paroles incompréhensibles en passant sa main devant son visage. Je crois que lui tout comme moi ne captons rien de ce que sa... race... implique.

-Tu ne peux pas te... te transformer ? me renseigné-je.

-Non, me répond-il. Et je ne sais pas pourquoi, si tu veux tout savoir. Mais Axel l'ignore, et c'est tant mieux. Je ne risque pas d'être pris à ses foutues manipulations de sadique.

Je ne sais pas quoi en dire. Je ne sais pas quoi faire non plus. J'ai bien conscience que je devrais chercher à m'en sortir avec lui, mais mon instinct refuse que je fasse un seul pas. Je n'arrive pas à bouger. Zircon aurait pu me tuer. Axel aurait pu me tuer. Le sombre aurait pu me tuer. Je suis passée trois fois à côté de la mort en moins d'une heure, et c'est effrayant. En voyant que je ne bouge toujours pas, le Scorpion soupire et roule ses yeux, avant de faire un pas vers moi. Aussitôt, par réflexe, je me colle contre le mur, arrêtant de respirer.

Zircon s'arrête aussi. Il décortique un moment la tension qui m'enserre le corps et plante ses yeux topaze dans les miens. Il y a tellement de choses qui me passent sous le nez que je n'ai plus du tout envie de me confronter à quelque chose de... bizarre. D'anormal. D'irrationnel. En fait, je crois bien que j'ai aussi très peur que ses pulsions sanguines ne reprennent le dessus. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, à tel point que je le sens cogner contre ma cage thoracique. Je ne sais pas quoi me dire pour arriver à lui faire à nouveau confiance.

Parce qu'il m'a complètement effrayé.

-Aurore, je ne vais pas te tuer, murmure lentement Zircon.

Je frissonne à cette appellation, retenant mon envie de hurler en serrant les poings. Au lieu de quoi, je le fusille du regard.

-Tu n'as pas la permission de m'appeler comme ça, rétorqué-je en me collant contre le mur. Et ce que tu dis n'a rien de rassurant.

Il continue de me regarder encore un long moment. Il a envie que je lui fasse confiance ? C'est un peu tard pour ça. Mes jambes tremblent tellement je suis sur les nerfs, tellement elles me font mal, tellement le sombre qui m'a attaqué me donne le tournis. Je ne sais même pas comment je vais arriver à me sortir de là. Je ne suis même plus capable d'approcher le Scorpion sans sentir la peur me nouer les entrailles. Alors comment retourner au manoir... ?

En soupirant, je me laisse glisser contre le mur jusqu'au sol, fermant mes yeux. La situation est beaucoup trop étrange et chaotique pour moi. J'ai appris trop de choses anormales en peu de temps, je ne vais pas bien du tout. Mon cerveau refuse de comprendre ce qu'il se passe, ma phobie de l'irrationnel refait surface, et elle me paralyse tout entière. Mais il n'y a pas que ça. Zircon aussi m'a fait la peur de ma vie. Le fait qu'il ait Axel comme frère me donne l'impression d'un nouveau couteau dans le cœur. Le fait que mon sang lui donne des pulsions meurtrières à mon égard me paralyse. Je ne sais pas comment me calmer. Je n'y arrive pas. Tout mon courage est passé dans l'action d'appeler à l'aide, sans savoir quel résultat ça va donner. Je suis perdue. Et j'ai peur.

A nouveau, j'entends Zircon s'accroupir en face de moi. Il respire calmement. Il n'est pas comme moi, tremblant sur le sol, en train de... de pleurer ? Un hoquet de stupeur et de choc échappe à ma gorge. Il ne manquait plus que ça. J'ai tellement la frousse de ma vie, dans cet endroit que je ne connais pas, et je suis tellement choquée de ce que je viens de vivre que je suis en train de pleurer. Je replace ma tête dans mes bras, contre mes genoux. Pathétique. Mais je ne peux pas en vouloir à mes nerfs de relâcher la pression comme ça.

-Serpentinette, regarde-moi.

