Part 27 : Christmas secrets
20 : 30
Vendredi 24 décembre,
Riyad, Arabie Saoudite.
Je viens tout juste de finir de me préparer pour le réveillon de Noël.
Normalement ici on ne fête pas ça,
Mais ma famille s'adapte à la façon dont on a été élevé,
Alors ils font l'effort d'organiser un dîner et de mettre un sapin pour nous.
Pour l'occasion j'ai enfilé une longue abaya noire,
Puis je me suis coiffée et maquillée en ajoutant des ornements et un foulard.
C'est pas pour dire mais je fais vraiment saoudienne là mdr.
Je me suis même fait faire du henné et tout.
On toqua à ma porte.
Ici un enfant ne doit pas hurler "entrez!",
Mais plutôt aller ouvrir la porte lui-même.
Une vraie torture...
Cependant je n'ai pas eu besoin de le faire,
Puisque la porte s'est ouverte d'elle-même.
Il s'agissait d'Amir.
Moi : Hey mon petit coeur ! M'écriais-je en me courbant vers lui pour l'embrasser. Ce que t'es beau dans ta tenue !
Amir : Merci Jamilla! C'est papa qui m'a habillé t'as vu?
Moi : Un vrai petit prince, assurais-je en lui faisant un clin d'oeil.
Amir : Toi aussi t'es belle ma grande soeur!
Moi : Bah forcément. D'où tu crois que tu tiendrais ta beauté sinon?
Il semblait réfléchir.
Amir : Euh... de papa et maman ?
Moi : Ouais mais de moi aussi.
Amir : D'accord. Je suis venu pour te dire que Jad il t'appelle.
Ce mot fait allusion à mon grand-père.
Je soupirais parce que je sais que c'est rien de bon.
Il a l'habitude de nous appeler avant le dîner le au réveillon pour nous dire ce qu'il a pensé de notre comportement durant l'année, va savoir pourquoi.
Généralement les garçons s'en sorte avec succès,
Mais Amani et moi on a toujours des reproches et des recommandations.
Heureusement que je bouge dans deux jours mdr.
Moi : Il a déjà parlé à Amani ?
Amir : Jad il dit d'abord les plus grands.
Bon,
C'est moi qui ouvre le bal écoutez.
Moi : Il est où ?
Amir : Dans son salon.
Ah ouais en fait faut que je vous dise.
Ici il y'a cinq salons en tout et j'extrapole même pas.
Un pour Jiddah et les femmes, un autre pour Jad et son cercle personnel,
Le troisième est pour mon père et les hommes, l'avant dernier pour les enfants,
Et le dernier pour les invités.
Cette maison est un vrai labyrinthe.
Moi : Tu m'accompagne ?
Amir : Je peux pas, je dois aller faire la salât avec Nadeem et baba.
Il fait allusion à la prière.
Après ces mots il partit de ma chambre en courant,
Donc à mon tour je fis de même pour rejoindre grand-père.
Rien que ça ça m'a pris entre 5 et 10 minutes,
Vous réalisez ?
Quand je suis arrivée j'ai rapidement vu qu'il parlait avec Binti.
Je suis sûre qu'elle a tout cafté celle là.
Pire que le FBI je vous dis.
J'ai dû attendre un moment en retrait,
Car il est strictement interdit d'interrompre une conversation d'adultes,
Qui plus est si on n'est pas invité à entrer à l'intérieur.
Lorsqu'ils ont terminé Binti est sortie,
Et je me suis avancée pour qu'il remarque ma présence.
Moi : As-salam alaykom Jad. Tu m'as appelé, dis-je poliment en inclinant légèrement ma tête en guise de respect. Me voici.
Jad : Wa Alykom As-slam Jamilla, Marhaban! Assied-toi mon enfant.
Je pris place sur un pouf à une certaine distance de lui,
À cause des règles de pudeur.
Jad : J'ai appris que tu avais finalement rompu avec ce que vous autres appelez «petit copain». Hamdoullillah ! La meilleure nouvelle de l'année.
Comme quoi,
Le malheur des uns fait vraiment le bonheur des autres.
Le pire c'est que j'ai pas le droit de broncher.
C'est contre principe.
Jad : Quoi qu'il en soit, même si j'auras préféré que tu fasses des études plus sérieuses... ton père m'a garantit que tu avais d'excellent résultats alors je te félicite pour ça. Bismillah!
Je souriais en coin.
C'est qui la boss ?
Jad : Mais niveau comportement en revanche, je ne suis pas très content de toi ḥafīda (ma petite-fille). J'entend beaucoup de choses à ton sujet et je n'aime pas ça. Tu fais trop la fête, tu bois de l'alcool sans même te soucier des journalistes et de ta famille ici à Riyad. Astaghfiroullah ! Tu embrasse des garçons que tu ne présente même pas à ta famille! Depuis quand c'est bien de faire ça?
Ok...
Je retire ce que j'ai dis tantôt.
J'ai parlé beaucoup trop vite.
