Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre Dix-Sept : échange mystérieux.

Une fois le petit déjeuner terminé, j'attends mon tortionnaire préféré près de la baie vitrée, afin de pouvoir poursuivre mes entraînements. Gotham arrive tout content dans la salle à manger, ses pas sautillants le conduisant directement jusqu'à moi. Il chipe rapidement de quoi grignoter – à peine une tranche de pain brun au goût acidulé – et me fait signe de le suivre. Amusée, je le laisse me conduire dehors. Il semble beaucoup plus en forme et de bonne humeur que la dernière fois que je l'ai vu, ce qui me rassure. Soudainement, le Poisson s'arrête.

-Mais c'est super bon ça ! s'extasie-t-il en regardant sa tartine de pain.

Il repart immédiatement à l'intérieur, me plantant là. Je roule mes yeux en souriant. Il est irrécupérable. Je le regarde tourbillonner autour de la table pour essayer de piquer des provisions, usant de ses yeux doux et de ses sourires à faire fondre n'importe qui, mais il n'arrive pas à grand-chose. Il allait s'en aller un peu dépité lorsque Noa lui tend un sac rempli de pain en soupirant.

-Essaye de ne pas te rendre malade ! le gronde-t-il.

Le Poisson pousse un cri de joie et prend le sac avec avidité, déposant un bisou sur la joue du Capricorne. Noa se fige, la main suspendue dans le vide. Il ne s'attendait pas à une réaction pareille, malgré son évidence. Je suis très contente que l'ange soit toujours aussi impulsif lorsqu'il s'agit du dragon. Le rouge qui colore la peau brune de Noa en vaut bien la peine, et ce n'est pas le rire moqueur de Mirah qui me contredirait.

-Merci !

Gotham chantonne tout heureux en me rejoignant, remarquant ma mine particulièrement jouasse. Je ne pourrais pas sourire plus niaisement qu'en ce moment. Il devine très rapidement pourquoi. Ses reproches passent par un regard sévère. Enfin, qui se veut sévère, car il est trop de bonne humeur lui-même pour arriver à être crédible.

-Et alors, jeune recrue ? Au pas de course !

Il ne m'attend pas pour cavaler en direction des terres grises et des îlots flottants dans l'espace. Je ne peux pas m'empêcher de rire. Je suis sûre qu'il fait ça pour éviter qu'on ne le questionne sur le geste qu'il vient de faire. Je le suis, le sourire toujours aux lèvres. Puis, je me prends un pain, au sens littéral du terme, dans la figure.

-On ne rit pas pendant les échauffements ! me morigène le Poisson.

-Tu n'as pas mangé, tu ne devrais pas faire d'exercice, riposté-je en le suivant, récupérant son projectile.

-Tu ne t'appelle pas Azolt !

-Tu rougis.

-Aaah, même pas vrai !

Il file encore plus vite jusqu'en haut d'un monticule de pierre. En me voyant monter à son côté, il sert son butin contre lui comme si je voulais le lui voler. Il essaye de me lancer des éclairs du regard, mais le cœur n'y est pas. Mieux que ça, ses joues sont encore un peu roses. Par peu de me reprendre un pain si je me permets la moindre remarque, je fais comme si de rien n'était et me contente de manger ma tartine. Gotham m'imite en gardant le sac de Noa hors de portée. Qu'il n'ait crainte pour son trésor, j'ai déjà mangé et je n'ai aucune envie de vider le contenu de ce si gentil cadeau. Nous observons en silence l'espace zébré d'éclairs violets, de points blancs et de débris de terre pendant un petit moment. Des enfants jouent sur les îlots de terre plus loin, s'amusant avec les rivières d'eau qui remontent en boucle dans une drôle de gravité. Lorsque l'un d'entre eux tombent dans l'eau, il est étrangement remonté de l'autre côté de la petite terre. Un petit lapin blanc aux reflets irisés, avec longues cornes noires sur sa tête et à deux longues queues touffues bondit souplement devant nous, puis prend la fuite en nous remarquant. Je grimace. Gotham, lui, préfère me rire au nez.

-Tu trouves toujours notre monde étrange, hein ?

-Je n'en connais même pas un tiers, lui rappelé-je.

-Tout n'est pas tout bien, mais tout n'est pas mal non plus, sourit le Poisson en tendant la main vers le lapin. Il y a un équilibre en toute chose.

Je hausse un sourcil.

-C'est voir ce lapin qui te rend philosophe ?

-Un quoi ?

-Un lapin. Ça ressemble un peu à ça, sur Terre, mais sans les cornes et avec un pompon en guise de queue.

Gotham me regarde de travers.

-Tu trouves ça naturel, d'avoir un pompon à la place d'une queue ? me demande-t-il.

-Et tu trouves ça naturel, d'avoir des cornes aussi longue sur la tête ? rétorqué-je en riant.

-C'est un lepunube. La longueur des cornes indiquent son âge. Puis, ce sont de bons mangeurs de termites. Avec un animal pareil, tu es sûr de garder ta maison et ta terre en bonne santé.

Je reste silencieuse un moment, regardant avec plus d'intérêt la petite bête. Le lapin est à peine plus gros que mon poing. À la réflexion, je pense que beaucoup de terriens préféreraient avoir cette peluche chez eux que des araignées pour prouver l'assainissement de leur maison. Une fois le lepunube parti, je reprends la parole.

-Est-ce que ça été, lorsque tu t'es réveillée ?

Je n'ai pas besoin de dire ce à quoi je fais référence. Gotham comprend tout de suite de quoi je veux parler. Il commence à rougir. Il baisse la tête dans son sac, faisant mine de chercher une tartine plus intéressante qu'une autre, puis croise timidement mon regard. Ses yeux bleu sombre retournent immédiatement dans le sac en voyant mon regard insistant.

-Oui, couine-t-il.

Je hausse un sourcil. Je ne vais pas me contenter de ça, il devrait le savoir. Je me penche vers lui, essayant d'à nouveau croiser son regard, mais il s'enfonce encore plus dans le sac, relevant les bords autour de son visage pour que je ne puisse pas voir son expression. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Il s'est bel et bien passé quelque chose.

-Tu ne me dit pas merci ? susurré-je.

Gotham relève la tête à une vitesse fulgurante, les joues cramoisies et regarde droit devant lui.

