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Zéro Conséquences

Il y avait trop de parfums différents, Camille restait debout devant la vitrine sans arriver à se décider. L'indécision, ça avait toujours été son problème. Mais là, ça lui faisait carrément trop. Déjà, il y avait tous les parfums classiques. Fraise, chocolat, vanille, framboise, citron, pistache. Non, pas pistache. Les plus exotiques aussi. Fruit de la passion, mangue, mandarine, figue, caramel au beurre salé, stracciatella, yaourt glacé, menthe chocolat. Sérieusement, menthe chocolat ? Ou sinon, les trucs carrément barrés, genre speculoos, litchi, melon, violette, thé vert, citron basilic, calisson, amande orgeat, trois épices. Comment savoir si on va...

«Alors vous avez fait votre choix ?»

La vendeuse essaya de rester polie, mais on sentait bien qu'elle pressait Camille. Il y avait toute une file de gens qui attendaient, derrière.

«Euh oui, je vais vous prendre les trois du milieu.»

Camille récupérait sa monnaie d'une main, tenait son cornet de l'autre, et tentait de ranger ses affaires en même temps. «Suivant, s'il-vous-plaît.»

Camille tenta de s'écarter du passage, se retournant brusquement pour se faufiler hors de la boutique et... Son visage heurta une muraille, ses mains se retrouvèrent pressées entre deux torses et la sensation d'un froid dégoulinant inonda son t-shirt.

« Hé attention !
— Oh merde, pardon. Ça va ?
— Ouais, y'a pas de mal.»

Le mec mesurait facilement une demi-tête de plus que Camille, il avait les épaules bien bâties, un visage pas trop carré, les cheveux châtains bouclés, et des yeux... à tomber. Surtout, son t-shirt était maculé de crème glacée. Trois tons vifs qui se mélangeaient au hasard sur le blanc tout simple de son débardeur.

« Oh putain, je m'excuse, vraiment. Je suis d'une maladresse. T'as vu tes fringues ?
— T'as vu les tiennes ? Viens, on sort d'ici. Je m'appelle Dom.
— Moi c'est Camille.
— Joli prénom. Tu viens d'où ?»

Camille ne répondit pas. Son attention venait d'être attirée par un groupe de trois garçons qui se tordaient de rire en les regardant.

« Ils ont un problème ? Pourquoi il ricanent, ceux-là ?
— Oh pour rien, ils sont avec moi. Mes potes rient pour n'importe quoi. Quelle bande de cruches.»

Dom lui laissa un moment pour comprendre, mais un silence gêné s'installa.

« Mes potes rient. Poteries, cruches... T'as pigé le jeu de mots ? Haha...
— Oui, c'est super drôle.»

Sauf que Camille n'avait pas cillé. Le coup du détournement d'attention, on lui avait déjà fait. Une petite blague pourrie pour faire oublier le malaise et détendre l'ambiance. Un classique de la drague.

« Bon allez, bonne soirée.
— Attends. Tu...»

Camille s'arrêta sans se retourner.

« Quoi?
— Je voulais savoir si ... tu vas voir le feu d'artifice?»

Un rattrapage de la dernière chance. C'était si maladroit que ça en devenait touchant. Le dos tourné, Camille s'autorisa un sourire qu'il ne pouvait pas voir. Sa voix resta de glace.

« Tu vois la crêperie qui s'appelle "la fiancée du pirate" sur le port? Je serai devant à vingt heures.
— Ouais, euh ok, je trouverai. À ce soir.»

Dom avait dû crier pour se faire entendre, car déjà Camille disparaissait à l'angle de la rue. Se tournant vers ses camarades, il haussa les épaules et les invectiva:

« Vous êtes sérieux, les mecs ? Déjà que votre défi à la con est pas facile, je vais arriver à rien si vous me sabotez systématiquement.
— Surtout que t'as vu sur quoi t'es tombé ?
— M'en parle pas, ça promet une sacrée galère. Honnêtement, les gars, je vous déteste.
— Tu sais que t'es pas obligé d'aller au bout.
— Haha, je suis mort de rire. Tout le monde sait ce qui se passera si je remplis pas la mission. Ça vous ferait bien marrer que je donne de ma personne. Y'a pas moyen, je vais assurer. Bon allez, on se rentre au camping, faut que je me change.»

