Yasuo avait beau me rassurer, me dire que ce n'était qu'un "voyage" dans une autre école, je n'étais toujours pas sereine. Le reste de la journée à l'école se passait pour moi dans notre salle du conseil étudiant. Tous les soirs j'étais avec les autres membres jusqu'à dix-sept heures trente, tandis que Yasuo était dans son club. Il était dans le club de sport de l'école. J'adorais le voir jouer au basket ou le voir nager dans la piscine de l'école.
Après notre rendez-vous quotidienne de la journée, tous les membres essayant de me rassurer sur ce voyage, je partais toujours avant les autres pour aller chercher Yasuo afin que nous rentrions ensemble. Une routine qu'on avait depuis longtemps.
Sur le chemin, nous continuons à discuter de cette nouvelle qui m'avait toujours marqué. Comme tous les soirs, Yasuo me laissait devant chez moi avant de rentrer chez lui. Et comme tous les soirs, je le regardais partir pendant plusieurs minutes avant de passer la porte de ma maison.
Quand je passais la porte et que je retirais mes chaussures, un son familier s'entendit depuis le salon. Mon père était assit à regarder la télévision, pendant que ma mère était devant sa machine à écrire.
Papa était dans la police. Si si, il était l'adjoint du commissaire de notre ville. C'était un paradoxe que ma mère tombe amoureuse d'un agent de force de l'ordre. Mais grâce à mes connaissances de son métier, je pouvais agir plus discrètement lorsque quelqu'un s'approchait trop de Yasuo.
Maman, quant-à-elle, était écrivain. Elle n'avait pas la notoriété d'une chanteuse de type pop, mais elle commençait à se faire un nom avec ses livres. Elle écrivait des romans policier vraiment intéressant.
Bref. Ayant claqué la porte de manière un peu brutal, j'ai attiré l'attention de mes deux parents.
"Oulah !" prononça mon père de sa voix grave. "Qu'est-ce qui ne va pas, princesse ? La rentrée c'est mal passé ?"
En arrêtant mes pas alors que j'étais entrain de me diriger vers les escaliers, je me tournais vers le salon où étaient mes parents. Ils avaient tous les deux leurs yeux sur moi.
Je finissais par regarder mon père et d'une irritation, je lui dis :
"Il ne va pas que je dois passer deux mois dans une autre école ! Et en plus, tu aurais donné ton autorisation ? D'où tu étais au courant et que tu ne m'en parles pas ?"
A mes paroles, je voyais ma mère prendre un visage étonné avant de tourner sa tête vers mon père. Ce dernier fronça des sourcils, aussi surprit, avant de rajouter d'un ton plus hésitant :
"Ta... directrice m'avait appelé ce week-end et m'a parlé de cette idée d'échange d'élèves. J'ai dit que j'étais d'accord que ce soit toi qui aille dans cette autre école. Je voulais te laisser la surprise car je pensais que ça te ferait plaisir."
-Plaisir ? Mais pourquoi ça me ferait plaisir ? Tu m'éloignes de mon lycée pendant dix semaines ! Tu m'éloignes de Yasuo, quand même ! Comment je vais faire ?!
-Rho Tara, c'est une occasion de représenter ton lycée dans un autre établissement. Tu verras de nouvelles personnes et une nouvelle ville, car on a vu avec la directrice de ton lycée que tu seras logée dans un appartement toute seule. Tu seras plus indépendante, ça te fera du bien de changer d'air. Et ton ami ne va pas disparaitre pendant que tu ne seras pas là. Tu exagères pas un peu ?
-J'exagère...? J'exagère....?
Papa ne se rendait pas compte à quel point l'idée de ne pas être avec Yasuo me perturbait. Il n'avait toujours pas compris que j'étais amoureuse du garçon qui passait presque tous les week-end à la maison. Et sa réponse me mit un soudain chaud à la tête.
Au lieu de lui tenir tête, bien que mon père était quelqu'un de très tenace et autoritaire, je me suis mise à grogner en serrant le poing avant de foncer vers les escaliers et de m'enfermer dans ma chambre. Pendant ma crise, j'avais entendu au loin un "Mais c'est quoi son problème ?" venant de sa bouche.
Papa ne connaissait définitivement pas la malédiction auquel j'étais piégée depuis ma rencontre avec Yasuo. Et ne semblait pas savoir qu'il avait auparavant atteint sa femme.
Environ une heure plus tard, alors que j'étais dans ma chambre à pleurer, quelqu'un a fini par toquer à ma porte et à entrer.
C'était ma mère.
"Comment tu te sens ?" me demanda-t-elle en s'approchant de mon lit.
J'utilisais mes manches pour sécher mes larmes tout en me redressant pour m'asseoir sur mon lit. Je levais ensuite mon visage vers ma mère et je la regardais s'asseoir à ma gauche.
"Je ne sais pas comment je vais faire, Maman..." lui répondis-je avant de me râcler la gorge. "La directrice n'a pas voulu m'entendre... Je dois vraiment aller dans une autre école ? Il parait qu'elle est loin d'ici... Et Yasuo ? Je ne serais plus avec lui ! Et si il... Et si il se trouvait d'autre amis ? Et si une fille le- !"
-Calmes-toi ma chérie. Respires, on va en discuter.
Ma mère avait... quelque chose de rassurant dans la voix. Savoir qu'elle a été comme moi et qu'elle a connue mes angoisses... ça me réconfortait.
Au bout d'un moment, j'ai fini par me calmer avec une grande respiration. Et j'étais prête à parler avec elle.
Assise sur le lit à coté de moi, ma mère redressait ses lunettes sur son nez puis elle posa sa main sur mon épaule. Ses yeux marrons étaient dirigé vers moi.
"Ecoutes." commença-t-elle d'un ton bas et doux. "Si j'avais su que ton père avait donné son accord pour que tu participes à cet échange d'élèves, tu te doutes que je n'aurais pas été d'accord. Je comprend que tu t'inquiètes énormément pour Ishimaru. C'est vrai qu'en deux mois, il peut y avoir une gourdasse qui tourne autour de lui. Voir plusieurs..."
Puis, elle ferma un instant les yeux et quand elle les ouvrit, je remarquais un regard bien plus sombre... voir plus flippant de sa part.
"... Mais tu sais, la distance ne t'empêchera pas d'agir. Tu te souviens quand ton père est partie en formation à l'autre bout du pays pendant trois mois ? Avec cette traînée de secrétaire du commissariat ? A ton avis, comment j'ai fait pour savoir ce qui s'est passé ?"
Le souvenir me revenait. Quand Maman avait compris que je prenais le même chemin qu'elle, elle m'avait raconté plusieurs histoires. Dont cette dernière qui avait eu lieu il n'y avait pas longtemps.
"Mais Maman, lui répondis-je, je n'ai pas les moyens de payer un détective privé."
En effet, elle m'avait raconté qu'elle avait engagé un détective privé pour espionner mon père pendant qu'il faisait cette formation. Grâce au détective, elle a tout su. Et elle lui avait même payé plus pour qu'il dissuade la secrétaire de s'approcher d'avantage de mon père. Et ça avait marché.
A ma réaction, ma mère souriait à nouveau et sous un visage naturellement amical elle proposa :
"Et si je devenais ton détective privé ?"
-Quoi...?
-Et si je devenais ton détective privé ? Ecoutes, en ce moment je n'ai pas trop l'inspiration pour mon livre. En plus de t'aider et de te dire ce qui se passe, je m'amuserais comme à l'époque où j'ai rencontré ton père. Je pourrais le suivre quand il sort de l'école, espionner avec qui il parle... et même me pointer à ses lieux de rendez-vous ! Ca me donnera sûrement des idées pour mon livre. Et comme la ville est petite et qu'il me connait, il ne trouvera pas cela étrange si il venait à me voir. Je sais qu'il m'adore ce garçon, et je le veux en tant que gendre !
Alors là, je ne m'y attendais pas du tout. Ma mère me proposait littéralement d'espionner le garçon que j'aimais. C'était très étrange d'imaginer ça.
Mais au moins, j'avais confiance en elle. Je préférais que ce soit ma mère plutôt qu'une potentielle fille qui pouvait me trahir.
"... Et si il le faut, ajouta-t-elle en souriant, il ne se passera rien."
-... J'espère.
Et c'est ainsi que la conversation se terminait.
Le reste de la semaine a été très calme. A vrai dire, je commençais à me dire que en effet... Il ne se passerait rien. Yasuo était génial, mais il n'attirait pas vraiment les filles. C'est arrivé, bien entendu...
Et j'y ai mit un terme avant que cela n'empire.
Pendant cette semaine, j'avais passé encore plus de temps avec lui. Si bien que j'avais mit de coté mon rôle d'organisatrice dans le conseil étudiant. Mon futur remplaçant pour les deux mois à venir était un première année. Le peu que j'avais vu cette semaine, il se débrouillait bien. Onigawara Sasuke, qu'il s'appelait.
Cependant, mes inquiétudes revenaient le vendredi soir.
Même pas deux jours plus tôt, une nouvelle élève est arrivée dans notre classe. C'était une fille qui venait de la capitale. Elle était... différente des autres. Plus grande que les autres filles, les cheveux châtains en pagaille, un corps d'athlète... C'était une vrai citadine, un peu rebelle. Et son caractère volcanique avait attiré l'attention de pas mal de garçons.
Mais elle semblait, elle, être attirée par Yasuo.
Elle lui disait bonjour, lui souriait, lui faisait des sous-entendues étranges. Mais le pire était lors de ce vendredi. Alors que nous traversions le portail de notre école dans le but de rentrer chez nous, elle nous a rattrapée en courant et criant :
"Ishimaru ! Attends !"
Evidemment en entendant son nom, Yasuo s'arrêta avant de se tourner. J'étais obligée de faire de même, voyant la fille arriver vers nous avec le bâtiment de l'école derrière elle.
"Un soucis, Gunnoshuto-chan ?" prononça-t-il, curieux.
Gunnoshuto Haran était son nom.
La fille reprit sa respiration comme si elle avait couru le marathon, puis se redressa. Elle regardait Yasuo, et que lui, et affichait un sourire quand elle lui demanda :
"J'ai une bonne nouvelle ! Je viens de m'inscrire au club de sport ! On va pouvoir faire du sport ensemble !"
-Oh, c'est vrai ? Mais c'est génial, ça !
D'habitude je n'avais pas à m'inquiéter, car il n'y avait que des garçon au club de sport où était Yasuo. Mais là... J'ai comme eu un pique dans mon cœur.
Cette fille... venait de s'inscrire au club de mon Yasuo. Elle allait se pavaner en tenue de sport devant lui, et passer encore plus de temps avec ! Surtout... que je n'allais être pas là.
Je sentais une colère monter dans mon être. J'essayais de canaliser cette émotion, ne voulant pas le montrer à Yasuo qui était juste à coté de moi.
"Comme ça, le temps que Mori ne soit pas là, tu ne seras pas seul ! Ca ne te dérange pas... Mori-chan...?"
En comprenant que Haran s'adressait à moi, je relevais la tête en écarquillant des yeux. Et en croisant son regard, je reconnaissais un air à la fois vicieux et espiègle.
Cette vache... me provoquait.
Elle voulait me voler Yasuo !
"... Tara-chan...? Est-ce que ça va ? Tu es toute pâle."
Je me tournais vers Yasuo après avoir sursauté à l'entente de sa voix.
"Ah ! Euh... Oui je suis... un peu fatiguée." lui répondis-je avant de passer ma main sur mon visage, mimant une fatigue.
Je n'étais pas fatiguée, en vrai. Je faisais semblant pour détourner l'attention de Yasuo, et cela marchait.
"Ah, je vais te raccompagner chez toi." disait-il en posant sa main sur mon épaule. "Désolée Gunnoshuto, on doit y aller. On se verra Lundi, d'accord ?"
Haran prit un air surpris, mais elle acquiesça d'un mouvement de tête. J'avais gagnée la manche.
Mais avant d'y aller, il fallait que je fasse quelque chose. Je sortis de mon sac mon appareil photo de type polaroïd. Puis je me retournais vers Haran.
"Souris, Gunnoshuto !" lui demandais-je à voix haute.
Elle n'a eu le temps d'agir que j'avais prit une photo d'elle. Dû au flash, elle sursauta.
"Ah !" fit-elle. "Mais qu'est-ce que tu fais ?!"
-Un souvenir pour mes deux mois à Akademi High. Allez, à dans dix semaines !
Et ainsi, secouant la photo qui venait de sortir de mon appareil, je me retournais et je repris le pas pour rentrer chez moi avec Yasuo à mes cotés.
"Pourquoi tu l'as prit en photo ?" me demanda Yasuo à voix basse.
-J'ai dit que c'était un souvenir, lui répondis-je en regardant devant moi, rien de plus.
Mais ce n'était pas n'importe quel souvenir.
Une fois devant chez moi, j'ai eu du mal à me séparer de Yasuo. J'ai eu l'audace de l'enlacer comme je rêvais de le faire depuis longtemps. Heureusement, il ne m'a pas repoussé. Il essayait même de me rassurer, me disant que je pouvais l'appeler tous les soirs. Et après m'avoir souhaité bonne chance pour l'échange scolaire, il reprit la route pour rentrer chez lui.
Comme d'habitude, je le regardais partir un moment avant de rentrer chez moi.
Et le soir-même... Je notais le nom de cette vache sous sa photo et je la donnais à ma mère.
"... Elle vient d'arriver à l'école et vient tout juste de s'inscrire au club de sport de Yasuo-kun."
Ma mère prit la photo et la regardait un instant dans le silence, avant de répondre calmement :
"Elle m'a l'air d'être une sacrée sportive, cette fille. Gunnoshuto... J'ai rencontré sa mère hier à l'épicerie. Une femme charmante avec qui j'ai sympathisé. La pauvre, elle vient de perdre son mari."
-Tu penses vraiment la... surveiller, pendant que je ne suis pas là ?
-Bien sûr. Et comme je connais sa mère, je peux en apprendre plus sur sa fille. Je te tiendrais au courant.
Une soudaine complicité s'est formé entre ma mère et moi. Mais bien que j'avais confiance en elle...
Je n'avais toujours pas envie de faire cet échange d'élèves.
Et le week-end qui a suivi ma mère m'a aidé à m'installer dans le petit studio meublé, dans cette ville à plusieurs heures de chez moi.
Et de Yasuo.
Mais notre histoire commença à mon entrée dans cette nouvelle école...
Akademi High School.
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