-Je ne vois pas pourquoi tu demandes ça ! s'offusque-t-il d'une voix trop aiguë.

-Arrête, je vois bien qu'il s'est passé un truc, rigolé-je. Tu sais presque tout ce qu'il y a entre Mirza et moi, je ne peux pas savoir ce qu'il se passe entre Noa et toi ?

-Presque tout ? relève le Poisson en tournant son regard vers moi. Donc, je ne sais pas tout ?

Un sourire plus malicieux étire mes lèvres. J'ai réussis à piquer son intérêt, c'est ce que je voulais. Il s'en rend compte. Mes intentions doivent se lire dans mon regard, car Gotham déglutit. Je crois que je lui fais peur. Il s'éloigne un petit peu de moi, comme s'il craignait que je le blesse, toujours le sac bien gardé entre ses bras. Je hausse mes épaules.

-Je te propose un deal. Tu me dis tout ce qu'il se passe entre toi et Noa, et moi, je te raconte tout concernant Mirza et moi.

Gotham fait une petite moue dubitative avec ses lèvres en replongeant son regard dans le sac rempli de pain, hésitant. Il me lance un regard méfiant.

-Tu me diras tous les détails ?

-Si tu fais pareil, oui, souris-je grandement.

-Alors ça, ce n'est trop pas juste, se décourage-t-il. Je t'entraîne déjà pour faire de toi une déesse, tu pourrais être un peu plus conciliante !

-Mais je suis conciliante, affirmé-je avec mon sourire en coin. Je t'ai littéralement amené dans sa chambre, non ?

Gotham rougit à nouveau et déglutit, préférant regarder droit devant lui. L'espace autour de nous ne renvoie pas particulièrement de froid ou de chaud, mais je sens brusquement l'air se réchauffer. Lorsque je jette un coup d'œil en direction du Poisson, je devine que c'est à cause de son aura. Elle s'étend autour de lui, sentant toujours la cendre, mais à présent avec un air un peu plus... volcanique, je dirais, à l'intérieur.

-Il ne s'est rien passé de très particulier entre Noa et moi, commence Gotham en plongeant son nez dans le sac. Disons qu'on a eu une petite conversation... il s'inquiétait, et moi je lui ai prouvé qu'il n'y avait aucune raison qu'il s'en veuille de ne pas... avoir deviné. Puis il m'a fait un câlin.

Je penche ma tête vers lui, ravie de cette information. Il ne m'en dira pas plus, mais c'est plus que ce que je pouvais espérer.

-De son plein grès ? m'exalté-je.

-Oui, tout seul, comme un grand, répond Gotham en détournant son regard. Et entre Mirza et toi ?

Son visage n'a plus aucun problème à se tourner face à moi pour plonger ses yeux dans les miens. Il n'a plus envie de parler de ça, je le vois bien, et je décide de laisser passer pour l'instant. Après tout, il m'a bien dit ce que j'attendais de son plein grès, non ? Je peux peut-être lui dévoiler pourquoi je porte l'un des vêtements de Mirza, je suis sûre qu'il s'en est rendu compte.

-Hier soir, expliqué-je, on est sortie avec les filles...

-Sans moi ? s'étonne Gotham.

-C'était une soirée entre fille, rétorqué-je. On a pas mal bu, et on était... assez bancales, essayé-je de minimiser. Enfin. Les garçons sont venus nous chercher...

-Sans moi ? s'étonne à nouveau Gotham.

-Tu dormais peut-être, tempéré-je. Mirza m'a trouvé, il m'a porté dans ses bras parce que je n'arrivais plus à marcher, rigolé-je, puis il m'a passé son pull parce que j'avais froid. Et, comme je me suis endormie dans ses bras, il m'a amené dans sa chambre pour qu'on ne dérange personne.

-Vous auriez dérangé beaucoup plus de monde si tu étais encore réveillé, commente l'ange.

-J'étais resté réveillée, j'aurais dormi dans ma chambre, contré-je en roulant mes yeux. Bon, on le fait, cet entraînement ?

Je me relève et retire le pull de Mirza, restant en débardeur pour éviter de trop transpirer. Puis je n'ai pas particulièrement envie que le Lion récolte un vêtement trempé de mes efforts. Gotham me regarde plier le vêtement, dubitatif. Je l'interroge du regard, mais il se contente de hausser ses épaules et laisse son sac à pain au même endroit. Il me fait faire quatre fois le tour du manoir, en sautant par-dessus des rochers ou en m'accrochant à des barres pour que je puisse échauffer mes muscles. Ensuite, nous faisons notre traditionnel combat amical, avant de rejoindre les autres chevaliers. Nous repassons bien entendu reprendre nos précieuses affaires. Le Poisson semble être particulièrement heureux de s'être dépensé, pour ma part, cette séance m'a permis de me défouler. Mes muscles ont de l'énergie à revendre, si quelqu'un me cherche, je suis prête à lui envoyer un coup de pied assez puissant pour l'envoyer au tapis !

Je prends quand même le soin d'aller prendre une douche avant de provoquer qui que ce soit par un duel. Je range le pull de Mirza dans ma commode, ne voulant pas particulièrement traîner avec toute la journée – et encore moins que Lux me questionne à ce sujet. Puis, je m'occupe de ce qui devrait me préoccuper le plus en ce moment : ma petite conversation avec Zircon. Je ne sais pas où se trouve ce dernier, mais je devrais réussir à le coincer pour éclaircir les choses avec lui. Je n'ai pas particulièrement apprécié ses mensonges auprès des chevaliers, mais j'aime encore moins le fait qu'il me cache quelque chose à moi. Après ce que j'ai vécu à cause de son frère, je crois que je mérite au moins une bonne explication !

Je commence mes recherches par le couloir des chambres, mais je n'y trouve personne. En même temps, je serais surprise de voir Zircon traîner au lit toute la journée, ce n'est pas son genre. Il est toujours dans les premiers levés le matin, et les derniers couchés le soir.

En descendant au rez-de-chaussée, je fouille dans les endroits les plus improbables. La bibliothèque, par exemple. J'ai déjà eu la preuve que le Scorpion ne trouve pas un grand intérêt dans les livres, mais il a pu se trouver une passion pour les romans épiques du jour au lendemain. N'y trouvant pas âme qui vive, je me tourne vers la salle à manger, mais personne non plus. Même résultat pour ce qui est du salon. Je me tourne vers la dernière salle se trouvant au rez-de-chaussée, et que je n'ai encore jamais exploré.