***

La foule se pressait sur le port de La Flotte. Il n'était pas encore vingt heures et déjà les terrasses débordaient de touristes de toutes nationalités, de familles et de couples, de jeunes et de retraités. Des badauds déambulaient à un pas d'escargot, créant des embouteillages. Certains s'arrêtaient sans prévenir pour prendre une photo. Dom bouscula un homme âgé et ventripotent, qui sembla à peine le remarquer. Il commençait à croire qu'il ne trouverait jamais Camille dans une telle cohue. Pourtant, il l'aperçut enfin, à l'endroit convenu, les jambes remuant au-dessus de l'eau du port, un sac à dos fluo sur le dos, les yeux dans le vague. Il prit une grande inspiration et s'assit.

« Oh le bordel pour te retrouver.
— Je me demandais si tu allais venir.
— Je suis un mec tenace. Il en faut plus pour me décourager.
— Je vois ça. Bon, on bouge?»

Camille ramena ses pieds sur le parapet et se redressa. Dom ne bougea pas.

« Tu connais un coin sympa?
— On peut dire ça, ouais. T'as mangé?
— Oui, on a fait une plâtrée de pâtes au camping avant de décoller.
— Hmpf, je vois. Alors on va aller se balader sur le port en attendant de se poser. Ça te va?
— Nickel. »

Camille commença à se frayer un chemin dans la foule compacte. Dom peinait à suivre. Après quelques minutes, le quai devint moins animé, et Dom put se tenir à côté de Camille.

« Tu connais bien le coin?
— Plutôt, oui.»

Le petit sourire au coin de ses lèvres trahissait-il une sorte de mépris? Dom ne sut comment l'interpréter autrement. Il décida de jouer dans ce sens.

« Moi c'est ma première fois sur l'Île de Ré. Je suis venu avec mes potes, on est pas loin de Saint-Martin.
— Ah, c'est bien comme endroit. Vous allez à la plage de la Cible?
— Exactement. T'as deviné.
— Personnellement, dans ce coin là je préfère Gros Jonc, sur la côte sud. Moins de monde, plus de place, c'est plus tranquille.
— Ça veut dire que tu viens souvent. T'es ici chaque année?
— Eh oui. Depuis toujours.
— J'ai trop de la chance. Tu vas pouvoir me donner plein de conseils.
— Tout dépend ce que tu cherches. Je suis pas spécialiste des boîtes de nuit, par exemple.
— Ah, je vois. T'es avec ta famille?
— Oui.
— Et ils ne sont pas trop inquiets de te laisser te balader sans surveillance?
— Je sais me débrouiller. Et je pourrais dire la même chose de toi. Tes parents te font confiance pour ne pas faire de conneries, on dirait.
— Je pars sans eux depuis trois ans déjà. Et puis tu sais ce qu'on dit. Ce qui se passe en vacances reste en vacances.
— Zéro conséquences, hein?
— Exactement ! On se marre bien avec ma bande de potes.
— J'aimerais pouvoir en dire autant. L'été ici c'est mortel.
— Faut pas dire ça. T'as sûrement l'occasion de faire plein de rencontres, avec tout ce monde.
— J'ai personne...»

La réponse avait été trop brutale, trop cinglante, comme si elle s'était échappée de la bouche de Camille, qui rougit soudainement et pressa le pas. Ils dépassèrent la plage de L'Arnerault et continuèrent encore un moment avant que Camille ne dévie soudain vers la jetée, sautant de pierre en pierre pour se rapprocher des vagues. Dom fit de son mieux pour garder la cadence et ils s'assirent finalement face à la baie. Le soleil embrassait l'horizon, enflammant le ciel et les flots. Dom rompit le silence et sortit son téléphone pour faire une photo, histoire de frimer sur Snapchat.

« Super classe. J'adore la mer pour ce genre de vue.
— L'océan.
— Ça va te vexer si je te dis que c'est pareil?
— Certainement.
— Rassure-toi, je plaisante.
— Bière?»