Je renifle dédaigneusement. Après quelques secondes de réflexion, je décide de relever mes yeux sur le visage de ce Vile étrange. Le ton qu'il vient d'employer est anormalement doux. Je me demande ce qu'il a encore derrière la tête. Ses mains se posent sur mes genoux, et ses yeux topaze me fixent à nouveau. Ils sont calmes. Tout comme lui. Quelle est la raison de ce changement soudain d'attitude ?

-On va s'en sortir, m'assure-t-il.

-Comment peux-tu le savoir ? rétorqué-je la voix rauque. On ne sait pas où on est, on ne sait pas comment sortir, et je ne suis même pas capable de marcher.

Un léger sourire en coin apparaît sur les lèvres de Zircon.

-Je n'ai pas dit mon dernier mot.

Il se met à côté de moi, puis tire sur mon bras pour le passer autour de ses épaules. Sa main attrape mon poignet, tandis que l'autre se pose sur ma hanche pour m'aider à me relever. Surprise, je le laisse totalement faire, sans bouger le moins du monde, encore contrôlée par l'instinct animal qui me hurle de le repousser.

-Aide-moi, sinon, on ne va pas y arriver, râle-t-il. Tu peux avoir la force de te tenir toute seule, ou pas ?

-T'es vraiment... en train de m'aider... ? balbutié-je.

Il me jette un coup d'œil, avant de hausser un sourcil.

-Tu préfère que je te traîne par terre en te tirant par le pied ? Parce que l'idée me tente bien.

Je plante mes ongles dans son épaule et m'appuie sur lui pour me remettre bien droite sur mes jambes en secouant la tête.

-Non, non, c'est bien comme ça, assuré-je.

-Ouais, c'est bien ce qu'il me semblait.

Il lâche un ricanement, avant de se diriger vers la porte de la cellule. Je n'arrive pas à croire qu'il ait lui-même pris l'initiative de m'aider, et surtout, d'accepter un contact physique avec quelqu'un d'autre. Et je pense que lui-même n'arrive pas à croire ce qu'il est en train de faire. Mais nous n'avons pas vraiment le choix : si on veut arriver à se sortir de cette merde, il va falloir qu'on fasse tous les deux des efforts.

-Prends la torche, m'indique Zircon.

Je tends mon bras vers la source de lumière. Sa main se crispe autour de ma hanche lorsque j'approche la lumière près de nous.

-Désolé, marmonné-je.

-Ne t'en fait pas pour moi. Pour rester consciente, tu vas avoir besoin de lumière, et crois-moi, ça manque cruellement d'éclairage dans les parages. Alors ne lâche pas cette putain de torche et reste avec moi.

Zircon balance son pied dans la porte de la cellule, la décrochant du portant métallique sur lequel elle se trouvait pour qu'elle aille se fracasser contre le mur en face. Je regarde le geste et la force sans oser faire de commentaire, me disant que je risquerais bien de me prendre un coup pareil également si jamais je le cherche de trop. Il ne perd pas de temps, nous dirigeant dans les couloirs nauséabonds en cherchant quelque chose du regard, les yeux brillants. Obéissant à ses ordres, je ne relâche pas la seule source de lumière que nous avons, profitant de sa clarté pour respirer correctement. C'est à peine supportable, mais je tiens bon.

Les couloirs se ressemblent tous, je ne sais pas comment le Scorpion fait pour se repérer. Ils sont tous rectangulaire, à peine assez large pour laisser passer trois personnes, tous tâchés de sang ou de couleur noire que je n'ai pas envie d'identifier. Quelques fois, on a droit à un embranchement, mais pour le même résultat et la même décoration. Les Vile ne sont pas spécialistes de la différenciation, de ce que je vois. Pour ma part, je surveille ardemment le sombre autour de nous. L'avantage, c'est que les veines noires sur ma peau commencent à disparaître. L'inconvénient, c'est que l'engourdissement provoqué par la morsure d'Axel est toujours présent dans mon corps et que j'ai du mal à suivre le rythme rapide du chevalier.

-On ne risque pas de tomber sur l'autre Vile à plume ? demandé-je au bout d'un moment.

