Chapitre 1.1
Si vous pensiez être seuls dans l'Univers, sachez que ce n'est pas le cas. J'avais parfois du mal à comprendre pourquoi les humains avaient tendance à se croire uniques. Quoique... Ils sont si égocentriques.
Me défaisant de mes pensées, je levai la tête de la scène de crime et croisai le regard bleu et glacial de mon frère. Il s'approcha de moi d'un pas déterminé et me demanda :
« Tu penses que c'est un Globalt ?
— Non, répondis-je, pensive. »
Je penchai la tête sur le côté, mes longs cheveux blonds volant au gré du vent, et examinai à nouveau la scène de crime. Quelque chose clochait. Cela avait tout l'air d'être l'œuvre d'un Globalt, un extraterrestre odieux et répugnant. Toutes les preuves tendaient vers cette résolution. La traque, l'isolement dans un endroit sans issue, les lacérations, la position de la victime... Il ne pouvait y avoir de doute. Pourtant, je n'y croyais pas une seule seconde. J'avais passé des années à traquer les extraterrestres et à les punir pour leurs crimes. Et au fil du temps, j'avais développé un sixième sens, ce qui me rendait experte dans ce domaine.
Alors que j'observais le corps sans vie de la jeune femme abandonné dans une ruelle sombre, accroupie, mes coudes en appui sur mes genoux, je savais au plus profond de mon être que ce n'était pas uniquement un Globalt qui avait commis cet acte infâme. Il était certain que seul un être aussi cruel pouvait être à l'origine d'une boucherie pareille. La femme, dans la trentaine environ, gisait, la bouche grande ouverte. Ses bras et ses jambes étaient placés dans des angles improbables, signe qu'elle avait été propulsée contre les murs avec violence à plusieurs reprises. Une plaie béante courait le long de son ventre, révélant ses organes et faisant couler sur le bitume du sang de couleur sombre. Les habitants de la planète C-Globalt étaient dotés d'une force surhumaine et de longues griffes qui leur permettaient de lacérer leurs victimes. Ils se nourrissaient d'organes frais, ce qui expliquait les plaies que l'on retrouvait sur le corps des victimes ayant croisés leur route. Malheureusement pour ces aliens, ils n'étaient pas très malins. Ils opéraient toujours selon le même schéma et il était très facile de les retrouver et de les exécuter avant qu'ils ne fassent d'autres dégâts.
Je me relevai finalement et détournai mon regard de cette scène affreuse. J'en avais vu assez pour aujourd'hui. Fermant les yeux, je soupirai. Toutes ces réflexions me donnaient mal à la tête. Je savais qu'un détail nous échappait. J'en étais certaine. Mon sixième sens me hurlait que ce n'était pas uniquement l'œuvre d'un Globalt. Je me frottai les tempes. Il y avait eu un Globalt ici, c'était certain. L'analyse de la scène de crime était formelle. Pourtant, un troisième individu avait été présent au moment du meurtre. Je ne pouvais pas exactement le prouver, mais je le pressentais.
« Qui es-tu ? murmurai-je pour moi-même, pensive, me remémorant tous les détails de la scène de crime. »
Je tournai la tête brusquement et ouvris les yeux, me sentant observée. Mon frère me fixait, impassible. Je le regardai dans les yeux avant de reprendre sérieusement :
« Tout me fait penser à ta conclusion, Jase. Mais ce liquide visqueux, dis-je en pointant du doigt une traînée de sang non-humain, n'appartient pas à un habitant de la planète C-Globalt. On dirait qu'un troisième individu a été blessé et a réussi à s'en sortir.
— Un nouveau type ? me questionna-t-il. »
Je me munis d'un bâtonnet stérilisé pour prélever la substance translucide aux reflets verdâtres et le renfermai dans un petit flacon, délicatement. Je soupirai et me redressai pour tendre le flacon à Jase. Il était impératif d'analyser le contenu du récipient le plus rapidement possible afin d'élucider ce mystère. Si j'avais raison, mon frère et moi serions récompensés pour cette découverte surprenante.
« J'en ai bien peur, Jase. Et s'il a réussi à survivre à l'attaque d'un Globalt, c'est qu'il est plutôt dangereux, dis-je avec une moue dubitative. »
Effectivement, si ce nouvel alien existait réellement, il serait bien compliqué de l'attraper. Les Globalts sont certes stupides, mais excessivement puissants. Et le mystérieux individu s'était échappé. Ce qui signifiait que mon frère et moi aurions bien du mal à le traquer et à le ramener vivant à la NASA pour analyses. Cette affaire allait nous donner du fil à retordre. Et rien que d'y penser, j'en frissonnais de plaisir.
Mon téléphone bipa, me tirant de ma rêverie. J'y jetai un rapide coup d'œil et grognai de mécontentement, expliquant à Jase qu'il devrait rentrer seul cette fois, et à pied. Mon frère m'interrogea du regard, ne comprenant pas pourquoi je lui disais cela. Sans lui répondre, je me dirigeai vers notre Hummer noire et démarrai en trombe. Jase courut derrière le véhicule avant de se résigner. Je pouvais l'observer maugréer dans le rétroviseur central, ce qui me fit sourire. J'entrai les coordonnées du quartier général de la NASA dans le GPS et passai en mode « conduite automatique ». Je baissai mon siège en position horizontale et fermai les yeux, laissant l'intelligence artificielle de ma voiture me conduire à bon port.
Une alarme me tira de mon sommeil agité. J'observai le tableau de bord : il était tard et j'en avais encore pour plusieurs heures de route. Un message d'erreur holographique me signala que la batterie serait bientôt à plat. Je râlai. Les journées avaient été mauvaises ces derniers temps et les panneaux solaires dissimulés sur le toit et le capot de la voiture n'avaient pas capté un seul rayon de soleil. Et évidemment, Jase n'avait pas pensé à charger la voiture récemment...
Je décidai donc de m'arrêter brièvement en chemin pour recharger la Hummer à un motel. Je passerais la nuit sur place. J'étais bien obligée, même si cette idée ne m'enchantait guère. Une fois les données entrées dans l'ordinateur, le bolide changea de cap et se dirigea vers ma nouvelle destination.
La voiture se parqua convenablement et le moteur s'éteignit. Je sortis et soupirai. Le motel était vieux et décrépit. Étant tenu par une intelligence artificielle, il ne fallait pas s'attendre à mieux. Je pénétrai à l'intérieur du bâtiment et un majordome holographique surgit de nulle part pour me demander si j'avais une réservation. Je répondis par la négative et il me proposa une chambre. Je réglai rapidement la note et fus téléportée 500 mètres plus loin, devant la chambre 17. Je remerciai brièvement le majordome qui disparut dans une étincelle de lumière. Je me frottai le cou et gémis. Je n'aimais pas être téléportée. Il s'agissait certes de petites distances mais je ne le supportais pas bien. Je me sentais toujours flagada après.
Je pénétrai alors dans la chambre d'un pas lent, me remettant de mes émotions. La pièce était petite, mais correcte, ce qui me rassura. Je fis l'impasse sur les divers services proposés par l'intelligence artificielle du motel et me jetai sur le lit dur, soulevant un petit nuage de poussières, signe que la chambre n'avait pas accueilli un client depuis longtemps.
Ma nuit fut courte et agitée, sans rêve. Une fois réveillée le lendemain matin, je repris la route. Le soleil pointait le bout de son nez, ce qui signifiait que ma voiture aurait assez d'autonomie jusqu'à destination.
Une fois arrivée devant le quartier général de la NASA, je laissai ma voiture se garer seule et pénétrai dans le bâtiment en verre après avoir passé les quelques tests de sécurité. Je marchai à travers les couloirs du centre spatial accompagnée de deux gardes du corps. Mes hauts talons noirs claquaient sur le sol et battaient au rythme effréné de mon cœur. Je n'avais pas l'habitude d'être convoquée, surtout seule. J'essuyai encore une fois mes mains moites sur le haut de mon pantalon en cuir noir et réajustai mon t-shirt. Les gardes s'arrêtèrent et ouvrirent une porte blanche. Je hochai la tête en signe de remerciement et m'engouffrai dans la pièce sans un regard en arrière.
Je n'étais venue qu'une fois dans cette salle de conférence. C'était lorsque j'avais prouver au comité l'existence, dans notre galaxie, d'une nouvelle planète qui portait d'ailleurs la lettre « L », L-Clark, en mon honneur. Une marque de gratitude en quelque sorte. Je souris à ce souvenir réconfortant. Mais rapidement, la panique ressurgit et une boule se forma dans ma gorge. Je ne savais vraiment pas pourquoi Monsieur Reichd, le directeur de la section paranormale, m'avait conviée. Et si j'avais bravé un interdit ? Si on me demandait de quitter cette unité spéciale ? Que ferais-je de ma vie ? D'ordinaire calme et sereine, je perdis tout contrôle. Mes mains tremblaient légèrement et de fines gouttes de sueur perlaient sur mon front. J'avais déjà déambulé dans les couloirs de cette section spécifique. Le grand bâtiment moderne ne m'était pas inconnu. Mais il était rare que le directeur de la Brigade des Phénomènes Paranormaux, appelée la BPP, une unité spéciale et secrète gravitant autour de la NASA, convoque qui que ce soit dans son bureau.
Je profitai des quelques secondes de silence pour me calmer et observer la pièce. En quelques années, la salle n'avait pas changé : les murs et les mobiliers étaient toujours d'un blanc immaculé et un beau lustre en cristal trônait au-dessus de la grande table centrale. Des écrans géants affichaient çà et là des images de la Terre et d'autres planètes habitées.
Un raclement de gorge me fit revenir à la réalité et un homme en costume noir et à la moustache grisonnante me sourit. Il m'invita à prendre place sur la chaise à côté de lui. Je m'exécutai et attendis qu'il prenne la parole, ne sachant pas quoi dire.
« Mademoiselle Clark ! C'est un plaisir de vous voir à nouveau ! annonça-t-il fièrement.
— De même pour moi, Monsieur Reichd, dis-je en lui serrant poliment la main. Que me vaut l'honneur de cette invitation ?
— Eh bien, commença-t-il en se tournant vers moi, nous avons fait une découverte intéressante. »
Je haussai légèrement un sourcil. Une découverte ? Monsieur Reichd se leva et se dirigea vers les différents écrans qui ornaient les murs avant de poursuivre son explication :
« Face à cette incroyable nouvelle, nous avons décidé de vous contacter sur le champ. Vous êtes un de nos meilleurs atouts, ne faites pas cette tête surprise, ajouta-t-il en voyant ma mine ébahie. Et puisque nous savons que vous étiez en mission avec votre frère, nous avons préféré vous contacter vous, uniquement, pour que Jase puisse continuer vos recherches. Vous êtes sur une piste assez importante et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du temps. »
Je hochai la tête, comprenant pourquoi la BPP m'avait fait venir seule.
« Et puis, cela tombe parfaitement bien que vous soyez là vu que votre frère nous a fait parvenir l'échantillon que vous avez prélevé hier sur la scène de crime, dit-il en souriant. Nous l'avons reçu tôt ce matin. »
Décontenancée par les propos du directeur, je tentai de cacher ma surprise. Pourquoi Jase leur avait-il envoyé l'échantillon ? Nous travaillions en tant qu'indépendants pour la Brigade de Phénomènes Paranormaux. Nous avions certes été formés par la BPP, mais nous fonctionnions par contrat. On nous donnait des missions, on les effectuait, on encaissait l'argent. Nous ne leur devions absolument rien, et sûrement pas un échantillon que nous étions capables d'analyser nous-mêmes. C'était notre découverte et nous ne pouvions pas prendre le risque de nous faire devancer par d'autres au sein de la BPP. J'étais en train de pester silencieusement contre mon frère lorsque Monsieur Reichd s'avança vers un tableau de projection.
« Nous avons découvert une nouvelle planète opposée à la nôtre dans notre propre galaxie, commença-t-il, ignorant mon trouble. Elle se situe à quelques milliards d'années-lumière, mais possède un taux d'oxygène extrêmement élevé, déclara-t-il, les yeux pétillants.
— Et vous pensez donc qu'il y a de la vie là-bas, supposai-je, comprenant tout doucement pourquoi on m'avait convoquée.
— Non. Enfin, on y a pensé au début. Mais vous savez avec votre expérience que tous les extraterrestres n'ont pas besoin d'oxygène pour vivre. Le taux d'oxygène ne veut donc rien dire... »
Il me sourit amicalement puis continua son discours :
« Ce qui nous intéresse ici, c'est que cette planète est parfaitement similaire à la nôtre, ce qui est plutôt incroyable. Une véritable copie conforme ! Ce qui signifie que l'on pourrait y vivre...
— Y vivre ? l'interrompis-je, surprise. Sur une planète jumelle de la Terre à quelques milliards d'années-lumière ? C'est... impossible.
— Incroyable, annonça-t-il, mais pas impossible vu qu'elle existe.
— Mais on parle de milliards d'années-lumière... c'est de la folie.
— Nous savons ce que représente pour nous, humains, précisa-t-il en me regardant, des milliards d'années-lumière. Mais les avancées technologiques sont fulgurantes. Nous pourrions bientôt envisager de franchir cette distance en un rien de temps. »
J'avalai difficilement ma salive sous le regard perçant et menaçant du directeur. Je tentai tant bien que mal de digérer les informations qu'on venait de me fournir. Une planète jumelle située à quelques milliards d'années-lumière ? C'était ce que tous les scientifiques du monde entier espéraient depuis des lustres. Pour eux, cela représentait la clé pour sauver l'humanité. Ou plutôt pour abandonner notre planète meurtrie pour en détruire une autre.
« Et moi dans tout ça ? repris-je doucement, désireuse de connaître la véritable raison de ma présence dans ce bureau, même si les pièces du puzzle s'assemblaient doucement dans ma tête.
— Votre frère nous a envoyé l'échantillon car il ne provient d'aucune espèce répertoriée dans notre base de données. »
C'était donc pour ça que Jase n'avait pas gardé notre découverte secrète. Nous avions besoin de la BPP. Et cela ne me plaisait pas du tout. Je redoutais d'ores-et-déjà la demande de Monsieur Reichd.
« Nous sommes donc à peu près certains qu'il s'agit d'un Teria, annonça-t-il, fièrement.
— Un Teria ? répétai-je, perdue.
— Oui. Je vous présente X-Teria, la planète jumelle de la Terre ! s'exclama Monsieur Reichd, un grand sourire sur les lèvres. »
Une planète bleue se matérialisa sur l'écran, devant mes yeux écarquillés et ma bouche grande ouverte. Je manquai certes de professionnalisme mais je ne m'attendais pas à autant de révélations. J'observai X-Teria. C'était la plus belle planète que j'avais vue. Et pourtant, j'en avais vu des planètes grâce à mon métier sortant un peu de l'ordinaire. Elle ressemblait tant à la Terre mais paraissait encore plus merveilleuse. Le directeur de la BPP venait d'éveiller ma curiosité.
« Vous voulez que je trouve ce... ce... commençai-je, butant sur le nom de la nouvelle espèce extraterrestre que nous venions tout juste de découvrir, mon frère et moi.
— Ce Teria, répéta Reichd en souriant. Et nous voulons que vous nous le rameniez, vivant, se sentit-il obligé de préciser. Ainsi, nous pourrons l'analyser afin de vérifier que nous aurions bien la possibilité de vivre sur cette planète. »
Sa dernière phrase me fit tiquer. Je me crispai, comprenant ce que cela voulait dire.
« Vous voulez savoir comment ils sont venus jusqu'ici pour pouvoir un jour aller sur X-Teria, n'est-ce pas ? demandai-je, en sentant la colère monter en moi. On ne peut pas coloniser leur planète ! dis-je en me levant précipitamment, m'emportant complètement. »
Mon métier consistait à tuer des extraterrestres parce qu'ils n'avaient rien à faire sur Terre et parce qu'ils commettaient d'effroyables crimes. Cela, je l'acceptais. Mais coloniser une planète... Cela revenait à devenir ceux que je traquais sans relâche. Et cela m'était inconcevable.
« Mademoiselle Clark, dit-il en se dirigeant lentement vers moi et en posant ses deux mains sur mes épaules pour m'inviter à me rasseoir. Notre belle planète bleue se meurt. C'est une réalité. Les experts le disent depuis une centaine d'années. Nous n'avons pas d'autres solutions. Et jusqu'à maintenant, aucun des extraterrestres connus ne nous offraient une planète habitable. Mais ici, X-Teria est parfaite. C'est notre unique chance de survie. Nous voulons juste vivre en paix avec eux, insista-t-il, pas les tuer. »
Je le dévisageai, perdue. Des milliers de questions se bousculaient dans ma tête. Depuis toute petite, je m'entraînais et chassais les extraterrestres pour assurer la sécurité des humains. Mais les aliens n'étaient pas tous dangereux. Oui, s'ils envahissaient la Terre, s'ils étaient malveillants, il fallait les éliminer. Cela ne me dérangeait pas vu que c'était pour le bien de l'humanité. Mais tant que ces mêmes aliens ne nous menaçaient pas, il n'y avait aucun intérêt à les exterminer... surtout sur leur propre planète. Tuer des supposés innocents ? Ce n'était pas ce que je faisais, ni ce que je voulais faire en m'engageant auprès de la BPP.
J'étais tellement troublée que je ne remarquai pas le sourire satisfait de Monsieur Reichd. Quelque chose ne tournait pas rond, à nouveau, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt sur ce qui clochait.
Je secouai la tête pour chasser mon trouble et toutes ces questions qui se percutaient dans mon crâne. Je me levai à nouveau et me dirigeai vers la porte d'un pas hésitant, consciente que Monsieur Reichd n'avait plus rien à me dire. Avant de sortir, je me retournai et lançai par-dessus mon épaule :
« Je vais y réfléchir. Mais sachez que ça ne fait pas partie de mes principes, Monsieur Reichd.
— Nous n'allons pas les exterminer, Mademoiselle Clark. Nous souhaitons simplement vivre en paix avec eux, répéta-t-il encore une fois. Leur planète est assez grande pour nous accueillir, d'après nos calculs. Nous avons juste besoin d'un Teria pour lui parler. »
Je l'observai, tentant d'évaluer le bien et le mal dans cette situation. Je déglutis et hochai la tête.
« Dans ce cas, vous avez mon accord. »
Je sortis de la pièce et m'engouffrai dans le dédale de couloirs, convaincue d'avoir fait le mauvais choix. Le discours du directeur de la BPP n'était pas net. Toutes ces informations qui arrivaient comme par hasard maintenant... Quelque chose clochait. Je devais parler à mon frère, et vite.
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LosUnivers
Publié le 17 septembre 2017 / Modifié le 29 juin 2021
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