
19 ; Trinity College
Bonsoir !
Média : photo personnelle
NDA importante à la fin, concernant la date du prochain chapitre !
Bonne lecture :)
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Nolan
Quelques jours ont passé et nous voilà dans la capitale Irlandaise. Déambulant dans les rues pavées, Tina s'émerveille face à cette ville au charme celtique. Ses yeux gris ne savent plus où donner de la tête, alors ils virevoltent un peu partout. Quant à moi, je la suis, l'admirant. Son manteau laisse entrevoir ses jambes recouvertes de collants noirs. Bottines aux pieds, mains gantées et enroulée dans une écharpe, elle paraît très élégante. Ses cheveux sont relevés dans un chignon sophistiqué. Comme si elle avait souhaité prendre soin d'elle avant de me dire adieu.
J'appelle son prénom, gagnant son attention. Ainsi, je lui désigne le grand bâtiment face à elle. Avec cette curiosité qui lui sied tant, elle pivote vers lui, ne comprenant pas l'intérêt de ma remarque.
— Viens, affirmé-je en lui passant devant.
Sans répliquer, elle s'exécute, me talonnant silencieusement. Ayant déjà les tickets, nous empruntons la file plus courte puis patientons pour notre tour.
— No', où m'emmènes-tu ? s'enquiert-elle.
— Il s'agit d'une surprise, tu...
— Nous sommes à Trinity College ? me coupe-t-elle.
Les prunelles rivées sur les pancartes affichées aux murs, elle se concentre finalement sur moi.
— Pardon, balbutie-t-elle. Je n'aurais peut-être pas dû lire ces panneaux.
Je réprime un soupir, plus amusé que déçu.
— C'est une bibliothèque ? me questionne-t-elle, sans pouvoir s'en empêcher.
J'acquiesce, appréciant la joie émanant d'elle. Ses yeux s'écarquillent tandis qu'elle évalue le temps d'attente restant avant de pouvoir y pénétrer. Trépignant d'impatience, elle danse d'un pied sur l'autre.
— Elle appartient à l'Université de Dublin, je lui explique. Elle a été fondée en 1592.
La Française m'écoute, ne prêtant attention qu'à moi. Ainsi, elle n'avance plus dans la file. Par conséquent, je pose ma main dans le creux de ses reins et la pousse doucement. Par la suite, elle s'empresse de rejoindre le guichet mais se voit obligée de m'attendre. Souriant, je donne les tickets à la femme puis nous avançons enfin.
La visite commence par une première salle, contenant le livre de Kells. Il s'agit d'un manuscrit enluminé celtique, où les motifs ont été réalisés par les mains de moines en l'an 800. Si je sais tout cela, c'est parce que je me retrouve bloqué par la foule devant le panneau d'explications. Je pourrais me sentir agacé. Seulement, en apercevant Tina, rayonnante, devant ces illustrations, je demeure calme. Finalement, elle se tourne, me cherchant du regard. Dès qu'elle me discerne au loin, elle me fait signe de la rejoindre. Je hausse les épaules, lui signifiant que cela se révèle impossible. Par conséquent, elle se dirige vers moi, s'empare des poignées de mon fauteuil. Puis, elle s'excuse maladroitement en français et parvient à m'emmener juste devant la vitrine en bousculant les touristes.
— Regarde.
Elle me désigne le parchemin. Néanmoins, je n'y décèle visiblement pas la même chose qu'elle. Elle paraît fascinée, épiloguant sur le temps de travail que cela a dû demander. Au bout d'une dizaine de minutes, je lui prends la main, l'arrêtant dans son monologue.
— Tu ne veux pas aller voir la bibliothèque ? je m'informe avec impatience.
Derrière nous, des visiteurs s'impatientent. Donc, je recule précautionneusement, réussissant à m'extirper de cette masse.
— Et si j'étais déçue ? questionne soudainement Tina, en continuant de marcher.
Un sourcil arqué, je la dévisage, ne saisissant pas le sens de cette interrogation. Toutefois, nous venons d'atteindre la fameuse salle. Du coup, je découvre une émotion palpable sur son visage admirant ce lieu. Les yeux grands ouverts, comme si elle cherchait à capter chaque ambiance présente, elle s'immobilise brusquement.
Des livres anciens grimpent jusqu'au plafond tandis que d'autres sont exposés au centre. La voûte boisée au-dessus de nos têtes accentue cette impression de grandeur. Des statues ornent chaque allée d'ouvrages. Un étage joue une sorte de symétrie avec le rez-de-chaussée. Des échelles permettent de rejoindre le haut des étagères. Chaque travée possède ses lettres peintes en or, indiquant où trouver le manuscrit souhaité.
Je sens la main fébrile de Tina se poser sur mon épaule, à la recherche d'un appui.
— Sublime, souffle-t-elle, abasourdie.
