Duncan
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Tu as l'air triste Keith.
La voix de ma cousine résonnait toujours dans mon crâne alors que je me préparai pour rejoindre Marc. Je n'avais pas voulu leur dire l'étendue de mon agacement face à la vie. J'avais pourtant eu l'impression que Sarah m'avait percé à jour.
Tu as l'air triste Keith.
Ce n'était pas tous les jours faciles d'être moi. Je donnais excessivement bien le change, je travaillais bien en cours, mais une fois seul face à moi-même... je me sentais las. Vraiment las. J'attrapai mes lunettes de soleil et j'enfilai mes baskets. J'avais rendez-vous chez Marc et je m'y rendis en taxi. Mon ami m'attendait dans son jardin. Il lançait les noyaux de cerise qu'il mangeait.
-Tu es pile à l'heure. J'ai cueilli des cerises ce matin, elles sont graves bonnes.
-Toi. Cueillir des cerises ? Tu n'aimais pas ça quand on était petit déjà.
-Ma mère m'a demandé et je ne peux rien lui refuser.
-Tu comptes revenir plus souvent à la maison après la naissance de Mademoiselle McDust ?
-Carrément. J'ai hâte de la voir. Elle va être parfaite.
-On pense tous ça de nos frères et soeurs et une fois qu'ils sont là, parfois, on regrette clairement. Crois en mon expérience d'aîné. Les filles c'est casse-couille.
Il se mit à rire et se leva après s'être étiré. Marc avait vendu son ancienne voiture et s'en était achetée une décapotable. Je m'installai dedans et il fila sur la route.
-Je peux te poser une question ?
-Tu as toujours pu me demander ce que tu voulais Duncan.
-Ça t'a fait chier quand je t'ai appris que je couchais avec des mecs ?
Marc tourna ses yeux vers moi, et il releva ses lunettes de soleil. Il était hyper surpris.
-Bien sûr que non, tu es mon ami Dun. Du moment que tu es heureux, j'ai pas à me mêler des gens avec qui tu couches, hommes ou femmes. Par contre, si un mec te rend malheureux, là, j'interviendrai.
-Mission commando de pétage de gueule ?
-Exactement.
-Et si c'est une fille ?
-On fait ce qu'on a prévu quand on a commencé à avoir une vie sexuelle. Je la drague et après je la jette en lui faisant comprendre que c'était une vengeance.
-T'es vraiment un pote toi !
-Pour être totalement honnête, il y a une seule chose à laquelle j'ai pensé quand tu as fait ton coming out. Je me suis demandé si tu avais déjà flashé sur un mec que je t'avais présenté lors de nos soirées.
-J'ai surtout couché avec un mec que tu m'as présenté.
-Qui ? hoqueta mon ami en s'arrêtant à un feu rouge.
-Mike ?
-T'es sérieux ? C'est le mec le plus homophobe que je connaisse. Une vraie raclure.
-Assez typique. Il était purement gay quand il m'a sucé sur le toit terrasse des Mafford et quand je l'ai sodomisé dans leur grange. Je compte sur ta discrétion.
-Je ne vais pas faire le coming out de quelqu'un. C'est pas mon genre. Est-ce que tu te sens mieux Duncan ? Hier soir tu m'as paru.. vraiment triste. On était complètement torché mais.. tu peux me parler quand tu veux, tu le sais. Tu es mon plus vieil ami.
-Je me suis perdu, Marc. À force de ne pas vouloir de relations plus sérieuses, d'enchainer les plans culs, je me suis perdu. Et puis toi non plus tu n'avais pas l'air spécialement enjoué hier. Tout va bien avec ta copine ?
-Nina est Nina quoi, soupira-t-il.
-C'est à dire ?
Je scrutai mon ami et je vis un tic sur son visage.
-Est-ce que tu regrettes Sarah ? Ce que vous aviez tous les deux ?
-Je l'ai aimé. Vraiment. J'étais super bien avec elle. On s'amusait vraiment bien. Mais... quand j'ai revu Nina, je me suis rendu compte que j'aimais Sarah mais que j'étais pas amoureux. J'ai essayé de lui faire comprendre quand on a rompu et.. je pense que c'est pour ça qu'elle a réussi à passer à autre chose plus vite. Ou alors parce qu'elle couchait déjà avec son chanteur, c'est possible aussi. Alors, non, je ne regrette pas.
-Elle couchait déjà avec lui, lâchai-je.
-Je m'en doutais. Mais tu sais à quoi j'ai pensé en les voyant ? J'ai reconnu le couple de mes parents et ça m'a fait réfléchir sur mon couple. Parfois, vouloir ranimer la flamme d'un ancien amour peut être parfaitement illusoire
-À ce point là ?
-Je l'ai vraiment énormément aimé, je l'aime encore c'est indéniable mais putain elle me casse les couilles parfois et... est-ce que c'est la femme qui est faite pour moi ou est-ce que je me rattache à ce que j'ai eu au lycée ?
-On ne reste pas toute sa vie avec son amour de lycée dans 90% des cas. Tes parents sont des exceptions.
-Je sais... Pourquoi tu me regardes en souriant Duncan McAllister ?
-Tu aurais pu être mon type de mec à moi.
-Hum...
-Si tu avais été un peu moins studieux en cours. Je préfère être le plus intelligent du couple !
J'éclatai de rire et il me suivit dans mon rire. Avicii passa à la radio et j'augmentai le son. Nous gueulâmes comme des idiots. Je savais de quoi nous avions l'air tous les deux. Le blondinet et le latino, dignes de couverture de magazine. D'ailleurs, alors que Marc s'arrêtait à une intersection, je remarquai une bande de filles qui nous regardait.
-Mate un peu derrière moi.
Marc tourna la tête et je reconnus le petit sourire qu'il avait. Il allait me faire une proposition, c'était clair et net.
-Tu te souviens du jeu qu'on avait quand on avait 17 ans et que j'étais venu du côté de chez toi ?
-Laquelle ?
-La brune.
-McDust, j'espère pour toi que tu n'as pas dépensé tout ton argent de poche.
Je défis la ceinture de la voiture et j'arrivai vers elles. Je retirai mes lunettes de soleil et je laissai mon charme McAllister opérer.
-Excusez-moi, je sais que ça va vous paraitre super bizarre, mais ça vous dit de venir faire de l'accrobranche avec mon ami et moi ?
Je restai fixé sur la brune et je sentis une connexion entre nous se faire.
-Okay.
-Mais Ma...
Elle me suivit et je vis le petit sourire de Marc McDust. Je savais reconnaître un attrait masculin quand je le voyais et clairement, il trouvait la copine de la brune sexy. Elle l'était clairement avec son mini-short et ses fesses rebondies. Il y avait trois filles et elles s'installèrent à l'arrière. Nous arrivâmes à l'activité. Pendant qu'elles s'harnachaient, je m'approchai.
-On est d'accord, si j'en mets deux dans mon lit, on double le prix.
-Seulement si tu as les deux en même temps.
-Putain, tu es dur en affaire. Par contre, si tu mets la rouquine dans ton pieu, je triple le prix habituel.
-Je suis en couple.
-Ce serait pas la première fois, le taquinai-je.
-Ah le bâtard, rit-il. Je l'ai mérité.
Les filles nous rejoignirent et nous commençâmes à nous amuser. J'adorais l'accrobranche et cette sensation d'être dans les arbres et la nature. J'en avais fait la première fois enfant avec Marc et nos deux pères. C'était peu de temps avant qu'on parte de l'autre côté du pays. J'en avais voulu à mon père de m'envoyer loin de ma famille et de mon meilleur ami. Il était mon meilleur ami clairement. J'avais toujours pu compter sur Marc McDust. Il avait été le premier à savoir que j'avais embrassé un garçon et que j'avais adoré ça. Il avait été le premier à être au courant quand j'avais couché avec une fille la première fois. J'avais su le nom de toutes ses conquêtes et lui des miennes. C'était aussi pour cette raison que je lui en avais tellement voulu d'avoir fait du mal à Sarah et de ne pas m'avoir prévenu pour eux. Il avait fait les choses dans mon dos pour une raison que je ne connaissais pas. Et pourtant...Je lui faisais une confiance absolue, c'était ça la vérité. J'aurais pu remettre ma vie entre les mains de Marc et il savait que si besoin, il pouvait compter sur moi.
J'étais un peu en retrait et je le regardai s'amuser, tout son visage illuminé par la joie. Tout comme moi, il avait décidé de garder une petite barbe et ça lui allait très bien. Il riait énormément et la petite blonde ne pouvait s'empêcher de le regarder. Les McDust avaient toujours eu ce petit truc charismatique, c'était indéniable. Et clairement, ça me faisait chier de voir qu'il n'allait pas bien avec sa copine. Le Marc dynamique et fou que j'avais connu s'était beaucoup trop assagi à mon goût. Nina avait été son premier amour et il avait été dévasté quand elle avait déménagé. Quand il l'avait revu... je savais ce que pouvait provoquer ce sentiment de revoir un ex. C'était illusoire de penser qu'on pouvait retenter sa chance avec un ex. Il s'était laissé berner et désormais.. il n'était pas aussi heureux que ça. Il regardait les autres filles avec envie avec le sentiment que plus aucun plaisir ne lui serait possible.
Je souris.
Je savais à quoi j'allais employer mes vacances, mon but pour ne pas m'ennuyer. J'allais faire en sorte que Marc McDust quitte sa copine et retrouve le bonheur.
-Duncan, tu as l'air d'un psychopathe comme ça.
C'était la réflexion que me fit mon ami alors que je fixai le dos d'une des filles qui nous accompagnait.
-Tu penses qu'elle porte un string, une culotte en coton, en dentelle ou carrément un boxer ?
-Un boxer.
-J'aime trop les filles en boxer, soupirai-je.
-Pourquoi ? ça te rappelle les sous-vêtements des mecs ?
-Je n'y avais absolument pas songé. En même temps, les mecs y'a pas vraiment le choix, enfin pour moi. Je veux dire, je vois un mec qui se déshabille et il porte un string, je me casse, pareil s'il porte un de ces slips blancs en coton là. Dégueulasse.
-Je sais quoi t'acheter à ton prochain anniversaire.
-Trou du cul de McDust.
Il se mit à rire et nous continuâmes notre activité. À la fin, j'avais des étoiles plein les yeux. Je me sentais vraiment bien et mon nouveau but faisait marcher mes neurones. Nous reprîmes la voiture, direction Santa Monica. Nous nous arrêtâmes dans un bar donnant sur la plage. Marc connaissait manifestement les propriétaires et nous nous installâmes sur une table avec des mojitos. Mara, la fille brune se tourna vers moi.
-Alors comme ça, toi tu es mexicain ?
Je détestais cette question. J'étais américain. Un pur et dur. Je n'avais jamais vécu ailleurs et je ne comptais pas le faire. La fille se basait uniquement sur ma couleur de peau pour affirmer que j'étais mexicain. Et le pire dans cette histoire, c'était sûrement qu'elle me voyait comme un pauvre mexicain avec un sombrero.
-Non, je suis américain.
-Enfin... tu vois ce que je veux dire.
Il ne manque plus qu'elle me dise que je suis typé, cette idiote. J'avais bien l'intention de m'envoyer en l'air et de gagner mon pari avec Marc McDust, je priais pour qu'elle ne gâche pas tout avant.
-J'ai des origines mexicaines par ma mère et...
Je m'arrêtai en voyant ma famille au loin. Mes soeurs me virent et se mirent à courir vers moi. Je savais qu'elles aimaient s'habiller de la même manière pour s'amuser et qu'elles insistaient auprès de notre mère pour ça. Là, elles portaient des petites robes marines. On aurait dit des petites filles sorties tout droit des années 50.
-On va à Malibu tout à l'heure ! s'exclama Abigail.
-Oncle John a perdu sa maison suite à un pari avec Papa.
-Papa est le meilleur, fis-je en souriant. Parait que tu as encore gagné un pari ? lui demandai-je en le voyant approcher.
Mes parents étaient adorables. Ma mère portait mon petit frère en écharpe et portait sa longue robe d'été blanche. Elle l'avait depuis des années et elle savait que c'était notre préférée aux filles et moi. Mon père portait le sac de plage de ma mère et il baissa ses lunettes de soleil sur son nez pour me regarder.
-Bras de fer.
-Si tu veux nous rejoindre, il n'y a pas de souci, on va sûrement rester quelques jours là-bas, continua ma mère en souriant et en réajustant son écharpe de portage.
-Je vais sûrement faire ça, Maman.
-Tu es le bienvenue aussi Marc, ajouta mon père.
-Merci Monsieur, répondit mon ami.
Ma famille s'éloigna et je finis par me lever pour leur courir après.
-Tu abandonnes déjà tes amis ? Malibu te plait tant que ça ? rit mon père.
-Je voulais juste savoir si tu avais de la monnaie sur 100 dollars en fait.
Mon père, le sourire aux lèvres, prit son portefeuille et compta les billets avant de me les tendre.
-Garde ton argent, fiston. Par contre, si tu veux l'avis d'un aîné, elle est mignonne mais elle a l'air un peu bête.
-Elle l'est. On a fait un pari avec Marc.
-Vous êtes incorrigibles vous autres les McAllister, soupira sa mère. Evite de rentrer en pleine nuit par contre, d'accord mon chéri ?
-Je dois garder Tom de toute façon.
Mes parents acquiescèrent et je rejoignis les autres. Mara me regardait très bizarrement. J'avalais mon verre presque d'une traite. Je me relevai pour aller en chercher un autre au bar et je vis que Mara m'avait suivie.
-En fait, tu fais partie de la haute.
-De la haute quoi ? demandai-je en jouant les idiots.
-Société, ajouta-t-elle.
-Je ne m'en suis jamais caché.
Je m'accoudai au bar et je laissai mon charme jouer. Elle était prête.
-Tu as.. déjà fréquenté un gars de mon niveau social ?
-Non, jamais.
-Tu sais ce qui est différent avec nous ?
Je m'approchai d'elle et je l'embrassai avec ardeur.
-Notre éducation ultra rigoriste fait qu'on est des vrais dévergondés dès que nos parents ont les yeux tournés et en ce qui me concerne, je mets un point d'honneur à toujours faire jouir mes partenaires, avant moi.
Elle en frémissait de plaisirs.
-Ça te dit qu'on aille quelque part ailleurs ?
Elle était conquise, c'était presque décevant. Je n'allais pas doubler les points, pas aujourd'hui, le défi lancé par McDust était trop dur alors que je n'avais pas la soirée devant moi. J'attrapai sa main et je poussai la porte de secours. J'envoyai un message à McDust pour le prévenir que je serai de retour dans trente minutes le temps de trouver une chambre d'hôtel. Je me rendis dans l'un des hôtels les mieux côtés.
-Il me faudrait une chambre pour les trois prochaines nuits.
Je sortis ma carte et je remplis le formulaire qu'on me tendit. L'homme à l'entrée vit mon nom de famille et immédiatement son air changea.
-Souhaitez-vous que je mette la chambre sur votre note, monsieur McAllister ?
-Non, merci. J'aime bien séparé mes affaires de celle de mon père.
On me donna le pass de la chambre et je sus que ça allait me coûter une petite fortune. La fille était contente cependant. J'avais remarqué durant mes pérégrinations, qu'il était plus facile de coucher avec quelqu'un quand on était dans un beau cadre. L'argent ouvrait bien des portes.. même les plus secrètes. Je m'écartai d'elle alors qu'un rire de béatitude franchissait ses lèvres.
-Tu es doué !
Je ne répondis rien. J'aurais pu jouer l'arrogant et lâcher un « je sais », mais je n'en avais pas envie. Pas du tout. Je priais pour qu'on m'appelle à ce moment précis et que je puisse échapper à cette fille. Je n'avais rien à lui dire. J'avais juste envie qu'elle parte. Comme si le Ciel m'avait entendu, Marc m'appela et je décrochai en m'éloignant sur le balcon donnant sur la plage.
-Ta demie-heure est passée depuis un moment et j'ai besoin de toi, je me fais allumer à mort là. Elle a posé sa main tellement près de ma teub qu'elle a failli prendre son indépendance.
-Sa main ou ta bite ?
-À ton avis ?
-On revient. Je me suis pris une chambre dans un hôtel... si jamais ta bite veut prendre son indépendance de Nina.
-Ta gueule McAllister. Ramène ton boule au lieu de dire de conneries.
Marc était très mal à l'aise. C'était une évidence rien qu'à le regarder se tenir bien droit. Il n'avait pas daigné retirer ses lunettes de soleil et il tapotait la table juste à côté de son smartphone. Je me laissai tomber près de lui et je regardai l'objet de son malaise. C'était tout bonnement fascinant de voir à quel point une fille pouvait se ridiculiser pour être avec un homme. Elle avait tellement de désir pour lui qu'elle riait bêtement à tout ce qu'il disait. La fille, Mara, frôlait mon bras mais je ne réagissais pas plus que d'ordinaire. Elle n'était rien pour moi. Juste un vagin et un pari. C'était affreusement triste de dire ça, mais je ne ressentais aucun élan. Son corps m'avait excité mais elle, en tant que personne, ne m'intéressait nullement. Je ne savais pas si un jour j'allais trouver une femme ou un homme avec qui j'aurais envie de faire autre chose que des parties de jambes en l'air. Je tournai les yeux vers l'océan et je me redressai.
-Le dernier arrivé à l'eau a gagné.
Je retirai mes chaussures et je commençai à courir pour aller plus vite de Marc. Je balançai les chaussures et mes habits à un endroit et je filai dans l'eau. McDust arriva quelques secondes avant de moi. Il me balança dans l'eau et nous nageâmes loin.
-C'est pour calmer tes ardeurs.
-Ta gueule McAllister.
Je me mis à rire et il me suivit dans mon rire. En sortant de l'eau, je vis le regard de l'amie de Mara se poser sur Marc et le déshabiller du regard depuis la terrasse du bar de plage... Il ne restait certes plus beaucoup à enlever, mais je comprenais sa gêne. Il remit son T-shirt et se passa une main dans les cheveux. Il me demanda de l'attendre et il revint avec deux serviettes de plage et un sac.
-J'avais prévu le truc. J'ai même pris un maillot pour toi, mais bon, on est trempé maintenant.
-Tu devrais surtout mettre de la crème solaire, je donne pas cher de ta peau de blanc-bec McDust. Quoi que tu aurais bien besoin de prendre des couleurs.T'es sûr d'être californien et pas suédois ?
-Arrête de te la péter parce que t'es pas blanc comme un cul l'hiver. J'ai pas beaucoup eu le temps de prendre le soleil dernièrement. Nina est pas très plage.
-Pardon ? hoquetai-je en voyant les filles arriver vers nous.
-Elle préfère la montagne ?
-Je vois pas le rapport ?
Il haussa les épaules et se redressa pour regarder l'océan.
-Tu as déjà pensé à laisser tomber les filles pour passer aux mecs ? Parce qu'on est quand même vachement moins chiants.
Il tourna les yeux vers moi et je vis une grande sincérité.
-Je suis pas du tout attiré par les hommes Duncan, mais sache que si ça avait été le cas, je serai sûrement sorti avec toi.
-Merci ma poule. Moi aussi je serai sorti avec moi-même.
Mon ami me poussa par le bras et les filles nous rejoignirent. Je ne savais pas du tout comment m'en débarrasser mais Marc m'envoya un message pour me faire comprendre qu'on devrait prendre sa voiture et juste leur demander où on allait les déposer. J'acquiesçai en souriant et l'une des filles me demanda ce qui me faisait rire.
-Mon père.
-Tu as l'air proche de lui, ça s'est vu tout à l'heure. Tu as de la chance, moi je parle plus à mon père depuis des années.
-Mon père et moi c'est toute une histoire mais s'il y a bien une chose sur laquelle je n'aurais jamais de doute c'est bien l'amour qu'il a pour moi et celui que j'ai pour lui. On se prend la tête mais je sais qu'à la seconde où j'aurais besoin de lui, il viendra sans poser de question.
D'ailleurs j'espérais vraiment qu'il m'appelle à ce moment précis pour nous dire de rentrer. Ma bonne étoile devait être de mon côté. Mon père m'appela.
-Est-ce que tu pourras dire à..
-Quoi ? Mais pourquoi tu ne m'as pas prévenu plus tôt ?
Mon père se mit à rire et je pouvais même l'imaginer se passer une main dans les cheveux.
-Toi, tu veux échapper à une fille.
-Marc, ça te dérange de me déposer à Malibu ? fis-je d'une voix qui se voulait un peu sérieuse.
-Tout de suite ?
-Oui si ça ne te dérange pas.
-Je suis fier de toi fiston, riait mon père.
-Non P'pa n'insiste pas, je vais venir. Vraiment. Je te rappelle dans quelques minutes.
Je raccrochai et je regardai les filles tandis que Marc se levait et commençait à se rhabiller.
-On vous dépose quelque part ? Là, où on s'est trouvé ? demanda mon ami.
Les filles acquiescèrent et une fois seuls tous les deux, il soupira de bonheur.
-Gros, tu as des idées de génie toi parfois. Rappelle ton père quand même, il voulait peut-être te dire un vrai truc.
Je l'avais oublié et je le mis en haut parleur.
-T'es en haut parleur Papa.
-C'est bon ? Vous avez réussi à échapper à la brigade du vagin ?
-Affirmatif mon général, répondit Marc.
-Parfait. Je voulais juste que tu dises à Thomas que je reviens le chercher demain matin pour qu'il passe la journée avec nous à Malibu. J'ai l'autorisation de ses parents.
-On sera à l'hôtel ce soir. J'ai réservé une chambre et je pense qu'il pourrait kiffer. Je te donnerai l'adresse par message.
Mon père ne me répondit pas immédiatement.
-Tu m'as l'air triste Duncan, tout va bien ?
Son inquiétude paternelle me fit tourner les yeux en dehors de la voiture.
-Oui oui, tout va bien. J'espère juste qu'ils ont changé les draps, j'aimerai pas que Tom s'endorme entouré de cyprine.
-Duncan.. t'es en ligne avec ton père quand même.
-Rho ça va. Je te rappelle qu'il m'a dit que j'avais été conçu pendant une réconciliation sur l'oreiller, je peux le traumatiser un peu non ?
-Il en faut plus pour ça, je te rassure. Et honnêtement Marc, Duncan peut me parler de tout ce qu'il veut, je le jugerai peut-être, mais je l'écouterai. Tu ne parles pas avec ton père ?
-De moins en moins.
-Tu penses toujours qu'il a trompé ta mère ?
Le visage de Marc se referma.
-Je ne pensais pas qu'il vous le dirait.
-Je t'ai entendu le dire à mon fils un jour.
-Je ne le crois plus, j'ai compris que c'était une erreur de ma part mais... depuis ce temps et depuis que Sarah et moi ne sommes plus ensemble, il est devenu très froid à mon égard. Nous n'avons plus vraiment la même relation qu'avant.
-Je pense savoir pourquoi.
Un silence se faisait entendre dans la voiture et Marc regarda mon téléphone avant de revenir sur la route devant lui.
-Ah ?
-Le dialogue entre vous est rompu, tu n'oses plus te confier à lui et lui n'ose pas de te demander de peur d'interférer dans ta vie d'adulte. Il n'a pas envie que tu l'envoies bouler. Tu auras toujours ta place dans la tanière de Papa Ours, mais en même temps, tu crées un peu la tienne en même temps. C'est pas facile à gérer de voir ses enfants partir vers d'autres horizons.
-Intéressant comme concept, ça t'a fait la même chose avec moi Papa ?
-Complètement tu veux dire. Je déteste voir ta chambre vide à la maison pour une longue durée, c'est beaucoup trop perturbant. Et je pense que Ben ressent la même chose. Tu sais quoi ? Kidnappe-le un jour où ton petit frère n'est pas en train de faire des galipettes avec mini Harper en dehors de la maison et qu'il pourra surveiller ta mère ! Prends le large avec lui, il adore la voile. Partez juste tous les deux. Créez du lien.
-Je vais faire ça, merci monsieur McAllister.
Mon père finit par raccrocher et il nous laissa seul, Marc et moi.
-On file chez toi, fis-je. Tu m'avais pas dit que tu avais acheté le nouveau the Witcher.
-Il est arrivé tout à l'heure.
Il fit demi-tour comme une connasse sur la route et nous prîmes la route qui le menait chez lui. Line était là avec son mari. Benjamin devait étudier des dossiers manifestement mais il massait les pieds de sa femme à la place.
-Salut ! On est rentré ! lança Marc.
-Et tu te crois dispensé de faire un bisou à ta pauvre Maman baleine qui souffre le martyr avec son dos ? se lamenta Line.
Il leva les yeux et bifurqua vers le salon pour embrasser sa mère. Line me fit signe de venir près d'elle et elle m'embrassa également.
-Duncan, je dois te l'avouer, tu aurais existé à l'époque de ma jeunesse, Benjamin n'aurait eu aucune chance !
Elle avait dit ça pour embêter son mari et ce dernier lui jeta un regard noir.
-Ne lui donne pas l'idée de me voler ma fille, merci !
-J'aurais un peu de mal à faire croire que Miss McDust est ma fille, elle sera trop blonde pour moi.
Benjamin se mit à rire et demanda à son fils de lui apporter un verre de citronnade. Il ne l'avait pas vraiment regardé et cela lui fit du mal, je pouvais le voir d'ici. Marc fila dans la cuisine.
-Je sais que je devrais pas vous le dire, mais je m'inquiète pour Marc. Il a perdu de la vitalité je trouve. Je ne sais pas trop ce qu'il a. Mais... il n'est pas comme avant. Il m'inquiète.
Lina retira ses pieds des mains de son époux et elle me fixa sérieuse.
-Je te l'avais dit Ben, j'ai aussi trouvé qu'il était étrange. Qu'est-ce qu'il a ? Tu as une idée ?
-Je pense que c'est en partie à cause de Nina.
Benjamin lâcha un sifflement méprisant et il se leva quand son fils arriva. Marc s'arrêta un instant devant son père.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Ce n'est rien, juste un message d'un collègue.
-Okay. Duncan ?
-Marc, attends une seconde, fit sa mère. Ta petite soeur est réveillée, tu veux la sentir ?
-Pas tout de suite Maman. Duncan est juste là pour qu'on fasse un partie et il doit aller surveiller Tom. On y va ?
J'hochai la tête mais je vis que cela avait blessé Line et je lui en fis part dans l'escalier.
-Tu sais ce qui me blesse moi ? C'est que mon père ne m'adresse pas un seul regard et qu'il me ment quand il me regarde dans les yeux. Il n'avait pas de problème avec son collègue. Je le savais. Ma mère n'aurait pas dû en faire les frais, c'est vrai.
Il continua sa marche et je passai dans sa chambre. Je m'assis sur son lit et je le fixai.
-Tu fais chier McAllister.
Il repartit immédiatement et j'en profitai pour ouvrir la fenêtre. Quand j'étais petit, j'en avais passé des heures ici. Il me semblait presque entendre encore le rire de mon père, de mon oncle et des parents de Marc. Je l'avais toujours connu, c'était fou. J'y repensai le soir même alors que j'avais trainé Tom à l'hôtel. Il était tout excité et je reconnus Sarah en lui. C'était étrange quand on savait qu'on avait pas les mêmes gênes du tout.
-Duncan, je peux te poser une question ?
-Oui bien sûr.
-Est-ce qu'on s'est déjà moqué de toi parce que tu n'es pas totalement blanc ?
-Se moquer ? Non. M'insulter ? Oui. Me dire que je ne suis pas chez moi dans mon propre pays, oui. Entendre des mecs latino gras du bide dire à ma mère qu'elle était une traitresse parce qu'elle était mariée avec un blanc ? Oui.
-Y'a des gens qui disent ça ? s'étonna Tom, les yeux écarquillés.
-Malheureusement, le racisme n'a pas de couleurs. Mais j'ai appris très vite une chose. Je vaux tellement mieux que ces gens-là. Imagine vivre avec tellement de jalousie et de rancoeur ! Ils se sentent tellement en insécurité par rapport à leur propre vie, ils sont tellement aveugles par rapport à qui ils sont, qu'ils pensent que leurs problèmes viennent des autres, et en l'occurrence d'une personne d'une teinte différente de la leur. Ce sont des éternels insatisfaits. Ils vivraient dans un monde où ils seraient qu'entre gens de même teinte, ils se plaindraient toujours. Ce serait pour autre chose.. Les racistes rejettent leurs propres erreurs de parcours sur les autres. Ils n'assument pas qui ils sont et leurs problèmes.
-Ils sont bêtes, mais ils font du mal aux autres et c'est pas normal.
-Non, ce n'est pas normal. Et ça agace mon père plus qu'autre chose en plus. Je me souviens d'une fois au parc, j'étais seul avec Papa et.. j'ai couru vers le marchand de glace. Y'a quelqu'un qui a fait une remarque sur le fait que des gens comme moi envahissaient les États Unis. Mon père a tout entendu, il s'est approché du type et lui a fait un cours d'histoire. Il lui a rappelé que les États Unis sont un pays d'immigrés européens qui ont massacré des peuples entiers pour s'installer dans un endroit où ils n'étaient pas chez eux, que les véritables américains vivent actuellement dans des réserves. Ensuite, il lui a fait l'histoire de notre famille, à savoir que nos ancêtres sont arrivés avec les premiers colons, que certains membres de notre famille ont fait la guerre de Sécession, que d'autres étaient au Congrès au moment où la Constitution des États-Unis a été signée. Et que ce sang de blanc américain que ce type défendait ardemment coulait dans ses veines, dans mes veines et que ce type était mal placé pour venir me dire que ce n'était pas mon pays. Il s'est excusé, et il m'a offert ma glace avant de partir.
-Oncle James est terrifiant quand il est en colère.
Cela me fit rire et je lui ébouriffai les cheveux.
-C'est vrai. J'ai toujours eu de la chance, Tom. D'une part, j'ai toujours été défendu face au racisme. Que ce soit par ma famille, ou par mes amis. J'ai toujours eu de la chance, parce que dans le cercle où je suis né, j'étais un enfant comme n'importe quel autre, défendu comme n'importe quel autre. D'autre part, ma différence se voit surtout quand je bronze l'été, sinon elle reste minime. Mais c'est vrai que... j'ai été élevé avec cette conscience que j'avais encore moins le droit de faire des erreurs que les autres. Chaque erreur que je ferai, on me le reprocherait non pas, par rapport à ma personnalité, mais par rapport à mes origines. Et ça pourrait porter préjudice à d'autres qui sont moins chanceux que moi, en rajoutant des clichés à des préjugés. Ne te fais pas de souci Tom, l'immense majorité des gens n'est pas raciste. C'est juste que les racistes ouvrent toujours leur gueule et c'est eux qu'on entend. Mais... un jour, je le sais, la majorité silencieuse se rebellera et étouffera leurs voix dans un tel flot d'amour et de bienveillance qu'ils se rendront compte... qu'ils étaient dans l'erreur depuis tout ce temps.
-Comment on arrivera à faire ça ?
-Comme dirait Maitre Yoda : La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine... mène à la souffrance. Alors... alors je pense qu'un jour, on arrivera à canaliser, à retirer cette peur de ce qui est différent et à ce moment là, on coupera le cercle. C'est tout.
-Je suis d'accord... tu penses que je peux avoir d'autre limonade ?
-Tom, ce soir, c'est ton soir, tu as le droit de manger tout ce que tu veux !
Cette histoire avec Tom m'avait chamboulée en réalité, je ne pensais pas devoir parler de ça et tandis qu'il allait chercher une limonade au bar de la piscine où j'étais installé, je me fis la réflexion que c'était en forgeant dès à présent les nouveaux venus dans ce monde qu'on pourrait avoir un avenir bien meilleur. Vers deux heures du matin, alors que Tom s'était assoupi, heureux, j'étais toujours songeur. J'attrapai mon téléphone et j'appelai mon père. Il me répondit immédiatement.
-Il y a un souci ?
Sa voix était basse et je savais qu'il était en train de quitter la chambre.
-J'arrive pas à dormir, je me suis dit que j'allais t'empêcher de dormir aussi, à défaut de pouvoir sauter sur ton lit, ricanai-je.
-Mais encore ?
-On peut faire un Facetime ?
Mon père me rappela quelques minutes plus tard, il était dans le jardin et avait allumé l'une des torches.
-Que se passe-t-il Duncan ?
Toute sa discussion avec Marc me revint.
-Tu te souviens de l'affaire du parc quand j'avais 5 ans ? Le gars qui m'a pris à partie parce que je suis pas totalement.. blanc ?
-Comment oublier ce trou du cul ?
-On avait une superbe relation à cette époque et en vérité, tu me manques énormément Papa. J'ai l'impression qu'on est sur la même longueur d'onde uniquement quand notre famille a des problèmes et... Je ne sais pas vraiment quand on s'est perdu de vue et éloigné, mais putain, tu me manques vachement. J'ai pas envie qu'on devienne comme Marc et son père. J'ai envie que tu me vois encore comme ton petit garçon et pas comme un petit con arrogant. Je ne suis pas comme ça. J'ai pas envie d'être comme ça avec toi, mais plus je te déçois, plus j'ai l'impression de sombrer et je me dis que foutu pour foutu...
-Duncan, tu ne me déçois pas. Je te l'assure. C'est vrai que je suis parfois dur avec toi mais c'est uniquement pour que tu deviennes un homme encore meilleur que celui que tu es aujourd'hui. Tu comprends ? Je l'ai peut-être été trop, et je te prie de m'excuser.
-Tu me bluffes.
-Je ne te mens pas Duncan, je ne te mens jamais. Tu es brillant, plus que je ne l'étais à ton âge et je sais que tu es destiné à faire de grandes choses, tant pour cette famille que d'un point de vue personnel. C'est pour ça que je veux te pousser au maximum de tes capacités. Mais je ne veux pas que tu doutes de mes sentiments à ton égard. Tu es mon premier enfant, celui qui m'a fait savoir que j'aimais être un père, qui m'en a fait devenir un. Tu m'as fait grandir et c'est vrai que tu m'as manqué aussi Dundun. Pendant longtemps, j'ai pensé être ton parent préféré, et je me suis rendu compte que cette place était à ta mère depuis quelques temps.
-J'ai pas de préférence, mais comme j'avais peur de te décevoir...
-Je te le répète, tu ne me déçois pas. J'ai beaucoup d'admiration pour toi. Tu es fort alors que ta vie ne sera pas aussi simple que la mienne. J'ai eu conscience rapidement que je devais tout faire pour t'apprendre à te protéger face à la stupidité des gens.
-Et tu ne savais pas que j'aimais aussi me taper des mecs à l'époque.
-Non, clairement. Mais tu sais... tu peux me parler de tout ce que tu veux. Ma porte t'est toujours ouverte, même quand je te dis que je suis en train de bosser et que c'est pas le moment. J'aurais toujours du temps pour toi. Alors insiste toujours. Et sèche tes larmes s'il-te-plaît mon grand, je suis pas suffisamment alerte pour gérer ça et je ne vais pas laisser ta mère seule cette nuit. Dis-moi ce que tu as.
Je n'avais pas remarqué que je pleurais et je les essuyai avec rage.
-J'ai l'impression que ma vie est un peu vide, j'ai pas l'impression d'avoir un but. Quand je vais à la fac, je sais que je dois tout faire pour avoir mon année, je sais que je dois être sociable. Quand je vais commencer mon stage à L Brands je vais m'éclater, mais... le reste du temps... j'ai l'impression de ne servir à rien. Je me sens vide Papa et je ne sais pas comment combler tout ça.
-Et depuis quand tu te sens comme ça fiston ?
-Depuis un moment.
-C'est à dire ?
Je ne savais pas dans quoi je m'embarquai exactement mais j'avais confiance en lui. Je réfléchis un long moment et cela me sauta aux yeux.
-Depuis Glenn.
-Ton coloc gay ?
-Je l'aimais plus que je ne l'ai montré. Je sais que j'en ai parlé avec une grande désinvolture, que j'ai certifié à tout le monde que je ne l'aimais pas tellement mais c'était faux. J'aurais voulu que ça dure plus longtemps que le semestre. J'ai pas eu le choix de le quitter, tu sais.
-Il t'a trompé ?
-Non.
-Tu l'as trompé ?
-Non plus.
-Que s'est-il passé ?
-Il s'est foutu de ma gueule. Il n'est pas sorti avec moi parce que je l'intéressais. Il est sorti avec moi pour que tu lui proposes un job à la fin de ses études. Le cabinet d'audit de son père périclitait. Quand il a compris que j'étais attiré par lui, il a sauté dans ma faille.
-Mon ange...
-Je l'ai surpris au téléphone avec son père. Il ne sait pas lui-même pourquoi j'ai mis fin à la relation, je ne voulais pas qu'il me raconte des mensonges. J'ai horreur de ça. Des mensonges et pourtant, j'ai pas arrêté de vous en sortir. Quand j'ai fait mon coming out auprès de John, j'ai dit qu'il m'avait collé, mais c'était faux. J'avais envie d'être avec lui, de vous le présenter et... c'était mon petit ami, sûrement le premier pour qui j'ai ressenti cette envie de vous partager avec lui. La vérité Papa, c'est que... il m'a brisé le coeur. Les hommes et les femmes que j'ai connu depuis lui n'ont été que des bribes de ciments mais ça ne suffit pas à réparer mon coeur. Mais bon, que disait Nietzche déjà ? Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort ou un truc comme ça ?
-L'Amour fait extrêmement mal Duncan. J'aurais aimé pouvoir t'empêcher de ressentir un jour cette douleur mais je ne peux pas et ça me fait mal au coeur tu sais. Nous autres les hommes, on nous fait croire depuis notre plus tendre enfance qu'on doit être fort, qu'on doit ressentir peu de choses et que surtout, on doit le cacher aux autres. Mais tu n'as pas à le faire, Dun, pas devant moi ou devant ta famille. Si tu as envie de pleurer, pleure. Je t'achèterai tous les mouchoirs dont tu as besoin pour sécher tes larmes. Fais le deuil de ta relation. Prends le temps que tu voudras. Non pas parce que tu es faible, mais parce que tu es un homme et que les hommes, tout comme les femmes, aiment. Ils aiment de toutes leurs forces, de toute leur âme et quand leurs coeurs sont brisés, ils doivent le réparer. Non pas dans les fêtes ou dans le sexe, ils doivent le laisser guérir comme on guérit d'une blessure. Il doit cicatriser, non pas être cimenté.
-Je ne suis pas sûr que je vais réussir.
-Tu vas réussir. Je le sais.J'ai une foi inébranlable en toi, en tes ressources. J'aimerai pouvoir te prendre dans mes bras, là, tout de suite. Mais nous nous voyons demain, sans faute.
-Merci de t'être réveillé en pleine nuit.
-Je me suis réveillé chaque nuit quand tu avais besoin de moi enfant, je serai là pour toutes tes nuits d'adulte si besoin. Je t'aime mon petit ange.
-Je me sens beaucoup mieux, merci beaucoup Papa.
Je raccrochai et je filai dans la chambre d'hôtel. Je m'assis sur le canapé et je finis par m'assoupir dessus.Je fus réveillé le lendemain par mon père qui venait chercher Thomas. Il me prit dans ses bras et me serra comme il le faisait enfant.
-Tu peux venir avec nous, tu es le bienvenue.
-Je suis invité chez les McDust ce soir et j'ai promis à Marc qu'on irait camper à partir de demain. Mais... merci encore pour tout à l'heure.
-C'est normal, Duncan. Il y a autre chose que je ne t'ai pas dite. Mon grand-père t'aurait adoré, je le sais au plus profond de moi et Grand-Mère me l'a confirmé. Tu es un jeune homme super, n'en doute jamais.
Je ne savais pas quoi répondre, j'avais envie de pleurer en réalité.
-C'est surtout de toi dont je ne douterai plus jamais Papa. Amuse-toi bien avec Tom.
Mon père me fit un clin d'oeil et je me laissai tomber sur une chaise du restaurant. Je demandai à Marc de me rejoindre et mon ami finit par arriver. Il avait l'air fatigué.
-Je me suis pris la tête avec Nina. J'ai lâché qu'on avait un repas de famille ce soir et elle a absolument voulu s'incruster quand elle a compris que Sophie serait là et que toi aussi.
-C'est ta copine, tu devrais apprécier qu'elle soit là ?
-C'est pas que j'apprécie pas sa compagnie, mais elle est un peu jalouse de Sophie, avoua-t-il. Elle la trouve plus jolie qu'elle je crois.
-Sophie est canon.
-Sophie est canon, confirma Marc. Mais elle se rend pas compte que je la vois pas du tout comme ça. Elle est indissociable de Paul et mon frère prend un malin plaisir à parler de Sarah à chaque fois qu'elle est dans le coin. J'ai envie de buter mon frère parfois, rit-il en reprenant de la confiture sur son toast.
-Elle pense que tu as toujours des sentiments pour Sarah, non ?
-C'est clair et net. Elle ne comprend pas en fait.
-Qu'est-ce qu'elle ne comprend pas ?
-Que Sarah et moi on a tenté le coup, que ça n'a pas marché mais que ce n'est pas pour ça qu'on a pas d'affection l'un pour l'autre. Elle ne comprend pas ce que ça fait d'être né dans un cocon familial où on est uni les uns aux autres. On se connait depuis toujours et je serai toujours là pour elle si elle a besoin. Elle ne comprendrait pas non plus pourquoi après s'être défoncé la gueule, on est toujours des potes.
-Elle ne comprendra jamais le lien entre nos familles, elle sera toujours une partie rapportée.
Il ne répondit rien mais je savais qu'il pensait la même chose que moi. Nous passâmes notre journée à la plage et nous rentrâmes tôt pour aider Line à préparer le dîner. Paul était encore en train de dormir près de la piscine. Marc me fit un signe pour que nous l'attrapions et le balancions dans la piscine.
-Bâtard, grogna le jeune McDust.
-Tu ne parles qu'à des enfants légitimes, gros bébé, lâcha son frère. Tu as vu Maman ?
-Heu... elle était en train de ranger les bodies de la petite.
Il sortit de la piscine et il fit un croche pied à son frère qui m'entraina dans sa chute. L'eau chlorée rentra dans ma bouche et j'hurlai de rire en remontant à la surface.
-Tu peux me taxer des fringues dans ma penderie, confirma Marc alors que je sortais de la piscine.
Je filai sous sa douche après avoir attrapé des habits au hasard. J'étais en caleçon lorsque Line frappa à la porte.
-Oh désolée Duncan, je pensais que Marc était avec toi ?
-Il est en train de dérouiller Paul dans le jardin, Line. Vous ne me dérangez pas, vous savez !
-Je voulais te remercier pour ce que tu nous as dit hier. Sur Marc. Moi aussi, je le trouve distant et je voulais te dire que son père et moi nous allons prendre le relai.
-Le problème ne vient pas de vous. Marc souffre du fait que son père et lui se soient éloignés. Il en même parlé avec mon propre père. C'est pour ça qu'il est distant avec vous deux.
J'entendis du bruit dans le couloir et je vis Marc arriver derrière sa mère, il l'embrassa sur la joue.
-On arrive pour t'aider M'man.
Line lui fit un sourire et me lança un regard grave avant de quitter la pièce. Elle avait compris et elle arranger les choses. Je finis de m'habiller et Marc me contempla alors qu'il avait mes vêtements trempés en main.
-Putain, mon T-shirt te va mieux qu'à moi. Je suis dégoûté.
-Rajoute-le dans ta pile de vêtement que tu donnes chaque année à l'armée du salut.
-Je vais déposer ça dans la buanderie. Si tu ne veux pas que le patrimoine culinaire de ton second pays se prenne une balayette, tu devrais aller avec ma mère !
Il me faisait rire cet idiot et je rejoignis Line McDust. Elle était effectivement entrain de faire une pâte à ma main. Je me lavai consciencieusement les mains pour venir l'aider. Je devins bien malgré moi le préposé au guacamole. Toute l'ambiance était bon enfant et quand Benjamin arriva, nous étions en train de pleurer de rire. Paul nous avait rejoint.
-Vivement qu'il y ait une autre fille dans cette maison, y'a beaucoup trop de garçons, rit-il. Nina et Sophie arrivent quand ?
-Elles ne devraient pas tarder, je pense. Tu vas chercher Sophie d'ailleurs Paulo ?
-Non ! Elle ne veut pas, elle préfère venir en vélo pour qu'on aille se balader après le dîner.
-C'était bien votre fête hier au Club ? J'ai pas eu de plainte de dégradations, c'est plutôt bon signe.
-C'était super. On s'est vraiment amusé, c'était cool, la musique était géniale, et merci Marc de nous avoir donné des idées pour l'après-midi !
-C'est normal, t'es mon frère, on doit s'entraider.
On sonna à la porte et Marc se déplaça. Il revint rapidement avec Nina. Je connaissais le type de Marc. Il aimait les filles brunes gaulées comme des déesses. Nina était une Sarah. Sarah était une Nina, mais la grande différence entre elles était que ma cousine était une crème. Elle était pétillante, elle était vivace, elle était drôle. Nina était le genre de beauté très froide qui me faisait rapidement déchanter. Elle ne m'aimait pas d'ailleurs et je lui rendais bien. Sophie ne tarda pas à arriver et je vis une nette différence dans le traitement que lui réservait Benjamin. Il la préférait c'était indéniable.
Je finis rapidement dans le jardin des McDust où nous allions dîner, Line ayant décrété qu'en tant qu'invité, Nina, Sophie et moi nous ne devions plus rien faire.
-Je peux te poser une question Nina ?
-Bien sûr Duncan.
Elle me fixait d'un air un peu froid depuis tout à l'heure et j'avais envie de mettre les pieds dans le plat.
-Pourquoi tu ne m'aimes pas ? Sans vouloir être arrogant, tout le monde m'apprécie.
-Tu l'es indéniablement, soupira-t-elle.
-Ça ne répond pas à ma question.
-Tu ne veux pas avoir de réponse à cette question.
-Au contraire, je n'aime pas me cacher derrière des faux-semblants. Je préfère clairement savoir ce que tu penses de moi, alors vas-y. Aie des couilles, Nina.
Je n'aurais peut-être pas dû la provoquer, mais je ne m'attendais pas du tout à ce qu'elle allait me dire et à ce que cela allait engendrer en moi...
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