Les portes ne sont pas fermées. Je pousse lentement le bois grinçant, puis glisse ma tête à l'intérieur de la salle. Il n'y a pas de lumière, dans cet espace. Les fenêtres sont cachées par de lourds rideaux rouges trop épais pour laisser la clarté du jour passer. Je pince mes lèvres en me glissant dans la salle et refermant derrière moi. L'obscurité ne me pose pas de problème, donc je sais qu'il n'y a personne. Mais je ne vois pas ce que cette pièce vient faire là. Et je ne comprends pas non plus pourquoi on ne nous l'a pas présenté... sans doute encore une fois un secret que Daemon veut cacher, même si cette salle est un peu trop voyante pour camoufler des plans ou des intentions machiavéliques.

Sur la droite, une longue table est adossée contre le mur. Des dagues, comme celles que portent Lux quand il décide de revêtir son costume de saucisson ninja, sont disposées dessus en désordre. De l'autre côté, sur le mur gauche, les fenêtres voilées et des torches éteintes disposées entre chacune d'elles. Je m'avance dans la pièce, mes pas résonnant sur la pierre froide. Tout au fond, sur le mur, une sorte de cadre en métal circulaire est comme suspendu dans les airs. Je me laisse guider par ma curiosité, m'approche, penche ma tête pour voir l'intérieur de ce bout de métal... mais la seule chose que j'aperçois, ce sont des runes que mon cerveau est dans l'incapacité de me traduire.

De plus en plus curieuse, je cherche à quoi peut bien servir cette espèce de cercle. Il ne doit pas être là par hasard, si j'en crois les nombreuses armes sur la table, il a dû directement servir à Lux et à Daemon pour mener à bien leurs petites visites dans le Quartier Général et sur Scoltide, ou sur Exaga. Je n'ai pas assez d'imagination pour comprendre à quoi sert cette chose. Je laisse mes mains caresser les dagues de mon ami, reconnaissant les runes se trouvant dans le cercle. Se sont les mêmes. Sur la dague qu'il m'avait lancée, et que Zircon a toujours d'ailleurs, il y avait aussi les mêmes runes. Se sont bien ses armes. Qu'est-ce qu'elles fichent là ? Je croyais qu'il les balançait toutes dans la chambre en se fichant éperdument de marcher dessus. Ou alors, ce sont d'autres armes. Celles de Daemon, peut-être ?

Un bruit dans le couloir me fait redresser la tête. En alerte, mon instinct me pousse à tendre l'oreille, pour savoir d'où provient ce bruit. Je ne distingue plus rien pendant quelques minutes, puis... un frôlement familier dans l'air fait remonter un frisson glacé dans mon dos. C'est le même genre de frôlement que peuvent produire des ailes contre l'air.

Par réflexe, et surtout parce que je n'ai pas ma ceinture d'arme avec moi, je prends l'une des dagues de Lux et la glisse dans la poche de mon pantalon, veillant à ce que le manche ne dépasse pas. Je couvre la poignée de mon débardeur en sortant prudemment de la salle mystérieuse. Personne...

Un autre bruit en direction des arcades fait tourner ma tête. Je m'avance à pas silencieux, ne voulant pas trahir ma présence. L'air se fait de plus en plus lourd autour de moi. Si quelqu'un se trouve dans les parages, il doit rejeter des quantités de sombre assez toxique. Ma main se pose par réflexe sur ma nouvelle arme, alors que j'avance dans ce couloir à nouveau bien ténébreux. Une seule chose peut expliquer ça : la présence d'Axel. Mais il n'oserait quand même pas revenir ici après ce qu'il a fait... ? Ou serait-il assez stupide pour nous tendre exactement le même piège ? Et moi, suis-je assez stupide pour revenir seule dans cet endroit ?

Je m'arrête en plein milieu du couloir de pierre, regardant la nappe couleur encre face à moi. Je devrais appeler de l'aide, plutôt que d'y aller toute seule, mais quelque chose me pousse à ne pas prononcer un mot. Si Axel est de nouveau à ce point-là visible, c'est qu'il a quelque chose derrière la tête. Je ne devrais pas me comporter comme la bêtasse qui plonge dans les situations les plus macabres, ce changeur est dangereux. Son plan était parfaitement calculé, la dernière fois. Ou presque. Et je doute qu'il soit le genre de personne à tendre le même piège deux fois. Mais alors pourquoi se manifester ici ? Ou alors, ce n'est pas lui, mais un autre Vile dont je n'ai pas encore entendu parler. Un Vile qui pourrait se rendre invisible.

Je tourne mon regard vers les autres couloirs, essayant de voir si quelqu'un traîne dans les parages. Le brouillard obscur dans le fond des arcades commence à disparaître mais je n'arrive pas à m'en réjouir. Je n'ai pas envie de le laisser filer et récolter des informations comme bon lui semble, mais d'un autre côté, aller à sa rencontre sans réfléchir est une mauvaise initiative. Je ne peux pas coincer ce corbeau ailé toute seule, il me faut des renforts !

Je vois une silhouette s'engager rapidement dans la bibliothèque, passant sa main dans ses cheveux noir. Mes pensées oublient instantanément le changeur pour me précipiter vers ce chevalier. C'est Zircon. Personne ne peut avoir une peau aussi claire ou passer sa main dans ses cheveux soyeux d'une façon aussi provocante que lui. Je laisse de côté les arcades pour courir dans le couloir, le rejoignant le plus rapidement possible. Je m'engouffre entre les étagères en le cherchant des yeux. Il a encore disparu...

-Zircon ? appelé-je.

-Hum ?

Je tourne ma tête sur la gauche, slalomant entre les rayons pour le retrouver. La bibliothèque est toujours aussi sombre, pour préserver la préciosité de ses livres, mais j'ai clairement entendu son timbre vers le fond. Comment a-t-il pu aller aussi vite de l'entrée jusque là-bas ? Il s'est posé une question existentielle et doit absolument trouver sa réponse dans un livre ?

-Tu as enfin décidé de te servir de tes yeux pour remplir ton cerveau ? le provoqué-je en ricanant, arrivant près de lui.

Aussitôt face à lui, je me rends compte que ça ne peut pas être le chevalier. Ses cheveux sont trop courts, et Zircon ne porte pas de haut avec deux strient dans le dos laissant voir sa peau. Quand la personne se tourne vers moi, je constate que j'ai fais fausse route. Ce n'est pas Zircon. C'est Axel.

-Je ne crois pas qu'il soit assez intelligent pour ça, me répond-il avec son sourire provoquant.

Je me recule par réflexe, sortant ma dague de sa cachette pour le menacer avec. Ses nappes de sombres s'échappent tout de suite de lui pour former un cercle autour de nous, m'empêchant de m'en aller, mais je ne compte pas partir sans lui avoir refait sa coupe de cheveux.

-Qu'est-ce que tu veux ? demandé-je.

Ma voix est sombre. Je ne suis pas heureuse de le voir ici, il le sait très bien. Je ne savais pas non plus qu'il pouvait faire disparaître ses ailes. J'aurais préférée qu'elles se coincent dans l'un des rayons et qu'il se torde les plumes. Axel hausse les épaules, ses yeux bleu très clairs m'observant attentivement sans me répondre. Et sans m'attaquer. Il se contente de s'asseoir sur une table derrière lui en laissant apparaître ses deux ailes noires dans son dos. Il a fait exprès de me tromper. Un grand sourire satisfait prend place sur ses lèvres.

-Je veux simplement discuter, pas la peine d'être aussi menaçante.

-Je ne crois pas avoir dit vouloir parler avec toi, rétorqué-je.

Je ne baisse pas mon arme, même pas en sentant les nappes sombres et brûlantes dans mon dos. S'il voulait me tuer, il l'aurait déjà fait, il n'aurait aucun mal à m'asphyxier avec son pouvoir. Pour l'instant, il se contente de se comporter comme le parfait connard qu'il est. Je ne sais pas ce qu'il veut, mais il n'est certainement pas venu pour « discuter ». Ce type est l'un des sous-fifres d'un tortionnaire qui essaye de détruire l'univers lumineux, je ne vais pas me détendre et prendre le thé calmement avec lui sous prétexte qu'il ne souhaite pas tout de suite ma mort.

-Je suis surpris que tu sois encore en vie, commente-t-il en penchant sa tête, plissant ses yeux. Zircon a réussis à boire si peu de ton sang ?

-Il semblerait que tu te sois trompé sur ses capacités de résistance, me moqué-je.

Un sourire amusé prend place sur ses lèvres.

-Non, je ne crois pas. Il a déjà passé son premier sang, voilà tout.

Mon assurance flanche, mais j'essaye de ne pas le montrer. Je ne dois pas être très convaincante, parce que le changeur hausse l'un de ses parfaits sourcils noirs en me narguant du regard.

-Tu pensais que je n'étais pas au courant ?

-Je ne vois pas comment tu pourrais être au courant de quoi que ce soit.

Un grand sourire laisse ses dents blanches luire dans la clarté tamisée de la pièce.

-Allons, on parle de mon petit-frère quand même, je suis au courant de tout ce qu'il trafique. Puis je ne t'aurais pas donné une plume dans le Quartier Général si ça n'était pas aussi simple d'y aller et venir.

Je plisse mes yeux, notant dans un coin de ma tête qu'il est effectivement troublant que de telles apparitions et visites y soient possibles. Mirza est pourtant certain que le Q.G. est sans danger... mais Lux s'est moqué de lui en pensant à sa sécurité. Puis, au Conseil Galactique, Meaglin connaissant toutes nos actions... le fait qu'Axel connaisse tout ce qui s'y passe ne me réjouit pas, mais ça ne m'étonne pas non plus. Le Vile devant moi penche sa tête en me faisant un sourire enjôleur.

-Tu as fini par comprendre que le Royaume Oublié est un vrai trou à skraus ? minaude-t-il.

-Pourquoi tu aurais besoin que je le comprenne ? Qu'est-ce que ça peut te faire, que je le sache ? Tu devrais être content qu'on l'ignore, non ? Je te signale que je ne fais pas partie de ton clan, à quoi ça rime que tu viennes m'informer de chose pareille ?

Je préfère lui poser de questions plutôt que le laisser prendre l'ascendant sur la discussion. Il contrôle déjà bien assez la situation comme ça pour que je lui laisse le loisir de choisir le sujet de conversation. Axel croise ses bras, ses yeux brillants plantés dans les miens.

-Je t'ai déjà dit de me voir comme une opportunité, mais tu ne sembles pas t'en souvenir, me rappelle-t-il.

-J'ai du mal à voir mes ennemis comme d'autres opportunité que de laisser éclater ma colère, rétorqué-je calmement. Et tu ne réponds pas à mes questions.

Axel éclate de rire, les ailes écartées dans son dos, laissant son essence de rose et de sucre à nouveau fondre sur ma langue. Je le fusille du regard en me répétant que je déteste l'odeur de son aura, sans jamais abaisser ma lame. Une coupe de cheveux ou une coupure sur la jugulaire ? Qu'il parte avec un petit souvenir serait la moindre des choses et je suis en train de me dire que la seconde option me plairait bien.

-Magnifique, elle est capable de se défendre verbalement ! sourit le Vile pour se moquer de moi. Je suis très fier de tes progrès.

-Qu'est-ce que tu fiches ici ? m'agacé-je.

Je commence à en avoir marre, qu'il se permette de faire comme s'il était chez lui et en plus d'avoir le culot de me répondre de la sorte. Il n'est pas ici pour me rendre service, sinon, il aurait déjà répondu aux questions que je lui pose. Il ne semble pas se rendre compte à quel point la situation pourrait être critique pour lui, si l'un des chevaliers entre dans cette pièce ou si Daemon le sent. D'ailleurs, ce dernier prétend qu'il sait qui pose les pieds où dans son manoir, mais je n'ai pas l'impression que la petite visite d'Axel lui soit parvenu. Il va falloir que je lui demande comment fonctionne son système de sécurité. Les pouvoirs de Succombe ne sont pas assez puissants pour le tenir à distance contrairement à ce qu'elle m'a dit.

-Je suis venu t'éclairer à nouveau sur la situation, me sourit le changeur.

Je roule mes yeux en soupirant, ennuyée qu'il reprenne son dernier jeu de mot. Décidément, Axel est pire que son frère.

-Quelle sympathique chance pour moi de m'instruire, plaisanté-je.