Camille lui tendit une bouteille tout juste sortie de son sac et décapsulée grâce à un couteau suisse qui disparut dans sa poche aussi vite qu'il en était sorti.

« À la tienne.
— T'as quel âge, au fait?»

La question paraissait innocente, mais Dom crut voir briller les yeux de Camille et sa respiration se suspendre en attendant sa réponse.

« Dix-neuf. Et toi?
— Dix-sept.
— Sans déconner? Alors t'es encore...
— Au lycée, oui. Tu me donnais plus?
— Un peu, oui. Tu fais plus mature.»

Le visage de Camille s'éclaira, s'anima d'une confiance nouvelle. Un large sourire s'y ouvrit.

« Donc t'es à la fac?
— Oui, moi et mes potes on vient de finir notre première année de médecine.
— Dans quelle université?
— Paris VI.
— T'habites à Paris?
— Oui, pendant l'année universitaire, mais mes parents sont à Dijon.
— Y'a pas de fac à Dijon?
— Si, mais il fallait absolument que je m'éloigne de mon père et de ma mère. Question de survie.
— C'est si grave que ça?
— T'as pas idée... Bon mais parle-moi de toi.
— Y'a pas grand chose à dire. Comme tu l'as dit, je suis encore au lycée.
— Et ta famille?
— J'ai deux frères plus jeunes et deux sœurs plus âgées. Mes parents bossent tout le temps. Ça me laisse plein de temps pour faire ce que je veux. Ça c'est cool. Le truc, c'est que ça manque un peu d'animation.
— Avec une famille nombreuse? J'y crois pas une seconde.
— C'est pas ça. Je vis dans un trou paumé, on se fait rapidement chier.
— Ah bon? C'est un petit village dans la montagne?
— Non. C'est ici.»

Dom resta quelques secondes abasourdi de ce qu'il venait d'entendre. Réalisant la tête qu'il devait faire, il se reprit.

« Mais attends, ça doit être génial de vivre ici à l'année.
— T'as jamais passé un hiver sur une île de l'Atlantique, toi.
— Effectivement.»

Tous deux baissèrent la tête et laissèrent le silence faire la conversation. Le soleil se noyait dans son jus.

« Viens, on fait un selfie » dit soudain Dom en mettant la main sur l'épaule de Camille, qui balbutia quelques mots incompréhensibles. La poigne de Dom lui tourna le dos à l'horizon, et il pencha son visage contre le sien en faisant une grimace et un V avec les doigts. Après avoir mitraillé quelques rafales, il laissa Camille le souffle court, le cœur tambourinant dans sa poitrine.

« Oh viens voir la tête qu'on fait sur celle-là. Excellent.
— Allez on bouge, faut qu'on retourne en ville avant le début du feu d'artifice.
— Ben attends, y'a pas le feu.»

Mais Camille avait déjà rejoint le chemin et marchait d'un pas vif. Dom courut pour revenir à son niveau. Ni l'un ni l'autre n'ouvrit la bouche de tout le trajet qui les ramena à leur point de départ.

Là, Camille saisit l'avant-bras de Dom et l'entraîna sans un mot à travers la foule. Ils traverèrent une terrasse de restaurant, se faufilant entre les serveurs, les tables, les chaises et les enfants qui couraient, et pénétrèrent dans la salle surchauffée, elle aussi noire de monde. L'ambiance était étouffante et assourdissante. Camille poursuivit sans se préoccuper de l'inquiétude grandissante de Dom, et le fit entrer dans les cuisines. La chaleur devint intolérable, l'air saturé de fumée et de vapeur, le chaos total. Camille semblait imperturbable. Une voix les interpella par-dessus le vacarme.

«Woh, Camille, espèce de sale gosse. Où tu vas comme ça ?
— On monte. Ça gêne pas ?
— Je dirai que j'ai rien vu. Filez.»

