Chapitre 4 : La rencontre
"Yudasei ? Est-ce que ça va ?"
Je lui posais la question, car il ne se sentait soudainement pas bien. Il avait avalé quoi ? Trois bouchées ? Et soudain il se tenait le ventre et il se penchait en avant.
Il n'attendit pas longtemps pour me répondre, bien que ce n'était pas vraiment une réponse. Jokichi avait le visage grimaçant et prononça difficilement :
"Je... Je ne me sens pas bien, je... Excuses-moi, Mori !"
Et il termina à peine sa phrase qu'il posa son bento sur le banc et se releva avant de se mettre à courir vers les portes d'accès. Il avait une main contre son ventre et l'autre main sur sa bouche. Tout cela est arrivé si vite que je n'ai fait que le suivre mais du regard.
"Mais..."
Sur le coup, je n'avais pas compris ce qui venait de se passer. Puis finalement, je me retournais vers le bento qu'il avait laissé à coté de moi. Et en m'approchant de la nourriture de mon camarade, je remarquais qu'il y avait quelque chose d'étrange dedans.
La nourriture était repoudrée de quelque chose de foncé. C'était trop foncé pour une épice lambda.
Jokichi venait de me dire que ce bento avait été offert par une amie à lui. Donc, peut-être que la fille en question avait mit quelque chose pour le rendre malade.
Les minutes passèrent, et Jokichi ne revenait toujours pas. Je terminais mon repas, toute seule.
Puis vint les cours de l'après-midi. J'ai guetté et mon camarade aux yeux gris revenait qu'une demi-heure après le début du cours, s'excusant auprès de son enseignante.
C'est uniquement à la fin du cours, quand vient l'heure du nettoyage de l'école, qu'il revenait vers moi alors que je rangeais mes affaires.
"Je suis vraiment désolé de t'avoir laissé toute seule." me dit-il gêné. "J'ai eu un soudain mal de ventre... J'étais obligé d'aller à l'infirmerie après être passé aux toilettes."
-Je comprend, ne t'en fais pas.
Visiblement, j'avais raison. Cette nourriture l'avait rendu malade. Je suspectais cette poudre, mais je me demandais pourquoi quelqu'un aurait envie d'empoisonner Jokichi au point qu'il vide ses tripes aux toilettes.
Par vengeance ? Bizutage ? Ou autre chose...
Bref... Cette première journée se déroula normalement, si je laissais de coté cette histoire.
Mais il eu un petit quelque chose qui piqua ma curiosité en cours. Deux garçons qui étaient devant moi chuchotaient entre eux qu'une fille de l'école aurait disparu. Curieuse, je tendis l'oreille.
"Tu es au courant que personne ne l'a revu depuis la semaine dernière ?" chuchota un des garçons.
-Oui je sais, répondit l'autre sur le même ton, ce n'était pas une fille qui attirait des problèmes pourtant.
-J'espère qu'elle va bien... C'est bizarre quand même.
Je comprenais donc qu'une fille qui était encore là la semaine avant mon arrivée avait mystérieusement disparue. Cela m'étonnait, mais je ne savais pas trop quoi en penser. Rapidement les garçons se taisaient quand ils se sont fait surprendre par l'enseignante...
"Bizarre."
Après les cours, vient le fameux instant où tous les élèves s'occupent de l'entretient ménager. Il y avait ça dans toutes les écoles, y compris la mienne.
D'habitude, je passais cet instant à coller Yasuo en l'aidant à nettoyer notre salle de classe et dissuadant les autres de nous aider. Mais là... Je devais m'occuper autrement.
Un camarade m'informa que le garçon avec qui j'ai échangé ma place avait l'habitude de vider les poubelles de l'établissement, et que je pouvais prendre son travail quotidien. J'espérais qu'au fond ce n'était pas pareil à Subarashii et que l'élève en question ne fasse pas un binôme avec Yasuo.
Mais j'acceptais la tâche, docile que j'étais afin de garder ma réputation d'élève modèle ici aussi. L'élève m'expliqua que je devais aller dans toutes les pièces de l'école, vider et changer les poubelles et tout mettre aux poubelles situés à coté de l'incinérateur de l'école.
Je m'exécutais, toute seule. Je passais de salle en salle, remplaçant les poubelles pleines par des sac poubelles neuves, déposant le tout à coté des escaliers le temps de faire tout l'étage de la même façon. Je faisais les classes, les salles diverses, les clubs...
Une fois l'étage fait, je descendis à l'incinérateur jeter le tout, passant devant ce qui semblait être un gang de garçons à la coupe banane qui squattait avec une radio composant un son urbain. Il semblait être des délinquants mais ils m'ignoraient totalement. Donc, je les ignorais aussi. Et quand c'était fait, je remontais pour continuer à l'étage suivant. Etage après étage, je passais plusieurs fois à l'incinérateur. C'était fatiguant de montrer les escaliers et de les descendre. A la fin, je mettais les poubelles les moins pleines dans les plus grosses pour me libérer mieux les bras.
