Chapitre 8
Les professeurs de Minho voyaient d’un mauvais oeil sa nouvelle amitié avec Chan. Le meilleur élève du lycée qui se mettait à traîner avec le cancre de service, ça ne présageait rien de bon. Pourtant Chan faisait des efforts, Minho s’en rendait bien compte, il avait arrêté de rendre des copies blanches et se montrait sérieux lors de leurs séances de révisions.
Le châtain se rendait chez les Bang presque tous les soirs, les deux lycéens revoyaient ensemble les cours de la journée et revenaient sur des notions un peu plus anciennes lorsque c’était nécessaire pour Chan. Le brun arrivait à rester concentré durant presque l'intégralité des séances même s’il s’octroyait parfois de petites pauses durant lesquelles il profitait de pouvoir embrasser son camarade de classe.
Minho ne refusait jamais, c’était même parfois lui qui initiait le mouvement, ils n’avaient pas discuté d’une quelconque relation officielle, pourtant ils sentaient tous les deux qu’il se passait quelque chose entre eux.
***
Chan était assis par terre, le dos appuyé contre son lit, il venait de terminer une dissertation de cinq pages sur un bouquin que sa classe avait étudié en cours. Il déposa l’arrière de sa tête sur le matelas et ferma les yeux, réfléchir c’était vraiment épuisant…
Minho le regarda en souriant, son camarade avait beau se plaindre toutes les cinq minutes, il fournissait du bon travail et ça lui faisait plaisir de le voir faire des efforts.
- Des fois je me demande pourquoi je fais tout ça… soupira le brun toujours les yeux fermés.
Minho eut un petit rire, il posa son crayon sur la petite table basse après l’avoir longuement fait tourner entre ses doigts. Il se demandait parfois si Chan était encore motivé grâce ou à cause de lui, leur petite routine lui plaisait bien, il devait l’avouer et il espérait que son camarade n’allait pas tout lâcher du jour au lendemain.
Sans un mot, le châtain se décala pour aller s’installer à califourchon sur son camarade qui releva la tête visiblement surpris du comportement soudain de son vis-à-vis.
- Qu’est-ce que tu-
- Chut…
Minho l’empêcha de parler en pressant ses lèvres aux siennes. Chan ferma de nouveau les yeux et sourit, passant ses mains dans le dos du châtain pour le lui caresser doucement. C’était la première fois qu’ils se retrouvaient si proches et c’était loin de leur déplaire…
Minho posa ses mains sur les épaules de Chan avant d’en faire glisser une dans sa nuque, il l’invita ensuite à incliner la tête et, d’un mouvement de lèvres un peu plus insistant, lui intima d’ouvrir la bouche. Agréablement surpris, le brun s'exécuta et frissonna au contact de la langue de son vis-à-vis contre la sienne. C’était bien la première fois qu’il agissait ainsi et ça le rendait tout chose.
- Hum…
Chan fit glisser ses mains jusqu’au bas du dos de Minho afin de le garder bien en place contre lui et ses gémissements l’encouragèrent à ne pas rompre le baiser.
Madame Bang était au travail, ils n’avaient donc pas à craindre d’être surpris en fâcheuse posture, au contraire, s’ils avaient envie de se laisser aller, ils en avaient l’occasion rêvée.
- En quel honneur ? demanda Chan lorsque leurs lèvres se séparèrent pour leur laisser reprendre un peu d’oxygène.
Minho sourit et haussa les épaules.
- Je me disais que tu le méritais… Tu travailles dur…
Le brun lui sourit en retour et se redressa pour venir l’embrasser.
- Ça me va.
***
Chan rangeait lentement ses affaires de cours, il devait de toute manière attendre que Minho ait fini de débattre avec leur professeur d’histoire sur un événement historique abordé pendant son cours. Le brun souffla avant de se décider à sortir de la salle, il pouvait toujours patienter dans le couloir, ça n’allait pas changer grand chose.
- Chan, tu pourrais fermer la porte derrière toi s’il te plaît ? lui demanda l’enseignant.
Le lycéen haussa un sourcil mais s’exécuta. Une fois seul avec Minho, l’homme soupira en triant ses copies par ordre alphabétique.
- Tu traines beaucoup avec Bang Chan ces derniers temps.
Le châtain cligna des yeux.
- Euh, oui.
- Tu sais Minho, c’est bien gentil de vouloir l’aider mais… nous sommes plusieurs professeurs à nous inquiéter pour toi, tu ne devrais pas te donner autant de mal pour lui de toute manière, l’obtention de son diplôme relèverait du miracle et il serait dommage que tu gâches tes chances de réussite pour lui.
- Pardon ?
- Chan a beau avoir un peu changé de comportement, nous avons peur qu’il ait une mauvaise influence sur toi… Regarde ce qui est arrivé à la voiture du proviseur-adjoint en début d’année.
- Mais ça c’était…
L’enseignant ne lui laissa pas le temps de s’expliquer, il lui tapota gentiment l’épaule et sourit.
- Tu es un élève brillant Minho, ne gâche pas tout ton travail, tu dois te concentrer sur ta propre réussite.
Il invita son élève à quitter la pièce, mettant ainsi fin à la conversation. Le châtain se retrouva un peu perdu dans le couloir, il n'en revenait pas de ce qu’il venait d’entendre. On lui disait tout bonnement d’arrêter d’aider Chan à s’en sortir ? Alors qu’il était sur la bonne voie ? Une mauvaise influence ? C’était plutôt Minho qui en avait une bonne sur son camarade.
- Ça va pas ?
Le châtain leva les yeux vers Chan qui l’attendait dans le couloir, il avait bien remarqué que quelque chose perturbait son camarade.
- Il t’a dit quoi le vieux ? T’as l’air… bizarre.
Minho tenta de sourire mais le brun n’était pas dupe, il lui attrapa le poignet, l’empêchant ainsi de se débiner.
- Eh Minho, qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Chan semblait véritablement inquiet, il regardait son camarade dans les yeux, les sourcils froncés. Le châtain n’avait pas envie de l’inquiéter, il n’avait pas envie que cette histoire décourage Chan, il jeta un oeil autour d’eux afin de vérifier qu’ils étaient seuls et il déposa un baiser sur les lèvres de son vis-à-vis. Celui-ci écarquilla les yeux et ses joues se teintèrent de rouge. Cela fit beaucoup rire Minho et il lui prit la main.
- Allez viens, on a de l’anglais à bosser.
***
Ce n'était pas quelques remarques qui allaient empêcher Minho de continuer à aider et fréquenter Chan, il se fichait bien de ce que ses professeurs pouvaient dire ou penser de leur toute nouvelle amitié, ils n’avaient pas à se mêler de ses affaires. Il avait continué à se rendre chez son camarade pour travailler après cet entretien surprise avec son professeur d’histoire mais quelques jours plus tard, en rentrant chez lui après sa séance de révision câline avec Chan, Minho trouva ses parents assis dans le canapé du salon, l’air grave.
- Bonsoir, fit le jeune homme en se dirigeant vers l’escalier pour se rendre dans sa chambre.
- Minho, nous avons besoin de te parler de quelque chose, fit son père en baissant le son de la télévision.
- Oui ?
Le fils unique s’approcha et s’installa sur le fauteuil d’en face comme son père le lui indiquait.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Quelque chose ne va pas ? s’inquiéta-t-il.
Il allait finir par croire que quelque chose de grave était arrivé.
- Nous avons reçu un appel du lycée aujourd’hui.
Minho écarquilla les yeux et il sentit sa gorge s’assécher d’un coup.
- Le lycée ? Pourquoi ?
Il n’avait pas le souvenir d’avoir fait quelque chose qui justifiait qu’on appelle ses parents.
- Ton professeur principal nous a contacté après s’être entretenu avec tes autres enseignants, reprit son père, il parait que… que tu fréquentes cet élève avec lequel tu as eu des soucis en début d’année.
- Celui qui était avec toi lorsque la voiture du proviseur-adjoint a été abîmée, précisa sa mère comme si Minho ne voyait pas déjà à quoi elle faisait référence.
- Oui et ?
- Tes professeurs, et nous par la même occasion, sont inquiets… Ils craignent que ce…
- Bang Chan, l’aida son épouse.
- Bang Chan ait une mauvaise influence sur toi, visiblement il fait partie des pires élèves de l’établissement et ça serait dommage que tes résultats baissent à cause de lui.
- Il t’a menacé ?
- Quoi ?
- Ce Bang Chan, il t’a menacé pour t’obliger à passer du temps avec lui ? demanda madame Lee.
- Mais non ! Pas du tout ! s’offusqua son fils, bon, on s’est un peu pris la tête au début à cause de ce qui s’est passé mais c’est tout, je l’aide à travailler justement, on révise ensemble tous les jours après les cours.
- Minho… soupira son père, c’est très gentil de ta part de vouloir aider les autres, mais tu ne dois pas faire passer tes résultats au second plan, c’est important que tu réussisses, pour ton avenir, tu comprends ?
- Mais… c’est pas parce que j’aide Chan que je ne travaille pas ! Au contraire.
Ses parents n’avaient pas l’air convaincu et ça énervait beaucoup leur fils. Pourquoi est-ce que tout le monde traitait Chan comme un pestiféré alors qu'il faisait des efforts ? C’était totalement injuste.
- À partir d’aujourd’hui, nous aimerions que tu rentres directement à la maison après les cours.
Minho sentait bien qu’au ton de son père, cette clause n’était pas discutable.
- C’est n’importe quoi ! s’énerva le châtain en se levant.
- Minho chéri, écoute…
- Non, je n’ai plus envie de vous écouter !
Il ramassa son sac de cours et monta les marches quatre à quatre avant de s’enfermer dans sa chambre. Il se fichait bien de ce que ses parents pouvaient lui dire, de toute manière, avec leur travail ils n’étaient jamais à la maison quand Minho rentrait des cours, alors s’il avait envie d’aller passer une heure ou deux chez Chan, ils n’en sauraient rien et c’était bien ce qu’il comptait faire.
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