Je courais dans les couloirs en essayant de rattraper mon frère. Ses mouvements étaient secs et l'air froid et humide de la ville souterraine lui balayait le visage, plaquant ses courtes mèches blondes sur son front. J'utilisai mes pouvoirs pour le rattraper et, une fois à sa hauteur, je ralentis le pas pour me mettre à son rythme. C'était très étrange de courir à cette vitesse. Bien que Jase se mouvait plus rapidement qu'un être humain grâce ses gènes de Chasseur, j'avais l'impression d'avancer au ralenti. Mes mouvements étaient saccadés et peu naturels, ce qui le fit rire. Je plissai les yeux en souriant, lui interdisant de se moquer de moi.

Nous nous dirigions d'un rythme soutenu vers la grande place où on nous attendait de pied ferme. La réunion avait commencé depuis longtemps maintenant et Clay avait perdu patience. Ne sachant pas très bien comment il s'y était pris, le chef de la ville avait réussi à me contacter par le biais de la pensée, s'introduisant avec force dans mon esprit et me faisant grimacer. Je détestais quand certaines personnes se permettaient de me contacter de la sorte. Pour moi, ce mode de communication était intime. Il n'y avait que Kaden qui me parlait ainsi parce qu'il était le seul autorisé à avoir accès à mes pensées et à mes sentiments. Ici, Clay s'était introduit dans mon esprit et sa voix agaçante avait résonné au plus profond de mon être. David avait été le premier à me contacter ainsi, ne me demandant pas mon autorisation, ce qui m'avait grandement dérangée. Mais je n'avais pas eu si mal. J'avais simplement été perturbée d'entendre une autre voix que celle de Kaden résonner dans mon crâne. Clay, quant à lui, n'avait pas hésité à me faire hurler de douleur en s'imposant brusquement dans mon esprit, fracassant toutes mes défenses et me faisant tomber à genoux. Depuis, sa voix ne me quittait plus et résonnait en boucle dans mon crâne, encore et encore.

« Que tu aies quinze minutes de retard, je le tolère. Mais une heure, c'est trop. Ramène-toi le plus vite possible, Clark ! »

Une heure... Cela faisait une heure que mon frère et moi échafaudions un plan pour mettre fin à cette guerre que nous ne pouvions plus éviter maintenant. Je savais que beaucoup nous en voudrait d'avoir manigancé cela en cachette. Mais mon frère et moi étions tous deux d'accord pour agir le plus rapidement tout en s'assurant qu'il y ait le moins de victimes possible. Même si Jase ne portait pas les extraterrestres dans son cœur, il s'accordait avec moi pour dire que trop d'innocents avaient été tués par la BPP. Toutefois, nous avions convenu d'un commun accord que certaines personnes devraient être mis au courant afin de nous aider. Si nous étions deux, notre plan relèverait d'une mission suicide. Et bien que nous voulions minimiser les pertes, nous n'étions pas idiots pour autant. Seuls, nous n'y parviendrons pas. Toutefois, même si cela me brisait le cœur, nous étions d'accord de laisser Kaden de côté. Je paniquais déjà à l'idée de lui cacher notre plan. Notre lien était si fort qu'il me semblait impossible qu'il ne découvre pas la vérité. J'avais donc enfui cela dans un coin de mon crâne, le barricadant et le camouflant à l'extrême pour qu'il ne puisse pas mettre la main dessus en épiant mes pensées.

Jase et moi continuions d'avancer dans le dédale de la ville souterraine, nous dépêchant pour ne pas envenimer la situation. Clay semblait furieux. Ses paroles m'avaient percutée de plein fouet, alarmant Jase qui s'était jeté sur moi, me demandant ce qu'il se passait. J'avais serré les dents, m'empêchant de pleurer, et lui avais tout expliqué. Il était alors parti retrouver Clay, furibond. Après m'être remise de mes émotions, je l'avais rattrapé. Il m'avait fallu du temps pour me redresser et pour retrouver une certaine stabilité tant l'intrusion de Clay dans mon esprit avait été violente.

