Je m’étais relevée tant bien que mal, malgré la fièvre qui semblait me broyer de l’intérieur. J’avais tenté d’ignorer les paroles de ma mère et la lourdeur de mon corps, mais il y avait quelque chose de plus fort, une tension que je n’arrivais pas à apaiser. Une partie de moi voulait croire que tout cela n’était qu’un rêve fiévreux. L’autre savait que c’était bien plus.

C’est alors que mon père entra dans ma chambre, son expression sévère. Rien de surprenant venant de lui.

— Xiao, viens. Tu as assez dormi, dit-il d’un ton autoritaire.

— Dormi ?! Je suis fiévreuse, tu ne vois pas ? protestai-je.

Il me fixa avec un regard qui ne laissait aucune place à la discussion.

— Peu importe. Cette fièvre est minime . L’heure est venue pour toi de t’entraîner avec un véritable adversaire. Tu es peut-être ma fille, mais je ne te laisserai pas fuir tes responsabilités.

Je levai les yeux au ciel, mais je savais que protester ne servirait à rien. Alors je luttais contre ma propre faiblesse et me traînai hors de mon lit. Si je pouvais prouver une chose, c’est que je n’avais pas besoin d’être traitée comme une enfant malade.

Mon père m’attendait dans la cour d’entraînement, où plusieurs soldats s’entraînaient à l’épée. Mais ce ne furent pas eux qui attirèrent mon attention. C’était lui.

Un garçon d’environ mon âge se tenait au centre de l’arène, une épée courte à la main. Ses mouvements étaient fluides, précis. Trop parfaits, même. Il s’entraînait contre deux soldats expérimentés à la fois, et il les dominait sans effort.

— Qui est-ce ? murmurai-je à mon père, un sourcil levé.

— Tian. Un jeune prodige du combat, expliqua-t-il, une pointe de fierté dans la voix. Il est venu des provinces du Nord pour perfectionner son art sous ma tutelle.

Lui là ? Un prodige ? Vraiment ? Je détestais déjà son air suffisant, comme s’il savait qu’il était meilleur que tout le monde. Et pour couronner le tout, il était beau. C’était agaçant. Trop agaçant.

— Alors c’est lui que je vais affronter ? demandai-je, croisant les bras.

— Pas encore, répondit mon père. Observe et apprends d’abord.

Observer ? Apprendre ? Je n’avais pas besoin d’observer un prétentieux faire son show. Mais je restai là, les bras croisés, essayant de cacher ma frustration.

Lorsque Tian finit son duel, il se tourna vers nous, essuyant la sueur de son front avec un sourire nonchalant. Ses yeux croisèrent les miens, et il s’avança vers moi avec une assurance insupportable.

— Tu dois être Xiao Hua, dit-il, son ton léger, presque moqueur.

— Et toi, tu dois être l'éffronté qui se prend pour un génie, répondis-je froidement.

Son sourire s’élargit, comme si ma remarque l’amusait plus qu’elle ne l’insultait.

— Oh pardonnez moi votre majesté la princesse impériale !  J’ai entendu dire que tu étais douée, poursuivit-il, ignorant mon ton. Peut-être qu’on pourra s’affronter un jour.

— Certainement . rétorquai-je en le fixant avec défi.

— Tu devrais te méfier, continua-t-il, baissant légèrement la voix. On dit que je n’ai jamais perdu un combat. ( Il me fait un clin d'oeil)

Je levai les yeux au ciel. Quel idiot prétentieux !

— On verra bien, Je t'écraserais moustique ! Dis-je avec un sourire sarcastique.

Il me dévisagea un instant, puis s’inclina légèrement, toujours ce sourire insolent aux lèvres, avant de s’éloigner. Mon père posa une main sur mon épaule.

— Ce garçon pourrait t’apprendre beaucoup, Xiao. Ne laisse pas ta fierté et ton orgueil t’aveugler.

Mais ma fierté, c’était tout ce que j’avais. Et je comptais bien lui montrer que je n’étais pas qu’une princesse à protéger. Si ce Tian voulait jouer au prodige, il allait découvrir que je pouvais être bien plus redoutable qu’il ne l’imaginait.

Et pourtant, une partie de moi ne pouvait s’empêcher de ressentir quelque chose d’autre, une étincelle étrange. Une tension différente. Mais je la repoussai aussi vite qu’elle était apparue. Je ne laisserais pas ce garçon avoir le dernier mot. Pas aujourd’hui, ni jamais.