Je ne veux pas dire « ton frère » devant lui, j'ai un peu peur de sa réaction. Le Scorpion secoue sa tête.

-Non, il est parti depuis pas mal de temps. Je ne le sens plus dans les parages. Mais il s'attendait à ce que je puisse m'enfuir d'ici. Logiquement, il devrait y avoir une sortie pas bien loin.

-Qui te dit que c'est une sortie et pas un piège ? rétorqué-je en regardant derrière nous. Il s'attend à ce que tu rencontres le Seigneur Noir, après tout !

Le noiraud roule ses yeux en soupirant.

-Jamais le Seigneur Noir ne se déplacerait pour accueillir l'un de ses sous-fifres. Il doit attendre que je le rejoigne de moi-même. Piéger la sortie n'aurait rien de logique, sauf pour me foutre définitivement en rogne.

-Pourquoi ?

Zircon grimace, avant de hausser les épaules.

-Je n'en sais rien. Mais Axel a toujours été imprévisible. S'il y a des Vile à l'extérieur, attend toi à devoir te battre, parce qu'on ne nous fera pas de cadeaux.

Ce qu'il vient de me dire devrait me tétaniser pour de bon, et pourtant, je sens en moi l'envie d'en découdre. Si des Vile nous cherchent, je vais leur faire le plaisir de leur montrer l'étendue de mes progrès en combat. Et si Axel traîne encore dans les parages, je ne vais pas me gêner pour lui arracher les plumes.

Je commence à sentir autre chose que le sombre qui me brûle la peau. L'ambiance devient plus froide, lourde, une odeur pestilentielle envahie les lieux. Elle me rappelle la mort. Oh joie. Je crois que je préfère encore les nappes de sombre. Mais ce n'est pas le cas de Zircon, qui semble suivre l'odeur pour retrouver la sortie. Et on finit par la trouver, cette sortie, oui ! Se détachant bien clairement entre quatre murs, avec des gargouillements ignobles provenant de l'extérieur. Des déchirures, des râles, des gémissements, il y en a pour toutes les horreurs. Évidemment, c'est par là qu'on doit se rendre pour pouvoir s'en aller.

Mes jambes se dérobent malgré moi sous mon poids face à l'affrontement qui semble nous attendre. Ce n'est clairement pas le moment, mais mon cerveau refuse d'être confronté à la mort une nouvelle fois. Le Scorpion pousse un râle d'agacement, avant tout comme moi de constater que je ne suis pas en état de marcher. Mes muscles ne veulent tout simplement plus m'obéir. Il pince ses lèvres en signe d'agacement.

-Je... je n'arrive pas à... commencé-je.

-Je sais, me coupe-t-il.

-Laisse moi une minute.

-On n'a pas le temps, Ora.

-Zircon, tu vois bien que je ne peux pas marcher, alors laisse-moi le temps de m'en remettre ! explosé-je.

Je n'ai pas réussis à garder mon calme. La vérité, c'est que j'ai peur de ne pas pouvoir reprendre le contrôle de mon corps. Si nous avons un combat droit devant nous, je ne serais d'aucune utilité, et nous le savons très bien tous les deux. Alors, en soupirant, Zircon passe son bras derrière mes genoux, l'autre dans mon dos, et me soulève avant de s'avancer d'un pas décidé vers la sortie.

-T'es lourde, commente-t-il.

-Mais... je t'ai demandé de me laisser le...

-Je t'ai déjà dit qu'on n'a pas le temps. Je me débrouillerais.

-Tu ne vas pas pouvoir combattre tout seul une armée de Vile ! râlé-je.

Il roule ses yeux.

-Il n'y aura pas une armée de Vile. Juste deux ou trois. Je pourrais les gérer.

-Zircon, tu es chiant et stupide, là !

-Tais-toi.

Je m'apprête à répliquer, mais un vent glacial s'engouffre dans le couloir et éteint la torche que je tenais dans la main. Stupéfaite, je regarde le bout de bois qui ne me sert plus à rien. Le noiraud étouffe un juron dans sa barbe.

-Retiens ta respiration.

Je ne me fais pas prier. Le sombre est tellement puissant vers cette sortie qu'il m'en fait tourner la tête. Ma vision se brouille, mais je lutte pour rester éveillée. Je ne sers certes pas à grand-chose en étant dans cet état, mais je peux au moins faire l'effort de scanner les environs grâce à mes nouveaux sens, et permettre au cas où de prévenir d'un danger. Soyons clair : je ne suis d'aucune utilité. Mais j'ai bon espoir que ces derniers instants en compagnie de la lumière m'ait aidé un temps soit peu à guérir certaines de mes blessures. Avec un peu de chance, j'arriverais à asséner un ou deux coups aux Vile qui nous attendent.

Une fois dehors, je balaye rapidement les environs du regard. D'immenses ruches noires sont posées à même le vide, reliées les unes aux autres par de fins morceaux de terres et des pics ressemblant à du métal d'où coule une substance noirâtre. L'espace est mauve, déchiré par des éclairs blancs et des étoiles noires. Zircon se hisse sur une sorte de plateforme, avant en soupirant de regarder autour de lui. Des milliers de rochers planent à même l'espace, creusées de grotte d'où sorte des Vile de toute espèce. Certaines se jettent sur d'autres, et les mangent littéralement. Super. Je ne les reconnais pas, mais ce n'est pas ça qui va m'empêcher de me battre.

-Pose-moi par terre, demandé-je.

-Tu n'es pas en état de te battre.

-J'ai dis, pose-moi par terre ! râlé-je.

En étouffant un énième juron à mon encontre, le chevalier finit par obéir. Un cri déchirant perce l'air. Zircon lance un coup de pied dans un pic rocheux pour le décrocher et le prendre comme arme. Je m'apprête à faire pareil, mais il secoue négativement sa tête.

-C'est du poison, Ora. Ne t'en sers pas.

-Parce que toi, oui !

-Putain, mais ce n'est pas le moment de me chercher des emmerdes ! s'emporte le Scorpion. Retourne à l'intérieur !

-Tu rêves ! Je ne vais pas te laisser tout seul !

-Ora, bordel, mais t'es vraiment qu'une conne !

Un nouveau cri reporte mon attention devant moi, m'empêchant de répliquer. Je m'empare de la dague que je cache toujours dans l'une de mes chaussures. J'ai à peine le temps de la dégainer qu'une forme poilue saute sur la plateforme pour foncer sur moi, toutes griffes dehors. Par réflexe, je me jette sur le côté, lui entaillant la côte. Un jet de sang noir m'éclabousse le visage, et la chose s'écrase sur le côté, gargouillant de fureur. Scorpion est occupé avec ses propres monstres de l'autre côté, alors je vais devoir me débrouiller toute seule.

Je me remets aussitôt sur mes pieds, me rappelant de ne pas ouvrir la bouche, ni de respirer. Ça s'annonce fastidieux. L'air ambiant est de toute façon irrespirable. Mon adversaire se relève lentement. J'en profite pour le détailler, à la recherche d'un point faible. La créature ressemble à une hyène. Elle a un trou béant noir à la place de la bouche, des yeux globuleux tombants, un pelage brun hirsute et des griffes de dix bons centimètres. Je déglutis. Ça n'est franchement pas une bonne journée.

La chose se rue à nouveau sur moi, profitant de ma baisse de vigilance. Je me remets aussitôt en garde et lève mon genou vers sa gorge, lui donnant un coup dans la trachée. Ses griffes m'entaillent la peau des jambes. La douleur me fait pousser un râle de mécontentement. Elle tombe à terre, et je la suis. Je me retrouve sous elle. Toujours la dague en main, je l'avance brutalement dans le fond de sa bouche béante. Un liquide noir, pareil à la substance sur les pics, coule sur ma lame et touche mes doigts. Je pousse un nouveau râle de douleur. La substance est goudronneuse et très chaude, elle m'empêche de bouger. La hyène gargouille de contentement au-dessus de moi, me fixant de ses yeux globuleux. Je la fusille du regard.

-Parce que tu te crois maligne, peut-être ?!