Je me frottai le crâne en grimaçant. Ma tête me faisait souffrir le martyre. Clay avait pénétré mon esprit brutalement, se moquant des dégâts qu'il pouvait occasionner. La douleur avait été telle que je ne saurais la décrire. Le fait que des extraterrestres puissent me mettre dans cet état uniquement par la force de leur esprit me terrorisait. Qu'arriverait-il si un des alliés de la BPP utilisait son aura contre moi ? Serais-je en mesure de mettre notre plan à exécution ? Assurément, non. C'était pour cela que mon frère et moi comptions sur l'effet de surprise.

Jase n'arrêtait pas de marmonner qu'il allait s'en prendre à Clay, n'aimant pas la façon dont il me traitait et s'adressait à moi. Je levais les yeux au ciel. Il ne ferait jamais le poids face à un extraterrestre aussi puissant. Je n'étais pas contre le fait de voir Clay se faire passer à tabac. Mais je doutais fortement que mon frère survive longtemps à cette altercation. Bien que je n'y avais pas spécialement prêté attention à mon arrivée, l'aura de Clay était puissante. Encore plus que celle de David. Je n'osais même pas imaginer à quelle espèce il appartenait. Je redoutais d'ores et déjà l'étendue de ses pouvoirs. Il avait réussi à réduire mes barrières mentales en miettes à distance. Qu'en serait-il lorsque je lui ferai face ?

Kaden me contacta mentalement, me demandant où nous étions. Je lui précisai que nous n'en avions plus que pour quelques minutes avant de couper le contact. Sa présence dans mon esprit m'irritait. L'irruption de Clay dans mes pensées m'avait laissé des séquelles. Mon sang pulsait dans mon crâne et je portai une main à mon front en grimaçant. Généralement, quand Kaden communiquait avec moi, je ressentais un petit bourdonnement agréable. Les irruptions de David et de Clay dans mes pensées n'avaient rien eu de délicat. Je soupirai. J'espérais que Clay ne chercherait pas à se battre, car je n'étais pas d'attaque. Lors de ma première rencontre avec lui, j'avais ressenti ce bourdonnement caractéristique, celui qui indiquait que mon interlocuteur possédait une aura puissante. Un sentiment de malaise s'était emparé de moi et mes muscles s'étaient bandés, prêts à riposter. Mais, contrairement à David qui n'avait pas hésité à relâcher son aura pour m'écraser, Clay s'était retenu. Je ne m'étais pas sentie oppressée en sa présence. Mais, maintenant, je redoutais ma rencontre avec lui. Clay était puissant, c'était indéniable. Je ne doutais pas un seul instant que cet homme était capable de me réduire à néant sans bouger le petit doigt.

Alors que je courais, je remarquai que les couloirs et passerelles étaient vides, nous englobant dans leur atmosphère froide et humide. Les rares flambeaux illuminant les tunnels glauques s'éteignaient peu à peu, signe que la nuit devait être tombée. Je n'avais pas remarqué qu'il était si tard...

Je fixai le dos de Jase, pensive. Ses épaules contractées caractérisaient son stress permanent. Nous étions à peu près tous dans le même état. Même si nous avions trouvé un nouvel endroit où résider momentanément, nous vivions désormais dans la peur. À tout moment, la BPP pouvait débarquer et nous réduire à néant. Surtout qu'ainsi cachés sous terre, nous n'avions aucune échappatoire possible. Si les Chasseurs nous trouvaient, nous étions morts. Et j'avais trop peu confiance en Clay que pour croire qu'il nous protégerait longtemps. Rien ne me disait qu'il n'était pas capable de passer un accord avec la BPP pour sauver sa peau. Il était si imbu de lui-même, après tout.

Alors que nous approchions de la grande place, j'attrapai Jase par l'épaule, l'immobilisant.

« Nous n'avons pas pu régler tous les détails, commençai-je.

— Je t'en parlerai bientôt, me promit-il avant de se remettre en route. »

Je pinçai les lèvres, peu convaincue. Clay nous avait interrompus, ne nous permettant pas de finaliser notre plan. Nos jours ici étaient comptés. Nous avions échappé à l'assaut de la BPP, mais cela m'étonnerait que l'on puisse s'en sortir à nouveau sans se battre. Des visions d'horreur traversèrent mon esprit. Du sang, des cris, des morts. Beaucoup de morts. Je serrai les dents et inspirai profondément. Je ne laisserai pas une telle chose arriver. Les habitants de cette ville seront à l'abri. Pour toujours.

L'arche marquant l'entrée de la grande place se trouvait à quelques mètres de nous. Nous pressâmes le pas dans un silence pesant. Malgré la distance, j'aperçus parfaite la scène qui se déroulait au centre. Clay agitait violemment les bras face à un Kaden qui semblait sur ses gardes. J'accélérai l'allure, le cœur battant à tout rompre.

Avant que nous ne pénétrions par l'arche de la grande place, je posai à nouveau une main sur l'épaule de Jase, l'obligeant à se retourner.

« Pas un mot de ce que nous avons suggéré dans la clairière. Pas même à ceux que nous souhaitons inclure dans notre plan. Laisse-moi le temps de digérer tout ça, murmurai-je. »

Jase leva les yeux au ciel, exaspéré.

« Je suis loin d'être idiot, tu sais, Lili. Le but d'un plan secret est qu'il reste secret. C'est plutôt à toi de ne pas balancer tous les détails à ton alien chéri, dit-il en accentuant les deux derniers mots. Verrouille ton esprit. »

Je levai les yeux au ciel à mon tour. Ce qu'il pouvait être agaçant. J'ignorai son ton sarcastique, ne voulant pas entrer dans son jeu.

« Je ne dirai rien et tu le sais très bien, murmurai-je. »

Il me toisa longuement.

« Je ne sais pas si c'est la meilleure solution, commençai-je, mais je sais que ton plan est fiable et plus raisonnable que celui de Kaden.

— Bien sûr que mon plan est fiable, marmonna-t-il, faussement vexé.

— Évidemment, dis-je en levant les yeux au ciel. Mais il est beaucoup trop risqué. »

Il s'arrêta et je fonçai dans son dos crispé. J'avais pris cette fâcheuse habitude de malmener mon nez, ces derniers temps.

« C'est le plan « déboulé dans le hall d'accueil de la BPP à cinquante mille » qui est beaucoup trop risqué, persiffla-t-il. Kaden veut aider tout le monde et agir en nombre, mais ce n'est pas possible. Et tu le sais très bien. Nous n'arriverons jamais à faire entrer autant d'extraterrestres dans la base. Les capteurs sonneront bien avant. Leur plan est irréaliste. Le mien est peut-être tout aussi risqué, mais il est bien plus plausible.

— Et si Grace pouvait vraiment arranger les choses et désactiver les capteurs à distance ?

— Grace est une informaticienne et une hackeuse extraordinaire, me coupa-t-il, une lueur de fierté et... d'autre chose, que je ne parvenais pas à déterminer, dans le regard. Mais elle n'arrivera pas à contourner cette technologie de pointe. Du moins, pas aussi rapidement qu'on le voudrait. Et même si elle y parvenait, des professionnels rétabliraient le contact en un rien de temps. On tourne en rond là... C'est pourquoi mon plan est plus fiable et tu le sais très bien, répéta-t-il. Je sais que ton cœur balance entre les deux camps, mais cesse de faire l'avocat du diable. Car, bien que tu n'oses pas l'avouer, je sais que tu avais exactement le même plan que moi en tête. »

Je grimaçai. Pourquoi était-il si perspicace ?

« Premièrement, je ne fais pas l'avocat du diable. »

Juste un peu.

« Deuxièmement, je dois te l'accorder, tu as sûrement raison concernant Grace.

— Bien sûr que j'ai raison, marmonna Jase.

— Mais, ajoutai-je, le faisant soupirer, j'ai le droit de douter de cette mission suicide. Et, parfois, je me dis que Kaden a raison sur un point : nous avons besoin de renfort. Il y a ici une armée d'aliens survoltés n'attendant que ça : de l'action. De toute façon, j'ai l'impression que les deux plans sont tout aussi foireux l'un que l'autre. »

Il reprit son chemin, exaspéré.

« Tu m'as dit que tu voulais limiter les dégâts... Tu étais d'accord avec moi sur ce point.

— Oui, mais...

— Il n'y a pas de « mais », Lili. Nos deux plans sont risqués. Alors, il vaut mieux choisir celui qui implique le moins de gens, non ? Nous sommes la clé, Lili. Nos parents travaillaient sur un projet et ont laissé des plans dans notre ancienne maison. Je les ai examinés des jours entiers avant que tout cela n'arrive. Je sais qu'on peut y arriver, seuls, dit-il en me fixant droit dans les yeux. Grace remettra Glad-y sur pied dans quelques jours, j'en suis certain. Une fois l'accès à ces plans confirmés, on fonce. Je sais ce que je fais, dit-il d'un ton catégorique.

— Jase...

— Et je ferai cela sans toi s'il le faut, Lili, dit-il en m'attrapant par les épaules. Nos parents auraient voulu qu'on achève ce qu'ils avaient commencé. Si tu hésites et que tu ne veux plus participer, je le comprendrai. Mais ne m'empêche pas de faire ce qui me semble juste. »

Je grimaçai. Il avait touché juste, utilisant mes propres paroles contre moi. Au fond, pourquoi hésitais-je tant alors que, depuis le début, j'y pensais également ? Agir seule, minimiser les pertes. Jase m'avait apporté ce que j'espérais : une solution qui tenait mieux la route. Alors pourquoi réagissais-je ainsi ? Un trou se forma dans ma poitrine. Je réagissais ainsi parce que je ne voulais pas faire de la peine à Kaden. Je ne voulais pas le perdre. Mais, Jase avait raison. Autant choisir le plan impliquant le moins de personnes possible. Et puis, le fait d'utiliser un plan mis en place par mes parents me rassurait. Mais cela impliquait de partir seuls, sans certitude que je ne me fasse pas détecter par la sécurité étant donné mon nouveau statut mi-Chasseuse, mi-Teria. C'était extrêmement dangereux. Mais c'était la solution la plus raisonnable.

Je baissai les yeux. Nous n'avions aucune certitude de revenir vivants de cette mission. Pourtant, cela semblait si simple. Il suffisait d'accéder aux commandes centrales, de révéler notre existence au monde et le reste se ferait de lui-même. La BPP sera dissoute et les commandes seront transmises à d'autres personnes. Une fois que les autres planètes de l'Univers connaîtront notre existence, Jase et moi établirons le contact pour signaler la présence de centaines de rescapés qui attendaient désespérément de retrouver leur famille. Et tout rentrerait dans l'ordre. Simple. Du moins, sur papier.

Je finis par acquiescer, acceptant de plus en plus l'idée que ce plan était le meilleur que nous avions pour le moment. Je relevai la tête et croisai le regard glacial de mon frère.

« Laisse-moi le temps d'y réfléchir, ajoutai-je finalement, ce qui lui fit lâcher un soupir d'exaspération. Quand tu auras récupéré les plans de Glad-y, je te donnerai ma réponse. D'ici là, on ne dit rien et on fait ce que les autres attendent de nous. »

Jase afficha un sourire satisfait et croisa ses bras sur son torse musclé. Je tapotai son épaule et le dépassai en accélérant l'allure. Nous arrivâmes finalement sur la grande place, mais personne ne sembla nous prêter la moindre attention. Des éclats de voix se firent entendre :

« Tant que les Chasseurs ne sont pas là, on ne peut rien certifier, déclara une voix qui me faisait penser à celle de Carly.

— Et bien les Chasseurs ne sont pas là et n'ont apparemment pas très envie de se pointer, rétorqua la voix tranchante de David. »

Je me crispai. Toujours aussi sympathique, ce David...

« Lili a d'autres problèmes à régler, assura une voix que je reconnaissais entre mille. »

Je souris. Sa voix rauque me détendit et ce fut plus sereine que j'avançai vers le centre de la place, suivie par mon frère. Alors que je m'apprêtais à leur signaler ma présence, espérant calmer la tension qui semblait s'être accumulée, un cri de douleur déchira ma gorge et mit court à leur discussion. Plus discret que cela, tu meurs. Quelle entrée catastrophique !

Une dizaine de paires d'yeux se riva sur moi, assortis de visages incrédules. Je m'effondrai à terre, ignorant leur froncement de sourcils et leurs chuchotements médisants, et hurlai de rage. Je frappai durement le sol, pliée en deux. Je n'avais jamais ressenti une telle douleur pour un nouveau tatouage. Je vis du coin de l'œil Clay éclater de rire. Je détournai mon regard et fermai les yeux, me mordant l'intérieur de la joue pour ne pas crier. Ma respiration était de plus en plus laborieuse. Mon dos brûlait tellement que je ne savais même pas comment j'étais encore consciente. J'avais l'impression que quelqu'un m'écorchait vive, enfonçant des milliers d'aiguilles sous ma peau. Jase, qui avait aperçu l'éclat lumineux filtrer à travers mon pull, accourut vers moi et prit mon visage entre ses mains.

« Respire Lili, respire. C'est simplement un nouveau tatouage. Ça va passer. »

Je me pinçai les lèvres et hochai la tête, impuissante. Il avait beau me murmurer des paroles rassurantes, ses traits tirés m'indiquaient qu'il était tout aussi inquiet que moi. Et pour cause, l'apparition de nouveaux tatouages étaient toujours douloureuse. Mais à ce point ? Ce n'était pas normal. Mais, après tout, qu'est-ce qui était normal me concernant ?

Je fis de mon mieux pour me maîtriser, ne souhaitant pas me donner plus en spectacle. Les larmes dévalèrent mes joues et mon souffle se fit haletant. Je n'arrivais plus à parler tant la douleur broyait mes entrailles. Certaines personnes commencèrent à s'inquiéter, mais je vis du coin de l'œil Kaden leur expliquer la situation. Clay s'approcha de moi, la tête penchée sur le côté, observant, fasciné, le processus de marquage que je subissais. Je grimaçai. Je me sentais déjà suffisamment honteuse ainsi. Je n'avais pas en plus besoin d'avoir l'impression d'être une bête de foire. Je serrai les dents, tentant de faire abstraction des gens autour de moi.

J'entendis des pas précipités s'approcher et une douce chaleur m'envahit, ce qui me soulagea brièvement. Kaden s'agenouilla près de moi et posa délicatement ma tête sur ses genoux tout en dégageant les quelques mèches qui étaient plaquées sur mon front. Il tenta de me soulager à travers notre lien, mais ce n'était pas suffisant. La douleur persistait encore. Toutefois, j'entendis quelqu'un murmurer, méprisant :

« Je vous l'avais bien dit. Elle est beaucoup trop faible.

Cette réflexion inappropriée ne pouvait provenir que de Clay. Étant un extraterrestre, il ne pouvait pas comprendre la douleur qu'occasionnaient de nouveaux tatouages à leur propriétaire. Mais, manifestement, il n'était pas du même avis. Il se permettait de me juger.

Je fermai les yeux, laissant les larmes s'écouler sur mon visage, l'ignorant royalement. Kaden caressa mes joues, me murmurant des paroles réconfortantes pendant que Jase s'assurait que j'allais bien. Clay s'impatienta, allant même jusqu'à dire que je pouvais cesser de jouer la comédie. Je ne pus m'empêcher de ricaner. J'aurais bien voulu le voir, moi, dans cette situation.

Mon tatouage avait peut-être mis une ou deux minutes à apparaître. Pourtant, j'étais toujours immobilisée sur le sol, en nage, incapable d'esquisser le moindre mouvement. J'avais l'impression d'avoir été marquée au fer chauffé à blanc.

Je sentis Jase enlever mon gilet et, voyant que je ne réagissais pas, il se permit de soulever mon débardeur pour avoir accès à mon dos. Kaden m'apaisait toujours à travers notre lien, mais semblait plus concentré sur les gestes de mon frère. Un long silence s'ensuivit et je respirai enfin, la douleur s'étant pratiquement dissipée. Kaden prit mon visage entre ses mains et me sourit tendrement. Je fronçai les sourcils et clignai plusieurs fois des yeux, grisée par cette douleur vive qui venait de s'estomper.

« Quoi ? Que se passe-t-il ? parvins-je à murmurer d'une voix rauque et faible devant l'éclat de fierté qui brillait dans les yeux de Kaden. »

Je le sentis se détendre auprès de moi.

« Ta Marque s'est complétée. Et, crois-moi, elle est magnifique, me murmura-t-il en posant son front contre le mien, soulagé. »

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> Lili a-t-elle pris la bonne décision ? Appliquera-t-elle le plan de son frère ?

> À quoi peut bien ressembler la nouvelle Marque de Lili ? Cela a-t-il un rapport avec la plan de Jase ? A-t-elle scellé son destin ?

> Que pensez-vous du comportement de Clay ? 

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Publié le 06 juin 2018 / Modifié le 09 septembre 2022