Jad : Allahu Yahdik (Que Dieu te guide) Jamilla ! Ta soeur et toi vous me donnez mal à la tête parfois! Vous êtes de bonnes jeunes filles mais vous vous égarez trop! C'est l'occident tout ça. Allah yssamhak (Que Dieu te pardonne) ! Tu dois te comporter mieux que ça pour montrer l'exemple à tes frères, ta soeur, et pour honorer notre famille. C'est compris?
Je me contentais d'hocher la tête,
Le visage braqué vers le sol car je ne dois pas le regarder dans les yeux.
D'un côté je le comprend le pauvre,
Il en a marre de nous mdr.
Déjà rien que mon père lui en a fait voir de toutes les couleurs en se mettant avec une américaine non musulmane et en ramenant des enfants métisses élevés en Europe, dont les filles ne sont pas de la même religion que lui.
C'est pas facile pour un conservateur comme lui de keep up avec nous haha.
Il a du passé de musulman radical à modéré,
Ce qui n'est pas rien quand on vit dans un pays comme celui-ci.
Je l'admire beaucoup pour ça d'ailleurs.
Jad : Bien. Nous en avons terminé. Tu mérite tout de même les cadeaux que tu trouveras de ma part aux pieds du sapin demain, car tu es ma petite fille et je tiens à toi.
Ici dire je t'aime c'est comme la neige.
C'est plus que rare mdr.
Jad : Tu peux disposer à présent ḥafīda. On se voit plus tard.
Je m'empressais de sortir de la pièce,
Croisant ma soeur qui arrivait.
Amani : T'as fini? Alors ça c'est passé comment? Il t'a sermonné?
Moi : On ne peut plus mieux, mentais-je tout sourire. J'ai été couverte d'éloges figure-toi.
Bah quoi ?
Il ne faut jamais perdre la face devant son cadet,
C'est connu!
Moi : Par contre je ne pourrais pas en dire autant pour toi haha, ajoutais-je pour la taquiner. Bonne chance soeurette!
Je fais genre parce qu'au moins je m'en sors bien.
Ça aurait grave pu être pire.
Aisha : Ah mais t'es là ! Je te cherchais.
Aisha c'est la fille du petit frère de mon père,
Et elle a deux ans de moins que moi et est née ici.
Elle parle arabe et anglais.
Aisha : Mashallah tu es magnifique bint ʾamm (cousine).
Moi : Merci babe.
Aisha : On devrait aller voir si Jiddah et nos tantes n'ont pas besoin de nous. Elles vont dire qu'on n'est pas de vraies femmes sinon!
Je grimaçais.
Moi : Moi ça me va d'être une demie femme à leurs yeux, signalais-je en soupirant. C'est pas pour moi tout ça, je sais pas comment vous faîtes pour vivre ici tout le temps vous les femmes. Enfin toi tu es à l'université en Angleterre maintenant mais quand même...
Ici les femmes ont très peu de droits.
Vraiment très peu je tiens à souligner.
Aisha : C'est notre culture, notre façon de vivre et notre éducation écoute, on y est habitué et on n'en a pas honte tu sais? C'est notre quotidien.
C'est pour ça que Jiddah ne vit pas tout le temps ici.
Elle habite à Dubaï l'autre moitié du temps et voyage souvent en Europe.
Elle a vécu un an avec nous à Londres quand j'étais petite,
Et elle faisait souvent des allées-retours pour nous voir plus souvent.
Jad dit que c'est d'elle que papa tient son côté rebelle,
Parce que c'est une femme éduquée qui ne se laisse jamais marcher sur les pieds,
Même pas dans son mariage.
Il a sûrement raison.
Moi : Quoiqu'il en soit je suis bien contente d'être née en Amérique moi, précisais-je sans une once de culpabilité.
Aisha : Je suis bien contente aussi sinon papa et Jad ne nous auraient jamais laissé quitté le pays dès notre enfance pour venir vous rendre visite en vacance haha!
Il faut dire que grâce à nous nos autres cousins sont élevés de façon moins stricte,
À condition qu'ils soient tous musulmans et respectent la loi islamique.
Moi : Pas faux ! Ma naissance vous a sauvé la vie mdr. Bon je vais aller chercher mon téléphone en ce qui me concerne. Si elles te demandent où je suis, ajoutais-je. Dis leur que je me prépare encore.
Elle riait.
Aisha : Toi tu me tueras toujours.
Moi : Pourtant t'es encore en vie, rétorquais-je en haussant les épaules.
Je me dirigeais de nouveau vers l'étage,
Quand dans le couloir j'ai surpris une conversation entre ʾAmma la soeur de mon père, et Ramah ma grande-tante, c'est-à-dire la soeur de Jad.
Elles se parlaient en arabe.
ʾAmma : Oh voyons, ne parles pas comme ça 'Amma Ramah s'il te plait. Jamilla est tout de même sa fille donc elle devrait avoir la même chose que les autres. Ce n'est pas discutable et Allah seul sait à quel point Hassan se fâcherait de t'entendre parler ainsi.
