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3. À l'aventure (partie 2)

Le train arriva à bon port avec la dizaine de minutes de retard de rigueur. Bien qu'étant la capitale de la Terre de Grilecques, Sorrbourg n'en était pas la ville la plus étendue. Pourtant, on la percevait souvent comme entourée d'une aura, ce que Barne avait du mal à comprendre. On la disait magnifique, Barne n'y voyait que des rues sales et des façade dégoulinantes de pollution ; on vantait son atmosphère raffinée, Barne n'y reniflait qu'une odeur d'urine omniprésente ; tout le monde semblait vouloir y être, _en_ être, « monter à Sorrbourg », quand Barne avait hâte de la quitter dès qu'il y mettait les pieds.

Cette fois, de toute façon, il n'y était pas pour le plaisir. Après vingt minutes de métro, lieu qui semblait être la principale source de l'odeur d'urine qui parfumait la ville, ses trois camarades et lui-même étaient arrivés devant la Bibliothèque Nationale des Prud'Orques. Le bâtiment était aussi imposant qu'un bunker et son architecture était d'ailleurs aussi raffinée que celle d'un bunker. Il ressemblait à tous ces bâtiments construits pendant la grande expansion industrielle de la Terre de Grilecques, quelques quarante années plus tôt. Curieusement, il n'avait pas l'allure des bâtiments « orques » classiques qui évoquaient le plus souvent des antres de l'enfer, avec leurs pierres noires, leurs piques et leurs cornes géantes décoratives. Mais après tout, la bibliothèque était théoriquement gérée par des humains, même si la quasi-totalité de la direction était orque ou gobeline.

Amélise avait réglé sa teinte de cheveux sur un blond foncé tirant sur un châtain plus vrai que nature. Ils entrèrent dans le bâtiment. Barne essayait tant bien que mal d'ignorer la moustache de Carmalière, formidablement voyante et déplacée pour un vieil être humain normalement constitué. Le hall était une grande salle circulaire, mais la plus grande partie n'était accessible qu'après avoir traversé des tourniquets qui ne tournaient que pour les visiteurs dotés d'une carte d'accès. Plusieurs guichets étaient ouverts pour récupérer ces fameuses cartes.

Barne choisit le guichet avec la file d'attente la plus courte, ce qui était à son sens le comportement le plus _normal_ que l'on pouvait attendre de visiteurs humains. Il fut surpris de constater que le guichetier, lui, n'était pas un être humain. Il était petit, trapu, la peau tirant sur l'orange foncé, et son visage était cerclé de deux épaisses oreilles qui faisaient chacune une pointe sur le dessus. Un jeune gnome, un autre être inerte exploité par les orques et les gobelins.

— Suivants ! dit le gnome.

Barne s'approcha tandis que Carmalière, Amélise et Milia restaient légèrement en arrière, comme cela était prévu.

— Nous voudrions quatre entrées, s'il vous plaît.

— Quel est l'objet de votre visite ?

— Nous souhaiterions accéder aux archives des condamnations remontant à plus de trois décennies. Pour des travaux universitaires, ajouta-t-il nonchalamment.

— Très bien, dit le gnome sans montrer la moindre once de méfiance. Puis-je voir vos cartes d'identité ?

— Bien sûr, dit Barne en extirpant la sienne de son portefeuille.

— Merci.

Le gnome prit la carte et y jeta un œil distrait.

— Celles de vos camarades également.

Carmalière fit mine de chercher dans ses poches avec des gestes lents et mal assurés.

— Attendez une minute, mon petit, je suis certain que je l'ai là, quelque part...

Barne ne put s'empêcher de remarquer que sa voix était à la fois plus masculine et plus chevrotante qu'habituellement. Pour une jeune magicienne de huit cents ans, iel imitait un vieillard lambda parfaitement. Milia et Amélise elles aussi jouaient aux idiotes. « J'ai dû la laisser dans la voiture. » « C'est toi qui devait prendre mon portefeuille ! » « Ah, mais c'est pas possible ! » « Excusez-nous, m'sieur... »

Malheureusement, le gnome n'avait pas l'air spécialement agacé et attendait patiemment que les trois visiteurs retrouvent leurs cartes d'identité.

— Écoutez, tenta prudemment Barne, nous sommes un peu pressés.

— Je suis désolé, fit le gnome d'un ton neutre, mais il me faut vos cartes. Sans cela, je ne peux pas vous laisser entrer.

