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27 ; Prends soin de moi

Quelques heures plus tard


Nolan

Nous voyageons dans ce bus à moitié vide jusqu'à notre prochaine destination : Québec. Tina, fermement accrochée à moi, observe le paysage par la fenêtre. Après mes révélations partielles, elle est restée blottie dans mes bras jusqu'à temps qu'il faille partir. Ce lourd secret me pèse depuis si longtemps. Plus de deux ans que cet événement terrible s'est déroulé et je le ressasse continuellement. Chaque fois, je m'imagine d'autres issues. Si je n'avais pas insisté pour sauter, si nous étions partis cinq minutes plus tôt, s'il avait été plus concentré...

Un frisson me parcourt en me remémorant le froid qui m'assaillait dans ce champ, sous les torrents que m'infligeait la pluie. Lorsque Nyle est venu me récupérer, je ne voulais rien entendre. Je me suis enfermé dans un mutisme inquiétant durant plusieurs jours.

Avec une maladresse touchante, ma compagne joue avec mes doigts, la tête posée sur mon bras. Je n'ai pas su trouver la force de lui raconter mon « accident », qui a suivi celui de Ceallach. Cela viendra progressivement. Toutefois, elle ne me questionne plus sur mon état d'esprit souvent compliqué à cerner. Malgré tout, je discerne les rouages de son cerveau fonctionnant à vive allure tandis que ses émotions l'assaillent. J'ai bien deviné qu'elle faisait tout pour parvenir à supporter le poids de mes erreurs sur ses épaules. Je ne lui ai jamais demandé une chose pareille. Néanmoins, je suppose que cela se trouve dans sa nature parce qu'elle ne peut pas s'en empêcher.

Par la vitre du car, je découvre des forêts gigantesques, bien plus fournies qu'en Irlande. Des sapins immenses les habitent, accueillant probablement une faune diversifiée. Le paysage change du tout au tout par rapport à ce que j'ai l'habitude de côtoyer. Ces grands arbres m'apaisent. Ils paraissent dominer tout le monde et imposent le respect. Leur feuillage est recouvert de neige mais ne flanche pas. Ils vivent ici depuis d'innombrables années et continuent de prospérer.

— Tu crois qu'il y a des ours là-dedans ? m'enquiers-je auprès de la Française.

Cette dernière, surprise de m'entendre m'exprimer, se redresse légèrement avant de se blottir plus encore contre moi.

— Probablement, murmure-t-elle. J'ai lu quelque part que si tu en croises un, il ne faut surtout pas courir mais l'effrayer.

— Permet moi d'émettre un doute sur tes sources... Comment veux-tu faire peur à un animal de cette envergure ?

— Lever les bras et crier pour qu'il croie que tu es plus imposant que lui.

Je ris doucement, amusé par cette information. Posant une main sur ma cuisse, elle colle son nez contre la fenêtre. Sa respiration forme de la buée sur le verre. Frustrée par ce soudain manque de visibilité, elle fronce le nez. D'un geste maladroit, je trace un cœur dans la condensation.

— Romantique l'Irlandais, sourit-elle avant d'inscrire nos initiales autour de ma forme.

— Moque-toi, marmonné-je.

Elle s'esclaffe, passant sa main dans sa chevelure brune. Malgré tous les souvenirs qui ont afflués dans mon esprit, je n'oublie pas qu'elle n'a pas répondu à ma déclaration. Je ne lui en veux pas, je comprends bien qu'elle est apeurée. Mais...

— Dis, pour toi, je ne suis pas un ours j'espère ? Je ne suis pas censé t'intimider.

Un sourcil arqué, ses grands iris gris m'observent. Son beau visage précède la vue canadienne, m'offrant un panorama des plus agréables.

— Au début, amorce-t-elle, tu avais un caractère de cochon. Parfois, tu es doux comme un agneau. Mais jamais terrifiant.

Je prends son menton entre mon pouce et mon index, redressant son regard vers le mien.

Tu as toujours été aussi belle qu'une nymphe...

— Puis, un ours peut incarner une peluche avec qui je peux partager beaucoup de câlins, qui me protège, conclut-elle.

— Des câlins, hein ? répété-je.

Ses joues s'empourprent tandis que ses yeux s'écarquillent légèrement. Saisissant qu'il s'agissait de l'effet escompté, elle me frappe gentiment sur le torse avant de se cacher dans le creux de mon cou. Dans un geste qui se veut tendre, je flatte ses cheveux, y déposant un baiser furtif.

Sur ses cuisses traînent des dizaines de prospectus qui nous orientent pour la suite de notre voyage. Elle a définitivement remisé son ancienne carte au fond de sa valise pour se consacrer à une nouvelle, partagée avec moi. Dans un sens, cela me rassure. J'avais l'impression de m'imposer dans un périple qui n'était pas le mien. Or, à présent, je me sens plus légitime d'avancer dans ma vie grâce à cette expédition. Ainsi, Tina a commencé à remplir ses guides de post-it colorés, à annoter beaucoup de pages.

Les lunettes positionnées sur son nez lui donnent un air sérieux, plus âgé. Avec précaution, je les remonte sur le haut de son crâne afin d'admirer ses traits plus aisément. Comme à son habitude, elle retrousse ses narines fines en signe de désapprobation. Lorsqu'elle m'observe de cette façon, elle paraît si juvénile. Ses joues sont ornées de légères taches colorées. Et ses pupilles... Si profondément sensibles.

— L'Homme souffre de ses pensées. Qu'en dis-tu ? je m'informe, avide de la comprendre un peu plus.

Penchant légèrement la tête, elle me dévisage longuement tandis que ses idées fusent à toute allure.

— Tu as raison, murmure-t-elle. Combien de fois ai-je rêvé de trouver le bouton « arrêt » dans mon esprit. Mais, d'un autre côté, ces réflexions sont le fruit-même de l'être humain, nous sommes indissociables.

Inconsciemment, ses doigts remontent le long de mon poignet, sans jamais quitter mon épiderme. J'adore avoir ce genre de discussion réfléchie avec elle. Tina sait avancer de bons arguments auxquels je n'aurais pas songé.

— Alors, comment les réguler ? Passer sa journée à ressasser nos soucis, à se poser des questions sans mettre la main sur la réponse... Tout cela représente une torture, affirme-t-elle sérieusement.

Je lui prête une oreille attentive, cherchant à mieux la cerner. Elle me semble si complexe mais pourtant tellement captivante.

— T'arrive-t-il de lâcher prise, de perdre le contrôle ? je la questionne, concerné.

Une ride se forme sur son front lorsqu'elle fronce les sourcils. Son regard me transperce, me laissant pantois.

— Oui, quand je suis avec toi, confie-t-elle dans un souffle, presque douloureusement.

Mon cœur rate un battement, déchiffrant des mots qu'elle n'a pourtant pas prononcés.

— Pourquoi sembles-tu le regretter ?

— Parce que ceci me plaît autant que ça m'effraie, avoue-t-elle, accentuant inconsciemment son emprise sur mon bras.

Ses pupilles grises me sondent avec désespoir autant qu'envie. Tiraillée entre ces deux sentiments, elle me demande implicitement mon aide.

— Je ne te veux aucun mal, miss. Je m'en suis suffisamment fait à moi-même.

Après un rapide coup d'œil autour de nous, elle se rend compte que toutes les rangées de sièges nous entourant s'avèrent vides. Par conséquent, elle place ses deux jambes sur mes cuisses, niche son visage dans mon cou et me murmure solennellement :

— Alors, prends soin de moi.

Instantanément, je prends conscience qu'il s'agit d'un moment très important pour elle : celui où elle accepte de lâcher un peu de lest pour me laisser un minimum de contrôle. Ému par la confiance qu'elle place en moi, j'enroule mes bras autour de son corps frêle mais pourtant si solide. Elle possède cette peur enfouie de l'abandon. Peut-être est-ce pour cela qu'elle a décidé de partir seule. Au moins, elle n'avait pas ce risque et cette appréhension quotidienne de devoir continuer ce périple en solitaire. Or, elle a accepté que je l'accompagne. Cela représente énormément à mes yeux et je compte bien tout donner pour remplir le rôle qu'elle a conçu pour moi.

Déposant un baiser sur sa tempe, je la conserve contre moi tout en admirant à nouveau la forêt qui défile devant moi. Tina doit encore penser que le jour où j'ai perdu ma jambe n'était qu'un accident. Lui raconter le décès de Ceallach m'a déjà beaucoup coûté. Je lui relaterai tout, un jour. J'ai vu les larmes coulant sur ses joues, son expression torturée, ses mains tremblantes, ses gestes tourmentés. Elle souhaitait uniquement me soutenir. Néanmoins, elle a peiné à contrôler toutes ces émotions en même temps. C'est fou à quel point ses yeux incarnent une ouverture sur son monde. Je lis en elle comme dans un livre ouvert dans ces moments où elle est submergée par ses états d'âme.

Je culpabilise de ne pas me montrer totalement honnête avec elle alors qu'elle accepte de me parler de ses doutes. Toutefois, je préfère prendre mon temps et ne pas tout foutre en l'air plutôt que d'aller trop vite.

— Quel est le pays que tu chéris le plus ? je m'informe.

— Je n'ai pas terminé de tous les visiter, rétorque-t-elle, jouant avec les boucles de cheveux dans ma nuque.

— Et actuellement, parmi ceux où tu as déjà mis les pieds ?

— Il paraît que l'Irlande regorge d'hommes charismatiques, répond-elle simplement, un sourire dans la voix.

Charmé, je ne peux empêcher ce sourire de naître sur mes traits.

— Tu parles de Nyle ?

— C'est un jeune homme agréable, il trouvera facilement chaussure à son pied, prédit-elle.

— Je l'aime de tout mon cœur mais je l'ai malmené, j'avoue du bout des lèvres.

La Française s'éloigne de moi uniquement pour pouvoir m'observer entre ses longs cils. Elle positionne à nouveau sa monture sur son nez, plissant les yeux afin de mieux me regarder.

— S'il ne voulait pas être à tes côtés pendant cet obstacle, il serait parti, affirme-t-elle, la voix tremblante de vérité.

— Mais je...

Choisissant de me taire avant d'en dire trop et de le regretter, je détourne le regard. Sa douce main vient se poser sur ma joue rugueuse et tourne mon visage vers le sien. Ses gestes sont si tendres que je ne parviens pas à m'y opposer.

— No', depuis que nous sommes partis, il me demande fréquemment de tes nouvelles, annonce-t-elle.

Surpris par cette information, je ne trouve rien à lui répondre. Je lui envoie souvent des messages et l'appelle dès que possible. Mais, je n'imaginais pas qu'il s'inquiétait à ce point pour moi.

— Il désire uniquement s'assurer que tu vas bien, rien de plus, ajoute-t-elle face à mon expression effarée.

— Oh, soufflé-je, ahuri.

Depuis ce jour sombre, je sens un non-dit entre mon frère et moi. Seulement, j'étais tellement renfermé sur moi-même que je ne lui en ai jamais parlé. Je juge cela étrange qu'il se préoccupe autant de ma personne. Il faudra que je lui en touche deux mots et que nous mettions tout à plat afin d'aller de l'avant. Je conçois que je reste trop enfermé dans ce passé sombre. Simplement, lui, ne devrait pas s'y trouvé bloqué. Il n'était pas vraiment proche de Ceallach et était absent le jour de mon accident.

Perturbé, je tâte ma poche à la recherche de mon téléphone avant de me raviser : je l'appellerai dans un moment plus opportun.

— Donc, des hommes de caractère, tu disais? continué-je, souhaitant changer de sujet.

Elle acquiesce, ses pommettes rosies.

— Sûrement parce qu'ils vivent au rythme de la météo capricieuse, je déclare, amusé.

— Probablement.

À nouveau, je m'imagine face au renard du Petit Prince que je me dois d'apprivoiser. Chaque jour je progresse, me rapprochant un peu plus de ma rose. Fort de cette idée, je l'admire, impatient d'entendre ces mots sortir de sa bouche délicate. D'ailleurs, la citation « Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. Mais peu d'entre elles s'en souviennent » lui sied à merveille. Tina conserve son âme d'enfant même si elle mûrit trop vite. Il suffit de la voir admirer le monde qui l'entoure pour le comprendre. Ce paradoxe vivant en elle la rend particulièrement touchante et attachante. Elle m'offre un sourire candide que je ne peux m'empêcher de cueillir sur mes lèvres.