Hein?
Ramah : ʾibnah, on parle tout de même de l'héritage de notre famille. Ce n'est pas une question à prendre à la légère dans un pays comme le notre. Rien ne compte autant que la lignée et le sang, et tu le sais très bien.
What ?
'Amma : Sauf tout le respect que j'ai pour toi, je ne suis pas d'accord.
Ramah : De toute façon ton frère Hassan et toi avez été élevés dans des pensionnats en Angleterre. Pas étonnant que vous ayez ce genre de mentalité. Starfollah !
Sur le moment j'étais totalement confuse.
Pour commencer de quoi est-ce qu'elles parlent?
Ensuite pourquoi on fait allusion à moi séparément de mes frères et ma soeur?
Pourquoi ne suis-je pas dans le même lot?
Je voulais en écouter d'avantage mais elles se sont arrêtées de parler pour je ne sais quelle raison, me laissant sur ma faim.
Impulsive comme je suis je ne pouvais pas rester sans rien faire.
J'avais besoin de réponses.
Ce que j'ai entendu tournait en boucle dans ma tête.
Je ne le sens pas du tout.
Je suis donc allée trouver mon père.
Il avait finit sa prière,
Et s'apprêtait a descendre aussi.
Moi : Papa ? Dis-je sérieusement. Il faut que je te parle.
Il fronçait légèrement les sourcils.
Papa : Qu'est-ce qui se passe ?
Moi : Je viens de surprendre une conversation entre 'Amma et tante Ramah à propos de je ne sais quel héritage, et tante Ramah a fait une allusion qu'il faut absolument que tu éclaircisse pour moi s'il te plait.
Papa : De quel allusion est-ce que tu parles ma chérie? Tu m'inquiète là...
Je lui relatais mot pour mot ce que j'avais entendu,
Et il blêmissait aussitôt suite à mes propos.
Son expression faciale aussi avait complètement changé.
Papa : Tu as du mal comprendre princesse.
Moi : Non, insistais-je à voix basse. Je sais bien ce que j'ai entendu papa, je comprend très bien l'arabe depuis mon enfance. Elle a insisté sur le mot ligné et le mot sang en parlant de moi. Pourquoi ?
Papa : Je n'en ai aucune idée mais fais-moi confiance quand je te dis de ne pas te soucier de ça parce que ce n'est rien du tout. De toute manière tu n'as entendu qu'une bribe de conversation. Tu ne peux pas tirer de conclusion hâtive là dessus mon bébé.
Même s'il essayait de paraitre serein,
Je voyais bien qu'il semblait agacé.
Ça ne peut pas être un hasard.
Il a beau tout nier en bloc,
Je suis loin d'être idiote.
Il y'a quelque chose qu'on me cache,
C'est claire comme de l'eau de roche.
Et je vais découvrir ce que c'est.
Papa : Jamilla, écoute moi.
Il me regardait dans les yeux en esquissant un sourire rassurant,
Ses mains étant posées sur mes épaules.
Papa : Je suis ton père et je te dis de ne pas t'en faire. D'accord mon coeur?
Il m'embrassait sur le front.
Moi : Jure le moi.
Papa : Mais enfin chérie ! Je n'ai pas besoin de jurer quoi que ce soit. Il n'y a rien du tout! Est-ce que je t'ai déjà menti un jour?
Je secouais négativement la tête.
Papa : Alors pourquoi te mentirais-je aujourd'hui? Ne te prend pas la tête pour rien ma chérie.
Moi : Mmh, marmonnais-je en ne le croyant pas une seule seconde.
Je ne sais pas,
Mais quelque chose cloche,
Et ça n'a pas l'air joli du tout.
Ça commence même à me stresser d'être dans le flou.
Papa : Allez viens on descend. On a un réveillon à célébrer je te rappelle. Amir est impatient de dîner.
Moi : Mmh, répétais-je de nouveau. J'arrive.
Il me devança d'un pas décidé,
Et à peine quelques instants plus tard je le surpris reprocher à sa petite soeur et sa tante d'avoir été "maladroites" et "indiscrètes", ainsi que le fait que j'ai pu entendre leur conversation.
Il avait vraiment l'air remonté et c'est la première fois que je le vois leur parler ainsi.
Il les grondait sans le moindre scrupule mais techniquement 'Amma n'a rien fait,
C'est tante Ramah qui est toujours en train de critiquer la façon dont notre mère nous élève et tout ce qui la concerne.
Rien que ça ça m'a encore plus mis la puce à l'oreille par rapport à mes doutes.
Le simple fait que les mots soient sortis de la bouche de Ramah prouve que c'est sérieux. Il y'a un truc au fond de moi qui me dit de ne pas le prendre à la légère.
Vous savez quoi?
Dès mon retour j'engage un détective privé,
Comme ça je pourrais trouver les réponses à mes questions une bonne fois pour toute.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro