9. Disparition de plus en plus inquiétante..
Une fois sortis du bois, nous lâchâmes nos mains. Je regardai derrière moi, Armelle ne nous avait pas suivis.
- Elle est bizarre elle, non ? me demanda-t-il.
- Terrifiante, ouai.
Nous retournâmes à l'intérieur. Nos chaussures étaient légèrement sales. Nous décidâmes donc d'aller les essuyer dans la chambre.
En allant dans la chambre, nous croisâmes Chloé dans le couloir. Elle nous aperçut, nous sourit, mais ne vint pas nous dire bonjour. Je ne comprenais pas son comportement, mais je n'avais pas la tête à comprendre pourquoi elle agissait comme ça.
Nous entrâmes dans la chambre, chaussures à la main, et je me précipitai pour être dans la salle de bain en premier. Je me plaçai devant le lavabo et commençai à sortir des lingettes qui normalement devait servir pour le nettoyage de main et commençai à frotter mes chaussures avec.
Lucas me regardait faire. Je lui lançai un regard interrogateur. Il se contenta de m'adressai un sourire charmeur.
Je pris une lingette et lui donnai en main.
- Nettoie tes chaussures au lieu de me fixer ! ris-je.
Il fit la moue puis commença à nettoyer ses chaussures.
Quelqu'un vint toquer à notre porte
- J'y vais ! criai-je avec enthousiasme.
Je sortis de la salle de bain et allai ouvrir la porte de la chambre. Chloé se tenait devant la porte. Elle m'adressai un léger sourire timide.
- Je peux entrer..? demanda-t-elle.
- Ouai'p.
J'ouvris entièrement la porte afin de la laisser entrer puis refermai derrière elle.
- Mmh.. j'aimerais m'excuser.. de mon comportement.. de la dernière fois.. dit-elle avant de se frotter la nuque.
Au même moment, Lucas sortit de la salle de bain et aperçut Chloé.
- Salut, dit-il avant de poser ses chaussures au pied de son lit.
- Salut, répondit-elle. Alors.. j'disais que j'voulais m'excuser pour la dernière fois.. Fin.. j'suis loin d'être homophobe, mais je m'y attendais pas.. J'ai toujours pensé que tu aimais les filles, et que..
- T'as pas besoin de te justifier, Chloé, je comprends, affirmai-je avec compréhension.
- Merci.. mais, je n'ai aucun problème avec ça, je vous assure, renchérit-elle.
- On sait.. répondis-je en tendant mes bras en sa direction, proposant un câlin.
Elle me sourit et alla dans mes bras. Nous nous serrâmes l'un contre l'autre. Elle chuchota un dernier "désolé" à mon oreille avant de me relâcher.
- Et.. nous aimerions que pour l'instant, vous n'en parliez pas.. tu comprends ? demandai-je.
- Ouai, pas de problèmes pour ça, sourit-elle. J'espère qu'il te rend heureux au moins, plaisanta-t-elle en lançant un regard à Lucas.
- Evidemment, ris-je.
- Bon.. J'vous laisse alors ! - Elle ouvrit la porte de la chambre - A bientôt !
- Bye ! fit Lucas, refermant la porte derrière elle.
Lucas me regarda et se mordit la lèvre. Je sentais qu'il avait une idée derrière la tête.
Il s'approcha de moi et m'embrassa tendrement, passant sa main derrière ma nuque. Je passai mes mains derrière son dos et jouai timidement avec ses lèvres. Nos langues commencèrent à faire une valse entraînante et enivrante.
Mon dos se plaqua contre le mur de ma chambre et il plaqua son corps tout contre le mien. Nous décollâmes nos lèvres afin de reprendre notre respiration. Je sentais son souffle sur mon visage. Sa respiration était aussi irrégulière que la mienne. Il me regardait dans les yeux. Je souris. Pourquoi je souriais ? Simplement parce que j'étais heureux, heureux d'être avec lui, heureux d'être amoureux.. amoureux de lui.
Je posai mes lèvres à nouveau contre les siennes. Nous nous embrassâmes une seconde fois. Je glissai mes mains sous son pull. Ayant tout le temps les mains gelés, j'aimais faire ça.
Il frissonna au contact de mes doigts sur son ventre. Il arrêta de m'embrasser et commença à déposer des baisers sur ma joue puis ma mâchoire. Je passai une main dans ses cheveux. Il mit son nez dans mon cou et m'embrassa langoureusement dans celui-ci.
Je ne pus me retenir de lâcher de léger gémissements. Il jouait doucement avec sa langue dans mon cou, et sa respiration irrégulière me faisait frissonner au contact de ma peau.