Heureusement entre-temps, je tombais sur une fille qui m'expliquait que elle, s'occupait des poubelles extérieurs. J'avais à faire que les poubelles de l'établissement. Mais je n'avais pas l'habitude, et je ne trouvais pas ça juste de m'occuper des quatre étages seule, incluant le toit et le rez-de-chaussée.
Bien sûr, ne connaissant pas les lieux, je mit un temps fou à finir. Quand je descendais les derniers sacs fermés, l'heure du nettoyage était fini depuis longtemps. J'ignorais quelle heure il était mais quand je remis le nez dehors pour la énième fois, le ciel était devenu orange avec quelques nuages légèrement roses. C'était le soir.
"Allez... C'est... Les derniers..." prononçais-je entre mes souffles. J'étais épuisée.
Je ne croisais plus personnes dans les couloirs. Les élèves avaient déjà quitté l'école depuis un moment ou étaient enfermés dans leurs clubs.
Je marchais en tenant fermement les sacs, en évitant de les plaquer contre mes collants, en direction de l'incinérateur. Je remarquais que les garçons n'étaient plus là. Ils avaient déjà du quitter les lieux.
"Pff..." râlais-je. "C'est à eux de vider les poubelles, pas à moi."
Je m'approchais du grillage où était derrière l'incinérateur et le conteneur. J'étais toute seule.
Je m'approchais de la grande poubelle et je mis les dernier sacs dedans. Une fois cela fait, je retirais mes gants de protection à usage unique que je jetais immédiatement.
"Enfin fini !" criais-je en m'étirant, enthousiaste. "Il me tarde de rentrer et d'appeler Yasuo~ !"
L'idée de penser à mon Yasuo me remit de bonne humeur.
Mais alors que j'étais occupée à m'étirer de long en large tout en m'imaginant déjà au téléphone avec le garçon que j'aimais... Je n'entendis pas que ma solitude n'allait plus du tout être une solitude.
La scène qui alla suivre changera littéralement mon échange scolaire.
Alors que je baissais mes bras après m'être étiré, je n'avais pas senti qu'une présence se plaçait juste derrière moi.
Ma vision, qui restait sur le mur blanc du bâtiment scolaire et la poubelle fraichement fermée, changea subitement en une obscurité soudaine.
Je ne voyais plus rien. Quelque chose m'avait comme entouré le visage !
"Mais qu'est-ce que- !"
Je sentais la sensation se coller à ma peau, la tête entière. Ce n'était pas un tissu, c'était quelque chose de bien plus raiche. Mais le pire c'était qu'une soudaine emprise se plaçait autour de ma nuque, empêchant l'air de passer.
Vu la texture, c'était comme un sac poubelle. Et l'emprise qui le serrait autour de mon cou venait de deux mains, provenant alors d'un corps que je sentie contre mon dos.
Quelqu'un essayait de m'étouffer avec un sac poubelle !
Prise de panique, j'ai eu le réflexe d'inspirer. Chose à ne pas faire car évidemment, l'air à l'intérieur de ce sac était limité et mes lèvres se collaient contre le polyéthylène. Le second réflexe est de mettre mes mains au niveau de ma nuque afin d'ouvrir une paroisse pour y mettre l'air.
Je mis plusieurs secondes, à cause de la panique, avant de réaliser que c'était une personne qui voulait m'étouffer. Je me cambrais en arrière, ayant du mal à respirer, sentait définitivement quelqu'un derrière moi.
Mais ce n'était pas comme ça qu'on allait se débarrasser de Mori Tara.
... Sinon je ne serais pas entrain de vous raconter cette histoire dans une voiture, entrain de mourir presque trente ans plus tard.
Sans crier gare, je lâchais d'une main le sac plastique pour utiliser mon bras droit et de donner un coup violent en arrière avec mon coude. Je touchais ce qui semblait être sous le buste de mon agresseur.
J'entendis un râlement de la personne qui se cambra suite au coup, et baissa aussitôt son emprise. Je profitais de l'occasion dans la seconde pour me tourner avec l'aide de ma jambe gauche, pour ensuite lever ma jambe droite et d'utiliser mon pied tourné vers mon agresseur.
Le coup partie, je sentis lui avoir toucher le ventre. A peine je ne sentais plus rien sous mon pied, un cri surgissait uni d'un bruit de quelqu'un qui tombe.
Après avoir baissé mon pied, je m'oppressais d'enlever ce sac de ma tête. La lumière du jour me picotait les yeux alors que je pris une grande respiration une fois délivrée.
Me voilà de nouveau libre, le regard vers le ciel orangé. J'avais des mèches folles qui s'étaient formés à cause du sac sur ma tête.
Je restais deux secondes à inspirer et à expirer. Puis, le sac encore dans mes mains, je baissais alors mes yeux vers mon agresseur.
Dans la surprise, je réalisais que mon agresseur était en fait une fille.
Une fille qui avait les fesses au sol avec les jambes pliées devant, entrain de grimacer de douleur en ayant ses mains sur son ventre. Elle avait de longs cheveux gris foncés, voir noirs, attachés sous une couette basse, et des yeux de la même couleur. Elle portait bien sûr l'uniforme d'Akademi High School, dans mon histoire blanc et bleu. Il y avait même la trace de la saleté de ma chaussure sur le tissu blanc de son haut. Elle semblait être de taille normal, un poil plus petite que moi, avec une corpulence légèrement moins fine que la mienne.
Je regardais la fille avec de grand yeux. Il n'y avait personne d'autre au alentours. Puis je fronçais des sourcils quand elle releva finalement son regard vers moi.
"Non mais tu te prends pour qui ?" prononçais-je en m'approchant d'elle. "Tu as failli m'étouffer !"
Une fois face à la fille, je n'hésitais pas à la saisir par le col de son uniforme après avoir lâché le sac poubelle. Sous la surprise elle n'a pas eu le temps d'agir lorsque je la relevais avec la force de mes bras avant de la plaquer contre le mur qui était derrière moi, entre la poubelle et l'incinérateur.
Il était hors de question que je laissais passer ça. J'avais... un "talent" pour menacer les gens.
"Je peux savoir POURQUOI tu as fait ça ?! Tu as voulu me bizuter ? Tu sais qui je suis ?!"
Je tenais mon emprise fermement, quitte à me coller à elle pour l'empêcher de bouger. J'étais énervée, et il y avait de quoi.
Mais... Elle ne répondait pas. L'élève d'Akademi ne faisait que me regardait avec de grands yeux. Mais elle était étrange. On aurait dit qu'elle avait un spasme au niveau des yeux.
A force de serrer le col de l'uniforme et de la plaquer contre le mur, elle finissait par mettre ses mains sur mes poignets. Mais bien que je n'étais pas la plus forte en sport, il se trouvait que j'avais une force assez... colossale, quand j'étais en colère.
Finalement, elle réagissait.
"Arg... Lâches-moi... Ce n'est pas..."
Elle avait une voix un peu plus grave que la mienne, mais le ton qu'elle a prit était un mélange d'hésitation mais aussi de colère.
"Ce n'est pas quoi ? Tu vas répondre honnêtement, ou je me ferrais un plaisir de te pourrir la vie. Je ne crois pas que le directeur soit d'accord qu'une élève de son école s'en prenne à celle qui représente Subarashii."
Sous ma menace et mon emprise, la fille eu un léger élèvement au niveau des paupières. Puis finalement, elle baissa les yeux en mimant une grimace de dégout.
Je continuais de la regarder dans les yeux, les sourcils froncés et les paupières plissés qui montraient à peine la couleur bleu de mes yeux.
Et au final...
"Je... t'ai vu avec ce garçon."
Furent ses mots.
"Pardon ?" lui demandais-je en insistant.
-Ce garçon... mon senpai. Il t'a parlé à la pause... Vous avez déjeuné ensemble...
Je mis un temps avant de comprendre. Avant de réaliser que ce type de sujet m'était plus que familier. En quelques secondes lentes, mon visage menaçant laissa place en un visage étonné. Mes sourcils se lèvent, comme mes paupières. Mon visage s'adoucit.
"Attends..." prononçais-je à voix plus basse. "Tu me parles de Yudasei, là ?"
Dès que je prononçais le nom de famille de Jokichi, la fille aux cheveux foncés releva immédiatement ses yeux vers moi et eu comme un changement radical dans son regard. C'était comme si j'avais prononcer le nom d'une célébrité très connu.
Je faisais la même tête quand j'entendais le nom de Yasuo de la bouche de quelqu'un.
Je comprenais alors le délire.
Je me suis mit à pouffer du nez avant de finalement m'écarter de la fille et de la relâcher. Elle prit ensuite un air perdue, me voyant faire.
"Je vois..." marmonnais-je d'un ton plus confiant. "Vires-moi de ta liste, ton "senpai" ne m'intéresse pas du tout."
Avant de me retourner, j'ai vu un nouveau air surprit sur le visage de l'étudiante. Désormais dos à elle, je tapotais ma tête afin de cacher ses mèches folles décoiffés.
"Comment je peux en être sûre ?" entendais-je soudainement dans mon dos après ce petit silence.
En l'entendant, je me suis mit à ricaner de manière amusée. Je restais dos à elle, mais étonnement j'ai eu un sourire narquois.
"Heh heh heh. Parce que j'ai déjà mon "senpai", comme tu dis !" répondis-je sans gêne.
Puis finalement, comprenant au silence qu'elle ne semblait pas avoir compris, je finissais quand même par tourner ma tête au dessus de mon épaule gauche et je croisais son air perplexe.
"Enfin "senpai" n'est pas le mot pour moi, parce qu'on a le même âge. Mais mon cœur lui appartient. Sois tranquille, kohai. Je n'en veux pas de ton senpai."
Le terme "kohai" est l'opposé de senpai. Bien qu'un senpai est une personne plus âgé ou supérieur hiérarchiquement, kohai est une personne plus jeune ou plus novice. En vue qu'elle mentionnait Jokichi comme un senpai, cette fille devait sûrement être dans une classe inférieur.
Dans un sens, si c'était bien ce que je croyais, j'étais aussi un peu sa "senpai" sur un point intéressant.
Cette rencontre était... intéressante.
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