— Je comprends, je comprends. Seulement, j'ai peur que nous n'y passions la nuit, si vous voyez ce que je veux dire.

Milia, Amélise et Carmalière surjouaient de plus en plus les personnes perdues. Barne sentait bien que la supercherie ne pourrait pas durer beaucoup plus longtemps.

— Ce ne serait que moi, répondit le gnome, je vous aurais déjà laissés passer. Le truc, c'est que je pourrais avoir des ennuis, vous voyez.

Il avait indiqué d'un signe de tête deux gobelins aux airs mauvais qui étaient postés de chaque côté des tourniquets d'entrée. Des agents de sécurité, sans aucun doute. Barne sauta sur l'occasion.

— Ah oui... Ces gobelins de m... oh, pardon.

Il mima l'air désolé de celui dont les paroles ont dépassé la pensée. Le gnome eut un petit rire.

— Il n'y a pas de mal. Ce n'est pas moi qui vais vous dire le contraire.

— Ils vous traitent correctement, au moins ? Pod ?

Il avait lu le nom « Pod » sur le badge que portait le gnome au niveau de son cœur. Un nom typique de gnome, court et rond.

— Oh, vous savez, je ne suis qu'un stagiaire, donc peu importe, je ne serai pas ici longtemps.

— Je prends ça pour un « non ». Stagiaire, hein ? Un salaire misérable, j'imagine.

— Un salaire ! Ah ! Ce serait du luxe ! Non non : je ne suis pas payé. Apparemment, c'est _l'expérience_ tirée de ce stage qui constitue mon salaire.

— C'est scandaleux, murmura Barne en agitant la tête de gauche à droite. _L'expérience_ qui consiste à se recevoir des ordres de gobelins puants et à faire gratuitement un boulot de guichetier ?

— Pas si fort, dit Pod d'un air apeuré. Ils pourraient vous entendre !

— Désolé. Moi, quand je vois un type sympathique comme vous se faire exploiter par ces sales bestioles, ça me révolte. Quel âge avez-vous, Pod ?

— Vingt-deux ans.

— Vous avez toute la vie devant vous, Pod. Ne vous laissez pas intimider par les gobelins. Vous ne voulez pas finir comme moi : docile et résigné.

La voix de Barne s'étrangla. Il avait joué le rôle du grognon typique à la perfection, mais il ne s'attendait pas à entendre une vérité aussi déplaisante sortir de sa bouche. Il se rendait compte que, tout autant qu'à Pod, c'était à lui-même qu'il avait adressé cette dernière phrase.

— Par contre, poursuivit-il, mon grand-père, là, est en fin de vie. Une vie dure et âpre, sous la domination des gobelins. Il a beaucoup souffert et est un peu sénile, comme vous pouvez le constater. Pour être honnête, je doute que lui-même sache où sont ses papiers. Cela m'attriste de le voir se faire refouler d'un peu partout. Vous ne pourriez pas faire un effort ? Entre inertes, il faut être solidaires.

Le jeune gnome semblait tiraillé, mais Barne savait qu'il avait déjà gagné. Il n'en fallait jamais beaucoup pour faire ressortir le ressentiment envers les gobelins dans le cœur d'un inerte comme lui.

— Très bien, céda finalement Pod. Mais pas de blague, hein ? Vous surveillez bien votre grand-père. Qu'il n'aille pas faire n'importe quoi dans la bibliothèque. Si on s'aperçoit que je l'ai laissé entrer sans contrôle, je risque gros.

— Merci, mon jeune ami ! Vous nous rendez un sacré service !

Pod tapota sur son clavier et quatre petits tickets blancs jaillirent d'un boîtier posé sur le guichet. Barne s'en saisit et en tendit trois à ses camarades. Alors qu'ils allaient prendre congé et s'avancer vers les tourniquets, Pod interpella Barne une dernière fois :

— Monsieur... vous êtes réellement devenu docile et résigné à force d'être un subordonné des gobelins ?

Barne sentit un petit pincement dans sa poitrine. « Oui » aurait été la plus honnête des réponses.

— Je le suis de moins en moins, murmura-t-il finalement. Bonne chance à vous, Pod.

— Bonne journée, m'sieur, fit simplement le gnome avant de porter son attention sur les autres personnes qui attendaient dans la file du guichet.

Les quatre compagnons passèrent les tourniquets sous l'œil sévère des gardiens gobelins. Personne ne les arrêta : la ruse avait fonctionné. Alors qu'ils quittaient le hall et s'enfonçaient dans le couloir principal de la bibliothèque, la tension se relâcha quelque peu. Carmalière, Milia et Amélise revinrent marcher au même niveau que Barne.

— Félicitations, mon cher Barne, lui glissa Carmalière. J'ai bien cru que nous étions fichus, mais ton argumentaire a eu l'air de le convaincre. Pour un peu, j'aurais juré que tu étais plus militant que moi...

— Je crois que c'est surtout mon couplet sur votre sénilité qui l'a convaincu, fit Barne avec un sourire narquois.

— Oui, bon... Ce n'était peut-être pas nécessaire, mais après tout, ça a fonctionné alors je ne vais pas me plaindre. Si tu pouvais laisser ma santé mentale de côté à ta prochaine ruse, j'apprécierais.

— Allons, allons, la fin ne justifie-t-elle pas les moyens ?

— Tu crois vraiment que c'est là ma façon de penser ? Cela me blesse si c'est le cas.

Le magicien avait l'air sincère.

— Je ne dis pas que vous êtes un mauvais bougre, s'expliqua Barne, mais avec tous vos discours sur la victoire des masses, l'intérêt général, tout ça... oui, parfois je me demande jusqu'où vous seriez capable d'aller pour défendre vos idéaux. À quel prix. À quel prix pour les autres, surtout.

— Tu me vois franchement navrée si c'est l'impression que je t'ai donnée. J'espère qu'avec le temps, tu découvriras que je me préoccupe des autres bien plus que tu ne pourrais l'imaginer.

— N'en parlons plus. J'essaie de me repérer dans ce dédale.

Ils avaient suivi les panneaux placés à chaque intersection de couloir en prenant la direction des archives. Les couloirs étaient larges et impressionnants, avec une moquette rouge sombre, de grandes colonnes rectangulaires qui couraient le long des murs et des lustres aux formes géométriques abstraites qui pendaient des plafonds. Une sorte de _bunker_ sobrement aménagé pour une cérémonie officielle. Sans être totalement d'un style gobelinesque, le bâtiment était légèrement trop sinistre pour ressembler à une œuvre humaine.

Un certain nombre d'humains, de gnomes et de gobelins arpentaient les couloirs. Parfois, un orque y déambulait et ceux qui le croisaient étaient forcés de raser les murs pour laisser passer l'imposante créature. Carmalière n'avait pas menti : aucun être magique ne semblait pouvoir pénétrer en ces lieux. Fort heureusement, aucun des autres visiteurs de la bibliothèque ne s'intéressait à la compagnie, chacune et chacun vaquant simplement à ses occupations.

— Carmalière ? Qu'est-ce que vous faites ? Les archives sont à gauche, regardez.

Un panneau indiquait clairement « Archives judiciaires » vers le couloir de gauche tandis que le couloir de droite, vers lequel Carmalière avait tourné, menait à « Documentation à accès réservé ».

— Ah. Oui, eh bien... Amélise et toi, vous n'avez qu'à y aller. Je voudrais profiter d'avoir pu entrer sans encombre pour visiter cette section. Milia, tu viens avec moi ?

— Carmalière, dit Barne en regardant la magicienne dans les yeux, vous n'êtes pas en train de me faire un coup de travers, j'espère. Nous sommes ici pour mon affaire. Je vous rappelle qu'il était capital que vous veniez, pour m'aider...

— Bien sûr, bien sûr. Mais ce serait trop bête de venir ici sans jeter un œil au reste, pas vrai ? Ça ne prendra qu'un instant, je t'assure. Nous vous rejoignons dès que nous avons terminé. Amélise a toutes les compétences nécessaires pour t'aider à trouver le document que l'on cherche.

Barne se tourna vers Amélise qui ne semblait pas surprise le moins du monde de cette soudaine lubie de Carmalière.

— Je vous préviens, murmura Barne, que si vous êtes en train de manigancer quelque chose de pas net derrière mon dos...

— Ah, mais arrête la parano, lui lança Amélise avec un air impatient. Je viens avec toi, ça devrait te rassurer, non ?

Il n'osa pas lui avouer que sa présence à elle n'avait rien de rassurant. Un peu renfrogné qu'on le mette devant le fait accompli ainsi sans lui laisser le moindre choix, Barne accepta qu'ils se séparent. Carmalière et Milia disparurent au bout du couloir de droite, tandis qu'Amélise et lui s'engouffraient dans celui de gauche.

Tout cela ne sent décidément pas très bon, se dit Barne.

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