L'Oréal ...
Jour 3 : Samedi 24 Novembre.
Ce midi, lors du repas, j’ai eu la grande idée de regarder les élèves non loin de moi. J’avalais sans grande conviction un morceau de bœuf en sauce avec des pommes de terre sautées, quand je faillis m’étouffer. Drago Malefoy me regardait.
Bon, ce n’est encore qu’un gamin, je ne devrais donc pas m’agacer, surtout qu’il n’a rien à me reprocher personnellement, mais... J’ai beau me dire qu’il ne fera réellement le con que dans deux ans, une partie de moi à envie de lui mettre cinq baffes pour le réveiller. Sous ses airs de méchant garçon à peine conscient de ce qui l’entoure, avec ses trois poils sur les jambes, il a vraiment une tête à claques. Une mignonne tête à claques. J’étais à deux doigts de lui demander ce qu’il me voulait quand une jeune fille lui sauta dessus, rompant la connexion entre nos regards. Rester neutre, ne pas prendre partie, ne pas le séquestrer dans un coin pendant plusieurs années.
J’ai tenté de voir le trio de Gryffondors, mais ces derniers étaient trop loin pour que j’y arrive. Les nombreux élèves de leur maison les entouraient en lançant des acclamations d’encouragement, du moins je crois, difficile à dire de l’autre côté de la salle. J’aurais tant aimé avoir des oreilles à rallonge en cet instant.
Alors que je sortai de la pièce, je vis, avec un grand dégoût, Cormac McLaggen venir vers moi. Connaissant le spécimen, je tentai une fuite subtile vers les escaliers. Heureusement, un sauveur vint à ma rescousse alors que la future sangsue allait m’accoster. Je me retournai, prête à serrer la main de cette personne, mais je ne rencontrai que le vide. Je tournai la tête à gauche, à droite, avant de me rendre compte qu’un raclement de gorge venait du bas. Gênée, je tentai un sourire repentant au professeur Flitwick qui tapait du pied. Pas patient le bonhomme.
De sa petite voix fluette, il me demanda si je désirais faire partie de la chorale qui se représenterait lors de la fête de Noël. Je me mordai l’intérieur de la joue pour ne pas rire. Moi, chanter ? Bon sang, il ne savait pas à qui il s’adressait ! Je refusai poliment, ce qui me valut un air dépité. Manquait-il tant que ça de volontaires ? Il regarda ses ongles d’un air hautain, avant d’oser de me demander la raison de mon refus. Quel culot ! On croirait pas comme ça, mais sous ses airs de gentil nain sans défenses, il a de la suite dans les idées le coco. Je lui avouai la vérité, que je chantais comme une baleine en apnée, ce qui le fit grimacer et partir dans la foulée.
Ayant une envie pressante, je pris les escaliers pour me rendre dans ma chambre, j’avais plus de chemin à faire, mais tant pis. Loin de moi l’envie de prendre le risque de croiser Mimi Geignarde dans les toilettes pour filles du premier étage.
Je rencontrai, à un croisement, le concierge de l’école, il me lança un regard mauvais. La vue de ses dents jaunes et de sa barbe naissante me firent accélérer le pas et c’est sans douceur que je rentrai, l’instant d’après, dans quelqu’un.
Je ne reconnus pas l’élève face à moi, c’est donc curieuse que je m’excusai et le saluai par la même occasion. Son accent prononcé et la façon dont il faisait rouler sa langue quand il prononçait les premières syllabes, m’indiquèrent qu’il venait de Durmstrang. D’ailleurs, son uniforme plus sombre m’aurait permis de faire le rapprochement, si je n’étais pas tant obnubilée par ce qu’il tenait à la main depuis le début. Poliakoff, quel nom, me présenta son Jobarbille. Le petit oiseau bleu était adorable, j’approchai lentement mes doigts de lui pour le caresser, après avoir eu l’approbation de son maître. Le volatile se laissa faire et pencha même la tête pour recevoir ma caresse, ses grands yeux me regardaient tendrement tandis qu’il remuait son bec miniature sans qu’un seul son n’en sorte. J’en voulu un tout de suite.
Alors que je commençai à faire des petits bruits horriblement gênants pour amuser l’animal, les ricanements du Scandinave me calmèrent immédiatement.
Sans plus de cérémonie, il me proposa de l’accompagner dans le parc pour assister à la première tâche du tournoi des trois sorciers. J’avais envie de refuser, j’étais un peu fatiguée, et puis, je ne le connaissais pas. Mais mon âme d’enfant refit surface. L’occasion de revoir des dragons ne se présenterait plus de sitôt ! Aussi, j’acceptai avec une joie débordante son invitation, avant de lui demander de m’attendre devant la grande porte, le temps que j’aille jusqu’à ma chambre me changer, et faire pipi.
Je suis rentrée trois heures plus tard. Poliakoff, qui soit dit en passant, est super sympa et franchement drôle, m’a raccompagnée jusqu’à mes appartements. Nous avons discuté quelques instants encore, puis, après un salut de la tête tout à fait charmant, il est reparti.
Je n’oublierai jamais ces dragons ! Je savais très bien ce qu’il allait se passer, qu’Harry épaterait encore une fois toute la galerie, mais découvrir ces "combats" en réel, enfin, tu me comprends, c’est autre chose ! On se sent minuscule, face à ces bêtes énormes aux crocs gigantesques.
Fleur Delacour fit crier la foule, elle avait troqué sa longue robe bleue moulante pour une tenue plus appropriée, et combattait telle une redoutable guerrière. Elle fit preuve d’un calme olympien et d’une maîtrise des sorts absolument fabuleuse.
Viktor Krum, bâtit comme une armoire à glace, eut plus de mal à placer ses sorts. Il réussit, après plus de trente minutes, à attraper l’œuf que son dragon surveillait. Les cris de ses nombreux fans ne devaient pas l’aider à trouver la concentration.
Quand Cedric Diggory fit son apparition, j’ai eu un fou rire pas possible. Sa longue mèche qui volait dans tous les sens à cause du vent, ne me permit pas de reprendre mon souffle, sous le regard interloqué de Poliakoff. J’avais l’impression de voir une pub Loréal et m’attendais presque à ce qu’il se retourne vers moi pour me lancer un "Parce que je le vaux bien". J’ai tout de même applaudis, quand il captura son œuf. Il s’était bien battu, mais j’étais toujours aussi amusée d’imaginer l’adolescent se mettre à briller comme une boule à facettes. Paye tes références mon Cher journal !
Finalement, Harry est apparu sur le devant de la scène, ça me faisait bizarre de le voir en face de moi, sans un écran entre nous. La joie de tout le monde était contagieuse, car je me mis aussi à l’encourager de ma place. Mon voisin et "ami" me demanda d’ailleurs si je le connaissais. C’est avec un sourire amusé, que je lui répondis négativement. Il doit me prendre pour une folle.
Après les épreuves, les différents élèves sont repartis vers leur maison, pour fêter la victoire de leur représentant à la coupe. Poliakoff ne dérogeant pas à la règle, c’est pour cette raison que je suis là, toute seule, avec toi.
Je crois que je vais faire un somme. Ce soir, j’ai intérêt à être éveillée et lucide pour le grincheux.
-O-
Pfiouuuuuuuuuuu...
Je suis plutôt calme, habituellement, il faut beaucoup pour réussir à me faire sortir de mes gongs, mais lui, franchement, c’est l’homme le plus ... Ouhhhhh ... La soirée a été épouvantable, et je pèse mes mots. Comment un être humain peut-il, à lui seul, être aussi mesquin, rabats joie, orgueilleux et d’une mauvaise foi à toutes épreuves ? J’ai essayé de rester calme, vraiment, mais il a un don certain pour réussir à vous faire rager.
Quand, vers dix-neuf heures trente, je suis sortie de ma chambre pour me rendre dans les profondeurs des cachots de l’école pour mon "cours", je n’imaginais pas à quel point la soirée allait être mauvaise. De bonne humeur, j’arborais un sourire serein, j’avais enfilé ma longue jupe noire achetée la veille, ainsi qu’un top à manches longues de la même couleur. Heureusement, la longueur du tissu de mon bas recouvrait mes immondes chaussures vernies, et la lumière tamisée qui émanait des nombreuses torches murales, camouflait un peu plus le ridicule de ces dernières. Sur ma route, je croisai le professeur McGonagall, qui me demanda sans préambule où je me rendais à cette heure tardive. Je lui expliquai avec un calme feint, que j’avais cours avec le redoutable maître en potions. La fan que je suis avait surtout envie de la serrer dans ses bras plutôt que de taper la causette. Elle me souhaita bon courage avec un regard compatissant, avant de s’éclipser sous sa forme animale. Il faut que j’apprenne à faire ça !
Je ne croisais plus personne dans les couloirs. Je crus entendre le miaulement de Miss Teigne, ou bien était-ce Minerva qui faisait sa ronde, mais aucun autre enseignant ne fit son apparition. Les élèves, eux, étaient aux abonnés absents. Quand mes pas m’amenèrent au sous-sol, la lumière changea de teinte. Les flammes habituelles se transformèrent et arborèrent les couleurs de la maison des Serpentards. Qui d’ailleurs, devait être quelque part dans les environs.
N’ayant pas le temps d’assouvir ma curiosité, je me promettai tout de même de la chercher dans les prochains jours. La température baissa radicalement, l’air ici était frais et humide. Bien loin de l’ambiance chaleureuse et douillette des autres étages, celui-ci n’était pas très accueillant. Je ravalai mes craintes, me souvenant que Severus Rogue était, certes, un professeur au caractère de cochon, mais restait avant tout, un héros courageux au passé meurtrit.
La carte me guida jusqu’à bon port, c’est nerveuse que j’attendis devant la porte. Il n’était pas encore vingt heures, et je savais que le professeur était pointilleux sur ce genre de détails. Aussi, je patientais en silence, perdue dans mes pensées. Je me demandais ce qu’il allait me faire faire depuis la veille, pas me donner cours, ça, c’était certain. Le poids du chaudron dans mes bras me fit râler, quel cinéma ! Allait-il m’en faire récurer, comme les élèves en retenue ? Il n’allait pas me parler des derniers potins, ou de ce qu’il avait fait de ses vacances, alors quoi ? Je soupirai d’agacement, j’ai toujours eu horreur de ne pas savoir à quoi m’attendre. Au bout de dix minutes, à dix-neuf heures cinquante-neuf pour être exacte, je donnai trois petits coups à la porte. Sa voix traînante et sèche à la fois, me répondit d’entrer. Je m’exécutai avec un rythme cardiaque au-dessus de la norme.
La pièce n’était pas si grande, il n’y avait pas plus de quinze tables pour les élèves. Des colonnes soutenaient le plafond ici et là, les murs de briques d’un rouge sombre, donnaient au lieu un petit côté Steampunk. Les différentes fioles et récipients, bien installés sur des étagères murales en bois sculpté, renforçaient cette impression. Il n’y eut que la couleur dominante de l’endroit qui jura avec le reste. Fidèle à ses origines et à sa maison, le vert était à l’honneur, discrètement bien sûr. Il régnait ici, une chaleur presque suffocante, contrastant avec celle des couloirs avoisinants. Un feu crépitait dans la petite cheminée et baignait la classe dans une légère obscurité rassurante. Au milieu de la pièce, face à toutes les tables, Severus Rogue installé à son bureau, faisait travailler sa plume avec rapidité. Je me rapprochai de lui et le saluai, avant d’attendre, encore, encore un peu... qu’il ne daigne lever les yeux de ses parchemins.
Il ne m’adressa même pas la parole, il me fit un mouvement de tête, m’informant que je devais prendre place à une table. Je déposai mon lourd chaudron et en sortai un morceau de parchemin, ainsi que ma plume et mon encrier, et m’installai ensuite sur le banc qui, je le sentais déjà, me ferait rapidement mal aux fesses. Et j’attendis, j’attendis encore... Les minutes se succédaient lentement. De l’horloge face à moi, je pouvais voir que les longues aiguilles peinaient à bouger. Au bout de dix minutes, je n’en pu plus et tentai un raclement de gorge, peu subtile, pour attirer l’attention de celui qui s’évertuait à me snober en beauté. Aucune réaction... Ne pas s’énerver.
Je regardai pour la dixième fois, au moins, la tête de cerf empaillée au mur, charmant. J’avais du mal à imaginer ce professeur, partant à la chasse, carabine sous le bras. Cela me valut donc un petit ricanement, que je tentais de dissimuler par un deuxième raclement de gorge. Toujours rien... Je pressentai déjà que la soirée allait être longue.
Dix autres minutes plus tard, il rangea sa plume et ses parchemins. Je me redressai sur mon banc, prête à l’écouter, ou à faire quelque chose sous ses recommandations, mais il partit à l’arrière de la classe, dans sa réserve.
Je ne suis pas patiente.... du tout.
Je faisais rebondir mes ongles sur le bois de la table depuis une éternité, quand il revint les bras chargés de fioles. Il s’installa à un autre bureau et alluma d’un coup de baguette son chaudron. Il déballa une espèce de sacoche en tissu et en sortit plusieurs outils. Je ne reconnus qu’une louche, une baguette de métal, et un couteau. Ensuite, alors que je me retenai de taper du pied, il ouvrit une première fiole, puis une seconde, il dosa dans une petite balance un drôle de liquide d’un bleu clair et entreprit de découper un... truc bizarre qui ressemblait à du gingembre. J’avais une énorme boule dans la gorge, j’avais envie de frapper quelqu’un tant je m’ennuyais, c’est donc avec culot, je dois bien l’avouer, que je le rejoignis sans lui demander son avis. Un bref mouvement des yeux de sa part me confirma qu’il m’avait vu, je fus rassurée de ne pas être devenue invisible à cause de ma baguette. Car oui, cette idée revenait sans cesse dans mon esprit depuis mon arrivée ici.
Je le regardais faire avec fascination, il découpait avec précision les différents ingrédients face à lui, c’était gracieusement qu’il remuait la mixture mijotant sur le feu. Il ne regardait jamais son bouquin, sa mémoire lui suffisait. Non sans une pointe de mélancolie, je me rappelai du livre qu’il avait annoté de plusieurs de ses remarques dans "Le prince de Sang-mêlé". Il était vraiment doué et excellait dans sa vocation de maître en potions, ça, je devais bien l’admettre.
Je passai derrière lui et allai jeter un coup d’œil à la page ouverte de son livre : la potion d’Aiguise-méninges. Ah. Bon, sans être une élève de quatrième année, j’arrivai à comprendre son utilité. Les trois ingrédients de la recette me firent grimacer. Autant le Gingembre passait (Avé mon excellente déduction quelques instants plus tôt), mais la bile de Tatou, et les scarabées pillés, eurk.
Je n’en pouvais plus de ce silence, je cherchai inlassablement une bonne excuse pour le rompre. Une question me vint à l’esprit. C’est d’une voix timide que je lui demandai combien de temps se conservait une potion. Il sembla surprit que je prenne la parole, car il fronça les sourcils avant de me regarder (enfin) d’un air sérieux, je crois. Difficile d’être certaine, étant donné qu’il s’évertue à toujours garder la même expression sur le visage, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
- Pas plus de deux jours.
Ah. Bon, à dire vrai, je m’en fichais un peu. Mais je crois que c’est sur ce seul sujet que je peux réussir à délier la langue du serpent de service. Je le regardai faire quelques instants de plus. La recette en elle-même n’était pas très compliquée, je crois même que je serais apte à la faire. Je tentai un coup d’œil vers lui, discrètement.
Il avait du charme, de jolis traits et un regard profond. Je trouvais ça dommage, qu’il prenne si peu soin de son apparence, car s’il y travaillait un tout petit peu, il pouvait aisément donner une toute autre impression aux gens. Au moins, son sale caractère aurait pu être plus facilement digéré. Mais ça je pense pouvoir dire sans me tromper, qu’il s’en fiche éperdument, tout comme de l’allure de ses cheveux gras qui pendouillaient devant ses yeux. Je ne m’attardai pas plus sur mon inspection, ne voulant pas qu’il s’en rende compte, et lui demandai s’il n’existait pas un charme, ou une autre potion, pour les conserver plus longtemps, voire indéfiniment.
Il soupira brusquement. De toute évidence, je le dérangeais avec mes questions, mais vu que je n’avais que ça à faire... Il reposa son couteau et me fixa une seconde pour me répondre d’un ton brusque.
- Vous pensez peut-être que s’il en existait un, je serais assez idiot pour ne pas en faire usage ?
Outch. Oui bon, vu ainsi, c’est clair que ma question était stupide, mais j’y connais rien moi ! Puis pas besoin de monter sur ses grands chevaux pour autant. Tu la sens la pression qui monte ? J’ai ravalé une réponse encore moins sympathique et j’ai croisé les bras sur ma poitrine, vexée. Dire que tout ça s’est passé il y a plus d’une heure, pourtant, je me souviens très bien ce qu’il m’a ensuite dit sur un ton moqueur.
- De toute façon, ce n’est pas une simple Moldue, bien loin de chez elle et de ses insipides occupations quotidiennes, qui pourrait comprendre l’art complexe d’une préparation de potion.
Touchée
Je me redressai de toute ma hauteur et allai me rasseoir à ma place en bouillant intérieurement. J’ouvrai mon encrier et plongeai avec force ma plume dedans, avant de commencer à dessiner, je ne sais quoi, sur un parchemin. Je le regardai sourire mesquinement à son chaudron, fier de sa petite tirade, avant de répondre sur un ton qui se voulait détaché.
- En même temps, un soi-disant illustre Maître en potions, exerçant depuis de nombreuuuuses années, qui n’est pas capable de trouver un moyen de conserver son travail, n’est pas une référence non plus.
Coulé !
Je l’entendis faire tomber son couteau sur le bureau, sans oser le regarder. J’étais fière de ma répartie et souris à mon tour en retournant à mon griffonnage. Une partie de moi avait envie de partir en courant, lui répondre de la sorte m’avait demandé beaucoup de courage, mais, je savais à qui je m’étais adressée. J’avais désormais peur de sa réaction, même si je ne lui en montrais rien. Il n’oserait pas me lancer un sort, si ? Je prenais mon temps pour dessiner un œil, m’appliquant à faire des cils qui ressemblent à quelque chose, tandis qu’il ramassait ce qu’il avait fait tomber sous la surprise. J’entendis le feu sous le chaudron être éteint, et les pas de mon adversaire de joute verbale s’éloigner. Je m’autorisai à soupirer de soulagement quand il disparut, une nouvelle fois, dans sa réserve. J’en profitai pour regarder l’heure, il ne restait que dix minutes de supplice à endurer, et je pourrais ensuite rejoindre la sécurité de ma chambre.
Il revint, après un claquement de porte, je baissai rapidement la tête vers mon chef-d’œuvre. Je l’entendis ranger ses outils et lançai de furtifs regards vers lui. Ses traits tirés, son front plissé et ses gestes brusques, ne laissaient aucun doute sur son état d’esprit actuel. Je me mordis nerveusement la lèvre en craignant le pire. Il s’appliqua à calmer les tremblements de ses mains tandis qu’il versait le contenu du chaudron dans plusieurs fioles. Il les rangea ensuite dans une espèce de caisse à compartiments, lança un sort de nettoyage à son chaudron désormais vide, et déposa son travail sur son bureau avant de s’y installer.
Le bruit de sa plume grattant le parchemin résonnait dans mes oreilles, tel l’éclair dans le ciel pendant un orage. N’osant regarder l’horloge, je rangeai avec un calme feint mes affaires dans mon chaudron, et comptai les secondes mentalement. Quand j’arrivai au compte tant attendu de huit minutes, je me levai doucement. Devais-je le saluer ? Après ce que j’avais dit, c’était un peu mal venu, mais ne rien dire aurait été impoli, et je ne voulais pas qu’il prenne cela comme une attaque supplémentaire. Sur le même ton qu’il employait depuis mon arrivée, je le gratifiai d’un "Monsieur" avant de me diriger vers la porte.
- Lundi soir, même heure. Vous me ferez des lignes, alors n’oubliez pas votre plume et de nombreux parchemins.
Je me retournai lentement vers lui. Des lignes ? Était-il sérieux ? C’était sûrement dû au stress qui s’accumulait depuis une heure mais, sa "punition" me fit partir d’un un rire nerveux incontrôlable. Son regard perplexe, et agacé, me fit redoubler d’éclats, j’avais des larmes au coin des yeux tant je riai. Une crampe à l’estomac me vint et c’est, lentement, difficilement, que je repris un tant soit peu mon calme sous son regard médusé.
- Je ne crois pas, Monsieur. Je ne suis pas réellement votre élève, et vous le savez très bien.
- Nous devons le faire croire, alors vous agirez en tant que telle.
Je me fendis d’un sourire en essuyant l’humidité de mes joues.
- Je me comporterai en élève, quand vous vous comporterez en professeur. Bonsoir, Monsieur.
Sans lui laisser le temps de répondre, je lui claquai la porte au nez et retournai dans ma chambre.
Amy 1 - Sevy O !
Nos entrevues vont être sympa, je le sens ...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro