Chapitre 5 : Les pintades
Première et dernière fois que je vous embête avant la lecture, juré !
Sur ce chapitre, nous allons commencer à aborder une figure basique de la School fic : La poupouf. Je vous jure que les personnages à venir ne sont pompé sur aucune personne ayant réellement existé, et ce, bien malgré l'inspiration que ma vie lycéenne et estudiantine m'a servi sur un plateau. D'ailleurs heureusement sinon ils n'auraient pas duré plus d'un chapitre... et moi j'y tiens à mes pintades chérie !
Bonne lecture à tous ! ;)
Lia
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La sonnerie stridente de mon réveil me tira douloureusement de mes rêves, toujours les mêmes. L'originalité n'était vraiment pas l'apanage de mon imaginaire, mais alors vraiment pas. J'abattis, d'un coup lourd et las, ma main sur l'appareil sonore qui cessa sa mélodie hystérique pour me permettre de me rendormir tranquillement.
- Sakura !
Ma gorge expulsa un grognement d'ursidé alors que l'intégralité de mon corps disparaissait à la douce obscurité moelleuse de ma couverture, ne laissant que quelque mèche en bataille pour deviner ma présence. Ma mère entra dans la pièce avec sa douceur et sa délicatesse extrême pour se diriger vers ma fenêtre.
- Dépêche-toi, on va être en retard!
Sur ces derniers mots, elle ouvrit le battant d'un geste brusque pour repousser les volets qui claquèrent sur le mur extérieur. Je me pelotonnais encore une peu plus dans les draps, sentant la fraîcheur hivernal envahir la pièce et tenter de forcer mon cocon de coton. Ainsi protégée, un soupir allègre passa mes lèvres...
- Aller, debout !
Ma couverture disparut soudainement me laissant à la merci de l'air glacé.
- Maman ! m'indignais-je tout en tirant sur mon t-shirt pour cacher ma culotte.
- Lèves-toi, et ne te rendors pas ! Tsunade n'a pas que toi en charge. Elle est déjà bien gentille de te prendre en consultation malgré son planning. Elle est très occupée tu sais et je refuse qu'elle en vienne à regretter ses accès de favoritisme...
Elle sortit en trombe de la pièce en poursuivant tout de même son monologue moralisateur. Parfois, je me demandais si elle ne se parlait pas à elle-même. Plus efficace que tous les réveils du monde, je vous présente... ma mère. Non, franchement, je préférais nettement la sonnerie de canard de mon radio-réveil. Je lâchais un énorme bâillement qui me colla les larmes aux yeux puis m'étirais consciencieusement pour dissiper la fatigue alourdissant mes membres. Premier effort de la journée : se lever.
La soirée d'hier m'avait paru durer une éternité. En même temps, en présence de Sasuke, il ne pouvait en être autrement. Le brun s'entendait malheureusement trop bien avec ma marraine. Autant dire que ça avait été ma fête ! Ils étaient au taquet ce soir-là... Un instant j'eus même l'espoir qu'ils implosent de stupidité, une pensée chimérique qui ne prit jamais forme.
Mes pieds nus rencontrèrent le carrelage froid de la salle de bain et je m'enfermais dans la pièce sans attendre. La salle de bain, le matin, c'était un peu mon havre de paix. Premièrement, je pouvais chanter tout mon répertoire comme une casserole, à m'en arracher la gorge, que personne n'entendrait rien puisque c'était tout simplement ma chambre qui se trouvait de l'autre côté de la paroi et deuxièmement, on pouvait fermer cette putain de pièce à clef ! Ô joie incommensurable ! Savez-vous par quels innombrables stades passait mon agacement lorsque ma chambre se transformait en hall de gare ? Je crois qu'un jour j'attendrais les inopportuns passagers derrière la porte, armée de mon sac de cours du Lundi après-midi. Et ça fera mal... très mal. Cette fois-là pourtant, je ne fis pas chauffer mes cordes vocales, je ne m'en sentais pas le moral. Je savais qu'une fois sortie de cette pièce désormais saturée de vapeur d'eau apaisante, il ne me resterait plus qu'une petite demi-heure avant d'affronter l'angoisse de ma vie. Arrêtant le jet à contre cœur je quittais mon petit cocon de chaleur aqueuse, si rassurant et m'extirpais difficilement de la cabine de douche.
Debout, les pieds enfoncés dans un tapis molletonné, enroulé dans mon éternel drap de bain, je faisais face à mon reflet avec appréhension. J'avais lu un article très intéressant sur internet parlant de la maîtrise de ses peurs et de son stress mais allez savoir pourquoi, il n'y avait généralement que les rédacteurs de ces méthodes pour profiter de leurs effets.
Peut-être pourrais-je faire croire à un malaise et rester enfermée quelques heures de plus ? Non, j'aurais juste droit à un face à face gênant avec les pompiers, le prix d'une porte à rembourser et toujours le même rendez-vous à encaisser. Mauvaise idée.
Inspirant puis soufflant brièvement pour me donner du courage, je sortis de la pièce pour affronter le reste de la journée. Je balançais la serviette près de mon lit et attrapais sous-vêtement et jeans à la va-vite. Ce ne fut qu'une fois mon soutien-gorge agrafé que ma mère rentra brusquement dans ma chambre.
- Pense à prendre tes analyses de sang, tu oublies tout le temps ce genre de choses.
- Maman ! Mais sors d'ici enfin !
- Enfin chérie, je suis ta mère. Tes petites fesses je les ai torchée des années durant, alors question pudeur, tu repasseras.
Admirez cet abus de pouvoir maternel incontestable.
- Sakura, tu as vu mon journal ?
Présence maternelle soit, mais paternelle, là, non ! Je dis STOP ! Faudrait voir à ne pas pousser mémé dans les orties non plus !
- Papa !
- Oups... Excuse-moi.
Loin de se détourner, son regard se focalisa sur mes jambes d'un air concentré. Ce n'est pas que mon propre père commence à me faire peur mais j'aimerais bien savoir pourquoi je suis devenue objet de tant d'attention...
- Quoi ? Avec toi aussi je peux laisser tomber ma pudeur parce que tu changeais mes couches ?
- Je n'avais pas le souvenir que tu étais tatouée...
- Comment ? s'offusqua ma mère.