Hector entra dans la chambre et nous surprit. Je lâchai un cri de surprise. Lucas se retourna brusquement et aperçut Hector qui était bouche bée. Il n'était au courant de rien et ne s'était pas douté qu'il puisse se passer quelque chose entre nous, tellement il était occupé avec Timothée.
- Vous ? Euh.. Vous.. êtes..? bégaya-t-il.
Nous ne répondîmes pas. Personnellement, je savais que Hector n'était pas hétéro, donc je savais qu'il n'allait pas faire de propos homophobes, ou nous trouver "dégoûtants".
- Je vais vous laisser, dit-il, sous le choc.
Il repartit en laissant la porte ouverte. Lucas me regarda, d'un air désolé.
- Tu penses qu'il ira l'dire à tout l'monde ? me demanda-t-il.
- Non, il ne dira rien, affirmai-je.
- Mh..
Je me retirai du mur et allai prendre mon téléphone portable que j'avais laissé dans la salle de bain. Je regardai mes chaussures, elles étaient nettoyés.
- Lucaaas ? l'interpellai-je à voix haute.
- Ouiii ?
- C'est toi qui as nettoyé mes chaussures ? demandai-je, sourire aux lèvres.
- Ouaaaai'p !
Je pris mes chaussures propres et allai les poser à côté de mon lit. Je remerciai Lucas en déposant un baiser sur ses lèvres puis m'allongeai sur mon lit.
- Je sors moi, j'vais voir Benjamin, dit-il avant de déposer un baiser sur mon front et partir.
Je regardai les SMS que j'avais reçus. La plupart était de "Maman", et les autres d'anciens amis de 3 ème de l'année précédente.
J'y répondis rapidement avant de me lever et de sortir à mon tour de la chambre. Je me voyais pas passer le reste du jeudi après-midi cloué sur mon lit.
Je fermai la porte à double-tour, mis la clef dans ma poche et décidai d'aller visiter les endroits que je n'avais pas encore vu dans l'internat. J'avais pris l'habitude d'aller soit au parc, soit à la salle de jeux, mais je n'avais jamais mis les pieds dans l'arrière de l'internat, là où se trouvait la bibliothèque et la salle de sport. (Hé oui, y'avait aussi une salle de sport. Internat de riche j'vous dis.)
Je m'aventurai seul dans les couloirs que je n'avais jamais empruntés et commençai à entendre des gens parler. Une porte était ouverte et je pus apercevoir de là où j'étais, de longs rayons de livres.
Je rentrai à l'intérieur de ce qui me semblait être la bibliothèque, et aperçus la bibliothécaire. Elle s'avança doucement vers moi.
- Bonjour, nous ne nous sommes pas encore rencontrés, je me trompe ?
- Euh.. non, répondis-je.
- D'accord, donc je vais vous expliquer rapidement le fonctionnement de la bibliothèque.
Elle était habillée d'une robe marron et d'une légère veste en laine. Elle avait des lunettes grises et avait des cheveux bruns relevés en chignon.
Pendant 20 minutes, elle m'expliqua l'ordre des livres, le fonctionnement de la bibliothèque, les emprunts, les différents coins de lecture, etc.
- Bon, j'espère que tu viendras souvent, me dit-elle en souriant. Je vous laisse tranquille, finit-elle.
Elle repartit à son bureau, où se tenait une pile de livres qui devait être des livres rendus. Je m'aventurai dans le long labyrinthe de rayons. Les rayons se croisaient, se coupaient et se longeaient parfois sur 10 mètres. Je me repérai aux numéros qui se trouvaient sur les étagères.
J'allai vers mon style de lecture : livres britanniques.
Je glissai mes doigts le long de la rangée de livre et regardai si un titre m'interpellait ou m'attirait.
Je cherchai pendant une bonne dizaine de minutes avant de tomber sur un livre qui m'intrigua : "Contrôlée". Je pris le livre et regardai la première de couverture. Sur cette couverture se trouvait une fille blonde, cachant son visage avec ses mains. Elle avait l'air de pleurer. Au dessus d'elle se trouvait une auréole, et sous ses pieds se dégageaient de la fumée noire. Cela devait signifier le côté "ange-démon".
Je retournai le livre et commençai à lire le résumé.
"Une jeune adolescente, qui a tout pour plaire, intelligente, gentille, adorable, généreuse, et bien plus encore, se retrouva avec sa sœur jumelle dans un internat. Ludivine tombe amoureuse du garçon dont rêve toute jeune fille. Folle amoureuse, elle tentera le tout pour le tout afin de lui avouer ses sentiments, mais lorsqu'elle le surprend en train d'embrasser quelqu'un d'autre, elle perd prise. Aidée par une fille assez mystérieuse, elle essaiera de voir la vie sous un nouvel angle.."
Je fus choqué par ce que je lisais. Cela ressemblait forcément à la vie de Ludivine, la sœur jumelle de Stessy.
Je regardai à nouveau la première de couverture. La blonde sur le dessin ressemblait effectivement à Ludivine, mais c'était seulement un dessin dessiné brièvement et sans détails.
J'ouvris le livre rapidement et tombai sur la page 27. Je commençai à lire, sans m'en rendre compte, à voix haute :
"Je ne savais plus où me mettre. Comment avais-je pu être aussi C**NE !! Comment avais-je pu penser avoir une chance avec lui ! Il était là, à embrasser son compagnon de chambre. Je ne sus pas où me mettre, tellement la gêne, la haine et la tristesse que je ressentais en moi étaient fortes. Je me mis à courir le plus vite possible hors de ces couloirs que je détestais désormais. Je descendis les escaliers, passant devant la salle de jeux où j'entendais des adolescents heureux rigoler. Je pleurais à chaudes larmes. Je ne voyais plus rien, alors je m'assis sur une des chaises de la cafétéria. Peu de temps après, quelqu'un vint me rejoindre.
- Heey.
Je relevai les yeux et aperçus Mathéo, un ami que j'avais rencontré quelques jours plus tôt.
- Salut.
J'essayai de sourire, mais je savais que je n'étais pas crédible.
- Ça n'a pas l'air d'aller..? me dit-il.
Voyant que je ne répondais pas, il essaya de me rassurer :
- Je suis là.. dis-moi ce qui ne va pas..
Je me mis à craquer et à tout lui raconter.."
J'étais bouche bée de ce que je lisais. J'étais sûr que ce livre était vraiment basée sur Ludivine, LA LUDIVINE qui était disparue ce jour-là.
Je me mis à tourner les pages un peu plus loin, essayant d'en connaître davantage. Je m'arrêtai en apercevant mon prénom sur l'une des pages et lus :
"Mathéo et Lucas me tinrent de chaque côté. Je me sentais vraiment pas bien. J'étais épuisée, sans force, sans réaction. Je me contentai d'essayer de rester debout et de me faire à moitié porter par les deux adolescents. Une fois arrivés dans l'infirmerie, Lucas et moi rentrâmes dans le cabinet pendant que Mathéo nous attendait dans la salle d'attente. L'infirmière nous accueillit. Lucas et elle parlèrent, mais je n'arrivais pas à comprendre ce qu'ils disaient. Je n'arrivais pas du tout à me concentrer. J'aperçus l'infirmière s'approcher de moi avec une seringue. Je pris peur et..."
Je tournai la page, mais elle était blanche. Je continuai de tourner, le reste du livre était vide. Il n'y avait pas de suite. Je relevai la tête, regardant autour de moi. J'étais seul. Je regardai à nouveau le livre que je tenais entre les mains, et ce n'était plus "Contrôlée" mais un autre livre qui avait le même format : "La guerre de Sécession". J'ouvris le livre et aperçus une nouvelle écriture ainsi qu'une nouvelle quatrième de couverture. Je ne compris pas ce qu'il se passait. Je fus extirpé de mes pensées par une voix féminine.
- Bonjour p'tit chou, dit Armelle, me souriant.
Elle était habillée différemment que dans les bois et n'avait plus cette tâche sur sa chaussure. Apercevant que je regardais ses habits, elle se justifia :
- Oh, ça ? Je me suis changé car je suis tombé dans la boue.. fit-elle, d'un air dégoûté. Et, ces vêtements étaient beaucoup trop chaud pour cette après-midi.
- C'est toi ?! m'écriai-je.
- Moi, quoi ? se demandait-elle, faisant l'innocente.
- Le coup du livre ! C'est toi ?! dis-je en perdant patience.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, p'tit chou, répondit-elle en souriant sadiquement, me voyant perdre mon calme.
- Qu'est-ce que tu lui as fait ?! demandai-je, énervé.
- A qui ?
- A Ludivine !
- Rien qui ne put lui faire mal, lâcha-t-elle entre deux ricanements.
Je rangeai le livre que j'avais dans les mains à l'endroit où j'avais pris "Contrôlée" et partis du rayon, la bousculant au passage.
- P'tit chou ?! Tu ne le prends pas tout compte fait ?! cria-t-elle, secouant le livre "La guerre de Sécession" dans les mains.
Je lui lançai un regard noir avant de sortir en serrant les poings de la bibliothèque qui commençait à être bondée.
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