Je ne peux plus bouger ma main dans sa gorge. Plusieurs rangées de crocs apparaissent brusquement au niveau de ses mâchoires tombantes. Je blêmis. Oui, je crois qu'elle se croit maligne. Mais je n'ai pas l'intention de perdre une main. J'empoigne sa gorge et inverse nos positions, me servant de ma force de chevalier pour prendre le dessus. Une fois sur le dos, la créature se met à se tortiller dans tous les sens en essayant de me lacérer de ses griffes. La colère monte en moi. Je ne vais pas me laisser faire !

J'empoigne avec force l'une de ses pattes et compresse ses os jusqu'à les sentir craquer en mille morceaux entre mes doigts. La hyène pousse un râle de douleur. Je me rue sur le côté pour empêcher son autre patte de me griffer le visage. Prise dans mon élan, je réussis à casser la substance étrange qui m'empêchait de retirer ma main armée de sa gorge. La Vile s'ébroue, mécontente, grogne et se remet immédiatement en position d'attaque. Je fais de même, me remettant en garde et faisant siffler ma dague dans l'air. Je t'attends.

-Vise le cœur, Ora ! m'indique Zircon dans mon dos.

Je jette un rapide coup d'œil vers lui. Il est pris en étau par deux hyène brune et grise. Il retient la première à terre, la tête enfoncée dans le sol, la seconde s'est jetée sur lui. Il la repousse avec sa barre noire. Quand il me voit l'observer, il m'engueule.

-Ora, putain, dans un combat, tu ne quittes pas ton adversaire des yeux ! Regarde devant toi, abrutie de serpent !

Je mets aussitôt le conseil en pratique, alarmé. La créature s'est déjà jetée sur moi. Je plonge droit en avant, la laissant s'écraser dans mon dos. Le temps qu'elle se retourne, je suis déjà debout. À nouveau, je regarde en direction du Scorpion. Il a réussit à repousser l'une des deux créatures. Il n'a pas besoin de mon aide.

-Devant toi ! hurle-t-il en me voyant à nouveau divaguer.

Cette fois, lorsque la hyène saute sur moi dans un gargouillement moqueur, je me décale sur le côté et lance ma dague droit dans ses côtes, à l'emplacement du cœur. Mon geste est atrocement rapide, précis, et plonge dans sa fourrure jusqu'à la garde. La chose s'écroule sur le sol, arrêtée en plein dans son geste. Je ne perds aucune seconde et saute à son cou pour lui asséner un dernier coup dans la gorge. Ses os craquent. Elle ne bouge plus. Une de moins.

Mon regard se tourne vers Zircon. Les deux Vile sont empalées sur son arme improvisée. Il a du sang sur les mains, lui aussi. Je récupère ma dague et fronce mes sourcils.

-Qu'est-ce que c'était ?

-Des sentinelles. Je t'aurais bien fait un cours sur l'origine de ces choses, mais je crois que tu ne vas pas réussir à le suivre.

-Pourquoi tu dis...

Je ne termine pas ma phrase que je sens mes jambes à nouveau fléchir sous mon poids. Stupéfaite, j'observe mes veines à nouveau totalement sombre. J'étais si prise par l'adrénaline que j'en avais oublié le sombre tout autour de nous, et évidemment, j'ai respiré pendant le combat malgré ma prudence. Zircon ne perd pas de temps pour venir m'aider à me relever, mais je ne suis à nouveau plus capable de marcher.

-Fais chier ! sifflé-je.

-Économise ta salive, me rabroue le noiraud.

Je décide d'appliquer le conseil lorsque je me rends compte du goût acide et brûlant du sombre contre mon palais. Cette énergie essaye sournoisement de s'immiscer dans mon corps alors que je parle, c'est le bouquet !

Le Scorpion regarde autour de lui. Je suis tentée de lui demander ce qu'il fait, mais je ne peux évidemment pas, au risque de me retrouver asphyxiée par l'énergie noire qui nous entoure. Il siffle d'un coup dans l'air. Je sursaute, soudainement prise de panique. Il va ramener les Vile aux alentours !

