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treize.

Ils reviennent de la mer, comme tous les soirs de ce mois de mars dont on voit se profiler la fin. Eux n'ont plus la notion du temps, depuis longtemps déjà ils l'ont perdu, un peu sans faire exprès, sur le bas-chaussée avant de rouler dans le parking. Le temps, ils l'ont laissé là-bas, entre les poubelles du tri sélectif, mais il finit toujours par revenir.
Et le pire dans tout ça, c'est que le temps est rancunier.

Donc ils reviennent de leur escapade en mer, Yoongi en danseuse, la mamie sur le porte-bagages qui lève les bras très haut.
Et même s'il ne peut pas la voir, Yoongi sait qu'à cet instant, elle est très belle.

Il dérape comme un fou furieux sur le bitume du parking. Un peu plus et c'était la fin, dans le fossé des égouts. Ça les fait rire tellement fort.

La mamie lui demande d'aller lui chercher de l'aspirine dans la voiture. Elle est un peu migraineuse depuis ce matin. Quand Yoongi s'énerve parce qu'elle ne l'a pas dit plus tôt, elle répète sa phrase en insistant sur le « un peu. » Et son doux sourire fait qu'il baisse les bras, et dit que bon, il va la chercher, qu'en attendant elle ne force rien. Elle hoche la tête et grimpe les escaliers en sautillant.

Yoongi se dirige vers le fond du parking. Par chance, la propriétaire n'est pas dans les parages, ce qui lui épargne ses bavardages intempestifs.

Il ouvre le coffre avec force - une voiture louée a toujours un petit défaut, et sort la trousse à pharmacie qu'ils auraient du prendre dans leur chambre, c'est vrai, mais il faut dire qu'ils sont un peu têtes en l'air.
Et puis, il voit quelque chose qui le fait descendre sur terre, brusquement, sans escale. Quelque chose qui le ramène à la réalité, qui lui dit que tout a une fin, et que cette fin il devra la traverser seul. Alors, toute l'euphorie du séjour semble plomber son cœur, tant et si bien qu'il a du mal à claquer le coffre.
En se précipitant vers la porte d'entrée parce qu'il commence à pleuvoir, il se dit que non, il doit faire erreur, sa mamie lui dit toujours tout. Toujours, toujours tout.
N'est-ce pas ?

Il monte à l'étage. Il a beau se rassurer comme il peut, le monde vacille tout autour de lui. Les murs tanguent, les marches tanguent, la lumière tangue. Une fièvre insurmontable commence à le prendre.
C'est un miracle qu'il parvienne au palier sain et sauf.

Il toque à la porte. Deux coups, parce que son poignet n'a pas assez de force pour un troisième. Elle lui dit d'entrer.
Dans la lumière orange du plafonnier, sa grand-mère s'affaire. Elle range. Elle range les vêtements, après les avoir pliés comme il faut. Elle débarrasse la table de sa broderie, de ses babioles. D'ailleurs, cette chambre fait étrangement vide.

Et puis Yoongi se rend compte que ses affaires ne sont plus là. Il fait le lien avec la chose qu'il a vue dans le coffre, et il a peur. Parce qu'il a compris. Il avait déjà compris, rien qu'en marchant pour aller chercher l'aspirine, tout au fond de lui, il avait compris.
Mais il ne veut pas comprendre. Pas maintenant, se dit-il. C'est trop tôt. C'est beaucoup trop tôt.

De sa voix enrouée, il appelle :

- Grand-mère.

Même pour l'intonation il n'a plus de force.

- Oui ?

Elle se retourne. Et quand elle voit ses yeux, elle aussi comprend. Parce que même chagriné, Yoongi a toujours les yeux clairs comme un soir de juillet.
Elle aurait aimé qu'il comprenne moins vite. Elle aurait aimé que ce petit soit moins vif, juste pour cette fois.
Elle attend qu'il réponde, anxieuse, son balai de pacotille à la main. Yoongi se sent pantin, dans cette chambre trop petite, dans cette chambre qui est tout de travers, maintenant il le voit, le plancher est incliné.
Yoongi se sent pantin, parce qu'il n'y a déjà plus rien à faire.
Il essaie de se ressaisir, de ne pas laisser les larmes couler. Pas tout de suite.
Il avale son chagrin et dit d'une voix tremblante :

- Pourquoi il n'y a qu'une seule valise dans la voiture ?