— Tu es belle, j'affirme dans un français approximatif.

Elle s'empourpre sans parvenir à cacher son émotion. Son rictus s'élargit, me laissant apercevoir ses dents blanches. Lorsqu'elle s'exprime en anglais avec cet accent que j'affectionne tant, je me dis qu'elle doit ressentir la même chose quand j'utilise la langue de Molière. Elle m'apprend quelques mots chaque jour. Sans qu'elle le sache, je tiens un carnet où j'inscris ce nouveau vocabulaire afin de ne pas l'oublier.

Discrètement, sa main se glisse dans la poche de mon pantalon et en extraie les deux photos auxquelles je tiens le plus. Malgré moi, je me tends. Cependant, au moment où je discerne l'émotion qu'elle pose sur ces clichés, je m'apaise légèrement. Tout en elle n'est que tendresse et compréhension. La Française se concentre sur l'image me représentant aux côtés de Ceallach.

— Le jour de notre premier vol, je lui apprends d'une voix rauque.

Elle acquiesce sans se détourner de la photographie. Son pouce trace les contours de mon visage jeune tandis que son sourire s'évapore. Une certaine nostalgie s'empare d'elle. Silencieusement, elle sort son téléphone, retire la coque en bois et récupère de nombreuses petites photos cachées ici. Surpris, je les récupère dans ma grande main alors qu'elle les positionne précautionneusement. Au centre, elle place la mienne.

Ainsi, je découvre ma compagne, enfant. À chaque fois, un livre lui tient compagnie. D'abord, des ouvrages pour petits, progressivement remplacés par des histoires plus conséquentes. Tour à tour, elle me présente ses frères et sœurs, ses parents, ses cousins. Puisque je l'ai rencontrée de manière incongrue lors d'un orage Irlandais, je n'avais encore jamais eu l'occasion de l'imaginer avec sa famille. Avec amusement, je remarque ses yeux gris déjà si envoûtants.

— Si j'avais fait ta connaissance à l'école, j'aurais craqué pour toi, avoué-je en récupérant un cliché entre mes doigts.

Elle renifle en secouant la tête, visiblement peu convaincue.

— Regarde l'assurance dont tu faisais déjà preuve à dix-huit ans et ose me dire que tu m'aurais accordé ne serait-ce qu'un regard.

— Bien sûr que oui, protesté-je, vexé qu'elle nie une telle évidence.

— Aujourd'hui nous sommes ensemble parce que tu as changé. La Tina d'aujourd'hui n'aurait pas convenu au Nolan d'hier. Et vice versa.

Ne trouvant rien à lui répondre, je demeure muet. La plupart de mes proches m'ont affirmé que ma transformation, tant après le décès de Ceallach qu'à la suite de mon accident, les avaient déroutés.

Présentement, alors que j'observe ma petite amie, si douce et délicate, je comprends. À l'époque, jamais je ne me serais intéressé à elle. Certes, je lui aurais possiblement trouvé ce charme. Or, j'avais besoin d'une relation tumultueuse, avec une personne qui sache me contrer et me supporter. Maintenant, j'ai plus envie de quelqu'un qui m'apaise. Tina joue ce rôle à merveille.

En me remémorant ce passage à vide entre l'accident de mon ami et le mien, je ne me rendais pas compte que le pire se présageait pour la suite. Et, je ne songeais pas que le meilleur arrivait après.

Posant mes lèvres sur sa tempe, je lui murmure que je l'aime avant d'apprécier à nouveau ce pan de vie qu'elle m'offre dans ma main.

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Bonsoir tout le monde !

Je ne voulais pas dévoiler toute l'histoire de Nolan d'un coup, elle perdrait de sa valeur... Alors, ici, il s'agissait d'un chapitre plus calme, centré sur les sentiments de Nolan. J'espère qu'il vous aura plu !

Le prochain vous livrera d'autres éléments sur cet accident. Quelques indices se sont rajoutés dans ce chapitre et, en réalité, plusieurs causes se profilent concernant l'accident de Nolan. Laquelle est la bonne?...

Bonne semaine à vous et à lundi pour la suite :)

Fantine

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