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5. L'Épée des Serfs (partie 1)

Barne étouffa un cri et porta ses mains à la bouche. Pod eut aussi un mouvement de recul. Les autres ne bougèrent pas.

— Bonjour, Zarfolk, dit Carmalière d'une voix aimable.

— Carmalière, répondit simplement l'ogre.

Il avait une voix grave et rauque mais parlait doucement, comme s'il murmurait – ce qui, pour une créature de cette taille, était équivalent à un volume de voix normal pour un être humain. Bon sang, se dit Barne, cet enfoiré de Carmalière aurait pu prévenir que son « ami » était un ogre ! Il avait failli faire un infarctus.

— Cher ami, continua Carmalière qui gardait un grand sourire malgré le visage impassible de l'ogre qui la toisait de toute sa hauteur, nous sommes en mauvaise posture et nous aurions besoin...

— D'une planque, coupa l'ogre. Oui, j'avais bien compris.

Un silence inconfortable s'installa pendant quelques secondes. L'ogre tournait son regard sévère alternativement sur chacun des cinq compagnons. Barne eut bien du mal à ne pas détourner les yeux lorsque ceux de l'ogre se plantèrent dedans.

— Entrez, dit enfin l'ogre en reculant dans le hall de la maison. Désapez-vous dans l'entrée et allez vous laver... j'aimerais garder cette bauge propre autant que possible. Et toi, ajouta-t-il à l'attention de Carmalière, tu peux ranger tes sourires et tes « cher ami ». Tu l'as peut-être oublié avec les années, mais je ne suis pas un des gogos que tu séduis avec tes belles paroles.

Barne eut un goût amer dans la bouche en se reconnaissant un peu dans cette dernière description. Carmalière ne se démonta pas :

— Voyons, Zarfolk...

— Boucle-la, s'il te plaît. Juste... boucle-la.

Devant l'air déconfit du magicien, il ajouta :

— Oh, on va finir par causer, t'inquiète pas. Plus tard. Pour l'heure, épargne-moi ton numéro.

Carmalière opina du chef pour faire signe qu'il avait bien enregistré le message.

— Très bien, poursuivit l'ogre. Alors pour commencer, vous allez tous éteindre ces jolis mouchards que vous appelez _smartphones_ et les déposer dans ce sac. Ce serait dommage d'être passé par... euh, quel que soit l'endroit où vous êtes passés... pour finir par se faire gauler par des joujoux technologiques sous écoute. Allez, hop hop hop !

À contre-cœur, ils obtempérèrent et Zarfolk emporta le sac avec lui. Amélise fonça à la salle de bain sans en demander le chemin : visiblement, elle connaissait les lieux. Les autres attendirent en silence dans le hall d'entrée, effrayés à l'idée de faire un pas de trop, de salir quelque chose et de provoquer la colère de leur hôte.

Lorsque chacun fut propre et sec – Zarfolk avait trouvé de vieilles guêtres à peu près à leurs tailles, ce qui était en soi une performance –, ils se retrouvèrent dans une grande salle à manger, assis autour d'une épaisse table en bois massif. L'intérieur de la demeure faisait l'effet d'une maison de grand-mère, garnie de vieux meubles parcourus de moulures démodées, décorée de papiers peints à fleurs qui se décollaient dans les coins. Quelques rayons de lumière filtraient à travers les planches de bois qui bouchaient la plupart des fenêtres, donnant à la pièce une atmosphère tamisée.

Pour une demeure d'ogre, l'habitation était en tout cas étonnement bien rangée et propre, même si l'on pouvait voir un peu de poussière fine voleter dans les rayons du soleil.

Zarfolk entra dans la pièce avec une bouteille de plusieurs litres dans une main et une pile de verres dans l'autre. Il était impressionnant : deux cents cinquante kilos de muscles et de graisse, la peau qui tirait sur le vert, le menton et le front proéminents, les cheveux noirs en bataille et une barbe de trois jours. Il était habillé d'une sorte de large t-shirt qui aurait pu servir de drap à deux êtres humains standards, et d'un jean abîmé aux genoux et aux mollets. Il s'assit sur un énorme fauteuil en bout de table, probablement le seul qui pouvait soutenir son poids sans céder.

On fit passer les verres et l'ogre déboucha la bouteille.

— Tout le monde aime le vin de groseille ? demanda-t-il dans ce murmure sonore qui semblait être sa façon favorite de communiquer.

L'assemblée acquiesça d'un même mouvement de tête silencieux. En l'occurrence, Barne se demandait si qui que ce soit aurait eu le cran de répondre « non » à une telle créature.

— Dis-donc, continua l'ogre, y'a des têtes que j'connais pas. Le vieux magos a encore recruté, à c'que j'vois...

— Ah oui, fit Carmalière, avec tout cela je n'ai pas eu le temps de faire les présentations. Voici Barne, qui est venu à nous parce qu'il était en conflit avec son patron...

— Tout le monde est en conflit avec son patron, fit Zarfolk avec un sourire narquois, c'est le principe.

— Et Pod, que nous avons pris sous notre protection, suite à un... à un imprévu.

Barne trouva l'expression sacrément pudique si l'on considérait que Pod avait manqué de peu d'être un otage. L'ogre, quant à lui, lâcha un rire rocailleux qui fit sursauter tout la tablée.

— Un « imprévu » ! Haha ! Venant de toi ! Elle est bien bonne. Comme si tu étais capable de prévoir quoi que ce soit. Haha ! Enfin, moi, c'que j'en dis... Peu importe. Bienvenue chez moi, les gars, ajouta-t-il à l'adresse de Barne et Pod. Je m'appelle Zarfolk, et à en juger par les tronches que vous avez tirées en me voyant ouvrir la porte tout à l'heure, j'imagine que le vioc ne vous a absolument rien dit sur moi.

Barne et Pod confirmèrent en secouant leurs têtes de gauche à droite.

— Vous avez le droit de parler, hein, fit Zarfolk, j'vais pas vous bouffer.

Il éclata à nouveau de rire en lisant dans les yeux de Barne et Pod que l'éventualité leur avait traversé l'esprit.

— Pour finir, conclut Carmalière en essayant de couvrir le rire de Zarfolk, tu connais déjà Amélise et Milia.

— M'd'moiselles, fit l'ogre en inclinant la tête vers elles tout en essayant de reprendre son sérieux.

— Demoiselle ? dit Amélise en levant un sourcil. Ça se dit encore pour une fée de quatre-vingt-dix ans ?

— Ça va, la ramène pas, gamine. Avec ta longévité, t'as la dégaine d'une humaine de trente piges. Pi j'te rappelle tu parles à un ogre de trois cents berges, alors tu restes une demoiselle pour moi.

— Oh, alors tu sous-entends que ta façon de m'appeler doit refléter ton jugement sur mon âge et mon apparence ? fit Amélise en soutenant le regard de l'ogre. Charmant.

Barne se faisait tout petit. Il trouvait Amélise sacrément brave de tenir tête ainsi à cette grosse brute. Zarfolk, lui, dévisageait Amélise avec un air à la fois surpris et amusé. Il avala une gorgée de vin de groseille.

— Excuse-moi. T'en as dans la caboche, la môme, ça m'a toujours plu. Jamais compris pourquoi t'étais toujours fourrée avec le vioc.

— Quant à moi, je n'ai jamais compris pourquoi tu t'obstinais à refuser de nous rejoindre, répliqua Amélise. Tu serais un sacré atout pour la fédération.

— _Ni dieu ni maître_, grommela l'ogre, ça te dit quelque chose ? Pi franchement, ça aurait l'air de quoi, un ogre sans emploi qui se syndique ? Pour faire quoi, en plus ? Tremper dans ses combines foireuses ? ajouta-t-il en indiquant Carmalière d'un mouvement de tête. Me retrouver un samedi midi couvert de merde à chercher une planque au milieu de la capitale de Grilecques ?

— Si ça ne te dérange pas, fit Carmalière d'un ton digne, le « vioc » aimerait justement expliquer la situation. À toi mais aussi à tout le monde.

— Mais on la connaît, la situation ! Me fais pas marrer ! T'as fait rêver deux trois paumés en mal de reconnaissance avec tes grands discours sur l'union des travailleurs, et tout le tintouin ! Tout ça pour les embarquer dans une combine à laquelle ils n'auraient jamais participé s'ils avaient su de quoi il retournait !

— Alors, le paumé qui s'est fait manipuler, ce n'est que moi, fit timidement Barne en levant la main. Pod est plutôt une victime collatérale. Le reste est assez réaliste.

— Tu vois ? s'écria l'ogre. J'ai tapé tellement juste que ça en a délié la langue du petit humain !

— Avant de me clouer au pilori, dit Carmalière en levant les bras, est-ce que vous souffririez d'entendre ma défense ?

— Tu veux dire qu'on aura vraiment le droit de te clouer au pilori quand t'auras terminé ? remarqua l'ogre en ricanant.

— Moi, intervint Pod, je vous avouerai que si je pouvais comprendre ce qui se passe, ça m'aiderait. Parce que bon, je suis content d'être là, hein. Sauf que ça m'est un peu tombé dessus par hasard. À cette tablée, je suis sans doute le plus ignorant...

— Eh bien vas-y, _Carmalin_ : on t'écoute, dit l'ogre en resservant tout le monde à boire. J'espère que c'est intéressant... j'ai rarement du monde à la maison, alors pour une fois qu'on me raconte une histoire, elle a plutôt intérêt à être épique.

Avec l'air de cellui qui veut relever un défi, Carmalière commença le récit de cette aventure commencée cinq jours plus tôt, un lundi comme les autres pour Barne Mustii...

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