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7. D'une importance capitale (partie 3)

Amélise et Milia avaient quitté la propriété sans adresser un mot de plus à Barne qui avait pourtant pris soin de rester assis dans le salon dans l'espoir d'hameçonner de nouvelles révélations.

Zarfolk ne leur ayant jamais rendu leurs téléphones portables, Barne ne pouvait lire les actualités en ligne : il n'avait d'autre choix que de regarder l'insipide journal télévisé. Ou alors, comme c'était le cas cette après-midi-là, il pouvait se rabattre sur le journal que Zarfolk recevait chaque jour. Il s'agissait de « L'Alliance magique », une gazette à l'orientation politique que Barne aurait qualifiée d'extrême-gauche : ce n'était pas franchement sa tasse de thé, mais c'était mieux que rien.

— On lit « L'Alliance », hein ? remarqua l'ogre en entrant dans le salon.

— Faute de m... commença Barne mais il se ravisa en se disant qu'il n'était pas très respectueux – ni prudent, d'ailleurs – de parler ainsi des lectures de son hôte. Euh, oui, c'est... intéressant.

L'ogre éclata de son rire sonore que Barne avait appris, au fil des jours, à accueillir sans sursauter.

— Ça va, arrête ton char, pélo ! On peut pas tous aimer les mêmes feuilles de chou, pas vrai ? Une partie de cartes, pour te changer les idées ?

— Avec plaisir, dit Barne avec soulagement.

Même s'il devait reconnaître que Zarfolk s'était avéré être un hôte de qualité, ses préjugés sur les ogres refaisaient surface régulièrement.

— Puis-je me joindre à vous ? fit une voix derrière Barne.

Carmalière s'était avancé dans la pièce. Iel n'avait pas pris son repas de midi avec eux et, pour ainsi dire, Barne ne l'avait pas vue de la journée. Pas plus que Pod, se dit-il.

— Oh, fit Zarfolk en plissant les yeux, si nous avons le roi de la manipulation à notre table, nous ferions tout aussi bien de jouer au poker.

— Je ne sais pas si je dois me sentir flattée ou insulté.

— Sans aucun doute les deux, grinça Zarfolk.

— Eh bien soit, fit Carmalière. Allons-y pour un poker.

— Je n'ai pas d'argent sur moi, dit piteusement Barne.

— Y'a pas de lézard, fit Zarfolk. Je n'plaisantais qu'à moitié sur le « roi d'la manipulation ». Pas trop jouasse à l'idée de me faire détrousser : on va utiliser des jetons.

— Et si l'on... corsait un peu le principe, qu'en dites-vous ?

Carmalière avait le regard pétillant et Zarfolk répondit avec une certaine inquiétude dans la voix :

— Je ne sais pas à quoi tu penses, mais je sens que ça ne va pas me plaire.

— Oh, c'est bon enfant : je propose que le vainqueur de chaque manche puisse poser une question au joueur de son choix... et que le joueur soit alors obligé de répondre... sans mentir.

— Ah oui, ricana Zarfolk, j'aimais bien ce jeu-là, avant. Ensuite, je suis rentré à l'école primaire et j'ai commencé à trouver ça naze.

— Certes, mais tu n'avais pas à ta table un magicien capable de jeter des sorts de vérité aux joueurs.

— T'es pas sérieuse ?

— Pourquoi pas ? Je peux générer un dôme sous lequel chaque personne devient incapable de mentir.

— Tu crois vraiment qu'on va...

— Oui, coupa Barne. J'veux bien. Jouons à ça, ça peut être marrant.

Zarfolk le regarda avec de gros yeux. Quel genre de doux dingue pouvait donc vouloir se jeter gaiement dans un jeu si ouvertement vicieux ? Barne, lui, voyait là une occasion en or de tirer les vers du nez de la magicienne... tout en étant certain de l'honnêteté de ses réponses.

Devant un Barne qui restait de marbre et un Carmalière au sourire facétieux, Zarfolk finit par baisser les bras :

— Oh et puis hein... c'est pas comme si j'étais le plus menteur des trois. Enfin, toi, petit, j'te connais pas assez. Par contre, j'en connais un qui ferait mieux d'avoir des bonnes mains ou de savoir bluffer.

— Je compte sur les deux, fit Carmalière en s'asseyant dans un des larges fauteuils à côté de la table basse.

— Mais j'y pense, remarqua Barne. Comment peut-on être sûr que vous n'allez pas, euh... tricher ? Je veux dire, avec votre magie.

— C'est seulement maintenant que tu poses la question ? se moqua Zarfolk. T'es moins futé que ce que j'avais cru...

Il agita un jeu de carte avant de le poser sur la table.

— Jeu de carte intrucable, annonça-t-il. Même par la magie du plus doué des magiciens. Notre vieux Carmalin est d'ailleurs loin d'être le plus doué, j'peux te l'garantir. De mémoire, le jeu est même sensible aux tours de passe-passe non magiques... autant dire que celui qui trichera avec ça n'est pas encore né.