J'avance lentement afin qu'elle se calque sur mon rythme. Doucement, nous progressons le long des rayonnages tandis qu'elle se penche sur les vitrines du milieu. De vieilles éditions de Harry Potter ou encore Hunger Games sont exposées. Passionnée, elle prend le temps de tout contempler. En ce qui me concerne, je sors mon appareil photo, tentant de capturer son émotion palpable. Elle n'y prête pas attention donc, j'en profite pour la photographier. Les doigts frôlant les vitres, le regard vif, elle paraît se trouver sur une autre planète.
À présent le nez en l'air, elle admire la hauteur sous plafond. Alors, j'immortalise ces instants tant elle rayonne d'admiration. Tournoyant dans la pièce, elle en observe chaque détail. Ce moment dure plusieurs dizaines de minutes, pendant lesquelles elle s'impressionne de tous les éléments. Finalement, elle s'avance dans ma direction et s'agenouille à ma hauteur.
— Merci, mille fois, murmure-t-elle, impressionnée.
Puis elle m'embrasse subitement, intensément. Étonné, je demeure immobile l'espace de quelques secondes avant de lui rendre son baiser. Ses paumes entourent mes joues barbues, elle se redresse légèrement. Par conséquent, j'enroule mon bras autour de sa taille, la tenant contre moi.
Lorsqu'elle s'écarte pour respirer, son front repose sur le mien, mon visage toujours en coupe entre ses mains. À cet instant, ses iris gris m'ensorcellent. Perturbé, j'oublie comment respirer, totalement sous son emprise.
— Je n'ai jamais visité d'endroit aussi impressionnant, confie-t-elle.
— Tu n'es pas allée à la Chaussée des Géants ?
— Si, avant d'échouer chez vous, sourit-elle. J'avais beaucoup apprécié toutes ces pierres hexagonales.
Heureusement qu'elle s'y est rendue avant de me rencontrer, je n'aurais pas pu l'accompagner... Il s'agit d'un lieu atypique, empli de légendes. Apparemment, cette plage rejoindrait l'Écosse, de l'autre côté de la mer.
— Mais je préfère cette bibliothèque, conclut-elle en se redressant. Tu as vu qu'il y a Le Hobbit ?
Reprenant le contrôle de mon fauteuil, elle me montre les vitrines une par une, bien que je me sois déjà rendu ici. Toutefois, je me garde bien de lui dire. Pour la première fois, elle ne cesse de parler. D'habitude, elle se montre plus discrète. Or, l'admiration qui vit en elle ressort et elle exprime tout ce qu'elle ressent, pour mon plus grand bonheur.
Au bout de plus d'une heure passée ici, nous sortons de ce bâtiment rempli d'histoire. Tina n'a pas lâché mon siège une seule seconde, me conservant auprès d'elle.
À présent, je me trouve en face d'elle. Assise sur un banc en pierre, elle balance ses pieds dans le vide.
— Je ne pourrai pas partir sans toi, ce soir, affirme-t-elle.
En fin de compte, elle a trouvé un vol de dernière minute peu excessif. Simplement, elle refuse de me donner sa destination si je ne lui explique pas ce qu'il se déroulera par la suite. Cette information inconnue m'inquiète. Au fond, j'ai pris ma décision. Seulement, je ne lui ai pas encore partagée.
Ma surprise a eu l'effet escompté. J'étais certain que l'emmener dans ce lieu littéraire et historique lui plairait. Je voulais lui offrir un bon souvenir de Dublin. Maintenant, elle m'observe, chamboulée.
— Ça te tente, un thé fumant ? je lui suggère.
Elle approuve, enthousiaste. Jetant un dernier coup d'œil vers Trinity College, elle me talonne. Je décide de discuter sérieusement de l'après avec elle, autour d'une part de gâteau. Installés dans une boutique aux effluves florales, nos breuvages et assiettes face à nous, elle semble sur un petit nuage. Je n'ai pas envie de la brusquer, cependant j'en ai besoin. Alors, nous entamons une discussion légère que je dévie progressivement sur sa future destination.
— Il fera chaud ? m'enquiers-je.
Elle secoue négativement la tête. Depuis tout à l'heure, je l'assaille de questions, en espérant obtenir une réponse. Néanmoins, elle demeure campée sur ses positions.
— Tu m'enverras des lettres ? s'informe-t-elle.
— Non, soufflé-je.
Déçue, une grimace étire ses traits.
— Combien d'heures de vol ?
— Un certain nombre, réplique-t-elle mystérieusement. Tu me rendras visite ?
— Non plus.
— Je ne partirai pas en coupant les ponts avec toi, s'exclame-t-elle, commençant à paniquer.
— Je le refuserai, de toute façon.
Soudainement, elle me dévisage, ne saisissant pas ma manière d'agir. Pourtant, je me sens sûr de moi. Cette chute dans la cuisine m'a servi de déclic : je ne peux plus rester sans rien faire. Cette situation a duré pendant trop longtemps, par ma faute.
— Pourquoi ? demande-t-elle d'une petite voix.
— Parce que je tiens à toi. J'ai... besoin de toi, j'assure nerveusement.
Ses joues rosissent tandis qu'elle tente un léger sourire.
— Tu m'accompagnes ? ose-t-elle finalement, pleine d'espoir.
Je m'approche d'elle, mon nez frôlant le sien, rougi par le froid. Elle retient son souffle. Malgré tout, je détourne la conversation :
— Ce matin, as-tu remarqué que Nyle s'est levé plus tôt que d'habitude ?
Effectivement, avant notre départ pour la capitale, elle a salué mon frère. Elle ne lui a pas dit adieu mais à bientôt. Elle n'a eu de cesse de le remercier pour son accueil et son aide. Puis elle a fondu en larmes, affolant mon cadet. Toutefois, connaissant sa sensibilité exacerbée, cela ne m'a pas étonné.
Néanmoins, je lui ai menti. Elle est persuadée qu'il viendra me chercher ce soir, une fois que son avion aura décollé. En partant, je lui ai affirmé retourner dans la maison afin de récupérer mon bonnet. Je suis simplement allé serrer mon frère dans mes bras avant de le quitter.
Tina acquiesce, le regard rempli de points d'interrogation.
— Je ne peux pas charger ma valise dans la voiture, seul, je déclare dans un souffle.
Portant sa paume à ses lèvres, elle ne parvient pas à réprimer ce cri de surprise. En ce qui me concerne, un doute s'empare subitement de moi. Si j'avais tort ? Peut-être qu'elle ne m'acceptera pas dans son périple. Après tout, nous nous connaissons depuis deux semaines.
Ses grands yeux s'écarquillent, laissant la place aux sanglots de couler. Soudain, elle se jette dans mes bras, me coupant le souffle, et elle me serre fort.
— Tu viens avec moi ? Tu me le promets ? me questionne-t-elle.
Vibrante d'espoir, elle me dévisage intensément, me mettant presque mal à l'aise.
— Si tu m'acceptes ?
— Évidemment ! s'exclame-t-elle, manquant de renverser sa tasse de thé.
J'ai du mal à comprendre comment ai-je pu m'attacher autant à elle en si peu de temps. Au fond de moi, je ressens une connexion puissante. M'imaginer loin d'elle, dans un autre pays m'est insupportable. J'ai besoin d'elle, de son écoute, de sa douceur, de sa façon atypique de concevoir la vie. Elle m'ouvre les yeux, je me considère différemment. Preuve en est que je pars en sa compagnie alors qu'il y a peu, je sortais à peine de chez moi. Ses questionnements incessants me permettent de me remettre en question. Elle paraît si ... vivante. Malgré sa souffrance et son manque de confiance en elle, elle évolue quand même. Lorsque je pense à elle, je m'imagine une fleur qui s'ouvre, pétale par pétale, pour finalement s'épanouir dans une beauté sans nom.
Tina s'informe sur tout mais surtout sur elle-même. Toujours en quête d'informations l'aidant à se déchiffrer. Pudique sur ses sentiments, sa crédulité la rend touchante. Toutefois, elle semble si mature pour son âge que j'oublie les années qui nous séparent. En réalité, cela m'effraie. Et si je n'étais pas à la hauteur de ses attentes ? Néanmoins, passant outre cette angoisse, j'ai cette envie de me donner corps et âme pour elle.
Quand elle part dans ses interrogations intérieures, il m'est impossible de communiquer avec elle. Seulement, au moment où elle s'intéresse à moi, j'ai la sensation d'être l'Homme le plus précieux au monde. Elle témoigne d'une sensibilité si importante qu'elle paraît saisir le sens de mon comportement, même lorsque je n'y parviens pas.
Elle habite sur une autre planète, j'aimerais la rejoindre.
Tendrement, je l'enlace sans un mot. Elle a tout quitté à vingt ans afin de voyager. Pour quelle raison ? Je n'ai pas encore obtenu les réponses à toutes mes questions. Or, j'aime ce mystère, comme si j'avais toujours des détails à découvrir sur sa vie.
Nyle n'a pas su de quelle façon réagir lorsque je lui ai partagé ma décision. D'un côté, il se montrait extrêmement inquiet. Et de l'autre, il avait l'air heureux que j'ose sortir de cette cage de douleur. Mes ailes se déploient timidement. En fin de compte, il m'a laissé partir contre une promesse de lui donner des nouvelles aussi souvent que possible. Je ne sais pas quand je reviendrai, Tina est maîtresse de mes déplacements.
Jamais je n'avais permis une telle chose : perdre totalement le contrôle. Grisé par cette idée, j'ai hâte de démarrer cette aventure complètement dingue.
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(Re)bonsoir !
Ce chapitre permet un tournant dans l'histoire : Nolan part avec Tina. Qu'en pensez-vous? :)
Trinity College est un endroit que j'ai absolument adoré alors je me devais de le mettre dans cette histoire !
Ensuite, je pars en vacances la semaine prochaine donc, pas de chapitre pour lundi malheureusement. Mais promis, je reviens avec des photos enneigées et le prochain chapitre pour le 11 février ;) (Notez quand même que je ne vous abandonne pas sur un suspens, pour une fois ! )
Bonne fin de soirée à vous :)
Fantine
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