Chapitre 1
Quand ma copie de philosophie tombe sur mon bureau, je ne suis pas surpris de voir une note aussi déplorable. Cinq sur vingt. Un seul mot pour me décrire, et il est écris tout en haut à gauche avec une encre rouge vive : MEDIOCRE. Je commence à le croire. Depuis le début de l'année mon niveau ne fait que décroître. J'entends le soupire de mon professeur qui est exaspéré de me voir gâcher ma vie. Comme si je faisais exprès d'être nul.. Il passe son chemin sans rien dire, ce qui m'étonne de lui et de ses commentaires habituellement acerbes. C'est clair il ne m'aime pas, et c'est réciproque. Il termine de distribuer les copies et comme toujours, il lui en reste une dans les mains, il cherche son propriétaire du regard mais ne le trouve pas, en retard ou absent comme les trois quarts du temps, je crois d'ailleurs que depuis le début des cours, je ne l'ai jamais vu arriver à l'heure.
Il est neuf heure dix à l'horloge quand on entend la porte de l'amphi grincer. Personne ne se retourne, on sait déjà qui c'est et on l'ignore tous. Tous ? Non. Pour la première fois depuis deux mois, Monsieur Belmar arrête d'écrire et se retourne vers le bouclé qui vient de s'asseoir derrière moi. Tout le monde s'arrête et retiens son souffle, que va-t-il lui dire ? Le virer une bonne fois pour toute de son cours serait probablement la meilleure chose à faire. Mais il ne le fait pas. Il attrape la copie et s'approche en silence. Je le sens déposer la feuille sur le bureau derrière moi et toujours sans aucun commentaire. Mais qu'elle mouche la piqué ? Il a perdu sa langue ? Il rebrousse chemin pour retourner à sa place initial et alors que je croyais qu'il resterait muet il prend enfin la parole.
-Monsieur Styles, je vous nomme tuteur de Monsieur Tomlinson jusqu'à la fin de l'année.
QUOI ? C'est tout ce qu'il trouve à dire ? Ce Styles arrive en retard tous les jours depuis la rentrée et il le nomme mon tuteur ? Et puis quoi encore ? Je préfère rester dans ma médiocrité que de recevoir des cours d'un mec incapable de se lever le matin ! Je suis sur le point de répliquer lorsque le vieux monsieur tourne la tête vers moi et son regard noire me dissuade de discuter. Je n'ai jamais été ni en retard ni absent à aucun cours et c'est moi qui me récolte un regard noire. Bon bien sur je suis nul.. Mais je suis là moi au moins.
Je suis tellement énervé que je ne suis pas le reste du cours. Je dessine sur mon cahier en faisant semblant de m'intéresser à ce que ce vieux croûton raconte. Pourquoi a-t-il fallut que ce soit Styles ? Il ne pouvait pas me mettre avec Tim ? Qui est d'après ce qu'on m'a dit le meilleur élève de la classe. Pourquoi me mettre avec un mec aussi nul que moi qui n'assiste jamais aux cours ? Et soudain je me rend compte qu'il fait sans doute ça pour le punir où alors, il me déteste plus que je ne le pensais.
Lorsque la sonnerie retentit, Styles et moi avons la même idée et nous nous précipitons vers ce vieux grincheux à la barbe blanche. Mais pourquoi je le suis ? Je ne sais même pas ce que je vais dire. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir que mon « tuteur » prend déjà la parole.
-Monsieur, est-ce vraiment obligatoire, vous savez que je n'ai pas le temps de m'occuper de lui.
Il soupire ces mots comme si j'étais le dernier des boulets qui existe sur terre, non mais pour qui il se prend ? je ne suis pas si nul que ça.. Décidément la colère ne fait que monter mais je me maîtrise pour ne pas lui sauter dessus et lui arranger sa belle gueule.
-Écoutez moi bien Monsieur Styles, vous avez besoin que j'oublie tous vos retard et vos absences pour conserver votre bourse. Moi j'ai besoin que quelqu'un donne des cours à Monsieur Tomlinson.
Ils parlent de moi comme si je n'étais pas là. Mais éh oh ! Je suis présent alors ne parlez pas de moi comme si j'étais invisible et débile. Et pourquoi je suis là moi d'ailleurs ? Je n'ai rien à leur dire, ils prennent les décisions sans moi de toute manière. Et qui a dit que je voulais prendre ces cours ? Peut être que je veux me taper des cinq jusqu'à la fin de l'année. Mais qu'est-ce que je raconte ? Mon père me tuerait s'il savait. Si ça se trouve c'est même lui qui est derrière tout ça. Ce serait tout à fait son style, faire semblant de ne pas savoir mes notes désastreuses quand je suis là et menacer les professeurs en secret.
Quand je reviens à la réalité, je me retrouve tout seul devant Belmar, Styles s'est cassé en bougonnant et en soufflant vers la sortie, il a l'air encore moins enthousiaste que moi. Je me retourne vers le vieil homme d'un aire septique et il me répond exactement le contraire de ce que j'ai envie d'entendre.
-Monsieur Styles est un excellent élève, vous pourriez beaucoup apprendre de lui Monsieur Tomlinson.
Et sur ces paroles, il passe son sac sur son épaule et quitte la pièce, me laissant seul avec mes doutes et mes pensées. Styles un bon élève ? Il ne vient même pas à la moitié des cours que nous avons ensemble et rien que d'apprendre qu'il pourrait être meilleur que moi me donne la gerbe. Mais il doit sûrement l'être s'il a une bourse, dans cette école seul les élèves surdoués en obtiennent une. Bien sur les gens comme moi n'en n'avons pas besoin, il suffit d'avoir la moyenne et un papa bien friqué. Alors pour ne venir en cours que quand ça lui chante et être un excellent élève il doit être très doué. Ça y est, je le déteste. Il serait typiquement le fils rêvé de mon père et ça me retourne l'estomac .
Quand je sors à mon tour de l'amphi, je le retrouve adossé au mur d'en face et ses yeux se posent sur moi. Il à l'air en colère, il m'a attendu ? Si j'avais su.. Non mais oh Tomlinson tu ne vas pas te dégonfler comme ça devant lui. Toi aussi tu es en colère. C'est vrai, je le suis ! Je n'ai pas besoin de professeur particulier ou de tuteur à la noix « qui va m'en apprendre beaucoup » J'en ai rien à faire de toute manière de tout ça. Je ne suis pas le fils idéal et je le sais depuis pas mal de temps et je le vis plutôt bien. Alors je ne suivrai pas ces cours pour faire plaisir au vieux grincheux et rien à foutre si je me tape des sales notes jusqu'à la fin de ma vie et que mon père me déshérite.
Je détourne vite le regard et met le plus de distance possible entre « l'excellent élève » et moi mais il n'a pas l'air d'être du même avis que moi et me rattrape. Qu'est-ce qu'il me veut encore ? Il ne va quand même pas me dire que maintenant il a le temps de s'occuper de moi ? Moi qui croyais qu'il était débordé. Et débordé à faire quoi ? Sortir les poubelles pour pouvoir se payer ses fringues miteux, ou alors il les a trouvé en fouillant les poubelles. Habituellement les mecs comme lui n'approchent pas les mecs comme moi et là, il est pire qu'un chewing-gum collé à ma chaussure. Il me suit hors du bâtiment et la colère explose. Je me place en face de lui pour lui barrer la route, surpris il fait deux pas en arrière en fronçant les sourcils.
-Écoute, je n'ai pas besoin de ton aide, alors tu peux arrêter de me suivre.
Il fait un pas de plus en arrière et me jauge, d'où il se permet de faire ça ? C'est quand ses yeux s'ancrent dans les miens que je remarque à quel point ils sont hypnotisant. Un frisson me traverse le corps des pieds à la tête. Merde. La colère s'est échappée et je me sens complètement vide. Ma peau me brûle et je ne peux arrêter de fixer ses prunelles émeraudes. Mais qu'est-ce que je dis ? Reprend-toi Tomlinson, c'est de Styles que tu parles là, tu le déteste et c'est pas des yeux -magnifiques- qui vont y changer quelques chose.
-Vu tes notes je dirais que si tu en a besoin.
La colère qui m'avait quitté remonte en flèche, mais il en a rien à foutre il souris, comme si cette petite blague était amusante. Je vais faire un massacre. Mais je ne répond rien, je lui tourne le dos et recommence à marcher en direction du parking de l'université. Mais encore une fois il me suit. Mais putin, je vais le buter !
-Tu ne veux peut être pas de mes cours mais on est obligé, je ne veux pas perdre ma bourse.
-Et en quoi c'est mon problème, tu n'as cas pas sécher les cours tocard !
Je souris, fier de ma répartie et il s'arrête. J'ai lui ai cloué le bec, il ne s'y attendait pas à celle là. Je ne lui accorde même pas un regard et monte dans ma Lamborghini jaune canaris. Je met la musique à fond et quand je sors du parking, je vois qu'il n'a toujours pas bougé et qu'il me regarde passer sans broncher. Ai-je gagné la bataille ou bien la guerre ?
Il ne comprend rien. Il est dans une tour d'ivoire qui l'empêche de voir la réalité.
¤ ¤ ¤
Nous sommes enfin en week-end, c'est mon moment préféré de la semaine car le vendredi soir je retrouve mes amis pour sortir et généralement je finis ivre mort avec un mec inconnu dans mon lit. Mais ce soir je risque de passer la nuit tout seul car Liam, mon meilleur ami depuis l'école primaire et Eleanor sa sœur jumelle ont voté pour qu'on aille au cinéma. Quand ces deux là s'allient contre moi, je finis toujours par regretter de traîner avec eux. Généralement quand c'est comme ça, je sors avec Zayn qui lui sait faire la fête. Mais il travail ce soir donc je n'ai pas le choix. Et comme à chaque fois que je me retrouve assis dans ces sièges en velours rouge dans cette chaleur ambiante, je m'endors.Si bien qu'à la sortie, le sujet de conversation est plus tourné sur mes ronflements que sur le film et ça nous fait rire. Après la séance, on décide d'un commun accord de manger chinois et on s'engouffre dans le premier qu'on trouve. On s'installe bruyamment autour d'une table ronde, dérangeant au passage les quelques clients déjà en train de manger mais on s'en fiche, on est jeune. Liam relance le sujet du film sur le tapis et je détourne le regard vers la décoration pour ne pas avoir à prendre part à la conversation. Mais au moment ou je lève les yeux, mon regard percute deux yeux émeraudes que je connais et qui me fixent. Mon cœur s'arrête de battre et je cesse de respirer. Merde. Styles. Je ne l'ai pas revu depuis que je l'ai laissé sur le parking de l'université la semaine dernière. Bien sur je l'ai croisé mais il n'avait pas essayé de me reparler de cette histoire de cours et de bourse. Et le voir ici me choc. Habituellement les boursiers n'ont pas besoin de travailler, la bourse couvre toutes les dépenses alors quoi ? Ils lui ont déjà retiré ? Juste parce qu'il ne me donne pas ces stupides cours particulier. Pendant quelques secondes, je me sens coupable puis je me rappelle que je le déteste et je détourne le regard.
-Putin, Styles est là !
J'informe mes amis à voix basse et ils arrêtent leur conversation pour tourner la tête vers le comptoir, on repassera pour la discrétion.
-oh mon dieu qu'il est sexy.
-El' !
-Bah quoi ? C'est vrai. Si tu te le fais pas Lou, moi je le prend !
Liam explose de rire comme à son habitude, il est comme ça, il s'en fiche de voir sa frangine se comporter comme la dernière des salopes même envers moi, il est plus du genre à la laisser faire ce qu'elle veut puisque c'est elle l'aîné et que quoi qu'il dise elle lui démontre toujours par a plus b que c'est elle qui a raison. Pauvre Liam, je ne sais pas comment il fait pour la supporter depuis toutes ses années. C'est lui que j'ai rencontré en premier -heureusement- nous étions encore gosses et allions dans des écoles élémentaires différentes, on se croisait de temps à autre au club de nos parents mais aucun de nous n'osions faire le premier pas, nous étions tous deux des enfants timides. Jusqu'au jour ou Liam ramena clandestinement un ballon de football dans son sac à dos, il m'avait approché et m'avait proposé une partie et nous avions joué sur le grill parmi les golfeurs, plus tard nos parents nous avaient engueulé mais on s'en fichait puisqu'on s'était amusé. Après ça les journées au club me paraissaient beaucoup moins ennuyeuses. Quelques années après nous allions dans le même collège où je fis la connaissance d'Eleanor et nos parents étaient devenu amis. Ma mère voulait me caser avec l'aînée et elle ne disait pas non, on va dire qu'elle m'a couru après pendant toutes mes années collège et lycée jusqu'à ce que je lui fasse enfin comprendre que je ne m'intéressais pas aux femmes en embrassant devant elle un garçon sans intérêt. Heureusement pour moi elle s'en ai très bien remise et a enchaîné les conquêtes comme pour me prouver que je n'étais pas le seul gars qui pouvait la faire craquer, tant mieux pour elle, je ne demande pas mieux. Même hétéro, je ne supporterais pas un caractère pareil.
-Bonsoir, je m'appelle Harry, je serais votre serveur ce soir. Avez-vous fait votre choix ?
Quand j'entends sa voix, je sursaute et je manque de tomber en arrière. Merde, il m'a fait peur ce con. Je pose une main sur mes yeux alors que mes deux amis se moquent ouvertement de moi. Bande d'abrutis ! J'aurais du rester chez moi. Je me ressaisi et lève les yeux vers Styles. Il ne me regarde pas, ou alors il évite de me regarder. Il fixe Eleanor avec un sourire et ça lui plaît à celle-là. Elle commande des nems avec de la salade et Liam tente le riz cantonais. Styles le regarde quand il commande avec le même sourire mais quand c'est mon tour il fixe son petit carnet. Je commande des crevettes et du riz. Je n'ai droit à aucun sourire ni aucun regard. Il part comme il est revenu. Sa démarche est assuré et j'ai l'impression qu'elle me dit que je n'ai aucune emprise sur lui, qu'il en a rien à foutre de moi alors que je l'ai traité de tocard. Pourquoi cela me met-il dans un tel état de colère ? Je me retourne vers mes amis qui me fixent.
-Quoi ? Je n'ai rien fait.
Eleanor lève les yeux au ciel mais ne dit rien et je détourne les yeux pour regarder le comptoir où il se trouve. Ses boucles brune tombent en cascade sur son visage et je remarque à quel point mon amie à raison, il est sexy. Si je ne le détestais pas, j'en ferais bien mon quatre heures.
-Laisse tomber Louis, tu n'as aucune chance. C'est un pur hétéro !
J'explose de rire à la remarque de Liam, lui qui n'a jamais su repérer les hommes gays des hétéros, mais il ne me laisse pas répondre.
-C'est Mary de mon cours de littérature qui me l'a dit.
-Et tu crois tout ce qu'elle te dit ? Enchérit Eleanor.
-Bah je vois pas pourquoi elle mentirait.
-Je sais pas, parce qu'elle adore les ragots.
Je ne les écoute déjà plus, ils sont tout le temps comme ça, à se disputer pour rien. Je détourne de nouveau le regard vers lui sans savoir pourquoi. Le fait qu'il ne m'ai pas regardé me trouble et le fait de ne pas savoir ce qu'il pense encore plus. A sa place j'aurais fait une remarque acerbe et serais reparti, comme je l'ai fait l'autre jour. Mais non, il reste silencieux et m'ignore et mon dieu que je déteste ça. Le silence est la plus puissante des armes.
-Tu devrais t'excuser Lou..
-Quoi ? Pourquoi ?
-Le traiter de tocards c'est pas très gentils.
-Et depuis quand Louis est gentils ?
Liam n'a pas tord. Je n'ai jamais été gentil à part avec eux. Et c'est sans doute pour ça que je suis célibataire et que je n'ai que deux amis. Bien sur je connais plein de monde et je suis invité à toutes les fêtes qui existent mais c'est grâce à mon statut, pas à ma personnalité charmante. Mais peut être qu'Eleanor a raison et que je devrais m'excuser ou peut être que non, après tout je le déteste. Je ne sais pas pourquoi exactement, peut être parce qu'il est ce que j'ai toujours voulu être. Un fils assez bien pour mon psychopathe de père. Styles serait un fils parfait pour lui : intelligent sans faire le moindre effort, grand, brun, musclé...
Alors que moi, je suis stupide, petit, blond, chétif et gay par dessus le marché.
Quand il revient avec nos plats, il ne m'accorde aucun regard et je me sens frustré. Je ne suis pas le genre qu'on ignore surtout quand on sait qui je suis mais lui il en a rien à foutre, il sait à qui il a à faire et il s'en fou. Et je passe le repas dans mes pensées tout en mangeant mes crevettes à la noix avec mes mains comme le gosse à la table d'à côté. Liam et Eleanor continu de parler de ce stupide film à la con et je n'essai même pas de participer, la seule chose qui m'obsède c'est Styles et son regard émeraude qui ne se pose pas une seule fois sur moi en une heure.
Et je suis tellement remonté après lui que quand on a fini le repas je propose d'aller régler l'addition, il sera bien obliger de me regarder si on est que tous les deux. Mes amis sortent du restaurant alors que moi je me dirige vers lui, il se crispe quand il remarque que je suis un face de lui et il tapote sur les touches d'un clavier pour sortir notre ticket de caisse, il me le tend sans me regarder et je sens une boule monter dans ma gorge. REGARDE MOI CONNARD ! J'ai envie de lui crier dessus mais je n'en fais rien. S'il est trop mal à l'aise c'est son problème, mais putin je veux voir ses yeux. Alors je dis la seule chose qui me passe par la tête à ce moment là.
-Les crevettes étaient bonnes.
Et je sens toute ma crédibilité me filer entre les doigts, oh mon dieu, comme c'était nul comme phrase d'approche. Après une heure à avoir préparer un discoure d'excuses dans ma tête c'est la seule chose que je peux dire ? Et quand je vois qu'il relève la tête pour me fixer avec ces yeux-la, je bénis mon cerveau d'être aussi con. Son regard me transperce et je perds toutes mes barrières, j'ai l'impression de me retrouver nu comme un vers et ça me met encore plus mal à l'aise alors je dépose un billet de cent sur le comptoir.
-Garde la monnaie.
Et je sors du restaurant complètement déstabiliser.
Il a mangé ses crevettes avec les doigts. Il avait de la sauce partout et il les a trouvé bonne.
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