— Ah oui, dit Carmalière sans relever l'insulte, je me souviens de ce jeu de cartes. Formidable, formidable... C'est Amélise qui l'a ensorcelé, pas vrai ?

— T'occupe, trancha Zarfolk. Tiens, Barne, distribue donc la première donne.

Carmalière n'avait pas l'air spécialement déstabilisée par la présence de ce jeu de carte incorruptible à ses propres pouvoirs, remarqua Barne. Si Amélise l'avait ensorcelé, était-il possible qu'elle y ait laissé une faille que pourrait exploiter la magicienne ? L'éventualité ne semblait pas troubler Zarfolk.

Alors que Barne regardait le jeu qu'il s'était lui-même distribué et y découvrait avec dépit un deux de cœur et un sept de carreau, Carmalière leva les bras en l'air. Il y eut un souffle tiède et un halo circulaire les enveloppa tous les trois. Barne eut une sensation de chaud au niveau des poumons et des cordes vocales, et il sut qu'il était désormais incapable du moindre mensonge.

— Vous êtes manipulateur et peu fiable, fit Barne en s'adressant au magicien. Hahaaa ! Ce que je viens de dire est la vérité ! Ça fait mal, hein ?

— Du calme, mon cher Barne. Même la plus puissante des magies ne pourrait offrir l'omniscience : tout ce que cela prouve, c'est que ce que tu viens dire est exactement ce que tu penses... et ça me peine, d'ailleurs. Tu peux me croire, puisque moi aussi, je suis forcée à l'honnêteté.

— Vous voulez encore tester ta petite performance pendant une heure ou deux, ou on s'y met ? demanda Zarfolk avec impatience.

— Allons-y, acquiesça Carmalière.

Iel lança un jeton sur la table suivi par Zarfolk qui en lança deux.

— Je suis, dit Barne qui comptait bien voir le _flop_ avant de se coucher.

Carmalière compléta sa blinde. Zarfolk quant à lui ne surenchérit pas et retourna les trois premières cartes communes : un roi, un dix et un cinq. Rien qui n'arrangeait le jeu déjà pas fameux de Barne.

— Je relance de dix, annonça Carmalière en ajoutant deux jetons sur la pile.

— Sans moi, fit Zarfolk en posant ses cartes sur la table.

— Ni moi, dit Barne en faisant de même.

— Oh, fit Carmalière d'un air déçu. On joue les prudents dès la première manche ? Je ne savais que vous étiez des gagne-petit...

— Garde tes réflexions et pose donc ta _question vérité_, grommela Zarfolk.

Carmalière ramassa les huit jetons sur la table et regarda alternativement Barne et Zarfolk. Il semblait réfléchir à qui poser sa question.

— Mon cher Zarfolk, dit-il finalement. Voici ma question : pourquoi refuses-tu toujours de te joindre à notre compagnie ?

L'ogre éclata de rire.

— Hahaha ! Tu gaspilles tes questions, le magos. Tu crois vraiment que tu as besoin d'un sort pour que je te dise la vérité à ce sujet ? Je pensais que tu me connaissais suffisamment pour savoir la réponse. Enfin, puisque c'est demandé gentiment... et sous contrôle d'un huissier.

Zarfolk agita les bras vers le halo qui faisait effectivement office d'huissier dans le contexte de leur jeu.

— Je suis, comme tu dois l'savoir si t'écoutes un tant soit peu c'que j'raconte, anarcho-pacifiste... je considère toute forme d'autorité comme inacceptable parce qu'elle implique mécaniquement une forme de violence. Ta quête, aussi noble soit-elle, tu la bases entièrement sur une violence que tu juges légitime. Grand bien t'en fasse. Mais sans façon pour ma part. Je ne lutterai pas contre une autorité illégitime avec ses propres armes quand je les trouve tout autant illégitimes. Ça répond à ta question ?

— Oui... mais si...

— Hé ! T'as grillé ta question. Manche suivante.

Carmalière ravala sa remarque et distribua les cartes. Barne obtint cette fois un six de cœur et un sept de trèfle. Zarfolk et lui posèrent leurs blindes, Carmalière égalisa la mise et Zarfolk compléta la sienne. Le flop consista en un neuf, un as et un huit. Barne avait presque une suite.

— Dix de plus, annonça Zarfolk.

— Vingt pour moi, dit Barne en posant quatre jetons au milieu.

— Hahaaaa, on se déride ! lança Carmalière en souriant. Allez, je suis.

Zarfolk fit de même. La quatrième carte commune révélée fut un deuxième as. Aïe, pensa Barne.

— Je relance de cinquante, dit Zarfolk.

— Je me couche, dit un Barne dépité.

— On a touché son brelan d'as, hein ? ironisa Carmalière. Je me couche aussi.

— Bien bien bien, dit Zarfolk en souriant et en faisant craquer ses doigts.

Il ramassa les jetons et planta sur Carmalière ses grands yeux sombres surmontés de ce front proéminent et broussailleux de sourcils noirs.

— Ma question est simple : Carmalière, es-tu prêt à sacrifier la vie de tes compagnons sans hésiter pour faire avancer la cause ?

La magicienne garda le silence un instant et déglutit avec difficulté. Iel ouvrit la bouche mais les mots qui en sortirent n'étaient pas ceux qu'iel aurait voulu.

— Oui, murmura-t-iel.

Et, après quelques secondes pendant lesquels Zarfolk afficha un sourire satisfait, iel ajouta :

— Mais pas _sans hésiter_.

— Ça leur fera une belle jambe, dans leurs tombes, railla Zarfolk. Continuons.

Il distribua à son tour les cartes. Barne commençait à comprendre que ce petit jeu avait avant tout pour but de permettre à Carmalière et Zarfolk de régler leurs comptes : lui avait la sensation d'être un simple spectateur. Sensation qui ne se trouvait d'ailleurs pas améliorée par le fait qu'au bout de plusieurs minutes de jeu, il n'avait toujours pas gagné la moindre manche.

Le magicien et l'ogre continuaient à interroger leurs visions respectives du militantisme :

— Existe-t-il quelque chose qui pourrait te faire changer d'avis et faire que tu nous rejoignes ?

— Rien, trancha Zarfolk d'un air dur.

— Existe-t-il _quelqu'un_ qui...

— Question suivante ! aboya l'ogre.

Barne, en difficulté, n'avait pratiquement plus de jetons. Lorsqu'il piocha une paire de deux, il se dit que c'était sa dernière chance. Le flop révéla une as, une dame... et un deux.

— Tapis, dit Barne, ce qui n'avait rien d'impressionnant puisque son tapis consistait en cinq petits jetons.

— On tente le tout pour le tout, hein ? dit Zarfolk. Ça fait vingt-cinq, c'est ça ? Je te suis.

— Moi aussi, dit Carmalière. Voyons si notre Barne est en train d'abréger ses souffrances ou de tenter de se refaire...

Les deux autres cartes furent un valet et un six. L'heure des révélations était venue.

— Paire de dame, annonça Carmalière d'un air satisfait en dévoilant une dame et un quatre.

— Que dalle, dit Zarfolk en envoyant un trois et un quatre valser sur la table.

— Brelan de deux, fit Barne en souriant.

Zarfolk eut une exclamation amusée devant l'air surpris de Carmalière. Barne était ravi. Pas pour les quelques jetons qu'il allait pouvoir récupérer par ce coup gagnant, mais pour la question qu'il allait pouvoir poser : la question qui lui brûlait les lèvres et dont il allait avoir une réponse qui ne _pouvait_ qu'être honnête.

Il fit face à Carmalière. Cellui-ci affichait un visage serein. Était-ce une façade ? Pouvait-iel s'attendre à ce que Barne pose cette question ?

— Carmalière... j'ai entendu Amélise et Milia parler de moi l'autre soir. Apparemment, vous êtes convaincue que je suis... comment ont-elles dit, déjà ? Ah oui, « d'une importance capitale ». Alors, maintenant que nous sommes face à face et que vous ne pouvez plus mentir, je voudrais savoir : pourquoi ? En quoi suis-je d'une importance capitale pour votre quête de l'Épée des Serfs ?

Il avait prit soin de peser chaque mot pour être certain que Carmalière ne pourrait y répondre de manière détournée, en faisant exprès de comprendre une expression de travers.

Il y eut un silence de mort dans la pièce. Zarfolk ne souriait plus et fixait Carmalière avec les yeux plissés, comme s'il s'attendait à une énième entourloupe. Carmalière, quant à iel, avait gardé un visage impassible. Iel était décidément fait pour le poker...

Iel prit une respiration et ouvrit la bouche...

— La raison pour laquelle...

Iel ne put finir pas sa phrase. Un coup retentit contre la porte d'entrée, comme si quelqu'un s'était jeté contre. Puis, des bruits de clefs, le tremblement paniqué d'un trousseau que l'on cherche à démêler.

Lorsque la serrure se déverrouilla pour de bon, la porte s'ouvrit à la volée en cognant contre le mur. Carmalière, Barne et Zarfolk échangèrent des regards soudain alertes. Ils se levèrent et se dirigèrent vers le hall d'entrée, rompant le charme de vérité et dissipant le halo qui les enveloppait.

Amélise était dans le hall, seule, essoufflée et livide. Quelque chose de grave était arrivé, cela se lisait sur son visage.

— Ils l'ont eue ! s'exclama-t-elle soudain d'un ton paniqué.

Le sang de Barne se glaça dans ses veines.

— Milia ! continua Amélise, de plus en plus affolée. Les flics ! Ils l'ont capturée ! Ils seront là d'une minute à l'autre ! Il faut partir, vite !

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