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sept.

Un grand tigre blanc et un grand tigre noir avancent dans la forêt.

Le grand tigre blanc a des gencives noires et le grand tigre noir a des gencives roses.

Le grand tigre noir a des yeux clairs et le grand tigre blanc a des yeux sombres. 

Tous deux partagent les vérités du coeur au monde.

Le père de Yoongi esquisse les animaux, les astres et puis l'Univers en un seul trait.
Yoongi observe, subjugué. L'encre de Chine bave sur la feuille de mauvaise qualité. Des petites tâches se forment, tout doucement, les unes après les autres, à mesure que le pinceau évolue. Yoongi s'en fiche, il les aime bien ces imperfections. Elles lui semblent réelles.
Ses petites jambes se balancent avec ardeur tandis que son père le retient du mieux qu'il peut avec son bras libre.
Yoongi a peur de l'orage, alors comme chaque soir, il est allé voir son père pour qu'il lui raconte une histoire. Et comme d'habitude, celui-ci s'est exécuté. Il est rentré et a pris pinceau, encre, feuille, pour les étaler sur son bureau bancal.
Parce qu'après tout, ça ne servait plus à rien d'attendre la mère de l'un et l'épouse de l'autre sous la pluie.

Cette histoire, c'est l'histoire de Yoongi. Sa préférée. Celle qu'il aimerait ne jamais oublier.
Et la voix de son père, comme elle sonne juste au creux de son oreille, dans le silence assourdissant des gouttes sur les bouteilles.

Ensemble, le grand tigre noir et le grand tigre blanc traversent les monts, les rivières, les arbres. Ils traversent le tout et font reluire les pierres bleues sur leur passage. Les oiseaux s'avancent doucement au son de leurs pas. Les fleurs abandonnent leurs vaines coquetteries et s'inclinent. Les nuages s'écartent et le soleil observe, ému.
Ils s'en vont à l'aube et reviennent au crépuscule. Chaque jour, ils marchent, gravissent, et puis s'envolent. Tout cela dans le plus grand des silences.

C'est que c'est un bien joli monde, et qu'il serait dommage de ne pas le parcourir.

Mais Papa, le roi dans la tour, il n'aime pas les tigres, si ?

Hoseok regarde Yoongi. Dehors, il y a une grande agitation. Les feux d'artifices ont commencé depuis longtemps déjà. On entend les cris d'enthousiasme, les cris d'admiration, les cris d'euphorie. Des cris, encore des cris. Mais toute cette joie, toute cette excitation, tout ce souffle sonnent comme un immense apocalypse. Quelque chose change dans l'air, dans les esprits, dans les coeurs. Et pendant ce temps là, Yoongi s'agite. Et Hoseok regarde Yoongi.

Yoongi est malade. Son front est brûlant et sa voix rauque quand il murmure des parcelles de son rêve. Il fronce les sourcils, et ses yeux fermés se couvrent de gouttes de sueur. Et Hoseok regarde toute cette agitation. Il ne fait rien, Hoseok. Parce qu'il sait que quelque chose se prépare, sous ce front pâle, quelque chose se crée. Et il sait aussi qu'il ne faut en aucun cas intervenir. Alors il regarde, absorbé. Il regarde Yoongi délirer.

Non, mon grand, il ne les aime pas.

S'il y a une seule personne ici-bas qui n'aime pas le grand tigre blanc et le grand tigre noir, c'est bien le roi dans la tour. Le roi dans la tour a une graine amère plantée dans le coeur depuis qu'une méchante chamane lui a lancé un sortilège. La haine lui dévore les boyaux et pourrit son coeur, à chaque seconde. Et dès l'instant où il vit le grand tigre noir et le grand tigre blanc, leur lumière et leur sérénité ne firent qu'endurcir la graine, et il jura de se venger de tout ce bonheur injuste, puisque lui n'y avait pas droit.

Le père de Yoongi forme une boule d'un retournement de pinceau, et la strie de traits rêches. Des trous parsèment le vêtement, orbites entremêlés dans la misère humaine.
On ne voit pas la tête du roi.
Puis, des entités informes prennent vie autour de son corps prostré.
Et la graine s'anime, tout contre sa poitrine.

La tour s'élève alors, prospère, isolée, infranchissable, en seulement deux élans d'encre.

Tu veux faire les deux tigres Yoongi ?

Yoongi acquiesce et saisit le pinceau de sa petite main maladroite. Il le sert fort dans sa paume. Il ferme les yeux, et en se concentrant bien, il voit sous ses paupières les étincelles de la magie de son père. Alors il dessine, comme il le lui a appris, des formes simples, mais emplies de vie.

