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CHAPITR 6 : Yggdrasil, la voie des Arches 6


Haut lieu d'Alfdarheim, Tumunui était une grande cité portuaire qui occupait une large baie propice à la pêche et au commerce. Son port mordait sur l'eau comme un squale affamé et ses quais bordaient les rives du fleuve qui se déversait dans l'estuaire. Des bateaux baignaient paisiblement dans les eaux calmes de la mer de feu. L'eau turquoise et riche d'une faune hétéroclite brillait sous le soleil, reflétant les falaises de basaltes qui soutenaient l'immense Palais Royal fait dans la même pierre volcanique.

Les citoyens de Tumunui en étaient fiers, la cité représentait la puissance de leur roi et du peuple.

Le joyau noir, nom que l'on donnait au Palais Royal, scintillait délicatement accentuant l'effet irréel de cette colossale fondation. Noir et majestueux, il exprimait la force et la dureté de la culture alfdarhe.

Ces guerriers coriaces possédaient des principes tranchés et un sens de l'honneur profond. Quiconque avait voyagé à Tumunui était impressionné par la rigueur de leur culte.

La porte principale de la ville ouvrait sur une route, elle aussi en pierre noirâtre et lisse, qui conduisait dans une spirale ascendante vers la demeure royale.

Les habitations étaient toutes recouvertes d'une végétation luxuriante d'un vert foncé où des mouettes y nichaient avec harmonie.

Tumunui était aussi remarquable par la senteur boisée qu'elle dégageait. Elle mariait à la perfection la roche volcanique, les embruns et la sylve.

Sur le sentier menant au joyau d'ébène se croisaient bon nombre de marchands et de citoyens venus faire leurs doléances au souverain.

Les résidants marquaient toujours l'esprit des voyageurs. En effet, les Alfdars avaient dans leurs rites la fâcheuse tendance à tatouer sur leur corps n'importe quel moment de leur vie, si bien que l'on pouvait rencontrer des hommes ou des femmes aux visages et aux corps entièrement encrés.

C'était une autre raison qui expliquait la crainte que ressentaient les autres peuples de Yggdrasil envers les Alfdarhs. Durs guerriers tatoués de la tête aux pieds.

La route finissait sur un portique colossal aux sculptures runiques, l'entrée en imposait et celui qui le passait se sentait soudainement petit et humble. Derrière les portes noires se cachait la vie royale et religieuse.

Ici logeaient la famille régnante, le chaman et les guerriers du Vaïo'ra. Le roi, veuf, y résidait avec sa cour et ses gens.

La salle du trône était décorée sobrement depuis la mort de son épouse. Il vivait dans la simplicité en signe de deuil. Sa moitié l'avait quitté dans une grande souffrance à la suite de sa maternité. Itô, roi des Alfdarhs, ne s'en était jamais remis et même avec l'amour de ses enfants, il n'était jamais revenu entier de cette perte.

Assis sur son trône, il affichait un air sévère et regardait dans le vide. Ses longues oreilles baissées à l'horizontale et les doigts agitant sa barbichette finement taillée, il attendait que tous les clans prennent place.

À la droite du roi, le chaman se tenait figé. Son torse en avant et ses bras derrière le dos, la mine dure, il observait le remue-ménage face à lui. Il portait plus d'ans que tous ici présents, mais sa posture démontrait qu'il possédait encore une force physique étonnante.
Des oripeaux recouvraient l'entièreté de sa lourde tunique en fourrure d'ours ; des amulettes, des crânes d'animaux et des gemmes se côtoyaient.

Le chaman tourna la tête vers le siège à gauche du roi, Hina était assise aux côtés de son père, immobile, elle ressemblait à une statue de bronze. Elle fixait les clans sans réellement les voir, elle semblait ailleurs envahie par des troubles douloureux. Le cœur de Matatahi se serra à la vue de celle qui était son apprentie depuis sa plus tendre enfance. Matatahi l'avait regardée grandir et devenir une guerrière puissante et dévouée. Elle échangea un instant une œillade entendue avec son mentor. Le chaman lui envoya un léger sourire en réconfort. Il savait que des heures sombres arrivaient, il voulait insuffler du courage à son élève. Ensemble, le peuple alfdarh était vigoureux.

Quand tous les chefs et leur suite furent présents et installés, le roi fit signe aux gardes et aux serviteurs de sortir.

