Bonne lecture !

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Kuroo Tetsurou vient très souvent chez Kenma : c'est quelque chose dont Shoyo a fini par s'habituer.

Ce n'est pas que Shoyo n'aime pas Kuroo. Pas du tout, même. La plupart du temps, c'est une compagnie agréable et amusante, un peu bruyante mais qui est-il pour critiquer cela ? Kenma semble toujours content quand Kuroo vient, il ne dit rien mais son expression est soudain plus douce, même quand il est forcé à éteindre son PC, à changer ses draps ou même à simplement sortir à l'extérieur.

Parfois, il y a Akaashi. Mais Shoyo n'a jamais trop rien compris, simplement que Kuroo et Akaashi sont colocataires, que Kuroo se fait virer de l'appartement un jour sur deux, qu'ils se disputent souvent, et que Kuroo est plus ou moins amoureux de lui. C'est compliqué. C'est ce que Kenma a répondu quand Shoyo lui a posé la question, un jour.

— Hey, déjà rentré ?

Shoyo lève les yeux de sa tablette au moment où Kuroo rentre dans le salon en desserrant sa cravate. Ça fait toujours bizarre de le voir comme ça. Ça fait toujours bizarre de voir que des gens qui partageaient la même passion que lui, qui semblaient tellement prêts à faire tous les sacrifices, de voir que ces gens là ont aujourd'hui une vie normale. Un métier, un avenir.

Shoyo n'a pas ça. Pas tout à fait. Il n'a plus le volley, mais il n'a pas une vie bien rangée pour autant.

Kuroo s'installe face à lui, et il acquiesce doucement. Aujourd'hui, c'est un jour silencieux. Sa tête est bruyante, sa hanche lui fait mal, et il a été courir plus longtemps que nécessaire. Kenma appelle ça ses mauvais jours. Ça arrive, de temps en temps.

— Kenma joue ?

— Il tourne. Mais je l'ai entendu parler du dernier boss, alors il a bientôt terminé.

Ses genoux lui font mal, à force d'être assis comme ça sur le tapis. Cela fait des heures qu'il dessine, qu'il essaye de se vider la tête et même si ça fonctionne assez bien, ça n'empêche que son corps est plein de courbature et que les poils du tapis le brûlent.

Kuroo s'évente avec un papier qui doit sûrement être important. C'est aussi quelque chose qu'il fait, aider avec la paperasse : il l'a toujours fait pour Kenma, et maintenant il le fait aussi avec Shoyo.

— Merde, qu'est-ce qui fait chaud aujourd'hui.

Shoyo tourne la tête vers la fenêtre la plus proche. Le soir, tout est ouvert comme d'habitude : c'est sûrement le moment qu'il préfère, avec l'odeur du soleil qui règne encore et les brises qui secouent ses cheveux un peu trop longs.

— Ça te dérange pas, toi ?

Il hausse les épaules.

— J'aime bien l'été. Ça me rappelle le Brésil.

Il sait qu'il a dit une bêtise car Kuroo est tout à coup silencieux. Quand il quitte des yeux son écran pour poser son regard sur lui, son sourire le fait froncer les sourcils.

— Le Brésil, hein ?

Shoyo hausse à nouveau les épaules.

— C'était chouette.

La journée, c'était parfait. Du travail pour s'occuper, puis la plage, les filets, les ballons, et tous ces gens qui jouaient avec lui et qui l'observaient s'envoler. La chaleur, la peau bronzée, les boissons fruitées.

Oikawa, qu'il a retrouvé un beau jour et qu'il a invité dans son appartement le soir même.

(Car le soir, avant, c'était un peu moins parfait. Le manque, la solitude, la fatigue. Être loin de sa famille, de sa sœur et de sa mère, de ses amis, de gens parlant simplement japonais.)

Soudain, il devine ce que Kuroo va dire.

— Oikawa aussi a trouvé ça chouette, je crois.

Shoyo laisse échapper un « hmm » distrait en reprenant son stylet.

— Il avait l'air presque triste de rentrer. Je me suis toujours demandé pourquoi ça avait pas marché.

Il se renfrogne un petit peu plus, et résiste à l'envie de simplement dire à Kuroo que ce n'est pas ses oignons. Parce que c'est le cas. Il n'a pas de réponse à lui donner, ou d'explications à lui fournir. Il pourrait simplement rester silencieux, et le message serait assez clair.

Kuroo le connaît. Et il connaît surtout son habitude de sortir avec tout et n'importe quand. Une fois, il lui avait dit que ce n'était pas si étonnant, mais Shoyo n'avait pas bien compris pourquoi.

Alors, il se surprend à répondre :

— On est pas vraiment sorti ensemble. Donc on peut pas dire que « ça n'a pas marché ».

Un regard en coin lui montre une expression surprise, et il fronce les sourcils. Kuroo se reprend assez vite en se redressant sur le canapé.

— Ah bon ? J'avais cru. Oikawa m'en a jamais vraiment parlé parlé, tu vois ? Pourtant j'ai demandé. Plein de fois.

Shoyo n'en doute pas.

— Il devait rentrer, c'est tout. Il est parti, alors ça s'est fini. En plus...

Sa bouche se tord un peu. Il ne sait pas pourquoi il s'apprête à dire ça, mais les mots ne veulent pas rester dans sa bouche. Oikawa ne lui parler jamais de lui, plus maintenant. Ils se voient plusieurs fois par semaine pendant des heures, et il n'a pas la moindre idée d'à quoi ressemble sa vie pendant son temps libre.

— En plus, continu-t-il, c'était pas vraiment sérieux. Ça devait lui faire bizarre d'être loin d'Iwaizumi, alors en rentrant il avait plus besoin de moi.

Kuroo le fixe, assez longtemps pour que ça en soit gênant.

— Quoi ? demande Shoyo.

— Toi, quoi ? répond Kuroo, les sourcils froncés. De quoi tu parles ?

— D'Oikawa.

— Mmh.

— Et d'Iwaizumi. Il était amoureux de lui, non ?

Kuroo se renfonce dans le canapé, et croise ses bras sur sa poitrine.

— Ouais, y'a des lustres. C'était déjà plus le cas quand on a commencé à vraiment se parler. Je crois qu'ils en ont parlé, avant la fin du lycée. C'était pas réciproque, ils sont passés à autre chose. Toujours potes, cela dit.

La main de Shoyo s'est immobilisée au dessus de l'écran.

— Ils sont jamais sortis ensemble ?

— Nope.

Le silence s'étend. Pendant un bon moment, jusqu'à ce que Kenma sorte de sa chambre et soupire en voyant Kuroo étalé sur son canapé.

Jusqu'à ce que Shoyo retourne dans la sienne, en se demandant s'il n'aurait pas préféré ne rien savoir.

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Des bisous !