-Tu peux faire comme si tout allait bien si tu le souhaite, mais je sais que tu ne connais rien du monde dans lequel tu te trouves, sourit plus malicieusement Axel. Sinon, pourquoi aurais-tu besoin de poser des questions à tout le monde ? Et je suppose qu'aucun preux chevalier n'a jugé utile de t'instruire, autre que sur ton rôle, pour que tu puisses obéir bien sagement comme un petit soldat. C'est trop mignon que tu souhaites à ce point les aider, j'en suis profondément touché moi-même, surtout au vu de ce que tu sais. Si tout le monde avait besoin de si peu d'information pour plonger en pleine guerre, il n'y aurait plus personne dans cette dimension depuis des millénaires.

Je décide de baisser mon arme, de toute façon elle ne l'effraie pas, pour jouer avec, la lançant et la rattrapant en observant ses mouvements circulaires dans l'air. C'est bien plus divertissant que son petit numéro. Ça m'évite surtout de m'énerver. Pour qui se prend-il à me juger de la sorte ? Et comment peut-il savoir autant de chose ?

-Pourquoi tu penses ça ? demandé-je. Et en quoi ça pourrait t'être utile que j'en sache plus que maintenant ?

-Ne soit pas stupide, je vois bien que tu sais que quelque chose cloche, s'amuse Axel avec un autre petit sourire. D'après toi, pourquoi Meaglin est aussi méfiant par rapport au Conseil Galactique ? Pourquoi sait-il tout ce que vous trafiquez ? Pourquoi je sais tout ce que vous trafiquez ?

La dague m'entaille le doigt alors que je la laisse tomber par terre. Son bruit métallique sur le sol parvient à peine à mes oreilles. Mes yeux orageux se lèvent vers lui. Si je n'ai pas d'arme, j'ai toujours mon pouvoir pour lui régler son compte, peu importe que je le maîtrise ou pas. Est-il en train de me dire que c'est lui qui surveille toutes les décisions du Conseil Galactique ? Meaglin soupçonne le Conseil d'être manipulé, et Axel semble en savoir un peu trop.

-C'est toi, l'espion ?

Je n'y vais pas avec du tact, mais ça ne sert à rien d'en user. Il en sait plus que moi et il en profite. Axel ricane en secouant négativement sa tête, ses ailes se repliant dans son dos.

-Non, ce n'est pas moi qui espionne ce Conseil, et même si je décidais de le faire, je ne te le dirais pas. Ce que je te dis, c'est que n'importe qui pourrait entrer et sortir de la planque des chevaliers, mais que personne n'y vient jamais. Tu ne trouves pas ça bizarre ? Pourtant, ils ont pas mal de fans dans leur rang, il me semble ?

Il penche sa tête pour plonger à nouveau ses yeux dans les miens, mais je ne me laisse pas avoir par leur charme hypnotique. Je vois tous les jours des yeux beaucoup plus beaux que les siens et je ne risque pas de craquer pour ses sourires ténébreux. En revanche, sa façon de poser des questions commencent à m'agacer. Il est un ennemi, pas un allié obscur à qui je peux me confier ! Il n'a aucun intérêt à me révéler quoi que ce soit et encore moins d'être ici.

-Ce que je trouve bizarre, c'est ta présence ici.

-Je te l'ai dit, je suis ici pour t'offrir une opportunité, sourit Axel. Tu ne t'es jamais demandé pourquoi leur planète naine se nomme le « Royaume Oublié » ? Je suis sûr que si. Tu es du genre assez curieux, tu ne risque pas de laisser ce détail de côté.

-Je sais pourquoi il porte ce nom, réfuté-je en sifflant.

Axel hausse un sourcil noir. S'il pensait que j'étais idiote au point de laisser passer un pareil détail, alors c'est lui qui est stupide et pas moi.

-Vraiment ? Dis-moi tout, alors.

-Je ne vois pas pourquoi je le ferais, grogné-je en croisant mes bras. Si tu n'es pas là pour me tuer, tu es là pour m'embrouiller, moi ou Zircon, tu devrais être assez intelligent pour comprendre que cette perspective ne me réjouirait pas. Tu en as déjà assez fait et je ne vois pas pourquoi je te ferais confiance. Tu sais déjà tout sur ce qu'on fait, et si tu sais que Zircon a passé son premier sang, alors tu trafiques autre chose pour l'emmerder. Je ne vois pas pourquoi je devrais t'aider en entrant dans ton petit jeu.

-C'est une intéressante déduction, s'amuse-t-il à nouveau. Mais même si mon attention était de vous manipuler, tu ne le saurais pas. Tu devrais être assez intelligente pour comprendre que je n'aurais pas moi-même intérêt à te dire mes véritables intentions... ou à te les cacher.

-Tu m'as mordu pour que Zircon me tue et tu t'attends à ce que je t'accueille les bras ouverts ! grondé-je. T'es malade ou quoi ?!

-Tu en as gardé une cicatrice ? demande le changeur dans un nouveau sourire amusé.

-Qu'est-ce que ça peut faire ?!

-Si tu as encore des traces de ma morsure, c'est que Zircon l'a mal soignée. Je peux m'en occuper si tu es si énervée contre moi.

Soudainement perdue, je l'observe sans rien trouver à répliquer. Je ne sais pas pourquoi, mais son attitude ambiguë me fait flancher. Je devrais l'insulter tout ce que je sais, mais je n'y arrive pas. C'est sans doute une nouvelle fois son charme de changeur qui joue contre moi.

-Pourquoi tu voudrais me guérir ? soufflé-je.

-Parce que si tu m'en veux d'une quelconque façon, tu ne vas pas écouter ce que j'ai à te dire sur tes camarades. Ce qui serait vraiment fâcheux vu toutes les précautions que j'ai pris pour te voir.

-Mais qu'est-ce que tu cherches vraiment ! râlé-je.

-Ça, je n'ai pas le droit de te le dire, petite furie, sourit grandement Axel. Laisse-moi deviner, enchaîne-t-il en prenant son menton dans sa main, tu sais que le Royaume Oublié porte ce nom... parce que les gens ont décidé de le laisser de côté ?