La salle du trône était austère, un vent lugubre accentuait la solennité du moment.

Le roi se racla la gorge, se leva en lissant les plis de sa robe et annonça avec force :

— Clans d'Alfdarheim, bienvenus. Aujourd'hui, nous fêterons le solstice comme nous l'avons toujours fait. Le hasard a voulu que vous soyez tous présents à Tumunui. Vous pensez être là pour la cérémonie d'ouverture du solstice. Ce n'est pourtant pas pour cela que je vous ai convoqués au sein du Ture'marae*. Ce soir, nous prierons les voies des mondes, mais avant je dois vous annoncer que ma fille, Hina, a invoqué le sort de répudiance. Le Vaïo'ra s'active.

Il laissa la nouvelle faire son effet. Des murmures inquiets parcoururent l'assemblée. Itô savait qu'il venait de lâcher une bombe. Il reprit, toujours de circonstance.

— Écoutez attentivement. Ce qui a voulu passer ici tentera de passer ailleurs. Nous devons en parler à nos alliés. Nous devons en parler aux Arcanes. Nous ne pouvons rester immobiles alors que la voie s'agite.

Un brouhaha plus soutenu s'éleva des hôtes venus comme à chaque solstice et qui s'attendaient au discours d'ouverture des festivités. Itô suivait les lois ancestrales et au même titre qu'elles le dictaient, c'est ensemble qu'ils prendraient les décisions. Telle était la coutume en Alfdarheim.

— Comment est-ce possible ? monta la voix Teari, le chef du clan des Rurus.

— Ma fille Hina l'a scellée comme son entraînement le lui a appris. Rien ne sert de parlementer, Vaïo'ra s'éveille et nous devons en parler avec les autres gardiens des Arches, s'expliqua à contrecœur Itô.

— Tout d'abord comment pouvons-nous être sûrs que le sort a bien fonctionné ? demanda Tepori.

Le chef du clan du sanglier, Tepori, retroussait son nez nerveusement ; l'angoisse brillant dans ses petits yeux noirs secouait aussi son corps grassouillet dans de petites vagues tremblotantes. Il incarnait le totem de son clan à la perfection, même son léger prognathisme laissait dépasser deux canines hors de sa bouche. Il pouvait se montrer simple et enjôleur comme un porcelet, mais au combat, il était aussi coriace et têtu que la bête noire.

Matatahi décida de prendre la parole. Son roi ne pouvait s'expliquer encore une fois. S'il le faisait, il apparaîtrait faible et le clan des Rurus ne lui céderait aucune chance. Ils forceraient sa destitution.

— Elle est une guerrière du Vaïo'ra avant d'être votre princesse. Ceci est la seule et unique preuve que vous aurez. Sans compter que j'ai vu l'arche, elle porte la marque de répudiance.

Le roi reprit la parole :

— Nous devons en parler aux Arcanes et autres royaumes. La situation concerne tout Yggdrasil.

— Jamais ! Ils ne nous écouteraient pas de toute façon. Les Alfdhars n'ont pas besoin de ces vieillards amnésiques ni de ces lucioles filiformes que sont les Alfes ! Je dis : Non. Avec tout le respect que j'ai pour toi, commenta Tamehu.

Itô se doutait de la réaction du chef des Kokas. Lors de la Grande Guerre, les Arcanes avaient coupé leur territoire pour donner leur marais des brumes aux Alfes. Ce marais était sacré pour les représentants du crocodile.

Un homme grand et poilu comme un ours s'avança pour se poster au-devant de l'assemblée. Sa voix porta sans qu'il eût besoin de monter le volume.

— Tamehu ! Personne n'est surpris de ta position, nous savons qu'elles sont tes motivations. N'as-tu pas entendu ? Il ne s'agit pas de ton étang croupi, il s'agit de Yggdrasil. Itô, mon fidèle ami, mon roi, je dis : Oui ! Nous ne pouvons taire ce qui s'est passé.

Feo, l'homme ours, retourna à s'asseoir parmi son clan sous les acclamations des siens et les sifflements des Kokas.

Teari l'imita, il se positionna lui aussi au centre de l'assemblée pour être entendu de tous.

— Feo, toi non plus tu n'es pas étonnant. Fidèle comme un bon limier à notre roi. Notre bon roi qui estime que nous devons rendre compte à nos anciens oppresseurs. Tamehu a raison, nous ne pouvons courber le dos face à eux qui nous ont tant pris. Nos terres, tes marais, Tamehu, et tes bois, Tepori.

