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onze.

La voiture roule à une vitesse folle. Ce n'est pas une très bonne idée lorsqu'on est à la campagne. Mais Yoongi s'en fout. Lui ce qu'il veut, c'est passer légèrement sa tête à travers la vitre pour sentir le vent du soir lui fouetter les cheveux, les faire presque s'envoler vers les nuages d'avril. Et tant pis si un autre conducteur tombe sur son chemin. Il pourra toujours tourner brusquement et atterrir dans les fougères.

Comme à chaque fois qu'il est au volant, il pense à toutes sortes de choses. Ça ne lui arrive jamais de penser à ce qu'il sera dans dix ans, par exemple, pour des raisons évidentes. Et pourtant en voiture il y pense. Sans douleur, sans rancune. Avec le vent et puis les arbres et l'odeur de l'herbe humide, l'échelle humaine ne paraît plus si dramatique. Et il arrive à respirer.

C'est pour cela que si on l'interviewait là, dans cette voiture cahotante sur des chemins de traverse, il répondrait que la mort ne lui fait pas peur. Et ça fait du bien quelque part, de se sentir aussi invincible face à l'Univers.

Mais ce qu'il ne dirait pas en revanche, ce serait pourquoi il s'était retrouvé là. Parce que même si la brise semble faire disparaître les rancœurs les plus tenaces et les larmes les plus ancrées, cela reste une impression, et il le sait mieux que personne. D'où ma présence ici, pour vous raconter ce que son cœur tait du mieux qu'il peut. Ce qu'il rumine depuis maintenant une heure, depuis qu'il a démarré et quitté la jetée.

***

Le papier peint date des années 70. Autrement dit, c'est laid. Il y a des traces de moisissure sous la fenêtre que la propriétaire des lieux peine à refermer une fois qu'elle a montré à Yoongi et la grand-mère la « vue splendide » mentionnée sur le site internet.Les matelas sont poussiéreux à souhait, la lampe de chevet s'allume une fois sur deux et le parquet flottant fait des caprices. Il leur faut se baisser pour ne pas se cogner contre la poutre qui peut leur tomber dessus à tout moment. Pour les toilettes, ça sera dehors.

Yoongi tente d'assimiler toutes ces informations, un sourire placardé sur le visage, en acquiesçant à chaque fois que la propriétaire fait une pause. Il n'ose pas regarder sa grand-mère, de peur d'éclater de rire.

La propriétaire finit par les laisser, prétextant de la viande sur le feu pour la table d'hôtes. Aussitôt refermée, la porte s'entrebâille de nouveau.
Yoongi se retourne vers sa mamie qui vient de sauter sur le matelas aux ressorts fatigués. Elle est vraiment toute petite, avec sa robe à fleurs et son chapeau de paille mangé par les mites. Il songe qu'il pourrait la soulever de terre, quand bien même il ne soit pas le plus costaud des hommes, et qu'il pourrait la mettre dans sa poche de chemise, tout doucement, et l'emmener à grands pas loin, loin de cette vaste blague qu'est cette mansarde, et qui ne mérite en rien ce dernier voyage.
Et puis elle lui sourit.

C'est parfait.

« Vous pourrez aller à la mer tous les jours. Il fera beau pendant toute la semaine, ça je peux vous l'assurer. » C'est ce qu'avait pourtant dit la propriétaire.
Yoongi peste dans sa barbe alors qu'il roule en bicyclette sur le bitume inondé. La télévision de cette bonne femme doit être réglée sur une autre préfecture, pense-t-il amèrement. La pluie, il peut bien supporter, mais la pluie inattendue ça le tue. Il aurait du s'y attendre, après tout, qu'en mars la pluie n'est pas si rare que ça.

Il manque tomber lorsqu'il se risque à faire un virage pour atteindre la clôture le séparant de la plage. D'un geste, il relève sa capuche détrempée. À travers le rideau d'eau, il pense apercevoir une vague silhouette se promenant au loin, jouant avec l'écume. Son sourire en coin réapparaît. « Sacrée mamie. »

Les six premiers jours se déroulent ainsi. Yoongi qui laisse sa mamie aller voir la mer seule, « pour l'apprivoiser » selon ses dires, et puis Yoongi qui revient au centre-ville histoire d'acheter quelques sandwichs, et enfin ce même Yoongi qui pédale vers la plage pour pique-niquer avec sa mamie favorite.
Ç'aurait pu en rester là.
Lui qui la regarde s'amuser comme une gamine par dessus les pages de son livre.
Eux qui contemplent côte à côte sur les rochers le soleil s'offrir à la mer et la mer s'offrir au soleil.
Elle sur le porte-bagages, emmitouflée dans l'imperméable transparent offert gracieusement par la maison, et lui en danseuse, à crier de joie terrifiée quand ils entament la dernière pente, une fois le soir venu.

Et puis le matin du septième jour, la mamie propose à Yoongi, l'air de ne pas y toucher :
« Et si tu allais nager ? »
Yoongi la regarde par dessus son bol de café pour savoir s'il s'agit d'une plaisanterie. La pluie tombe drue sur tout le village, comme s'il s'agissait d'un microclimat : par-delà les collines, le ciel est bleu. Le thermomètre indique 17 degrés. Et dans cette salle à manger commune où on les toise comme des parasites, ils sont les seuls à porter des pulls épais. Pour couronner le tout, il n'a pas apporté de maillot de bain.

Yoongi la regarde encore, avec dans sa tête tous ces arguments pour lui exposer que non, il n'irait pas aller nager. Et puis il se rend compte que dans les yeux de sa compagne de voyage, il ne s'agit pas d'une question. Alors il hausse les épaules, avec une moue qui veut dire : « Puisque tu insistes. » Elle le regarde, satisfaite, avant de finir son thé.

Yoongi frissonne en slip, sur le sable fin. Il jette un œil vers sa mamie qui a complètement oublié son existence au profit de crabes accrochés aux algues rescapées de la dernière marée haute. Il aimerait bien la détester, là maintenant. Mais il n'y arrive pas. Parce qu'il sait qu'elle sait que ça fait très longtemps qu'il n'a pas piqué une tête, et que ça le démange un peu quand même.
Alors va pour l'hypothermie. Ils ont emmené une doudoune après tout. Ça devrait faire l'affaire.

Il se décide enfin à mettre un pied dans l'eau. O surprise : c'est glacé. Grelottant, il fait de son mieux pour humidifier ses mollets avec ses doigts. Il tente quelques pas. C'est toujours aussi glacé. Il souffle. Bon, puisque c'est comme ça.

Il inspire, expire, inspire à nouveau, et puis il se jette à l'eau, littéralement. Il met ses bras loin devant lui, tellement loin qu'on jurerait qu'ils ne lui appartiennent plus, et puis la surface de son abdomen heurte l'eau. Il pousse un cri. On pourrait qualifier ce cri de beaucoup d'adjectifs mais tout ça ne serait que détails insignifiants, parce qu'à la fin le résultat est le même : c'est bien le cri d'un nouveau-né qu'on entend sur la berge.

Machinalement, il fait des mouvements de brasse un peu saccadés. Ce serait dommage de mourir alors qu'on vient de naître. L'eau repousse ses bras, ses jambes, tout. Et pourtant il avance vers le large. Et le large ne le repousse pas.
Il se retourne. Sa mamie lui fait de grands signes. Elle est fière de lui. Yoongi sourit faiblement.
Il a réussi.

Les jours suivant cette aventure, la routine n'a pas tellement changé, si l'on exclut le fait que maintenant Yoongi nage dix minutes tous les matins pendant que sa mamie cherche des crabes. Il avait oublié à quel point la vie est savoureuse, au sortir de l'eau.
Quand ils regardent le soleil ils se promettent en silence mille et une choses. Tout cela doit rester entre l'horizon et eux, évidemment.

C'est si bon de faire confiance à la nature, parfois.

***

Yoongi s'est arrêté sur le bord de la route. Il n'a jamais fumé, mais une clope providentielle ne serait pas de refus. Ça ferait un peu de repos à ses pauvres petits ongles rongés par l'anxiété.
Derrière les fourrés, il y a un pré. Tout timide, tout caché. Il ne suffirait que de quelques pas pour qu'il y soit. Il hésite.
Il se décide à enjamber les fougères. Après tout, plus personne ne l'attend. Du moins c'est ce qu'il croit.

C'est bien joli un pré le soir. C'est toujours joli un pré, mais quand il y a moins de lumière c'est encore mieux. C'est ce qu'il se dit, quand il fait le tour des arbres.
Le ciel est incroyablement clair, en cette nuit d'avril.
Il parvient à ressentir ce même état d'euphorie d'il y a quelques minutes, quand sa tête épousait le ciel. Il ne sait pas si c'est bien ou mal. Ce qu'il y a de bien avec la campagne, c'est que quand on y est on a plus peur de rien. Rien pourrait nous arriver et tout à la fois, et on serait là à regarder les arbres toujours.
Il a pleinement conscience de respirer, soudain. Respirer, finalement, on n'y pense pas, ou alors trop peu. Mais là, au centre de cette clairière qui semble ouvrir ses bras vers le ciel, il sait qu'il respire. Et c'est vraiment frappant.

Il pleurerait presque, quand il s'allonge sur l'herbe humide. Je dis presque, parce qu'il a déjà tant pleuré, tout à l'heure. Tant pleuré. Sur la berge, face aux phares écroulés.
Mais ce n'était pas de bonnes larmes. C'était vraiment horrible, comme spectacle, moi qui suis là je vous le dis.
Alors que maintenant, s'il pouvait pleurer, ce serait de belles et grandes larmes, de celles qui recouvrent le front des nourrissons. Ce genre d'émotion que personne ne peut écrire jamais, parce qu'il n'y aurait alors plus aucun sens.

Laissons le un peu seul, alors, et moi je me charge de continuer l'histoire.

***

Yoongi est très heureux. Il le dit d'ailleurs. Pas à sa grand-mère, parce qu'elle le sait déjà. Il le dit à Hyo Jin.

Il lui dit que le ciel est toujours bleu, même si toujours gris. Il le sait quand il regarde par-dessus la colline. Il lui dit que ce jour-là ils ont ramassé tout plein de crabes mais qu'ils n'ont pas eu le cœur de les manger alors ils les ont relâchés et ils ont filé vers la mer, en file indienne.
Il ne manque jamais de lui décrire le soleil. Quand il ressemblait à un jaune d'œuf, quand il ressemblait à un feu divin, quand il ne ressemblait à rien aussi, parce que parfois c'est vrai que le soleil n'a pas trop de sens parfois mais qu'il ne faut pas lui en tenir rigueur.
Il finit toujours par « C'était bien. » Et toujours, toujours il remercie. Il ne sait pas qui, ni quoi, pas Dieu, sûrement pas. Qui sait, peut-être se remercie-t-il lui-même. Et il en a bien besoin, croyez-moi.

***

Ils auraient pu rester éternellement ainsi. Vraiment, ils se le seraient jurés. Tout le monde, qui les voyait accoudés au bar, tout le monde aurait juré avec eux, qu'ils resteraient ici pour la vie.
Mais tout a une fin. C'est difficile à entendre et même à dire, encore plus à écrire ; mais tout a une fin. Un jour il n'y a plus de crabes, plus de soleil, plus de sable. Que le cœur, ce maudit instrument de la fatalité. Il ne reste que ça. Que ça il reste, vraiment c'est déchirant à dire.
Pourtant, on finit toujours par comprendre. La fin, quand elle survient, on a du mal à y croire, on se débat inutilement, on crie à tort et à travers à s'en briser la voix.
Et puis on comprend. Et la Terre continue de tourner.

C'est pour tout cela que quand s'est arrivé, Yoongi n'a pas compris.

***


:) je vous ai manqué ?
pour vous remercier de votre patience inestimable, j'ai décidé de vous concocter une petite surprise :

je publierai un chapitre tous les vendredis à 17 heures, et ce pendant 7 semaines (en ne comptant pas celle-ci). je me suis dit que ce serait bien de fêter un retour par une crise de régularité pour changer :') et j'ose espérer que ça me laissera le temps de préparer les prochains. alors, qu'est-ce que vous en dites ?

mention spéciale à AoiNoHimawari qui fait une merveilleuse éditrice, je ne la remercierai décidément jamais assez.

à bientôt, et merci encore !

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