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CHAPITRE 8 : Örktúrnin, le déclin des Puissants 4/6

Tempo

La pulpe de ses doigts parcourait les sillons imprimés par les longues heures de travail de quelconque graveur. Tempo ne possédait aucun souvenir de la façon dont il avait obtenu cet objet, et pourtant, le pendentif lui avait toujours appartenu ; comme tous ses frères, un médaillon de jaspe noir ornait son cou et témoignait d'une histoire qui leur avait échappé.

La basanite, sombre et veloutée, portait en son centre un symbole d'une simplicité aberrante, mais d'une importance capitale. Ces simples traits, taillés par le martèlement délicat d'une main experte, criaient une vérité impalpable que les frères s'évertuaient à éluder. Comme une flèche fière et impitoyable, ᛏ. Le signe restait un mystère pour Tempo ; néanmoins, un murmure secoua ses lèvres incrédules.

« Tiwaz. »

Les bribes d'un passé qui n'était plus le sien l'assaillaient et le malmenaient. Assis dans son bureau, un grimoire ouvert entre les mains, Tempo voyageait au-delà des songes ; si bien que face à lui, dans ses appartements, dans une brume lointaine, il assista aux événements occultés. Il s'observa, lui ; dans un autre monde et une autre vie. Lui et ses frères, le visage sombre, avançaient vers l'Arche aux reflets bleutés.

Un colosse aux yeux rouges leur passait une lanière de cuir autour du cou et la pierre lourde retombait contre leur poitrine. Il leur soufflait des mots d'adieux. Tempo connaissait son nom, mais déjà les syllabes s'effaçaient et disparaissaient. Lui et ses frères ne se trouvaient pas sur Yggdrasil, ils étaient ailleurs.

Où la lumière omniprésente voilait le sens du temps de sa clarté virginale. Où, l'Arcane de la raison se sentait à sa place et entouré des siens. Au plus profond de Tempo, ces lieux l'apaisaient et il chérissait les années perdues qu'un maléfice lui avait ôtées. Le guerrier au regard écarlate les supportait dans leur sacrifice. Il les aida à emprunter la voie, à braver les flots. Les frères traversèrent Elivagar, mais aucun ne garda en mémoire le terrible reître qui les avait aidés, comme tout ce qui concernait leur Ancien Monde.

Sur l'autre rive, là où les courants pernicieux enflaient sous le souffle de la folie, un autre Puissant les attendait. Les traits figés dans l'affliction du devoir, il ne s'étendit pas sur la menace. Car tous ceux présents s'étaient donné rendez-vous pour combattre la souillure. Ensemble, ils se battirent pour l'empêcher de passer. Et le puissant aux ailes blanches offrit son essence pour que chaque vie puisse prospérer et perpétuer, à l'abri de la nuisance chaotique et têtue. Tempo sentait son nom chatouiller le bout de sa langue. Encore un nom qui s'enfuyait, comme une anguille qui glissait sous les roches. Et telle une anguille, la souillure se faufilait au travers des voies des Arches. Il ne comprenait pas son but, il ne concevait pas la finalité d'une telle force.

Ces souvenirs seront les seuls qu'il obtiendrait ; il espéra que d'autres resurgissent, mais la brume repartit avec le jusant et les éclats de son ancien temps. Seule, la déréliction s'empara de son cœur et lui rappela que ses frères s'étaient aliénés pour secourir Yggdrasil, mais aussi leur terre natale, celle qu'ils ne revirent jamais et qui, sûrement, les croyait morts.

Tempo enfouit son visage dans ses mains noueuses. Son crâne souffrait des assauts de sa pauvre mémoire. L'Arche et ses secrets se dévoilaient enfin, pas assez à son goût. Les images se contredisaient. Il ne saisissait pas le sens de leur sacrifice et l'abandon de leurs pairs. Les Arcanes n'avaient pas toujours été nommés ainsi. Ils n'avaient pas toujours été au nombre de quinze. Le mensonge s'insinuait dans la vérité et l'inextricable enchevêtrement lui rendait la tâche difficile. Quelle était leur place, dans cet univers qui n'était pas le leur ? Quelle était leur tâche, auprès de ses créatures qu'ils avaient dû sauver ? Quel était leur avenir, auprès de ceux qui avaient causé leur isolement ?

Dans le centre de la tour, au pied de l'Arche, une chose fabuleuse s'était passée. À ses yeux, ce ne fut pas l'arrivée de ces deux intrus. L'Arche remplissait son rôle et rien d'extraordinaire en cela. La femme qui n'en était pas une lui avait offert, sans s'en rendre compte, la vision ultime. Celle qui manquait à ses frères. Le picotement glacé l'avait parcouru, longé son échine et s'était logé au creux de sa nuque. Une voix douce et maternelle s'était immiscée en lui et lui avait promis la connaissance et les réponses qu'il désespérait trouver.

Tempo repensa aux paroles d'Afanen : « Nous nous souvenons, et nous ferons ce qui est juste, n'est-ce pas ? »

Il planta ses yeux sur le manuscrit face à lui ouvert à une page quelconque ; il avait tenté de s'instruire à propos des runes qui couvraient les Arches. Plus d'un millier d'années à les étudier, mais aucune réponse à ses questions. Il connaissait par cœur la signalétique runique des Alfes et des Dweorggs, il possédait quelques notions dans l'écriture magique des Alfdarhs, mais les symboles portés par les gigantesques piliers restaient un mystère, qu'aujourd'hui, il élucidait en partie. Il tapota la pierre qui pendait à son cou.

— Tiwaz, répéta Tempo.

— C'est la marque de Tyr, lui souffla le murmure qui maintenant l'accompagnait.

— C'est ainsi qu'il se nomme, cela me revient.

— Lui et les siens vous ont trahis. Tyr vous a abandonné à la folie du Dieu Blanc. Comme ils l'ont fait avec moi.

— Le sang qui a coulé, la folie qui a possédé Yggdrasil, c'était à cause de toi ? lui demanda l'Arcane de la Raison.

— Je n'ai rien voulu. Je suis une enfant qui cherche son foyer. Mais les puissants sont égoïstes et sadiques. Ils m'ont rejetée. Comme ils l'ont fait avec vous. Seuls, abandonnés. Et enfants des puissants. Votre existence leur indiffère. Ils vous ont utilisés pour se protéger. Vous n'êtes que des pantins à leurs yeux, grésilla avec amertume la conscience tapie en Tempo.

— Je crois que cela me revient, s'avoua-t-il.

— Sans racine, sans socle pour avancer, comment pouvez-vous reprendre ce qui vous appartenait... Vanheim ?

— Vanheim, laissa-t-il filer entre ses dents, l'esprit embrumé.

— Tempo, je serai ta mère et celle de tes frères. J'irai aux portes des puissants réclamer la justice. J'irai à leur porte récupérer la place qui fut la nôtre et plus jamais nous ne souffrirons le sacrifice qu'ils vous ont imposé. Souviens-toi des bras accueillants de ta fabuleuse cité. Souviens-toi de leur cœur de pierre, lorsque vous traversiez pour la dernière fois Elivagar. Les puissants et leurs enfants, vos frères, vous ont abusés, humiliés et abandonnés, continua-t-elle.

Les illusions se succédèrent telles des ombres fébriles que l'on projette sur un mur pour divertir les enfants ; des souvenirs retrouvés, mêlés aux promesses de celle qui le recueillait contre son sein sibyllin. Nul besoin de chair pour s'abandonner à la chaleureuse et aimante caresse de l'aura qui le porterait aux nues, qui lui présentait l'oracle authentique et un avenir à sa hauteur. Il imprima les visages qui défilaient sur le carrousel de son passé resurgi, ceux des traîtres manipulateurs qui se sont servis des Arcanes.