-Qu'est-ce que...

Un nouveau cri aigu me fait taire, et réveille mon instinct de survie. On aurait dit un cri de faucon, mais mélangé au rugissement d'un félin. Un battement d'aile me vient de loin, ce qui me panique. Mon corps se met à trembler. Pas encore un Vile volant !

-Hé, hé, calme-toi ! me brusque Zircon. C'est un griffon !

Un griffon ? Il ne manquait plus que ça pour rendre ma journée totalement irréaliste. Malgré le fait que je n'ai pas très envie de voir la bête, elle finit quand même par se poser face à nous, sur la plateforme grise, écrasant au passage la dépouille de la sentinelle que j'ai battu. Il est impressionnant. Comme dans les mythes que j'ai déjà lus, par curiosité mais aussi un peu forcée par Lux – je comprends maintenant pourquoi – la curieuse créature est encore plus haute qu'un cheval, mais avec une tête triangulaire, des serres d'oiseaux, une queue fine mais touffue vers sa pointe et surtout deux grandes ailes d'oiseau. La bête en elle-même est presque entièrement grise. Elle est recouverte ça et là de petites plumes noires, comme les chouettes. Ses yeux sont bleus, et elle nous dévisage comme si elle allait nous attaquer. Ça n'est pas rassurant. Je ne pourrais pas assurer un second combat aujourd'hui.

Zircon soutient son regard sans broncher, jusqu'à-ce que le griffon lâche un grognement et tourne sa tête. Il s'assoit à terre, étend une de ses ailes sur le sol, puis pousse un léger cri à nouveau entre le faucon et le félin.

-Je préfère ça, se permet de commenter Zircon.

Il se dirige vers la créature fantastique et me hisse sur son dos sans me laisser le temps de protester. Je suis sur le dos d'un griffon. Je suis sur le dos d'un griffon. La tête m'en tourne, mais pas uniquement à cause de l'irréel de la situation. Je crois que je me suis remise à respirer, par réflexe. Et je suis sûre que les vertiges que j'ai ne sont pas uniquement dû à ma phobie. Je fixe sans un mot le pelage plumé de cette monture assez spéciale, avant de sentir le Scorpion dans mon dos. Il passe sa main sur la tête du griffon et remonte ses paumes jusqu'à deux plumes beaucoup plus grande, situées derrière la tête, devant moi. Il les empoigne, faisant se relever la créature. Elle se rapproche du vide. Hein ? On ne va quand même pas...

-Il... il... il ne va pas... il ne va pas... sauter ? tremblé-je en sentant le sang se retirer de mon visage.

-Ma pauvre, je ne sais pas ce que tu faisais quand tu étais gosse, rigole Zircon, mais ton enfance doit être vraiment ennuyeuse !

-Parce que toi... tu... tu montais sur des griffons... quand tu étais... petit ?

-Depuis mes trois ans, se vante Zircon.

Non mais attendez, quoi, hein ? Le Scorpion s'amuse à dresser des griffons depuis qu'il a trois piges ? Notre monture s'appuie légèrement sur ses pattes avant, lèvent ses ailes et penche sa tête.

-A-a-attends ! paniqué-je.

-Fermes tes yeux si tu as peur, mauviette !

L'animal plonge d'un coup dans l'air, me coupant la respiration. Je voudrais crier, je voudrais m'évanouir, je voudrais ne pas voir le vide défiler devant mon visage, impossible. La terreur me force à garder les yeux bien ouverts, les mains posées dans le plumage de cet être fantastique, filant à toute allure dans le vide et dans l'espace strié de sombre. Zircon ne prononce pas un mot non plus, mais il n'est pas aussi tendu que moi, et il n'a qu'à relever les « rênes » de cet hybride pour qu'il se stabilise et remonte droit vers les piques. Je ne comprends pas la manœuvre, jusqu'à remarquer qu'on file droit vers un endroit plus dégagé. Il voulait éviter les Vile présents dans tout le périmètre...