Bravo, mon grand.

Un beau jour que le grand tigre blanc et le grand tigre noir s'abreuvent à un lac aussi clair que les nuages du plafond céleste, le roi sort enfin de sa tour. Cela fait quatre-vingt-huit années. Quatre-vingt-huit années de solitude, de désespoir et de haine, à regarder le monde extérieur, sans lui heureux et en paix. Quatre-vingt-huit années à voir le même soleil le narguer et la même lune le prendre en pitié. Il en a plus qu'assez de ces deux astres, plus qu'assez de ce bonheur, plus qu'assez de lui-même. Alors il prend une décision.

Il va les tuer, Papa, c'est ça ? Il va tuer le grand tigre noir et le grand tigre blanc ?

Yoongi s'immobilise. Les feux d'artifice aussi. Comme un instant d'éternité suspendu dans le temps essoufflé.

Hoseok respire. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il réalise qu'il était en quasi-apnée en regardant Yoongi. Yoongi malade, Yoongi qui délire, Yoongi qui dort bien maintenant, sous les lumières de minuit.
Yoongi en paix avec lui-même.
C'est ce qui lui semble.

Alors, quand Hoseok est bien sûr de respirer correctement, il se lève et s'étire, il se dit que très bien, il a rempli sa mission pour aujourd'hui. Mais il ne veut pas partir. Pas encore.

Il franchit la porte de la chambre et déambule de couloirs en couloirs.
Il débouche sur ce qui pourrait ressembler à un salon.

Et c'est là qu'il la voit.

L'estampe. Accrochée au mur d'en face, elle le contemple, immobile dans les restes du silence. Et il contemple l'estampe. Il s'en approche même.

Du rouge.
Du noir.
Du blanc.

Du rouge sur le noir, du rouge sur le blanc.
Et un immense dôme sombre.
Et une forêt démente.
Et dans une tour sans relief
Une boule effondrée striée de traits.

Et Hoseok se dit que ça doit être cela, le malheur.

Oui, trésor, il va les tuer.

Les larmes de Yoongi s'étendent, perles brisées, sur le dessin. Il la connait la fin. Mais il aurait aimé qu'elle ne soit pas comme ça.
Pas aujourd'hui.

Ne pleure pas, Yoongi. L'histoire n'est pas finie. Regarde, il y a une dernière feuille à peindre. Je l'ai prise exprès pour toi. Alors ne pleure pas.

Il doit être tard dans la nuit ; là, dehors, les gouttes sont plus claires que le ciel.
Yoongi essuie ses larmes avec ses poings serrés. Il sent la main de son père caresser ses cheveux.
Il entend sa voix fatiguée, et s'il tendait les bras il pourrait sentir ses cernes du bout des doigts. Alors il fait de son mieux pour sangloter plus bas.

Tu es un grand garçon courageux. Tiens, prends le pinceau.

Quand le coup part, les oiseaux s'envolent, les étoiles faiblissent et la forêt pousse un cri déchirant à travers les ramures.

Et le roi aussi. Le roi est terrifié par ce qu'il vient de faire. Le roi sait bien maintenant, que c'est la fin. Il le répète d'ailleurs.

C'est la fin les dieux sont morts la forêt est perdue je dois mourir.

Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que ce n'est pas vraiment la fin. Les dieux n'ont pas de fin, et leurs empreintes non plus.
Alors avant de s'élever au ciel, le grand tigre noir et le grand tigre blanc regardent le roi de leurs grands yeux déments. La puissance de ce double regard fait frémir les eaux du lac et la chair du tout puissant des humains. Il tombe, ce tout puissant, à genoux sur l'herbe figée. Et il regarde d'un oeil perdu ces divinités. La graine cogne contre sa cage thoracique dans un rythme effréné.

Et le roi sait, au fond de lui, que c'est le rythme de la vie.

Le grand tigre blanc et le grand tigre noir implosent de milles couleurs. Un souffle gigantesque aux accents divins fait trembler le monde des vivants. Le roi place ses bras sur la tête et ferme les yeux.

S'il doit mourir, alors il mourra. S'il doit vivre, alors il vivra.

Des formes indéchiffrables prennent naissance. Elles se lient puis se désolidarisent au dessus des nuages, et volent entre les arbres, entre les âmes de chaque être vivant. Et chaque être vivant prend alors conscience qu'il est inestimable.
Et c'est un grand bonheur que celui-là.

Le bleu du ciel le jaune de la lune et le rouge du sang se mélangent aux formes indéchiffrables. Alors elles explosent comme des étoiles en fin de vie pour mieux renaître encore.

