Sophie
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Une voiture décapotable, de la bonne musique, du soleil et le rire de ses amis ? Il n'y avait pas de meilleure façon de passer ses vacances. J'avais encore les yeux remplis des images des villes que nous avions traversées en Espagne et en Italie. Nous avions même fait deux jours en Sicile. C'était vraiment magnifique mais j'avais un amour particulier pour la France. J'y étais venue plusieurs fois et mon frère y avait vécu quelques temps. Mon regard se perdit un peu sur le paysage qui passait. La dernière fois que j'étais venue, Cameron était là avec moi. Il m'avait rejointe grâce à Paul.
Paul...
J'avais hâte de le revoir. Le fait de le quitter pendant quelques semaines avait confirmé que je l'aimais profondément. Avait-il bronzé autant que moi ? Serait-il content de me revoir ? Je me posais beaucoup de questions et déjà , j'entendais sa voix ironique me dire que je ne devais pas me soucier d'autre chose que de son amour.
-Sophie ? T'es une copilote de merde, tu le sais ?
Ray et Clive dormaient à l'arrière et Sarah conduisait.
-Je pensais à Paul, désolée. Il faut que tu tournes à droite dans 500m.
-Tu as hâte de le revoir non ? Je ressens ça avec Chuck. Il me manque vachement. C'est aussi pour ça que j'ai fait le compte Instagram. Je sais qu'il le suit, il me l'a dit.
-Il va bien ?
-Il devrait nous rejoindre dans les prochains jours. Il a fait une campagne de pub, il était exténué. Et sa mère l'a gavé de fou. Elle déteste la longueur de ses cheveux, elle lui fait des remarques tout le temps.
-Pourquoi il ne prend pas son propre appartement ?
-Il n'aime pas vivre tout seul et il ne veut pas abuser de ses potes. Je lui ai déjà dit que s'il avait envie de passer dans notre prochain appartement, on serait ravie de l'accueillir.
-T'as bien fait Sarah. Mais attends... c'est la première fois que tu viens en France ?
-Oui ! J'aurais préféré ne pas venir après un second attentat mais bon...
Le temps d'un instant j'avais oublié le drame qui s'était de nouveau produit dans ce beau pays quelques semaines auparavant. Nous étions en Italie quand nous avions vu ça et le premier réflexe de Sarah avait été d'appeler son petit ami. Il avait pleuré au téléphone d'après elle. Elle en était toute retournée.
-Mais bon, c'est un très beau pays et j'ai hâte d'en découvrir plus ! Mon oncle m'a demandé de lui faire expédier quelque bouteilles de champagne.
-Tu m'étonnes ! Ils en liquident par litre avec la Famiglia. Il t'a donné un budget ?
-Oh que oui, j'ai vérifié mon compte en banque et j'ai failli faire une syncope. Ils mettent vraiment de la thune dans leur alcool.
-On va éviter de faire les comptes de notre road trip, ris-je.
Nous avions loué une voiture à Nice la veille et nous roulions à tombeau ouvert sur l'autoroute. Nous avions un peu visité la ville avant de repartir. Sarah avait accepté de prendre le volant de nuit. Depuis le début de notre périple, nous avions conduit à tour de rôle. J'avais accepté de rester éveillée, étant la seule totalement bilingue dans la voiture. Sarah suivit mes indications et nous finîmes par arriver au niveau d'une station service. Pendant qu'elle faisait le plein, j'en profitai pour acheter des sucreries. Mon téléphone sonna à ce moment là.
-Hank !
-Salut crapule ! Parait que tu es en Europe ?
-Oui !!!
-Je suis rentré y'a peu pour régler une affaire, on se fait une bouffe avec Microllister, le petit chanteur métrosexuel et le mec que tu t'es tapé ?
-Mais...
-Je suis au courant de tout.
-T'es grave toi. Si tu parles de ça à Paul, je te jure....
-So' ! Je suis ton frère à toi ! Je ne vais pas dire à ton copain que tu es partie en vacances avec un mec qui a vu l'intérieur de ta grotte, je suis pas con à ce point.
-Tu es tellement classe Hank.
-Je suis le premier garçon de la Famiglia. C'est tout ce que j'ai à dire.
Je me mis à rire et mon frère me suivit dans son rire.
-Je te rappelle qu'on a acheté une maison de vacances à la plage. On se donne rendez-vous là-bas ?
-C'est quoi l'affaire qui te retient en France alors que tu étais parti aux USA pour les vacances ?
-C'est pour le taf, je n'ai pas eu le choix...
Mon frère resta un petit moment avec moi au téléphone et je rejoignis la voiture. J'avais hâte d'aller le voir et je prévins Sarah que mon frère volait qu'on se fasse un déjeuner ou un dîner.
-Moi ça ne me dérange pas du tout ! Les garçons sont réveillés, on va leur demander !
Apparemment, l'idée d'aller déjeuner chez mon frère ravissait tout le monde et je lui envoyai un message pour confirmer notre présence. Notre road trip en France n'allait pas être très long mais je comptais bien le rendre intense. J'avais l'intention de faire du shopping à mort et j'avais déjà renvoyé certaines de mes affaires aux USA, achetées en Italie. Je pris la seconde partie de la route. Nous avions décidé de partir vers Bayonne et remonter la côte vers Paris. Ray avait fait concert dans cette ville et il voulait absolument y retourner. Nous y arrivâmes au petit matin, alors que la ville était encore endormie. Nous arrivâmes près de notre hôtel. Clive avait fait le nécessaire pour que nous puissions arriver à cette heure matinale et je m'affalais sur mon lit avant de prendre mon téléphone. La tête de Brian arriva sur mon fil d'actu. Quand il était arrivé dans nos vies, je l'avais juste trouvé beau. Brian était le genre de gars capable de prendre le cœur d'une fille d'un sourire. Son côté bad boy et mystérieux était contrebalancé par une intelligence hors du commun qu'on pouvait saisir rien qu'en le voyant. Brian ne voyait pas le monde comme nous, j'en étais certaine. Il avait toujours une dizaine de kilomètres d'avance sur tout le monde même s'il ne le montrait pas. Je l'avais senti les quelques fois où j'avais pu être toute seule avec lui. Le monde il le voyait par le prisme des auteurs qu'il lisait pendant les périodes d'insomnies qu'il avait de temps en temps. Il me l'avais avoué le jour où Sarah s'était enfui avec Wyatt. Triste période que celle-ci. Nous étions tous les deux à la rechercher et la fatigue se voyait sur ses traits. « Ce n'est pas la première fois que je ne dors pas., m'avait-il dit, je fais souvent des insomnies mais je compense à mort pour que personne ne le remarque. Et généralement j'envoie chier Sarah ces jours-là. J'aimerai bien pouvoir continuer à le faire. La faire chier. Putain. Je ne veux pas qu'il lui fasse du mal. C'est un taré Wyatt ». J'avais lu le désespoir dans ses yeux et pourtant quand il l'avait revu, il s'était comporté comme d'ordinaire. Brian et Sarah étaient un véritable mystère pour moi. Il m'était arrivé d'imaginer ce qui aurait pu se passer s'ils avaient été des camarades sans leurs liens familiaux. Ils auraient sûrement fini ensemble. Sarah aurait pu emmener de la joie spontanée dans la vie de Brian et lui, tout comme Chuck, aurait pu lui apporter la sécurité à laquelle elle aspirait tant.
Sarah venait de s'endormir et je l'observai en catimini. Ma meilleure amie était un petit ange qui parfois se prenait pour un diablotin. Depuis qu'elle était avec Chuck, je la sentais tellement apaisée. Elle riait souvent, comme si les soucis s'échappaient d'elle. Elle profitait pleinement de la vie et j'en étais tellement heureuse. Une voiture me dépassa sur l'autoroute et je fis un petit écart pour l'éviter. Certaines personnes l'été faisaient vraiment les cons sur la route et je ne les comprenais pas. Avoir un accident était tout bonnement terrible et infliger ça à une autre famille...
Je plissai des yeux pour ne pas penser à Elena McAllister. Je ne voulais pas pleurer. Je secouais la tête et je mis un peu la radio. Les informations me tinrent compagnie et quand nous arrivâmes à Bayonne, j'étais un peu lessivée. Sarah se réveilla et me présenta ses excuses.
-Je suis une copilote de merde, déso.
-T'inquiète pas. J'aime bien écouter les informations en voiture je te rappelle.
Elle s'étira et regarda autour d'elle. Elle huma l'air ambiant et me sourit largement.
-Tu es déjà venue à Bayonne ?
-Absolument pas ! Mais j'ai lu plein de trucs intéressant dessus.
Je commençai à lui en parler alors que je me garai près de l'hôtel. Ray avait réservé plusieurs chambres dans un mini manoir de style baroque et il était impressionnant à voir. Les garçons se réveillèrent à ce moment là. Clive paraissait vraiment désolé et Ray était dans les vapes.
-Il est encore tôt... ça vous tente d'aller se promener, d'aller choper des trucs à manger et de revenir un peu plus tard ? tentai-je.
Il était près de 8h du matin et il faisait déjà un peu chaud dans la ville. La canicule touchait cette partie de la France et cela me rappela la maison l'été. Je fus désignée pour aller chercher de quoi nous sustenter et nous nous installâmes dans un parc public avec des cafés chauds achetés chez Starbucks. Sarah goûta le sien et me fit remarquer qu'ils n'avaient pas totalement le même goût qu'aux USA.
-Franchement, je trouve qu'on a été un peu sage pendant nos vacances, nous fit remarquer Ray. Je propose qu'on se mette un peu au défi.. celui qui ramène le plus de flouze ?
-Tu veux faire un spectacle de rue ? hoqueta Clive. Je suis okay. Il faudrait se mettre dans un lieu touristique. Mais je propose qu'on corse un peu la partie. Celui qui ramène le moins d'argent a un gage par l'autre équipe valable pendant le mois qui arrive.
Je n'avais pas envie de participer mais nous fîmes deux équipes. Je filai avec Clive. Ce dernier semblait sûr de lui et c'était sûrement l'essentiel.
-Je dois absolument gagner. J'espère que tu es dans ma team Sophie.
-Apparemment, je le suis, ironisai-je.
Je reçus au passage un message de mon amie. « On corse le truc ? La perdante paye un restau à l'autre une fois rentrée à la maison ». J'étais partante. Nous devions mettre au point une stratégie pour défoncer le game. J'étais dans le fond, une mauvaise joueuse et je ne voulais pas perdre.
-Écoute, on va aller acheter une guitare, dis-je et je te cherche la plus grande place de Bayonne. Je refuse de perdre contre Sarah McAllister.
-Pas de guitare, on en a pas besoin. Tu es danseuse non ? On va mettre au point une chorégraphie et on va faire un spectacle chanson et danse. On va les défooonncer.
Je lui tapais dans la main, gonflée à bloc. Cependant, c'était clairement plus facile à dire qu'à faire. Nous étions dans un parc à nous entrainer pour une danse et nous passions notre temps à rire. C'était une grosse catastrophe et finalement, j'indiquai à Clive que nous pouvions simplement nous installer sur un marché et mettre un chapeau au sol comme des artistes itinérants.
-Et on va inviter nos fans ! Tu peux me filmer sur Instagram ? me demanda-t-il.
-Tu sais parler français ?
-Heu...
Je lui écrivis un papier avec le message destiné à ses fans et je le filmai. Clive était magnifique. La caméra l'aimait, c'était indéniable. Très rapidement, le nombre de personne sur le live augmenta de manière exponentielle. Son bronzage faisait encore plus ressortir son sourire Colgate. Quand il commença à faire son petit discours en français, ses fans se déchainèrent vraiment. Nous leur avions donné rendez-vous une heure plus tard et une petite foule était déjà présente quand nous arrivâmes. Finalement, Clive fit un détour vers une boutique de musique pour acheter un instrument. Je n'avais pas besoin d'être avec lui, il se débrouillait très bien. La musique coulait dans ses veines, brillait dans chaque fibre de son corps. Sa voix était puissante, était forte et je vis ses fans mettre des billets dans le chapeau que nous avions déposé non loin. Comme il l'avait dit sur Instagram, il comptait redonner les fonds à une association et la participation était libre. Le but était de gagner. Sarah m'appela alors que Clive chantait de toute son âme.
-Dis-moi tout. Il se débrouille comment ?
-Comme un Dieu.
-Ça va être dur de les départager je pense, non ?
J'étais d'accord avec elle, mais je ne voulais pas le dire. À la fin de la prestation de Clive, ce dernier resta pour parler avec ses fans et prendre des photos avec eux. J'étais en train de l'attendre quand je vis Ray et Sarah revenir tout content d'eux. Ils avaient une belle complicité tous les deux et même si j'avais dit le contraire à Sarah, je m'étais sentie un peu évincée quand je l'avais compris. Ce n'était pas voulu du tout et je ne lui en avais jamais parlé, comme si j'étais honteuse de la situation. Ils étaient tombés en amitié comme on tombe amoureux : avec force et sans le vouloir. Je n'avais pas le droit de lui en vouloir mais... j'avais un peu la sensation d'avoir été trahie. C'était stupide et au fur et à mesure du temps, en voyant qu'il faisait autant de bien à Sarah, ma jalousie s'était envolée. Il avait été d'une extraordinaire gentillesse avec moi aussi.
-Sophie ! On est là !
Sarah se mit à courir vers moi et elle agita des billets dans sa main. Je n'avais pas encore fait le calcul mais à première vue, nous avions largement gagné. Je fis le décompte exact une fois que Clive fut récupéré et sauvé des griffes de ses fans. J'eus la confirmation de notre victoire et Clive et moi dansâmes comme des idiots.
-Vous avez triché !
-Pas du tout, mademoiselle McAllister, fis-je. Nous n'avions pas de conditions pour ce pari. Utiliser les réseaux sociaux était une bonne idée et vous ne l'avez pas eu. De toute façon, notre argent va à une asso. Laquelle Clive ?
-Une qui aide vraiment les gens, c'est tout ce que je demande. On pourrait demander à ton frère s'il en connait des biens, même peu connue.
J'acquiesçai et l'heure d'aller déposer nos bagages à l'hôtel arriva enfin. Nous profitâmes de notre après-midi pour visiter la ville. Le soir venu au restaurant, Ray s'appuya sur le dossier de sa chaise.
-Y'a pas à dire, les français sont doués en bouffe. C'est délicieux. Je devrais arrêter la musique et devenir cuisinier en France.
-Tu sais pas te faire cuire un œuf.
-Tout s'apprend, répondit Ray après avoir taxé Clive de « mauvais esprit ».
Sarah s'étouffa presque avec son plat et se moqua de Ray. Ce dernier plissa la bouche et je sus pourquoi tant de filles étaient amoureuses de lui. Il était beau, même quand il boudait.
-Giselle aime bien cuisiner, fit Sarah, tu vas devoir apprendre.
-Sérieux ?
Elle hocha la tête et un sourire un peu idiot d'un homme amoureux s'afficha sur la tête de Ray. Cet air me ramena vers Paul. Est-ce qu'il allait bien ? Je n'avais pas eu de ses nouvelles et la photo postée à côté de cette fille m'avait un peu emmerdé, je devais bien l'avouer. Elle était vraiment belle et je n'avais pas eu le temps de discuter avec Sarah. Elle avait un lien privilégié avec Paul après tout. Elle pourrait avoir des informations.
En rentrant à l'hôtel, la fatigue me reprit de manière assez importante et j'agrippai Sarah par le bras.
-Tu peux faire un truc pour moi ? Tu peux demander à Paul...
Je m'arrêtais en milieu de phrase.
-Oui ?
Je secouai la tête et je lui demandais de laisser tomber. J'attrapai une serviette pour aller nager dans la piscine. Sarah me rejoignit et me demanda ce que j'avais.
-J'ai peur de m'être trompée sur Paul comme je me suis trompée sur Cameron.
-La différence entre les deux c'est que Cameron nous a menti alors que Paul, mentir ? Ça se voit sur sa tête.
-Est-ce que Cam nous a vraiment mentis ou est-ce qu'on a vu uniquement ce qu'on voulait voir Sarah ? Il m'a vraiment fait du mal, tu sais et je me dis que je suis en train de refaire les mêmes erreurs avec Paul. Je suis devenue jalouse, tu te rends compte ? Je le vois avec cette fille et... je me dis qu'elle est mieux que moi, qu'ils vont bien ensemble et tout...
-C'est la cousine de Chuck et d'après ce que Paul m'a dit, elle était plus intéressée par Brian que par lui ! éclata-t-elle de rire. Écoute, je comprends ce que tu veux dire. Il t'a fait du mal et tu t'es mise rapidement en couple avec Paul, mais... la différence entre Paul et Cam, c'est que l'un est amoureux de toi quand l'autre faisait semblant de t'aimer profondément. Paul préférerait partir plutôt que de te faire du mal, tu sais ? Tu lui demanderais du temps pour toi, il te l'accorderait, sans regarder une autre femme. Je crois qu'il est comme son père de ce point de vue là et non comme Marc !
-Tu dois me prendre pour une conne.
-Non, je te prends pour qui tu es, une fille qui a besoin d'être rassurée suite aux épreuves imposées par la vie. Tu veux que je sonde Paul pour toi ?
-Tu le ferais !
Elle acquiesça et je l'embrassai sur la joue. Je déclinais néanmoins. Je ne pouvais pas faire ça à Paul. Mais sa proposition me fit vraiment plaisir. Je savais que je pouvais compter sur ma meilleure amie contre vents et marées.
Quand nous reprîmes la route pour nous diriger vers la Vendée où mon frère avait sa maison de vacances, je fis une petite introspection derrière mes lunettes de soleil. Je n'avais pas toujours eu une confiance absolue en Sarah en réalité, sinon, je ne lui aurais pas caché mon mal-être cette année. C'était parfois plus facile de me taire, c'était plus facile de m'enfoncer une lame dans la cuisse que de lui dire que j'avais peur pour elle, que j'avais peur pour nous à chaque fois que j'allais au lycée. Je voulais rester son roc alors que je n'avais personne à qui me raccrocher. Hank était trop loin, Papa et Maman n'auraient pas compris. J'avais caché à tout le monde le mal qui me rongeait et en réalité, je voulais vraiment en finir. J'avais volontairement ouvert les deux tubes au cas où j'aurais été sauvée pour ne pas qu'on voit à quel point j'étais pétée de la caisse. J'avais menti au psy en lui assurant que j'allais mieux pour pouvoir sortir de cet endroit où on m'avait enfermé et la vérité... c'est que je m'étais sentie mieux une fois chez moi uniquement parce que Paul était là. Il m'avait avoué son amour et j'avais eu l'impression qu'une partie de moi, celle qui me rendait joyeuse et heureuse m'était rendue. J'avais eu l'impression que le soleil était revenu dans ma vie et que Paul m'attendait, de l'autre côté des ténèbres. Cependant, je savais que je n'aurais pas dû lui donner tant d'importance et je devais travailler sur moi pour apprendre à me sortir moi-même de la peur. Compter sur les autres pour nous épauler dans la bataille était important mais pas qu'ils fassent les choses à notre place.
-T'es dans la lune Sophie.
-Je ne savais pas que ce voyage me bouleverserait autant, répondis-je à Ray qui m'avait interpellé alors que nous marchions pour nous dégourdir les jambes près du Lac de Biscarosse.
-Je comprends. J'ai l'impression d'en apprendre beaucoup sur moi et sur vous aussi.
-C'est exactement ça. Être dans un environnement différent nous permet de nous libérer, je ne sais pas comment l'exprimer différemment. J'étais en train de repenser à ce que j'ai fait dans l'année et..
-Tu parles de ta tentative de suicide ? Ça m'a vraiment bouleversé de l'apprendre, tu sais ? Je.. je voulais te dire que si un jour, tu ne te sentais pas bien, tu peux m'appeler. On ne se connait pas beaucoup toi et moi mais... je suis là pour toi. Pour te remonter le moral, pour te faire rire, pour écouter tes pleurs... Je sais que tu sors avec ton meilleur ami garçon, alors si tu veux un autre ami garçon, je suis sympa à ce qu'il parait.
-Tu es adorable Ray.
-Je n'aime pas voir les gens malheureux et je sens un peu de tristesse en toi.
-T'as déjà ressenti de la jalousie envers un garçon qui approchait ta copine ? Ou Giselle ?
-Je ne sais pas si c'est de la jalousie vraiment parce que j'avais confiance en elle. Par contre, avoir confiance dans la gent masculine.. c'est plus compliqué pour moi. Je connais leurs intentions. Tu ressens ça avec Paul ? Tu n'as pas confiance dans les filles qui l'entourent ?
-Parfois, je me sens inférieure parce que je suis un peu tarée.
-Tu ne penses pas justement que c'est ce qui te rend vraiment unique qui lui plait ? Ce côté un peu taré ? Tu n'es pas qu'une jolie fille. Je sais que c'est atroce ce que je vais dire, mais parfois j'ai l'impression que certaines filles pensent que c'est plus utile d'être belle que d'être intelligente. Toi, tu as la chance de cumuler les deux et ça doit lui plaire énormément. C'est ce qui plaît à Clive chez toi, en plus de ta capacité d'écoute et de ton empathie. Tu touches les gens et tu es une amie formidable.
Je l'embrassai sur la joue et il en parut surpris. Il rosit un peu et un air un peu bêta. Je lui attrapai le bras et il me parla de Giselle dont il était follement amoureux. Elle lui manquait beaucoup et il m'avoua qu'il aurait aimé qu'elle vienne. Il en parlait avec passion, avec force. Il lui envoyait des lettres et des cartes postales et je trouvais ça romantique. J'imaginais la fille timide que j'avais déjà vu, attendre avec impatience de ses nouvelles. Je me détachai de Ray pour prendre en photo le paysage qui se déployait sous mes yeux. Quelle beauté ! C'était ça qui était cool dans notre voyage. Nous pouvions voir une multitude de paysages aussi différents les uns que les autres. La température était clémente et nous décidâmes de rester un moment. Nous n'avions aucun horaire et c'était le pied intégral. D'ordinaire, j'étais du genre à vouloir suivre un emploi du temps, un horaire précis mais là... au contraire, je me laissai aller. Je ne savais plus faire la différence entre les jours, je n'avais plus de repère et ça me plaisait beaucoup. il fallait que j'apprenne à lâcher prise pour ne pas péter un câble dans mes études supérieures.
« Tous les Harpers vont à Harvard. »
Mon Grand-Père me l'avait tellement répété qu'il était ancré en moi. Si je n'avais pas pu avoir Harvard, j'aurais pété un câble sûrement. J'avais été tellement stressée en ouvrant ma lettre que j'avais failli hyper ventiler. J'avais hurlé, pleuré beaucoup et sauté de joie dans toute ma maison. Papa m'avait dit que j'étais sa petite fierté.
Nous avions eu une période houleuse et finalement c'était sûrement avec lui que je me prenais le plus la tête. Ma mère m'avait confié un jour qu'elle pensait que je le préférais à elle. Je ne savais pas quoi répondre à l'époque, aussi, je m'étais contentée de lever les yeux au ciel. Lui et moi nous comprenions souvent d'un regard au dépend de ma mère mais cela ne présageait pas d'une préférence. J'étais juste contente que mes relations avec mon père s'améliorent enfin. Nous avions toujours eu, quand j'étais petite, une relation de fou. Après l'école, lorsque j'habitais encore au Canada, je passais dans son bureau et je faisais mes devoirs sur sa table basse. Ses collaborateurs passaient pendant que je travaillais ou que je mangeais mon goûter.
Ma mère était encore mannequin à cette époque et elle travaillait beaucoup. Cela les arrangeait sûrement de me faire garder dans l'entreprise de Papa. Il m'arrivait parfois de tourner sur son fauteuil et je m'étais même endormie dessus. Il m'avait toujours dit que je pourrais faire ce que je voulais mais que si ça m'intéressait de reprendre le flambeau, il en serait honoré.
La vérité c'était que l'attrait de la médecine me venait de mon frère Henri. Je voulais être comme lui quand je serai grande. Mon amour et mon admiration pour lui étaient incommensurable. J'avais une confiance en lui absolue et même Sarah en était jalouse. Je me souvenais d'une fois quand nous avions près de 6 ans, elle s'était plantée devant ses parents en croisant les bras.
« Papa, Maman. Je veux un frère aîné. Débrouillez-vous ».
Je me mis à rire comme une tarée et je me levai du lit pour aller rejoindre Sarah. Elle était sur son téléphone.
-Tu te souviens quand tu avais demandé à tes parents un grand-frère ?
Elle éclata de rire et me fit signe de venir avec elle sous les draps.
-Je me souviens aussi que mon pervers de père avait proposé à ma mère d'aller le fabriquer dans ton cellier. Avec le recul, on a vraiment été élevé par des tarés, je crois.
-On te parle de gars qui ont créé volontairement une secte avec des toges et tout. Alors oui, je confirme, ris-je.
-N'empêche j'en ai encore des frissons quand j'y pense. C'était vraiment beau et émouvant. Je suis... vraiment heureuse que tu sois avec moi Sophie. Le voyage n'aurait pas été aussi bien sans toi. Je voulais aussi te remercier pour cette année. Tu m'as supporté dans tous mes états de connerie et..
Elle en avait presque les larmes aux yeux.
-J'aurais jamais pu réussir à tenir sans toi à mes côtés ma Soso et pourtant, j'ai la sensation de ne pas avoir été autant là pour toi.
-Au contraire Sarah. Ton bonheur m'a beaucoup aidé. Je peux te demander quelque chose ?
-Bien sûr.
-Tu voudras bien être la marraine de mon premier enfant ?
-À une seule condition, tu seras la marraine du mien.
-Et si jamais tu me vois partir en vrille, dis-le moi. Je ne veux plus me retrouver à un point où... la mort serait préférable à la vie.
-Je te le promets Sophie. Ma belle Sophie.
Elle approcha sa main de mon visage et elle m'embrassa sur le nez comme lorsque nous étions petites. Elle m'avoua qu'elle était super contente de passer du temps avec Hank.
D'ailleurs quand nous le rejoignîmes, elle lui sauta pratiquement dessus. Elle avait un amour particulier pour lui et il l'aimait beaucoup également.
-Coucou Microllister !
Il salua aussi nos amis et j'eus peur qu'il fasse une remarque à Clive. Il se contenta de lui sourire et il me prit contre lui avant de m'ébouriffer les cheveux !
-Je veux tout savoir de votre début de voyage !
Il posa son bras sur mes épaules et m'entraina dans la maison. L'an dernier, il voulait l'acheter pour faire plaisir à sa copine, cette année, elle était à lui et je sentais vraiment sa patte dans la déco intérieure. Il nous proposa des rafraîchissements que j'acceptais avec plaisir. C'était étrange d'être chez son frère. J'avais à la fois l'impression d'être chez moi et chez quelqu'un d'autres. Je me sentais bien, tout simplement. Il me demanda de prendre des verres et de les emmener dans le jardin où les trois autres nous attendaient.
-Tu as l'air d'avoir passé des vacances reposantes. Ça me fait plaisir de te voir comme ça.
-J'ai juste la tête dans le cul, ris-je. Si tu savais tout ce que j'avais bu !
-J'ai été jeune moi aussi.
-Je t'aurais bien dit que tu l'étais encore mais tu es un daron maintenant.
Il me lança un regard noir et m'invita à aller voir la dernière vidéo envoyée par sa fiancée. C'était mon neveu Andrew qui jouait avec sa chaussette. Il était tellement mignon qu'une vague d'amour m'entraina. J'attrapai les verres et je les ramenais dans le jardin. Nous n'étions pas très loin de la mer et l'odeur de cette dernière me fit du bien. Mon frère avait prévu de faire des grillades dans son jardin avec nous et il avait même acheté des bouteilles de bon vin. Nous avions de la chance car nous étions six personnes avec l'alcool joyeux. Nous fûmes très rapidement hilares et mon frère commença à faire pleurer de rire les garçons. Je finis par m'éloigner pour téléphoner à mon père.
Il me répondit pratiquement aussitôt alors qu'il était tôt à Los Angeles. Il n'était pas très bien réveillé mais il était manifestement sur son balcon.
-Coucou ma chérie !
-Coucou Papa ! Tu vas bien ?
-Toujours quand je te vois chaton. Tu as pu retrouver ton frère ? Il était tellement enthousiaste à l'idée de passer du temps avec toi.
-Pareil ! Hum... dis-moi... quand je serai revenue à la maison, on pourrait se faire un truc tous les deux ? Un restaurant ou même une journée dans un parc d'attraction ! J'aimerai profiter de toi avant que le petit arrive. J'aime pas trop m'être éloignée de toi et j'ai peur qu'avec Harvard, ce soit pire encore. On avait toujours dit qu'éventuellement, tu viendrais parfois bosser dans le coin, mais c'était avant...
-Sophie ? On passera autant de temps que tu veux tous les deux ensemble. Ta Grand-Mère maternelle doit venir en plus. Je serai ravi de lui échapper.
Je me mis à rire. Papa n'aimait pas trop Grand-Maman. En même temps, elle avait toujours pensé que Papa n'était pas assez bien pour ma mère. Grand-Maman était l'archétype de la Desperate Housewives. Grand-Papa l'avait trompée toute sa vie et elle n'avait rien dit. Jamais. Elle se contentait de sourire et de lui pardonner encore et encore. Quand il l'avait quittée pendant trois moi pour partir faire le tour du monde avec sa collaboratrice qu'il se tapait, elle n'avait pas demandé le divorce. Elle avait juste fait chambre à part. Elle craignait dans le fond que mon père agisse comme son propre mari et blesse vraiment ma mère, d'autant plus que Papa s'entendait très bien avec lui.
Grand-Papa était vraiment un homme drôle et en dépit de ses choix douteux en matière de femme, c'était un homme bien. Je l'aimais beaucoup même si Maman ne voulait pas que je passe trop de temps avec lui. Elle ne voulait pas que sa mauvaise influence nous touche Hank et moi.
-Grand-Papa reste à Montréal ?
-Exactement !
-On se fait un petit week-end Papa-fifille ?
J'étais vraiment enthousiaste et il m'indiqua qu'il avait besoin d'aller à Seattle et qu'il serait ravi de m'emmener dans ses bagages et de prolonger le séjour. En raccrochant avec lui, j'avais un grand sourire sur les lèvres et il s'approfondit encore plus en soirée que mon frère nous demanda si nous voulions aller voir un cinéma en plein air. Nous avions pris avec nous des couvertures pour mettre sur le sol. Sarah était nonchalamment appuyée sur Ray alors que j'étais avec mon frère.
-Tu as peur pour l'an prochain Sophie ? me demanda-t-il alors que le film n'était pas encore commencé.
-Un peu.
-Moi aussi j'étais effrayé de commencer la fac. J'ai eu peur de faire honte à tous les Harpers qui m'ont précédé et une fois que j'étais là-bas, j'en ai plus rien eu à foutre. Promets-moi, So, de ne pas te prendre la tête. Fais de ton mieux mais ne te tue pas à la tâche. Et puis, n'oublie pas que je suis là. J'ai un poste à Washington maintenant. Je pourrais venir et toi aussi tu seras la bienvenue pour changer la couche de Drew !
Je le bousculais et je posai ma tête sur son épaule.
-Tu restes longtemps dans le coin ?
-Je repars dans deux jours, mais j'ai un double des clefs pour toi au cas où. Vous pouvez squatter à l'appart ' à Paris si vous voulez. Bon, tu voyages avec des millionnaires mais avoir un lieu que personne ne connait c'est top aussi.
-Je vais leur en parler, mais tu sais Clive passe son temps à courir la gueuse alors...
Le concerné m'entendit et me lança dessus un cardigan que j'avais pris pour plus tard dans la soirée. C'était un vieux film qu'on aimait tous les deux et j'étais vraiment hilare. En revenant, je montais dans la voiture avec lui et nous nous arrêtâmes sur la plage avant de courir comme des débiles. Nous faisions ça quand nous étions enfants. Il faisait nuit et nous étions en train de nous déshabiller en courant. Mon frère tomba dans le sable en roulant mais réussit à se redresser et se jeta dans l'eau comme un damné avant de m'éclabousser. Je me mis à hurler comme loup face à la pleine lune. Mon frère se mit à faire la même chose et nous nageâmes vers le large.
-Tu salueras petit McDust pour moi ! Ils arrivent quand ?
-Dans trois jours !
-J'ai des capotes dans toutes mes chambres si vous allez chez moi, si jamais.
-Hank !
-Fais pas ta prude avec moi.
On me disait toujours cela. Que j'étais prude ou une sainte-nitouche. Comment les gens pouvaient-ils penser cela de moi alors qu'au fond de moi, j'étais loin de l'être ? Est-ce que Paul trouvait que j'étais comme ça ?
Alors que deux jours plus tard, nous arrivions à Paris et que j'étais à quelques heures de le revoir, j'étais pleine de doute sur moi. Et s'il voyait que j'avais pris du poids pendant ces vacances et qu'il me trouvait... laide. J'essayais de faire bonne figure mais Sarah le remarqua et posa sa main sur mon genou pendant que Clive conduisait pour arriver devant l'appart de mon frère. Nous avions décidé de rester là-bas le temps de notre séjour parisien. Il était splendide et très bien placé. Nous n'aurions aucun souci pour nous déplacer et faire la fête comme nous le voulions.
-Je suis sûre qu'il va bien... Paul, ajouta-t-elle. Ne te fais pas de bile. On a pas eu de nouvelles depuis un moment mais ils vont bien, je le sais au fond de moi.
Je n'avais pas envie de parler de ça aussi j'acquiesçai doucement pour ne pas la rendre triste. Je savais que mon état la préoccuperait et je ne pouvais pas lui en parler. Je devais en parler avec Paul quand je le verrai.
La première chose que je fis en entrant chez mon frère c'est d'ouvrir les fenêtres et regarder la ville qui s'agitait en bas. J'attrapai Sarah pour faire une photo avec elle pour son compte instagram. Elle avait de plus en plus d'abonnés et j'avais même vu un article sur notre voyage qui reprenait ses photos. Je m'étonnais qu'elle n'ait pas encore était contactée par d'éventuels partenaire. Elle racontait notre périple avec un ton très amusant et elle s'amusait beaucoup, je le savais.
Mon frère m'avait indiqué qu'il n'avait plus rien dans ces placards et que j'allais devoir faire des courses. J'attrapai un sac pour me rendre à la supérette la plus proche. J'étais déjà venue lors de mon dernier séjour l'an dernier. Cameron était avec moi d'ailleurs. Il m'avait suivi dans tous mes périples parisiens alors que Paul était en retrait lui. J'attrapai toutes les choses qui me faisaient envie et je reçus un appel alors que je passais dans un parc pour rentrer. C'était un numéro masqué.
-Oui allô ?
-Salut Sophie.
Paul. Sa voix me réchauffa et m'étonna tellement que je faillis en lâcher mon sac de courses. Je le posai sur un banc où je m'assis pour lui répondre plus calmement.
-Tu ne peux pas t'imaginer ce qu'entendre ta voix me fait.
-Et tu ne peux pas imaginer ce que te voir me fait... retourne-toi.
Je me détournai et je vis Paul et Brian. Ils avaient leur bagage avec eux. Je courus vers lui avant de me jeter dans ses bras. Nos lèvres se joignirent alors qu'il me réceptionnait tant bien que mal. Mes mains se perdirent dans ses cheveux alors que ses mains m'enserraient. Il posa ses lèvres dans mon cou et je sentis presque mes yeux me piquer. Je descendis de ses bras et je serrai Brian contre moi également.
-J'ai laissé mon sac de courses là-bas. Il faut que je le récupère. Je pensais que votre avion arrivait ce soir !
-Paul a voulu en prendre un plus tôt. On avait hâte de quitter la Croatie.
Ils se jetèrent un regard plein de connivence et j'attrapai mon sac de courses. Paul voulut le porter mais je refusai et je me fourrais contre lui. Brian regardait tous les alentours avec attention. C'était sa première fois à Paris, je le savais. Nous arrivâmes dans l'appartement dans la joie et il étaient à peine arrivés que Sarah leur sauta dessus. Ils se débarbouillèrent et nous ouvrîmes des bouteilles de bières. Apparemment, c'était le seul truc que mon frère avait dans son réfrigérateur. Il avait même laissé un mot « elles sont locales. Have fun Soso ». Je n'arrivais pas à me détacher de mon copain. Tout m'avait manqué chez lui, de l'odeur de sa peau au timbre de sa voix. Le soir venu, après avoir bien bu et bien mangé, nous nous échouâmes tous les deux dans une des chambres. Je commençais à me déshabiller pour me mettre en nuisette quand Paul m'arrêta.
-Tu as pas l'air dans ton assiette.
-J'ai beaucoup réfléchi sur moi-même. Beaucoup trop sûrement et maintenant, je suis pleine de doute.
-À propos de...
-Tout.
-De nous aussi ? De moi ?
Il m'attrapa par la main et m'entraina avec lui sur le lit.
-Non. Pas du tout, je.. je doute de moi.
Je lui déballais tout et il m'écouta, sans m'interrompre en me fixant de son beau regard bleu. Quand j'eus terminé, je me sentais à la fois soulagée et honteuse. Il ne prononça pas un mot et m'attrapa dans ses bras.
-Merci de t'être confiée à moi. Repose toi sur moi autant que tu le veux. Je serai là.
-Comment fais-tu pour être aussi charmant.
-Demande à mes parents.
-Je le ferai. Tu imagines un peu ? Merci Line, d'avoir fabriqué un garçon aussi bien proportionné, merci Ben, d'avoir appris à votre garçon à bien parler.
-Mon père te dirait que c'est l'inverse. Et si on arrêtait de parler de mon père.
Je me mis à rire largement. Je cherchais encore une fois sa bouche pour l'embrasser tendrement tout en grimpant sur ses genoux. Il me retourna sur le lit avant de se déshabiller et s'allongea sur moi.
-Est-ce que je peux te retirer tes vêtements ? me demanda-t-il.
-Uniquement si tu retires les tiens.
Il se redressa et se retrouva entièrement nu. Il entreprit de me retirer mes vêtements et embrassa chaque parcelle non recouverte d'habit. Il avait des lèvres très douces.
-Tu fais des gommages ?
-Je te demande pardon ? hoqueta-t-il.
-Non non rien. Continue.
Il continua. Oh oui, il continua. Il était en train de mordiller mes tétons quand je me mis à rire.
-En fait, tu adores embrasser mes seins ! Ça te rappelle la tété ? , c'est ça le truc ?
Il me regarda avec de gros yeux.
-Sophie, je propose qu'on parle pas des seins de ma mère quand je suis en train de titiller les tiens stoplait, ça me perturbe de ouf.
-Désolée..
Il se redressa, l'air embêté.
-Ça te dérange que je fasse ça ?
-Non, bien au contraire. Ça me... fait du bien.
Je ne savais pas comment l'exprimer autrement et il darda sa langue dessus, me faisant frissonner.
-Ça me satisfait grandement, dans ce cas. Et si je glisse ma main ici...
Sa main glissa sur mon flanc, mon ventre pour se placer entre mes cuisses.
-Est-ce que cela te fait du bien ?
-Tout dépend ce que tu comptes faire avec.
Il rit et me murmura ce qu'il allait faire à l'oreille avant de me demander si je le voulais. J'hochai la tête et il m'embrassa doucement tout en réussissant à me projeter dans un endroit où nous étions seuls tous les deux. Une déferlante de plaisir m'envahit et je me retins de pousser un cri pour ne pas que les autres nous entendent. Il se déplaça complètement sur moi et me fixa d'un air très sérieux.
-Je voulais te dire, Sophie, que tu es magnifique à mes yeux et aux yeux des gens qui t'aiment. Je te connais et quand je te regarde, je vois toi Sophie, une femme merveilleuse et inspirante. Tu as mon amour, plein et entier. Mon corps n'est heureux que lorsqu'il est près du tien et ta pensée ne me quitte jamais vraiment. Je ferai tout pour que tu sois heureuse. Et quand nous serons plus vieux, un jour où tu ne t'y attendras pas, je ploierai le genou pour que tu acceptes que cette promesse que je te fais aujourd'hui de tout faire pour ton bonheur, soit ratifiée par Dieu lui-même.
-Tu es en train de me promettre que tu vas me demander en mariage Paul.
-Oui. Je ferai de toi une... comment ils disent déjà dans tes bouquins du XIXè ? Une femme respectable ?
-Tu sais Paul. Je m'en fous d'être une femme respectable aux yeux des autres, tant que je le suis pour toi et pour les gens qui me connaissent. Mais... j'accepterai ce jour là.
Il me sourit, ravi et m'embrassa avant d'écarter doucement mes cuisses. Il m'avait manqué, tellement manqué. C'était un horrible constat mais j'étais entière quand il était avec moi. Qu'est-ce que je l'aimais ! Le lendemain, durant la matinée, alors que Sarah m'avait entrainé dans un boutique pour se chercher une robe pour aller voir la Grand-Mère de son petit ami, je ne cessai de penser à lui.
-Tu en penses quoi So ?
-Ça ne te va pas du tout.
J'avais regardé un quart de secondes et je n'aimais pas du tout la couleur. Sarah n'avait pas besoin de plus pour changer la robe. J'étais moi-même en train de chercher une robe pour le soir. Nous avions l'intention de sortir dans la nuit parisienne et je n'avais rien à me mettre de suffisamment beau. J'étais en train de regarder dans les rayons lorsque je vis une robe parfaite pour Sarah. Je l'interpellais et lui tendis.
-C'est la bonne.
-Tu es sûre ?
-Cette robe c'est la version sage de toi. Celle qu'une Grand-mère aimera forcément. Essaye-la !
Je l'attendis le temps de l'essayage et quand elle sortit, elle me fit un grand sourire. Cette robe était faite pour elle. Elle était tellement enthousiaste qu'elle fit rire la vendeuse présente quand elle lui annonça qu'elle devait rencontrer la Grand-Mère de son petit ami et qu'elle était en stress. Sarah avait un accent tout à fait charmant quand elle parlait français. Nous continuâmes notre shopping et j'eus la surprise de voir Paul avec Brian, Clive et Ray attabler en terrasse. Des filles s'arrêtaient pour leur demander des autographes et manifestement, ils étaient en pleine partie de cartes. Sarah prit une photo d'eux quatre et me la montra. Il y avait quatre jeunes hommes à couper le souffle sur cette photo et même Sarah en resta interdite. Elle la posta sur son réseau personnel avant de prendre ma main.
-Je vois à quel point tu es plus sereine et heureuse avec Paul à tes côtés. Je suis vraiment contente ma Soso, ça me fait plaisir de me voir comme ça. Je t'aime, tu sais ?
Je la pris dans mes bras et nous rejoignîmes les garçons. Apparemment, il y avait quelque chose en jeu et je le compris à la fin de la partie quand Paul leva les bras en signe de victoire.
-Faites péter la monnaie les enfants.
Il venait de gagner trois cent euros d'un seul coup. Paul tourna ses yeux vers moi et me demanda si je voulais aller au restaurant avec lui. J'acquiesçai en l'embrassant et Brian grogna.
-Dis-donc les blonds, vous pourriez penser que certains n'ont pas eu d'activité sexuelle depuis un moment hein et n'ont pas envie que vous leur rappeliez.
-Je suis d'accord avec Miller, continua Sarah. Allez prendre une chambre d'hôtel.
-Vous pouvez toujours utiliser vos mains, rétorqua mon petit-ami. Ça vous dit d'aller lancer des haches ?
Sarah et moi bondîmes sur nos jambes en acquiesçant.
Il y avait quelque chose de magique à lancer des haches. Déjà, il y avait le poids de l'arme dans sa main et la trajectoire qu'il fallait lui donner . C'était compliqué mais c'était hilarant. Ensuite, j'avais l'impression d'être une skjaldmö, une guerrière au bouclier dans la mythologie nordique. Il ne me manquait plus que les petites tresses et la peau de bête pour m'y croire. Paul me faisait rire et nous avions fait des équipes pour notre second round. J'étais avec Ray, Brian avec Sarah et Clive avec Paul. La lutte était féroce à n'en point douter. Je n'avais pas l'intention de laisser qui que ce soit gagner et je savais que Ray était aussi mauvais perdant que moi. J'avais presqu'envie de les frapper pour être certaine de gagner mais je devais être fair play. De mauvaise foi, mais fair play quand même. Il nous restait une seule manche. Sarah et Brian boudaient dans leur coin, ils avaient perdu tous les deux panaches.
-Ecrase McDust Sophie. L'honneur des filles repose sur toi ! lança Sarah.
-Chérie, c'est l'honneur de tout le Canada là que je défends.
Je pris une inspiration et je visai du mieux que je pouvais en priant Saint Joseph, le premier saint patron du pays de ma mère. Ma hache fendit l'air et se planta pile au centre de la cible. Je sautai dans les bras de Ray. Nous avions gagné et nous avions gagné une journée d'esclavage de chaque membre du groupe. Je jetai un petit coup d'œil au reste de notre bande. C'était ça le bonheur en réalité. Voir le rire dans les personnes qu'on aimait, de voir la bonne humeur illuminer leur trait. Le bonheur était à portée de main, il suffisait juste, de le saisir.
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