Une fois dans l'air, et après une bonne dizaine de minutes, je réussis à reprendre le contrôle de mon cerveau totalement abasourdi. Je libère mes poumons et me force à respirer, sentant de moins en moins de sombre à mesure qu'on s'éloigne de ce drôle d'endroit. Zircon se dirige vers des plateformes plus isolées, menant la bête comme si c'était la sienne.

-Tu sais... où on va ? m'enquis-je.

-Non, mais dans l'urgence, il faut s'éloigner de cet endroit. Tu ne tiendras pas debout deux minutes de plus si je te laisse dans une atmosphère remplie de ténèbres.

Sympathique. Mais surtout, nécessaire. Le griffon se pose sur une roche à peu près plate, laissant ses ailes battre dans l'air pour permettre un atterrissage plus facile. En soupirant, le Scorpion regarde vers les étranges ruches noires, sans m'accorder la moindre attention. De toute façon, je suis trop occupée à ne pas m'évanouir pour lui poser des questions.

-Il faut qu'on réussisse à contacter le...

-Zircon !

Alerte, le noiraud tourne aussitôt sa tête vers le nouvel arrivant. Pour ma part, je soupire de soulagement. Sauvée. J'ai reconnu, même prises de vertiges, la voix de Krell.

-J'ai... déjà... appelée... de l'aide... soufflé-je.

-Je vois ça, oui... commente le Scorpion. Tu avais demandé un dricons, avec, ou pas ?

Ah non mais pas encore. Je vais véritablement finir par m'évanouir. Ne me dites pas qu'il y a des dricons dans le coin, quand même ?

Le griffon sur lequel nous sommes toujours commence à s'agiter. Il piaffe, tape de ses griffes acérées le sol, commence à se cambrer. Zircon passe à nouveau sa main sur son encolure pour le calmer, puis tourne la tête vers le nouvel arrivant. Je fais bien évidemment pareil. Et je suis plus que surprise de voir débarquer Krell, effectivement accompagné d'un dricons. Mais pas n'importe lequel. Il est blanc. Et il est au moins aussi grand que le griffon. Qu'est-ce que c'est que ce monde de dérangés ?

-Tu t'es pris un animal de compagnie ? se moque le Scorpion.

-Elle a réussi à vous pister depuis le manoir, se contente de répondre le Bélier. Et toi ? Tu dresses des animaux sauvages ?

-Mon charisme fonctionne sur tout et n'importe quoi, voyons, se vante Zircon.

Krell pousse un soupir et je me surprends à l'imiter. Mais pas pour les mêmes raisons : je suis épuisée et la tension de ces derniers instants retombe. Je jette un coup d'œil à la monture du Bélier. Je reconnais ce dricons. C'est le petit albinos qu'on a laissé dans les grottes de la planète ravagée par les skraus. Planète qui fut explosée par Daemon. Comment ce petit a-t-il bien pu survivre ? Krell l'a pris avec lui ? C'est pour cette raison qu'il n'a pas emprunté le même chemin que moi pour retourner auprès des chevaliers ?

-Ça fait longtemps que tu caches ce machin ? demande Zircon en lançant un regard dédaigneux vers le dricons. Je croyais que leurs ailes ne leurs permettaient pas de voler.

Le dragon en question montre les crocs vers lui, rendant nerveux le griffon. Il se recule à nouveau, les ailes étirées autour de lui. Krell passe sa main sur la tête de sa monture, la calmant tout de suite. Je ne me sens vraiment pas bien.

-Eh bien il semblerait que les albinos grandissent, contrairement aux autres, contourne une nouvelle fois le Bélier. Ça nous a arrangé, elle est capable de supporter des masses de sombre et de lumière très importante.

-Ah ouais ? rigole Zircon. « Elle » a des super-pouvoirs, alors !

-Non, juste des particularités physiques différentes, s'agace le Bélier. Bon, tu me suis ? Lux a ouvert un passage pas bien loin. Tu crois que ton griffon pourra tenir la route ?

-Ces bêtes-là sont neutres, je ne l'ai pas appelé pour rien, grogne Zircon en reprenant les plumes de la bête. Daemon en a, dans ses écuries, je croyais que c'était lui qui l'avait envoyé.

-Eh bien il semblerait que comme d'habitude, il ne nous ai pas prévenu ! s'agace Krell. Dépêche-toi, mes veines commencent à changer de couleur, et je n'aime pas ça.

Oui, moi aussi, je dois avoir changer de couleur... j'ai une horrible envie de vomir. Krell pose son regard rubis sur moi, avant de prononcer une phrase que je n'arrive pas à comprendre. Zircon lui répond, mais pareillement, je n'entends pas ce qu'ils disent, comme s'ils étaient derrière une plaque de verre... ou que moi j'étais derrière une plaque de verre. Sans plus tergiverser, les deux chevaliers décident de partir. Le dricons de Krell se tourne d'un coup et très habilement vers le vide, puis saute dans l'espace en battant des ailes pour planer en direction d'un trou... lumineux ou noir ? Je n'en sais rien. Deux secondes plus tard, c'est au tour du griffon de courir vers le vide, de sauter dans l'espace et de se diriger vers la porte nous ramenant au manoir.

Ma tête est trop lourde pour que je prenne le loisir d'apprécier la traversée. J'ai l'impression que mes tympans vont exploser. Je ne comprends rien de ce qu'il se trame. Je ne sais même pas comment c'est possible que le Bélier ait pu cacher un... un dragon dans le Quartier Général. A peine a-t-on franchis le portail lumineux, je sens ma vue se brouiller à nouveau et mon corps tomber en avant. La lumière m'aveugle de trop. Ma tête est trop lourde. Mon cerveau n'en peut plus de toutes ces découvertes qui me sont tombés sur la gueule. La tension dans mon corps est totalement retombée et une vague de fatigue déferle sur moi avec force. Je n'ai vraiment envie que d'une seule chose.

Qu'on me laisse tranquille...

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Bizur, les Ecuy-Astres 😍 ! Vous allez bien, après ce long chapitre [8485 mots] :3 ? Je vous avoue que je ne le voyais pas aussi long, mais bon... on ne va pas s'en plaindre, hein 😶 ? Ou si, vous préférez des chapitres plus cours ? (Dans ce cas-là vous êtes mal-barré, parce que Zodiaque, c'est majoritairement des chapitres longs, surtout dans le tome 2 😅)

Comme le dernier chap, je vous avoue que je suis très stressée de ce que vous en avez pensé 👉👈 j'ai de moins en moins confiance en ce que j'écris et publie ... 😖 même si j'ai l'air insistante, c'est pour ça que je vous demande de mettre une petite étoile jaune... sans la preuve de votre présence, j'ai de moins en moins confiance en ce que j'écris :/

Bref, passons aux questions :3

-Zircon qui réussit à reprendre le contrôle de lui-même, vous l'avez vécu comment 🤔 ? Il a déjà passé son premier sang sur Mirah, ce dont ne semble pas avoir prévu Axel... soulagés ? 🤭

-On aime la relation Zircon / Ora dans ce chapitre ? 🤭 ils en ont fait du chemin depuis le tome 1, quand même 😍 ! D'après vous, cette entente va durer...? 🙄

-Qui dit nouveau tome, dit nouveau Vile 😱 ! Vous avez eu l'occasion de voir ce dont sont capable les sentinelles... je vous en offre une à Noël 🙄 ? Promis, elles ne tuent presque pas ! Que pensez-vous de ces Vile ?

-Krell et le retour du petit dricons 😍 (dire que vous aviez cru que je l'avais laissé mourir, ha ! Vous me connaissez mal, moi, faire mourir les personnages... 🙄) ! Vous êtes contents ?

C'est déjà tout pour les questions 😁 comme vous l'avez remarqués, je recommence à publier un chapitre par semaine, mais je ne suis pas certaine de tenir le rythme après les fêtes de fin d'année ! Vous aurez probablement un chapitre par semaine jusqu'à fin janvier / début février maximum, après on repart sur un chapitre toutes les deux semaines... :3 je ne sais pas si ça vous fait plaisir ou pas, mais on va espérer que si 👉👈

Auvouar ! 💙

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