Hein ? Je suis tatouée ? Je n'ai pourtant pas le souvenir d'avoir cédé à Temari. Je portais un œil septique à ma jambe, y découvrant le-dit tatouage qui était entrain de priver ma mère d'oxygène.
- Ça c'est le bleu que je me suis fait en sortant les poubelles.
- Ah. Autant pour moi.
Non mais franchement ! Pas moyen de s'habiller tranquille, même dans sa chambre. Alors que mes parents eurent enfin déserté ma chambre, je sautais dans mon jeans et attrapais un t-shirt au hasard... « Réveil en cours, veuillez patienter » parfait. J'aime l'humour de mon armoire.
- Sakura ! Magne-toi !
Un jour les gens comprendront que ça ne sert à rien de presser les autres. C'est vrai, en temps normal, si personne ne vous hurle dessus, vous finissez prête en cinq minutes alors que, lorsque vous êtes houspillé de toutes parts, votre préparation se rapproche légèrement plus de l'apocalypse : La case habillage de transforme en match de catch dont vous ne ressortez rarement sans séquelles, vous ratez votre trait de crayon, le mascara fait des paquets, coule dans l'oeil, ça déborde de partout et à la fin vous ressemblez plus à un panda battu qu'à une jeune fille de dix-sept ans...
Quinze minutes plus tard, j'étais enfin dans la voiture de ma mère à écouter d'une oreille distraite les bavassages de la quadragénaire et de l'autre, ma musique adorée.
- Sakura, tu m'écoutes ?
- Oui...
Non. Enfin à moitié dirons-nous.
- Et si tu arrêtais un peu ton machin, là ! Tu passes ta journée avec ! Moi j'ai besoin qu'on discute toutes les deux, qu'on...
Et c'est reparti ! Je commence à regretter que ce ne soit pas mon père qui m'ait emmenée. J'eus bien évidemment le droit au traditionnel sermon sur ma supposée incapacité à me séparer de mon téléphone et de la barrière qui s'érigeait dès lors entre moi et le monde. Franchement, s'il y avait cette barrière entre moi et le monde, je ne me serais pas pris un lampadaire en pleine face pas plus tard qu'hier, d'ailleurs j'aimerais bien qu'il me foute un peu la paix le monde...
Nous arrivâmes enfin sur le parking de l'hôpital et, irrémédiablement, je me tendis.
- Dis maman, puisque je n'ai pas clamsée pendant la nuit, on n'est pas obliger d'y aller, si ?
Son regard sans équivoque se posa sur moi et sa voix menaçante raisonna dans l'habitacle.
- Sors de cette voiture.
- Mais...
- Sakura, si tu ne descends pas tout de suite, je t'y force d'un coup de pied bien placé.
Vous comprenez d'où me vient ma délicatesse... ? J'obtempérais puis suivis ma tortionnaire jusqu'au bâtiment d'un blanc grisonnant douteux. Chaque pas en avant me donnait envie d'en faire dix de plus en arrière et il me fallut un effort surhumain pour atteindre les portes automatiques du bâtiment. Une fois dans les couloirs, l'odeur d'aseptisant agressa mes narines et se diffusa dans ma gorge et mes poumons, insinuant ce sentiment appréhendé d'angoisse si spécifique. Mes intestins se tordirent alors même que je ralentissais, oppressée par l'ambiance des lieux. Ah... Je ne l'ai pas dit ? J'ai peur des hôpitaux. Pas mal pour une future étudiante en médecine, non ?
Ma mère chercha l'accueil me traînant quasiment derrière elle. Moi, dans un hôpital, la seule chose que je cherche en plus des toilettes, c'est la sortie. Elle se renseigna donc auprès de la jeune infirmière campée derrière son comptoir tandis que je regardais d'un œil envieux quelques pigeons se la couler douce à l'extérieur.
- Elle est en salle d'opération pour le moment mais vous pouvez monter au service chirurgie, c'est au deuxième étage. Attendez-la sur les bancs au fond du couloir, à gauche.
- Merci beaucoup ! Allez, Sakura, on y va !
Si elle croyait vraiment que j'allais rester plantée dans cet endroit... Quoi que j'aurais préféré partir de l'autre côté. Nous prîmes l'ascenseur pour arriver, frais comme des gardons, au service chirurgie de l'hôpital. Ça pourrait presque faire sortie scolaire, dit comme ça, sauf qu'idéalement, pendant une sortie scolaire, on ne préfère pas retourner s'asseoir dans une salle de classe.
Arrivée dans les couloirs, j'agrippais le bras de ma mère comme une forcenée – J'ai dû être un Koala dans une vie antérieur...- et elle continua de tracer sa route sans s'en préoccuper. La force de l'habitude.
Trop de blanc, trop de calme, trop... d'hygiène. Oui, trop d'hygiène. Je suis propre mais savoir qu'un battement de cils pouvait disperser dans l'air des millions de bactéries, ça reconsidérait grandement ma présence inoffensive dans un environnement où le moindre micro-organisme pouvait mener un patient à la mort. Sincèrement, dans cet endroit, j'avais juste l'impression de prendre la responsabilité de la moindre goulée d'air.
Dans ma tête je cherchais désespérément un lieu où j'aurais pu me sentir encore moins à l'aise, mais mis à part la fosse septique de ma maison, je ne voyais rien de bien plausible. D'ailleurs qu'est-ce que j'irais foutre dans la fosse septique de ma baraque ?
Au bout du couloir, la double porte s'ouvrit subitement pour laisser passer un brancard supportant une jeune femme encore anesthésiée.
Ma mère eut juste le temps de me jeter un coup d'œil méfiant.
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Tandis que j'apercevais une infirmière débouler en trombe de l'autre bout du couloir, j'entendis les porte battante derrière moi grincer puis la voix douceâtre de Tsunade charmer mes oreilles, stoppant net mes hurlements de goret.
- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Sakura, lâche ce lavabo, ces machins coûtent une fortune ! Et qu'est-ce qui te prends de hurler comme une truie dans mon hôpital ?
Je rendis sa liberté à la pièce d'inox fermement incrustée dans le mur et qui m'avait vaillamment défendue contre la prise de ma mère.
- J'ai... Paniqué.
Tellement paniqué que si ma génitrice ne m'avait pas lestement attrapé par le calbute, je serais à l'autre bout de la ville à cette heure. Je n'aimais pas croiser des patients, et plus ils étaient en mauvais état, pire c'était.
- Mebuki, la prochaine fois assomme-la, tout simplement, soupira-t-elle.
- J'ai une conscience maternelle...
Mon regard sceptique glissa vers elle.
- Sérieusement ?
- Suivez Shizune jusqu'à mon bureau, je me change et j'arrive.
Bon, au moins j'allais quitter ces couloirs de l'horreur. Je ne savais pas qui avait eu l'idée de les faire si longs et autant en dédales mais je ne le mettrais certainement pas dans mes petits papiers. L'assistante de Tsunade nous invita à la suivre d'un geste mais je sentis une résistance au niveau de la ceinture.
- Dis maman... Tu pourrais peut-être lâcher ma culotte maintenant.
- Oh pardon !
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- Passe-moi tes résultats d'analyse.
Nous étions rassemblées dans le bureau de la chirurgienne. Sobre, au mobilier moderne, la pièce n'était pas pour réchauffer l'ambiance, mais elle possédait une sublime vue sur le parc de l'hôpital, de quoi me permettre une petite digression spirituelle. Est-ce que l'on peut mourir en sautant du deuxième étage ?
La blonde étudia le document attentivement. Ce qu'il y avait de profondément frustrant avec cette femme, c'était son visage professionnellement impassible quelle que soit la situation, alors pour savoir si un truc clochait dans mes examens... mystère et boule de gomme. Tandis qu'elle ouvrait enfin la bouche pour répondre à toutes mes inquiétudes, mon portable vibra contre ma cuisse et je me permis une discrète échappée visuelle vers l'écran de celui-ci. Temari.
« T'es où ? »
Je levais les yeux sur ma marraine, reportant un peu mon attention sur la conversation. Son regard était tourné vers ma mère et les premiers mots que j'entendis m'étaient totalement inconnus. Je replongeais donc sur mon téléphone pour répondre à mon amie.
« A l'hosto... »
« Quoi ? T'as encore galoché un lampadaire ?»
« Non... ma paillasse de bio, je varie les plaisirs. »
« Ah oui, on m'a vendu la mèche. Uchiwa ne s'en veut pas trop ? »
« Ça pourrait venir... C'est mortel une chute de six mètres ? »
- Sakura, tu m'écoutes ?
- Oui oui !
Plus du tout. J'ai perdu le fil.
- Donc ça ne te fait rien d'apprendre que tu as une métastase en phase 4 ?
- Ça dépend, y'a combien de phase ? ... C'est quoi une métastase ?
- Concentre-toi ! On parle de ta santé ! Si tu veux tout savoir, tes analyses sont correctes dans l'ensemble mais j'aimerais que l'on surveille quelques paramètres. Je ne vais pas te faire courir les couloirs aujourd'hui, mais au moindre malaise, tu reviens et je veux également de nouvelles analyses le mois prochain.
Cool, j'allais enfin pouvoir me tirer de cet enfer terrestre !
- Néanmoins, reprit-elle, je ne vais pas te laisser repartir si facilement. Nous allons passer au plus drôle...
oh chiotte... L'air qu'elle prit soudain ne fut absolument pas pour me rassurer et je me sentis prise au piège comme un hamster dans une boule en plastique. Je vous jure que je ne remettrais plus jamais les pieds ici tant que je n'aurais pas pris connaissance de la localisation de toutes les issues de secours.
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Je pensais que les études de médecine préconisaient un minimum d'intelligence ou même de conscience. Et bien allez dire ça à la chirurgienne éminemment renommé qui a trouvé utile de me bander les yeux pour traverser l'hôpital d'un bout à l'autre !
- Sakura, arrête de faire la tête, veux-tu ? C'était la méthode la moins dangereuse ! plaida ma mère en quittant le parking de l'hôpital.
- Ah parce que me ramasser sur le cadi chirurgical c'était pas dangereux peut-être ?!
- On a été distraites quelques secondes ! Tu n'avais qu'à pas essayer de fuir l'hôpital à l'aveugle aussi !
Ce n'était pas l'hôpital que je fuyais, pour une fois, c'était les trois pauvres folles qui étaient censées me guider pour ma sécurité !
- Bon, ma chérie, je te dépose au lycée et je file à la maison travailler un peu.
En sachant que ma justification d'absence couvrait la journée entière, je pouvais aisément dire à couvert de mon for intérieur « rêve mamounette ». Elle me laissa devant la grille du bahut et j'attendis de voir la petite voiture disparaître au coin de la rue. Ni une ni deux, je me précipitais vers l'arrêt de bus pour choper celui qui me mènerait chez ma folle de blonde. Oui, je sèche et je m'en tamponne l'oreille avec une babouche.
Temari était une amie de longue date, vivant à Suna, le patelin d'à côté, et scolarisée à Konoha pour je ne sais plus quelle obscure raison. Je l'avais rencontrée pendant les vacances d'été qui me menaient à ma deuxième année de collège. J'étais dans un train bondé de monde, sous une chaleur écrasante, les jambes en compotes, bousculer toutes les deux secondes avec un bonus de chiard gueulard à mes côtés. Dans tout ça, Temari c'était celle qui s'était assise par terre à défaut de place, celle qui avait pincé le cul du mec un peu trop relou à ma gauche et surtout, surtout... Temari c'était celle qui, de toute la contenance des ses poumons, avait brayé un sublime « Mais tu vas la fermer chialeur à la con ! » au petit emmerdeur geignant depuis dix minutes. L'héroïne du trajet le plus horrible de mon existence.
Je n'avais jamais oublié sa crinière en bataille et son regard fauve implacable, je les avais retrouvés à la rentrée et ils ne m'avaient plus quittés.
J'arrivais enfin chez mon amie, soulagée d'en avoir fini avec ces transports en commun que je détestais tant. Je vous avouerais que les escaliers de l'immeuble de Temari étaient mes pires ennemis après Sasuke et le céleri. Ce fut donc avec une joie immensément contenue que j'arrivais enfin au quatrième étage pour sonner à la porte. Cette dernière ne tarda pas à s'ouvrir sur un jeune rouquin au teint pâle et aux yeux particulièrement mornes et cernés.
- Yo Gaara !
- Qu'est-ce que tu fous là ? T'es pas en cours ?
Ravie de te voir moi aussi...
- Bah, et toi ?
- Moi, j'ai la grippe.
Hirk ! Vade retro Satanas ! Je venais de l'hôpital et hors de question d'y retourner ! Des pas précipités retentirent derrière le jeune homme qui se retrouva brusquement rapetissé de dix centimètres lorsque sa sœur si douce et délicate lui sauta sur les épaules pour m'apercevoir. Franchement, ma condition de fille unique n'était pas si mal que ça.
- Sakura ! Enfin !
Gaara se dégagea rapidement du poids de sa grande sœur et s'éclipsa au salon en maugréant.
- Désolée, le chauffeur n'a pas voulu dépasser la limitation de vitesse pour mes beaux yeux...
- Et pour tes belles jambes ?
- Alors là encore moins !
J'allais pas vendre mes jambonneaux non plus ! Temari m'entraîna rapidement dans ses pénates et c'est ainsi que posées dans la chambre bleu nuit de la blonde, nous commençâmes à discuter tranquillement dans une ambiance calme et agréable...
Avouez que vous y avez cru trente secondes. C'est en réalité à grand renfort de rire cacophonique que nous nous échangions des anecdotes tordantes, bien surveillées entre un vieux poster de Maryline Manson et la tête échevelée que Temari avait gardée de sa première poupée massacrée. La conversation était partie de ma mésaventure à l'hôpital pour continuer son bout de chemin vers l'état de Gaara puis c'était cassée la gueule jusqu'à un autre sujet, on ne peut plus d'actualité.
- Embrasse-le.
- Quoi ?
J'avais lâché un épisode en cours de route là...
Je m'étais comme d'habitude plainte de mon meilleur ami et ennemi de circonstance, relatant notre dernière interaction et les doutes qui me passaient par la tête. Un long monologue auquel Temari ne trouvait rien d'autre à répondre que :
- Embrasse-le j'te dis !
Temari, arrête la drogue, tu me fais vachement flipper d'un coup. Parfois des idées saugrenues lui sortait de la tête comme ça, souvent c'était intéressant quoi qu'un peu loufoque, mais pour le coup, je ne voyais pas trop le côté intéressant du shmilblique...
- En gros, si on résume. Ce qu'il espère là-dedans, c'est te pousser à bout. Donc mets fin à votre partie de manière radicale. Fait le gagner franchement. Il ne s'attend certainement pas à ce que tu réagisse comme ça. Si c'est juste une distraction pour lui, il va prendre la poudre d'escampette.
- Et s'il reste ?
- Je crois qu'il me reste une bombe lacrymo quelque part même si ça ne me surprendrait pas qu'il veuille effectivement tenter quelque chose de sérieux.
- Je te demande pardon ?
- Eh oh, faudrait peut-être que tu te réveilles ! Un type qui joue ce jeu-là, c'est rarement totalement innocent. Surtout que Sasuke ne jongle pas vraiment avec les conquêtes. Son côté séducteur de toute heure, il est né de la réputation de Dom Juan que les autres lui faisaient. Il n'a jamais trop abusé de sa belle gueule. D'ailleurs tu le sais très bien puisque c'est ce qui te fait tant douter. Et pas la peine de nier, je t'ai démasqué.
Berner des amis qui vous connaissait trop bien, c'était vraiment pas facile, alors si en plus de ça ils avaient tous une perspicacité à faire frémir Sherlock Holmes, je pouvais dire adieu à mon jardin secret. J'aurais peut être pas du y enterrer autant de cadavres...
- Dis moi à quoi tu penses.
- Tu sais à quoi je pense. J'ai peut-être tord, le jeu aussi c'est attractif, après tout. Quoi qu'il en soit, que ce soit pour une fois ou non, ce qu'il cherche, c'est toi. Cède, en jouant la carte de l'amourachée. Je te jure qu'il battra des records de vitesse dans le sens opposé.
- Mais il ne va jamais marcher ! Les gens ne tombent pas amoureux comme ça du jour au lendemain...
Son regard désabusé m'arrêta net. Quoi ? Qu'est-ce que j'avais dis encore ?
- Sakura, pitié. Pas à moi. Pour nous tous, y a pas de secret, y a déjà trop de choses entre vous. Ça ne nous surprendrait pas.
- Ça ne surprendrait vraiment personne que je me pende à son cou la bouche en cœur en lui débitant des mignonitude ?
Elle fronça les sourcils, tentant surement d'imaginer la scène et grimaça.
- Ah si, ça, ce serait extrêmement bizarre...
Eh bah ça me rassure ! Nonobstant, je commençais à me demander ce que je voyais si différemment des autres pour que céder aux manigances de Sasuke n'inquiète que moi. Même Naruto ne semblait pas y voir d'inconvénient. Est-ce que j'avais loupé une quelconque réunion où l'Uchiwa aurait ôté son masque de démon pour montrer un visage d'angelot à la face du monde ? Est-ce que j'étais la seule consciente du risque de ce genre de jeux ? De la potentielle différence qu'il existait entre nos deux visions envers ledit jeu ? Hey... une minute... je crois que je tiens un truc.
- Il ne t'a jamais vu amoureuse. Compte là-dessus. Fais-lui croire que tu te lâches ou.. .je sais pas. Joue la carte du « je veux être honnête avec moi-même ». Et surtout inspires toi des filles qu'il n'approche pas.
Je redescendis brusquement sur terre, mettant quelques secondes à donner un sens aux paroles de Temari.
- Tu veux que je m'inspire des trois pintades de la classe ? Celles qui ont des cheveux impeccablement laqués et coiffés, un maquillage de podium et des rires de dindon sous hélium ? Temari, a quel moment exactement tu as décidé de me tuer ?
- Relax, ça ne durera pas longtemps.
- Je ne suis pas totalement convaincue du stratagème. D'accord, il va me lâcher la grappe mais moi je veux le garder comme ami, à la base c'est quand même pour ça que je... m'interrompis-je soudainement.
- Que tu... ?
Que je suis entrain de me vendre toute seule. Parfait. Diversion, diversion, diversion...
- Et toi alors ?
- Moi ?
Admirer ma maîtrise du changement de sujet ! Une technique parfaitement subtile, précise et imparable.
- Oui, toi ! T'en es où avec Shikamaru ?
- Mais moins fort idiote ! Il y a mon frère dans le salon, je te rappelle ! Et c'est quoi cette façon de te défiler ?
En cinq ans cette nana n'a toujours pas compris que se poser des questions sur moi ne servait strictement à rien. Même moi, j'avais du mal à saisir le sens de mes réactions.
- Gaara a des accès possessifs ?
- Non Gaara est une putain de balance, celui qui a des accès possessifs c'est Kankurô.
- Mon dieu... Je croyais que tu les avais bien dressés, tes frères ?
- Je le croyais aussi jusqu'à ce que mon premier copain se retrouve à l'hosto.
Ah... C'était donc pour ça qu'il avait soudainement disparu. Je me disais aussi que c'était louche.
- Toujours est-il que ça ne répond pas à ma question.
- Qu'est-ce que tu veux que je te réponde ? Ça a dérapé une fois... une misérable fois, on ne va pas en faire tout un plat.
Haha... J'ai le droit de faire entendre mon rire ou je dois m'étouffer avec ? Sérieusement, cette fille me collait au train au moindre regard que je portais sur Sasuke mais lorsqu'elle galochait le génie du sifflart fallait jouer l'amnésie. Ben tiens...
- Et pourquoi t'essayerais pas, hein ?
- Essayer quoi ?
- Sortir avec Shikamaru.
- Mais parce que...
Vas-y trouve une excuse que je ne parviendrais pas à retourner à mon avantage. Temari ouvrit deux-trois fois la bouche sans émettre un son, j'aperçus même un éclat de détresse dans ses prunelles avant qu'elle ne se renfrogne d'un soupir agacé, les pommettes plus rouges que son pull.
- Et puis j'arrête les relations de couple, c'est toujours une galère pas possible.
- C'est cool ça, t'as une fonction auto-blush, m'amusais-je.
J'esquivais le vieil ours en peluche de la blonde, me délectant au passage de sa mine renfrognée. Mais alors que je m'apprêtais à augmenter un peu le feu sous la casserole, mon repas décida de se carapater.
- Bon, on fait quoi ce week-end ? On pourrait sortir avec les filles, samedi ? proposa mon amie.
Oh tiens, elle aussi elle maîtrise très bien la technique de diversion.
- T'aurais pas oubliée que notre bande c'est une part de pizza au fromage ? T'en tires une et tu as toute la mozza qui suit.
- Pourquoi tu compares toujours tout le monde à de la bouffe ?
- Parce que mon cerveau est le meilleur pote de mon estomac. Et puis je peux pas samedi, je suis chez les Uchiwa, pour le projet de bio.
- Ino le sait ?
- Non.
Je suis folle, pas suicidaire.
- Je me disais aussi...
Nos bavassages continuèrent jusqu'à cinq heures de l'aprèm, heure à laquelle je décidais de regagner mon domicile. Nous avions mis au point un plan, avec Temari, pour que Mr. « So beautiful » me lâche la grappe. La traîtresse n'a jamais voulu se départir de son idée première et, hormis la case bisous durement négociée, c'est après des heures de concertations, de tentatives désespérées pour lui faire oublier ses idées tordues, d'argumentations échouées et de larmes de crocodile inutiles, que je repartis...vaincue.
Je rentrais donc à la maison, tranquillement. Mes parents n'étaient pas encore là et ne reviendrait pas avant vingt heures. La pauvre petite fille abandonnée que j'étais avait donc beaucoup de temps de solitude devant elle...
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Il était sept heures quarante-cinq, et j'étais arrivée devant les grilles du lycée. Le plan pouvait commencer. Moi, Sakura Haruno, allais devoir observer puis me conformer au mode de vie de la pintade urbaine. Espèce commune particulièrement présente dans les cours de lycée. Je reluquais un instant leur garde-robe judicieusement élaborée au millimètre près pour un authentique look tendance sans défaut. Si les parents d'élèves n'avaient pas accepté le retrait de l'uniforme, je me demande bien comment ces demoiselles se serait habillées... ce serait-elles habillées d'ailleurs ? D'accord, à cet instant je suis sans doute la seule nana de l'établissement à imaginer Kin à poils.
Mon carnet de note bien planqué dans la poche de ma veste, j'avais la ferme intention de pomper consciencieusement les faits et gestes de ces demoiselles. Mais pour l'instant, je me caillais les miches à attendre Tenten et Hinata en compagnie de Shikamaru et Naruto. Ce dernier me fixait d'ailleurs étrangement depuis cinq minutes. Quoi ? J'ai une trace de maquillage sur la joue ?
- Sakura... Qu'est-ce que t'as à fixer ces filles ?
Je crois qu'il faut que je travaille un tout petit peu sur la discrétion.
- Je fais une étude comportementale sur cette espèce...
- Tu vas finir aveugle, tu le sais ça ?
Je levais les yeux vers Shikamaru, un rictus moqueur collé aux lèvres. Ces nanas le mettaient mal à l'aise. Outre leur attitude égocentrique et outrancière, il avait un certain problème avec leur garde robe. Le style des autres, il s'en fichait jusqu'à la moelle sauf lorsque l'ostentatoire lui brûlait les yeux toutes la sainte journée et l'obligeait à regarder ses pompes à chaque occasion.
- Ne t'en fait pas, je n'ai pas tes beaux yeux fragiles...
Le jeune homme leva lesdits beaux yeux au ciel et sortit son paquet de cigarettes pour en piocher une et l'allumer rapidement tout en m'ignorant consciencieusement.
- C'est plus flatteur quand c'est Temari qui le dit n'est-ce pas ?
Le gus en avala sa bouffée de nicotine de travers. Je suis fière de moi. Ce fut le moment que choisit une tornade brune pour se jeter littéralement sur moi sans que je ne m'y attende. Heureusement que j'ai un cœur en acier.
- Sakura ! Où est Temari ?
Je restais dubitative quant à l'inhabituel état d'excitation de Tenten à sept heures quarante-cinq du matin.
- Elle commence à neuf heures, comme tous les vendredis... Pourquoi ?
- Et flûte ! Naruto !
Le blond agressé sursauta et dut probablement frôler la crise cardiaque comme moi deux secondes plus tôt.
- Où est Karin ?
- Partie aux toilettes... avec Ino.
Sans un mot de plus, le regard pourvu d'une détermination telle que je ne lui avais jamais vu, elle repartit aussi vite qu'elle était arrivée, bousculant quelques hordes d'élèves stagnant devant les grilles ou se dirigeant mollement vers le bâtiment principal. J'avoue ne pas être contre une toute petite explication... Je portais donc mon attention sur Neji, Hinata et Lee qui s'arrêtèrent à notre hauteur.
- Elle ne nous a rien dit, m'informa Hinata en devinant ma question.
- Elle a juste été trois fois plus agaçante que d'ordinaire, ajouta son cousin.
- Moi je l'ai juste trouvé en très grande forme ! Vivifier par l'air revigorant d'un hiver tonifiant et...
- On a compris Lee, l'interrompi Shikamaru.
Oui parce que les analogies sur les quatre saisons et la pseudo fougue de la jeunesse absente chez quatre-vingt-dix pourcents de la jeunesse en question, ça allait bien cinq minutes.
- Hinata, je t'attends devant le portail à la fin des cours, ne sois pas en retard.
- Oui, maître ! ajoutais-je d'une voix de gobelin en me pinçant le nez.
Malgré le rire mutin qui osa passer les lèvres de sa cousine, Neji ne dû pas trop apprécier la vanne car il me lança un regard des plus noirs. Quoi ? Ce n'est pas parce que t'as été croisé avec un corneto que je ne peux pas me foutre de ta gueule !
Le brun nous laissa choir comme des vieilles chaussettes alors que Kiba pointait le bout de son nez, balançant négligemment son casque de mobylette autour de son poignet.
- Bah, où il va ?
- S'acheter de la bonne humeur.
- Bah c'est pas trop tôt ! ricana le brun.
Ce mec était le seul à apprécier mon humour foireux du matin.
- Il manque du monde là ! Où sont les folles dingues ? Et Sasuke ?
Nous n'eûmes même pas le temps de lui répondre que le puissant vrombissement d'un moteur de voiture de sport raisonna dans toute la rue, précédant l'arrivée du bolide en question qui pila à notre hauteur. Je ne savais pas si c'était le job de barman ou les stages dans le droit qui faisaient pleuvoir les pépètes mais j'étais bien tenté de suivre le style de vie d'Itachi, moi. Sauf que ce serait plus des monceaux de bouffes que je m'achèterais plutôt que des voitures de sport. Sasuke descendit en trombe, l'air passablement énervé. Oh... ça sentait la rixe fraternelle !
- Tu n'es qu'un putain de taré !
- Oh allez Sasuke ! J'pensais que t'avais l'estomac plus accroché quand même !
- Va te faire foutre !
- Quel langage châtié, dites donc !
Les deux frères dirigèrent leur attention vers nous, ou plutôt vers moi et mon incommensurable boite à camembert. Oui, je suis là, vous ne vous êtes pas arrêtés en plein Sahara mais bien devant les grilles d'un lycée de mille sept cent élèves. Non mais je précise, parce que parfois, j'ai l'impression qu'ils se croient seuls au monde...
- Tiens ! Sakura ! Comment ça va ? demanda Itachi en oubliant la mauvaise humeur de son frère.
- J'me les pelles, mais sinon ça va.
- Je t'aurais bien proposé de te réchauffer mais je suis en retard. Je vous laisse ! A ce soir Sasuke et à plus princesse !
Parfait, j'avais désormais régressé à l'âge de cinq ans pour les quelques centaines d'élèves présents autour de moi. Un jour, je vous jure que j'arriverais à lui faire oublier ce surnom. Faudrait que je me renseigne sur la lobotomie une fois dans le circuit des blouses blanches. La voiture démarra, laissant un silence de mort et l'attention de tous portés sur nous. Bon, là, j'avoue que j'aurais préféré me trouver au beau milieu du Sahara. Quoi ? Vous n'avez jamais vu un cinglé au volant d'une coupée sport ? Moi, je me le tape tous les jours.
- Tu m'expliques pourquoi tu ne viens pas avec ta bagnole ? demandais-je à Sasuke, tout en essayant d'oublier les regards rivés sur nous.
- Parce que, ce matin, Itachi a absolument tenu à m'accompagner au lycée pour inaugurer sa nouvelle acquisition. Il est sérieusement tant que ça lui passe.
- Ouais t'as raison, qu'il se reporte sur les motos ce sera largement plus discret.
- Tant qu'il a sa vitesse...
- Tu vas voir que pour sa crise de la quarantaine ce seront des avions de chasse qu'il collectionnera.
En un sens l'abandon de sa présente lubie m'aurait bien arrangé, histoire de récupérer une petite tuture sympathique. Sasuke et Ino avaient déjà un modèle entre les pattes, Lee ne se séparait plus de son scooter, quant à Hinata, elle était sans doute trop précieuse à son père pour toucher un volant. Les autres n'ayant pas encore obtenu leur sacro-saint papier. Ne restait plus que Temari et bientôt moi-même pour nous partager le butin ainsi laisser. J'avais hâte de voir la belle blonde dans un véhicule si ostentatoire, je sens que son abonnement de bus ne tarderait pas à reprendre de l'activité.
- La prochaine fois, dit lui au moins de garder ses idées moisies en son for intérieur.
- J'y penserais volontiers.
- On peut y aller ? Parce que, je sais pas vous, mais moi, la cryogénisation, c'est pas vraiment mon truc... râla Kiba en se frottant les avant-bras.
Effectivement, ce n'était pas non plus dans mes projets. Nous nous dirigeâmes donc vers la chaleur d'une sordide salle de cours et j'en profitais pour jeter un dernier coup d'œil aux quatre demoiselles que je me devais d'étudier. Oh... Si un regard pouvait tuer ça aurait été un combo d'head-shot pour ma pomme. Je m'emparais donc de mon petit calepin et je me mis à l'ouvrage, titrant deux trois pages, traçant quelques lignes de tableau avant de noter consciencieusement dans l'un d'eux « regard démoniaque ». Bon. Ça, je savais faire, c'était même l'une de mes fiertés.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Je portais mon attention sur Sasuke, qui zieutait mon carnet avec un peu trop d'intérêt, et une énorme envie de lui faire bouffer mon stylo effleura mon esprit. Mon imaginaire était calibré sur l'humour sadique, je n'y peux rien.
- Ça te regarde ?
Il leva les yeux au ciel et se retourna vers Naruto qui débitait dans le vide comme à son habitude. Tiens, moins insistant qu'a l'accoutumé... Pourquoi était-ce inquiétant ? Nous arrivâmes enfin en cours et je pris place au fond de la salle à côté d'un Shikamaru, qui devait se demander pourquoi sa voisine blonde s'était soudain métamorphosée en Pinkie Pie, tandis que la place laissée vacante près de Sasuke était subtilisée par Kin Tsuchi en personne. Je me demandais comment elles fonctionnaient dans ce genre de situation. Est-ce qu'elles tiraient à la courte paille ou Kin avait tout simplement l'avantage de... de la... du... de l'avantage ?
Je tendis l'oreille pour réceptionner les paroles de la présidente du Sasuke's fan-club, groupuscule dont l'existence avait été officiellement confirmée par ses membres l'année dernière. Vraisemblablement, ça parlait de soirée, d'invitation et de... vêtement ? Mais elle croyait s'adressait à qui ? Karl Lagerfeld ?
- Mais on peut toujours faire autre chose ! Alors, tu penses venir ?
- Je ne sais pas.
Ça, ça veut dire non ma petite dame. Je propose mes qualités de traductrice, si ça intéresse quelqu'un...
- Ce serait vraiment génial que tu sois là ! On ne se voit pas beaucoup en dehors des cours, ce serait chouette de faire des trucs ensembles !
Retenez-moi, je sens le fou rire se ramener à grand pas.
- Sakura, je rêve ou tu espionnes la conversation entre Kin et Sasuke ?
- Ce n'est pas une conversation entre Kin et Sasuke, c'est une conversation entre Kin et... l'atmosphère ?
Déjà que j'avais moi-même parfois du mal à ce que sieur Uchiwa m'écoute et me réponde, alors si en plus son interlocuteur était une fille qu'il n'appréciait pas, je doutais de la présence ne serait-ce que d'un pourcent de la conscience du brun dans cette « discussion ».
- Mais qu'est-ce que tu manigances... ?
- Ça, je le garde pour moi, Nara.
Le cours débuta sans que ni Kin, ni moi ne portions la moindre attention au professeur. Elle observait son voisin et je l'observais elle, tellement focalisée sur ma tache que notre enseignant aurait pu se faire éventrer par Cthulhu en personne que ça ne m'aurait pas dérangé le moins du monde. Je sortis mon calepin, l'ouvrant à la bonne page pour y inscrire :
« fixation flippante ».
- Je crois que tu peux te rajouter au tableau à ce compte-là.
- Moi c'est pas pareil, c'est pour l'étude.
- Sakura, je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête mais tu commences franchement à m'inquiéter...
- Je commence seulement ? Ah bah ça va ! J'ai une marge !
A ce moment on frappa à la porte et mes trois amies manquant à l'appel depuis vingt minutes pointèrent leur museau dans la salle en ayant recours à la traditionnelle excuse du passage par l'administration. J'ignorais que l'administration de notre lycée avait soudainement migré dans les toilettes des filles...
Rejoignant leurs places et bien malgré le changement de configuration qu'avait subi celle-ci, aucune d'entre elles ne daigna me jeter un coup d'œil. Hé ho ! Je sais que mon père est vitrier mais quand même ! Non, je déconne, mon père est chef de chantier. Mais vous vous en foutez, et moi aussi.
- Mais qu'est-ce qu'elles trafiquent ?
- Ça... mystère. J'ai l'impression d'être entré dans un univers parallèle aujourd'hui... répondit mon voisin d'un ton las.
- Je crois que c'est le cas...
Un univers parallèle qui s'appelle « journée de merde ». Entre l'idée bizarre de Temari que j'avais tout de même acceptée, l'humeur étrange de Sasuke et la coalition suspecte de mes amies qui semblaient m'exclure, j'avais déjà envie de rentrer chez moi retrouver mon pyjama et ma couette.
- Dit moi... pourquoi tu traînes toujours avec Sakura ?
Ah ? La prononciation de mon prénom m'alerta et je focalisais mon attention sur le duo assis devant nous. Miss Tsuchi avait une revendication me concernant, visiblement.
- C'est interdit ?
- Non. Mais, je trouve ça un peu étrange...
Ah bon ? Je ne vois pas bien ce que j'aie de plus bizarre que Naruto ou Lee et personne ne s'offusquait de leur fréquentation avec Sasuke...
- Pourquoi ?
- C'est... que tu as l'air plutôt proche d'elle et c'est une fille.
Oui, jusqu'à preuve du contraire... Je suis bien de sexe féminin. Faut-il que je m'en excuse ?
- Je n'ai rien contre les amitiés homme-femme hein ! Mais... la façon dont elle se comporte avec toi... c'est une méthode de drague has been et vachement risible, non ? Sans vouloir t'offenser surtout !
Quoi ? La p*** ! On s'en fout de lui, moi je suis offensée ! Ah non mais là, si même Kin mettait dans la tête de Sasuke que je le draguais, fallait que je change de galaxie ! C'est en arrachant presque le papier de mon calepin que je notais « médisances stupides » dans une autre ligne de mon tableau.
- Grognasse...
- J'avoue qu'elle a joliment craché son venin.
Attendez. Depuis quand nous étions en binôme sur cette étude de cas ? Je portais un regard interrogateur à Shikamaru.
- C'est pas ma faute si c'est plus intéressant que l'économie Allemande. D'ailleurs, tu as oublié « s'abonner à des magazines de merde » et « prioriser sa manucure en toutes circonstances ». Faudrait que tu te fasses une manucure... Fais voir tes ongles.
Je substituais ma main des pattes de mon voisin. Qu'il m'aide soit, mais je m'abstiendrais de ses lubies étranges. Il était hors de question que mes ongles deviennent autre chose que des armes de défense anarchiquement long, et puis je doutais des qualités de ma soudaine esthéticienne autoproclamée.
- Mais ongles iront très bien. Le problème c'est que je n'ai pas pris l'option « langue putassière » à ma naissance, ça risque d'être ardu.
- Oh ne t'en fait pas pour ça va, ton machiavélisme et ton esprit tordu compenseront rapidement.
Parfois je me demandais si je n'avais pas une réputation de vieille sorcière auprès de mes amis. Le cours se déroula lentement... très lentement... trop lentement. Shikamaru dormait, Kin avait arrêté de bassiner Sasuke qui avait fini par ne plus lui répondre et les filles ne m'accordaient toujours aucune attention. Que je me sentais seule moi...
Je ne sais pas ce qui fut le plus énervant au cours de ces deux heures : Ecouter les bavardages stupides de la reine pintade, et ses médisances occasionnelles sur ma petite personne, ou bien le comportement étrange de mes amies. Surtout que mon seul pilier s'était soudainement transformé en tyran esthétique. La pause de dix heures m'arracha un soupir de soulagement à l'instar de mon voisin de table qui s'étira tranquillement.
- Ino ! interpela-t-il sa camarade.
La blonde se retourna, interrompant l'enfournage de son sac pour ficher ses mirettes dans celles du brun.
- Ouaip ! Je te passe le cours tout à l'heure !
Shikamaru bailla tandis que la jeune fille reprenait son activité sans même m'adresser un regard. Eh oh ! Ça devenait flippant là ! Je finis par sortir de la salle, passant devant Sasuke sans l'attendre malgré sa tentative de contact désespéré. Oui, en gros je l'abandonnais aux pattes de la reine harpie. Qu'à cela ne tienne ! Naruto se chargerait de venir l'aider... enfin je crois. Dans la vaste cours du lycée chargée de groupe d'élèves plus ou moins dense, j'aperçus néanmoins celle que je cherchais, traversant la grande pelouse arborée qui séparait l'établissement du parking attenant.
- Temari !
Au vu du regard surpris et presque paniqué qu'elle braqua sur moi, la blonde du craindre un instant pour sa vie. J'allais bientôt me prendre pour Terminator.
- Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe avec les filles ?
- Bah... je n'en sais rien. Tenten a essayé de m'appeler ce matin mais je dormais encore. Pourquoi ?
- Tout simplement parce que je suis devenu aussi invisible qu'une aubergine au milieu d'une forêt de bonbec !
Elle fit mine de réfléchir puis grimaça soudainement. Ça, c'était carrément plus flippant que Terminator.
- J'y pense tout juste mais... J'ai... peut-être... par une phrase tout à fait fortuite... raconté à Tenten notre discussion. Mais elle avait l'air de trouver l'idée plutôt bonne !
Et depuis quand c'était positif ça ? Il y avait urgence. Clairement. Du coin de l'œil j'aperçus le trio rentrer dans les toilettes. J'avisais un instant Shikamaru et Sasuke précéder nonchalamment un Naruto et un Kiba surexcité, puis je me jetais en direction des petits coins avant que l'un d'eux ne me coupe dans mon élan.
- Je vais tirer ça au clair une bonne fois pour toute ! Je te ferais mon rapport !
Je l'abandonnais donc rapidement, fusant jusqu'aux toilettes en ignorant superbement l'altercation de Naruto. D'un geste assuré et vif je poussais le bâtant de la porte et tant pis pour la pauvre personne qui se trouverait peut-être de l'autre côté.
- Bon, s'il y a quelque chose qui cloche avec mon nouveau parfum, j'aimerais en être informé avant de finir en marge de la société pour le restant de mes jours ! m'exclamais-je, tout juste rentrée dans la pièce.
Je surpris donc les trois jeunes filles en pleine concertation. Ah non... Quatre jeunes filles... Visiblement, Hinata s'était rendu au mauvais endroit au mauvais moment et l'inquiétude que je lus dans ses yeux ne me disait vraiment rien qui vaille. Tenten et Ino, visiblement en confrontation, me fixèrent, dubitatives, tandis que Karin, appuyée contre les lavabos, détournait le regard innocemment, en sifflotant. Oh y'avait complot... gros complot. Je crois que je vais doucement sortir de ce traquenard moi... Un pas en arrière, deux, trois, demi-tour droite ! On décampe !
Je ne pus malheureusement franchir le seuil de la porte que deux misérables secondes avant que l'on ne me choppe et me bâillonne pour me tirer en arrière. Depuis quand mes amies s'étaient t-elles reconverties dans le kidnapping ?
- Pardon Sakura, Karin réfléchit plus vite que nous, mais pas forcément dans le bon sens, émit Tenten, le regard désolé.
Ouais, on lui sortira ça comme excuse le jour où elle aura égorgé quelqu'un. Je suis sûre que ça fera un malheur devant un juge. La précitée me lâcha finalement me gratifiant de quelques tapes sur le crâne avant de reprendre sa place.
- Bon j'avoue que c'est de ma faute, j'ai un peu embarqué tout le monde là-dedans... ajouta la brune.
- Moi ça ne me dérange pas, spécifia Ino sans que ça ne me surprenne le moins du monde.
- Est-ce que je peux au moins aller me laver les mains maintenant ? osa Hinata.
Karin la laissa passer, contrite, juste au moment ou la porte des watters s'ouvrait sur une petite blonde à lunette.
- C'est fermé ! rugit la rouquine, faisant détaler la pauvre fille.
Cette nana était un véritable cerbère et je ne remercierais jamais assez le destin de l'avoir eu pour amie et non pour ennemie. J'aurais surement rendu les armes en un rien de temps.
- Tenten, sérieusement, tu donnes aux choses des proportions affolantes.
- Tu m'as aidé, je vais t'aider. C'est aussi simple que ça très chère...
Mes intentions altruistes sont en chute libre d'un coup...
- Est-ce que je peux au moins savoir pourquoi vous me fuyez comme la peste ?
- Parce qu'on te connait, t'aurais sabordé un plan à peine sorti de l'œuf, alors que maintenant, on a un joli dragon auquel tu ne pourras rien refuser...
- Je refuse.
- Allez Sakura, on aide bien les amies à fricoter avec leur coup de cœur, je trouve que les aider à faire le contraire c'est très cohérent.
Mais cohérent avec quoi ? J'avais zappé la distribution du manuel de l'amitié ? Et puis je m'embrouillais déjà assez toute seule, alors si en plus une équipe de pseudo super nana ultra flippante s'immisçait dans l'affaire j'allais finir avec de sacrés nœuds au cerveau... plus que j'en avait déjà tout du moins.
- Moi j'en ai rien à cirer mais elle m'a acheté, se défendit Karin.
- C'est notre devoir d'amie, on doit t'aider !
- Arrête un peu l'hypocrisie Tenten. Tu trouves juste la situation tordante, rétorquais-je.
- Bon d'accord il y a aussi cet angle-là, mais justement, te rendre service en s'amusant c'est pas juste super ?
Sincèrement ? Non.
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