Ray
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-Ray, tu n'oublies pas la crème solaire dans ton sac.
-Non Maman.
-Tu as pensé à...
-Maman ! J'ai mis tous ce que tu avais indiqué sur la liste. La seule chose que tu n'as pas marqué c'est quel cadeau tu veux...
J'avais hâte d'aller à mon road trip avec mes amis. Clive et moi devions partir à 6h du matin pour rejoindre l'avion des filles. Je m'étirai et je lui fis un bisou sur la joue.
-Je n'en veux pas chaton.
-Je t'enverrai des photos à chaque étape. Je file chez Giselle, j'ai encore des livres à elle, je risque d'oublier en revenant.
-Tu devrais songer à nous la ramener un jour pour qu'on fasse sa connaissance....
-Pour que tu me colles la honte ? Non merci !
Ma mère leva un sourcil et me menaça avec son torchon. Je ris et j'enfilai ma veste avant de filer sur mon vélo. Ma mère me rappela d'être à l'heure pour le dîner. Il me restait près d'une heure et demie, j'étais large. Je pédalai à fond. J'avais l'impression d'être Mike Ross sur mon vélo, surtout que je roulais n'importe comment. J'étais le genre de cycliste taré qui passait devant les voitures, roulait sur les trottoirs pour aller plus vite. Je m'arrêtais par un crissement de pneus devant chez elle et j'attachai mon vélo à un poteau avant de frapper à la porte. Je ne savais pas vraiment qui allait répondre, aussi je reculai un peu sur les marches pour qu'on puisse me voir. La porte finit par s'ouvrir et je vis Giselle arriver. Elle portait une queue de cheval et des habits d'intérieurs. Je ne l'avais jamais vu en short et je dus faire un effort pour ne pas regarder ses cuisses.
-Qu'est-ce que tu fais là ? me demanda-t-elle en guise de bonjour.
-Je te dérange ?
-Un peu ouais.
Je ne m'attendais pas à ça et elle se mit à ricaner avant de se pousser pour que j'entre dans l'immeuble. Elle m'embrassa sur la joue comme à son habitude.
-Ton sac a l'air lourd Ray, tu veux que je t'aide à le porter ?
-Ce sont tes livres ! Mais c'est bon t'inquiète, mes petits muscles peuvent les porter ! L'ascenseur est toujours en maintenance?
-Oui malheureusement, ils ne le répareront que dans une semaine ! C'est pas grave, ça me fait de belles gambettes.
Mon regard se déposa sur ses jambes nues. Je ne savais pas quel avait des shorts aussi courts et ça lui allait bien. Elle n'avait pas du tout l'intention de sortir de chez elle, c'était clair et net. Elle se retourna dans l'escalier.
-J'ai pas du tout fait de ménage. Mes parents ne sont pas là et c'est vraiment le bazar ! Je suis vraiment désolée, mais pour ma défense, je ne savais pas que tu venais là.
Elle était trop dure avec elle-même. Je ne trouvais pas que c'était le bordel du tout. Je passai devant le salon où je vis qu'elle avait déplacé quelques livres qui trainaient sur la table en pile. Je posai la pile que j'avais ramené juste à côté.
-Je ne vais pas te déranger plus longtemps. Je voulais juste te saluer avant de partir. Je sais qu'on a pas pu avoir notre rendez-vous mais quand je reviendrai, j'aimerai vraiment que ce soit le cas.
-Enfin, si tu ne trouves pas ton âme sœur en Espagne...
-Évidemment, ironisai-je. Mais trêve de plaisanterie, tu vas faire quoi pendant ces prochaines semaines toute seule ?
-Je vais chez ma tante dans les Hamptons. J'aurais changé de couleur quand tu me reverras, rit-elle en réajustant ses lunettes.
-Tu seras toujours jolie de toute façon.
Elle ne s'y attendait pas et piqua un fard avant de passer près de moi et de me demander si je voulais boire un truc.
-Je viens de faire de l'orangeade, tu en veux ?
Je secouai la tête et je la suivis dans sa cuisine où je m'assis sur une des chaises près de la table. Elle me demanda des explications sur mon voyage.
-On a prévu de visiter quelques lieux phares, mais pour le reste, on va laisser l'instinct se faire.
-N'oublie pas tes casquettes. Je suis sûre que rester un peu incognito te fera du bien.
Elle s'assit juste en face de moi et me servit un grand verre d'orangeade et nous nous tûmes un instant.
-Tu m'enverras une carte postale ? Je les collectionne ! fit-elle en souriant.
-Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ?
-Je pensais que tu le savais, attends, je vais te montrer, suis-moi !
Elle se leva et me montra sa chambre. C'était la première fois que j'y rentrai et je ne m'attendais pas à rentrer dans une chambre de geek. Il y avait des figurines Funko sur ses étagères, et The Witcher 3 trainait sur son lit.
-Je pensais que tu m'avais dit que tu n'étais pas très jeu vidéo.
-L'un de mes cousins m'en a parlé et m'a dit que j'aimerai le graphisme ! Il a raison ! Regarde derrière toi !
Je me retournai et je vis plusieurs cartes postales sur le mur qui venait de tous les États. Il y en avait même plusieurs du Canada.
-J'ai un peu l'impression de voyager avec vous tous comme ça.
-Je t'en enverrai avec des timbres sympathiques.
-Tu vas me manquer pendant tes vacances, m'avoua-t-elle.
Je me retournai vers elle, surpris. Je ne m'attendais pas à ça et elle s'assit sur son lit avant de nettoyer ses lunettes avec son haut. Je m'installai juste à côté d'elle
-C'était vraiment cool de passer du temps ensemble cette année. Je regrette presque qu'on ait pas parlé avant tous les deux. On aurait passé encore plus de temps ensemble. Mais je sais que tu vas t'éclater avec Sarah, c'est l'essentiel.
-Je me serai éclaté avec toi aussi, Giz.
Je caressai son visage avec la folle envie de poser mes lèvres sur les siennes. Elle dut le remarquer car son visage se troubla.
-Arrête Ray. Je ne préfère pas que tu me donnes de faux espoirs.
-Je ne veux pas non plus que tu m'en donnes. Je t'ai exprimé très clairement mes intentions, mais tu m'as dit que tu me répondrais à notre rendez-vous. Je l'attends avec impatience. Je ne ferai jamais rien qui pourrait te blesser. Je ne ferai jamais rien sans avoir ton consentement, tu comprends ? Je sais me retenir, je ne suis pas un animal.
Elle resta un moment silencieuse, comme si elle pesait les mots qui allaient sortir de sa bouche. Comme si elle ne voulait pas me blesser.
-Je ne veux pas que tu te sentes obligé de quoi que ce soit envers moi pendant que tu seras en Europe, okay ? Je ne plaisantais pas tout à l'heure en parlant de ton âme soeur en Espagne... J'ai compris que je te plaisais, et toi aussi tu me plais énormément mais...
Je la regardai avec de grands yeux. C'était la première fois qu'elle m'exprimait clairement ses sentiments à mon égard et mon coeur... mon coeur se mit à battre la chamade. Elle réajusta ses lunettes.
-Mais je ne suis jamais sortie avec quelqu'un et en fait ça me fait un peu peur, tu vois ? Je ne suis pas comme les filles que tu as l'habitude de côtoyer. J'ai peur de ne pas être à la hauteur en fait, de ne pas savoir comment faire tous ces trucs.
Elle était si mignonne à rougir ainsi que je ne pus m'empêcher de sourire.
-Tu vois, tu te moques de moi !
Elle se leva brusquement et je la rattrapai par la main.
-Je ne me moque pas de toi, c'est juste que tu me crois plus expérimenté que je ne suis. Je crois que chaque couple est différent et tu ne raterais rien du tout. Vraiment !
-Et si je ne suis pas prête à te donner ce que tu veux ?
-Et qu'est-ce que je veux, Giselle ?
-Tu le sais bien, murmura-t-elle en fuyant mon regard. Et si je ne suis pas prête à.. à coucher avec toi...
-Je m'en fous de ça Giselle.
-Et si je ne suis jamais prête ? Tu diras la même chose dans six mois ou dans un an ?
-Oui, je dirai la même chose parce que si je veux avoir ce rendez-vous avec toi, c'est pour toi en tant qu'humain à part entière, c'est pas pour le sexe. Tu serais asexuelle, ça ne changerait rien pour moi, tu comprends ? Je veux juste que tu sois honnête avec moi, sur ce que tu ressens et sur qui tu es. Je ne veux pas que tu te caches. Tu peux être vraiment toi avec moi. Je ne dis pas ça pour te faire plaisir, mais vraiment parce que je pense.
-Tu es vraiment différent des autres garçons, Ray.
-Ma différence est ma force, Giz. La tienne aussi. C'est ce qui fait que tu es si spéciale pour moi.
Elle me sourit gentiment et décala ses lunettes dans ses cheveux. Je voyais ses yeux si expressifs et si doux me scruter.
-Ma tante est demisexuelle et j'ai toujours été très proche d'elle. Je me suis posée assez tôt la question de savoir si moi aussi j'étais... comme elle en fait et je ne le suis pas. Mais, ça me touche vraiment tu sais que tu prennes en considération ma possible non attirance sexuelle. C'est juste que... je sais que pour passer ce cap, j'ai besoin d'avoir une confiance absolue en la personne et la certitude que ce ne sera pas banal pour lui. Je ne veux juste pas partager cette expérience avec n'importe qui. Enfin, je ne dis pas que tu es n'importe qui mais...tu vois ?
Je secouai la tête et je retirai mes chaussures pour me poser plus confortablement sur son lit. Giselle se rapprocha de moi.
-Tu es le premier garçon en dehors de ma famille qui est monté sur mon lit.
-Est-ce que cela te gêne ?
-Non, pas du tout.
Giselle prit appui sur ses avants-bras pour s'avancer vers moi et elle m'embrassa sur la joue.
-Merci d'être venu pour me dire au revoir. Je suis très touchée. C'était une délicate attention de ta part.
Elle recula très légèrement et s'avança une seconde fois pour m'embrasser sur les lèvres. Je me repoussai dans ses oreillers et elle me suivit dans mon geste. Ma main droite glissa le long de sa hanche et elle se retrouva rapidement sur moi. Je savais me contrôler, c'était certain mais l'avoir là, près de moi, me faisait ressentir des émotions que je n'avais jamais eu avec les filles avec lesquelles j'avais couché cette année. Je ne pouvais pas la laisser faire tout le travail aussi, je la retournai doucement sur le lit. Je devais m'arrêter au moment critique. Je lui avais promis que je ne ferai rien du tout sans son consentement plein et entier. Je me détachai d'elle, et l'observai. Ses cheveux entouraient son doux visage comme un halo. Ses lèvres rosies par mon baiser endiablé étaient légèrement entrouvertes, promesses de milles délices auxquels je ne pouvais pas succomber.
-Giselle ?
-Oui Ray ?
-Je veux que tu réfléchisses sérieusement à la possibilité de devenir ma petite amie. Et sache que ça ne changera rien entre nous si tu refuses. Je peux le comprendre. Mais j'aimerai avoir une réponse quand je ne serai pas sur le départ. Okay ?
-Okay. On en reparle à ton retour. Je sais où on devrait aller. Je connais un petit restaurant végétarien super bon et on pourrait finir par un ciné en plein air, tu en dis quoi ?
-J'adorerai, murmurai-je. Est-ce que... Est-ce que je peux t'embrasser de nouveau ?
Elle me tendit ses lèvres et un sourire s'afficha sur mon visage. Je savais qu'elle allait accepter de lier son destin au mien, alors qu'elle même était hésitante. Je ne lui en voulais pas du tout de vouloir se préserver et d'être sûre de l'amour de la personne à qui elle partagerait sa première fois. Mais j'étais son premier baiser, et je ferai tout pour être le mec qui arriverait à la mettre suffisamment en confiance pour aller plus loin. J'étais amoureux de cette fille et je voulais qu'elle soit sûre de mon amour, qu'elle en soit convaincue.Je n'avais pas passé du temps à embrasser une fille sur un lit depuis des lustres. Mes lèvres se déposaient sur son visage, sur ses lèvres, sur son cou gracile. Je m'arrêtai de l'embrasser dans le cou au moment où j'entendis un fin gémissement sortir de ses lèvres. Je me redressai légèrement et je vis ses yeux à demi-fermés. Elle tourna les yeux vers moi et caressa mon visage du bout des doigts comme pour en imprimer chaque détail. Ses yeux noisettes me scrutaient avec un plaisir non feint. Ma main sur sa cuisse l'effleurait doucement pendant ce temps sans qu'elle ne fasse le moindre geste pour la dégager. Avait-elle conscience que nous agissions déjà comme un couple ou pensait-elle simplement que je mentais et que j'allais l'abandonner après l'avoir baisée ? Elle agrippa mes lèvres avec ses dents pour que je revienne contre elle. Je me déplaçai lentement sur elle, ma langue cherchant la sienne, mon coeur battant la chamade. Giselle finit par passer sa seconde main sous mon T-shirt, ce qui eut pour effet de me rapprocher encore un peu plus d'elle. Ses seins étaient pressés contre mon torse. Elle ne portait pas de soutien gorge et mes sens s'affolèrent. J'étais clairement dans une position délicate, rappelant plus des préliminaires que des baisers tendres et je savais que si je continuais comme ça, j'allais avoir une érection. Et ça, je ne pouvais pas. Pourtant, l'innocente Giselle semblait totalement inconsciente de l'effet qu'elle me faisait. Naturellement, elle écarta légèrement les cuisses tout en remontant ses genoux et je me retrouvai totalement contre elle. Je n'avais pas été avec une femme depuis un moment et mon corps le ressentait. Je relevai la tête et l'embrassai tendrement sur le front avant de me redresser avec une semi-molle.
-Je vais devoir y aller Giz.
-Déjà ?
-Il vaut mieux oui.
Je jetai un coup d'œil à son réveil et je remarquai qu'il était bien tard. J'avais passé plus de temps que prévu avec elle même si j'avais l'impression d'être arrivé depuis cinq minutes seulement. Entre ses bras, le temps semblait stagner. Ça expliquait sûrement pourquoi mon corps avait fini par réagir à ses caresses. Je ne pouvais pas me laisser tripoter par une fille pendant une heure sans que cela ait des conséquences.
-Et puis si je rate le dîner ma mère va me tuer, je ne pourrais plus partir où que ce soit, ris-je.
Elle se mit à rire et réajusta son haut qui s'était relevé. Elle remit de l'ordre dans sa chevelure et me sourit en attrapant ses lunettes que j'avais retiré de sa chevelure pour les poser sur sa table de nuit. Elle était de nouveau toute gênée alors que quelques minutes auparavant, elle se laissait embrasser dans le cou par un gars qui aurait pu aller beaucoup plus loin si elle avait été consentante. Elle me raccompagna jusqu'à la porte de son immeuble et me fit un sourire éclatant. Je réajustai ma casquette et mes lunettes avant qu'elle ouvre la porte.
-Amuse-toi à mort et embrasse Sarah de ma part, okay ?
-Je vais le faire. Prends soin de toi en tout cas.
Je commençai à descendre les escaliers du perron mais je finis par me retourner pour la rejoindre à grandes enjambées. Je l'embrassai passionnément. Je n'allais pas la voir durant plusieurs semaines.
-Je t'aime, murmurai-je.
Je me détachai d'elle, je rejoignis mon vélo et je me retournai pour lui faire un signe de la main. Elle avait une main posée sur ses lèvres, perdue. Je filai sur mon vélo, le coeur battant. Je l'avais dit putain. Je lui avais lâché que je l'aimais. Des ailes me poussaient clairement. J'arrivai chez moi en sueur dans un dérapage et je rentrai dans la maison après avoir attaché mon vélo dans le garage.
-Maman ? C'est moi !
Je passai ma tête dans la cuisine et je vis Owen, Keito et Clive. Chuck était parti en week-end avec le fils Miller. Ma mère était en train de rire avec eux.
-Tu es enfin là ! J'ai failli appeler la garde nationale. Vous restez dîner avec nous les garçons ?
Ils acceptèrent tous et nous mîmes la table. Ma mère enfila sa veste et m'apprit qu'elle devait aller chercher mon père qui revenait en métro. Elle nous laissa tous les quatre et Owen eut un regard pervers.
-Tu as tiré ton coup toi ?
-Non.
-Tu es beaucoup trop joyeux pour ne pas avoir pris ton pied.
-J'étais avec Giselle.On a parlé un peu...
-C'est comme ça qu'on dit maintenant ? ironisa Keito.
-Je lui ai peut-être dit que je l'aimais avant de partir.
Un énorme sourire fendit les visages de mes amis.
-Et elle a dit quoi ? demanda Clive.
-Aucune idée, je suis littéralement parti en vélo après.
Owen se tapa la tête avec sa main.
-T'es un cas putain. Tu l'as laissée en plan après lui avoir lâché une bombe ? T'es sérieux là ? Tu sais vraiment pas t'y prendre avec les femmes.
-Au contraire. Je veux lui laisser du temps pour qu'elle puisse réfléchir à ce que ça implique. Elle est pas comme Lily qui était déjà célèbre, ou comme Sarah qui vient d'une famille influente. Elle n'est personne pour le reste du monde. Je veux qu'elle prenne conscience de ce que ça va être, avec des gens qui vont la critiquer, qui vont la détester. C'est pour ça que je suis parti sans attendre de réponse. Je veux qu'elle réfléchisse à tout ça. Mais... je pense qu'elle ressent la même chose que moi. Tout à l'heure on était sur son lit et on a eu un... comment Sarah dit déjà ? Un moment. J'ai ressenti une osmose parfaite entre elle et moi. Ça va faire kaboum quand on va coucher ensemble, je le sens.
-En attendant ce moment qui ne risque pas d'arriver si tu la laisses pas s'exprimer après lui avoir lâché des bombes comme ça, je vais t'offrir une poupée gonflable. Elles font super réelles maintenant. Tu pourras te décharger un peu.
-J'ai des mains super douces, elles feront l'affaire, garde tes objets fétichistes chelous.
Ma mère revint quelques minutes plus tard et avant de partir Owen posa ses mains sur mes épaules.
-J'aime bien te charrier mais je suis fier. Il fallait du courage pour lui avouer tes sentiments et Giselle est une fille pour toi. Elle a la tête sur les épaules et elle est pas une groupie. J'espère qu'elle répondra favorablement.
-Merci Ow'.
-Faites un bon voyage, on se voit pour mon anniversaire de toute façon !
Oui, nous avions prévu de faire une escale en Irlande pour son anniversaire avec tous nos amis réunis. Sarah était super excitée à l'idée d'aller là-bas. J'avais compris qu'elle était assez fan des celtes et de toute la mythologie. D'ailleurs, le lendemain, quand je la serrais dans mes bras, je vis tout son plaisir et toute son excitation.
-On va en Euroooooppppe ! Il faut absolument qu'on fasse une photo pour la postérité, venez tous les deux. On se fait un selfie d'aventuriers !
Nous avions déjà passé les contrôles de sécurité et nous prîmes une photo, la première d'un long périple qui allait sûrement nous apprendre beaucoup sur nous-mêmes. Nous étions en train d'attendre notre vol tous les quatre dans un petit salon. J'avais insisté pour payer les billets allers et j'avais pris des premières classes. Je n'avais pas besoin d'être incognito à ce moment là. Une fille s'approcha de nous, les joues roses. Elle nous avait reconnus c'était certain. Elle se tourna vers Sarah.
-Tu es la nouvelle petite amie de Chuck, c'est ça ? Tu es encore plus jolie en vrai que sur les photos. On peut faire une photo toutes les deux ? Ma soeur ne va pas s'en remettre !
-Bien sûr. Je suis toujours d'attaque pour ennuyer les fratries.
Elle nous fit un clin d'œil et se rapprocha d'elle. Est-ce que Giselle arriverait à être aussi naturelle comme ça ? Sarah se rassit, je fis également une photo avec la fille, tout comme Clive et elle s'en alla.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Il a dit à Gisou qu'il l'aimait et il s'est barré avant d'avoir une réponse.
-Quoi ? s'exclama Sophie. Je parie que tu t'es inspiré de Duncan. On avait dit qu'il fallait arrêter de s'inspirer de lui !
-J'ai pas pensé à lui, j'ai pensé à elle et au fait que je pouvais pas débarquer et tout chambouler dans sa vie. Alors, oui, je lui ai dit que je l'aimais et je lui laisse la possibilité de ne pas me répondre. C'était pas un traquenard. Si elle veut en reparler à notre retour, on le fera, sinon, j'aurais été honnête avec elle et c'est tout.
Notre vol vers Málaga fut annoncé et ce fut en donnant le bras à Sarah que nous rejoignîmes nos places. Étrangement, Il n'y avait presque personne en première classe à part nous quatre.
-Tu es sûr qu'on va bien à Málaga et pas en Alaska ? J'ai jamais vu aussi peu de personnes dans un avion, lâcha Clive.
-C'est l'avion fantôme, tu crois ? demanda Sophie, hilare.
-Sûrement. Alors toujours avec le petit blondinet ?
-Toujours...
Ils commencèrent à parler et je me retournai vers Sarah, assise juste à côté de moi. Je lui expliquai ce qu'il s'était passé la veille au soir et je me rendis compte que le moment passé avec elle était d'une tendresse folle. Je n'avais pas connu ça avec Maeva. On avait couché ensemble très rapidement d'ailleurs. J'en avais des flashes parfois. J'étais assez fortement alcoolisé, elle aussi, et j'avais fini par retrousser sa robe dans les toilettes d'une boîte très hype. On se connaissait depuis deux jours à peine, nous avions fait un shooting ensemble. Il n'y avait eu ni tendresse, ni romantisme, rien. Juste un ado en rut qui avait envie de tirer son coup et qui avait fini par s'attacher. Maeva était toujours partante pour « baiser comme des bêtes », comme elle disait. Ce n'était pas sain. Mais là... c'était différent. Je la connaissais bien et pourtant, j'avais des tonnes de choses à apprendre sur elle.
-Tu as bien fait, Ray. Vraiment. Je ne plaisante pas. T'es trop chou en plus, tu parles d'elle toujours avec... ce petit truc qui montre que tu es attaché à elle, profondément. Tu me fais penser à Papa au début de sa relation avec Mary.
Elle posa sa tête sur mon épaule et nous changeâmes de sujet. Je finis par m'assoupir comme les autres. Je n'avais pas dormi de la nuit. J'étais anxieux à l'idée de rater mon vol et à cause de Giselle. J'avais peur d'avoir fait une connerie monumentale. Je m'étais levé pour écrire une chanson mais ça me paraissait fade. J'avais tout déchiré et j'avais fini par faire entrer Roscoe dans ma chambre pour le caresser dans mon lit. Je réussis à glaner quelques heures de sommeil et je fus accueilli par le soleil espagnol à mon réveil. Le bonheur irradiait de mes traits. J'avais choisi Málaga au sud de l'Espagne pour commencer notre périple. J'en avais entendu le plus grand bien et je ne fus pas du tout déçu parce que je voyais. Je me rendis vers la location de voiture pour récupérer la voiture que j'avais prévu. Je remerciais intérieurement mon père de m'avoir forcé à conduire sur une voiture non automatique quand nous fûmes à l'intérieur. Notre hôtel était sur le front de mer. Nous avions carrément une suite avec plusieurs chambres. Nous avions décidé de rester trois jours dans cette ville, puis de partir vers Madrid, avant de rejoindre Valence, puis Barcelone. Clive et moi étions plantés sur la petite terrasse.
-Putain tu as géré. J'ai envie d'aller piquer une tête. Les filles !! Ça vous tente d'aller à la plage ?
L'eau était chaude et alors que j'étais planté là, dans l'eau, Sarah arriva vers moi. Elle était un peu comme un petit poisson dans l'eau.
-Tu te rends compte que là-bas, c'est l'Afrique ? Le monde est à la fois si petit et si vaste. Je suis content de le découvrir avec toi Sarah.
-Pareil Raymund.
-Arrête de m'appeler comme ça !
-Sinon quoi ? Tu vas me couler ? Il faudrait que tu me rattrapes pour ça.
C'était un défi et je me mis à nager derrière elle. Je réussis à l'attraper alors qu'elle revenait sur la plage. Je la soulevai dans mes bras et nous retombâmes dans l'eau. J'étais hilare et elle aussi. Sarah n'avait pas attaché ses cheveux et elle en avait partout devant ses yeux.
-J'arrive pas à croire qu'on l'a fait. On se fait des vacances ensemble Ray. Des vrais de vrais. Il n'y a aucun parent pour nous surveiller. On est libre de faire ce qu'on veut, tu imagines ?
-C'est vrai. Je n'étais pas parti seul comme ça depuis longtemps. Je veux dire, sans parents ou sans agent pour me surveiller.
Nous étions en train de remonter sur la plage vers nos serviettes. Sophie mettait du lait solaire sur Clive. La meilleure amie de Sarah était vraiment une très belle fille et je savais que Clive avait beaucoup de respect pour elle. Il avait été ravi, d'ailleurs, quand il avait appris qu'elle sortait avec son blond qu'elle aimait depuis toujours. Je me laissai tomber sur ma serviette et je regardai la mer bleutée. J'avais dit à Giselle que je l'aimais et je me sentais libéré, invincible même.
-Tu as l'air totalement à l'Ouest, lâcha Clive. Tu as une idée de chanson ou quoi ?
-À part libéré, délivré, non. Aucune.
-Ma petite soeur est une grosse grosse fan de la reine des neiges, je te rappelle. Elle a demandé à ma mère de lui faire la robe d'Elsa pour son anniversaire.
-Elle sera trop belle, dis-je. La petite soeur de Clive s'est autoproclamée petite sœur préférée du groupe et nous réquisitionne pour faire la musique.
-Bah... c'est la seule petite soeur non ? hoqueta Sarah.
-Oui ! rit Clive.
-Tu te souviens Sarah de mes 6 ans ? On était déguisée en princesse et mon père avait loué une calèche !
-C'était super cool. On avait fini par se balancer de la boue dessus et nos pères étaient catastrophés. Mais pas nos mères. Elles étaient hilares. Je suis vraiment contente d'être ici. En Espagne. Elijah a toujours aimé ce pays. Ça a été un déchirement pour lui de partir en vrai. Je pourrais en parler avec lui en revenant et c'est cool. Vraiment cool.
Je la pris dans mes bras et j'embrassai son épaule. Je savais qu'on allait vachement s'amuser et cela ne manqua pas. Nous nous baladâmes dans la ville peu de temps avant de rejoindre notre hôtel. Nous devions être en pleine forme pour le lendemain et pour la visite de la ville qui nous attendait. Il y avait une très belle cathédrale dans cette ville et je savais que Giselle l'aurait adoré, elle qui aimait tant ce qui se rapprochait du sacré et du religieux. Je pourrais revenir avec elle à l'occasion.. Nous profitâmes de notre journée pour aller visiter Gibralfaro où se trouvait des ruines de châteaux médiévaux. Le panorama était juste splendide et j'avais vraiment l'impression de voir toute la ville à mes pieds. Quand j'étais petit, mes yeux brillaient rien qu'à la pensée des chevaliers et des châteaux fortifiées. J'étais servi là. Nous nous étions rapprochés d'un guide touristique et c'était juste magique. Je n'étais pas le seul à avoir l'impression de réaliser un rêve de gamin. Cette ville était vraiment magique et je ne regrettai pas du tout d'avoir commencé par là. J'avais l'impression que notre voyage commençait très bien.Le soir venu, nous étions fourbus mais nous finîmes au El Pimpi, un restaurant bar côté. C'était un peu ma vie rêvée. Mes potes, un bon cocktail et de la nourriture. Y'avait-il une meilleure chose sur cette terre ?
Ce fut assez difficile de quitter la ville pour prendre la route vers Madrid, mais comme Sarah me le fit remarquer, nous étions des aventuriers et un road trip impliquait des trajets en voiture. C'était moi qui prenais le premier tour de conduite. Nous étions en train de hurler de rire dans la voiture en arrivant à Cordoue. Le trajet était plus long en passant par cet itinéraire mais peu importait. Nous avions cinq heures pour rejoindre Madrid et il y avait quelques bouchons. Nous étions presque à l'arrêt et je décapotai la voiture pour profiter de l'air ambiant. Sarah et Sophie chantaient à l'arrière de la voiture et Clive les arbitrait. Une chanson de Justin Timberlake passa et je montai le son.
-J'adore cette chanson ! s'écria ma meilleure amie.
Elles se mirent à beugler en levant les bras vers le ciel. Clive me regarda d'un air signifiant « tu crois qu'on a bien fait de partir avec des filles ? » avant de chanter lui aussi. Je ne pouvais m'empêcher d'aimer les écouter et de me joindre à eux. Nous arrivâmes à Cordoue en début d'après-midi sous un soleil d'enfer.
-Ça vous dérange si je me dégourdis un peu les jambes ?
-À ton avis, Ray ?
Je me garai dans le centre ville et ma meilleure amie en profita pour s'étirer.
-Tu veux que je reprenne le volant après ? me demanda-t-elle en retirant ses lunettes de soleil.
-Oh non non, j'aime bien conduire mais là, j'avais envie de m'arrêter. Ça vous tente qu'on visite un peu ?
-Uniquement si je peux te payer une glace ! rit Sarah.
-Vendu. Moi je suis pas un gentleman, non. J'attends que les filles me payent des trucs.
-Tu n'as pas besoin d'être un gentleman avec moi.
Elle attrapa mon bras et nous déambulâmes dans la ville jusqu'à trouver un artisan glacier. Ce fut à ce moment précis qu'on nous reconnut. J'eus la stupidité de me retourner quand j'entendis mon prénom. Une ado me dévisageait de la tête aux pieds.
-Salut !
-Tu es...
L'émotion la gagnait, c'était clair et net. Elle devint rouge, elle balbutia et finit par se taire. Je m'approchai d'elle et je lui serrai la main en lui demandant son nom. Alba. Elle était toute choupinette. Je fis un selfie avec elle et Clive et nous la laissâmes.
-Wow. On m'avait dit qu'une geisha pouvait arrêter net un homme dans la rue d'un seul regard, mais je pensais pas que tu avais ce pouvoir avec les ados.
-Ray la geisha, hurla de rire Clive.
Je le fusillai du regard et lui sautai sur le dos pour le faire taire. Les passants nous regardaient bizarrement, se disant que les américains étaient vraiment impolis, mais je m'en moquais. Clive me garda sur son dos tandis que Sarah prenait une photo de nous deux. Je savais qu'en ayant fait cette photo, les paparazzis allaient savoir que nous étions en Espagne très rapidement. Un regard vers mon ami m'apprit qu'il était déjà en train de réfléchir sur cette problématique. Nous continuâmes à déambuler un peu dans la ville, et nous visitâmes la mosquée cathédrale. C'était un monument tout à fait splendide de manière architecturale. Nous étions à peine sortie que Clive demanda gentiment à un passant s'il pouvait faire une photo de nous quatre avec son téléphone. Il semblait tout content et nous finîmes par nous asseoir à une terrasse. Sarah m'indiqua qu'elle allait conduire et que je pouvais prendre un verre si je le voulais.
-T'es sûre ?
-Je te jure, ça ne me gêne pas du tout.
Je la remerciai et je commandai une sangria très fraiche.
-Allez, on se fait un boomerang pour Instagram. C'est quoi le lieu ? Je vais leur faire une pub, fis-je en me repoussant pour voir la devanture.
Je pris mon téléphone pour immortaliser ce moment et je l'envoyais aux trois autres.
-Je peux vous poser une question franche ? Vous pensez que je devrais me faire un compte Instagram public ? Enfin, pseudo public ? Je mettrai quelques photos de vie privée et le reste des trucs comme... notre road trip par exemple ?
-C'est pas une mauvaise idée, répondit Clive. Pas du tout même. Ça te permettrait de gérer ton image publique, c'est comme ça qu'on fait avec les garçons.
-Pardon ? hoqueta Sarah en me fixant avec des yeux ronds. Vous avez des comptes... persos ?
-Je me sers peu de mon compte insta personnel, avouai-je. Je finis toujours par poster sur mon Facebook. Je vous ajoute, vous pourrez voir ma liste d'amis, ajoutai-je en voyant le regard des filles.
-Genre, Chuck a un Insta personnel ? continua Sarah, les yeux écarquillés.
-Il a été hacké par l'un de ses cousins qui a changé le mot de passe et qui refuse de lui redonner tant qu'il n'aura pas avoué en direct que.. c'était quoi déjà Clive ?
-Tant qu'il aurait pas avoué qu'il avait une petite bite.
-Ça fait trois ans quand même et son cousin n'a pas cédé. Il rechange régulièrement le mot de passe pour être sur que Chuck le trouve pas. C'est bon je vous ai envoyé des notifs.
Sarah me fixait de son beau regard vert.
-En vrai ça fait quoi ? Un an qu'on se connait et j'en apprends tous les jours Ray. J'adore. Je vais me faire un profil tout de suite.
Je la regardai manipuler son téléphone et se mettre à sourire. Elle demanda à Sophie de la photographier pour sa photo de profil. Elle avait eu raison de faire ça et ça lui permettrait d'être tranquille autrement. J'avais l'impression qu'elle y avait déjà réfléchi mine de rien. La première était une photo de l'aéroport de Los Angeles. Nouveau compte pour une nouvelle vie... qui débutera par quel voyage ? L'Europe bien sûr. Promis, je vous raconterai tout en détail.
-Tu nous fais une sorte de carnet de route ? Trop bonne idée ! s'écria Clive. Tu es officiellement l'instagrammeuse de nos vacances Sarah. Comme ça les journalistes vont tous regarder tous les jours ton compte et on aura pas besoin d'y penser.
-J'y ai pensé dans l'avion pour aller à New York déjà. Mais j'étais indécise.
Elle commença à mettre en ligne des photos de son début de voyage avec Sophie et même avec son père. Le Dr McAllister avait une telle prestance sur ces photos... Cet homme aurait pu être mannequin, c'était clair et net. J'eus la présence d'esprit de changer immédiatement le nom sur la photo du bal pour les rediriger vers son nouveau profil et je la suivis directement. Sophie et elle étaient en train de créer les différentes légendes pendant que je sirotai mon cocktail. C'était tellement bon, tellement frais. Je repostai l'une de ses photos de Màlaga, celle que nous avions prise tous les quatre sur la plage avant de poster en même temps que les trois autres, la photo en terrasse de Cordoue. Poster la même photo en même temps, c'était un truc qu'on adorait faire avec mes potes. C'était un souvenir commun ainsi. Je finis tranquillement mon verre et nous reprîmes la route. Sarah avait décidé de conduire et je m'étais assis à côté d'elle dans la voiture. Elle était tellement belle cette fille. Je l'avais déjà remarqué auparavant, j'avais même cru à un moment qu'on pourrait être ensemble avant de me rendre à l'évidence. Nous étions clairement faits pour être des amis.
-J'ai un truc sur la tête ou quoi ?
-Pas du tout, tu bouffes juste un peu tes cheveux !
Je lui décalai sa mèche et nous parlâmes de tout et de rien. C'était reposant à vrai dire. Nous refîmes une autre escale parce que Sarah avait faim et que nous n'avions rien prévu à grignoter pour le voyage.
-Heureusement qu'on fait un road trip de riche et qu'on dort dans des palaces, se moqua Sophie. On oublie même de prendre de quoi boire et manger, on est pitoyables.
Je l'accompagnai vers le marché le plus proche alors que Sarah remettait de l'essence dans la voiture.
-Tu sais parler espagnol Ray ?
-Je me débrouille bien quand même. J'ai des cours à Yale entièrement dans cette langue.
-J'ai hésité à venir dans ta fac, tu sais ? Mais les Harpers vont tous à Harvard depuis des générations. Je pense que je me serai faite renier si j'avais mis les pieds ailleurs.
-C'est une jolie fac. Kei et Owen s'y amusent comme des dingues, tu vas voir.
Nous achetâmes quelques denrées et j'entendis de la musique. Elle venait de l'autre bout du marché. Je portais nos courses et je me laissai guider par la voix de la musique. Je m'arrêtai devant un petit concert de marché comme il en existait des centaines. J'occultai tout ce qui était autour de moi et je fermai les yeux. C'était une fille qui chantait d'une voix grave, sensuelle. Une voix pour la soul ou le blues. Je sentis une main sur mon épaule, c'était celle de Clive.
-Elle a une voix de folie, tu ne trouves pas, Clive ?
-Elle a aussi un corps de folie.
Je rouvris les yeux et je l'observais. Son corps était tout en douceur, tout en volupté, tout à fait Clive. Son regard s'émoustillait et il finit par fermer les yeux lui aussi, se concentrant sur le rythme, sur la mélodie entrainante, sur la chaleur de sa voix. Dès qu'elle eut fini sa prestation, je m'avançai vers elle.
-Vous avez une voix splendide, merci beaucoup pour ça.
Elle me fixa un instant.
-Votre visage m'est... oh putain. Vous êtes le leader chant des Atlas Wild Child et... oh mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu.
Elle perdait ses moyens et cela fit rire Clive qui lui demanda si elle acceptait que nous chantions avec elle en freestyle. Elle hocha la tête et Clive attrapa la guitare qui était posée au sol. Il retira sa casquette et se mit face à la foule. Il vérifia l'accordement et commença à jouer Sound of Silence de Simon et Garfunkel. Il commença la chanson et il n'avait pas besoin de micro. La voix de Clive était puissante et il chantait à plein poumon. Les gens commencèrent à s'arrêter et je fis comme lui. Fini l'anonymat. Je le rejoignis dans sa chanson et la fille nous suivit. Elle chantait avec son âme et c'était super appréciable. Les habitants de Tolède s'attroupaient contre nous. J'enchainais sur Bailando et je me lâchai et dès que nous eûmes terminés, il y eut un tonnerre d'applaudissement. Je reculai pour applaudir la chanteuse et elle se mit à rosir.
-Quel est ton nom ?
-Mila Segura.
-Tu as un profil instagram ?
Elle acquiesça et je pris une photo avec elle. Super session chant avec la talentueuse @milasegura. Hâte de rechanter avec toi, que ce soit dans les rues espagnoles ou sur une véritable scène. Je savais qu'avec ces mots, sa carrière allait prendre un tournant. Elle s'en doutait aussi. Je la remerciai encore, signai quelques autographes et nous retournâmes vers notre voiture. Je me sentais revigoré et alors que Clive prenait le volant, je me fis la réflexion que sans la musique, je ne pouvais pas vivre. C'était impossible. Elle était tellement imprégnée dans mes veines, dans mon ADN, que j'entendais de la musique, je devais chanter. C'était impossible autrement. Nous arrivâmes à Madrid un peu plus tard dans la soirée, après avoir dîné dans un parc. J'avais réservé un hôtel magnifique en plein centre ville et je me laissai tomber sur le lit en arrivant. C'était toujours quelque chose que je faisais, me jeter sur un lit pour tester le matelas. Je me retournai et je m'étirai avant de me redresser. J'avais promis aux filles qu'on passerait une authentique nuit madrilène. Je devais danser jusqu'au bout de la nuit et pour ça, j'avais besoin d'une bonne douche. L'eau froide glissait sur mon corps et me réveilla un bon coup. J'avais acheté une carte postale à Malaga et Cordoue pour Giselle mais je n'avais pas eu le temps de les poster après les avoir écrites. Dans le secrétaire de ma chambre, il y avait du papier à lettre et des enveloppes. J'étais en train de lui expliquer pourquoi elle n'aurait pas de tampons des deux dernières villes lorsqu'on frappa à ma chambre. C'était Sarah. Elle avait revêtu un de ses shorts favoris qui dévoilait ses gambettes bronzées.
-Tu n'es pas habillé ?
-J'écrivais une lettre pour Giselle.
-Une... oh ! C'est trop génial. J'aime trop les lettres à cause de Chuck ! Plus c'est romantique, plus je craque.
-C'était pas le but, je voulais juste lui expliquer pourquoi elle recevait deux cartes postales d'un coup.
-Tu me désespères, soupira-t-elle.
-Je devrais lui écrire une lettre romantique tu crois ? m'inquiétai-je.
-Je crois que tu dois le faire comme tu le sens, Ray. Tu voulais lui laisser du temps et puis je ne sais pas ce qu'aime Giselle. Embrasse-la de ma part dans ta lettre explicative du coup ! Je t'attends au bar, les deux autres morfales ont déjà commencé à grignoter.
Une lettre romantique. Je regardai les quelques mots tracés en me demandant si c'était réellement ce que je voulais lui dire. Je finis par chiffonner la lettre et recommencer, en parlant avec mon coeur cette fois-ci.
Giz,
J'espère que tu t'amuses bien dans les Hamptons chez ta tante. Je te remercie d'ailleurs de m'avoir redonné l'adresse, tu pourras lire le récit de nos péripéties plus rapidement comme ça. J'ai été tellement pris dans l'ambiance si particulière de l'Espagne que je n'ai pas pris le temps de te poster les deux cartes que j'avais acheté pour toi, c'est pourquoi je les joins avec cette lettre ! Oui, je te vois déjà en train de rire, je suis vraiment bête parfois.
Nous nous sommes arrêtés à Tolède avant d'arriver à Madrid aujourd'hui. Clive et moi avons chanté dans cette ville ancestrale avec une artiste de rue. Je ne sais pas si tu en as entendu parler au moment où tu liras ces mots, mais c'était fabuleux. Ça m'a rappelé que j'aimais m'arrêter parfois, dans ma vie méga speed et juste faire l'une des choses que j'aime le plus au monde : la musique. Je regrette presque d'avoir décidé de faire un road trip de plusieurs semaines à travers l'Europe. J'ai à la fois la sensation de voir énormément de choses sans pour autant creuser les villes. Les paysages sont magiques et j'aimerai bien un jour revenir pour découvrir plus en profondeur les différentes régions. Nous avons prévu de rester un peu plus de temps que prévu à Madrid pour nous laisser le temps de découvrir les environs et ça me plait assez comme concept. Tu recevras pour le coup une véritable carte postale qui te retracera les grandes lignes de notre périple madrilène !
J'aimerai beaucoup t'emmener ici un jour pour que tu puisses, comme moi, t'imprégner de ce beau pays. Je pense que tu adorerais ! Non. Je SAIS que tu adorerais. Je ressens souvent ta présence avec moi depuis que je suis arrivé. Quand nous étions sur les hauteurs de Gibralfaro près de Màlaga ou à la Mezquita de Córdoba, j'aurais aimé que tu sois là, ta main si douce tenant la mienne. Et pendant ces instants où je pensais à toi, j'aurais presque pu palper ton aura et ta joie de vivre. C'est une sensation à la fois étrange et bienheureuse. Je te porte avec moi, dans mon coeur et ces instants de bonheur que je vis actuellement, tu les vis un peu avec moi. Mes trois comparses m'attendent pour notre première nuit dans la capitale, aussi je vais te laisser, mais sache que... je pense à toi et que je souris à l'idée que tu me lises.
J'ai hâte de te retrouver, de te montrer les photos de notre voyage et de tout te raconter, dans les moindres détails.
Je t'embrasse, Ray.
PS : Promis, je n'oublierai plus de poster tes cartes postales et je vais t'en envoyer de chaque ville où nous nous arrêtons, sauf s'il n'y a pas de poste, je ne sais pas trop comment ça marche en Europe.
Satisfait de ma lettre, je la cachetai et y accolait un timbre avant de la descendre au niveau de l'hôtel et du service d'envoi. Je retrouvai rapidement mes amis pour une nuit de folie. Nous finîmes dans un bar bondé et dans une boîte de nuit madrilène cotée. Il y avait des filles splendides là-bas et le regard de Clive s'attarda sur certaines d'entre elles.
-Fais-toi plaisir, t'es le seul célibataire ici.
-Ah ouais ?
Clive me regarda goguenard et se leva de notre table pour aller commander au bar. Il revint avec des cocktails et nous débutâmes notre nuit en trinquant et en dansant. Je dansais avec des filles, mais aucune ne me faisait réellement de l'effet. Je m'amusais seulement et quand je vis un gars trop entreprenant avec Sophie, je me rapprochai doucement d'elle. Je vis de la gêne dans ses yeux. L'homme était insistant et je n'appréciais pas du tout la détresse dans les yeux de Sophie. Je me redressai et je marchais d'un pas décidé vers elle. Je posai une main sur ses hanches et la ramenai vers moi en jetant un regard noir au mec. Il était moche en plus.
-Est-ce que je peux t'offrir un verre ? demandai-je à Sophie.
-Elle est... commença l'homme.
-Avec plaisir. Mais avant, allons danser !
Je l'entrainai vers moi au centre de la piste de danse et elle me remercia.
-J'ai un problème avec les mecs, je crois.
-Non, ce sont les mecs qui ont un problème parce que leurs Mamans ne leur ont pas appris qu'on importune pas les gens qui ne veulent pas être importunés.
-Pardon ? rit Sophie.
-Je veux dire par là que tu ressens rapidement quand ta tentative de drague est au point mort. Continuer à importuner quelqu'un après avoir reçu un refus, c'est pas normal. Ma mère m'a toujours dit que lorsqu'une fille commençait à regarder ailleurs, à avoir un petit sourire poli, ça voulait dire que je devais lui souhaiter une bonne fin de soirée et m'en aller.
-Je suis sûre que tu n'as jamais eu ce souci toi.
-Non, je suis célèbre. Ce sont les filles qui m'importunent, pas l'inverse.
-Arrogance bonjour.
-A vot' service ma petite dame.
Je fis semblant de soulever un chapeau de cowboy et je la fis tourner. C'était une vraie danseuse et je m'amusais comme un fou, je devais bien l'avouer.
Nous rentrâmes au petit matin, exténués mais heureux. Je m'affalai sur mon lit et je fus réveillé vers midi par mon téléphone. Owen m'avait envoyé un message pour m'informer que si mes parents voulaient partir en vacances, il se ferait un plaisir de garder Roscoe. Je trouvais ça louche et je l'appelai.
-Tu appelles au pire moment, je suis à poil dans ma salle de bain en train de chercher une capote pour aller baiser Ray.
-Tu veux garder mon chien ?
-Je comptais le refiler à Giselle histoire qu'elle se souvienne que tu existes pour ne pas qu'elle aille faire ce que moi je vais faire après t'avoir raccroché au nez. On se capte plus tard.
Il me raccrocha au nez. Owen était juste taré. Giselle ne pouvait pas prendre en charge mon chien, sérieux. À quoi pensait-il ? J'allais gratter à la porte de Clive. Ce dernier arriva vers moi et me fusilla du regard. J'avais oublié qu'il était du genre à ne pas se réveiller le matin. Son regard était si noir qu'il m'effraya presque.
-Owen va me péter mon coup avec Giselle. Je sais pas quoi faire.
Il ouvrit la porte et il retourna dans son lit en me faisant signe de s'asseoir près de moi. Je lui racontai la situation et j'attendis son expertise.
-Alors ?
-Tu te fais trop de souci, c'est une bonne idée si Giselle est okay. Elle adore Roscoe, Roscoe l'adore aussi. Tu te fais trop de bile. Maintenant, dégage de ma chambre, je vais continuer mon rêve. Y'avait une bombasse espagnole et elle était plus belle que toi.
Il se remit dans ses draps et referma les yeux, un sourire amusé sur les lèvres. Je partis de sa chambre et je passai dans ma salle d'eau pour me remettre les idées en place. Même à des milliers de kilomètres je me faisais du souci sur ce qu'elle allait penser de moi. Qu'est-ce que cela voulait dire de moi ? Allais-je être comme tous ces gens qui sont obnubilés par leur moitié au point de ne vouloir rien faire sans eux ?
Non. Je n'étais pas comme ça. Si j'étais aussi focalisé c'était parce que j'attendais sa réponse avec une grande impatience, avec la boule au ventre, avec des étoiles dans les yeux au même moment. Je filai au niveau de la piscine de l'hôtel pour aller me poser au soleil et déjà je voyais le regard de femmes sur moi. Je leur fis un sourire et je vis même un téléphone tourné vers moi. J'allais finir sur les réseaux sociaux encore. Ma mère m'appela à ce moment précis.
-Maman ! Il est super tôt !
-Je sais, mais je voulais savoir comment tu allais et je suis en pleine crise d'insomnie ! Tu t'amuses bien ?
-Franchement ? Je pense que c'était une trop bonne idée. Des vacances, enfin. Ça me rappelle les Hamptons l'an dernier en plus espagnol.
-Tu es bête. Je t'appelais aussi pour te dire que ta cousine a accouché d'une petite fille !
-Je vais lui ramener un cadeau du coup ! Merci de m'avoir prévenue.
-Je suis à quel point tu apprécies ta cousine, c'était normal. Attends, ton père vient de se réveiller, je vais aller me recoucher. Embrasse bien tes amis de ma part mon chaton.
-Je t'aime M'man.
Ce fut avec un sourire sur les lèvres que je m'installai au bord de la piscine et que je commandais un café. Rien de mieux pour débuter sa journée. J'avais encore beaucoup à voir et quand je remarquais que Sarah était déjà là, je me déplaçai vers elle. Elle mangeait des fruits frais comme à son habitude.
-Est-ce que tu es prêt ?
Elle décala ses lunettes de soleil et ses yeux pétillèrent de malice.
-Aujourd'hui, on va s'amuser comme des fous. J'espère que tu as pris des vitamines avec toi, tu vas en avoir besoin.
Elle eut un sourire en coin, la faisant ressembler à Duncan de manière terrible. Lorsqu'il s'agissait d'être taquin et de s'amuser les cousins McAllister étaient vraiment mes maitres en la matière. J'avais hâte de voir la suite de notre voyage.
Vraiment hâte.
***
Qui sera le prochain (ou la prochaine) ?
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