Précédant Dom, Camille se glissa entre les plans de travail et les plaques de cuisine, puis ouvrit une porte donnant sur un escalier en bois raide et vermoulu. Dom s'y engagea à sa suite, et ils grimpèrent deux étages avant de tomber sur une trappe dont Camille déverrouilla le cadenas avant de la pousser et de se hisser. Dom saisit la main qui lui fut tendue et grimpa à son tour. En découvrant le lieu, il poussa un sifflement d'admiration. Le toit du bâtiment était plat. Depuis le rebord, on avait une vue panoramique sur tout le port, avec au centre la jetée d'où serait tiré le feu d'artifice.

« Oh le putain de point de vue.
— Reste pas au bord, faut pas qu'on nous voie. On a pas le droit d'être là.»

Ils s'assirent en retrait et prirent une autre bière du sac de Camille. L'obscurité s'installait tandis que le soleil mourait davantage chaque minute.

« T'es vraiment pas facile à cerner, remarqua Dom.
— Tu trouves ? J'ai un petit côté mystérieux ?
— Y'a un peu de ça, oui.»

Une détonation leur secoua soudain la poitrine.

«Ça commence ! s'exclama Camille. J'adore les feux d'artifice.»

Son visage émerveillé s'éclairait de toutes les couleurs du spectacle. Oubliant toute précaution, ils s'accoudèrent au bord du toit.

« Tu crois au destin ? demanda soudain Dom.
— C'est quoi cette question pourrie ?
— Par exemple, ces fusées. Tu penses qu'une fois lancées elles vont forcément éclater à un endroit bien précis, ou bien il pourrait arriver plein de trucs différents ?
— Ah, je vois où tu veux en venir. Je crois aux choix. À un moment, quelqu'un a choisi de construire ces fusées, de les placer d'une certaine façon. Ce sont ces choix qui déterminent tout le reste.
— Vraiment ? Et notre rencontre ? On ne dirait pas un coup du destin ? Difficile de dire que c'est un choix.
— Plutôt la conséquence désastreuse d'une absence de choix, répondit Camille d'une voix absente. Donc toi tu crois au destin ?
— Un peu, ouais. J'aime l'idée qu'il y a des choses qui échappent à notre contrôle, qu'on ne peut rien faire pour aller contre.
— Zéro responsabilité. Zéro conséquences. Ça me paraît carrément léger.
— Bah, après tout on est en vacances.»

Camille resta un instant sans rien dire, comme méditant ces paroles.

« Tu sais ce que tu veux dans la vie ?
— Je suis un mec simple, ça facilite beaucoup la réflexion. Un boulot, une vie confortable, ça me va.
— Et...côté cœur ?»

Le spectacle entamait son grand finale. Le ciel s'inondait de lumières, de sifflements et de pétarades. Camille pencha le visage tout près de celui de Dom. Leurs yeux se croisèrent l'espace fugace d'une éternité.

Un éclair traversa le regard de Dom, qui eut un brusque mouvement de recul.

« Oh, je... Attends c'est pas ce que...
— Ah bon. J'avais cru, enfin d'après ton attitude, il m'avait semblé...
— Non. Oh, c'est trop gênant. Je suis pas... Enfin, t'es pas mon style de...
— C'est bon, j'ai compris. C'est pas grave.»

Camille se détourna et contempla le reflet de la lune sur le port. Les gens se dispersaient, le calme reprenait ses droits.

« Dis, euh...
— Oui ?
— Tu voudrais pas faire une vidéo où tu dis "Aux chiottes l'OM" ?
— C'est pour ça que tu es resté avec moi ce soir ?
— Quoi ? Noooon rien à voir. C'est juste un pari débile avec mes potes, pour rigoler.
— Casse-toi.»

Dom tourna les talons. Il se dirigea vers la trappe et se baissa pour l'ouvrir. Camille le regardait du coin de l'œil. Zéro responsabilité. Zéro conséquences. Zéro choix.

« Dom.
— Oui, répondit-il, d'une voix mêlée de honte et d'espoir.
— Je voudrais te remercier.
— Pourquoi ?
— Grâce à toi, je sais ce que je veux.
— Alors on est quittes ?
— T'inquiète, j'en ai vu d'autres.»

Alors que Dom disparaissait par la trappe du toit, Camille se tourna vers la lune qui illuminait doucement les voiliers ondulant sur les vagues du port.

«Maintenant, je sais qui je suis.»

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