J'essaye de ne pas broncher, mais c'est en effet ce que m'a dit Mirza à mon arrivée dans cet univers. Si Axel le sait, il m'a posé la question pour me tester, pas pour avoir une réponse. Il vérifie simplement que ses informations à mon sujet sont bonnes, ce qui veut dire qu'il essaye de savoir par où commencer pour me mettre le cerveau en pagaille. Un sourire amusé reprend sa place aux coins de ses lèvres.

-Oui, c'est bien ce que je me disais. Et d'après toi, continue-t-il, pourquoi les gens ont décidé d'oublier ce royaume ? Qui est censé être dirigé par un roi d'ailleurs, c'est ce que signifie son étymologie.

Il se penche en avant, les bras sur ses genoux, le regard plongé dans le mien et les yeux brillants. Je ne sais pas ce qu'il veut me faire deviner, ou me faire croire, mais je préfère croire ce que me raconte Mirza plutôt qu'un ennemi qui est assez malin pour me coincer sur le territoire d'un de ses opposants. Après une ou deux minutes, Axel fait une moue déçue.

-Oh, allons, Ora, tu me déçois, s'attriste-t-il. Je t'ai lâché un gros indice, quand même... tu pourrais faire un petit effort.

-Je n'ai envie de faire aucun effort en ce qui te concerne, sauf pour t'arracher les cheveux...

Je lance un regard vers les deux ailes repliées dans son dos.

-... ou les ailes.

-Mais c'est qu'il mordrait, le petit serpent, ricane Axel en se redressant.

-Et avec du poison s'il le faut, rajouté-je en le fusillant du regard.

-Enfin, ne soit pas si inhospitalière. Je suis très gentil, je vais te dire directement pourquoi tout le monde a choisit de tourner le dos à cette planète, de la même façon que la majorité des lumineux ont choisit de tourner le dos au Conseil Galactique d'ailleurs, même si tu pourrais t'en douter.

-Les lumineux assistent encore aux Conseils Galactique, rétorqué-je.

Je sens la nervosité gagner mon corps en même temps qu'il se met à parler. Je me sens obligé de justifier et de démentir ses propos. Axel me fait un nouveau sourire éclatant. Le fait que je sois déstabilisé lui plaît au plus haut point.

-Les riches seulement.

Les riches ? C'est vrai que j'avais déjà remarqué d'importantes inégalités sociales entre les différentes populations de l'univers, mais pas à ce point-là. Il y avait aussi des vaisseaux très pauvres lorsque nous sommes arrivés dans la station du Conseil, pas uniquement des grands vaisseaux remplis de beaux mondes...

Enfin... je n'ai jamais vu un vaisseau de mauvaise qualité garée parmi les autres... et je doute que tous dans cet univers aient accès à une technologie aussi avancée, quand on voit où ils habitent.

Axel laisse ses yeux briller de satisfaction.

-Je pense que tu as compris, se permet-il se plastronner. Les riches, ma belle, il n'y a que ça, dans cet univers, qui compte ! Et leur petite armée personnelle, qui s'appelle les Chevaliers du Zodiaque, sont placés sur une planète pour eux seuls ! Ne trouves-tu pas cette attention délicate ?

-Je trouve délicat le fait de ne pas encore t'avoir étranglé, murmuré-je.

Je manque d'assurance dans mes mots, mais je ne dois pas perdre la face. Si Axel veut me faire mettre le doigt sur la profonde inégalité entre les différentes personnes de l'univers, il y a un but derrière, ce n'est pas simplement pour m'instruire et repartir comme si de rien n'était. Il n'est pas simplement venu ici pour me faire profiter de ses remarquables observations comme il pourrait le prétendre. Il se relève de la table où il était assis puis se dirige dans ma direction, les poings serrés le long de ses hanches.

-Tes merveilleux Chevaliers du Zodiaque sont comme le reste de cet univers, Ora, gronde-t-il d'une façon menaçante. Tu ne t'en es pas encore aperçue ? Crois-tu vraiment que la Balance est la seule princesse de l'équipe ? Qui penses-tu que ces chevaliers soient, si ce n'est les rejetons des puissants de cette dimension, qui se partagent encore et encore le pouvoir ? Tu sais pourtant que le Conseil Galactique ne tient pas à la réussite des chevaliers, sinon pourquoi vous radier ? Pourquoi ne pas ramener les Serpentaires dans l'Ordre ? Pourquoi se servir de la haine contre les Vile, alors que tu sais bien qu'ils sont tout autant démunis que toi ? Crois-tu vraiment que la guerre dans laquelle tu t'es plongée est la plus juste ? Que tu n'es pas toi-même horrible, autant que ceux qu'on décrit comme étant des Vile, et pas des sombres ? Jusque dans leur appellation, ces gens tout aussi pauvres et faibles que les lumineux sont vu comme des êtres malveillants. Tu crois encore que tu fais partie des héros et pas des monstres ?

Je sens mes mains frémir le long de mon corps. Son aura est beaucoup plus toxique et menaçante que tout à l'heure, et les nappes de sombre dans mon dos deviennent plus épaisses. La colère transpire de son corps pour me frapper de plein fouet. Je ne peux pas croire ce qu'il me dit, parce que je ne crois pas que ça soit possible. On ne peut pas réussir à manipuler l'horoscope de cette façon, et faire naître son enfant le jour qu'il faut pour qu'il soit un Zodiaque, tout comme il est impossible d'avoir toujours les mêmes enfants en tant que chevalier. Ce qu'il avance sur les Vile n'est cependant pas démunis de sens. Jusque dans leur dénomination, ces créatures du sombre sont vu comme de mauvaises personnes, alors que j'ai déjà remarqué qu'elles sont comme les lumineux. Il n'existe pas de différence fondamentale entre nous, sauf notre nature à supporter le lumineux ou le sombre. Mais je ne veux ni croire ni voir ce qu'il insinue dans ses propos.

Je dois admettre malgré moi que son petit discours me laisse une question amère dans le fond de ma tête. Je ne pense pas être entourée de princes et de princesses. Ce n'est pas possible. Tout comme il n'est pas possible de diaboliser des créatures pendant plus de six milles ans. Pourquoi le faire ? Pour le pouvoir ? Cette raison me dégoûte au plus profond de moi.