La mamie le contemple, contemple ce qu'elle a fait. Elle s'en veut tellement. Elle a le cœur percé. Elle ne sait pas si elle doit dire la vérité ou mentir, mentir affreusement, à ce petit qu'on a dans sa vie déjà tant trompé.
Sa bouche commence à trembler. Elle qui se sentait si jeune il y a quelques minutes, elle sent ses rides faire obstacle à sa seule parole.
Yoongi continue, le souffle court, le cœur au bord des lèvres :

- Pourquoi c'est la mienne dans la voiture, Mamie ? Pourquoi c'est la mienne ?

Sa grand-mère fait un geste comme pour dire qu'elle ne sait pas, elle ne sait pas pourquoi la vie est comme ça. Elle hoche la tête, les larmes aux yeux, pour dire non Yoongi s'il te plaît. N'aies pas mal. Ne souffre pas.

Elle souffle :

- S'il te plaît Yoongi.

Il explose soudain :

- Pourquoi tu veux que je parte ?!

Il a envie de tout jeter, tout à coup. Tout détruire. Parce que son cœur est déjà ravagé. Il prend la lampe et la brise au sol. Il prend son carnet, la seule chose qui restait de lui dans cette pièce bancale. Il arrache rageusement les pages. Il prend les cadres accrochés, ces cadres d'ancêtres qui ne veulent rien dire, il les brise aux murs. Il cogne la poutre, la faisant tomber définitivement.
Il saigne, tout saigne.
Et alors qu'il fait tout ça, qu'il détruit tout, il lui dit des choses affreuses, affreuses.
L'orage a éclaté dehors, comme pour lui donner raison.

Fou de douleur, Yoongi est fou de douleur.

Et puis, aussi soudainement que la tempête avait commencée, il se calme. Il s'assoit sur le lit, couvre ses yeux de ses mains tremblantes. Il ne veut plus rien voir.
Il n'y a plus rien à voir, parce que Mamie va mourir.

Sa grand-mère s'avance vers lui. Pendant qu'il ravageait tout et lui disait ces choses affreuses, affreuses, elle restait là, dans le coin de la pièce. Elle encaissait. Pas parce qu'elle le méritait, mais parce qu'elle savait que Yoongi avait besoin de faire sortir cette colère atroce. Cette colère entassée au plus profond de lui, contre des tierces personnes, lui y compris, qu'il n'avait jusque là jamais exprimée.
Toutes ces choses affreuses, affreuses, qu'il ne pensait même pas.

Elle s'assoit à côté de lui et caresse son dos, de haut en bas, puis de bas en haut. Elle lui dit tout. Elle lui dit qu'elle ne veut pas mourir, qu'elle veut rester ici, dans ce village au bord de la mer. Elle lui dit qu'elle s'est déjà arrangée avec la propriétaire, qu'elle a signé un bail. Et puis, un jour ou l'autre, elle mourra. Un jour ou l'autre, face à la mer. Et que ce sera mieux comme ça.

Elle lui dit qu'elle veut qu'il parte parce qu'il doit vivre sa vie. Elle ne veut plus le retenir. Des gens l'attendent, là-bas, en ville, des gens l'aiment. Elle lui dit qu'il ne s'en rend pas compte mais qu'il est aimé. On t'aime Yoongi, qu'elle lui dit tout bas, dans l'oreille. Elle le répète plusieurs fois pour qu'il comprenne bien.

Elle lui dit qu'il n'est même pas obligé de partir tout de suite. Il peut rester autant qu'il veut, mais elle a peur qu'il ne veuille plus revenir.

Elle lui dit qu'ils s'écriront.

- Hein, Yoongi, on s'écrira ? Tous les jours, moi, je t'écrirai.

Yoongi n'entend pas parce qu'il pleure. Il pleure vraiment très fort. Il se sent abandonné. Comme si une part de lui-même partait à la dérive et qu'il restait seul, sur la plage. Une bouteille à la mer que personne n'ouvrira jamais. Parce qu'une bouteille à la mer sur le sable, ce n'est plus une bouteille à la mer, c'est un déchet. Tout cela il se le dit, et c'est très douloureux.

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