Ce dernier acquiesça vivement les mots du chef de la Chouette. Teari était connu pour son intelligence, il trouvait dans ce vote une occasion d'affaiblir Itô et peut-être relancer les dés dans l'accession au trône. Avant la Grande Guerre, c'était son clan qui régnait sur les autres.
Les acclamations s'élevèrent vers le plafond de la salle du trône.

Teari s'enthousiasma voir le chef des Poakas** fulminer, Tepori s'agitait battant des bras dans un mime de danse guerrière, il embrassait les paroles du chef Ruru.

— Koka, Poaka, on vous a spolié. Ce n'est pas tout... Itô se met à plat ventre devant nos cousins, pire, devant les Arcanes. Dis-moi mon roi, comment peux-tu encore vouloir leur faire confiance après tout ce qu'ils nous ont fait ? Ils nous amoindrissent, se moquent de notre culte, nous privent de nos terres et nous enlèvent nos fils ! Tu ne peux le nier, Itô. Et c'est vers eux que tu souhaites te tourner lorsque la Voie s'ouvre ?

Teari marcha jusque devant les sièges royaux qui surplombaient l'assemblée. Il s'apprêta à continuer son discours quand le roi le coupa d'une voix rauque :

— Nous souffrons tous la perte d'un fils, je partage ta peine. Ne nous laissons pas aveugler par nos différends. Nous avons un dicton, rappelle-toi : à plusieurs, les problèmes s'amenuisent.

Teari partit dans un rire nerveux et lâcha :

— Nous avons un autre dicton : ne faiblis jamais face à un ancien ennemi. Nous avons tous donné notre premier fils. Ils nous ont tout pris et continuent de nous mépriser. Je dis : Non. Alfdarheim est assez fort pour gérer cette crise, seul.

Itô descendit de son trône pour rejoindre ses chefs de clans. Il les examina avec détermination, le vote n'allait pas dans le sens qu'il souhaitait, mais il n'y pouvait rien, la coutume était ainsi faite.

Tepori monta sur la table face à lui et annonça tristement :

— Itô, je suis désolé. Une partie de mon cœur te suit, car tu es comme un frère pour moi, mais une autre saigne de tous les affronts que nous subissons. Mon fils me manque, et je ne sais pas quand je le reverrai. C'est ainsi que je vote : Non. Ils ne méritent pas notre aide dans cette délicate histoire. Que les Arches s'activent et qu'ils viennent ramper nous demander du soutien.

Itô accusa le coup. Il n'avait jamais imaginé Tepori, son ami d'enfance le trahir ainsi. Malgré tout, il comprenait les raisons de son refus. Le roi était déçu et n'en voulait pas à son chef de clan. Il regagna son trône, fatigué et morne. Hina lui tendit une main compatissante qu'il prit avec hâte, la serra fort puis la lâcha pour surplomber ses clans. Un nœud dans la gorge s'installa tandis qu'il ouvrit la bouche. Sa voix retrouvée, il annonça :

— Ainsi selon nos coutumes, le vote a été fait. Cela fait deux Oui contre trois Non. Cette histoire restera dans nos frontières. Je me désole d'une telle décision, j'espère que nos voisins feront preuve de plus de tolérance si leur Arche s'illumine. Qu'il en soit ainsi. -Il ferma les yeux comme pour chasser de sombres pensées, puis se reprit plus serein.- Ce soir, le ciel va pleurer, prions aussi fort que nous le pouvons. Fêtons ce solstice dignement.

Sur ces mots, une clameur combative parcourut les clans, chacun hurlant son cri de guerre, sifflant et jappant en se tapant violemment contre le torse, avant de quitter excités la salle du trône.

Itô resta sur son trône jusqu'à ce que tous ses hôtes aient évacué la salle, seul le bruit du feu qui crépite résonnait aux oreilles du roi. Il se massa les tempes pour apaiser les nœuds qui se formaient sous son crâne, si la situation devait empirer, il ne passerait plus par le vote des clans. Il prendrait toute autorité en invoquant l'état d'urgence et appliquant la loi Ariitaia***.






*Ture'marae : ture veut dire loi en maori et marae fait référence à un temple, salle de conseil ou prière, ici c'est salle du trône.
*Poaka : cochon en maori

**Ariitaia : roi respecté en polynésien

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