Et tout ce monde inspire enfin.

Le roi a peur d'ouvrir les yeux. Le roi a peur que s'il regarde toute cette agitation divine, il devienne aveugle. Le roi a peur de la mort.

Mais quand il entend le chant des oiseaux et le sifflement du vent, il relève la tête.

Du vert.
Du vert primaire s'étend sur son univers.
Du vert s'étend des cieux jusqu'au bout de la Terre.

La clairière a des airs de peinture, tant ses couleurs vibrent et touchent l'âme en peine.

Les arbres ne crient plus, les animaux paissent, tranquilles, dans la lumière bleue de l'azur profond, les oiseaux tournoient, splendides.

C'est cela, la véritable Paix.

Le roi s'assied tout à fait. Il regarde ses bras. Les traits rêches de ses poignets ont disparu, et les trous de son vêtement se sont harmonisés en une seule et même constellation.
Sous le choc, il effleure son visage, doté d'une douceur qu'il n'avait jamais connu auparavant.

Alors, ses doigts se portent d'eux-mêmes vers sa poitrine.
Il n'y a plus de graine.
Son coeur est faible, mais il bat enfin.
Purement et simplement.

Les grand tigres ont voulu qu'il vive.
Alors désormais, il vivra.

Hoseok contemple l'autre estampe.
C'est en voulant se retourner qu'il l'a vue.
Et il ne peut plus ne pas la voir, tant sa lumière perce l'obscurité de la nuit.

Du jaune ;
Du vert ;
Du bleu ;

Qui resplendissent, dans la lueur blanche d'entités divines s'élevant vers les cieux.
Et il y a si peu de lignes, mais tellement d'émotions, dans ces quelques cercles tourbillonnants. C'est le tourbillon de la Vie. Du Bonheur. Et de la Paix des coeurs.

Et Hoseok se dit que la paix véritable existe réellement, et pas toujours là où on pense la trouver.

La pluie s'arrête au même moment que l'histoire. Yoongi sent la chaleur du soleil estival qui commence à poindre, là-bas, à l'horizon. Ses yeux endormis détaillent les courbes du dernier dessin, qui revêt des voiles d'or à mesure que les nuages s'éparpillent vers l'ouest.

Les bras de son père se sont relâchés autour de sa taille. Sa respiration lente rythme les battements de paupière de plus en plus lourds de Yoongi.

Et quand il s'endort à l'instant où le premier oiseau s'éveille, son coeur ne tergiverse plus entre ombre et lumière.

Les réverbères s'éteignent les uns après les autres.
Le jour revêt un voile blanc ensoleillé dans les restes de bleu.
Et c'est bien. C'est si bien.

Hoseok, debout, regarde Yoongi. Il ne reste aucun souvenir de son sommeil de dément, si ce n'est les draps fatigués et la bouillotte, abandonnée au pied du lit.

Hoseok se dit qu'il est maintenant temps de partir. Alors il ramasse son manteau, il ramasse son écharpe, il ramasse son bonnet. Il se détourne à regret de Yoongi pour se retrouver face à face avec lui-même, dans le miroir tordu du mur d'à côté.
Il détaille son visage. Ses cernes avalent ses joues, ses cheveux volent un peu partout, mais ses yeux, oh, ses yeux. Ils brillent tant que même lui en est surpris. Il s'approche, incrédule. Et il les voit, les étincelles, il les entend. Elles sont là, tout contre son coeur, dans les deux hémisphères de son corps. Elles éclatent à l'unisson.

Elles sont de retour.

Et Hoseok ressent une grande joie, telle que celle du dernier dessin.
Les étincelles sont jaunes; vertes; bleues.
Et elles forment le Tout.
Le Tout de Hoseok, le Tout de Yoongi, et peut-être bien des deux à la fois aussi.

Et quand Hoseok sort de l'appartement dans l'avènement du jour, il se dit que si chaque chose arrive pour une raison, alors la vie est une bien jolie partition.

Et quand Yoongi regarde Hoseok descendre dans la rue, il se dit que les plus belles aventures commencent toujours là où on les attend le moins.

Et Hoseok de courir vers le levant.
Parce qu'il n'y a rien de mieux que le sentiment d'être indestructible dans le souffle du vent.
Surtout quand on est seul au monde parmi les arbres géants.

***

























J'avais tellement hâte de publier ce chapitre, c'est assez fou. J'attends avec impatience vos impressions, mais je ne vous oblige en rien :))

Et je voulais vous dire merci de tout coeur. Un grand, grand merci. Je vous aime, chers et doux lecteurs.
Vous êtes les étoiles de mon firmament

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