Il serra compulsivement son encrier et l'envoya voler au loin. Le jet d'encre qui s'en échappa tacha le tableau qu'avait percuté le petit pot. Le noir s'infiltra dans le maillage serré de la toile. De l'Arche représentée sur la peinture, un flot cramoisi s'échappait et s'étendait sur l'entièreté de sa partie inférieure. Tempo fixa le liquide maculer le granit du sol, glisser dans chacune des aspérités de la roche dure. Ses yeux brillèrent d'une lueur furieuse, il explosa :

— Nos pères sont ceux qui ont causé notre perte. Qui peut vouloir ceci à ses enfants ? Nous avions toujours tout donné, et encore, ils ont écrasé notre dévotion, démoli notre raison d'être et nous ont excommuniés pour quelques vies inférieures.

— Tempo. Mon enfant, je t'apprendrai à t'élever et à offrir la rédemption aux quinze sacrifiés.

— Apprends-moi, mère, supplia-t-il, apprends-moi et je nous guiderai vers Vanheim, reprendre nos droits et assurer ta suprême douceur sur les vies des voies des Arches.

— Alors, tu seras mon bras droit et ensemble nous franchirons le Bifröst et ensemble, nous condamnerons les fous que sont les Ases !

*

Il toqua trois fois avant que son aîné ne lui réponde. Tempo désirait se confier et partager les troubles révélations qu'il venait de recevoir. Afanen était, selon lui, l'unique personne qui pouvait les entendre et les comprendre. Il brûlait de lui avouer qu'une douce voix l'habitait et qu'elle détenait une vérité qui les concernait tous ; toutefois, elle le persuada du contraire : Afanen devait prendre par lui-même le chemin lumineux qu'elle proposait, tout en le laissant dans le secret. Tempo se sentit privilégié et son orgueil finit de le convaincre de se taire. Les justes le rejoindraient et regagneraient leurs terres remémorées.

« Qui va là ? » fit la porte devant lui.

Un sort d'une simplicité honteuse imitait la voix de l'Arcane de l'Empereur et filtrait ainsi les visiteurs, ne les laissant pénétrer que sous l'accord d'Afanen lui-même.

— Tempo, avertit-il distinctement.

La porte s'épanouit dans un léger crissement qui sentait bon le chêne millénaire et dévoila Afanen occupé à son bureau, une longue plume entre les doigts. Il trempa la mine dans un pot en terre cuite rempli d'une substance bleu outre-mer ; il tapota sur le rebord puis leva des yeux fatigués sur l'Arcane de la Raison et interrompit son geste.

— Que me vaut ta visite, mon frère ? Les événements de ce matin te perturbent encore ? demanda, en toute bienveillance, le vieil Arcane.

Les pas feutrés de Tempo foulèrent le granit froid avec assurance et levant les yeux aux plafonds recouverts de fresques et de gravures polies par le temps, il s'aperçut que la nuit était déjà tombée et que la pluie de mana irradiait le ciel. La phosphorescence bleutée plongeait dans la pièce par une longue fenêtre dont les vitraux colorés découpaient les raies magiques en multiples faisceaux plus fins encore et baignaient chaque objet de la même opalescence laiteuse. Tempo joua des doigts pour saisir l'impalpable, il se perdit un instant dans l'étrange volute, qui refusait de l'imprégner, avant de répondre à l'Arcane de l'Empereur :

— Cette bénédiction ne nous a jamais concernés. Nous sommes faits de mana contrairement à eux. Ils ne sont que des sangsues, qui se gorgent de l'excédant de flux sacré, offert par de mystérieux dieux inconnus ; comme un roi qui procure quelconque subsistance à ses malingres serfs. Si j'avais su, je n'aurais pas fait tant de différences entre eux, et les aurais considérés comme tels qu'ils sont. Parasites. Opportunistes.

Afanen posa sa plume dans un bruit sec, les mots fâcheux de son frère ne lui ressemblaient pas et transpiraient une aigreur perturbante.

— Tu n'es pas venu pour me parler du solstice et de la merveille qui va bénir les créations d'Yggdrasil. Je crains m'attrister de tes étranges pensées, mais je t'en prie, parle-moi. Je suis tout ouïe.