Axel s'arrête juste face à moi, sans que je ne trouve rien à lui répliquer. Il attend une réponse qui ne vient pas, ses yeux très clairs plantés dans les miens, les ailes écartées dans son dos. La dureté qui tend ses traits ne fait que renforcer son charme, je suis sûre qu'il le sait. Je ne bouge pas, consciente que ça serait une mauvaise idée de fuir maintenant. Mais je ne peux pas démentir et contrer ce qu'il me raconte, parce que la vérité, c'est que je sais qu'il a raison. Même si je ne veux pas l'admettre. Pour ce qui est des Vile, Axel a raison. Pour ce qui est des chevaliers, ça reste à prouver.

Le changeur pousse un profond soupir, laisse ses ailes se replier dans son dos et ses épaules se détendre. Puis, il lève sa main pour me tendre un objet. Une clé. Je fronce mes sourcils.

-Qu'est-ce que c'est ? demandé-je.

-Ah, je ne pensais pas que ta vision serait à ce point déficiente, se moque Axel. C'est une clé.

-Merci, j'ai deviné, cinglé-je en lui lançant des éclairs des yeux. Mais pourquoi tu me la donne et qu'est-ce qu'elle ouvre ?

Le changeur la tourne sous toutes ses facettes en prenant le temps de l'observer. Il attend que je perde patience pour me lancer un petit regard complice.

-Elle permet de débloquer la porte que tu as tenté d'ouvrir avec Lux, à l'étage.

Un frisson électrique me remonte soudainement dans le corps et je tends par réflexe ma main vers elle pour l'attraper. Rieur, Axel fait exprès de lever son bras pour la laisser hors de ma portée. L'agacement me fait grincer des dents.

-Tu es un agaçant sadique manipulateur, le provoqué-je en le fusillant du regard.

-Merci beaucoup, ça me flatte, plastronne cet abruti de corbeau. Si tu la veux, il va falloir que tu me promettes quelque chose.

Je soupire et regarde ailleurs, sentant d'un coup l'opportunité de savoir ce qui se cache derrière cette porte bien loin. Axel prend mon menton entre ses doigts pour tourner délicatement ma tête vers lui. Je tente de le mordre pour le faire lâcher, ce qui le fait sourire.

-Calme-toi enfin, je n'ai rien fait de mal.

-Pour l'instant.

-Je ne te demande pas quelque chose de bien compliqué. Simplement de garder notre charmante conversation secrète. Il serait dommage que tes amis apprennent que tu discutes avec un ennemi, n'est-ce pas ?

-Je ne vois pas pourquoi je devrais le leur cacher, protesté-je en croisant mes bras. Je ne comprends déjà pas ce que tu viens véritablement faire ici, encore moins pourquoi tu me donnes autant d'informations.

Il hausse les épaules et me tend la clé, son sourire en coin malicieux aux lèvres, sans chercher à la retenir cette fois. Hésitante, je le regarde un instant dans les yeux, puis décide de prendre le métal froid entre mes mains. Il n'y a pas la moindre trace de sombre dessus, donc pas de risque de contamination. Je ne peux pas m'empêcher de trouver cette dévotion bizarre.

-Pourquoi tiens-tu à ce que je sache ce qui se trouve derrière cette porte ? demandé-je.

Axel laisse son regard se perdre sur les rayons.

-Parce que tu tiens à savoir ce que te cache Zircon. Et que cette salle peut t'aider à le savoir, ou au moins, à le forcer à t'en parler.

-Et quel est l'intérêt pour toi ? insisté-je.

Le changeur se penche vers moi, à nouveau la taquinerie sur le visage se mélangeant à son charme habituel.

-C'est le devoir d'un frère, d'embêter un peu l'autre, non ? me taquine-t-il.

-Ou de mettre à dos tous les chevaliers contre lui pour qu'il te rejoigne, deviné-je.

Le noiraud hausse les épaules et se recule, repartant vers la table.

-Oui, entre autres, admet-il.

-Je n'ai aucune raison de te faire confiance, alors n'espère pas que je garde le silence, l'avertis-je en le voyant se rasseoir.

Il se met à son aise, les mains derrière la tête, le dos adossé au mur, les yeux fermés et un sourire malicieux au coin des lèvres.

-Je pense que tu vas tenir ta langue, s'amuse-t-il en laissant ses nappes de sombre revenir à lui.

-Ah oui ? Et pourquoi ça ? rigolé-je.

-Parce que je vais te prouver ma bonne foi, évidemment ! dit-il en laissant son pouvoir l'entourer. Nous allons attaquer la planète Kalura. Je serais toi, je demanderais à mes petits camarades de se mettre en route.

Je fronce mes sourcils, puis mets ma main devant ma bouche en voyant une nappe de sombre m'approcher. Je la fusille du regard, puis me tourne à nouveau vers le corbeau. Son corps est de plus en plus entouré par les nappes qu'il crée. Il s'en va, après avoir lâché une telle information ? Et pourquoi me le dire ? Il attend que les chevaliers viennent sur cette planète pour qu'on tue des Vile ? Ou alors il cherche à nous détruire, et il sait parfaitement comment s'y prendre ! De plus, Succombe nous a avertit que les deux prochaines cibles du Seigneur Noir étaient Kalura et Scoltide. Si ça se trouve, il essaye de m'embrouiller !

-Qui me dit que vous n'allez pas attaquer Scoltide ? lui lancé-je alors que son pouvoir l'entoure complètement.

-Je crains que tu n'aie pas d'autres choix que de me faire confiance, ricane Axel.

Je n'ai pas l'occasion de plus le questionner, sa nappe de sombre se disperse soudainement dans l'air et sur le sol, ne laissant plus aucune trace de lui. Je retiens un râle frustré, serrant fortement la clé dans ma main. Pourquoi tenait-il tant à me dire tout ça ? Pour que moi aussi, je me mette du côté des Vile, et que finalement, les chevaliers doivent se passer de deux de leurs éléments ? Et pourquoi me donner cette clé ? Qu'est-ce que cache la salle de Daemon ? Elle aurait un rapport avec Zircon ? Je ne comprends plus rien, il me perd plus qu'autre chose, finalement.

En soupirant, je ramasse la dague que j'ai laissé tomber par terre. Sa dernière phrase résonne encore et encore dans ma tête. Pourquoi ferais-je confiance à un ennemi ? Je n'ai aucune raison de ne pas parler, et encore moins de garder notre entrevue secrète. Il faut que les autres soient au courant qu'Axel peut à nouveau traverser nos murs sans rien risquer ! Il faut vraiment que Daemon revoie la sécurité de son manoir, il pourrait nous arriver n'importe quoi n'importe quand !

