Il y a un peu plus d'un an de ça, j'ai rencontré cet homme. Il m'a obligé à lui parler dans un café. J'évitais son regard en fixant ma tasse blanche, du style qu'on te sert dans tous les restaurants de village de campagne avec le nom de compagnie qui ont commandité les tasses. J'essaie de me concentrer sur les paroles des autres pour éviter d'écouter un discours répétitif sur le fait que je devrais aller dans un chemin plus droit, mais pour moi, je veux seulement prouver ce que je sais faire, je veux qu'on me voie comme une égale. Les gens me regardent de haut, mais je sais que je vaux mieux qu'eux. Il commença par me demander :

-Quel est ton nom petite?

Je fais tourner la cuillère dans ma tasse sans rien dire. Je ne veux pas qu'on me fasse des reproches, mais mes mains ne sont pas capables de rester immobile. Je veux juste que toute cette énergie qui est en moi, tous ses trucs qui essaie de rester dans ma tête puissent sortir. Il continue :

-Tu es douée, j'ai vu des gens à l'université ne pas être capable de faire de la programmation comme toi.

Je suis un peu surprise par son compliment. Je prends mon sac et je sors mon ordinateur. Je commence à taper quelques trucs rapides pour faire sortir un petit robot de mon sac qui commence à voler autour de la table. Je lui réponds :

-Je suis à l'université, du moins l'an prochain, je serais là. Je suis ce qu'on appelle un génie, mais j'adore la robotique. Si ça vous a impressionner mon petit tour au restaurant, c'est juste une simple partie de ce que je peux faire.

Il semble surpris par mon petit robot. Il vérifie un peu toutes les soudures. Je lève un peu plus pour examiner cet homme. Il semble avoir des étoiles dans ses yeux bleus. Il passe ses mains qui commence à rider avec l'âge sur toutes les structure. Il fini par passer sa main dans ses cheveux sel et poivre. Il me souffle :

-Tu es surprenante comme personne, mais pas parfaite, tes soudures ne sont pas parfaites, il faudra que tu travailles ta construction.

Je pose les mains sur la table et je lui demande :

-Pour qui vous vous prenez pour m'insulter de la sorte.

Il reste calme sans réagir, il a un calme surprenant pour une personne qui m'a confronté de la sorte, il ne fait que me répondre :

-Ton futur professeur Clara Jackson.

Je reste un moment paralyser. C'est rare que quelqu'un s'intéresse plus que la réputation que je vais apporter à l'établissement. Les gens ne me connaissent que de nom sans savoir mon visage, ce qui explique ma surprise. Je marmonne un peu des mots incompréhensibles :

-M..M...Mais comment vous savez mon nom?

Il sort des vieux articles de journaux et quelques revues. Il me conseille :

-Quand on joue à la criminelle on est mieux de rester discrète et de ne pas avoir des dizaines d'article avec sa photo dessus.

Je mets mon ordinateur dans mon sac. Quand j'essaie de lui prendre mon prototype de robot de ses mains, il me prend la main et il me chuchote :

-Pourquoi tu fais ça, tu n'as pas un rêve?

Je me recule d'un coup laissant mon robot tomber et éclater en mille miettes. Je me lève et je ramasse les miettes. Je sens son regard sur moi. Je suis à genou et je réponds :

-Je veux prouver que je suis intelligente et aussi je veux qu'on me comprenne. Je rêve de rencontrer des gens comme moi, des gens pas très bons avec les mots, mais qui peuvent vivre ensemble.

Il se penche vers moi et il commence à m'aider. Je ne savais pas que cette relation allait devenir, mais ses mots m'ont laissé dépendante à lui, j'avais besoin de ce moment d'approbation plus que je me l'imaginais. Il m'a seulement dit :

-Je te comprend et tu es intelligente.

En ce moment, je comprends que j'étais seule. Il se servait de cette phrase pour m'avoir au bout de ses doigts. Je voulais juste être avec lui, parce qu'il avait confiance en moi et qu'il me complimentait. Je rêvais d'une vie avec lui, un rêve que je pensais que personne ne comprendrait. Je m'imaginais me sauver à l'autre bout du monde avec lui. Il m'a séduit pour son propre plaisir. Je n'aurais jamais imaginé que tout se briserait. Il me mentait depuis le début, il me disait que j'étais la seule pour m'atteindre plus facilement. Je me rappelle cette sensation quand j'ai appris que ce rêve était stupide, une illusion d'adolescente qui vient de comprendre la gaffe qu'elle a fait avec cette liaison maudite par la société qu'elle adorait tant. Je ne suis rien de plus que le robot sur le plancher. Je vais éclater en mille miette juste pour un moment de plaisir de la personne qui me contrôle.