— Il s'agit de Gwendall, je ne le trouve pas. Ainsi que l'humain, déclara Tempo.

— L'aile ouest ?

— Aucune trace de l'un ni de l'autre. Gwendall t'a désobéi. Il a emmené l'intrus de Mannheim et je sais exactement où ils se dirigent.

Afanen ne réagit pas, comme si rien ne l'étonnait ou ne le contrariait. Il reprit nonchalamment l'écriture de son parchemin et assura tout de même à son frère.

— Je sens sa présence, il n'est pas loin. J'ai confiance en lui, il ne me désobéirait pas sans un bon prétexte. Tu t'en fais trop. Où en sont tes recherches ? As-tu trouvé comment désactiver l'Arche ? s'informa Afanen.

L'Arcane de la Raison avait rejoint son homologue et s'installa face à lui, il se servit une tasse de tisane sans qu'on le lui proposât. La théière en porcelaine gracile claqua lorsqu'il la reposa sur le plateau assorti. Il examina les fins pétales bleutés qui recouvraient l'émail du bel objet. Tempo ne put s'empêcher de sourire d'ironie, Afanen imposait une vie pauvre et sans artifice, la tour des Arcanes se purifiait de tout superflu alors que ses appartements débordaient des mille présents d'anciens rois, reines et seigneurs qui avaient régné et régnaient encore sur Yggdrasil. Il porta la céramique alfique à ses lèvres et laissa le liquide brûlant filer et humidifier ses papilles, l'arôme des camomilles pourpres s'harmonisa avec la douceur du miel et emporta l'amertume que lui laissaient les petits luxes qu'Afanen s'autorisait. Une petite fleur resta coincée entre ses incisives, il la chassa d'un coup de langue. Il savoura cet instant où il tenait l'attention de son aîné. Sans un regard, il lâcha :

— C'est une mauvaise idée. Nous devrions renoncer.

Afanen tiqua, Tempo n'eut besoin que d'entendre le grognement gras qu'il émit pour le comprendre.

— Non. Il faut s'assurer qu'aucune menace ne franchisse cette porte. Si tu te rappelles alors, tu sais qu'elle va tenter de venir.

Tempo cacha son mécontentement, le plus sage des Arcanes se fourvoyait.

— Gardons-la accessible et tentons de revenir chez nous. Te remémores-tu l'odeur du jasmin au matin et le cliquetis des carillons du levant ? Retrouvons notre doux foyer. Son évocation m'est douloureuse et le besoin de m'y réfugier me tiraille. Ne ressens-tu pas la même envie, le même besoin urgent ?

— Je ne sais pas à quoi tu fais allusion, prends-garde à ne pas te perdre. Pour l'Arche, je reste le premier Arcane et nous la fermerons quoiqu'il en coûte. D'ailleurs, Ansur m'a certifié qu'il détenait un texte capable de nous y aider.

— Ansur ne sait pas ce que cela implique. Si tu la fermes, tu nous condamnes tous ! Réfléchis, comment redevenir les êtres puissants que nous étions ? Nous devons retourner d'où nous venons ! s'entêta Tempo.

Il remua un bâton de réglisse dans sa tisane et mordit dedans, il défia Afanen et soutint son regard. Aucun ne baissa les yeux en premier. Le silence devint pesant et s'étendit tel l'augure d'une fracture entre les amis.

— Dans quelle folie te perds-tu ? Nous sommes les protecteurs d'Yggdrasil, ne l'oublie pas. Pour l'heure, cesse de te torturer avec des chimères et rends-toi chez Fehu, je sens que Gwendall l'a visité un peu plus tôt. Je perçois une perturbation dans nos pouvoirs et je voudrais réunir tous les Arcanes pour en parler. En attendant, je continue de chercher un moyen de clôturer la brèche vers Yggdrasil... Que tu le veuilles ou non, avec l'aide d'Ansur ou non.

*Ansur : Arcane de la Foi, le plus érudit de tous, toujours dans les archives, qui se situent dans les sous-sols de la Tour, il y a installé ses appartements tant il y passe tout son temps.

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