Je sors en trombe de la bibliothèque, courant dans les couloirs pour trouver les chevaliers. Je n'ai pas oublié non plus qu'apparemment, une attaque de Vile doit avoir lieu sur l'une des planètes de l'univers. Et j'oublie encore moins que cette planète est celle de Tila. Cette dernière a assez souffert, je n'ai pas envie qu'elle perde en plus de ça tout ce qui a fait son passé, même s'il n'est pas des plus merveilleux !

Je sors par la baie vitrée de la salle à manger, regardant aux alentours si mes camarades s'entraînent, la clé encore bien serrée dans ma main. Je la range dans l'une de mes poches, puis scanne les environs. Enfin, je tombe sur un visage familier. Il s'agit de celui de Krell. Il s'occupe de son dricons. Il semble particulièrement absorbé par sa tâche. Je les rejoins le plus vite possible, cherchant d'autre chevaliers dans les alentours. Mais je ne trouve personne. Où sont-ils quand on a besoin d'eux ?

-Tiens, Ora, s'étonne Krell en me voyant arriver. T'as besoin d'un truc ?

Je lance un regard à l'albinos à côté de lui. Le petit dricons a bien grandit depuis la dernière fois que je l'ai vu, il est désormais aussi grand que moi et ses yeux d'un bleu glacier me regardent très attentivement. Les pics blancs sur son dos sont en parties cachés, une selle en cuir est accrochée derrière son cou, et ses veines dorées sont un peu moins visibles que lorsqu'il était plus petit. Ses deux grandes ailes sont toujours aussi nacrées, et tranchantes.

-Comment as-tu réussi à le ramener sans qu'on s'en aperçoive ? demandé-je.

Ma curiosité reprend le dessus malgré moi. Je tends ma main vers la bête, qui la renifle avant de me donner un coup de tête en ronronnant, ravie. Krell hausse les épaules et reprend son brossage sur les écailles du dragon, ses cheveux plus longs sur le côté gauche le gênant.

-Quand je t'ai laissé passer devant, je suis retourné à l'intérieur de la grotte pour la reprendre. Ensuite, je n'ai eu qu'à lui indiquer le vaisseau, et elle s'est planquée toute seule. Le reste du temps, elle était dans ma chambre.

Elle ? C'est donc une fille ? Je continue de caresser la tête aussi dure que du cuir du dricons, oubliant momentanément ma discussion avec le changeur.

-Comment s'appelle-t-elle ?

Krell me lance un regard en biais.

-Tu es bien la première à me poser la question.

-Je donne bien un nom à mon animal du zodiaque, riposté-je.

Le Bélier grommelle un « c'est pas faux », puis se concentre à nouveau sur son « animal de compagnie ». Si j'avais eu la chance d'avoir un tel animal lorsque j'étais plus petite, je crois que j'aurais sauté sur l'occasion. Ou pas du tout, connaissant ma phobie et mes angoisses sur tout ce qui sort de l'ordinaire.

-Je lui ai proposé plusieurs prénoms, elle a choisi Artémis.

Elle a choisi ? La surprise agrandit mes yeux, sans que je ne fasse de commentaire pourtant. Artémis, comme dans la mythologie grecque. Je comprends son choix de nom.

-C'est un très beau prénom.

-Je trouve aussi, renchérit Krell.

Artémis pousse un grondement et s'avance pour frotter sa tête contre mon épaule. J'ai un petit sourire en la voyant faire. Je ne pensais pas que je laisserais un dragon me toucher aussi facilement, mais bon, au point où j'en suis... je ne panique pas, ce qui est une bonne nouvelle. Enfin, plutôt, je ne panique pas de son toucher parce qu'actuellement, une autre nouvelle me fait paniquer. Krell finit par sentir ma nervosité.

-Qu'est-ce que tu as ?

-Il se passe quelque chose d'important, finis-je par lâcher en regardant autour de nous. Tu sais où se trouve les autres ?

-Ora ! Krell ! nous appelle au loin une autre voix.

Le Bélier relève la tête, écartant ses cheveux trop longs d'un mouvement de la main en plissant ses yeux dans la direction du cri. Je tourne ma tête également, pour voir Lux nous faire signe de le rejoindre.

-Dépêchez-vous ! Les Vile attaquent Kalura !

_________________________________________

Bizur les Écuy-Astres :3 ! Vous allez bien ? Oui, je suis enfin de retour, avec un beau chapitre en plus de ça [8010 mots] ! J'espère qu'il vous aura plus et qu'il n'y a pas trop de faute d'orthographe ou d'oubli... j'ai fait ce que j'ai pu pour vous le mettre assez rapidement ><

D'ailleurs, une nouvelle fois, ce chapitre fait partie de mes favoris :33 (en même temps, c'est normal, Axel est dedans 😂)

Je ne sais pas si vous avez remarqués, mais il y a un livre sur mon profil appelé Zodiaque - Bonus'! ! Il contient des scènes exclusives et je mettrais les anniversaires, les fêtes terriennes - et pourquoi pas celles de Zodiaque - à l'intérieur :3 n'hésitez pas à aller jeter un coup d'oeil, ça me fera plaisir ! (En revanche, le livre est accessible à tous, puisqu'il faut lire les premiers chapitres du tome 1 pour le comprendre ! Alors attention aux spoils ^^)

Passons aux questions !

- J'essaye au maximum d'entendre l'univers autrement qu'au travers des galaxies, planètes et personnages. Voir le petit lepunube vous a fait plaisir ? Vous voudriez que je mette d'autres bestioles que lui dans Zodiaque ?

- Avoir un petit bonus sur la "conversation" qu'on eu Noa et Gotham, ça vous plairait...? 🙄

- Axel, toujours présent pour foutre la merde... et le doute ! 😍😈 Que pensez vous de lui dans ce chapitre ? Et ce qu'il a dit, ça vous parle ? Son personnage est le plus ambiguë et complexe à décrire de toute l'histoire alors je vous avoue que j'adorerais savoir ce que vous pensez de lui ! (Pas seulement parce que c'est mon personnage favoris... 🙄)

- Les Vile attaquent Kalura... vous la sentez comment la suite ? 😭

C'est tout pour aujourd'hui !

Auvouar ! 💙

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro